Programme de rétablissement de l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada [proposition] – 2012

Loi sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement

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Programme de rétablissement de l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada [PROPOSITION] – 2012

Couverture de la publication : Programme de rétablissement de l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada [Proposition]– 2012.

Hespérie de Poweshiek

Photo : Hespérie de Poweshiek

Référence recommandée :

Environnement Canada. 2012. Programme de rétablissement de l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada [Proposition]. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada, Ottawa, v + 25 p. + annexes.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du COSEPAC, les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Mike Reese – wisconsinbutterflies.org (utilisée avec permission)

Also available in English under the title
"Recovery Strategy for the Poweshiek Skipperling (Oarisma poweshiek) in Canada [Proposed]"

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2012. Tous droits réservés.
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Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.


En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés d’ici cinq ans.

Le ministre de l’Environnement est le ministre compétent pour le rétablissement de l’hespérie de Poweshiek et a élaboré le présent programme, conformément à l’article 37 de la LEP. Ce programme a été préparé en collaboration avec le gouvernement du Manitoba.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada ou sur toute autre compétence. Toutes les Canadiennes et tous les Canadiens sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de l’hespérie de Poweshiek et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront des renseignements sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement Canada et d’autres compétences et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Richard Westwood et Rachel Boone (Université de Winnipeg) ont rédigé la première ébauche qui a servi de fondement au présent programme de rétablissement. Reginald Webster a communiqué de nombreux renseignements de base sur l’hespérie de Poweshiek, et Mike Reese (wisconsinbutterflies.org (en anglais seulement) a gracieusement fourni la photographie de la page couverture. Des remerciements sont également adressés à Richard Westwood, à Kevin Teneycke et à Cary Hamel (Conservation de la nature Canada, région du Manitoba) ainsi qu’à Jaimée Dupont (Université de Winnipeg), qui ont examiné des versions préliminaires du document et fourni de précieux renseignements sur l’écologie et la conservation de l’hespérie de Poweshiek. Les personnes suivantes ont également participé à l’élaboration du présent document : Renee Franken, Robert Décarie, Dave Duncan, Jocelyne Lavallée, Medea Curteanu, Mark Wayland et Wendy Dunford (Environnement Canada) ainsi que William Watkins (Conservation Manitoba). Paul Goossen et Medea Curteanu (Environnement Canada) ont contribué à la désignation de l’habitat essentiel. Gillian Turney et Gary Weiss (Environnement Canada) ont préparé les cartes de répartition et de l’habitat essentiel.

L’hespérie de Poweshiek est un papillon rare de taille relativement petite qui est endémique des prairies à herbes hautes de l’Amérique du Nord. La prairie à herbes hautes couvre aujourd’hui moins de 1 % de la superficie qu’elle occupait autrefois avant l’arrivée des colons européens en Amérique du Nord, et ce, principalement en raison de la conversion de l’habitat de prairie en terres agricoles. La réduction et la fragmentation de l’aire de répartition de l’hespérie de Poweshiek sont probablement proportionnelles à la perte de cet habitat. L’hespérie de Poweshiek est présente dans le sud-est du Manitoba, l’est des Dakotas, l’ouest du Minnesota et de l’Iowa et le nord du Missouri et forme des populations isolées au Wisconsin et au Michigan. Au Canada, elle a été observée uniquement dans la Réserve des prairies à herbes hautes (RPHH) du Manitoba et ses environs immédiats. En raison du déclin de son habitat naturel, de son aire de répartition restreinte et de la faible taille de sa population, l’hespérie de Poweshiek a été désignée espèce « menacée » au Canada en vertu de la Loi sur les espèces en péril, en juillet 2005.

Les menaces historiques et actuelles pour cette espèce incluent la perte d’habitat résultant de la conversion des prairies à herbes hautes en terres cultivées ou en prairies non indigènes, la dégradation de l’habitat qui est due aux feux dirigés ou aux feux de friche trop fréquents ou survenant à une période de l’année défavorable, le surpâturage prolongé ou persistant, la succession et le fauchage. L’altération des processus hydrologiques naturels, l’invasion des prairies par des espèces exotiques, l’utilisation d’insecticides et d’herbicides, les changements climatiques et les intempéries sont considérés comme des menaces potentielles.

Le rétablissement de l’hespérie de Poweshiek est jugé réalisable d’un point de vue biologique et technique. Les objectifs en matière de population et de répartition établis pour l’hespérie de Poweshiek au Canada consistent à assurer le maintien, dans la RPHH et ses environs, dans le sud du Manitoba, d’une population autosuffisante dans les sites reconnus comme étant occupés lors des relevés effectués en 2002 et entre 2008 et 2010 et dans tout autre site éventuel restant à découvrir. Les stratégies générales qui suivent sont recommandées pour l’atteinte des objectifs de rétablissement de l’espèce : i) inventaire et suivi des populations; ii) recherche; iii) gestion et intendance de l’habitat; iv) communication, sensibilisation et éducation.

Tel qu’il est désigné dans le présent programme de rétablissement, l’habitat essentiel de l’hespérie de Poweshiek englobe 13 quarts de section répartis dans la RPHH et ses environs immédiats. À l’intérieur de ces quarts de section, l’habitat essentiel de l’espèce correspond à l’habitat de prairie à herbes hautes humides-mésiques abritant les plantes nectarifères des adultes et les plantes hôtes des chenilles importantes pour l’espèce et à l’intérieur desquelles au moins quatre individus ont été observés depuis 2002.

Un plan d’action sera élaboré pour l’hespérie de Poweshiek d’ici 2015. Ce plan d’action pourrait prendre la forme d’un plan plurispécifique visant la RPHH.

En vertu de l’article 40 de la LEP, le ministre compétent doit déterminer si le rétablissement de l’espèce inscrite est réalisable du point de vue technique et biologique. D’après les quatre critères suivants présentés par le Gouvernement du Canada (2009) pour évaluer le caractère réalisable du rétablissement des espèces en péril, le rétablissement de l’hespérie est jugé réalisable d’un point de vue biologique et technique.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.
Oui. Des individus capables de se reproduire sont présents dans la RPHH et ses environs, dans le sud-est du Manitoba. Les effectifs de l’espèce dans cette région sont cependant extrêmement faibles et en déclin. La population canadienne comptait moins de 5 000 individus d’après les résultats des relevés effectués en 2009 (Dupont, 2010; Westwood, 2010). Si aucune autre menace grave ne compromet la survie de l’espèce ou de son habitat, la population canadienne devrait pouvoir se maintenir.

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.
Oui. La superficie occupée par l’habitat de prairie à herbes hautes indigènes dans la RPHH et ses environs est actuellement suffisante pour que la taille de la population d’hespéries de Poweshiek se maintienne à son effectif actuel, du moins à court terme. Actuellement, cet habitat de prairie ne risque pas d’être converti en habitat non prairial dans la réserve. En outre, l’utilisation de différentes techniques comme l’aménagement et la remise en état de l’habitat pourrait permettre d’accroître la superficie de l’habitat potentiel disponible pour l’espèce.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.
Oui. Les mesures de rétablissement permettent d’atténuer les principales menaces qui pèsent sur l’hespérie de Poweshiek, y compris la perte et la dégradation de l’habitat de prairie indigène. Comme la population existante se trouve en grande partie dans une réserve, son habitat est protégé et ne risque donc pas de disparaître. Les feux dirigés ou les feux de friche trop fréquents et/ou survenant à des périodes défavorables, le surpâturage et la succession constituent toutefois des menaces pour l’hespérie. Les pratiques de gestion de l’habitat, en particulier dans la réserve, devront donc faire l’objet d’un suivi et devraient permettre d’atténuer ces menaces. Une partie de la population se trouve sur des terres privées, et il sera important de collaborer avec les propriétaires de ces terres afin de faire en sorte que les pratiques de gestion contribuent à y assurer la conservation de l’habitat de l’espèce.

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.
Oui. La conclusion d’accords d’intendance axés sur la conservation de l’habitat de l’hespérie de Poweshiek adjacent à la RPHH est l’une des techniques de rétablissement possibles. Cette stratégie a été appliquée à divers projets de conservation et a contribué efficacement à la protection de l’habitat d’espèces en péril. La mise en œuvre de pratiques de gestion bénéfiques est une autre technique à laquelle il est possible de recourir pour assurer la protection de l’habitat de prairie à herbes hautes nécessaire à l’hespérie de Poweshiek dans la réserve et ses environs.

