Corydale de Scouler (Corydalis scouleri) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Biologie

La corydale de Scouler est une herbacée rhizomateuse vivace et longévive. On sait peu de choses sur la biologie de l’espèce, notamment sur sa longévité, sur ses modes de dispersion terrestre à grande distance et sur ses interactions interspécifiques.


Cycle vital et reproduction

La corydale de Scouler se reproduit par voie végétative, formant de grandes colonies de clones, et par voie sexuée, chacune des 15 à 20 fleurs de l’inflorescence possédant deux carpelles qui renferment de nombreuses graines. Les graines demeurent viables très peu de temps et se dessèchent rapidement (Hartwell et Paige, 2004).

La corydale de Scouler fleurit pour la première fois à l’âge de quatre ans ou plus. Dans le bassin de la Nitinat, la floraison a lieu en mai et en juin, et la plante entre en dormance à la fin de l’été. Chez les corydales, les anthères et le stigmate sont enveloppés par les pétales, de forme distinctive. Liden (1986) souligne que la majorité des espèces de la tribu des Corydalés (à laquelle appartient la corydale de Scouler) sont hautement autostériles. Selon Rybert (1960), la corydale de Scouler serait fort probablement autostérile, car les spécimens cultivés dont il a obtenu des graines mûres n’ont pas produit de fruits tant que des sujets provenant de clones différents n’ont pas été plantés ensemble. Par ailleurs, on a observé que parfois seule la fleur terminale de l’inflorescence se développe (Hitchcock et al., 1969), ce qui doit grandement limiter la production de graines. En somme, on sait que la corydale de Scouler se reproduit très bien par voie végétative, à partir de ses rhizomes souterrains, et qu’elle est également capable de se reproduire par voie sexuée, à partir des graines.


La corydale de Scouler produit des tiges annuelles à l’extrémité de rhizomes épais qui, chez les sujets plus âgés, peuvent également former des stolons horizontaux (voir Ryberg [1960] pour plus de détails).

Plusieurs pollinisateurs visitent la corydale de Scouler, ce qui donne à croire qu’il y a pollinisation croisée. Toutefois, comme peu de fleurs se développent, il est possible que ce mode de reproduction soit inefficace chez l’espèce.


Herbivorisme

On sait peu de choses sur l’impact du broutement sur la corydale de Scouler. Des tiges coupées, fort probablement par des cervidés, ont été observées à quelques reprises au moment des recherches sur le terrain menées en 2003. La corydale de Scouler renferme des alcaloïdes qui peuvent la protéger contre les brouteurs (Ownbey, 1947). Peu d’espèces de corydales sont mangées par les cerfs, même dans les jardins où ceux-ci font des ravages (D. Fraser, obs. pers., 2006).


Physiologie

La gamme de conditions climatiques auxquelles la corydale de Scouler peut résister n’a pas été déterminée. L’efficacité de la reproduction asexuée chez l’espèce pourrait expliquer la capacité de celle-ci à occuper de grandes étendues dans les plaines inondables ombragées. La corydale de Scouler semble très tolérante à l’ombre et ne semble avoir aucune exigence édaphique particulière. L’espèce peut être cultivée avec succès sans traitement spécifique autre que l’apport d’humidité et d’ombre. Toutefois, en habitat sauvage, certains facteurs peuvent limiter sa répartition.


Dispersion

Les inondations périodiques facilitent peut-être la dispersion des graines ou des rhizomes et jouent peut-être un rôle crucial dans la dispersion de l’espèce, comme le donne à croire la présence de groupes de sous-populations le long de cours d’eau. Par ailleurs, la capsule bicarpellée s’ouvre au moindre choc avec effet de ressort, et les graines sont projetées à un ou deux mètres de distance.

Les fourmis jouent probablement un rôle important dans la dispersion à faible distance des graines de la corydale de Scouler. Les graines des corydales sont pourvues d’un appendice, appelé élaïsome, qui contient des lipides, des protéines, des sucres et des vitamines et constitue pour les fourmis une précieuse source de nutrition. Il ne semble pas y avoir eu de recherche sur la dispersion des graines de la corydale de Scouler. Cependant, Ohkawara et al. (1997) ont observé que les fourmis jouent un rôle dans la dispersion des graines du C. ambigua, et Hanzawa et al. (1985) ont fait la même observation pour le C. aurea. Selon Ohkawara et al. (1997), la distance moyenne de dispersion des graines du C. ambigua par les fourmis pourrait atteindre environ 80 cm. Hanzawa et al. (1988) ont montré que la dispersion des graines du C. aurea par les fourmis pouvait augmenter le taux d’accroissement des populations. Dans une étude antérieure, Hanzawa et al. (1985) affirmaient que l’élaïosome des graines du C. aurea attire les fourmis, mais repousse la souris sylvestre (Peromyscus maniculatus), consommatrice de graines. Cette souris est présente dans l’île de Vancouver.


Interactions interspécifiques

On ne connaît aucune interaction de la corydale de Scouler avec d’autres espèces que les pollinisateurs et les agents de dispersion des graines.


Adaptabilité

La capacité d’adaptation de la corydale de Scouler est inconnue, mais l’espèce peut être cultivée dans des conditions adéquates d’ombre et d’humidité. La présence de la corydale de Scouler à proximité de l’eau dans les vallées de la Nitinat, de la Klanawa et du Carmanah indique que l’espèce est bien adaptée aux perturbations causées par les inondations. Les inondations périodiques sont peut-être même essentielles au maintien et à la création de son habitat, de même qu’à la dispersion de ses graines. La tolérance de la corydale de Scouler à d’autres types de perturbations et de dégradations est inconnue. Toutefois, le site observé au confluent des rivières Cowichan et Nitinat se trouve à moins d’un mètre d’une route très achalandée, et ces sujets fleurissent. De plus, plusieurs populations poussant près des routes sont parfois couvertes d’une épaisse couche de poussière, comme cela a été observé en 2003, sans pour autant montrer de signes de perte de vigueur. Certaines populations poussent dans des fossés qui subissent un nettoyage périodique destiné à améliorer le drainage. Selon leur fréquence, ces opérations de nettoyage peuvent soit rendre l’habitat favorable à l’espèce, soit menacer la survie de la population.

On ne sait pas pourquoi l’aire de répartition de la corydale de Scouler est aussi limitée dans l’île de Vancouver.

 

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