Porte-queue demi-lune (Satyrium semiluna) programme de rétablissement 2016 : partie 1

Partie 1 : Addition du gouvernement fédéral au « Programme de rétablissement du porte-queue demi-lune (Satyrium semiluna) en Colombie-Britannique et en Alberta », préparé par Environnement et Changement climatique Canada

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement des espèces inscrites comme espèces disparues au pays, en voie de disparition et menacées, et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de l’Agence Parcs Canada est la ministre compétente en vertu de la LEP du porte-queue demi-lune et a préparé la composante fédérale du présent programme de rétablissement (partie 1), conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparée en collaboration avec les provinces de la Colombie-Britannique et de l’Alberta et l’équipe de rétablissement des invertébrés du sud de la région intérieure de la Colombie-Britannique (Southern Interior Invertebrates Recovery Team). L’article 44 de la LEP autorise la ministre à adopter en tout ou en partie un plan existant pour l’espèce si ce plan respecte les exigences de contenu imposées par la LEP au paragraphe 41(1) ou 41(2). La Province de la Colombie-Britannique a remis le programme de rétablissement du porte-queue demi-lune ci-joint (partie 2), à titre d’avis scientifique, aux autorités responsables de la gestion de l’espèce en Colombie-Britannique. Ce programme a été préparé en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada et l’Agence Parcs Canada.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada et l’Agence Parcs Canada, ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme de rétablissement et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du porte-queue demi-lune et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence Parcs Canada et d’autres compétences et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et des organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque de l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, il peut y avoir des incidences réglementaires futures, selon l’endroit où se trouve l’habitat essentiel désigné. La LEP exige que l’habitat essentiel désigné se trouvant à l’intérieur d’un parc national dénommé et décrit à l’annexe 1 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, le parc urbain national de la Rouge créé par la Loi sur le parc urbain national de la Rouge, d’une zone de protection marine sous le régime de la Loi sur les océans, d’un refuge d’oiseaux migrateurs sous le régime de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs ou d’une réserve nationale de la faune sous le régime de la Loi sur les espèces sauvages du Canada, soit décrit dans la Gazette du Canada, après quoi les interdictions relatives à la destruction de cet habitat seront appliquées. Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, la ministre compétente doit, soit faire une déclaration sur la protection juridique existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées. En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si la ministre compétente estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autre loi fédérale, ou par les lois provinciales ou territoriales, elle doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

Il faut souligner la participation de nombreuses personnes à la préparation de cette addition du gouvernement fédéral au programme de rétablissement. Le présent document a été préparé par Kella Sadler (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune [ECCC SCF] de la région du Pacifique et du Yukon [RPY]) avec le concours de Dan Shervill (ECCC SCF-RPY) et de Laura Parkinson. Mark Wayland, Greg Wilson, et Medea Curteanu (ECCC SCF - Région des Prairies et du Nord), Diane Casimir, Robert Sissons, et Cyndi Smith (Agence Parcs Canada), Adrienne Fowlie Larocque et Ron Casorso (Conseil national de recherches du Canada – lac White, Colombie-Britannique), Leah Westereng, Jennifer Heron, Bryn White, Orville Dyer, Mark Weston, Kirk Safford, Sara Bunge, et Jim Mottishaw (gouvernement de la Colombie-Britannique), Sue Cotterill (gouvernement de l’Alberta), Dennis St. John (entomologiste amateur), Sylvie Desjardins (Université de la Colombie-Britannique [UBC], Kelowna), Geoff Scudder (UBC), et Dennis Knopp (consultant privé, Sardis) ont assuré une contribution substantielle et ont offert leur soutien. Richard Post, Amos Chow, Clare O’Brien et Sean Butler ont aidé à la cartographie et à la préparation des figures.

Ajouts et modifications apportés au document adopté

Les sections suivantes ont été ajoutées pour satisfaire aux exigences particulières de la LEP qui ne sont pas prises en considération dans le « Programme de rétablissement du porte-queue demi-lune (Satyrium semiluna) en Colombie-Britannique et en Alberta » (partie 2 du présent document, désignée ci-après sous le nom de « programme de rétablissement provincial ») et pour présenter des renseignements à jour ou additionnels.

En vertu de la LEP, il existe des exigences et des processus particuliers concernant la protection de l’habitat essentiel. Ainsi, les énoncés du programme de rétablissement provincial concernant la protection de l’habitat de survie/rétablissement peuvent ne pas correspondre directement aux exigences fédérales. Les mesures de rétablissement visant la protection de l’habitat sont adoptées, cependant on évaluera à la suite de la publication de la version finale du programme de rétablissement fédéral si ces mesures entraîneront la protection de l’habitat essentiel en vertu de la LEP.

1. Information sur la situation de l’espèce

Statut juridique : Annexe 1 de la LEP (en voie de disparition) (2007)

Tableau 1. Cotes de conservation du porte-queue demi-lune (Natureserve, 2013; Conservation Data Center de la Colombie-Britannique, 2013; Conservation Framework de la Colombie-Britannique, 2013; et Alberta Conservation Information Management System [ACIMS], 2013).
Cote mondiale (G)note* Cote nationale (N)note* Cote infranationale (S)note* Désignation du COSEPAC Listes provinciales Cadre de conservation de la C.-B.
G4

Canada (N1N2)

États-Unis (N4)

Canada : Alberta (S1), Colombie-Britannique : (S1); États-Unis : Californie (SNR), Colorado (S3), Idaho (SNR), Montana (S4), Nevada (SNR), Oregon (SNR), Utah (SNR), Washington (S4), Wyoming (SNR) En voie de disparition (2006)

C.-B. : Liste rouge (espèces disparues du pays, en voie de disparition ou menacées);

Alb. : S1 (cinq occurrences ou moins ou espèce particulièrement susceptible de disparaître)

Priorité maximale : 1, aux fins du but 3note**

On estime que moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada.

