Triphore penché (Triphora trianthophoros) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2010

Photo de tiges du triphore penché (Triphora trianthophoros) poussant dans une litière de feuilles.

En voie de disparition – 2010

Table des matières

Information sur le document

Liste des figures

Liste des tableaux

Information sur le document

COSEPAC – Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le triphore penché (Triphora trianthophora) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 25 p.

Rapport(s) précédent(s) :

COSEWIC. 2000. COSEWIC assessment and update status report on the nodding pogonia Triphora trianthophora in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. vi + 9 pp.

White, D.J. 1999. Update COSEWIC status report on the nodding pogonia Triphora trianthophora in Canada, in COSEWIC assessment and update status report on nodding pogonia Triphora trianthophora in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 1–9 pp.

Woodliffe, P.A. 1988. COSEWIC status report on the nodding pogonia Triphora trianthophora in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 42 pp.

Note de production :
Le COSEPAC remercie Holly Bickerton, qui a rédigé le rapport de situation sur le triphore penché (Triphora trianthophoros) au Canada, dans le cadre d’un contrat avec Environnement Canada. Erich Haber, coprésident du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC, a supervisé la préparation du rapport et en a assuré la révision.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel
Site Web

Illustration/photo de la couverture :
Triphore penché -- © Gary Allen.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2011.
No de catalogue CW69-14/159-2011F-PDF
ISBN 978-1-100-97281-7

COSEPAC
Sommaire de l’èvaluation

Sommaire de l’évaluation – novembre 2010

Nom commun
Triphore penché

Nom scientifique
Triphora trianthophora

Statut
En voie de disparition

Justification de la désignation
Cette petite orchidée remarquable de sols riches en région boisée connaît des périodes variables de dormance. Au Canada, seulement deux populations de l’espèce sont connues dans le sud-ouest de l'Ontario, dont une n’a pas été observée depuis plus de 20 ans. Environ 1400 tiges florifères ont été inventoriées à un site en 2008 pendant une année de fortes pluies, contrairement à la décennie précédente, où la population canadienne a été documentée comme n’étant composée que de 50 individus. Bien que le broutage par les chevreuils ait été réduit, les plantes envahissantes ont contribué à une diminution de la qualité de l'habitat et les vers de terre exotiques sont probablement la cause de la réduction de la couche organique du sol forestier. Les événements fortuits pourraient aussi toucher la population.

Répartition
Ontario

Historique du statut
Espèce désignée « menacée » en avril 1988. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en avril 1999. Réexamen et confirmation du statut en mai 2000 et en novembre 2010.

COSEPAC
Résumé

Triphore penché
Triphora trianthophora

Description et importance de l’espèce sauvage

Le triphore penché (Triphora trianthophoros) est une petite orchidée qui survit principalement sous forme de racine souterraine, laquelle émet des tiges aériennes florifères uniquement les années où les conditions sont favorables. L’espèce forme des colonies par multiplication asexuée à partir de tubercules se formant à l’extrémité des racines charnues. Les tiges aériennes, violet verdâtre, atteignent 5 à 31 cm de hauteur. Une à plusieurs petites feuilles arrondies, à base embrassante, sont insérées selon une disposition alterne à partir du milieu environ de la tige jusqu’à la base de l’inflorescence. La plante produit généralement trois fleurs, chacune sous-tendue par une bractée foliacée. La corolle est formée d’un pétale inférieur labié présentant trois crêtes verdâtres et de deux pétales supérieurs. Les trois sépales sont blancs et pétaloïdes. Le fruit est une capsule verte dressée.

Le triphore penché est l’une des orchidées les plus rares de l’Ontario. L’espèce présente un intérêt particulier du fait qu’elle dépend pour sa nutrition d’une association avec un champignon mycorhyzien compatible. L’apparition irrégulière de tiges aériennes semble liée aux conditions environnementales, mais on n’en sait guère davantage. On ne connaît aucune utilisation de l’espèce par les peuples autochtones.

Répartition

L’aire nord-américaine du triphore penché s’étend depuis la Nouvelle-Angleterre vers l’ouest jusqu’au sud-ouest de l’Ontario, au Michigan et au Wisconsin et, vers le sud, jusqu’au Texas et à la Floride. Au Canada, l’espèce est répertoriée pour seulement deux localités : le parc provincial Rondeau (municipalité de Chatham-Kent) et une propriété privée (comté d’Essex). L’aire de répartition canadienne du triphore penché couvre une superficie d’environ 62 km².

Habitat

Le triphore penché pousse dans des forêts de feuillus riches et humides à litière abondante et à épaisse couche d’humus. Au Canada, on le rencontre dans des forêts d’érables et de hêtres à sous-étage clairsemé. L’espèce peut pousser dans des types de sols très divers et tolère une large plage de valeurs de pH, mais elle doit obligatoirement s’associer à des champignons mycorhyziens, probablement du genre Rhizoctonia.

Biologie

Le triphore penché est une petite orchidée peu voyante apparaissant seulement à la fin de l’été, durant une courte période où elle accomplit sa floraison. La plante obtient la majeure partie des éléments nutritifs dont elle a besoin d’une association avec des champignons du sol et émet des tiges aériennes seulement le temps de fleurir et de produire des graines. Si les conditions ne sont pas favorables à la floraison une année donnée, la plante n’émet pas de tiges aériennes ou en émet très peu. Les fleurs du triphore penché sont pollinisées par des abeilles classées dans deux ordres différents. La production de capsules est généralement faible, mais la plante se multiplie également par voie végétative à partir de tubercules souterrains. Les colonies de triphore penché peuvent vivre très longtemps; en Nouvelle-Angleterre, il en existe une qu’on observe régulièrement depuis plus de 70 ans.

Taille et tendances des populations

En 2008, la population canadienne de triphore penché comptait 1 357 tiges florifères réparties entre trois sous-populations (la quatrième n’a pas été retrouvée), toutes situées à l’intérieur du parc provincial Rondeau. Ce compte était vraisemblablement en deçà de la réalité. Le nombre de tiges florifères émises est très variable : après un déclin estimé à plus de 95 % dans le rapport de situation de 1998, la population du parc Rondeau a atteint en 2008 un de ses effectifs les plus élevés, ce qui s’explique peut-être par des conditions idéales pour la croissance de l’espèce.

En 2008, le triphore penché a été recherché en vain dans la partie est d’un terrain boisé privé du comté d’Essex, où elle n’a pas été revue depuis 1987. Cependant, l’espèce peut survivre durant plusieurs décennies sous forme de tubercules souterrains, et comme le boisé où elle avait été observée n’a pas beaucoup changé, on ne peut pas supposer que cette population a disparu.

Menaces et facteurs limitatifs

Des espèces envahissantes, dont l’épine-vinette du Japon (Berberis thunbergii) et l’alliaire officinale (Alliaria petiolata), ainsi que des lombricidés exotiques pourraient menacer le triphore penché. Les cerfs, les tamias et les limaces sont présents dans les deux localités et signalés comme menaces pour certaines populations américaines. La localité située sur une propriété privée pourrait se trouver menacée par un changement d’utilisation ou d’aménagement des terres. Le piétinement peut présenter une menace mineure.

