Musaraigne de Bendire (Sorex bendirii) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

La musaraigne de Bendire se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition au Canada, où elle occupe une zone restreinte dans le bassin du Bas-Fraser. Les facteurs biologiques définissant son aire restreinte au Canada sont essentiellement inconnus, mais l’exclusion compétitive avec la musaraigne palustre,similaire sur le plan écologique, contribue probablement à limiter sa répartition. L’espèce n’est pas en péril dans son aire de répartition américaine, mais, au Canada, elle est présente dans une région fortement urbanisée qui subit une croissance rapide et des modifications de l’habitat (figure 6).

En 2004, la population totale du district régional de Vancouver et du district régional de la vallée du Fraser était d’environ 2,4 millions (tableau 4), ce qui représente une augmentation de la population d’environ 11 p. 100 par rapport à 1996. Il n’existe pas de données sur le total de terres utilisées pour la croissance de cette population, mais Environnement Canada (1992) a estimé que la croissance et l’aménagement de 1987 à 1992 dans le bassin du Fraser ont nécessité environ 934 ha de terre par année. La plupart des terrains utilisés en vue de l’urbanisation étaient des terres agricoles (Moore, 1990). Bien que le taux de conversion de terres rurales en terres urbaines décline en raison d’une utilisation intensive de la terre, l’offre de nouveaux terrains à aménager est limitée et diminue dans la région. Selon Environnement Canada (1992), la croissance future de la population et les pressions exercées par l’aménagement auront pour effet d’accroître le nombre de projets d’aménagement des terres agricoles, des milieux humides, des zones riveraines, des terrains boisés et des pentes de montagnes restants.

Figure 6. Superficie de la zone urbanisée dans l’aire de répartition (zone d’occurrence) de la musaraigne de Bendire (Sorex bendirii) au Canada.

Figure 6.  Superficie de la zone urbanisée dans l’aire de répartition (zone d’occurrence) de la musaraigne de Bendire (Sorex bendirii) au Canada.

La rareté de la musaraigne de Bendire, ajouté au fait qu’elle se confine aux habitats riverains et humides, la rend vulnérable aux pertes, fragmentations et dégradations de l’habitat. L’exploitation agricole et forestière a des répercussions sur cette espèce, mais probablement c’est l’aménagement qui la menace le plus. L’aménagement résidentiel, commercial, industriel et récréatif, comme les terrains de golf, réduit la superficie des zones boisées et des habitats riverains en bordure de ruisseaux ou de terres humides et la gestion des écoulements et des eaux pluviales y cause une dégradation de l’habitat (Craig et Vennesland, 2004a). D’autres recherches seront nécessaires afin d’établir les distances sur lesquelles cette musaraigne se dispersera et les habitats qu’elle adoptera dans des paysages naturels et modifiés. Son utilisation des ponceaux et des habitats anthropiques tels que les tranchées de drainage agricoles est également inconnue. Cependant, les autoroutes et les routes constituent des obstacles majeurs qui restreindraient les déplacements et accroîtraient la fragmentation. Aucune recherche n’a non plus été menée sur les conséquences de la qualité de l’eau sur cette musaraigne. Les changements de qualité de l’eau attribuables à la sédimentation ou aux contaminants pourraient avoir des répercussions sur les invertébrés aquatiques dont se nourrit la musaraigne de Bendire. Les contaminants de l’eau, tels que les hydrocarbures, réduiraient l’efficacité isolante de son pelage. Puisqu’une grande partie de l’aire de cette musaraigne se trouve sur des terres privées, l’activité d'aménagement dans les zones riveraines sera surtout réglementée par les municipalités (voir la section suivante). Le document Best Management Practices Guidelines for Pacific Water Shrew in Urban and Rural Areas (Craig et Vennesland, 2004b) recommande l’établissement de zones tampons de 100 m autour des milieux humides, des cours d’eau et des ruisseaux. Étant donné que ces recommandations pourraient être incompatibles avec d’éventuels projets d’aménagement, les municipalités pourraient décider de ne pas suivre ces directives.

Tableau 4. Changements dans les estimations de la population du district régional de Vancouver et du district régional de la vallée du Fraser en 1996-2004. Données tirées de BC Stats, Service BC, Ministry of Management Services
District régional 1996 2004 1996-2004
Changement en %
Grand Vancouver
1 906 492
2 132 697
10,6
Vallée du Fraser
230 976
260 247
11,2

 La mortalité causée par des captures accessoires dans les nasses à vairon et la prédation de chats domestiques fait partie des menaces potentielles pour cette espèce. À l’occasion, des musaraignes de Bendire se noient dans les nasses à vairon utilisées par les biologistes des pêches pour les relevés de poissons. L’importance de cette cause de mortalité accessoire est probablement minime. Galindo-Leal et Runciman (1994) ont souligné le rôle des chats domestiques en tant que principal prédateur de la musaraigne de Bendire dans les paysages urbains et agricoles, mais il n’est pas possible d’évaluer leurs répercussions sur l’espèce, car aucune étude n’a été menée sur l’alimentation des chats domestiques dans le Bas-Fraser.

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