Date de l’évaluation : Novembre 2003

Nom commun (population) : Hespérie de Poweshiek

Nom scientifique : Oarisma poweshiek

Statut selon le COSEPAC : Menacée

Justification de la désignation : Cette espèce se trouve au Canada au sein d’une très petite aire limitée en 15 endroits où elle forme une seule métapopulation isolée et distincte, la population américaine la plus proche se trouvant à une centaine de kilomètres au sud. Au Canada, cette espèce dépend de prairies indigènes à herbes hautes, un habitat qui a subi des pertes énormes par le passé; ses populations ont vraisemblablement connu des déclins similaires. Bien que les prairies restantes qui abritent ce papillon ne conviennent pas à l’agriculture et que la plus grande partie soit protégée par une réserve, la gestion passée des feux, ayant pour objectif de maintenir la végétation de la prairie, a nui à ce papillon. La plus grande partie de l’habitat occupé est protégée, mais même avec une gestion appropriée, l’aire de répartition de ce papillon est si petite que l’espèce est vulnérable aux catastrophes.

Présence au Canada : Manitoba

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en novembre 2003.

* COSEPAC -- Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

À l’échelle mondiale et aux États-Unis, l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek, Parker, 1870) est désignée « vulnérable/en péril » (vulnerable/imperiled) (G2G3; NatureServe, 2009). Elle est cotée « gravement en péril » (critically imperiled) (S1) en Iowa et au Wisconsin, « en péril à gravement en péril » (S1S2) au Michigan, « en péril » (S2) au Dakota du Sud et « vulnérable » (S3) au Minnesota (NatureServe, 2009). Elle n’est actuellement pas classée au Dakota du Nord (SNR; NatureServe, 2009). Elle est présumée « disparue » (SH) en Illinois et en Indiana (Selby, 2005; NatureServe, 2009). Enfin, elle est cotée « en voie de disparition » (endangered) au Wisconsin, « menacée » (threatened) en Iowa et au Michigan et « préoccupante » (species of concern) au Minnesota (Shepard, 2005).

Au Canada, l’hespérie de Poweshiek est désignée « menacée » en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, mais elle n’est pas classée au Manitoba (Conservation Manitoba, 2010). Elle est cotée « en péril » à l’échelle nationale (N2) et « en péril » (S2) au Manitoba (NatureServe, 2009). La population mondiale de l’espèce existant au Canada n’a pas été évaluée.

L’hespérie de Poweshiek appartient à l’ordre des lépidoptères (papillons diurnes et noctures), à la famille des Hesperiidés (hespéries) et à la sous-famille des Hesperiinés (hespéries à ptérostigma bien développé).

Figure 1. Vues dorsale (à gauche) et ventrale (à droite) d’une hespérie de Poweshiek mâle (© Chris McQuarrie et R.P. Webster, photographie tirée de Webster (2003) et utilisée avec permission).

L’hespérie de Poweshiek est un petit papillon de 2,4 à 3 cm d’envergure (Layberry et al., 1998) aux antennes apiculées et au corps étroit qui présente le vol rapide et sautillant caractéristique des hespéries (Royer et Marrone, 1992a; Selby, 2005). Le dessus des ailes supérieures est brun foncé, avec le bord costal et les nervures orange; la tête est également orange (figure 1; Selby, 2005). Le dessous des ailes est gris foncé, avec les nervures distinctement surlignées d’argent. Les deux sexes sont très semblables, mais les couleurs des femelles peuvent être plus vives.

L’hespérie de Poweshiek ressemble beaucoup à l’Oarisma garita, autre hespérie de prairie qui lui est étroitement apparentée. Celle-ci est cependant généralement plus petite et parée de couleurs plus vives (Selby, 2005) et se trouve dans des habitats de prairies plus sèches (Catling et Lafontaine, 1986). Les individus usés peuvent être difficiles à différencier en vol (R. Westwood, pers. obs.), et les deux espèces ont occasionnellement été confondues dans le passé.

L’hespérie de Poweshiek est univoltine (une génération par année), et elle a été observée en vol du 18 juin au 6 août (Klassen et al. 1989; Dupont, 2010).

L’espèce doit son nom commun au comté de Poweshiek, en Iowa, où elle a été capturée pour la première fois. La nomenclature adoptée dans le présent programme de rétablissement correspond à celle utilisée dans la LEP.

Aire de répartition mondiale et situation

L’aire de répartition historique de l’hespérie de Poweshiek chevauchait probablement une bonne partie de la prairie à herbes hautes, qui couvrait de façon presque continue le centre-nord de l’Amérique du Nord. Depuis la colonisation européenne, une grande partie de cette aire a été convertie en terres agricoles ou en pâturages, détruite par l’aménagement urbain ou industriel, envahie par la forêt ou dégradée par le surpâturage. L’hespérie de Poweshiek n’est plus représentée aujourd’hui que par une série de petites populations très localisées et isolées, réparties à l’échelle de son ancienne aire de répartition. Elle se trouve aujourd’hui depuis le sud-est du Manitoba, l’est des Dakotas et l’ouest du Minnesota et de l’Iowa jusqu’au nord du Missouri et forme des populations isolées au Wisconsin et au Michigan (figure 2; Layberry et al., 1998; Selby, 2005). Sa présence n’y ayant pas été observée récemment, elle a peut-être disparu de l’Illinois et de l’Indiana (NatureServe, 2009). Des relevés récents réalisés aux États-Unis ont indiqué que l’espèce a subi des déclins à la fois spectaculaires et généralisés à l’échelle de son aire de répartition. Des déclins importants du nombre d’occurrences et de l’abondance ont également été constatés au cœur même de l’aire de l’espèce, en Iowa, au Minnesota et au Dakota du Sud, où des populations autrefois considérées comme saines et stables semblent avoir disparu (Selby, 2010; Swengel et al., 2010).

Figure 2. Carte de l’aire de répartition mondiale de l’hespérie de Poweshiek, montrant les occurrences confirmées et non confirmées de l’espèce (adaptée de Selby, 2005, reproduite avec l’autorisation de l’auteur).

Figure 2 – Carte de l’aire de répartition mondiale de l’hespérie de Poweshiek, notamment les régions du Dakota du Nord, du Dakota du Sud, du Minnesota, de l’Iowa, du Wisconsin, du Michigan, de l’Illinois, de l’Indiana et du Manitoba. Les occurrences se concentrent pour la plupart près de la frontière entre le Dakota du Nord, le Dakota du Sud et le Minnesota.

Canadian Range

Au Canada, la présence de l’hespérie de Poweshiek est connue seulement dans une seule petite région, soit dans la Réserve des prairies à herbes hautes (RPHH) et les terres avoisinantes, située à proximité de Vita, de Tolstoi et de Gardenton, dans le sud-est du Manitoba, près de la frontière canado-américaine (figure 3). Dans cette région, elle a été observée dans 21 quarts de sections[1] (figure 4; annexe A). La zone d’occurrence totale de l’hespérie de Poweshiek au Canada couvre moins de 500 km², et la zone d’occupation s’étend sur environ 23 km² (COSEPAC, 2003). La population aux États-Unis la plus proche se trouve à environ 100 km (COSEPAC, 2003).

Figure 3. Aire de répartition de l’hespérie de Poweshiek au Canada, délimitée par un cercle brun (Environnement Canada, 2006).

Figure 3 – Carte de l’aire de répartition de l’hespérie de Poweshiek au Canada, près des villes de Tolstoi, Gardenton et Vita, dans le sud du Manitoba.

Figure 4. Répartition de l’hespérie de Poweshiek dans la Réserve des prairies à herbes hautes et les secteurs adjacents (données obtenues du comité de gestion de la Réserve des prairies à herbes hautes et du Centre de données sur la conservation du Manitoba).

Figure 4 – Carte de la répartition de l’hespérie de Poweshiek à l’intérieur et à proximité de l’aire de conservation des prairies à herbes hautes, indiquant les différents types de propriétés foncières dans la région, notamment les terres appartenant à Nature Manitoba, à la Société protectrice du patrimoine écologique du Manitoba et à Conservation de la nature Canada.

