Léchéa maritime (Lechea maritima) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Léchéa maritime
Lechea maritima

Information sur l’espèce

La léchéa maritime (Lechea maritima) est une plante herbacée vivace de la famille des Cistacées. Les populations canadiennes de l’espèce ont été reconnues comme formant une variété distincte, la variété subcylindrica. Comme il s’agit de la seule variété de L. maritimaà se trouver au Canada, le présent rapport porte sur la situation des populations canadiennes de l’espèce en général et ne fait référence à la variété subcylindrica que si la clarté l’exige. La plante pousse sur les dunes côtières stabilisées. Elle possède une souche ligneuse, qui émet des pousses basales couchées et densément feuillues formant souvent une rosette. Les tiges fructifères sont hautes de (10) 20 à 35 cm, généralement dressées et fortement ramifiées. La plante fleurit du milieu à la fin de l’été et produit des fruits vers la fin de l’été et au début de l’automne. Les fleurs, nombreuses mais peu visibles (de 2 à 4 mm de diamètre), possèdent chacune trois pétales brun rougeâtre qui tombent après peu de temps. Le fruit est une capsule sphérique, longue de 1,8 à 2,1 mm, généralement plus courte que les sépales, s’ouvrant longitudinalement en trois valves jusqu’à la base. La capsule renferme généralement 4 ou 5 graines, lisses, longues de 1 à 1,1 mm, sans mécanisme évident de dispersion. Par rapport à la léchéa intermédiaire (L. intermedia), seule autre espèce de léchéa présente dans l’aire canadienne de la léchéa maritime, les caractères qui permettent le mieux de distinguer la léchéa maritime sont ses graines lisses et la pubescence dense et blanche du dessous des feuilles de ses pousses basales.

 

Répartition

La léchéa maritime n’est pas en péril à l’échelle mondiale et se rencontre principalement le long de la côte atlantique, depuis le Nouveau-Brunswick jusqu’à la Caroline du Nord. Les mentions pour l’Ontario et le Québec ne sont pas fondées et résultent sans doute d’erreurs. La variété subcylindrica est rare à l’échelle mondiale et ne se rencontre que sur la côte est du Nouveau-Brunswick et la côte nord de l’Île-du-Prince-Édouard, et 370 km la séparent de l’occurrence la plus proche du Lechea maritima var. maritima, située dans le sud du Maine. À l’Île-du-Prince-Édouard, la plupart des populations sont réparties sur 41 km de littoral, une seule occurrence se trouvant 54 km plus à l’est. Au Nouveau-Brunswick, les occurrences situées le plus au nord et le plus au sud sont séparées, en ligne droite, par une distance de 87 km. La zone d’occurrence canadienne de l’espèce est de 176 km2 (somme des distances entre les populations extrêmes de l’Île-du-Prince-Édouard et entre celles du Nouveau-Brunswick, multipliée par 1 km de largeur). La zone d’occupation est de 71 km2, si on utilise une grille à mailles de 1 km, ou de 152 km2, si on utilise une grille à mailles de 2 km.

 

Habitat

La léchéa maritime ne pousse que dans les grands systèmes dunaires stabilisés des cordons littoraux, généralement en terrain sec et dégagé. La plante ne semble pas tolérer les parties très mobiles des dunes et pousse habituellement à des endroits relativement abrités, souvent avec un arbuste bas, la hudsonie tomenteuse (Hudsonia tomentosa), espèce fortement indicatrice de l’habitat potentiel de la léchéa maritime. Dans certaines localités, la léchéa maritime pousse sous couvert de pin gris et de pin rouge, sur de vieilles dunes, mais ces populations sont petites et limitées aux endroits où la pinède est la plus clairsemée; il semble donc que cet habitat n’est pas optimal.

