Quiscale rouilleux (Euphagus carolinus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Généralités

Peu d’études ont été menées sur le Quiscale rouilleux. Par conséquent, on sait peu de chose sur la biologie et l’écologie de l’espèce au Canada.

Reproduction

Le Quiscale rouilleux est normalement monogame et les couples s’isolent pour nicher, toutefois, des colonies éparses ont déjà été observées dans les provinces de l’Atlantique et dans certaines portions de l’Alaska (Kennard, 1920; Spindler et Kessel, 1980; Orians, 1985; Avery, 1995). Dans le sud de l’aire de reproduction, les oiseaux atteignent généralement leurs lieux de nidification entre le début d’avril et la fin de mai; la majorité arrivant à la mi-avril (Avery, 1995; Cyr et Larivée, 1995; Campbell et al., 1997). Dans les régions les plus septentrionales, le Quiscale rouilleux réintègre son aire de reproduction vers la mi-mai (Sinclair et al., 2003).

Les femelles construisent les nids, généralement dans des fourrés de petits conifères, dans des arbustes à feuilles caduques ou dans des arbres morts, au-dessus ou à proximité d’un plan d’eau (Kennard, 1920; Gauthier et Aubry, 1995; Campbell et al., 1997). Les nids sont généralement construits avec des brindilles de conifères, des herbes mortes portant de petites racines ou d’autres parties de plantes, des mousses et des lichens, et complétés par un lit d’herbes fines et occasionnellement de plumes, de poils et de sphaigne (Campbell et al., 1997).

Le Quiscale rouilleux produit généralement une couvée par année, mais des nids de remplacement peuvent être construits (Avery, 1995). Les œufs sont de couleur bleu-vert pâle à gris pâle et exhibent des marques de brun pâle à brun foncé (Avery, 1995). La femelle couve seule les œufs pendant que le mâle lui apporte de la nourriture (Avery, 1995). L’incubation débute dès la ponte du premier œuf et dure 14 jours (Bent, 1958). Les couvées comptent de 3 à 6 œufs, en moyenne, 4,47±0,08 œufs par nid (n = 80 nids; Avery, 1995). Les oisillons restent généralement au nid de 11 à 13 jours (Bent, 1958; Gauthier et Aubry, 1995; Campbell et al., 1997), et peuvent le quitter plusieurs jours avant de pouvoir voler (Campbell et al., 1997). De la fin juillet au début août, selon la latitude, les oiseaux forment des groupes qui se dispersent (Campbell et al., 1997). La migration s’amorce à la fin août et se poursuit jusqu’en début octobre (Sinclair et al., 2003).

Taux de survie

Aucune étude n’a été réalisée sur la survie des Quiscales rouilleux adultes, il existe toutefois quelques données sur la survie des oisillons. Lors d’une étude menée en Nouvelle-Angleterre au début du XXe siècle, on a observé que pour 93 p. 100 des nids au moins un oisillon s’était envolé (n = 14; Kennard, 1920). Une étude plus récente menée en Colombie-Britannique a, quant à elle, révélé que 25 p. 100 des nids avaient produit au moins un oisillon ayant pris son envol (n = 4; Campbell et al., 1997).

Quelques cas de prédation du Quiscale rouilleux ont été signalés. Par exemple, Campbell et al. (1997) ont signalé qu’un Mésangeai du Canada (Perisoreus canadensis) avait tué trois oisillons dans un nid en Colombie-Britannique. De plus, le comportement agressif du Quiscale rouilleux envers la martre d’Amérique (Martes americana), le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et l’Épervier brun (Accipiter striatus; Avery, 1995; C. Savignac, données inédites) laisse croire que ces espèces pourraient être des prédateurs.

Déplacements et dispersion

Fin juillet, dans la portion nord de l’aire de reproduction, des groupes de quelques dizaines à plusieurs centaines d’individus commencent à se former (Avery, 1995; Manitoba Avian Research Committee, 2003). En Alberta et dans le nord-est de la Colombie-Britannique, on a observé l’espèce en migration vers l’est, début d’octobre (Semenchuk, 1992; Campbell et al., 1997). Les retours d’oiseaux bagués en Amérique du Nord suggèrent que les populations de la Saskatchewan et du Manitoba migrent vers le sud-est pour hiverner dans le secteur de la vallée du Mississippi, alors que les populations nichant dans les régions du nord-est tendent à migrer vers le sud-ouest pour hiverner surtout à l’est du Mississippi (Brewer et al., 2000).

Alimentation et recherche de nourriture

Le Quiscale rouilleux se nourrit principalement d’invertébrés, notamment des larves d’insectes aquatiques, des crustacés et des escargots vivant dans les milieux aquatiques. Il peut aussi manger des salamandres et des petits poissons (Avery, 1995). L’oiseau cherche sa nourriture principalement dans les sols humides, le long des rives et dans les eaux peu profondes de faible débit (Avery, 1995). Pendant l’automne et l’hiver, même s’il se nourrit toujours d’invertébrés aquatiques, le Quiscale rouilleux complète sa diète avec des graines et des petits fruits (Avery, 1995). Lorsque les conditions climatiques hivernales sont rigoureuses, le Quiscale rouilleux peut également attaquer des passereaux et des oiseaux de rivage pour s’en nourrir (Bent, 1958; Avery, 1995). En hiver, le Quiscale rouilleux se nourrira parfois dans les mangeoires (Cyr et Larivée, 1995; Campbell et al., 1997).

Relations interspécifiques

Il n’existe que peu de données sur les relations interspécifiques pendant la période de reproduction (Avery, 1995). Le long de ses voies migratoires et dans ses aires d’hivernage, le Quiscale rouilleux peut se mêler à des groupes mixtes composés d’autres espèces d’« oiseaux noirs », comme le Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus), l’Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) et le Quiscale bronzé (Quiscalus quiscula; Avery, 1995; Dolbeer et al., 1997). Selon Ellison (1990), la transformation de l’habitat dans les aires de nidification pourrait encourager leur colonisation par le Carouge à épaulettes et le Quiscale bronzé, ce dernier étant reconnu pour déloger le Quiscale rouilleux pendant la saison de reproduction (Avery, 1995).

Territoire

À l’heure actuelle, il n’existe aucune donnée sur la superficie du domaine vital du Quiscale rouilleux. Toutefois, en Nouvelle-Angleterre au début du XXe siècle, lors de recherches intensives menées pour localiser des nids de Quiscales rouilleux, aucun nid n’a été observé à moins de 400 m d’un autre (Kennard, 1920).

 Adaptabilité

Pendant la saison de reproduction, le Quiscale rouilleux préfère les zones riveraines des plans d’eaux et les milieux humides forestiers. L’espèce peut toutefois fréquenter également les milieux humides vestiges dans les coupes de régénération (Campbell et al., 1997), les zones riveraines dans les terrains déboisés (Darveau et al., 1995; Whitaker et Montevecchi, 1999), les zones tampon des ruisseaux qui n’ont pas été touchées par des incendies récents (Consortium Gauthier et Guillemet – G.R.E.B.E., 1991), les étangs d’assainissement dans les milieux forestiers (R. Popko, comm. pers.) et les berges des réservoirs hydroélectriques (J. Gauthier, comm. pers.). La productivité dans ces habitats est inconnue.

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