Abondance

La population mondiale de l’hespérie de Poweshiek compterait entre 2 500 et 10 000 individus (NatureServe, 2009). Cette estimation est cependant très approximative, car aucun relevé détaillé des populations n’a été effectué et aucun suivi à long terme n’a été exercé dans l’aire de répartition de l’espèce. En outre, les populations de l’hespérie de Poweshiek, comme celles des Lépidoptères en général, peuvent subir des fluctuations régionales considérables d’une année à l’autre (Royer et Marrone, 1992a; R. Westwood, données inédites). Ces importantes fluctuations naturelles et l’inconstance des activités de recherche peuvent réduire considérablement la précision des estimations concernant la taille de la population.

Selon une estimation effectuée en 2002, la population canadienne d’hespéries de Poweshiek comptait à l’époque entre 5 000 et 10 000 individus (COSEPAC, 2003). Des données plus récentes donnent cependant à croire que la population est plus petite (R. Westwood, données inédites). Les relevés réalisés au cours des trois dernières années (de 2008 à 2010) semblent indiquer que la population canadienne compte probablement moins de 5 000 individus.

Aucune donnée quantitative sur les fluctuations et les tendances historiques des populations de l’espèce n’est disponible. Toutefois, la perte importante de la prairie à herbes hautes en Amérique du Nord (Samson et Knopf, 1994) laisse croire que le déclin de l’hespérie de Poweshiek a été proportionnel à la perte de cet habitat (Royer et Marrone, 1992a; COSEPAC, 2003; Selby, 2005). Des relevés récents effectués dans la RPHH indiquent un déclin potentiel local de la population, les effectifs observés ayant chuté d’environ 300 individus en 2008 à 79 en 2009, puis à seulement 13 en 2010 (Dupont, 2010; Westwood, 2010). Actuellement, il est difficile de savoir si les faibles effectifs de l’espèce en 2010 résultaient d’un feu de friche qui avait touché à l’automne 2009 une grande portion de la réserve abritant la population la plus importante et la plus dense (Westwood, 2010) ou si la baisse d’effectifs récente s’inscrivait dans le cadre d’un déclin généralisé s’étendant à l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce (Selby, 2010).

Besoins biologiques et en matière d’habitat

L’hespérie de Poweshiek est un papillon associé à l’habitat de prairie à herbes hautes indigènes. À l’échelle de son aire de répartition en Amérique du Nord, elle a été observée dans divers types d’habitats de prairie à herbes hautes indigènes, y compris des tourbières minérotrophes, des rives de cours d’eau et de lac à couvert de graminées, des prés mouillés et des habitats de prairies humides-mésiques à sèches (Holzman, 1972; Catling et Lafontaine, 1986; Selby, 2005). L’habitat occupé par l’hespérie de Poweshiek détermine généralement une zone de transition entre les milieux humides et les zones de prairie surélevée plus sèche et abrite de nombreuses plantes nectarifères indigènes, en particulier des espèces appartenant à la famille des asters (Astéracées), de même que des graminées et des carex de prairie (Selby, 2005). La préférence pour les habitats humides affichée par certaines populations d’hespéries pourrait être liée à la disparition de vastes étendues de prairie à herbes hautes et à la sensibilité de l’espèce au feu, les milieux humides étant moins susceptibles d’être touchés par de graves incendies (Selby, 2005).

Au Canada, l’hespérie de Poweshiek dépend des prairies à herbes hautes indigènes humides-mésiques préservées à leur état originel abritant les principales ressources nutritives des adultes et des chenilles (Catling et Lafontaine, 1986; COSEPAC, 2003). L’espèce est sensible aux perturbations qui modifient les caractéristiques floristiques et structurales de son habitat préféré. Les prairies occupées par l’hespérie de (0,4 ha) à grandes (300 ha) et forment des clairières dans les peuplements de chênes à gros fruits (Quercus macrocarpa), de peupliers faux-tremble (Populus spp.) et de noisetiers d’Amérique (Corylus americana) (Catling et Lafontaine, 1986). Ces prairies ont un relief peu élevé (dénivellations de un à deux mètres) et, dans la plupart des cas, comportent des sections périodiquement humides et des sections élevées plus sèches. Chacune de ces sections abrite une communauté végétale particulière (COSEPAC, 2003).

À l’âge adulte, les hespéries de Poweshiek se trouvent généralement en terrain plus élevé et occupent les sections plus sèches des prairies mésiques à herbes hautes (Catling et Lafontaine, 1986; COSEPAC, 2003; J. Dupont et R. Westwood, données inédites) abritant habituellement les espèces végétales suivantes :

La végétation des zones basses plus humides est souvent dominée par les espèces suivantes :

Au Manitoba, l’hespérie de Poweshiek dépend des prairies à herbes hautes indigènes humides-mésiques préservées dans leur état originel. La rareté de cet habitat convenable, qui abrite les principales plantes nectarifères et plantes hôtes des chenilles, constitue le principal facteur biologique limitant le rétablissement de l’hespérie de Poweshiek au Canada. En outre, la faible capacité de dispersion et de colonisation de l’hespérie est également un facteur limitatif (Selby, 2005). Des expériences de marquage-recapture effectuées dans la RPHH ont révélé que les adultes s’éloignent rarement à plus de 10 à 20 m au-delà des sites occupés, même si de l’habitat convenable apparent se trouve à proximité (Dupont, 2010). Étant donné sa faible capacité de dispersion, il est peu probable que ce papillon puisse étendre son aire de répartition en colonisant et en repeuplant des vestiges de prairie convenable éloignés. De plus, en cas de disparition de la population canadienne, la recolonisation naturelle par des individus issus de la population du Minnesota, située à plus de 100 km, est présumée impossible (COSEPAC, 2003).

Ressources alimentaires des adultes

L’accès à des sources de nectar est important pour de nombreuses espèces de papillons, dont l’hespérie de Poweshiek. Le nectar est une source d’énergie et d’eau pour les adultes et permet aux femelles d’atteindre leur fécondité optimale (Murphy et al.,1983). L’hespérie de Poweshiek exploite de nombreuses espèces de plantes nectarifères, mais ses préférences varient d’une région à l’autre (Borkin, 1994, 1995 et 1996; Swengel et Swengel, 1999; Selby, 2005).

Au Canada, la rudbeckie hérissée, l’aster faux-ptarmica (Solidago ptarmicoides), la lobélie, le barbon de Gérard, le gaillet boréal (Galium boreale),la brunelle commune (Prunella vulgaris), l’achillée millefeuille (Achillea millefolium), l’héliopsis faux-hélianthe (Heliopsis helianthoides),la zizia des marais (Zizia aptera) et le pigamon pubescent (Thalictrum pubescens)sont considérés comme des plantes nectarifères importantes (Catling et Lafontaine, 1986; COSEPAC, 2003; Dupont, 2010). L’importance relative de ces espèces demeure toutefois à déterminer. Des travaux récents ont établi une forte corrélation entre l’abondance de l’hespérie de Poweshiek et la présence de la rudbeckie hérissée (Dupont, 2010; Westwood, 2010). De plus amples recherches sur la sélection des plantes nectarifères par les adultes s’imposent.

Ponte et ressources alimentaires des chenilles

Les femelles déposent leurs œufs sur le limbe des feuilles de diverses espèces de joncs, de graminées et de carex. Parmi les graminées, les espèces suivantes sont utilisées comme sites de ponte : le sporobole à glumes inégales, le barbon à balais (Schizachyrium scoparium), le silphe térébenthine (Silphium terebinthinaceum) et, peut-être, le faux-sorgho penché (Sorghastrum nutans), le barbon de Gérard et le stipe à balai (Stipa spartea) (Borkin, 1994, 1995, 1996; Selby, 2005). Des œufs ont également été trouvés sur de l’éléocharide grêle et des carex (McCabe et Post, 1977; Holzman, 1972; Borkin, 1995). Au Canada, des femelles ont été observées en train de pondre sur diverses plantes, dont le barbon de Gérard, les verges d’or (Solidago sp.), le mélilot blanc (Melilotus alba) et les semis de chêne à gros fruits (J. Dupont, comm. pers.).

