Microséris de Bigelow (Microseris bigelovii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 4

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le Microseris bigelovii pousse le long de la côte Ouest, depuis l’île de Vancouver, au nord, jusqu’en Californie, au sud (Hitchcock et al., 1955; voir figure 2). La population américaine la plus proche a été enregistrée dans le comté San Juan, dans la région de North Puget Sound. L’espèce a disparu du comté San Juan, où elle poussait dans un certain nombre de sites situés principalement sur l’île San Juan. Le signalement le plus récent dans le comté San Juan remonte au milieu des années 1980 (Atkinson et Sharpe, 1993). L’espèce n’a pas été observée ailleurs dans l’État de Washington, où elle est maintenant considérée comme disparue (Florence Caplow, comm. pers., 2003). Les populations américaines les plus proches ont été observées à Yachats, en Oregon, soit à environ 450 kilomètres (km) des populations canadiennes les plus au sud. Le M. bigelovii a disparu de la portion continentale de l’Oregon, vraisemblablement en raison de la concurrence que lui livraient de mauvaises herbes introduites. L’espèce persiste cependant sur certaines îles au large des côtes, le guano des oiseaux y limitant selon toute évidence la croissance des mauvaises herbes concurrentes (K. Chambers, comm. pers., 2004).

Figure 2. Aire de répartition mondiale du Microseris bigelovii. Toutes les populations de l’Oregon, sauf celles des îles d’oiseaux, sont maintenant disparues.

Figure 2. Aire de répartition mondiale du Microseris bigelovii

Aire de répartition canadienne

Au Canada, le Microseris bigelovii est limité au sud-est de la Colombie-Britannique, de l’île Hornby à Victoria et les environs (figure 3). L’espèce pousse sur une bande de terre d’au plus 50 mètres de large le long de la côte sud-est de l’île de Vancouver. L’étendue de la zone d’occurrence de cette bande est évaluée à environ 20 km² (longueur du littoral entre Comox et Rocky Point calculée au moyen d’outils de SIG).

Figure 3. Répartition des populations existantes et disparues de Microseris bigelovii au Canada et dans les secteurs adjacents dans l’État de Washington. Les étoiles représentent une ou plusieurs populations existantes, les points des populations canadiennes disparues et le triangle un groupe de populations américaines disparues.

Répartition des populations existantes et disparues de Microseris bigelovii au Canada et dans les secteurs adjacents dans l’État de Washington.

Les populations canadiennes sont grandement séparées. La population la plus septentrionale se trouve à environ 150 km de sa plus proche voisine. Au moins 2 km, et jusqu’à 8 km, séparent les autres populations. Les populations canadiennes occupent généralement des sites assez petits (tableau 1) et leur aire d’occupation est au total de 3 000 m².

Tableau 1 : Données démographiques pour le Microseris bigelovii
Population Dernière observation Étendue de la population
(superficie totale de la zone d’occupation)
Nombre d’individus
île Hornby Juin 2002 2 sous-populations (500 m²) 2 000 – 2 500
Oak Bay 1Note de tableaua Juin 2004 1 population (2 000 m²) 1 500 – 2 000
Oak Bay 2 Juin 2004 1 sous-population (100 m²) ~ 190 plants
Esquimalt Juin 2004 3 sous-populations (150 m²) ~ 530 plants
Rocky Point 1 Juillet 2004 1 population (150 m²) 100-500 plants
Rocky Point 2 Juin 2004 2 sous-populations (135 m²) est : ~1 000 plants; sud : ~ 250 plants
lac Thetis 3 mai 2003 Introuvable Disparue
lac Thetis 1er mai 1953 Inconnue Inconnu
Mont Tolmie 5 juin 2002 Introuvable Présumée disparue
Mont Tolmie 10 mai 1875 Inconnue Inconnu
parc Beacon Hill 9 juin 2002 Introuvable Présumée disparue
parc Beacon Hill 24 mai 1947 Inconnue Inconnu
route Dallas 9 juin 2002 Introuvable Présumée disparue
route Dallas 26 mai 1910 Inconnue Inconnu
Gonzales Hill 2 juin 2002 Introuvable Présumée disparue
Gonzales Hill 11 mai 1923 Inconnue Inconnu
WellingtonNote de tableaub Mai 1916 Inconnue Inconnu

Quatre phénomènes suggèrent que l’espèce est un élément indigène de la flore canadienne. Premièrement, il y a de nombreuses autres espèces qui ont une répartition discontinue similaire. Le climat sous-méditerranéen de Victoria et du bassin de Géorgie (y compris le comté San Juan, dans l’État de Washington) est anormal sur la côte nord-ouest du Pacifique et pourrait expliquer la répartition discontinue de nombreuses espèces semi-désertiques (ex. : Allium amplectens, Crassula connata, Clarkia purpurea ssp. quadrivulnera, Dryopteris arguta, Isoetes nuttallii, Juncus kelloggii, Minuartia pusilla, Lupinus densiflorus, Montia howellii, Ranunculus californicus, Trifolium depauperatum, Triphysaria versicolor et Woodwardia fimbriata), comme le soulignaient Hitchcock et al., (1961, p. 321).

Deuxièmement, le Microseris bigeloviiest localement abondant et est largement réparti (quoique de manière discontinue) dans la portion sud-est de l’île de Vancouver, et autrefois sur l’île de San Juan, et ce, malgré les faibles capacités de l’espèce pour la dispersion des graines. L’espèce pousse parfois sur des sites très éloignés rarement visités par les humains. Une telle répartition suggère davantage une origine relictuelle qu’une immigration récente.

Troisièmement, l’espèce a été cueillie à Victoria dès 1875 (collection Macoun  14986, CAN nº 111 350), soit tôt dans la colonisation par les Européens de l’île de Vancouver et au tout début des études botaniques menées dans la région. Enfin, très peu de données laissent croire qu’il puisse s’agir d’un taxon introduit.

Quatrièmement, il y a des différences génétiques importantes entre les plants de la Colombie-Britannique et ceux de la majorité des populations américaines (voir la description génétique), ce qui pourrait laisser croire que les populations canadiennes ont été isolées assez longtemps des autres pour permettre l’évolution de différences génétiques et morphologiques.

Au total, 11 ou 12 populations de Microseris bigelovii (selon que les collections de 1947 au parc Beacon Hill et de 1910 sur la route Dallas proviennent ou non d’une même population) ont été enregistrées au Canada (tableau 1). Compte tenu du degré de morcellement de l’habitat, des capacités limitées de dispersion de l’espèce et de sa délicate stature, il est raisonnable de croire que les populations récemment découvertes sont préalablement passées inaperçues. Vu la présence de seulement six populations à l’heure actuelle, il semble que l’espèce ait connu un déclin à long terme. Il n’existe aucune donnée fiable sur les changements dans le nombre de populations au cours de la dernière décennie.

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