Oreillard maculé (Euderma maculatum) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l’espèce

Nom et classification

La classification de l’oreillard maculé, Euderma maculatum (J. A. Allen 1891), est la suivante : ordre des Chiroptères, famille des Vespertilionidés, tribu des Plecotini. L’espèce a d’abord été décrite par Allen (1891), qui l’a nommée Histiotus maculatus. Le taxon a ensuite été reclassé comme étant Euderma maculatum en 1892. Le parent le plus proche de l’Euderma maculatum est l’Idionycteris phylottis. Les taxinomistes considèrent généralement que ces deux taxons ont des genres distincts. Toutefois, une analyse cladistique des caractères morphologiques et caryotypiques a amené Frost et Timm (1992) à conclure que le genre Idionycteris devrait être considéré comme synonyme du genre Euderma. Par contre, une autre étude cladistique (Tumlinson et Douglas, 1992) des caractères morphologiques a montré que les deux taxons sont très dérivés et qu’ils doivent donc être traités comme des genres séparés. Enfin, Hoofer et van den Bussche (2001) ont démontré par une analyse de l’ADN mitochondrial une divergence des séquences de 16,9 p. 100 entre Idionycteris et Euderma, divergence qui correspond à une distinction générique. On ne connaît aucune sous-espèce de l’E. maculatum.

En anglais, l’E. maculatum est désigné par les noms communs « spotted bat » et « pinto bat ».

Description

Chauve-souris la plus distincte au Canada, l’oreillard maculé a une fourrure noire semée de taches blanches sur le croupion et les épaules (figure 1).

D’autres taches blanches, plus petites, se trouvent à la base des oreilles, et la face ventrale est blanchâtre, avec un duvet noir. Les énormes oreilles gris rosâtre sont unies à leur base en travers du front. La gorge présente une zone nue d’environ 7 à 10 mm de diamètre. Les membranes des ailes et de la queue sont rouge rosâtre. Parmi les caractéristiques distinctives du crâne, notons la boîte crânienne allongée et les bulles auditives elliptiques (van Zyll de Jong, 1985). La formule dentaire est : incisives 2/3, canines 1/1, prémolaires 2/2, molaires 3/3.

Figure 1. Vue dorsale de l’oreillard maculé (Euderma maculatum). Photo de M. B. Fenton.

Figure 1.  Vue dorsale de l’oreillard maculé (Euderma maculatum)

De nombreuses hypothèses ont été émises quant à la signification adaptative de ces marques voyantes, qui ressemblent aux marques de « masque mortuaire » que l’on retrouve chez certains invertébrés. D’après Easterla (1965), la couleur et les marques du pelage sont cryptiques et permettraient aux oreillards maculés qui gîtent de se camoufler sur les rochers noirs parsemés de cristaux blancs. Étant donné la variété et la couleur des rochers servant de gîtes, la sélection pour le camouflage semble improbable. Ces marques pourraient aussi servir de coloration aposématique ou de signal visuel pour communiquer avec les congénères (van Zyll de Jong, 1985). 

Les mensurations (plage entre parenthèses) des quelques individus capturés et du seul spécimen de musée provenant de la population canadienne sont les suivantes : longueur des oreilles de 39 mm, n=1; tragus de 14 mm, n=1; longueur de l’avant-bras de 51,2 mm (47,9-53,1), n=6; masse corporelle de 17,9 g (16,2-21,4), n=5 (Nagorsen, 2002). Des 16 mesures du crâne et des caractéristiques externes analysées par Best (1988), seule la longueur de l’avant-bras a montré un dimorphisme sexuel important, l’avant-bras étant plus long chez les femelles que chez les mâles. Une analyse multivariable de ces 16 mesures a révélé une variation géographique significative dans l’ensemble de l’aire de répartition : les oreillards maculés du nord des États-Unis et du Canada sont plus petits que ceux du sud des États-Unis et du Mexique (Best, 1988).

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