Protection, statuts et classements

Le triphore penché est inscrit à la liste des espèces en voie de disparition de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario et à la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. Au Canada, le triphore penché est présent uniquement dans un parc provincial et sur un terrain boisé privé. L’organisme NatureServe a classé le triphore penché comme espèce vulnérable à l’échelle mondiale en raison de sa rareté dans la majeure partie de son aire, en particulier dans les États voisins de l’Ontario. Au Canada, NatureServe a classé le triphore penché comme espèce gravement en péril à l’échelle nationale et à l’échelle provinciale.

Résumé technique

Triphora trianthophoros

Triphore penché Nodding Pogonia

Répartition au Canada (province/territoire/océan) : Ontario

Données démographiques

 
Durée d’une génération
L’âge moyen des parents dans la population est inconnu, mais on sait que les colonies peuvent vivre très longtemps (au moins jusqu’à 70 ans).
Inconnue, mais peut-être plusieurs décennies
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures?
Nous avons déterminé le nombre d’individus matures par dénombrement des tiges florifères, conformément aux lignes directrices de l’UICN et du COSEPAC relatives aux espèces qui se multiplient par voie sexuée et par voie végétative. Le nombre de tiges florifères comptées dans le parc Rondeau en 2008 était comparable aux effectifs des années 1980, mais il fluctue d’une année à l’autre, de sorte que les tendances actuelles sont difficiles à déterminer.
On ne sait pas
Pourcentage estimé du déclin continu du nombre total d’individus matures pendant [cinq ans ou deux générations] Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations] Inconnu
Pourcentage [prévu ou présumé] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations] Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] couvrant une période antérieure et ultérieure Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles et comprises et ont effectivement cessé?
Il n’est pas possible de calculer le déclin en raison de la fluctuation du nombre de tiges florifères.
Sans objet
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?
L’apparition de tiges aériennes florifères varie énormément, mais les tubercules peuvent survivre sous terre durant des décennies.
Probablement sans objet

Information sur la répartition

 
Superficie estimée de la zone d’occurrence
Les sous-populations actuelles du parc Rondeau et la population qui existait et existe peut-être toujours dans le comté d’Essex forment un triangle englobant une superficie d’environ 62 km².
62 km²
Indice de la zone d’occupation (IZO)
Les quatre sous-populations du parc Rondeau occupent un rectangle d’une superficie d’environ 92 000 m². Le boisé du comté d’Essex mesure environ 400 m sur 200 m.
16 km² (selon une grille de 2 km x 2 km)
La population totale est–elle très fragmentée?
Les deux populations sont éloignées l’une de l’autre et ont un faible taux de production de graines, et la probabilité qu’elles se rétablissent à partir de graines provenant de sources externes est faible. En outre, on peut douter de la viabilité à long terme de la petite population qui est située sur un terrain privé; elle est peut-être même déjà disparue. La population du parc Rondeau regroupe la majorité des tiges florifères dénombrées et occupe plus de la moitié de l’habitat de l’espèce.
Probablement sans objet
Nombre de « localités » (selon la définition du COSEPAC, en rapport avec les menaces)
Menaces : phénomènes stochastiques, surtout pour la petite population située sur une propriété privée, et un certain nombre d’autres facteurs pour la population plus importante du parc Rondeau; les quatre sous-populations du parc Rondeau et la population du comté d’Essex, dont la viabilité est mise en doute, comptent probablement pour moins de 5 localités.
Probablement moins de 5
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence?
La population du comté d’Essex n’a pas été observée depuis plus de 20 ans. Cependant, elle n’a pas fait l’objet d’autant d’activité de recherche que celle du parc Rondeau en raison de l’accès limité à la propriété privée où elle se trouve. Comme, de plus, les populations de triphore penché peuvent vivre longtemps, on ne peut pas supposer que cette population est disparue.
On ne sait pas
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de la zone d'occupation?
L’incertitude quant à la survie de la population du comté d’Essex ne permet pas de le déterminer.
On ne sait pas
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de populations?
L’incertitude quant à la survie de la population du comté d’Essex ne permet pas de le déterminer.
On ne sait pas
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités?
L’incertitude quant à la survie de la population du comté d’Essex ne permet pas de le déterminer.
On ne sait pas
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat?
On peut penser que la qualité de l’habitat se dégrade dans les deux localités en raison de la présence de plantes envahissantes, par exemple l’épine-vinette du Japon et l’alliaire officinale, et peut-être aussi de lombricidés introduits.
Il y a un déclin de la qualité de l’habitat
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre de populations? Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre de localités? (selon la définition, en terme de menace)? Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes de l’indice de la zone d'occupation? Non

Nombre d’individus matures (dans chaque population) – Voir le tableau 1

 
Population (2008) Nbre d’individus matures
Total 357 tiges florifères
Parc provincial Rondeau 1 357 tiges florifères
Comté d’Essex
En 2008, l’espèce a été recherchée dans la partie est de la propriété mais n’a pas été observée. Nous n’avons pas eu accès à la partie ouest de la propriété. La population totale dans cette localité demeure donc inconnue.
Inconnu
Dans les rapports de situation antérieurs et durant plus de deux décennies de relevés par parcelles, le nombre de tiges florifères a servi d’estimation de l’effectif du triphore penché, et nous avons conservé cette méthode aux fins du présent rapport. Cependant, on ne connaît pas le rapport existant entre le nombre de tiges florifères et le nombre d’individus matures. Les touffes de tiges florifères peuvent être issues de tubercules d’un même sujet ou de plusieurs sujets distincts situés tout près les uns des autres, ou encore de tubercules amassés dans une cache par des écureuils et provenant probablement de plusieurs sujets. Comme les tubercules sont des organes de multiplication asexuée, chaque tige florifère émergeant d’un tubercule est comptée comme un individu mature selon la définition de l’UICN et du COSEPAC.

Analyse quantitative

 
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. Donnée non disponible

Menaces (réelles ou imminentes, pour les populations ou les habitats)

 
Espèces végétales envahissantes, lombricidés exotiques, herbivores et phytophages, changement d’affectation des terres, phénomènes stochastiques, faible diversité génétique.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

 
Situation des populations de l’extérieur
États-Unis : L’espèce est très rare (S1 ou S2) dans les États voisins de l’Ontario et les autres États du nord  – Michigan, New York, New Hampshire, Ohio. L’espèce n’est pas classée à l’échelle nationale (NNR) aux É.–U., mais elle est classée comme espèce vulnérable (G3) à l’échelle mondiale car elle est rare dans une grande partie de son aire (NatureServe, 2010). Voir le tableau 2.
Une immigration a–t–elle été constatée ou est–elle possible? Possible mais peu probable à court terme
Des individus immigrants seraient–ils adaptés pour survivre au Canada? On ne sait pas
Y a–t–il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? On ne sait pas
La possibilité d’une immigration de populations externes existe-t-elle? Non

Statut existant

 

COSEPAC : Espèce en voie de disparition (novembre 2010)

Statut et justification de la désignation

 
Statut :
Espèce en voie de disparition
Code alphanumérique :
B1ab(iii)+2ab(iii)
Justification de la désignation :
Cette petite orchidée remarquable de sols riches en région boisée connaît des périodes variables de dormance. Au Canada, seulement deux populations de l’espèce sont connues dans le sud-ouest de l'Ontario, dont une n’a pas été observée depuis plus de 20 ans. Environ 1400 tiges florifères ont été inventoriées à un site en 2008 pendant une année de fortes pluies, contrairement à la décennie précédente, où la population canadienne a été documentée comme n’étant composée que de 50 individus. Bien que le broutage par les chevreuils ait été réduit, les plantes envahissantes ont contribué à une diminution de la qualité de l'habitat et les vers de terre exotiques sont probablement la cause de la réduction de la couche organique du sol forestier. Les événements fortuits pourraient aussi toucher la population.