 

Biologie

La léchéa maritime est une plante vivace produisant une racine pivotante épaisse et ligneuse, une rosette de pousses basales couchées ainsi que 1 à 5 tiges florifères. La plante se reproduit par les graines, qui sont sans doute principalement dispersées par le vent et l’eau. On suppose que la plante est pollinisée par le vent, mais la pollinisation par les insectes est également possible. On a déjà signalé que les plantes du genre Lechea sont principalement autopollinisées, mais certains cas non confirmés d’hybridation semblent indiquer que la pollinisation peut être croisée. Dans certaines conditions, les plantes encore très petites peuvent se reproduire dès le deuxième été ou peut-être même dès le premier été, mais la plupart des plantes reproductrices semblent beaucoup plus âgées. On ne connaît pas précisément la durée de génération de l’espèce, mais elle semble être ici de 8 à 10 ans.

 

Taille et tendances des populations

Les 15 populations canadiennes ont un effectif estimatif total de 181 000 individus et sont réparties entre 5 régions. Il y a sans doute très peu d’échange génétique entre ces régions. On ne possède aucune information directe sur les tendances à long terme, mais les 5 populations historiques, découvertes de 1892 à 1932, existent toujours. Au moins une des populations a récemment subi de légers déclins liés aux dommages causés par les tempêtes, et la fréquence et la force des tempêtes devraient augmenter avec les changements climatiques. Des pertes mineures dues au passage de véhicules tout-terrain (VTT) et au piétinement ont été observées dans quelques sites, et la succession végétale pourrait poser problème dans les deux sites boisés.

 

Facteurs limitatifs et menaces

L’espèce est naturellement limitée par son habitat très spécialisé. La hausse du niveau de la mer ainsi que l’augmentation de la force et de la fréquence des tempêtes associées aux changements climatiques pourraient constituer une menace à long terme pour l’espèce et son habitat, étant donné que la population se trouve en grande partie à une altitude inférieure à 5 m. D’ailleurs, une dégradation de l’habitat a déjà été observée dans les sites à faible altitude, où se trouvent la majorité des individus. Cependant, il est impossible de quantifier précisément les menaces liées aux changements climatiques. Des pertes mineures dues au passage de VTT et au piétinement ont été observées dans quelques sites, et la succession végétale pourrait poser problème dans les deux sites boisés. La présence d’aires protégées, la réglementation provinciale et l’isolement de plusieurs populations assurent une certaine protection de l’espèce contre l’aménagement des zones côtières.

 

Importance de l’espèce

Si on reconnaît comme distincte la variété de léchéa maritime présente au Canada, celle-ci est rare à l’échelle mondiale, endémique à un territoire très limité et séparée par 380 km des individus de la variété maritima dont elle est issue. L’espèce fait partie d’un cortège d’espèces méridionales ayant des occurrences disjointes autour du golfe Saint-Laurent, où le climat est relativement chaud. On n’a trouvé aucun signe d’utilisation de la plante par les Premières Nations ni de toute autre utilisation humaine.

 

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La léchéa maritime ne jouit actuellement d’aucune protection législative, mais sa conservation est favorisée par les lois et les règlements provinciaux régissant l’aménagement des zones côtières et y limitant les activités. Des 15 populations, 7 sont protégées par le fait qu’elles se trouvent dans le parc national Kouchibouguac, dans le parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, dans la Réserve nationale de faune de l’Île-Portage, sur la dune de Bouctouche ou dans le parc provincial Cabot Beach. Quatre populations se trouvent sur d’autres terres provinciales (les deux populations des Conway Sandhills) ou fédérales (les deux populations de l’île Hog, détenue en fiducie pour la Première Nation de Lennox Island). À l’échelle mondiale, on a attribué à l’espèce la cote G5T1 (espèce non en péril, mais variété gravement en péril), mais les travaux de terrain récents pourraient justifier une cote G5T2. À l’échelle de chacune des provinces (Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard), on lui a attribué la cote S1 (gravement en péril) et la désignation « probablement en péril », ce qui signifie qu’il faut tenir compte de l’espèce dans les évaluations environnementales provinciales et fédérales.

Au Canada, environ 33 p. 100 de l’habitat effectivement occupé par l’espèce se trouve à l’intérieur de zones protégées.

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