2. 2. Objectifs en matière de population et de répartition

La présente section remplace les sections « But en matière de population et de répartition » et « Justification du but en matière de population et de répartition » du programme de rétablissement provincial.

Environnement et Changement climatique Canada a déterminé que l’objectif en matière de population et de répartition pour le porte-queue demi-lune est le suivant :

Assurer la persistance du porte-queue demi-lune dans toutes les localitésnote1 existantes connues (et toute nouvelle localité) à l’intérieur de l’aire de répartition de l’espèce au Canada.

Justification :

Les données sur les occurrences du porte-queue demi-lune montrent que l’espèce est existante dans neuf localités connues au Canada : huit localités en Colombie-Britannique et une localité en Alberta. Dans les bases de données du Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et de NatureServe, les éléments « existants » sont ceux qui ont été observés au cours des 20 dernières années et dont l’habitat n’a pas subi de modifications ou de dégradation majeures. On ne connaît ni les effectifs des populations, ni les tendances de l’abondance. Actuellement, les données sont insuffisantes pour effectuer une analyse qui permettrait d’établir la population minimale viable, les capacités de dispersion et de recolonisation de l’espèce sont inconnues, et les besoins détaillés en matière d’habitat ne sont pas clairs. De plus, rien n’indique que l’espèce a déjà été plus répandue; il ne convient donc pas, pour l’instant, de fixer comme objectif d’en accroître l’abondance par des mesures actives, même si une abondance accrue pourrait permettre d’inscrire l’espèce dans une catégorie de moindre risque. Cependant, si d’autres populations naturellement présentes étaient découvertes, il faudrait également en assurer la persistance. Les données futures sur les effectifs et l’aire de répartition de l’espèce pourraient justifier des tentatives délibérées d’accroître l’abondance à une ou à plusieurs localités (par exemple, là où un déclin de l’abondance ou de la répartition ou des deux a été documenté).

3. Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs : planification du rétablissement

Le tableau de planification du rétablissement, qui fait partie du programme de rétablissement provincial (tableau 3 dudit programme), contient les mesures à prendre pour atteindre les objectifs de rétablissement. Une des mesures indiquées au tableau est de « Déterminer la qualité et la quantité d’habitat nécessaire pour assurer la persistance d’une population dans une localité donnée ou à l’intérieur d’une grande parcelle particulière d’habitat. La collecte de données portera, entre autres, sur les densités de plantes hôtes et leur état (p. ex. déterminer si elles ont une maladie), l’étendue de la zone occupée par les plantes hôtes à chaque localité, les associations possibles avec des fourmis (p. ex. déterminer les espèces de fourmis qui se trouvent sur les plantes hôtes), des évaluations systématiques des menaces pour pouvoir établir des comparaisons entre sites (p. ex. sur l’intensité de pâturage) et d’autres données, selon les besoins ». En ce qui concerne la partie « autres données, selon les besoins » mentionnée dans cette mesure, les éléments ci-dessous modifient le tableau et apportent des détails supplémentaires sur les données considérées comme nécessaires pour combler les lacunes dans les connaissances :

  • Dans l’habitat dit « convenable » où la végétation n’a pas encore été inventoriée, vérifier sur le terrain si les caractéristiques biophysiques nécessaires au maintien du porte-queue demi-lune sont présentes et mieux préciser la classe utilisée dans le système de Cartographie des écosystèmes terrestres pour indiquer l’habitat convenable de façon à optimiser la représentation de la qualité d’habitat du porte-queue demi-lune.
  • Déterminer les besoins en matière d’éléments structuraux (c.-à-d. les espèces et/ou les objets utilisés; la quantité et la densité d’éléments structuraux requis) des papillons adultes en Colombie-Britannique et en Alberta.
  • Identifier les ressources en termes d’abri nécessaires à la survie du porte-queue demi-lune à tous les stades de son cycle vital, pour les localités en Colombie-Britannique et en Alberta.
  • Identifier les capacités de mouvement et l’utilisation de corridors pour la dispersion entre localités, nécessaires au maintien de la connectivité de l’habitat et à la viabilité génétique du porte-queue demi-lune, au Canada.
  • Étudier l’importance de l’hétérogénéité topographique et des sources d’humidité du sol, en tant que composantes d’un habitat convenant à la survie de l’espèce.

4. Habitat essentiel

4.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

La présente section remplace la section « Description de l’habitat de survie et de rétablissement » du programme de rétablissement provincial.

En vertu de l’alinéa 41(1)(c) de la LEP, le programme de rétablissement doit inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, ainsi que des exemples d’activités susceptibles d’entraîner sa destruction. Le programme de rétablissement provincial de 2011 du porte-queue demi-lune comprend une description des caractéristiques biophysiques de l’habitat de survie et de rétablissement. Cet avis scientifique a été utilisé pour guider la désignation de l’habitat essentiel dans le présent programme de rétablissement fédéral. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune est désigné dans le présent document, dans la mesure du possible; des limites plus précises pourraient être cartographiées et de l’habitat essentiel supplémentaire pourrait être ajouté à l’avenir si des recherches supplémentaires appuyaient l’inclusion de zones et/ou de caractéristiques biophysiques autres que celles qui sont actuellement désignées. La quantité, la qualité et l’emplacement de l’habitat requis pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition figurent parmi les principaux éléments considérés pour la désignation de l’habitat essentiel.