Applicabilité des critères

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) :
Sans objet. Déclin inconnu en raison de la fluctuation du nombre de tiges florifères.
Critère B (petite aire de répartition et déclin ou fluctuation) :
Répond au critère d’espèce en voie de disparition B1ab(iii)+2ab(iii) puisque la zone d’occurrence et l’IZO se situent dans les limites du critère et que l’espèce est présente dans moins de cinq localités, où la qualité de l’habitat s’est dégradée.
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) :
Sans objet. Déclin inconnu en raison de la fluctuation du nombre de tiges florifères.
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte):
Sans objet. Le nombre de tiges florifères (utilisé comme indication du nombre d’individus matures) dépasse le seuil critique du critère, et les menaces signalées ne sont peut-être pas assez graves pour causer un déclin rapide de la population.
Critère E (analyse quantitative) : Aucune analyse quantitative disponible.

Préface

Seulement deux populations de triphore penché sont répertoriées pour le Canada, dont l’une, s’étalant sur deux propriétés privées voisines, n’a pas été confirmée depuis plus de 20 ans. Dans le rapport de situation antérieur (White, 2000), le nombre de tiges florifères chez la population du parc provincial Rondeau était estimé à seulement 50, ce qui correspondait à un déclin de plus de 95 % par rapport à l’estimation de 1 500 tiges florifères au moment de la publication du premier rapport sur la situation de l’espèce, à la fin des années 1980 (Woodliffe, 1988). Les relevés pour la présente mise à jour ont été effectués au cours de l’été 2008, où les conditions fraîches et humides ont donné lieu chez l’espèce à l’une des plus abondantes floraisons depuis de nombreuses années. En 2008, environ 1 400 tiges florifères ont été dénombrées dans le parc Rondeau (Woodliffe, comm. pers., 2008). La majorité des quatre sous-populations du parc Rondeau sont vérifiées chaque année, bien qu’elles ne soient pas complètement recensées chaque année. Comme les relevés pour le rapport de situation antérieur ont été réalisés à l’été 1998, l’autre population canadienne connue, qui se trouve sur un terrain boisé privé dans le comté d’Essex, a été partiellement recensée deux fois seulement (2000 et 2008), et le triphore penché n’y a pas été observé depuis la fin des années 1980.

Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine la situation, à l'échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés et populations (importantes à l'échelle nationale) sauvages jugées en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, poissons, mollusques, lépidoptères, plantes vasculaires, lichens et mousses.

Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est formé de représentants des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique) et de trois organismes non gouvernementaux, ainsi que des coprésidents des groupes de spécialistes des espèces. Le Comité se réunit pour examiner les rapports sur la situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n'existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n'est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants auxquels elle est exposée ne sont pas inversés.

Espèce préoccupante (P)*
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)**
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)***
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d'un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire »
*** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d'une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation au cours des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d'Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Rapport de situation du COSEPAC sur le Triphore penché Triphora trianthophora au Canada – 2010.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Nom scientifique : Triphora trianthophoros (Sw.) Rydb.

Synonymes : Triphora trianthophora(Sw.) Rydb., Pogonia trianthophora (Swartz) Britton, Arethusa trianthophoros Sw.

Nom commun français : Triphore penché

Noms communs anglais : Nodding Pogonia, Three Birds Orchid

Famille : Orchidacées

Grand groupe végétal : Monocotylédones

L’épithète « trianthophora », utilisé dans les rapports de situation antérieurs, a été remplacé par « trianthophoros », forme correcte du féminin en grec. Le nom de genre « triphora » est dérivé du mot grec féminin signifiant « portant trois fleurs ».

Description morphologique

Le triphore penché (figures 1 et 2) est une petite orchidée qui survit principalement sous forme de racine souterraine, laquelle émet des tiges aériennes florifères uniquement les années où les conditions sont favorables. Les tiges aériennes, violet verdâtre, atteignent 5 à 31 cm de hauteur. Une à plusieurs petites feuilles  arrondies, à base embrassante, sont insérées selon une disposition alterne à partir du milieu environ de la tige jusqu’à la base de l’inflorescence. La plante produit une à sept fleurs blanches, le plus souvent trois. Chaque fleur est sous-tendue par une bractée foliacée. Les pièces florales sont en trois. La corolle est formée d’un pétale inférieur labié présentant trois crêtes verdâtres et de deux pétales supérieurs. Les sépales sont blancs et pétaloïdes. Le fruit est une capsule verte dressée. L’espèce forme des colonies par multiplication asexuée à partir de tubercules se formant à l’extrémité des racines charnues. On trouvera des descriptions techniques plus détaillées, des clés d’identification et des illustrations dans les ouvrages de Gleason et Cronquist (1991),  de Voss (1972) et de Holmgren (1998).

Figure 1. Touffe de tiges matures de triphore penché. Photographie de P. Allen Woodliffe (reproduite avec sa permission).

Photo d’une touffe de tiges matures de triphores penchés.

Figure 2. Inflorescence de triphore penché. Photographie de P. Allen Woodliffe (reproduite avec sa permission).

Photo de l’inflorescence d’un triphore penché.

Structure spatiale et variabilité de la population

Il n’existe aucune documentation sur la structure spatiale de la population canadienne de triphore penché. Les deux populations ontariennes sont de la variété trianthophoros, qu’on rencontre dans toute l’aire de l’espèce dans l’est des États–Unis (Oldham et Brinker, 2009). La variété texensis est endémique au Texas (Brown et Pike, 2006). Bien que les graines d’orchidées soient très mobiles, il existe néanmoins des barrières écologiques aux échanges génétiques entre populations. La principale barrière est la fragmentation de l’habitat par de vastes étendues de terres agricoles. Le triphore penché produit peu de capsules (Williams, 1994); il est probable que l’espèce se multiplie plutôt par voie végétative que par voie sexuée. Dans tout l’est de l’Amérique du Nord, l’espèce est peu commune, et sa population est fragmentée (NatureServe, 2010).

Unités désignables

Comme les populations canadiennes connues de triphore penché se trouvent toutes dans la zone écologique des plaines des Grands Lacs (selon la classification du COSEPAC) et qu’il n’existe entre elles aucune différence morphologique ou génétique connue, le concept d’unités désignables ne s’applique pas.

