Andersonie charmante (Bryoandersonia illecebra) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Les populations actuelles ne sont pas grandes. Leur taille est décrite au tableau 3. Une prospection attentive et répétée de la plupart des localités où le Bryoandersonia illecebra a déjà été signalé (avec l’aide, dans certains cas, d’indications détaillées sur la position de ces sites) n’a pas permis d’y retrouver des populations. On peut supposer que celles-ci ont disparu ou sont plus petites qu’auparavant, bien que les auteurs des récoltes antérieures n’aient pas fourni de détails sur la taille des populations qui existaient à l’époque. William Stewart mentionne brièvement la taille des populations du comté d’Elgin (voir le tableau 2) : dans deux localités, les individus étaient peu nombreux (« few »), tandis que dans le site « Paynes Mills / ferme Edwards » l’espèce était jugée abondante. Dans le cas de la récolte faite par Drummond, la population était manifestement grande, puisque cet auteur a pu rassembler suffisamment de matériel pour en faire un exsiccata, mais la localité précise de ce site canadien est inconnue.

Tout indique que le Bryoandersonia illecebra est très rare au Canada. En effet, peu de populations de cette espèce ont pu être trouvées dans le cadre de la préparation du présent rapport, malgré la prospection des localités de récolte antérieures et d’autres zones naturelles propices du Sud de l’Ontario. Comme cette région a fait l’objet d’une exploration intensive sur le plan botanique et notamment bryologique (figure 4), l’existence de nombreuses populations inconnues est d’autant plus improbable. De plus, comme l’espèce est facile à repérer sur le terrain en raison de sa grande taille et de son aspect caractéristique, il est peu probable qu’elle ait échappé aux yeux des botanistes.

Comme la cote G5 a été attribuée au Bryoandersonia illecebra (Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario, 2001), cette espèce endémique de l’Est de l’Amérique du Nord est manifestement hors de danger à l’échelle du continent. Sa rareté au Canada contraste même avec son abondance aux États-Unis. Comme très peu d’États de ce pays ont publié des listes de bryophytes en péril, il est difficile de préciser à quels endroits l’espèce devient rare. Selon les listes du Missouri Botanical Garden (2001) et du New York Botanical Garden (2001), l’espèce comporte peu de sites dans l’État de New York et en Pennsylvanie et n’en comporte aucune en Ohio et au Michigan, ce qui peut signifier qu’elle devient moins fréquente dans les États bordant le Canada. Cependant, Nancy Slack (comm. pers.) écrit que le B. illecebra est présent et même abondant dans certaines parties de l’État de New York et ne figure pas dans la liste des mousses rares de cet État (Clemants et Ketchledge, 1993).

Il semble peu probable que le Bryoandersonia illecebra réussisse à immigrer naturellement au Canada à partir du Nord des États-Unis. En effet, des contraintes climatiques semblent limiter cette mousse, ainsi que d’autres plantes de la zone carolinienne. De plus, les milieux propices de cette zone ont été détruits ou fragmentés. Le réchauffement climatique pourrait changer cette situation en modifiant la répartition des milieux favorables. L’introduction de l’espèce dans de tels milieux, ou l’introduction d’individus mâles dans les population actuelles, entièrement constituées d’individus femelles, pourraient donner de bons résultats, dans le cas où on jugerait que de telles interventions s’imposent.

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