De l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune est désigné pour neuf localités : huit en Colombie-Britanniquenote2 et une en Alberta :

  1. Lac White (est et ouest), Colombie-Britannique (figure A1) : correspond à l’OE CDC CB n° 6;
  2. Keremeos Columns, Colombie-Britannique (figure A2) : correspond à l’OE CDC CB n° 7;
  3. Ruisseau Blind, Colombie-Britannique (figure A2) : correspond à l’OE CDC CB n° 3;
  4. Col Richter et mont Kobau et Kilpoola, Colombie-Britannique (figure A3) : correspond à l’OE CDC CB n° 4;
  5. Lac Kilpoola, Colombie-Britannique (figure A4) : correspond à l’OE CDC CB n° 5;
  6. East Chopaka, Colombie-Britannique (figure A4) : correspond à l’OE CDC CB n° 8;
  7. Mont Anarchist, Colombie-Britannique (figure A5) : correspond à l’OE CDC CB n° 2;
  8. East Osoyoos, Colombie-Britannique (figure A5) : correspond à l’OE CDC CB n° 1;
  9. Cône Blakiston, parc national des Lacs-Waterton (PNLW), Alberta (figure A6).

La désignation des zones contenant de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune est fondée sur : (1) toutes les occurrences répertoriéesnote3 (incluant des ensembles de données du CDC de la Colombie-Britannique, de l’équipe de rétablissement et du Service canadien de la faune [SCF] recueillies entre 2001 et 2013); (2) une estimation de la capacité de dispersion saisonnière du porte-queue demi-lune adulte, soit un rayon de 600 m autour de chaque occurrence répertoriée; et (3) la sélection de tout l’habitat convenable à l’intérieur de ce rayonnote4 de 600 m. En Colombie-Britannique, les communautés végétales contenant plus de 10 % d’armoise tridentée (Artemisia tridentata) ont été sélectionnées comme étant de l’habitat convenable du porte-queue demi-lune (Iverson et Haney, 2010; COSEPAC, 2006) au moyen du système de Cartographie des écosystèmes terrestres. Les unités de cartographie des écosystèmes associées à chaque mention d’occurrence ont été considérées comme étant nécessairement utilisées par le porte-queue demi-lune et ont, par conséquent, été incluses par défaut (c.-à-d. quelle que soit la proportion d’armoises tridentées). Au parc national des Lacs-Waterton, en Alberta, les écosites de prairie sèche (BL1, BL2, BL3) et de chenal de cours d’eau (SC) ont été sélectionnés comme étant l’habitat convenable du porte-queue demi-lune au moyen de la cartographie de la classification écologique des terres (Achuff et coll., 2002a; 2002b).

Les caractéristiques biophysiques décrites ci-dessous constituent les éléments essentiels connus pour le porte-queue demi-lune dans les zones identifiées comme contenant de l’habitat essentiel. Ces caractéristiques biophysiques correspondent aux caractéristiques de l’habitat décrites dans le programme de rétablissement provincial, le rapport de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2006) et d’autres sources (Knopp et coll., 2009; James et Nunnallee, 2011). Elles comprennent notamment : les plantes hôtes des larves, les plantes nectarifères et d’autres éléments structurels essentiels à l’accomplissement du cycle vital. On ignore actuellement les détails de la composition et des relations spatiales de chaque caractéristique biophysique nécessaire au porte-queue demi-lune à chaque emplacement, ainsi que la quantité relative, l’état et la densité de chaque caractéristique biophysique dans les zones identifiées comme contenant de l’habitat essentiel. Chacune des caractéristiques biophysiques décrites est désignée comme étant de l’habitat essentiel partout où elle est présente dans une zone identifiée comme renfermant de l’habitat essentiel.

Plantes hôtes des larves

Le porte-queue demi-lune utilise, tout au long de l’année (c.-à-d. pour compléter tous les stades de son cycle de vie), une ou plusieurs espèces de lupins (Lupinus sp.). Les lupins sont les seules plantes hôtes des larves connues. Les papillons adultes pondent leurs œufs, durant l’été, sur des lupins hôtes ou sur la litière (ou autre surface inerte) au pied ou près des lupins. Les œufs y demeurent jusqu’à leur éclosion, au printemps suivant. Après l’éclosion, les chenilles restent sur les lupins ou près de ceux-ci pour s’en nourrir et peuvent aussi chercher à se camoufler ou à s’abriter dans la litière. Même si on ne connaît pas la capacité de déplacement des chenilles du porte-queue demi-lune et/ou les parcours qu’elles suivent, il serait raisonnable de supposer qu’elles ne se déplacent pas plus de 5 m à partir des plantes hôtesnote5. Par conséquent, tous les lupins et le sol/la litière à moins de 5 m de ces plantes sont désignés comme étant des caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune.

  1. En Colombie-Britannique : Les espèces de lupins qui sont des plantes hôtes connues des larves du porte-queue demi-lune comprennent notamment le lupin soyeux (L. sericeus) et le lupin soufré (L. sulphureus).
  2. En Alberta : Les espèces de lupins qui sont des plantes hôtes connues des larves du porte-queue demi-lune comprennent notamment le lupin soyeux (L. sericeus) et le lupin argenté (L. argenteus).
Plantes nectarifères

Durant la période de vol (habituellement de la fin de mai au début de juillet en Colombie-Britannique et tout au long de juillet en Alberta), le porte-queue demi-lune se sert d’une ou de plusieurs espèces comme plantes nectarifères. Le porte-queue demi-lune sélectionne probablement les plantes nectarifères de façon opportuniste; par conséquent, toute plante en floraison durant la période de vol du porte-queue demi-lune devrait être considérée comme une plante nectarifère potentielle.