Importance de l’espèce

Le triphore penché est l’une des orchidées les plus rares de l’Ontario. L’apparition irrégulière de tiges aériennes semble liée aux conditions environnementales, mais on n’en sait guère davantage. On ne connaît aucune utilisation de l’espèce par les peuples autochtones.

Répartition

Aire de répartition mondiale

L’aire nord-américaine du triphore penché s’étend depuis la Nouvelle-Angleterre vers l’ouest jusqu’au sud-ouest de l’Ontario, au Michigan et au Wisconsin et, vers le sud, jusqu’au Texas et à la Floride (figure 3). L’espèce est également présente en Amérique centrale (Luer, 1975). Le triphore penché est rare à très rare à la limite septentrionale de son aire, mais il est plus répandu dans le sud et le centre des États–Unis.

Figure 3. Aire de répartition nord-américaine du triphore penché (White et al., 1982).

Carte de la  répartition du triphore penché en Amérique du Nord.

Aire de répartition canadienne

Au Canada, le triphore penché a été signalé pour la première fois en 1950 (Zavitz et Gaiser, 1956). L’espèce est présente uniquement dans deux localités du sud–ouest de l’Ontario (figure 4) : l’une est située à l’intérieur du parc provincial Rondeau (municipalité de Chatham-Kent) et abrite quatre sous-populations, l’autre se trouve sur un terrain boisé privé (« Hillman Three Birds Woodlot ») situé dans une zone désignée importante et sensible sur le plan environnemental (ZISE) (comté d’Essex). Les deux localités se trouvent à environ 62 km l’une de l’autre. Depuis 1966, l’espèce n’a été signalée pour aucune autre localité, en dépit des relevés floristiques extensifs qui ont été réalisés dans le sud–ouest de l’Ontario. Il faut souligner que la plante peut facilement passer inaperçue, même dans les localités où sa présence est connue, en raison de sa faible taille, de ses fleurs peu voyantes, de sa floraison tardive et extrêmement courte et de la fluctuation de son effectif. On ne peut écarter la possibilité qu’il existe d’autres populations à ce jour inconnues ailleurs dans le sud-ouest de l’Ontario.

Figure 4. Aire de répartition canadienne du triphore penché (gracieuseté du Secrétariat du COSEPAC).

Carte de la répartition du triphore penché au Canada.

L’origine de la population du parc Rondeau est incertaine. En 1956, quatre touffes de triphore penché prélevées dans la population du comté d’Essex ont été transplantées dans le parc Rondeau. En 1960, ces sujets n’existaient plus. En 1966, une petite population a été découverte à environ un kilomètre du lieu où les touffes avaient été transplantées, et d’autres sous-populations ont été découvertes dans les deux années suivantes. On ne sait donc pas si les quatre sous-populations actuelles du parc Rondeau proviennent ou non des sujets transplantés en 1956 (Woodliffe, 1988). Les quatre sous-populations se trouvent à au moins un kilomètre du lieu où les touffes avaient été transplantées. Cependant, même si les quatre sous-populations actuelles provenaient des sujets transplantés, ce qui semble très peu probable, la population du parc Rondeau demeure admissible à l’évaluation par le COSEPAC parce qu’elle se trouve à l’intérieur de l’aire de répartition naturelle de l’espèce. En effet, la population du parc Rondeau se trouve à moins de 100 km de la population du comté d’Essex, et les populations du nord-est des États-Unis s’étendent nettement plus au nord que la population du parc Rondeau. De plus, même si la population du parc Rondeau était en fait issue des touffes transplantées, ces touffes étaient de source indigène.

La zone d’occurrence du triphore penché au Canada serait d’environ 62 km², soit la superficie du triangle englobant les sous-populations du parc Rondeau et la population qui subsiste peut-être encore dans le comté d’Essex. Si on applique une grille de 1 km x 1 km, l’espèce occuperait huit carrés dans le parc Rondeau et un carré dans le comté d’Essex, ce qui donne un indice de zone d’occupation (IZO) de 9 km². Si on applique une grille de 2 km x 2 km, l’espèce occuperait trois carrés dans le parc Rondeau et un carré dans le comté d’Essex, pour un IZO de 16 km². La population canadienne de triphore penché occuperait donc moins de 1 % de l’aire mondiale de l’espèce.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le triphore penché pousse dans des forêts de feuillus mélangés riches et mésiques. Dans le nord–est des États–Unis, l’espèce est étroitement associée à des peuplements matures de hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia) (Brackley, 1985; Keenan, 1992). Au Canada, l’espèce se rencontre dans des forêts d’érables et de hêtres riches et humides, à épaisse couche d’humus. On trouve généralement le triphore penché dans des zones où le sous-étage est relativement clairsemé et où poussent peu d’herbacées (figure 5). Woodliffe (1988) donne une description détaillée des espèces compagnes dans les deux localités canadiennes. Bien qu’il existe dans la zone carolinienne du sud-ouest de l’Ontario beaucoup d’autres milieux apparemment favorables à l’espèce, celle-ci n’a jamais été observée en dehors des deux localités connues, en dépit de plusieurs décennies de relevés botaniques.

Figure 5. Habitat du triphore penché dans le parc provincial Rondeau. Photographie de Holly J. Bickerton.

Photo de l'habitat du triphore penché dans le parc provincial Rondeau.

Durant tout son cycle vital, le triphore penché dépend pour sa nutrition d’une association avec un champignon compatible. L’espèce ayant souvent été observée en présence du hêtre à grandes feuilles, Williams (1994) a pensé qu’elle tirait peut-être des éléments nutritifs et des photosynthétats de l’arbre, par l’entremise de champignons du sol entretenant une association à la fois avec l’arbre et avec l’orchidée. Selon Brackley (1985), une épaisse litière de feuilles pourrait favoriser un champignon mycorhizien qui se développe dans le terreau de feuilles. Le triphore penché pousse dans divers types de sols mais préfère les sols à forte teneur en matières organiques. Au Canada, la population du comté d’Essex pousse dans la plaine argileuse d’Essex, sur un sol sableux de Berrien de la phase à plaques de sable de l’argile de Brookston, et la population du parc Rondeau pousse sur le sommet et les versants de crêtes des flèches de sable du lac Érié (Chapman et Putnam, 1984, cités par Woodliffe, 1988). Le triphore penché préfère les sols acides mais tolère les sols neutres à calcaires. Le pH du sol mesuré dans trois localités du Michigan se situait entre 4,65 et 7,35 (Medley, 1979, cité par Woodliffe, 1988).

Le triphore penché semble préférer les milieux mésiques, mais on le rencontre également dans des forêts inondables, au bord de marécages, dans des tourbières à sphaigne et dans des platières sableuses (Case, 1987; Sheviak, 1974; Homoya, 1993). Pour accomplir son cycle, l’espèce aurait besoin d’eau tout au long de la saison de végétation, et elle fleurirait moins, ou ne fleurirait pas du tout, les années de sécheresse (White, 2000).