L’éléocharide grêle pourrait être une des plantes hôtes des chenilles de l’hespérie de Poweshiek au Canada, car la plante était commune en périphérie des zones plus humides des prairies où des hespéries ont été observées (Catling et Lafontaine, 1986). Des études plus approfondies s’imposent pour vérifier cette hypothèse, tant au Canada qu’aux États-Unis (Selby, 2005; Westwood, données inédites). L’hespérie de Poweshiek n’est peut-être pas très spécifique dans le choix de ses plantes hôtes, et les préférences observées pourraient simplement refléter la dominance d’une espèce acceptable à un site donné (R. Dana, comm. pers., in Selby, 2005). De plus amples études s’imposent pour déterminer si les préférences à l’égard des plantes hôtes des chenilles affichées par l’espèce à l’échelle de son aire de répartition sont liées à la disponibilité des différentes plantes hôtes à l’échelle régionale ou à un manque de données quantitatives (Selby, 2005).

La perte de vastes étendues de prairie à herbes hautes indigènes et la fragmentation et la dégradation de ces prairies sont les principaux facteurs à l’origine du déclin et de la présente vulnérabilité des populations de l’hespérie de Poweshiek. Ces facteurs demeurent les principales menaces pour les populations futures (voir Selby, 2005, pour une liste des menaces pesant sur l’espèce à l’échelle de son aire de répartition). Cette hespérie a besoin d’habitat de prairies à herbes hautes indigènes non perturbées et ne peut survivre dans les paysages modifiés entourant les vestiges de prairie.

Conversion des prairies indigènes en terres cultivées ou en prairies non indigènes

À l’échelle de l’Amérique du Nord, de vastes étendues de prairies à herbes hautes indigènes ont été converties en terres cultivées, dont plus de 99 % des prairies indigènes à graminées mixtes et à herbes hautes du Manitoba (Samson et Knopf, 1994). Les terres agricoles et les prairies non indigènes ne conviennent absolument pas à l’hespérie de Poweshiek, car ses plantes hôtes n’y poussent pas (Shepherd, 2005).

Même si la conversion des prairies à herbes hautes a ralenti au cours du siècle dernier, elle se poursuit à petite échelle (Hamel et al., 2006) et contribue aux déclins historiques de l’espèce. Une large part de l’habitat occupé par l’hespérie de Poweshiek au Canada est comprise dans la RPHH du Manitoba et ne devrait vraisemblablement pas être convertie en terres agricoles dans le cadre du régime foncier actuel, mais de nombreux autres sites se trouvent sur des terres privées et pourraient être convertis à d’autres fins, notamment en prairies artificielles pour le pâturage du bétail (J. Dupont, comm. pers.). Il convient également de réaliser des relevés dans un certain nombre d’îlots de prairie à herbes hautes indigènes non étudiés afin d’y vérifier la présence de l’hespérie de Poweshiek et d’évaluer le risque de conversion ou de dégradation de ces sites.

Brûlage dirigé et feux de friche

Autrefois, les feux de friche étaient plus fréquents qu’aujourd’hui et se déclaraient de façon aléatoire à l’échelle du paysage. Ils jouaient un rôle important dans le maintien de l’intégrité écologique des prairies d’Amérique du Nord (Leisica et Cooper, 1999). Ces feux étaient épars et ne détruisaient pas tout l’habitat occupé par les papillons, ce qui permettait aux adultes de recoloniser les sites récemment brûlés (Swengel, 1998a). Les perturbations périodiques comme les feux dirigés et les feux de friche peuvent avoir des effets bénéfiques pour les espèces de papillons de prairie en limitant l’invasion par des plantes exotiques de climat frais et des plantes ligneuses (succession), en augmentant la vigueur des plantes indigènes (incluant les plantes hôtes des chenilles) et en stimulant la floraison des principales plantes nectarifères (Panzer, 2002; Selby, 2005; Vogel et al., 2010).

Si le brûlage dirigé est un outil de gestion efficace pour maintenir l’intégrité globale de la prairie à herbes hautes, plusieurs études révèlent que son application à des îlots isolés de prairie peut entraîner la disparition de populations locales d’espèces de papillons associées aux prairies comme l’hespérie de Poweshiek, l’hespérie Ottoé (Hesperia ottoe) et l’hespérie du Dakota (Hesperia dacotae) (Schlicht et Saunders, 1995; Swengel, 1996, 1998b, 2001; Orwig et Schlicht, 1999). Les conséquences néfastes des feux incluent la mortalité directe des chenilles en diapause, l’exposition à des conditions hivernales extrêmes occasionnée par l’élimination de la litière et/ou de ressources essentielles comme les plantes hôtes des chenilles et les plantes nectarifères (Selby, 2005). Au Dakota du Nord, le brûlage d’une bordure à l’autre d’un des sites les plus favorables à l’hespérie de Poweshiek pourrait y avoir entraîné la disparition de l’espèce (Schlicht et Saunders, 1995).

Dans la RPHH, le brûlage dirigé pratiqué en rotation au début du printemps a été la principale pratique utilisée pour prévenir la succession dans les prairies et préserver la flore indigène des prairies à herbes hautes, dont plusieurs espèces en péril (Moore et Fortney, 1994; Westwood, 2010). Actuellement, il est difficile de savoir dans quelle mesure le brûlage dirigé pratiqué en rotation avec d’autres pratiques de gestion influence les populations de l’hespérie de Poweshiek à court et à long terme. Alors que Swengel (1996) a constaté que le feu avait des effets dévastateurs pour l’hespérie de Poweshiek, Swengel et Swengel (1999) ont noté qu’elle réagissait de façon variable au brûlage dirigé. Selon les endroits, elle était tantôt plus abondante, tantôt moins abondante dans les prairies brûlées que dans celles qui n’avaient connu aucune intervention récente ou qui avaient été fauchées. Dans la RPHH, l’hespérie de Poweshiek atteignait son abondance maximale dans les sites brûlés quatre à huit ans plus tôt, tandis qu’elle était peu abondante dans les sites brûlés dix ans plus tôt et souvent absente dans les sites (J. Dupont et R. Westwood, données inédites) qui avaient été brûlés moins de trois ans plus tôt et qui avaient déjà abrité l’espèce (Webster, 2002).

Le brûlage dirigé et les feux de friche constituent pour plusieurs raisons une importante menace au rétablissement de l’hespérie de Poweshiek. Premièrement, la population canadienne est extrêmement petite (peut-être moins de 5 000 individus en 2010), très isolée de la population des États-Unis la plus proche et relativement fragmentée. Elle est, par conséquent, plus vulnérable aux impacts du feu, car il ne reste que quelques populations locales pour recoloniser les zones de prairie brûlées. La recolonisation naturelle des zones récemment brûlées est cependant limitée par le vol peu puissant et la faible capacité de dispersion de l’espèce (Selby, 2005). En outre, les chenilles de l’hespérie de Poweshiek passent l’hiver dans la litière et sont, de ce fait, vulnérables aux effets du feu durant cette période si la couche de litière est éliminée par le feu (Selby, 2005).

De façon générale, pour la conservation des espèces de papillons associées aux prairies, certaines pratiques de gestion moins invasives comme la fenaison, le fauchage ou le pâturage de faible intensité par le bétail se sont révélées plus efficaces que le brûlage dirigé effectué en rotation (Swengel, 1998a; Swengel et Swengel, 2001; Swengel et Swengel, 2007). L’application de lignes directrices comme celles proposées par Moffat et McPhillips (1993) et Swengel (2001) peut contribuer à réduire la menace que pose le brûlage dirigé pour l’hespérie de Poweshiek. Il est notamment recommandé de restreindre la superficie du brûlage dirigé à 20 % de l’habitat occupé, tout au plus, par année donnée et sa fréquence à une fois tous les cinq ans, tout au plus, afin de permettre à la population de se rétablir pleinement entre chaque feu (Swengel, 1996; Vogel, 2010). La création de refuges jamais brûlés dans les paysages gérés par le feu est considérée comme une stratégie utile à la conservation des espèces rares spécialistes des prairies (Swengel et Swengel, 2007). Des études visant à évaluer les effets du brûlage dirigé sur le rétablissement à court et à long terme et l’abondance des populations nordiques de l’hespérie de Poweshiek sont en cours à la RPHH (Westwood, 2010).