  1. En Colombie-Britannique : Les plantes nectarifères connues sont notamment l’achillée millefeuille (Achillea millefolium), l’ériogone fausse-berce (Eriogonum heracleoides) et la tétradymie blanchâtre (Tetradymia canescens).
  2. En Alberta : Les plantes nectarifères connues sont notamment l’ériogone jaune (Eriogonum flavum) et la verge d’or du Missouri.
Éléments structuraux

Durant la période de vol, le porte-queue demi-lune adulte utilise diverses plantes et d’autres éléments structuraux pour se percher et s’accoupler, et peut-être aussi pour se reposer ou s’abriter (se protéger des intempéries et des prédateurs/se camoufler). Partout où elles existent dans une localité, les espèces suivantes sont considérées comme des caractéristiques biophysiques importantes de l’habitat essentiel :

  1. En Colombie-Britannique : Les plantes connues comme étant utilisées par le porte-queue demi-lune comme éléments structuraux comprennent notamment : l’armoise tridentée, l’armoise à lobes trifides (Artemisia tripartita), la balsamorhize à feuilles sagittées (Balsamorhiza sagittata) et l’armoise douce (Artemisia frigida).
  2. En Alberta : Les plantes et les substrats connus comme étant utilisés par le porte-queue demi-lune comme éléments structuraux comprennent notamment : les plantes herbacées basses, y compris les plantes hôtes des larves et les plantes nectarifères (mentionnées ci-dessus), l’armoise douce, les asters (Aster sp.), le chalef argenté (Elaeagnus commutata), les potentilles (Potentilla sp.), les astragales (Astragalus sp.), ainsi que les roches, les blocs rocheux et les parcelles de sol dénudé.

Les zones contenant de l’’habitat essentiel du porte-queue demi-lune sont présentées à l’annexe 1 (figures A1-A6). L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au Canada se trouve à l’intérieur des polygones jaunes (unités d’habitat essentiel) qui figurent sur ces cartes, là où les critères de rayon d’occurrence et de type d’habitat (selon la cartographie des écosystèmes terrestres et la cartographie de la classification écologique des terres) décrits dans la présente section sont respectés, et où l’une ou l’autre des caractéristiques biophysiques est présente. L’habitat non convenable, p. ex. les zones boisées, les lacs, l’eau stagnante permanente (sous le plus bas niveau d’eau consigné), et les éléments anthropiques permanents (y compris l’infrastructure en place – bâtiments, télescopes et surface de roulement des routes), ne possède pas les caractéristiques nécessaires au porte-queue demi-lune et n’est pas désigné comme étant de l’habitat essentiel. Le détail des méthodes et les processus décisionnels utilisés pour la désignation de l’habitat essentiel sont archivés dans un document connexe.

Les corridors de dispersion et/ou de déplacement sont les zones que les papillons adultes utilisent pour se déplacer entre des localités ou des sites ou vers de l’habitat non occupé. La connectivité est importante pour prévenir la fragmentation et l’isolement accrus des localités du porte-queue demi-lune. Elle peut aussi faciliter la recolonisation de certaines zones après un événement catastrophique. On convient que l’habitat essentiel désigné ci-dessus ne permet pas d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition du porte-queue demi-lune; les données qui permettraient de désigner des corridors de dispersion et/ou de déplacement nécessaires à l’espèce ne sont pas accessibles à l’heure actuelle.

Le calendrier des études (section 4.2) présente les activités à mener pour désigner de l’habitat essentiel supplémentaire en vue d’appuyer ces objectifs.

4.2 Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

La présente section remplace la section « Études requises afin de décrire l’habitat de survie et de rétablissement » du programme de rétablissement provincial.

Le calendrier des études suivant (tableau 2) indique l’activité requise pour compléter la désignation de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune.

Tableau 2. Calendrier des études visant à désigner de l’habitat essentiel supplémentaire.
Description de l’activité Résultat/justification Échéance
Caractériser les déplacements et évaluer la capacité de dispersion ainsi que les besoins en matière de dispersion du porte-queue demi-lune. Les corridors de déplacement/dispersion seront inclus comme composante à considérer dans la désignation de l’habitat essentiel, afin de soutenir toutes les localités existantes du porte-queue demi-lune au Canada. 2016-2021

4.3 Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue une destruction de l'habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’un élément de l’habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque exigé par l’espèce. La destruction peut découler d’une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d’une ou de plusieurs activités au fil du temps. La destruction peut découler d'une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d'une ou de plusieurs activités au fil du temps. Le tableau 3 présente une liste non exhaustive des activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune.