Le triphore penché tolère très bien l’ombre, peut-être parce qu’il ne dépend pas beaucoup de la photosynthèse pour les éléments nutritifs dont il a besoin. L’espèce fleurit après la majorité des autres espèces forestières, dans les conditions de très faible éclairement des forêts matures à couvert fermé (Williams, 1994).

Tendances en matière d’habitat

L’habitat du triphore penché au sein du parc provincial Rondeau s’est rétabli d’un broutage excessif par le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus). L’abattage sélectif de cerfs de Virginie  pratiqué depuis le milieu des années 1990 a réduit la population de l’espèce, et bien que le sous-étage soit encore très ouvert, il se referme progressivement grâce à la diminution de la pression de broutage. L’épine-vinette du Japon (Berberis thunbergii), introduite il y a plusieurs décennies, est aujourd’hui très répandue dans le parc. Il semble qu’elle soit devenue plus abondante dans le voisinage d’une des sous-populations de triphore penché, mais on ne peut affirmer que ce soit le fait de la réduction de la population de cerfs de Virginie. L’épine-vinette du Japon est un arbuste épineux non recherché par le cerf, et on peut penser que la population locale de cerf n’a aucun effet sur l’abondance de l’épine-vinette. Aucun signe de perturbation anthropique n’a été observé dans le voisinage des quatre sous-populations de triphore penché. Par ailleurs, la chute d’arbres est fréquente dans le parc.

La moitié est de la propriété du comté d’Essex abritant le triphore penché n’est plus soumise à un broutage intensif par des chevaux, comme le décrivait Woodliffe (1988), et un sous-étage clairsemé composé d’espèces indigènes s’est reformé. On trouve des sujets dispersés d’alliaire officinale (Alliaria petiolata) à l’endroit où le triphore penché a été observé dans les années 1980. La litière de feuilles semble moins abondante que celle qu’on observe généralement dans une forêt mature saine, et le sol est dénudé à maints endroits. La moitié ouest de la propriété, où la majeure partie de cette population de triphore penché a été recensée dans les années 1980, est toujours peuplée de feuillus matures. La partie ouest de la propriété n’a pas été vérifiée en 2008.

Biologie

Le triphore penché est une petite orchidée peu voyante apparaissant seulement à la fin de l’été, durant une courte période où elle accomplit sa floraison. Si les conditions ne sont pas favorables à la floraison une année donnée, la plante n’émet pas de tiges aériennes ou en émet très peu (Woodliffe, 1988). C’est pourquoi l’espèce peut passer inaperçue lors des relevés. Les ouvrages de Williams (1998) et de Dister (2006) renseignent sur la biologie des populations américaines du triphore penché.

Cycle vital et reproduction

Le triphore penché peut survivre de nombreuses années sous terre sous forme de tubercules (Lownes, 1920; Morris et Eames, 1929; Luer, 1975). Certains le décrivent comme semi-saprophyte (Case, 1987) en raison du fait qu’il obtient la majeure partie des éléments nutritifs dont il a besoin d’une association avec des champignons du sol.  C’est pourquoi il émerge au-dessus du sol seulement le temps de fleurir et de produire des graines. La tige florifère contient de la chlorophylle et produit probablement par photosynthèse une part importante de l’énergie nécessaire à la floraison et à la formation de graines. Les tiges florifères peuvent être abondantes une année donnée puis pratiquement absentes l’année suivante (Williams, 1994). Williams (1994) a observé chez une population du Massachusetts que la plupart des individus n’émettaient pas de tiges florifères mais demeuraient dans la litière de feuilles sous forme d’organes de réserve renflés, ou tubercules. Comme on ne connaît pas l’espèce mycorhizienne avec laquelle le triphore penché est associé, on la classe provisoirement sous le genre Rhizoctonia, comme toutes les formes asexuées de champignons mycorhiziens qu’on ne peut identifier plus précisément (Roberts, 1999).

Au Canada, le triphore penché émet des tiges aériennes de la fin de juillet au début d’août. Les tiges se développent rapidement et, en une semaine, atteignent presque le stade de la floraison. La floraison atteint son apogée à la mi–août. Le développement des bourgeons peut prendre une semaine ou plus. La floraison est déclenchée par une chute de température nocturne, généralement de quelques degrés. Les bourgeons floraux ouvrent au milieu de la matinée, quarante-huit heures après la chute de température nocturne. Les fleurs ne demeurent ouvertes que quelques heures, se fanant avant la fin de la journée (Keenan, 1992). La plupart des individus produisent une à trois fleurs au cours de la saison, mais certains individus du parc Rondeau en ont produit jusqu’à sept (Woodliffe, comm. pers., 2009). Lors d’une étude menée sur six ans chez une population du Massachusetts, Williams (1994) a observé une perte élevée de bourgeons floraux, attribuable à la chute des bourgeons et aux herbivores.

Le développement des colonies et la floraison se déroulent généralement de façon synchronisée, ce qui peut augmenter les chances de pollinisation croisée (Luer, 1975). Après la première floraison, d’autres bourgeons floraux peuvent se former, et on peut assister ainsi à deux ou trois épisodes de floraison au cours de la saison. Chez les populations canadiennes, la période de floraison se situe généralement entre la fin juillet et le début septembre, mais on a observé des fleurs jusqu’à la fin septembre chez la population du parc Rondeau (Woodliffe, 1988).

On croit que le triphore penché est pollinisé principalement par des abeilles; plusieurs espèces chez ce groupe en sont capables. Les pollinisateurs capturés en 1984 chez la population du parc Rondeau étaient des halictes parasites (Halictidae), à savoir le Dialictus abanci, le D. oblongus et le D. philanthanus (Woodliffe, 1988). Des études menées chez des populations du Michigan ont révélé que les principaux pollinisateurs de ces populations étaient des halictes et des xylocopes (Xylocopidae) (Medley, 1979, cité par Woodliffe, 1988). Williams (1994) a également été témoin de pollinisation par un bourdon de petite taille (Bombus sp.; Apidae) et par une abeille mince, probablement du genre Hylaeus (Colletidae).

Le triphore penché produit très peu de capsules, peut-être parce que les pollinisateurs ont un accès extrêmement limité aux fleurs (Keenan, 1992; Williams, 1994). Des études menées sur une période de cinq ans au Massachusetts ont révélé que moins de 5 % des bourgeons produisaient des capsules. Cependant, la plupart des capsules atteignaient la maturité (Williams, 1994). Chez le triphore penché comme chez la plupart des orchidées, chaque capsule peut renfermer un grand nombre de graines minuscules, de sorte que le faible taux de production de capsules n’est pas forcément limitatif. Chez la population du parc Rondeau, le taux de production de capsules peut dépasser largement celui observé au Massachusetts, comme le révèlent les notes de terrain prises en 2009 pour une partie de la population (Woodliffe, comm. pers., 2010).

On connaît peu de choses sur l’établissement des semis. Les minuscules graines du triphore penché, comme celles de la plupart des orchidées, ne renferment pas beaucoup de réserves nutritives; elles ne germent et se développent qu’après avoir été infectées par un champignon endophyte compatible (Anderson, 1994). Il est possible que le taux d’établissement de semis soit faible à cause de la nécessité de cette association avec un champignon compatible.