Surpâturage prolongé ou chronique

Les espèces de papillons associées aux prairies semblent vulnérables aux effets du surpâturage prolongé ou chronique (McCabe et Post, 1977; Royer et Marrone, 1992 a, b; Royer et Royer, 1998). Le bétail peut avoir des impacts directs pour ces espèces et même éliminer des populations locales en consommant des plantes portant des œufs ou des chenilles ou en éliminant des ressources essentielles comme les plantes nectarifères ou les plantes hôtes des chenilles. Le surpâturage peut causer une dégradation de la qualité de l’eau, modifier la structure des sols et altérer la structure et la composition des communautés végétales (Hamel et al., 2006) et faire en sorte que des habitats jusque-là convenables ne conviennent plus aux espèces qui s’y trouvaient. Le pâturage par le bétail peut donc réduire la qualité et la fonctionnalité de l’habitat si son intensité, sa fréquence et sa durée sont excessives. Une étude réalisée aux États-Unis a révélé que l’hespérie de Poweshiek était beaucoup moins abondante dans les prairies qui avaient été broutées par le bétail que dans celles qui avaient été laissées intactes ou qui avaient été exploitées pour le fourrage (Swengel et Swengel, 1999). Dana (1997) a également observé dans des prairies soumises à un surpâturage prolongé que des graminées exotiques comme le pâturin des prés (Poa pratensis) et le brome inerme (Bromus inermis) pouvaient devenir les principales espèces ou même les espèces dominantes et occasionner une diminution du nombre d’espèces indigènes et de la diversité végétale. Dans la RPHH, aucune hespérie de Poweshiek n’a été observée dans les sites soumis à un surpâturage, mais l’espèce était présente en faible densité dans les sites soumis à un pâturage modéré, mais non brûlés au cours des cinq années précédentes (Dupont, 2010).

Le pâturage n’a pas toujours des effets néfastes. Dans la prairie à herbes hautes, un pâturage rotatif de faible intensité peut avoir des effets bénéfiques en empêchant la succession et en préservant la structure de la végétation (Dana, 1997). À faible intensité, le pâturage n’est pas considéré comme une menace pour la survie à long terme de l’hespérie de Poweshiek si de l’habitat non brouté se trouve à proximité immédiate (Selby, 2005).

Succession

Les prairies non exposées à des perturbations comme le pâturage, le fauchage ou le brûlage peuvent se transformer graduellement en arbustaies, favoriser l’accumulation de litière au sol, entraîner la raréfaction des sources de nectar et être plus susceptibles d’être envahies par des espèces exotiques (McCabe, 1981; Dana, 1991; Dana, 1997). Compte tenu des effets néfastes que le brûlage dirigé peut avoir sur les hespéries de Poweshiek dans la RPGG et de la menace que constitue la non-gestion des prairies pour la flore et la faune indigènes, un fauchage tardif réalisé à la fin de l’été ou en automne ou un brûlage dirigé pratiqué à plus petite échelle au début du printemps pourrait être la meilleure façon de prévenir la succession (COSEPAC, 2003). Selon McCabe (1981), qui a étudié l’hespérie du Dakota dans le Dakota du Nord, un fauchage effectué en octobre ne devrait pas avoir d’impact négatif apparent sur la flore et la faune des prairies à herbes hautes. De plus amples recherches s’imposent pour trouver des façons de gérer la succession dans la RPGG sans nuire à l’hespérie de Poweshiek.

Fenaison

La fenaison peut avoir des effets positifs ou négatifs sur les populations de l’hespérie de Poweshiek selon le moment de l’année où elle est réalisée. Aux États-Unis, Swengel et Swengel (1999) ont constaté que l’espèce était aussi abondante dans des sites n’ayant connu aucune intervention que dans des sites exploités pour le fourrage. Les activités de fauchage ou de fenaison exercées avant ou pendant la période de vol de l’hespérie peuvent entraîner l’élimination de sources de nectar essentielles et favoriser la croissance de graminées exotiques comme le pâturin des prés (McCabe, 1981; Royer et Marrone, 1992b; Dana, 1997; Swengel, 2001). Ces changements peuvent provoquer la disparition d’espèces d’hespéries spécialistes des prairies.

En revanche, le fauchage tardif (entre septembre et octobre) a moins d’effets négatifs et peut même être bénéfique pour certaines espèces de papillons associées aux prairies (McCabe, 1981; Swengel et Swengel, 1999; Swengel, 2001). Dans trois États, l’hespérie du Dakota, une autre espèce spécialiste des prairies, était beaucoup plus abondante dans les prairies qui avaient été fauchées à l’automne que dans celles qui n’avaient connu aucune intervention ou qui avaient été broutées ou brûlées (Swengel et Swengel, 1999). Pour sa part, l’hespérie de Poweshiek était aussi abondante dans les prairies fauchées que dans celles qui n’avaient connu aucune mesure de gestion. Ces observations semblent indiquer que la fenaison a des effets bénéfiques pour cette espèce en empêchant la succession et en favorisant le maintien à long terme de la flore indigène. Effectué à la fin de l’été ou à l’automne, le fauchage prévient ou ralentit la succession dans les prairies au même titre que le feu, mais ses effets sont moins néfastes pour l’hespérie de Poweshiek (McCabe, 1981).

Autres menaces

Plusieurs autres facteurs comme l’altération des processus hydrologiques naturels, l’invasion des prairies par des plantes exotiques, l’utilisation de pesticides, les changements climatiques et les intempéries sont considérés comme des menaces potentielles pour la population canadienne d’hespéries de Poweshiek (Selby, 2005; COSEPAC, 2006). Ces menaces sont peu connues à l’heure actuelle, et de plus amples recherches s’imposent pour déterminer leur impact sur la population canadienne.

L’altération des processus hydrologiques naturels est considérée dans le présent programme de rétablissement comme une menace potentielle pour la population canadienne d’hespéries de Poweshiek. Ces hespéries, comme nombre d’autres espèces associées à la prairie à herbes hautes (p. ex. platanthère blanchâtre de l’Ouest [Platanthera praeclara]), sont adaptées aux inondations saisonnières qui se produisent fréquemment en raison du faible relief et du faible drainage de la région. Divers mécanismes comme la canalisation des rivières et ruisseaux naturels et l’aménagement de réseaux de fossés de drainage et de bermes ont été utilisés dans la région pour détourner rapidement ou contenir les eaux de ruissellement ou réduire les crues (Hamel et al., 2006). L’aménagement et l’entretien des infrastructures de drainage peuvent altérer considérablement l’écoulement naturel des eaux de surface et rendre certaines régions plus sèches et moins mésiques. Avec le temps, ces changements peuvent à leur tour modifier localement la structure de la végétation et influer sur l’abondance des espèces qui la composent. Selon Hamel et al. (2006), l’altération des processus hydrologiques naturels représente une menace future pour les écosystèmes de prairies à herbes hautes et de milieux humides de la plaine lacustre. Au Manitoba, des projets à grande échelle de rectilinéarisation du chenal des cours d’eau, de drainage des terres ou de retenue des eaux se poursuivent toujours (Hamel et al., 2006).

L’invasion des prairies par les plantes exotiques est une autre menace potentielle pour l’hespérie de Poweshiek (Selby, 2005; COSEPAC, 2006), mais son ampleur est inconnue. L’euphorbe ésule (Euphorbia esula), la salicaire commune (Lythrum salicaria), le pâturin des prés, l’agropyre à crête (Agropyron cristatum), le mélilot (Melilotus spp.) et le brome inerme constituent des menaces graves pour les vestiges d’habitats de prairies indigènes en Amérique du Nord (Selby, 2005). Une fois qu’elles ont envahi un site, les espèces exotiques peuvent éliminer les espèces indigènes essentielles pour l’hespérie de Poweshiek et rendre l’habitat non convenable pour cette dernière. La salicaire commune est présente dans la RPHH, mais elle se trouve principalement dans les fossés, un type d’habitat qui ne convient pas à l’hespérie de Poweshiek (J. Dupont, comm. pers., 2010).

L’épandage d’insecticides aux fins de lutte contre les ravageurs agricoles peut causer indirectement la mort d’insectes non ciblés comme les hespéries (Royer et Marrone, 1992b). De plus, la lutte chimique contre des mauvaises herbes comme l’euphorbe ésule peut entraîner la disparition de plantes nectarifères importantes et pourrait avoir causé la disparition de l’hespérie du Dakota dans plusieurs sites du Dakota du Nord (Royer et Marrone, 1992b). L’ampleur de la menace que pose la lutte contre les ravageurs pour les habitats de prairies à herbes hautes et l’hespérie de Poweshiek au Manitoba est inconnue.

