Tortue peinte de l'ouest (Chrysemys picta bellii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2012 : chapitre 2

logo du COSEPAC

COSEPAC
Résumé

Tortue peinte de l'Ouest
Chrysemys picta bellii

Population de la côte du Pacifique
Population intramontagnarde - des Rocheuses
Population des Prairies / Boréale de l'Ouest - Bouclier canadien

Information sur l’espèce

La tortue peinte, Chrysemys picta,est une petite tortue d’eau douce à la dossière  (partie dorsale de la carapace)lisse et foncée. Elle porte de remarquables motifs rouge et jaune sur les membres et le plastron (coquille ventrale). Il existe trois sous-espèces au Canada. La tortue peinte de l’ouest, C. p. bellii, est la plus grande et se distingue des autres par son large motif central qui s’étend le long des écailles du plastron et qui couvre la majeure partie du plastron rouge orangé.

Répartition

Le Chrysemys picta bellii est présent dans les milieux humides des forêts et des prairies de faible altitude de l’ouest et du centre de l’Amérique du Nord. Au Canada, son aire de répartition s’étend du sud-ouest du lac Nipigon, en Ontario, aux vallées basses de l’intérieur méridional et du sud-ouest de la Colombie-Britannique et à l’île de Vancouver, en passant par la zone sud des Prairies. Il semble que l’expansion de l’aire de répartition soit limitée par la durée de la saison active de la tortue, par la température ambiante moyenne pendant l’incubation des œufs et, peut-être, par la température hivernale moyenne.

Habitat

Cette espèce aquatique est présente dans les eaux peu profondes des étangs, des lacs, des marécages et des passages au débit lent. Les zones humides propices ont un substrat boueux et possèdent une abondante végétation émergente, ainsi que de nombreux lieux de repos au soleil. L’habitat du Chrysemys p. bellii comporte également des zones riveraines en bordure des milieux humides. Les femelles nichent jusqu’à 150 m de l’eau, dans des sols meubles, chauds et bien drainés.

Biologie

La tortue peinte de l’ouest s’accouple en eau peu profonde, probablement pendant toute la saison active. Les femelles s’accoupleraient avec un seul mâle avant la ponte, mais il existe des preuves de paternité multiple dans certaines nichées. La nidification a généralement lieu à l’aube ou au crépuscule, en juin. Lorsque la femelle a gagné le site de reproduction choisi, elle creuse un trou de 10 cm, y dépose jusqu’à 23 œufs, et les couvre de terre. L’incubation dure environ 76 jours, et le régime de température du nid déterminera le sexe de la progéniture. Les œufs incubés à une température constante supérieure à 29 °C produiront des femelles, et ceux incubés à une température inférieure à 27°C, des mâles. À 28 °C, la température charnière, des individus des deux sexes sont produits. Les petits nouvellement éclos hivernent habituellement dans le nid et émergent au printemps suivant. Ils résistent au gel hivernal grâce à leur capacité de surfusion ou à leur tolérance au gel. La mortalité est élevée lorsque la température du nid est inférieure à environ –4 °C.

L’espèce ne prodigue aucun soin parental après l’éclosion, et peu de nouveau-nés survivent jusqu’à l’âge adulte. Le taux de survie des jeunes tortues et des adultes est relativement élevé et constant. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle vers 8 à 10 ans, et les femelles, vers 12 à 15 ans. La durée de vie est probablement supérieure à 50 ans, et peut-être beaucoup plus longue. À l’exclusion des petits nouvellement éclos, les tortues vivent à l’état dormant sur le substrat boueux d’étangs pendant l’hiver. Elles redeviennent actives dès la fonte de la couche de glace et lorsque la surface de l’étendue d’eau a une zone libre. Pendant la saison de croissance, les tortues s’exposent au soleil afin de hausser leur température et ainsi faciliter l’alimentation et l’accouplement. Elles peuvent se chauffer plusieurs fois par jour, et la période d’exposition au soleil varie selon la température, l’âge (taille) et l’activité (les femelles se prélassent plus longuement avant la nidification).

Taille et tendances des populations

À l’échelle mondiale, la tortue peinte de l’ouest n’est pas en péril. On compte plus de 300 sites abritant entre une douzaine et plusieurs centaines d’individus par hectare. Au Canada, le Chrysemys p. bellii n’est apparemment pas en péril en Ontario (> 100 sites) ni au Manitoba (> 100 sites). Les zones humides sont abondantes et reliées entre elles dans ces provinces. L’espèce est également considérée comme « non en péril » en Saskatchewan (de 21 à 100 sites). En Alberta, la situation du Chrysemys p. bellii est précaire (S1). L’espèce est présente en petits nombres à quelques endroits isolés près de la frontière américaine. En Colombie-Britannique, l’espèce a été observée dans plus de 30 sites, dans la vallée de l’Okanagan pour la plupart. L’espèce y est cotée S3S4 (préoccupante). Certaines populations semblent stables, mais la plupart sont vulnérables en raison de la présence de routes jouxtant des aires de nidification, ainsi que de la dégradation et de la perte accrues des zones humides attribuables à l’urbanisation et à l’exploitation vinicole de vastes secteurs de l’aire de répartition de l’espèce en Colombie-Britannique (Okanagan, basses-terres continentales, vallée du Fraser, île de Vancouver).

Facteurs limitatifs et menaces

Étant donné le faible taux de recrutement, la maturité tardive et le taux élevé de survie des adultes, un accroissement de la mortalité chronique des jeunes tortues et des adultes risque d’éliminer les populations locales. Parmi les facteurs contribuant à cette diminution cumulative des tortues âgées, citons les tortues tuées sur la route, en particulier les femelles gravides au cours de la saison de nidification, la hausse de la prédation pendant les années de sécheresse (ou dans les réservoirs au faible niveau d’eau) et l’accroissement de la destruction des nids par les prédateurs. La perte d’habitat constitue également une menace pour les tortues. Les changements climatiques risquent de l’accentuer fortement, notamment dans les prairies sèches. La dégradation des zones humides et ripariennes n’est pas rare dans les milieux où l’activité humaine est extensive, intensive ou fréquente. La pollution de l’eau, la fragmentation de l’habitat, l’assèchement des milieux humides, l’augmentation de la destruction des œufs et des jeunes tortues par les prédateurs, en particulier par des populations grandissantes de ratons laveurs, ainsi que l’introduction d’espèces de tortues exotiques, avec leurs maladies et leurs parasites, menacent aussi l’habitat de la tortue.

Importance de l’espèce

Le Chrysemys p. bellii est l’une des deux seules espèces de tortue d’eau douce indigènes à l’ouest de l’Ontario qui existe encore. Il constitue donc un élément important de la biodiversité globale dans les provinces de l’Ouest. La tortue peinte de l’ouest joue indubitablement un rôle de premier plan dans l’écologie de certaines zones humides. Les populations situées aux limites de l’aire de répartition constituent des sources essentielles de variation génétique en vue d’une future ou éventuelle adaptation aux changements environnementaux.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Les lois provinciales sur la faune protègent les tortues :les tortues ne peuvent ni être tuées ni capturées. Il y a plusieurs zones protégées dans l’aire de répartition de l’espèce, mais peu se trouvent dans la prairie aride, particulièrement en Alberta. Dans de nombreuses zones protégées, les individus sont toujours vulnérables à la capture, à la perturbation des nids et à la mortalité sur les routes. Les règlements fédéraux sur le poisson, les mesures provinciales de gestion et les règlements municipaux peuvent également protéger les tortues.

 

Détails de la page

Date de modification :