Il n’existe aucune donnée sur la durée d’une génération (âge moyen des adultes reproducteurs), ni sur l’âge à la maturité de reproduction. Le triphore penché se multiplie par voie végétative, en produisant des tubercules secondaires sur le tubercule primaire (Williams, 1994). Étant donné l’abondance relative au sein d’une population de tubercules n’émettant pas de tiges florifères, on peut penser que la survie de l’espèce dépend fortement de ce mode de multiplication. Les colonies de triphore penché peuvent survivre longtemps. En Nouvelle-Angleterre, il en existe une qu’on observe régulièrement depuis au moins 70 ans (Keenan, 1998, cité par Ramstetter, 2001).

Physiologie et adaptabilité

Associé aux forêts matures d’érables et de hêtres et aux sols à forte teneur en matières organiques, le triphore penché ne semble pas posséder un potentiel élevé d’adaptation aux changements survenant dans le milieu. On croit que l’espèce est sensible aux changements dans le couvert forestier et autres changements modifiant les conditions d’éclairement et d’humidité, comme ceux que peut entraîner l’exploitation forestière (Ramstetter, 2001).

On ne connaît pas d’expériences réussies de transplantation en milieu naturel de plants de triphore penché obtenus de graines. Anderson (1994) a réussi à faire germer des graines, lesquelles ont donné des rhizomes racinés avec de petits tubercules et des tiges aériennes, mais l’auteur précise qu’avant de mettre des protocormes en terre, il faudrait d’abord les infecter avec un champignon isolé de sujets poussant en milieu naturel. En revanche, on a réussi à transplanter des sujets matures de l’espèce prélevés dans une population naturelle (Morris et Eames, 1929).

Dispersion

La plupart des orchidées produisent de minuscules graines que le vent peut transporter à grande distance (Dressler, 1981). Aucune information n’a cependant été publiée sur la dispersion des graines du triphore penché. Le fait qu’aucune nouvelle population de l’espèce n’a été découverte en Ontario depuis plusieurs décennies peut s’expliquer par la difficulté d’établissement des semis et par la difficulté pour les herborisateurs de repérer l’espèce, compte tenu des particularités de son cycle vital.

On peut se demander si le critère de « population très fragmentée », tel qu’il est défini par l’UICN et le COSEPAC, s’applique à la population canadienne de triphore penché. Les deux populations sont séparées par une distance de 62 km, ont un faible taux de maturation des capsules et n’ont qu’une faible probabilité de se rétablir à partir de graines de source externe. Par ailleurs, on peut douter de la viabilité à long terme de la petite population du comté d’Essex. La population du parc Rondeau regroupe la majorité des tiges florifères recensées et occupe plus de la moitié de la superficie occupée par l’espèce.

Relations interspécifiques

En 1986, on avait noté des indices de broutage par les cerfs sur une touffe de triphore penché du parc Rondeau, laquelle, par conséquent, n’avait pas fleuri, donc pas produit de graines. Des dommages sur le triphore penché causés par des limaces, des insectes, des rongeurs et des cerfs ont également été relevés dans d’autres régions (Ramstetter, 2001). Au Massachusetts, Williams (1994) a observé la destruction de bourgeons et de tiges par des limaces. Des touffes entières de tiges florifères et des tubercules souterrains peuvent être mangés ou détruits par des rongeurs, en particulier le tamia (Tamias striatus) (Keenan, 1992; Williams, 1994). Il est possible que les herbivores et phytophages soient à l’origine d’une perte importante de bourgeons chez les jeunes individus de l’espèce (Williams, 1994).

Taille et tendances des populations

Activités et méthodes d’échantillonnage

Entre le 14 et le 24 août 2008, quatre personnes ont fouillé les deux localités d’Ontario pour lesquelles le triphore penché est répertorié, pour un total d’environ 34 heures-personnes de recherche. Allen Woodliffe, qui connaît les deux localités, y a accompagné Holly Bickerton. Seulement trois des quatre sous-populations du parc provincial Rondeau ont été confirmées en 2008; la quatrième n’a pas été retrouvée. Seule la partie est du site du comté d’Essex a été explorée, car la permission d’explorer le reste du boisé a été refusée. Les tiges florifères ont été dénombrées, ou, dans le cas de très grandes colonies, leur nombre a été estimé.

Abondance

Il est difficile d’estimer le nombre d’individus matures compris dans une population de triphore penché car il n’existe aucune méthode permettant de distinguer génétiquement les individus matures les uns des autres. Les touffes de tiges florifères qui émergent du sol peuvent être issues d’un seul ou de plusieurs individus génétiquement distincts (genets). Dans les rapports de situation antérieurs et dans les relevés des vingt dernières années au moins (A. Woodliffe, comm. pers., 2008), le nombre de tiges florifères a été utilisé pour mesurer l’abondance des populations. Nous avons donc conservé cette méthode pour le présent rapport de situation. Cependant, on ne sait pas quel est le rapport entre le nombre de tiges florifères et le nombre d’individus matures dans chacune des localités. Conformément aux lignes directrices de l’UICN et du COSEPAC relatives aux espèces produisant par voie asexuée des individus aptes à vivre de façon indépendante, chaque tige florifère et son tubercule sont (donc) comptés comme un individu mature. Les touffes de tiges florifères du triphore penché peuvent être issues de plusieurs tubercules d’un même individu ou d’individus distincts poussant proche les uns des autres, ou encore d’un tas de tubercules amassés dans une cache par des écureuils (A. Woodliffe, comm. pers., 2010). C’est pourquoi on ne peut pas, aux fins de l’évaluation, compter une touffe comme un seul individu. Le tableau 1 présente un sommaire des populations.

Tableau 1. Sommaire des mentions de populations et du nombre de tiges florifères.
  Localité Première mention Dernière observation Rapport
de 1988
(Woodliffe)
Rapport
de 1998
(White)
Relevé le plus récent
1 Parc provincial Rondeau Ussher (1966) 2008 ~1 500 (1986, A. Woodliffe) ~50 (1998, estimation de D.J. White) 1 357 (2008, A. Woodliffe, H. Bickerton et al.)
126 (relevé partiel en 2009 de la principale sous-population, contre 69 en 2008 au même endroit, A. Woodliffe)
 
2 Région de Hillman, canton de Mersea, comté d’Essex Zavitz (1950) 1987 12 (1950, C. Zavitz)
188 (1967, R. Whiting)
22 (1985, W. Botham)
« moins d’une douzaine » (1987)
0 (1998, D.J. White) 0 (2000, D. Jacobs, relevé partiel)
0 (2008, A. Woodliffe, H. Bickerton)
  TOTAL         1 357 tiges (2008)

 

En 2008, 1 357 tiges florifères ont été dénombrées, toutes dans trois sous-populations du parc Rondeau (la quatrième n’a pas été retrouvée). Vu la nature discrète de l’espèce, ce compte est vraisemblablement en deçà de la réalité. L’effectif recensé en 2008 est parmi les plus élevés jamais enregistrés pour la population du parc Rondeau (A. Woodliffe, comm. pers., 2008). Ce résultat s’explique peut-être en partie par les conditions fraîches et humides de l’été 2008, qui auraient été particulièrement favorables à l’espèce, et par une intensification des activités de recherche aux fins de la mise à jour du rapport sur la situation de l’espèce.

