Sébaste canari (Sebastes pinniger) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Sébaste canari
Sebastes pinniger

Information sur l’espèce

Le sébaste canari (Sebastes pinniger) (en anglais, le canary rockfish) est l’une des 102 espèces du genre Sebastes, dont au moins 36 espèces sont présentes dans les eaux de la Colombie-Britannique. Dans ces eaux, le sébaste canari fait l’objet d’une gestion en deux stocks principaux : un stock du sud, ou de la côte ouest de l’île de Vancouver, et un stock central, ou du détroit de la Reine-Charlotte, au nord de l’île de Vancouver. Bien qu’il semble exister une frontière biogéographique à l’extrémité nord de l’île de Vancouver pouvant faire office de ligne de démarcation entre les populations du nord et du sud, le présent rapport traite le sébaste canari comme une seule unité désignable dans les eaux de la Colombie-Britannique. Selon les pêcheurs, le sébaste canari est abondant dans les régions plus au nord, en particulier au large de la côte ouest des îles de la Reine-Charlotte, mais la quantité de captures dans ces régions est limitée par le manque de fonds chalutables. La population de la Colombie-Britannique chevauche probablement en partie les populations des États-Unis.

 

Répartition

L’aire de répartition du sébaste canari s’étend depuis le détroit de Shelikof, dans l’ouest du golfe d’Alaska, jusqu’au nord de la Basse-Californie. Les populations sont plus abondantes entre la Colombie-Britannique et le nord de la Californie. Elles sont largement réparties dans les eaux côtières et du plateau continental de la Colombie-Britannique.

 

Habitat

Les larves et les juvéniles pélagiques de l’espèce évoluent dans les 100 m supérieurs de la colonne d’eau pendant les trois à quatre mois suivant la naissance vivante (la parturition), et se déplacent ensuite vers un habitat benthique. Les adultes occupent généralement les fonds rocheux, à une profondeur de 70 à 270 m, sur le plateau continental. Le sébaste canari est une espèce marine et sublittorale; au Canada, la totalité de l’habitat se trouve donc dans les eaux fédérales. La plupart de ces eaux sont actuellement exploitées par des pêcheurs commerciaux, récréatifs et autochtones.

 

Biologie

La longueur, le poids et l’âge maximaux observés chez le sébaste canari dans les eaux de la Colombie-Britannique sont respectivement de 68 cm, 5,7 kg et 84 ans. Le poids moyen des échantillons de la pêche commerciale est de 2,03 kg. Le sébaste canari devient exploitable à l’âge de cinq ans, et est entièrement recrutévers l’âge de 13 ou 14 ans. Le taux instantané de mortalité naturelle (M) chez les mâles et les jeunes femelles est d’environ 0,06. Chez les femelles, le M semble augmenter avec l’âge, le taux global moyen tous âges confondus étant de 0,09. La femelle atteint 50 p. 100 de la maturité à l’âge de 13 ans, et le mâle, vers 7 ou 8 ans. La durée de génération est de 20 à 30 ans.

Les juvéniles pélagiques se nourrissent d’une variété d’espèces planctoniques. Les adultes et les subadultes se nourrissent principalement de krill et de petits poissons. Parmi les prédateurs importants de l’espèce figure probablement la morue-lingue (Ophiodon elongatus). Comme tous les sébastes, le sébaste canari a une vessie natatoire physocliste et meurt généralement après avoir été remis en mer à la suite d’une capture de routine. Des études de marquage menées en Oregon ont révélé que quelques individus peuvent parcourir plus de 100 km. Les prises au chalut indiquent une migration verticale saisonnière, entre une profondeur de 160 à 210 m à la fin de l’hiver et une profondeur de 100 à 170 m à la fin de l’été. Le rôle et l’importance du sébaste canari dans son écosystème n’ont pas été étudiés.

