Méné à grande bouche (Notropis dorsalis) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Répartition

En résumé, l’aire de répartition du méné à grande bouche s’étend dans le bassin de la baie d’Hudson (rivière Rouge), le bassin des Grands Lacs et le bassin du Mississippi à partir du nord du Michigan jusque dans le sud du Manitoba, et de l’est de l’Illinois jusque dans le réseau de la rivière Platte, l’est du Wyoming et le nord du Colorado. Des populations disjointes sont présentes dans l’ouest de l’État de New York et en Pennsylvanie, dans l’ouest du Michigan, dans le nord de l’Ohio et dans le nord de la Virginie-Occidentale (Page et Burr, 1991), ainsi que dans l’ouest du Tennessee (Etnier et Starnes, 1993) (figure 2). On reconnaît trois sous-espèces : le Notropis d. piptolepis, indigène du réseau de la rivière Platte au Wyoming et au Colorado, le N. d. keimi, indigène des bassins hydrographiques du lac Ontario et de la rivière Allegheny dans l’État de New York et en Pennsylvanie, et le N. d. dorsalis, qui occupe tout le reste de l’aire de répartition (Page et Burr, 1991).

Dans le premier rapport de situation sur l’espèce, Tompkins (1985) a fourni une description très détaillée de l’aire de répartition du méné à grande bouche aux États-Unis. Cette description ne sera pas répétée dans la présente mise à jour étant donné qu’il n’existe pas de nouvelles données sur ce point dans les ouvrages publiés.

À l’époque du premier rapport de situation, Tompkins (1985) délimitait la répartition canadienne du méné à grande bouche comme suit : rivière Pembina (tributaire de la rivière Rouge) dans le sud du Manitoba, près de la frontière américaine, et rivières Woody et Roaring, qui se jettent dans le lac Swan (figure 2 dans Tompkins, 1987). Fedoruk (1970) est le premier à avoir signalé la présence du méné à grande bouche dans la partie canadienne de la rivière Pembina, après y avoir récolté 84 spécimens à cinq endroits en 1968.


Figure 2 : Répartition nord-américaine du méné à grande bouche (Notropis dorsalis)

Figure 2 : Répartition nord-américaine du méné à grande bouche (Notropis dorsalis)

Tirée de Page et Burr (1991) et Etnier et Starnes (1993).

La localisation des mentions pour la rivière Pembina d’après Fedoruk (1970) et Copes et Tubb (1966) est illustrée à la figure 3 dans Tompkins (1987). Les spécimens récoltés par Copes et Tubb (1966) provenaient de la partie américaine du bassin de la Pembina. Les spécimens des rivières Woody et Roaring qui sont conservés au Musée royal de l’Ontario ont d’abord été identifiés comme des ménés pâles (Notropis volucellus) et figuraient à tort sur les cartes de répartition de cette espèce dans Scott et Crossman (1974) (K.W. Stewart, comm. pers., 2003). Le méné pâle ne se trouve que dans les tributaires situés à l’est de la rivière Rouge dans le sud-est du Manitoba (K.W. Stewart, comm. pers., 2003).


Figure 3 : Répartition canadienne du méné à grande bouche (Notropis dorsalis)

Figure 3 : Répartition canadienne du méné à grande bouche (Notropis dorsalis)

Les points noirs indiquent les localités figurant dans le premier rapport de situation (Tompkins, 1985) et les points gris, les nouvelles localités signalées.

Depuis la publication du premier rapport de situation, la répartition du méné à grande bouche ne s’est pas étendue vers le nord, mais elle est plus grande, l’espèce ayant été récoltée dans les rivières Cypress, Shell, Little Saskatchewan et Assiniboine, ainsi que dans les ruisseaux Oak et Epinette. L’espèce a également été trouvée dans le cours inférieur de la rivière Roseau, près du confluent avec la rivière Rouge (figure 3); 27 individus y ont été récoltés par l’auteur, Dave Tyson et Gavin Hanke en mai 1991. Le méné à grande bouche a été signalé pour la première fois dans la rivière Assiniboine en 1979 à l’intersection avec la route provinciale 34 (Stewart et al., 1985), dans la rivière Little Saskatchewan en 1954 près du confluent avec la rivière Assiniboine, dans la rivière Cypress en 1985 à l’intersection avec la route provinciale 2 et dans la rivière Shell en 1953 (annexes 1, 3 of 5 dans McCulloch et Franzin, 1996). Il a été signalé pour la première fois dans le ruisseau Oak en 1973 et dans le ruisseau Epinette en 1989 (annexe 7 dans McCulloch et Franzin, 1996). L’expansion de l’aire de répartition d’espèces comme la barbotte des rapides (Noturus flavus) (McCulloch et Stewart, 1998) et l’éperlan (Osmerus mordax) (Wain, 1993) au Manitoba est attribuable à une dispersion récente par voie naturelle dans le cas de la barbotte des rapides, à cause des niveaux élevés dus aux eaux de fonte entre la tête de la rivière Rouge et le cours supérieur du Mississippi, et à un transfert dans des seaux à appâts dans le cas de l’éperlan, mais la dispersion du méné à grande bouche vers le Manitoba semble être associée au retrait des glaces du Wisconsin.

La présence du méné à grande bouche dans les rivières Shell et Little Saskatchewan en amont des barrages Shellmouth et Rivers, respectivement, qui ont tous deux freiné la dispersion de la barbotte des rapides dans ces rivières (McCulloch et Stewart, 1998), corrobore l’hypothèse selon laquelle le méné serait présent au Manitoba depuis longtemps. L’absence de mention de l’espèce pour la rivière Souris, malgré les relevés intensifs effectués en 1974 par le groupe de Hallum du Musée manitobain de l’homme et de la nature et en 1995 par un groupe de recherche dirigé par Bill Franzin, du ministère des Pêches et des Océans, peut s’expliquer par le manque d’habitat approprié à la suite d’altérations de l’écoulement et du débit de la rivière dues à la construction de barrages de retenue sur une bonne partie de la rivière. Il est possible que ces barrages aient éliminé tout long tronçon offrant l’habitat particulier, relativement peu profond, que préfère l’espèce.

Le méné à grande bouche est fort probablement présent dans d’autres cours d’eau de l’ouest du Manitoba. Sa répartition actuellement connue au Manitoba reflète le manque relatif d’activités de récolte dans cette région. Les récoltes annuelles effectuées en septembre tout au long des années 1980 et pendant la majeure partie des années 1990 par Ken Stewart et les étudiants de la classe de biologie des poissons de l’Université du Manitoba ont permis presque à elles seules la détermination de la répartition actuellement connue du poisson dans le sud du Manitoba, mais les contraintes temporelles des relevés de fin de semaine ont habituellement limité les activités de récolte dans le bassin hydrographique de la rivière Assiniboine de Winnipeg jusqu’aux environs de Brandon, vers l’ouest, et jusqu’à la rivière Little Saskatchewan, vers le nord.

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