Le triphore penché n’a pas été retrouvé dans la partie est du boisé du comté d’Essex, qui abritait une population plus petite que celle du parc Rondeau. La partie ouest du boisé n’a pas été explorée en 2008.

Fluctuations et tendances

Le nombre de tiges aériennes florifères émises par le triphore penché varie énormément d’année en année, de sorte qu’il est très difficile d’estimer l’effectif des populations (Keenan, 1992). Allen Woodliffe a recensé chaque année durant une vingtaine d’années les sites du parc provincial Rondeau et a donc pu observer cette fluctuation.

L’espèce a été découverte dans le parc Rondeau en 1966. Il y avait alors plusieurs colonies de 10 à 15 tiges florifères chacune (Woodliffe, 1988). Entre la découverte de l’espèce dans le parc Rondeau et la publication du premier rapport de situation, cette population a augmenté jusqu’à presque 1 500 tiges florifères, poussant en touffes de différentes grandeurs groupées en trois sous-populations (Woodliffe, 1988). En 1998, seulement 50 tiges florifères ont été recensées dans le parc Rondeau, et on situait le déclin de cette population à environ 95 % (White, 2000). Étant donné que le nombre de tiges florifères émises est très variable, il ne faudrait probablement pas considérer le compte de 1 357 tiges florifères obtenu en 2008 comme représentatif de la situation normale de la population canadienne de triphore penché.

La population du comté d’Essex n’a pas été vérifiée aussi régulièrement que celle du parc Rondeau. L’espèce a été recherchée dans cette localité en 1998 (D.J. White, relevé partiel) puis en 2000 (D. Jacobs et A. Woodliffe, relevé partiel) mais n’y a pas été revue depuis 1987, bien que le milieu n’ait pas beaucoup changé. À l’égard du broutage intensif signalé par Woodliffe (1988) comme de l’abondance de litière et de l’accès du boisé aux voitures et aux camions signalés par Whiting (1968), on pourrait dire que les circonstances se sont même améliorées. Lorsque les relevés ont été réalisés en juillet 1998, les conditions étaient très sèches. On ne peut écarter la possibilité que le triphore penché soit encore présent dans cette localité puisqu’il peut survivre longtemps sous forme de tubercules souterrains, sans émettre de tiges aériennes. Dans une localité de la Caroline du Sud où la flore est bien étudiée, une colonie de triphore penché signalée pour la dernière fois en 1850 a été revue en 1975, soit après une absence apparente de 125 ans (Porcher, 1977).

Immigration de source externe

Bien que les graines d’orchidées soient très mobiles, il est peu probable que si le triphore penché venait à disparaître de l’Ontario il puisse s’y rétablir naturellement à partir de graines provenant de populations américaines, et ce, pour plusieurs raisons : le triphore penché est très rare dans tous les États voisins de l’Ontario, dont l’État de New York, la Pennsylvanie, l’Ohio, le Michigan et le Wisconsin (tableau 2); le taux de production de capsules est faible; les populations existantes se perpétuent probablement surtout par voie végétative; le triphore penché a des exigences écologiques strictes et dépend de la présence dans le sol de champignons compatibles. En dépit des relevés floristiques assez intensifs réalisés dans le sud-ouest de l’Ontario, aucune nouvelle population de l’espèce n’a été découverte depuis plus de 40 ans.

Tableau 2. Sommaire des cotes S attribuées au triphore penché (Triphora trianthophoros).
État ou province Cote S1 Classement par l’État ou la province (le cas échéant)
Alabama SNR  
Arkansas SNR  
Connecticut S1 SC
Delaware S1 END
District de Columbia SH  
Floride S3  
Georgie S2?  
Illinois S3?  
Indiana SNR  
Iowa
Kansas
S3
S1
THR
Kentucky
Louisiane
SNR
S2
THR
Maine S1 THR
Maryland S1 END
Massachusetts S1 END
Michigan S1 THR
Mississippi S2S3  
Missouri SNR  
Nebraska S1 END
New Hampshire S2 THR
New  Jersey S1 END
New York S2 END
Caroline du Nord S2?  
Ohio S2 THR
Oklahoma S2S3  
Pennsylvanie SH  
Caroline du Sud S2 SC
Tennessee SNR  
Texas SNR  
Vermont S1 THR
Virginie S1 END
Virginie-Occidentale S2  
Wisconsin S2 SC

Source : NatureServe, 2010; Ramstetter, 2001.

1 S1 = espèce gravement en péril; S2 = espèce en péril; S3 = espèce vulnérable; S4 = espèce apparemment non en péril; S5 = espèce non en péril; SH = présence historique; SX = espèce vraisemblablement disparue; SNR = espèce non classée (NatureServe, 2010).

Menaces et facteurs limitatifs

Le triphore penché risque de disparaître principalement parce qu’il est présent au plus dans deux localités, par surcroît éloignées l’une de l’autre. Une seule tempête ou période de sécheresse pourrait réduire son effectif de beaucoup, voire détruire une population entière. En Nouvelle-Angleterre, une faible diversité génétique menace la présence de l’espèce car les populations sont petites et se perpétuent vraisemblablement surtout par voie asexuée (Ramstetter, 2001).

On observe des espèces envahissantes dans les deux localités canadiennes pour lesquelles le triphore penché est répertorié. L’épinette-vinette du Japon, présente dans le parc provincial Rondeau depuis de nombreuses années, semble se répandre davantage et pourrait menacer au moins une des sous-populations. En 2010, des mesures ont été prises pour éliminer l’épine-vinette du Japon du secteur abritant la majeure partie de la population de triphore penché, mais l’espèce est répandue partout dans le parc et risque d’envahir de nouveau l’habitat du triphore penché si les mesures prises à son égard ne sont pas maintenues. L’alliaire officinale a été observée dans la partie est de la localité du comté d’Essex. Des lombricidés exotiques risquent également de nuire au triphore penché dans cette localité. Il a été établi que les lombricidés réduisent la couche d’humus et la diversité fongique et peuvent également avoir une incidence sur la richesse en espèces végétales, sur la quantité d’éléments nutritifs du sol et sur les caractéristiques du sol (Hale et al., 2008; idem., 2005; Holdsworth et al., 2007; Muratake, 2003). Les populations de lombricidés n’ont pas été recensées dans la localité du comté d’Essex, mais la litière de feuilles semblait peu épaisse, et le sol était dénudé à plusieurs endroits dans le secteur où le triphore penché a été observé dans le passé. Les lombricidés menacent peut-être aussi la population du parc Rondeau, où on observe également une couche peu épaisse de litière ainsi que de grandes plages de sol dénudé au sommet de plusieurs crêtes de sable (Woodliffe, comm. pers., 2009).