Tableau 3. Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au Canada. Les numéros de menaces correspondent aux catégories du système unifié de classification des menaces proposé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership, ou CMP) (CMP, 2010)
Description de l’activité Description de l’effet (caractéristique biophysique ou autre) Détails et relation avec les menaces identifiées
La conversion des paysages naturels (dans les zones identifiées comme contenant de l’habitat essentiel) à des fins résidentielles, commerciales et/ou industrielles. Perte directe d'habitat essentiel par élimination et remplacement de la végétation, dépôt de débris, perturbation et compaction du sol, ou effets indirects connexes, qui endommagent ou détruisent des caractéristiques biophysiques nécessaires au porte-queue demi-lune. La perte directe d’habitat à des fins résidentielles et commerciales (zones résidentielles, urbaines, commerciales et industrielles) constitue la principale menace pesant sur le porte-queue demi-lune en Colombie-Britannique (menaces 1.1 et 1.2 de l’UICN).
Les stratégies de gestion des incendies axés sur la suppression des incendies à long terme dans les prairies ouvertes et/ou les écosystèmes à armoises, et/ou les incendies d’origine humaine qui entraînent la destruction des caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel. La lutte active et continue contre les incendies entraîne la perte à long terme des prairies ouvertes et des écosystèmes à armoises en raison de l’empiètement par les arbres et de la modification de la composition des communautés végétales, de sorte que ces prairies n’ont plus les caractéristiques biophysiques nécessaires au porte-queue demi-lune. Toutefois, là où ces caractéristiques biophysiques existent, les incendies d’origine humaine peuvent entraîner leur destruction. L’extinction des feux dans le cadre des programmes de protection contre les incendies de forêt constitue une menace à l’échelle de l’écosystème à la persistance des prairies ouvertes et/ou des habitats à armoises en Colombie-Britannique et en Alberta. La destruction locale, par le feu, des caractéristiques biophysiques nécessaires au porte-queue demi-lune est une menace potentielle dans toutes les localités au Canada (menace 7.1 de l’UICN).
Les pratiques de pâturage à tout moment de l’année, qui endommagent ou détruisent les plantes hôtes des larves; les pratiques de pâturage en dehors de la période de dormance (de mars à septembre inclusivement) qui entraînent la destruction des plantes nectarifères et/ou d’autres éléments structuraux identifiés comme essentiels pour le porte-queue demi-lune; les pratiques de pâturage pendant la période de dormance (d’octobre à février inclusivement) qui entraînent la compaction ou l’enlèvement de sols associés aux plantes hôtes des larves (à moins de 5 m de celles-ci), la perte nette permanente des plantes nectarifères ou d’éléments structuraux et/ou l’aménagement de nouveaux sentiers ou de clairières (exposition/perturbation). La présence d’animaux d’élevage peut entraîner la perturbation, l’élimination ou la compaction de la végétation et de la couche du sol (à cause du pâturage ou du piétinement), ce qui provoque la perte de plantes hôtes des larves et de plantes nectarifères, d’éléments structuraux essentiels (p. ex. les plantes perchoirs des adultes) et qui endommage la litière nécessaire aux œufs et aux chenilles du porte-queue demi-lune. Les nouvelles perturbations peuvent favoriser l’établissement d’espèces exotiques envahissantes. On sait que le pâturage d’animaux d’élevage a lieu, et il s’agit d’une menace potentielle à la plupart des localités en Colombie-Britannique. (menace 2.3 de l’UICN).
L’utilisation de véhicules récréatifs motorisés (p. ex. des VTT ou autre véhicule) hors des routes ou des sentiers existants, à tout moment et en toute saison; les activités récréatives sans utilisation de véhicules motorisés (p. ex. la circulation pédestre, le vélo de montagne et l’équitation) en dehors de la période de dormance (de mars à septembre inclusivement) au point d’endommager ou de détruire les plantes hôtes des larves, ou au point de détruire les plantes nectarifères et/ou d’autres éléments structuraux identifiés comme essentiels pour le porte-queue demi-lune; les activités récréatives sans utilisation de véhicules motorisés durant la période de dormance (d’octobre à février inclusivement) qui endommagent ou détruisent des plantes hôtes des larves et/ou entraînent la compaction ou l’enlèvement de sols associés (à moins de 5 m); les activités récréatives sans utilisation de véhicules motorisés à tout moment de l’année qui (individuellement et/ou cumulativement) entraînent la perte nette permanente de plantes nectarifères, d’éléments structuraux et/ou l’aménagement de routes, de sentiers ou de clairières nouveaux. Cause la perturbation des conditions biophysiques locales, y compris des dommages physiques directs aux caractéristiques biophysiques nécessaires au porte-queue demi-lune, voire leur perte. Ces activités peuvent éliminer la végétation (réduisant la disponibilité des plantes hôtes pour les œufs et les chenilles et des plantes nectarifères ainsi que des autres éléments structuraux essentiels) et entraîner le piétinement ou l’élimination du sol et de la litière nécessaires aux œufs et aux chenilles du porte-queue demi-lune. Les nouvelles perturbations peuvent favoriser l’établissement d’espèces exotiques envahissantes. Les activités récréatives menacent (à divers degrés) l’habitat du porte-queue demi-lune dans toutes ses localités en Colombie-Britannique et en Alberta. Il s’agirait de la menace la plus importante pesant sur le porte-queue demi-lune en Alberta (menace 6.1 de l’UICN).
L’introduction d’espèces exotiques envahissantes Les espèces exotiques envahissantes peuvent entraîner la destruction de l’habitat disponible pour le porte-queue demi-lune, car elles peuvent rendre les caractéristiques biophysiques requises de l’habitat essentiel (plantes hôtes des larves, plantes nectarifères et/ou éléments structuraux requis) non disponibles, sur le plan fonctionnel, pour le porte-queue demi-lune, parce qu’elles accaparent l’espace et les ressources disponibles. Certaines graminées exotiques envahissantes peuvent être introduites intentionnellement pour le pâturage (menace 8.1 de l’UICN).
Les activités liées à la lutte (mécaniques ou chimiques) contre les ravageurs invertébrés et/ou les espèces végétales envahissantes, qui ne sont pas conformes avec les pratiques de gestion exemplaires provinciales, là où elles existent. Il peut s’agir d’activités sur place et/ou de la dérive de pesticides/d’herbicides à partir des zones agricoles adjacentes. La lutte chimique (pesticides ou herbicides) ou physique contre les ravageurs invertébrés ou les espèces végétales envahissantes peut entraîner la destruction de l’habitat essentiel, car elles peuvent dégrader ou détruire les caractéristiques biophysiques nécessaires à la survie de l’espèce (en raison de l’arrachage des herbacées adventices), ou rendre le microhabitat toxique (en raison de l’application de pesticide et/ou d’herbicide). Les impacts sont localisés et sont probablement réduits par les techniques améliorées de lutte antiparasitaire intégrée. Les localités de la Colombie-Britannique qui se trouvent dans les parcs provinciaux ou sur le territoire domanial ne sont pas adjacentes à des zones de pulvérisation agricole. L’application de pesticide par pulvérisation localisée d’espèces ciblées est effectuée dans le PNLW, en Alberta (menace 9.3 de l’UICN).