Du fait de sa petite taille et de son caractère localisé, la population canadienne d’hespéries de Poweshiek est vulnérable aux conditions météorologiques extrêmes, en particulier aux hivers rigoureux, aux gels tardifs, aux saisons de croissance inhabituellement fraîches et humides ou aux sécheresses qui peuvent potentiellement causer la disparition de populations entières (Selby, 2005). Des études ont montré que les intempéries peuvent avoir un impact important sur la taille de la population de ce papillon (Pollard et Yates, 1993). L’évolution des conditions météorologiques et les changements climatiques pourraient en outre altérer la structure et la phénologie des communautés végétales et ainsi compromettre la survie et la reproduction de l’hespérie de Poweshiek si les sources de nectar dont elle dépend venaient à manquer durant sa période de vol.

L’hespérie de Poweshiek se trouve actuellement dans la RPHH et les terres avoisinantes, dans le sud-est du Manitoba, et sa population est estimée à moins de 5 000 individus. Comme chez la plupart des espèces de lépidoptères, la taille de la population de l’hespérie de Poweshiek subit naturellement des fluctuations considérables d’une année à l’autre, et il apparaît donc peu pertinent d’établir un objectif numérique pour la population aux fins de la planification de la conservation. En revanche, l’établissement d’objectifs relatifs à la répartition est une approche plus utile pour la planification du rétablissement de cette espèce.

Les objectifs en matière de population et de répartition établis pour l’hespérie de Poweshiek au Canada consistent à assurer, dans la RPHH et ses environs, dans le sud du Manitoba, l’existence d’une population autosuffisante dans les sites reconnus comme étant occupés lors des relevés effectués en 2002 et entre 2008 et 2010 et dans tout autre site éventuel restant à découvrir.

Compte tenu de la répartition actuelle de la prairie indigène à herbes hautes humide-mésique au Canada, il n’y a pas lieu de croire que l’hespérie puisse un jour devenir abondante et commune au Canada.

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Des relevés ciblant l’hespérie de Poweshiek et d’autres espèces d’hespéries rares ont été effectués au cours des dix dernières années dans la RPHH et ses environs, dans la région d’Interlake et dans le sud-ouest du Manitoba (COSEPAC, 2003; Mordenm, 2006; Webster, 2007; Bates, 2007; Dupont, 2010; Westwood, 2010). L’hespérie de Poweshiek était commune dans la RPHH durant ces relevés, mais elle n’a pas été observée ni dans la région d’Interlake ni dans le sud-ouest du Manitoba. Les conditions de l’habitat dans la RPHH ont été évaluées pour l’hespérie du Dakota, qui était historiquement présente dans la réserve (Morden, 2006; Bates, 2007). La santé de l’habitat a été évaluée d’après divers paramètres (composition floristique globale, richesse, diversité et abondance relative des espèces végétales et espèces de lépidoptères associées) (R. Westwood, données inédites). De nombreux renseignements fort précieux ont ainsi été amassés sur la composition des communautés végétales dans les principaux sites occupés par l’hespérie de Poweshiek dans la RPHH.

L’hespérie de Poweshiek fait actuellement l’objet de plusieurs études dans la RPHH. Ces travaux portent sur les effets du brûlage et des régimes de pâturage sur l’habitat et l’abondance de l’hespérie, ainsi que sur la capacité de dispersion de l’espèce et son utilisation de l’habitat (Dupont, 2010; Westwood, 2010).

Tableau 1. Tableau de planification du rétablissement. Les activités sont classées comme suit : priorité élevée = intervention prioritaire; priorité moyenne = intervention requise pour évaluer et encadrer les mesures de conservation; priorité faible = intervention utile pour accroître les connaissances sur l’espèce, mais non prioritaire.
Menace ou facteur limitatif Priorité Description générale des approches de recherche et de gestion
Stratégie générale : inventaire et suivi
Tous Élevée
  • Recueillir des données de base précises sur la répartition, la taille et les tendances connexes de la population d’hespéries de Poweshiek au Canada.
  • Continuer d’effectuer un suivi de la population afin de déterminer les facteurs potentiellement responsables des déclins de la population.
Stratégie générale : recherche
Brûlage dirigé et feux de friche; surpâturage prolongé ou chronique; succession; fenaison Élevée
  • Déterminer les caractéristiques de l’habitat importantes pour l’hespérie de Poweshiek, y compris les principales plantes hôtes des chenilles et des adultes ainsi que les propriétés des sols et de la végétation.
  • Réaliser des études afin de déterminer les effets des différentes pratiques de gestion de la prairie (p. ex. feu, pâturage, fenaison et fauchage) et du moment de l’application de ces pratiques sur la survie et l’abondance de l’hespérie de Poweshiek.
Stratégie générale : gestion et intendance de l’habitat
Conversion de la prairie indigène; brûlage dirigé et feux de friche; surpâturage prolongé ou chronique; succession; fenaison Élevée

Moyenne
  • Élaborer des lignes directrices efficaces liées à la conservation et des pratiques exemplaires de gestion pour l’hespérie de Poweshiek.
  • Favoriser la mise en place de projets d’intendance afin de protéger de l’habitat important actuellement non protégé.
Stratégie générale : communication, sensibilisation et éducation
Conversion de la prairie indigène; brûlage dirigé et feux de friche; surpâturage prolongé ou chronique; succession; fenaison Faible
  • Informer le public sur les espèces de papillons des prairies indigènes et l’écosystème de prairie à herbes hautes.
  • Inciter les propriétaires fonciers à adopter des pratiques de gestion des terres bénéfiques pour l’hespérie de Poweshiek qui favorisent la conservation de l’écosystème de prairie à herbes hautes.

Inventaire et suivi

Des relevés de plus grande ampleur s’imposent pour estimer de façon plus précise la taille et les tendances de la population d’hespéries de Poweshiek et sa répartition exacte au Canada. Des estimations préliminaires et approximatives de la population ont été proposées par R. Webster (COSEPAC, 2003) et Dupont (2010), mais ces estimations sont fondées sur des relevés incomplets. Il faut donc étendre les relevés aux parcelles de terres encore non examinées dans la RPHH et ses environs et à d’autres sites en apparence convenables comme le pâturage communautaire Gardenton, l’aire de gestion de la faune de Stuartburn et d’autres vestiges importants de prairies à herbes hautes dans le sud du Manitoba. La poursuite des activités de suivi de la population d’hespéries de Poweshiek à la RPHH devrait aider à déterminer si les récents déclins des effectifs s’inscrivent dans le cadre d’un cycle naturel ou s’ils sont plutôt la manifestation d’un phénomène généralisé à l’échelle de l’aire de répartition de l’espèce. La poursuite de ces activités est également nécessaire pour évaluer l’efficacité des diverses pratiques de gestion des terres et des mesures de conservation mises en place.

Recherche

Le cycle vital de l’hespérie de Poweshiek, en particulier celui de la population qui se trouve dans le Nord du Canada, est mal connu à bien des égards. Une meilleure compréhension des besoins de l’espèce aux différentes étapes de son cycle vital permettra d’accroître l’efficacité des relevés et des activités de suivi de la population. Il faut également déterminer les caractéristiques de l’habitat importantes pour l’hespérie de Poweshiek, dont les plantes hôtes préférées des chenilles et des adultes. Grâce à cette information, il pourrait être plus facile de répertorier de l’habitat convenable additionnel actuellement inoccupé qui pourrait être conservé pour favoriser l’expansion naturelle de la population ou procéder à d’éventuelles tentatives de réintroduction. Il faut également s’employer à évaluer les effets de diverses pratiques de gestion de l’habitat (brûlage dirigé, fenaison, pâturage) sur la survie, la productivité, la viabilité et la dispersion de l’hespérie de Poweshiek.

Dans la mesure du possible, les chercheurs canadiens devraient collaborer avec leurs homologues des États-Unis, en particulier ceux du Dakota du Nord et du Minnesota, afin de coordonner et d’harmoniser les activités de recherche et de rétablissement. Une telle collaboration apparaît d’autant plus utile qu’il est difficile de savoir comment combler toutes lacunes dans les connaissances susmentionnées, notamment celles qui ont trait à la survie, au succès de reproduction, à la viabilité de la population, à la dispersion et aux facteurs influant sur les fluctuations de population, en se fondant exclusivement sur l’unique population canadienne.