 

Taille et tendances des populations

Des relevés et les prises commerciales indiquent une abondance actuelle d’au moins plusieurs millions d’adultes. Dans la partie sud de l’aire de répartition canadienne de l’espèce, le relevé triennal au chalut de fond des États-Unis (de 1980 à 2001) indique un déclin de 96 p. 100. Un relevé des crevettes au chalut mené sur une longue période (de 1975 à 2006) au large de la côte ouest de l’île de Vancouver indique une grande variabilité dans les taux de prise, mais aussi un important déclin de 78 p. 100 durant la période. Les taux de prise de la pêche commerciale au chalut de fond dans cette région semblent stables depuis 1996. Toujours pour cette même région, les données sur l’âge montrent peu de tendances à long terme dans l’âge moyen des femelles, mais une baisse de l’âge moyen des mâles de 1980 à 1990, tendance qui a disparu par la suite. Les estimations de F (taux instantané de mortalité due à la pêche) inférées de l’analyse des données sur les récoltes ne laissent entrevoir aucune surexploitation. Le niveau de la population adjacente aux États-Unis est très faible (de 5 à 10 p. 100 non exploitée), et elle a été désignée comme étant surexploitée en 1999; la pêche ciblée a été fermée dans le cadre d’un plan de repeuplement des stocks.

On ne dispose d’aucune statistique à long terme en ce qui concerne la partie nord de l’aire de répartition canadienne de l’espèce (détroit de la Reine-Charlotte), et les indices disponibles sont considérés comme peu fiables. Deux relevés entrepris récemment indiquent une abondance croissante depuis 1998 et 2003, respectivement. Les taux de prise au chalut semblent stables depuis 1996; les compositions par âge et par taille ne présentent aucun signe de surexploitation. Les pêcheurs signalent depuis longtemps de grandes populations inexploitées du sébaste canari plus au nord, en particulier au large de la côte ouest des îles de la Reine-Charlotte, mais la tendance de ces populations en termes d’abondance est inconnue. La situation des populations dans le nord (Alaska) est inconnue.

Une analyse combinée des deux séries d’indices les plus fiables (relevé triennal des États-Unis et relevé des crevettes de la côte ouest de l’île de Vancouver) montre un déclin de 86 p. 100 sur 30 ans (de 1 à 1,5 génération) dans la partie méridionale de l’aire de répartition canadienne. Les prises signalées correspondent à ce niveau de déclin et aux estimations plausibles de biomasse, ce qui indique que la pêche explique peut-être le déclin. Une diminution du recrutement peut avoir contribué au déclin, mais il n’y a aucune preuve nette que tel ait été le cas.

 

Facteurs limitatifs et menaces

La pêche constitue la principale menace anthropique connue. Les pêches commerciales sont gérées au moyen de quotas de prises qui n’ont presque pas changé dans la plupart des principales zones de pêche depuis le milieu des années 1990, et elles sont bien suivies. La pêche récréative et la pêche autochtone sont moins bien surveillées, mais demeureront probablement négligeables à court terme. Quelques relevés ont été mis en œuvre en Colombie-Britannique depuis 2000 afin d’améliorer le suivi de l’abondance relative. Aux États-Unis, la pêche a peut-être eu une incidence sur l’abondance de l’espèce en eaux canadiennes. Par contre, depuis que le sébaste canari a été déclaré « surexploité » en 1999 dans les eaux allant de l’État de Washington à la Californie, l’effort de pêche et la récolte y ont considérablement diminué.

Les engins de pêche mobiles peuvent avoir une incidence sur l’habitat du sébaste canari, mais les fonds marins occupés par l’espèce sont chalutés depuis trois à six décennies. En outre, le chalutage est limité aux zones centrales depuis l’introduction d’un quota individuel par bateau en 1997. La prospection pétrolière et gazière risque d’avoir des répercussions sur l’habitat, mais elle fait actuellement l’objet d’un moratoire sur la côte britanno-colombienne.

 

Importance de l’espèce

Le sébaste canari revêt une grande importance économique pour la pêche commerciale (récolte de plus de 800 t/an depuis 1995), mais joueun rôle marginal dans la pêche récréative, car il ne fait pas l’objet d’une pêche dirigée. La pêche autochtone est négligeable, mais son importance culturelle est peut-être plus grande que ce que laisse penser l’ampleur de la récolte.

 

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Les captures sont actuellement restreintes dans les pêches commerciales grâce à une variété de mesures de limites des prises, et elles sont bien surveillées. La prise récréative est contrôlée par une limite de prises de « sébastes » et des zones de conservation des sébastes.

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