La principale activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune en Colombie-Britannique serait la conversion d’aires naturelles (perte d’habitat) pour l’aménagement à des fins résidentielles, commerciales, agricoles et industrielles. Les écosystèmes de prairies de basse altitude du sud de l’Okanagan, où se trouve de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune, sont considérés comme un des quatre écosystèmes les plus menacés au Canada, en raison de la conversion des terres à des fins agricoles (particulièrement des vignobles) et/ou résidentielles ou urbaines. Une bonne partie de l’habitat susceptible d’être convenable au porte-queue demi-lune a déjà été perdue en raison du développement dans le sud de la vallée de l’Okanagan, et les pressions exercées par le développement demeurent fortes. La principale activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel en Alberta (parc national des Lacs-Waterton) est l’utilisation à des fins récréatives et les impacts sur les zones autres que les routes et les sentiers existants du parc (soit par l’expansion des routes ou sentiers existants et/ou l’aménagement de routes, de sentiers ou de clairières dans les zones identifiées comme contenant de l’habitat essentiel). Les activités liées au fonctionnement, à l’entretien et à la réparation réguliers des routes et des sentiers existants dans ces zones ne sont pas considérées comme susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel.

Dans de nombreuses zones où le porte-queue demi-lune est présent, le plan de gestion des terres prévoit la suppression des incendies, ce qui peut contribuer à la perte d’habitat essentiel. À la longue, l’extinction des feux permet aux pins et à d’autres arbres indigènes de s’établir dans des milieux ouverts (la succession naturelle suit lentement son cours). En l’absence de feux réguliers, l’importance et l’étendue des communautés écologiques (et des caractéristiques biophysiques connexes) nécessaires au porte-queue demi-lune ont probablement diminué en raison de l’empiètement par les arbres (ombrage et compétition) dans certaines localités. En revanche, les incendies d’origine humaine dans les zones contenant de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune peuvent entraîner la destruction locale des caractéristiques biophysiques nécessaires à l’espèce. La fragmentation de l’habitat et l’utilisation des terres ont modifié les régimes naturels et la distribution des feux dans les écosystèmes à armoises et les prairies de l’intérieur méridional de la Colombie-Britannique. On estime qu’au moins la moitié des incendies survenus dans la vallée de l’Okanagan sont d’origine humaine (p. ex. 56 % des incendies dans la zone d’incendies de l’Okanagan, de 2004 à 2013, étaient d’origine humaine; plus bas dans la vallée de l’Okanagan, jusqu’à 80 % des incendies étaient d’origine humaine) (J. Mottishaw, comm. pers., 2014). De plus, les plantes envahissantes pourraient supplanter les plantes nectarifères indigènes après un incendie et réduire à long terme le caractère convenable de l’habitat, à moins que l’ensemencement actif d’espèces indigènes ne réussisse. Par conséquent, dans cette partie de l’aire de répartition, les incendies de forêt d’origine humaine sont plus susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel que la lutte contre les incendies, selon les régimes des incendies historiques, les pressions exercées par l’utilisation actuelle des terres, les caractéristiques de la communauté végétale locale et l’intensité des incendies (M. Weston, comm. pers., 2013). Les brûlages dirigés à des fins d’éclaircie ou d’élimination des matières combustibles dans les sites (p. ex. pour conserver les écosystèmes de prairie et de forêt ouverte) doivent tenir compte des conséquences négatives potentielles des incendies sur le porte-queue demi-lune, là où les populations semi-isolées et/ou les caractéristiques biophysiques locales nécessaires à l’espèce pourraient être facilement ou irréversiblement dévastées (D. St. John, comm. pers., 2014).

Les pratiques de pâturage qui détériorent la santé des écosystèmes de prairies (p. ex. perte de richesse spécifique, de structure, de stabilité du site) ainsi que les caractéristiques biophysiques connexes nécessaires au porte-queue demi-lune (plantes nectarifères et plantes hôtes) sont considérées comme des activités susceptibles d’endommager ou de détruire l’habitat essentiel. Le seuil à partir duquel les taux de chargement actuels en bétail (et l'application annuelle de ces taux) ainsi que le moment et la durée du pâturage affecteront l’habitat au point d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel est inconnu. Cependant, il semble aller de soi que l’utilisation inadéquate des parcours pour un pâturage intensif sur de longues périodes aura une incidence sur les caractéristiques biophysiques nécessaires au porte-queue demi-lune. Il est possible qu’un certain degré de pâturage ne soit pas nécessairement néfaste au porte-queue demi-lune dans certaines localités, là où l’occurrence, la proportion et l’abondance des plantes hôtes des larves et des plantes nectarifères ainsi que des éléments structuraux requis, sont manifestement conservés ou augmentés avec les niveaux actuels d’activités d’élevage. D’autres études devront être menées pour déterminer les pratiques de pâturage ainsi que les seuils d’intensité du pâturage qui permettent d’assurer la persistance à long terme des caractéristiques biophysiques nécessaires au porte-queue demi-lune.