Gestion et intendance de l’habitat

Il faut élaborer et mettre en place des pratiques de gestion bénéfiques pour maintenir l’intégrité de la végétation de la prairie à herbes hautes sans nuire à l’hespérie de Poweshiek. Des lignes directrices de conservation ont été élaborées récemment pour l’hespérie de Poweshiek aux États-Unis. Ces lignes directrices sont décrites brièvement par Selby (2005). Il convient également d’évaluer les effets des pratiques courantes de gestion des terres (brûlage dirigé, fenaison et pâturage) sur les différents stades de développement de l’hespérie de Poweshiek et sur l’ensemble de son habitat. De façon globale, il faut évaluer les pratiques courantes de gestion des terres aux sites occupés et élaborer et appliquer des lignes directrices efficaces destinées à assurer la conservation de l’hespérie de Poweshiek.

Comme une partie de la population canadienne se trouve sur des terres qui ne sont pas gérées dans une optique de conservation, il convient d’adopter une approche d’intendance faisant appel à la coopération volontaire des propriétaires fonciers et des gestionnaires des terres. Cette approche pourrait prendre la forme d’accords d’intendance, de servitudes de conservation ou d’engagements en matière de protection des terres respectant les pratiques exemplaires de gestion.

Communication, sensibilisation et éducation

Des activités d’éducation et de communication s’imposent pour promouvoir l’intégration des besoins liés au rétablissement de l’hespérie de Poweshiek au processus de planification de l’utilisation des terres. Il faut élaborer un plan de communication pour sensibiliser davantage le public et les principaux intervenants à la situation de l’hespérie de Poweshiek. Dans une perspective d’utilisation optimale des ressources disponibles, ce programme de sensibilisation devrait être plurispécifique et étendu à d’autres espèces de lépidoptères et d’espèces associées aux prairies à herbes hautes.

Le paragraphe 2(1) de la Loi sur les espèces en péril définit l’habitat essentiel comme l’« habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ».

Les quarts de section contenant de l’habitat essentiel de l’hespérie de Poweshiek ont été désignés comme faisant partie de l’habitat essentiel de l’espèce si les deux critères suivants étaient satisfaits :

  1. au moins quatre adultes ont été observés dans le quart de section au cours d’une année donnée depuis 2002, soit depuis la réalisation du premier relevé visant l’espèce;

  2. le site est de l’habitat de prairie à herbes hautes humide-mésique qui abrite des plantes nectarifères et des plantes hôtes des chenilles.

L’habitat essentiel de l’hespérie de Poweshiek a été désigné de façon partielle dans le présent programme de rétablissement dans 13 quarts de section (annexe B). Les quarts de sections comportant des portions d’habitat essentiel sont énumérés à l’annexe C. Cette zone englobe 62 % des quarts de section connus où des hespéries de Poweshiek ont été observées ou récoltées et contiendrait 99 % de la population connue à ce jour au Canada. À l’intérieur de ces quarts de section, l’habitat essentiel correspond à la prairie à herbes hautes humide-mésique abritant des espèces végétales importantes pour l’espèce (voir la section 3.3 traitant des besoins de l’espèce). Sont exclus de l’habitat essentiel de l’hespérie de Poweshiek l’habitat non convenable comme les arbustaies, les forêts, les marais et les plans d’eau, ainsi que les composantes structurales anthropiques existantes comme les routes, les sentiers, les clôtures et les structures.

L’habitat essentiel désigné dans le présent programme de rétablissement est nécessaire à la survie et au rétablissement de l’hespérie de Poweshiek au Canada. Toutefois, de plus amples travaux s’imposent pour désigner de l’habitat essentiel additionnel nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition établis aux fins du rétablissement de l’espèce. Les études recommandées pour la désignation de l’habitat essentiel additionnel sont énumérées dans la section 7.2. De l’habitat essentiel additionnel sera désigné dans un plan d’action une fois que de nouveaux renseignements auront été recueillis.

Comme il se peut que d’autres propriétés situées dans la RPHH, ses environs et dans le sud du Manitoba comportent de l’habitat additionnel et des hespéries, d’autres relevés s’imposent pour évaluer ces sites. Il faut également identifier les plantes qui sont utilisées par l’espèce aux stades adulte et larvaire. Cette information facilitera la définition des caractéristiques de l’habitat essentiel de l’espèce et la désignation de l’habitat essentiel additionnel.

Tableau 2. Calendrier des études nécessaires pour désigner de l’habitat essentiel additionnel de l’hespérie de Poweshiek.
Description de l’activité Justification Échéancier
Inventorier l’habitat occupé et potentiellement occupé et en faire le suivi.
  • Élaborer des modèles du caractère convenable de l’habitat fondés sur les caractéristiques de l’habitat dans les sites connus et utiliser ces modèles pour désigner d’autres sites potentiellement convenables en vue d’y effectuer des relevés.
  • Effectuer des relevés dans les sites répertoriés en vue d’y vérifier la présence éventuelle de l’espèce et, le cas échéant, déterminer la zone d’occupation et la taille de la population durant au moins trois ans.
2011 – 2014
Effectuer des recherches pour quantifier les besoins en matière d’habitat de l’espèce et l’utilisation de l’habitat par cette dernière.
  • Déterminer les besoins en matière d’habitat des adultes et des chenilles et identifier les plantes hôtes de l’espèce.
  • Déterminer la taille optimale des parcelles et évaluer la capacité de dispersion de l’espèce.
2011 – 2014

Le risque de destruction est déterminé au cas par cas. Il y a destruction si une partie de l’habitat essentiel est dégradée, de manière permanente ou temporaire, de telle sorte que celui-ci ne puisse plus remplir les fonctions nécessaires à l’espèce. La destruction peut être causée par une seule activité ou par plusieurs activités en un temps donné ou résulter des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités au fil du temps (Gouvernement du Canada, 2009).

Les activités susceptibles de causer la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce incluent, entre autres :

  1. Conversion de l’habitat de prairie en terres agricoles ou en prairies non indigènes. L’hespérie de Poweshiek a besoin de prairies à herbes hautes humides-mésiques et ne peut survivre dans d’autres types d’habitats où les plantes nectarifères et les plantes hôtes des chenilles ne poussent pas. Le risque de conversion de l’habitat essentiel en terres agricoles est réel, et de nombreuses terres agricoles existent dans la RPHH et ses environs immédiats. La demande pour de nouvelles variétés de semences ou des cultures émergentes pourrait contribuer à accroître ce risque. L’habitat essentiel de l’espèce serait également détruit si la prairie indigène était convertie en prairie non indigène, comme pâturage ou prairie fourragère.

  2. Brûlage dirigé de fréquence, d’intensité et d’échelle excessives. Le brûlage dirigé pratiqué en rotation pour freiner la succession dans les prairies à herbes hautes pourrait entraîner la disparition de l’hespérie de Poweshiek si son intensité, sa fréquence et son échelle sont excessives. D’après des recherches portant sur des espèces de papillons vulnérables au feu et les recommandations courantes relatives à la gestion de l’hespérie de Poweshiek (Westwood, 2010), le brûlage dirigé devrait être pratiqué en respectant un intervalle minimal permettant le rétablissement complet de la population entre chaque feu. D’après la meilleure information accessible, cet intervalle devrait s’établir à cinq ans. Cette recommandation pourrait changer si des renseignements plus précis devenaient disponibles.

  3. Altération des processus hydrologiques naturels. Les inondations intentionnelles, le drainage des terres, la rectilinéarisation des cours d’eau et/ou les projets de retenue des eaux peuvent altérer considérablement l’écoulement naturel des eaux de surface (et possiblement des eaux souterraines) à l’échelle du paysage et ainsi rendre de l’habitat non disponible ou non convenable (trop humide ou trop sec) pour l’hespérie. L’humidité du sol a un impact direct sur la composition floristique et l’abondance des plantes nectarifères et des plantes hôtes des chenilles. En conséquence, tout projet susceptible de modifier l’hydrologie naturelle de la région au point d’empêcher l’habitat d’exercer sa fonction pour l’hespérie de Poweshiek doit être considéré comme causant la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce.

