Chauve-souris de Keen (Myotis keenii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 7

Taille et tendances des populations

On ne dispose d’aucune estimation de la population totale de l’espèce au Canada et on ne connaît rien de la tendance générale de ses effectifs. On peut toutefois interpréter ce manque d’observations comme une indication qu’on ne rencontre pas souvent cette espèce et qu’elle n’est présente qu’à de faibles densités. Cette hypothèse est étayée par les résultats d’une étude de 1991 qui visait à déterminer la répartition et l’abondance du M. keenii en Colombie-Britannique (Firman et al., 1993). Les auteurs ont placé des filets japonais ou des pièges pour attraper des chauves-souris pendant 76 nuits à 53 endroits, mais ils n’ont capturé que 38 chauves-souris à longues oreilles à cinq endroits (figure 4). Tous les M. keenii (29 individus) ont été capturés à Gandl K’in Gwaayaay. Deux des neuf autres chauves-souris ont été identifiées comme des M. evotis; l’espèce des sept autres n’a pu être déterminée.

La seule autre indication sur les tendances des effectifs de cette espèce provient d’études récentes sur la colonie de maternité de Gandl K’in Gwaayaay. Lors du recensement initial de cette colonie, Firman et al. (1993) ont estimé qu’environ 140 chauves-souris étaient présentes au début d’août 1991, dont environ la moitié auraient été des M. keenii. Au cours d’études subséquentes, Burles (2001) a calculé à partir de dénombrements d’émergence effectués en juin et du ratio des effectifs relatifs de chaque espèce capturée que les proportions étaient probablement environ 1/3 M. keenii - 2/3 M. lucifugus et estimé que de 39 à 41 M. keenii et 71 à 86 M. lucifugus femelles adultes avaient fréquenté les gîtes en 1998, 1999 et 2000 (tableau 3). Burles (2001) a constaté que le nombre total de chauves-souris fréquentant les gîtes a augmenté pendant la dernière partie de juillet, avec l’envol des jeunes et l’arrivée de chauves-souris non reproductrices. Au début août 1999, par exemple, l’effectif total dénombré avait grimpé à au moins 149, nombre semblable à l’estimation de Firman et al. (1993). Ces résultats laissent penser que le nombre de M. keenii femelles fréquentant les gîtes de Gandl K’in Gwaayaay est demeuré assez stable de 1998 à 2000 et n’a probablement pas beaucoup varié non plus entre 1991 et 2000.

Tableau 3. Estimation des effectifs de chauves-souris de Keen (Myotis keenii) et de chauves-souris brunes (Myotis lucifugus) femelles adultes à la colonie de maternité de Gandl K’in Gwaayaay. D’après Burles (2001) et Burles (données inédites).
Année Nombre de femelles adultes Myotis keenii Nombre de femelles adultes Myotis lucifugus Nombre de dénombrements d’émergence
1998
39
71
10
1999
41
70
9
2000
40
86
1
2002
17
79
2

Les dénombrements d’émergence effectués en 2002 indiquent une diminution du nombre de chauves-souris fréquentant les gîtes de Gandl K’in Gwaayaay. Étant donné les proportions observées des deux espèces lors des émergences (tableau 3), ce déclin semble lié à une réduction du nombre de M. keenii présents (Burles, données inédites). Cependant, comme le souligne Burles (2001), les dénombrements d’émergence à cette colonie peuvent s’avérer très variables parce que toutes les femelles ne fréquentent pas la colonie de maternité chaque jour et ne partent pas en quête de nourriture chaque soir. Il faut donc de nombreux dénombrements d’émergence pour en obtenir un permettant de compter toutes ou presque toutes les chauves-souris. On ne sait donc pas si les dénombrements de 2002 reflètent fidèlement le nombre de M. keenii qui fréquentent les colonies de maternité.

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