Les herbivores et phytophages sont une menace possible dans les deux localités. Des colonies de triphore penché broutées par les cerfs ont déjà été observées dans le parc Rondeau (Woodliffe, 1988) mais pas depuis que des mesures ont été prises, au milieu des années 1990, pour réduire la population de cerfs (A. Woodliffe, comm. pers., 2009). Les tamias et les limaces causent des dommages chez les populations américaines (Williams, 1994). Des tiges endommagées ont été observées récemment chez la population du parc Rondeau, mais la cause des dommages n’a pas été identifiée (A. Woodliffe, comm. pers., 2009).

Bien que le boisé du comté d’Essex abritant le triphore penché existe toujours et que les deux propriétaires entendent le conserver dans son état actuel, il n’est pas impossible que ces terres soient transférées un jour à d’autres propriétaires ou que leur affectation ou leur aménagement soient modifiés sans que des mesures d’intendance soient prises pour assurer la protection du triphore penché.

Dans les deux localités, le minuscule triphore penché risque de passer inaperçu et d’être piétiné, même par les personnes explorant le terrain à la recherche de l’espèce. Cependant, comme ni l’une ni l’autre population n’est facilement accessible au grand public, le piétinement et la collecte illégale ne constituent probablement pas des menaces graves pour cette orchidée rare.

Protection, statuts et classifications

Protection et statuts légaux

Le triphore penché est visé par la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario et est inscrit à la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. La population du parc provincial Rondeau est également protégée en vertu de la Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation de l’Ontario.

Statuts et classifications non prévus par la loi

À l’échelle mondiale, le classement G3G4 a été attribué au triphore penché, mais ce classement a été « arrondi » à G3 (espèce vulnérable) car l’espèce est peu commune dans l’ensemble de son aire nord-américaine (NatureServe, 2010). Au Canada, l’espèce est classée N1 (espèce gravement en péril) à l’échelle nationale et S1 (espèce gravement en péril) en Ontario (Oldham et Brinker, 2009). Aux États–Unis, on pense que le triphore penché serait disparu de deux États; il est classé S1 ou S2 (espèce en péril ou gravement en péril) et S2S3 dans 22 des 34 États pour lesquels il est répertorié (NatureServe, 2010; tableau 2); il est également inscrit comme espèce en voie de disparition (endangered), menacée (threatened) ou préoccupante (special concern) dans 15 États (Ramstetter, 2001).

Protection et propriété de l’habitat

L’une des deux populations canadiennes connues bénéficie de la protection que lui assure sa présence à l’intérieur du parc provincial Rondeau. L’autre, située dans un boisé du comté d’Essex (« Hillman Three-Birds Woodlot »), s’étale sur deux propriétés privées. Il s’agit de terres boisées désignées comme zone importante et sensible sur le plan environnemental par l’Office de protection de la nature de la région d’Essex (Ambrose et Jalava, 2007). L’acquisition de ces deux propriétés ou leur intendance permettrait d’assurer une plus grande protection de la population de triphore penché, en supposant qu’elle existe toujours. Cette mesure a été inscrite avec un niveau de priorité élevé dans la version provisoire du programme de rétablissement du triphore penché (Oldham, 1983; Ambrose et Jalava, 2007).

L’aire du triphore penché dans l’est de l’Amérique du Nord étant très vaste, il n’est pas possible d’estimer la proportion de l’aire mondiale de l’espèce se trouvant à l’intérieur d’aires protégées telles que parcs nationaux ou provinciaux. En Ontario, la population du parc provincial Rondeau se trouve dans une réserve naturelle gérée par Parcs Ontario. La deuxième population se trouve sur des propriétés privées. Aucune population n’est répertoriée pour des terres fédérales canadiennes.

Remerciements et experts contactés

Holly Bickerton remercie vivement Allen Woodliffe, qui l’a accompagnée dans les deux localités du triphore penché et l’a fait bénéficier de ses observations personnelles, d’excellentes photographies et de données détaillées recueillies sur une période de plus de vingt ans. Elle remercie également Kate MacIntyre et Adelle Yott, du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO), district d’Aylmer, pour leur participation aux relevés de terrain. Mike Oldham, du CIPN de l’Ontario, a fourni de l’information et des références précieuses. Melody Cairns et Brett Groves, du MRNO, et le personnel de la municipalité de Leamington ont été d’une aide inestimable pour retracer les propriétaires sdes terres privées. Jenny Wu, du Secrétariat du COSEPAC, a patiemment établi les cartes et les statistiques. Plusieurs personnes ont examiné le document puis ont proposé des modifications visant à clarifier ou appuyer les propos. Enfin, des remerciements sont adressés aux propriétaires fonciers du boisé « Hillman Three Birds’ Woodlot » qui ont bien voulu permettre l’accès à leur propriété.

Experts consultés durant la préparation du présent rapport

Allen Woodliffe, écologiste de district, disctrict d’Aylmer, ministère des Richesses naturelles de l'Ontario (MRNO), Chatham (Ontario).
Mike Oldham, botaniste, Centre d'information sur le patrimoine naturel, MRNO, Peterborough (Ontario).
Sandy Dobbyn, écologiste de zone, zone sud-ouest, Parcs Ontario, London (Ontario).
Jeff Robinson, CWS-Ontario Protected Areas Unit, London (Ontario).

Sources d’information

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Woodliffe, P.A. comm. pers. 2010. Écologiste de district, district d’Aylmer, ministère des Richesses naturelles. Courriel adressé à M. Oldham et également envoyé à E. Haber, septembre 2010.

Woodliffe, P.A. comm. pers. 2009. Écologiste de district, district d’Aylmer, ministère des Richesses naturelles. Diverses discussions et communications par courriel avec H. Bickerton.

Woodliffe, P.A. comm. pers. 2008. Écologiste de district, district d’Aylmer, ministère des Richesses naturelles. Diverses discussions avec H. Bickerton durant l’été et automne, 2008.

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Sommaire biographique de la rédactrice du rapport

Holly J. Bickerton a obtenu un baccalauréat en sciences appliquées de l’Université McMaster et une maîtrise en études environnementales de l’Université York. Elle possède plus de dix ans d’expérience en écologie de terrain. De 2000 à 2003, elle a travaillé en Australie-Méridionale pour le compte de la Nature Conservation Society of South Australia et du gouvernement de l’État. Elle a notamment participé à plusieurs inventaires floristiques et fauniques et rédigé une proposition visant à faire reconnaître officiellement le caractère menacé d’une communauté écologique. De retour en Ontario en 2003, elle a travaillé durant trois ans en qualité de spécialiste des espèces en péril au ministère des Richesses naturelles de l’Ontario. Mme Bickerton vit actuellement à Ottawa où elle travaille à son compte comme écologiste-conseil. À ce titre, elle réalise des inventaires floristiques et fauniques, établit des cartes de végétation, évalue des espèces envahissantes, assure le suivi d’écosystèmes et d’espèces en péril, fait des recherches en vue de l’établissement de politiques et rédige des politiques. Mme Bickerton a rédigé la mise à jour d’un autre rapport de situation du COSEPAC ainsi que les programmes de rétablissement de sept espèces en péril au Canada.

Collections examinées

Aucun spécimen d’herbier du Triphora trianthophoros n’a été examiné pour le présent rapport.

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