  4. Surpâturage. Le pâturage prolongé et intensif par le bétail peut entraîner l’élimination des plantes hôtes des adultes et des chenilles qui sont vitales pour l’espèce et ainsi détruire l’habitat essentiel. À long terme, le surpâturage peut dégrader l’habitat au point où la structure de la végétation et les communautés végétales ne satisfont plus aux besoins de l’hespérie de Poweshiek en matière d’habitat.

  5. Gestion inadéquate des prairies. La succession peut entraîner une raréfaction des plantes hôtes des adultes et des chenilles et une réduction de leur productivité et, avec le temps, l’altération et la destruction de l’habitat essentiel de l’hespérie de Poweshiek. Les activités de gestion des terres qui favorisent la succession doivent être considérées comme causant la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce.

  6. Introduction délibérée d’espèces envahissantes ou création de conditions favorisant leur prolifération. Les espèces envahissantes peuvent réduire l’humidité du sol et livrer une compétition agressive concernant les ressources en plantes nectarifères ou en plantes hôtes des chenilles qui sont importantes pour l’hespérie de Poweshiek. Une fois établies, ces espèces peuvent déplacer les plantes hôtes et entraîner la destruction de l’habitat essentiel de l’hespérie. L’introduction délibérée d’une espèce exotique envahissante peut résulter du rejet intentionnel de balles de fourrage contenant des graines viables de cette espèce ou de l’ensemencement de cette espèce dans un secteur perturbé de l’habitat essentiel où celle-ci n’était pas présente.

L’indicateur de performance énoncé ci-dessous servira de repère pour évaluer les progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Les progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du présent programme de rétablissement seront évalués d’après des indicateurs qui seront précisés dans un plan d’action à venir.

Un plan d’action visant l’hespérie de Poweshiek sera élaboré d’ici décembre 2015. Ce plan d’action pourrait adopter une approche plurispécifique afin de favoriser le rétablissement des nombreuses espèces de l’écosystème de la prairie à herbes hautes exposées à des menaces communes et nécessitant des mesures de gestion similaires.

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Borkin, Susan (mars 2007) – Directrice, Research Support Services,
Milwaukee Public Museum

Dana, Robert (janvier 2007)- Écologiste des prairies
Minnesota Department of Natural Resources, Natural Heritage and Nongame Research Program

Dupont, Jaimée (novembre 2010)
Université de Winnipeg

Foster, Cathy (janvier 2007) – Botaniste chargée de projet,
Centre de données sur la conservation du Manitoba

Murray, Kathy (janvier 2007) – Technicienne de la prairie mixte,
Conservation Manitoba, Direction de la protection de la faune et des écosystèmes

Selby, Gerald (janvier 2007)
Ecological and GIS Services

Webster, Reginald (janvier 2007) - Entomologiste

Watkins, William (janvier 2007) - Zoologiste
Centre de données sur la conservation du Manitoba

La Réserve des prairies à herbes hautes du Manitoba est un partenariat entre des organismes de conservation non gouvernementaux, le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et les résidants du sud-est du Manitoba. Parmi les partenaires se trouvent Conservation Manitoba, Nature Manitoba (connue auparavant sous le nom de Manitoba Naturalists Society), la Société protectrice du patrimoine écologique du Manitoba, Environnement Canada, le comité consultatif local de la Réserve des prairies à herbes hautes du Manitoba et Conservation de la nature Canada. Depuis sa création en 1988, plus de 3 000 hectares (5 000 acres) de prairie indigène, de milieux humides et d’habitat de forêts ont été acquis et font l’objet d’un certain niveau de protection. Ces terres sont gérées de manière à préserver leur biodiversité par différentes techniques, comme le brûlage dirigé et le fauchage, visant à conserver les communautés de plantes indigènes et à lutter contre l’envahissement par les espèces exotiques et ligneuses.

Un comité de gestion, composé de représentants de chacun des organismes membres, est chargé des tâches quotidiennes suivantes liées à la gestion de la Réserve : recommander des programmes et des priorités stratégiques pour la Réserve; élaborer et mettre en œuvre un plan de travail annuel concernant la gestion de la Réserve; mettre en oeuvre un plan de gestion détaillé, à long terme, pour la Réserve; faciliter la recherche de fonds pour la gestion de la Réserve; approuver les propositions et les plans de financement pour des projets qui contribuent à la vision et à l’atteinte des buts et des objectifs à long terme de la Réserve; évaluer annuellement l’efficacité des programmes et des activités menés dans la Réserve et recommander les modifications nécessaires pour favoriser l’atteinte des objectifs à long terme de la Réserve.

Les décisions de gestion sont fondées sur un plan de gestion approuvé (Moore et Fortney, 1994). L’un des huit objectifs particuliers énoncés dans le plan de gestion consiste à élaborer des mesures de protection et de mise en valeur des espèces en péril occupant les prairies à herbes hautes. Diverses techniques de gestion, ainsi que des lignes directrices pour leur mise en œuvre et leur évaluation, sont décrites dans le plan.

Annexe B – Carte montrant l’emplacement des 13 quarts de section qui comprennent un habitat essentiel à l’intérieur et à proximité de la zone de gestion de l’aire de conservation des prairies à herbes hautes, avec des renseignements sur les propriétés foncières.

Remarque: De l’habitat essential existe dans les quarts de section indiqués comme étant ‘’habitat essentiel’’, tel que décrit dans la section 7.1 – Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce.

Province Quart Section Canton Fourchette Méridien Propriété
Manitoba NO 30 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba NE 30 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 31 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SE 32 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 32 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba NO 32 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 33 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba NO 33 1 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 36 1 5 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 4 2 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SE 14 2 5 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 23 2 6 E1 Terres non fédérales
Manitoba SO 24 2 6 E1 Terres non fédérales

L’hespérie de Poweshiek utilise uniquement les prairies à herbes hautes indigènes. Les mesures mises en place pour assurer sa conservation contribueront au maintien des vestiges de cet écosystème rare. Six espèces de plantes vasculaires, trois espèces d’invertébrés, cinq espèces d’oiseaux et une espèce d’amphibien toutes considérées comme étant en péril à l’échelle nationale ou provinciale ont été observées dans la région qui se trouve autour des municipalités rurales de Stuartburn et de Franklin, dans le sud-est du Manitoba. Les relevés visant l’hespérie de Poweshiek effectués dans la Réserve des prairies à herbes hautes y ont confirmé la présence de 21 espèces de papillons (COSEPAC, 2003).

Espèces désignées en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) fédérale ou de la Loi sur les espèces en voie de disparition (LEVD) du Manitoba présentes dans le sud-est du Manitoba

Espèces Statut en vertu de la LEP Statut en vertu de la LEVD du Manitoba
Plantes vasculaires
Platanthère blanchâtre de l’Ouest (Platanthera praeclara) En voie de disparition En voie de disparition
Cypripède blanc (Cypripedium candidum) En voie de disparition En voie de disparition
Aster soyeux (Symphyotrichum sericeum) Menacée Menacée
Verge d’or de Riddell (Solidago riddellii) Préoccupante Menacée
Spiranthe des Grandes Plaines (Spiranthes magnicamporum) Non évaluée En voie de disparition
Véronique de Virginie (Veronicastrum virginicum) Non évaluée Menacée
Invertébrés
Hespérie du Dakota (Hesperia dacotae) Menacée Menacée
Hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) Menacée Non inscrite
Monarque (Danaus plexippus) Préoccupante Non inscrite
Oiseaux
Râle jaune (Coturnicops noveboracensis) Préoccupante Candidate à l’inscription
Engoulevent d’Amérique (Chordeiles minor) Menacée Non inscrite
Petit Blongios (Ixobrychus exilis) Menacée Non inscrite
Goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus) Candidate à l’inscription Non inscrite
Paruline à ailes dorées (Vermivora chrysoptera) Menacée Non inscrite
Amphibien
Grenouille léopard (Lithobates pipiens), population des Prairies Préoccupante Non inscrite

1 Le Système d’arpentage des terres du Canada (McKercher et Wolfe, 1986) est le système de quadrillage utilisé dans les provinces des Prairies pour préciser l’emplacement des terres. Une unité de ce système, le quart de section (65 ha), est particulièrement utile aux fins de détermination de la propriété et de gestion. Cette unité est utilisée dans le présent programme de rétablissement pour préciser l’emplacement de l’habitat essentiel de l’hespérie de Poweshiek.

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