La destruction de l’habitat essentiel par l’introduction de plantes envahissantes (ou la lutte contre celles-ci) est le problème le plus inquiétant au cône Blakiston dans le parc national des Lacs-Waterton, en Alberta, en lien avec la centaurée maculée (Centaurea maculosa). La centaurée maculée peut entrer en compétition avec les plantes hôtes des larves et les plantes nectarifères du porte-queue demi-lune et pourrait changer la composition et la structure des communautés d’espèces végétales et d’invertébrés dans les endroits où elle est présente. Parcs Canada met actuellement en œuvre des mesures visant à limiter la propagation de la centaurée maculée au cône Blakiston.

5. Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action seront publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici 2021.

6. Effets sur l’environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement produits aux termes de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement et pour évaluer si la mise en œuvre des mesures proposées dans un document de planification du rétablissement pourrait avoir une incidence sur un élément de l’environnement ou sur l’atteinte d’un objectif ou d’une cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

Les aires de répartition de plusieurs autres espèces en péril chevauchent l’aire de répartition et l’habitat du porte-queue demi-lune. Dans le sud de la vallée de l’Okanagan, la communauté végétale composée d’armoises tridentées et d’agropyres à épi constitue un écosystème rare (sur la liste rouge) en Colombie-Britannique; cet écosystème est coté G2 ou en péril à l’échelle mondiale (B.C. Conservation Data Centre, 2011). Cette communauté végétale rare héberge un grand nombre d’espèces en péril inscrites aux échelles fédérale et provinciale. L’habitat des espèces suivantes notamment, inscrites sur la liste fédérale des espèces en péril, peut chevaucher l’habitat du porte-queue demi-lune en Colombie-Britannique : le Moqueur des armoises (Oreoscoptes montanus), le blaireau d’Amérique (Taxidea taxus), le lapin de Nuttall de la sous-espèce nuttallii (Sylvilagus nuttallii nuttallii), la salamandre tigrée de l’Ouest (Ambystoma mavortium), le crapaud du Grand Bassin (Spea intermontana), la crotale de l’Ouest (Crotalus oreganus), la couleuvre à nez mince du Grand Bassin (Pituophis catenifer deserticola), le pic de Lewis (Melanerpes lewis), la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest (Coluber constrictor), la chauve-souris blonde (Antrozous pallidus), la cicindèle de Wallis (Cicindela parowana wallisi), l’entosthodon rouilleux (Entosthodon rubiginosus), le phlox de l’Ouest (Phlox speciosa ssp. occidentalis), l’orthocarpe barbu (Orthocarpus barbatus), le calochorte de Lyall (Calochortus lyallii), l’ammannie robuste (Ammannia robusta) et le rotala rameux (Rotala ramosior). En Alberta, l’habitat de prairie des espèces suivantes notamment, inscrites sur la liste fédérale des espèces en péril, peut chevaucher l’habitat du porte-queue demi-lune : le Pipit de Sprague (Anthus spragueii) et le Courlis à long bec (Numenius americanus).

Les autres espèces en péril dans la région profiteront indirectement de la mise en oeuvre du programme de rétablissement; l’intensification de l’éducation et de la sensibilisation devrait limiter les activités récréatives nuisibles dans ces localités, et les mesures de conservation visant à restaurer et à protéger les écosystèmes de prairie pour le porte-queue demi-lune bénéficieront probablement à toutes les espèces qui ont besoin de ces écosystèmes menacés. De même, les mesures de conservation en cours ou proposées pour protéger les autres espèces en péril bénéficieront probablement au porte-queue demi-lune – une approche plurispécifique est recommandée pour la planification de la conservation. Compte tenu de la forte probabilité que des espèces en péril locales partagent un même habitat, les mesures à grande échelle, que ce soit l’enlèvement d’espèces envahissantes ou l’utilisation d’herbicides ou de pesticides, doivent être planifiées et exécutées avec soin. Toutes les activités menées sur place (relevés, études et mesures de contrôle) en vue d’appuyer le rétablissement peuvent représenter une menace pour des espèces coexistantes (p. ex. par le piétinement, l’augmentation de l’herbivorisme due à la création connexe de sentiers ou la dispersion accidentelle d’espèces exotiques lors de leur élimination), si une grande vigilance n’est pas exercée pour éviter les dommages.

7. References

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Achuff, P.L., R.L. McNeil, M.L. Coleman, C. Wallis, C. Wershler et R. Riddell. 2002b. Ecological land classification maps of Waterton Lakes National Park, Alberta, préparé par Terrain Resources Ltd., Lethbridge (Alberta), pour Parcs Canada, Waterton Park (Alberta), cinq cartes et légendes.

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Knopp, D., L. Larkin, J.Heron et O.Dyer. 2009. 2008 Surveys for Half-moon Hairstreak, Satyrium semiluna, in the Southern Okanagan, British Columbia, Ministry of Environment de la Colombie-Britannique, Ecosystem Branch, Vancouver (Colombie-Britannique).

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Scott, J.A. 1973. Life-span of Butterflies, Journal of Research on the Lepidoptera 12(4)225:23.

Annexe 1. Cartes de l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au Canada

De l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune a été désigné dans neuf localités au Canada : huit en Colombie-Britannique (figures A1 à A5) et une localité en Alberta (figure A6).

