Iguane pygmée à cornes courtes (Phrynosoma douglasii) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification 

Les phrynosomes (Famille : Phrynosomatidés), souvent appelés « crapauds cornus », font tous partie du même genre (Phrynosoma). Toutes ces espèces se trouvent dans des sections des écorégions arides et semi-arides de l’Amérique du Nord et de l’Amérique centrale. On reconnaît actuellement treize espèces au sein du genre, dont huit sont présentes en Amérique du Nord (Crother, 2000). L’aire de répartition de deux espèces s’étend jusqu’au Canada : le grand iguane à petites cornes (P. hernandesi), présent depuis les Grandes Plaines jusqu’aux parties méridionales de l’Alberta et de la Saskatchewan, et l’iguane pygmée à cornes courtes (P. douglasii), qui, historiquement, se retrouvait du Grand Bassin jusqu’à la partie la plus méridionale du centre de la Colombie-Britannique. Auparavant, jusqu’à six sous-espèces d’iguanes à petites cornes étaient reconnues (Nussbaum et al., 1983). De récentes analyses génétiques ont entraîné la reconnaissance du grand iguane à petites cornes comme espèce distincte (Zamudio et al., 1997). D’autres travaux récents indiquent que le P. hernandesi est plus étroitement apparenté au P. ditmarsi qu’au P. douglasii (Hodges et Zamudio, 2004). On ne reconnaît actuellement aucune sous-espèce de P. douglasii .

L’orthographe du nom commun anglais de l’espèce ainsi que celle de son nom scientifique varient. Pour le nom anglais (Pygmy Short-horned Lizard), « Pygmy » s’est aussi orthographié « Pigmy » et, récemment, on a laissé tomber le terme « Short » (p. ex. dans Sherbrooke, 2003). Pour ce qui est du nom scientifique, « douglasii» s’est également orthographié avec deux« s » et un seul « i ». Le présent rapport adopte l’orthographe modernisé utilisé dans l’ouvrage Scientific and Standard English names of Amphibians and Reptiles of North America (Crother et al., 2003).

Description morphologique 

Tous les phrynosomes sont assez petits, ont un tronc arrondi et aplati et des pattes courtes. Cette position accroupie leur permet difficilement de se déplacer rapidement ou avec agilité dans un environnement encombré, mais leur permet d’avoir un grand estomac et de loger un grand nombre d’embryons, et offre l’avantage d’une grande surface dorsale pour se chauffer au soleil. Sont également distinctives les protubérances pariétales et squamosales complexes en forme de cornes de leur tête et de leur corps. Chaque espèce présente un arrangement de cornes unique. La queue est courte et ne se régénère pas si elle est perdue.

La base de la queue des mâles est élargie et loge les hémipénis ainsi qu’une paire d’écailles post-cloacales allongées (Nussbaum et al., 1983). Les mâles ont aussi des pores fémoraux élargis disposés en rangées simples le long du dos inférieur de la cuisse, lesquels peuvent agir comme glandes odoriférantes (Sherbrooke, 2003). Les iguanes pygmées à cornes courtes femelles sont légèrement plus grandes que les mâles; elles sont en moyenne plus longues de 7 mm du museau au cloaque (Nussbaum et al., 1983).

L’iguane pygmée à cornes courtes est le plus petit des phrynosomes. Sa longueur du museau au cloaque est habituellement de 4,5 cm (Lahti, 2005); la longueur maximale est de 6,5 cm (Nussbaum et al., 1983). Les cornes de la crête arrière de la tête sont plus courtes que celles des autres phrynosomes (largeur à la base égale à leur longueur) et une entaille distincte scinde ces cornes des deux côtés de la tête. Une rangée de cornes forme une frange le long des marges du corps (figure 1).

La couleur et le motif de cette espèce sont variables. De manière générale, la couleur se marie au substrat de façon telle que, lorsqu’ils sont immobiles, les iguanes sont très difficiles à voir. La face dorsale est généralement grise et présente une douzaine de taches foncées habituellement disposées en rangées transversales de deux à quatre taches (Nussbaum et al., 1983) dont aucune n’est centrée sur des vertèbres (Brown et al., 1995). Chacune des taches est plus pâle en son bord postérieur. Lorsque les iguanes pygmées à cornes courtes sont froids, ils tendent à être plus foncés, ce qui permet une absorption plus efficace de la chaleur solaire. En se réchauffant, ils deviennent plus pâles (Sherbrooke, 2003). La queue présente des bandes transversales foncées et la face ventrale est pâle.

Les iguanes nouveaux-nés ressemblent aux adultes, mais leur longueur du museau au cloaque n’est que de 2,2 cm (Nussbaum et al., 1983; Lahti, 2005) à 3,2 cm (Brown et al., 1995). Les nouveaux-nés sont dénués de cornes qui se développent à mesure qu’ils deviennent matures (Brown et al., 1995).

Figure 1.  iguanes pygmées à cornes courtes adulte (photo de gauche) et juvénile (photo de droite) venant de la population connue la plus proche, dans l’État de Washington.

Figure 1.  iguanes pygmées à cornes courtes adulte (photo de gauche) et juvénile (photo de droite) venant de la population connue la plus proche, dans l’État de Washington.

Photographies de Scott Fitkin du Washington Department of Fish and Wildlife

Deux espèces de lézards vivent en sympatrie avec l’iguane pygmée à cornes courtes au Canada : le lézard alligator du Nord (Elgaria coerulea) et le scinque de l’Ouest (Eumeces [Plestiodon]skiltonianus). Ces deux espèces ne ressemblent pas aux phrynosomes.

Description génétique

On a émis l’hypothèse selon laquelle la population canadienne d’iguanes pygmées à cornes courtes serait isolée des populations qui occupent le sud de l’État de Washington. Cela est pourtant improbable, car il y a un continuum d’habitat propice jusqu’aux populations qui occupent l’État de Washington, qui porte à croire que les populations étaient continues, au moins jusqu’à notre époque. La vagilité limitée de l’espèce, surtout dans un paysage hétérogène, pourrait expliquer les grandes différences dans les cycles vitaux de populations avoisinantes (Nussbaum et al., 1983; Marcot, 1997). Cet effet semble manifeste dans la population de la chaîne des Cascades de l’Oregon, laquelle semble très différente d’autres populations du nord de la côte du Pacifique (Brown et al., 1995). L’analyse génétique la plus approfondie a été effectuée par Hodges et Zamudio (2004), qui ont étudié 38 populations d’iguanes pygmées à cornes courtes et confirmé que le P. douglasii était un clade distinct, bien que cette conclusion ne soit étayée par aucune donnée morphologique. Aucune analyse génétique n’a été effectuée pour déterminer si la population canadienne était distincte d’une manière ou d’une autre des populations avoisinantes de l’État de Washington ou de populations venant d’ailleurs.

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