  1. Lac White (est et ouest), Colombie-Britannique (figure A1) : correspond à l’OE CDC CB n° 6;
  2. Keremeos Columns, Colombie-Britannique (figure A2) : correspond à l’OE CDC CB n° 7;
  3. Ruisseau Blind, Colombie-Britannique (figure A2) : correspond à l’OE CDC CB n° 3;
  4. Col Richter et mont Kobau et Kilpoola, Colombie-Britannique (figure A3) : correspond à l’OE CDC CB n° 4;
  5. Lac Kilpoola, Colombie-Britannique (figure A4) : correspond à l’OE CDC CB n° 5;
  6. East Chopaka, Colombie-Britannique (figure A4) : correspond à l’OE CDC CB n° 8;
  7. Mont Anarchist, Colombie-Britannique (figure A5) : correspond à l’OE CDC CB n° 2;
  8. East Osoyoos, Colombie-Britannique (figure A5) : correspond à l’OE CDC CB n° 1;
  9. Cône Blakiston, parc national des Lacs-Waterton (PNLW), Alberta (figure A6).

Figure A1. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au lac White (est et ouest), en Colombie-Britannique (correspond à l’OE CDC CB n° 6), se trouve dans les polygones jaunes ombragés (total de 709,8 ha), là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés.

Carte de A1
Description longue pour la figure A1

La figure A1 montre l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au lac White (est et ouest), en Colombie-Britannique (correspond à l’OE CDC CB n° 6). L’habitat essentiel se trouve dans des polygones, là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés (c.-à-d. 709,8 ha au total). Les carrés de 1 km x 1 km qui figurent sur la carte sont des carrés du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ils permettent de repérer l’emplacement géographique général de l'habitat essentiel.

Figure A2. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune à Keremeos Columns (polygone ouest) et au ruisseau Blind (polygone est), en Colombie-Britannique (la location de Keremeos Columns correspond à l’OE CDC CB n°7 et la location du ruisseau Blind correspond à l’OE CDC CB n°3), se trouve dans les polygones jaunes ombragés (total de 552,8 ha), là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés.

Carte de A2
Description longue pour la figure A2

La figure A2 montre l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune à Keremeos Columns (polygone ouest) et au ruisseau Blind (polygone est), en Colombie-Britannique (la location de Keremeos Columns correspond à l’OE CDC CB n°7 et la location du ruisseau Blind correspond à l’OE CDC CB n°3). L’habitat essentiel se trouve dans des polygones, là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés (c.-à-d. 552,8 ha au total). Les carrés de 1 km x 1 km qui figurent sur la carte sont des carrés du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ils permettent de repérer l’emplacement géographique général de l'habitat essentiel.

Figure A3. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au col Richter et aux monts Kobau et à Kilpoola, en Colombie-Britannique (correspond à l’OE CDC CB n° 4), se trouve dans les polygones jaunes ombragés (total de 679,2 ha), là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés.

Carte de A3
Description longue pour la figure A3

La figure A3 montre l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au col Richter, au mont Kobau et à Kilpoola, en Colombie-Britannique (correspond à l’OE CDC CB n° 4). L’habitat essentiel se trouve dans des polygones, là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés (c.-à-d. 679,2 ha au total). Les carrés de 1 km x 1 km qui figurent sur la carte sont des carrés du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ils permettent de repérer l’emplacement géographique général de l'habitat essentiel.

Figure A4. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune à East Chopaka (polygone ouest; correspond à l’OE CDC CB n°8) et au Lac Kilpoola (polygone est; correspond à l’OE CDC CB n°5), en Colombie-Britannique, se trouve dans les polygones jaunes ombragés (total de 946,7 ha), là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés.

Carte de A4
Description longue pour la figure A4

La figure A4 montre l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune à East Chopaka (polygone ouest; correspond à l’OE CDC CB n°8) et au Lac Kilpoola (polygone est; correspond à l’OE CDC CB n°5), en Colombie-Britannique. L’habitat essentiel se trouve dans des polygones, là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés (c.-à-d. 946,7 ha au total). Les carrés de 1 km x 1 km qui figurent sur la carte sont des carrés du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ils permettent de repérer l’emplacement géographique général de l'habitat essentiel. Même s’il est inclus dans un carré du quadrillage UTM de référence, le territoire des États-Unis ne fait pas partie de l’habitat essentiel.

Figure A5. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune à East Osoyoos (polygone sud-ouest; correspond à l’OE CDC CB n°1) et au mont Anarchist (polygones nord et est; correspond à l’OE CDC CB n°2), en Colombie-Britannique, se trouve dans les polygones jaunes ombragés (total de 280,5 ha), là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés.

Carte de A5
Description longue pour la figure A5

La figure A5 montre l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune à East Osoyoos (polygone sud-ouest; correspond à l’OE CDC CB n°1) et au mont Anarchist (polygones nord et est; correspond à l’OE CDC CB n°2), en Colombie-Britannique. L’habitat essentiel se trouve dans des polygones, là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés (c.-à-d. 280,5 ha au total). Les carrés de 1 km x 1 km qui figurent sur la carte sont des carrés du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ils permettent de repérer l’emplacement géographique général de l'habitat essentiel. Même s’il est inclus dans un carré du quadrillage UTM de référence, le territoire des États-Unis ne fait pas partie de l’habitat essentiel.

Figure A6. L’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au cône Blakiston (parc national des Lacs-Waterton), en Alberta, se trouve dans les polygones jaunes ombragés (total de 295,8 ha), là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés.

Carte de A6
Description longue pour la figure A6

La figure A6 montre l’habitat essentiel du porte-queue demi-lune au cône Blakiston (parc national des Lacs-Waterton), en Alberta. L’habitat essentiel se trouve dans des polygones,  là où les critères et la méthodologie énoncés à la section 4.1 sont respectés (c.-à-d. 295,8 ha au total). Les carrés de 1 km x 1 km qui figurent sur la carte sont des carrés du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ils permettent de repérer l’emplacement géographique général de l'habitat essentiel.

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