Aster du golfe Saint-Laurent (Symphyotrichum laurentianum) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 10

Facteurs limitants et menaces

Boudreau et Houle (1998) et Houle et al. (2002) ont démontré que la concurrence interspécifique semble jouer un rôle important dans la dynamique des populations de l’aster du Saint-Laurent. La fermeture du couvert végétal n’est propice ni à son effort reproducteur, ni à son taux de survie. La lumière serait le principal facteur abiotique ayant un effet significatif sur la croissance et la reproduction de l’aster du Saint-Laurent (Houle et al., 2002). Étonnamment, la disponibilité des nutriments n’a aucun effet significatif sur la croissance et la reproduction. La salinité du substrat a un effet inhibiteur marqué sur la germination des graines, même si elles conservent leur viabilité lorsqu’elles sont rincées à l’eau distillée après 30 jours d’exposition au sel (Houle et al., 2002). Cependant, la salinité ne semble pas avoir d’effet sur la reproduction. Les années sèches et chaudes pourraient affecter considérablement les populations, puisque l’aster du Saint-Laurent est sensible aux stress hydriques.

Une importante tempête (« Gustave » le 12 septembre 2002) a inondé ou enfoui sous des amas de zostère ou de sable plusieurs populations au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard (David Mazerolle, 2003, Jean Gagnon, Denyse Lajeunesse, comm. pers.). Les populations de Kouchibouguac, inondées en 1999, ne sont pas encore réapparues, même si des plantes se sont rétablies à la dune de Bouctouche (David Mazerolle, 2003).

Par ailleurs, les perturbations anthropiques, comme la construction de chalets et les opérations de remblayage, détruisent complètement l’habitat de l’espèce. Elles sembleraient avoir eu des incidences sur au moins deux sites dans le passé, même s’il existe une protection à plusieurs des sites actuels. Dans le Parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, la localité type de Brackley Point a disparu suite à des travaux d’aménagement effectués par le parc. De vastes opérations de dragage ont été réalisées au site de Long Pond et il est possible que l’aster du Saint-Laurent ait disparu après cela.

Des traces de véhicules tout-terrains (V.T.T.) ont été observées à l’occasion, surtout au site de la baie Clarke (Cap de l’Est, Îles-de-la-Madeleine [IDLM]), dans le marais salé Barachois, à Fatima (Cap-de-l’Hôpital, IDLM) et dans les habitats du Parc national de Kouchibouguac (Dietz et Chiasson, 2001). L’impact de ces perturbations devrait varier selon leur portée et leur intensité, mais elles ont peut-être favorisé temporairement son implantation en créant des ouvertures dans le couvert végétal, notamment à la baie Clarke, où l’aster du Saint-Laurent a été trouvé colonisant des ornières.

Enfin, des modifications artificielles des niveaux ou des modèles de circulation de l’eau salée (ouverture ou fermeture permanente d’une lagune, etc.) pourraient affecter la santé des populations d’asters du Saint-Laurent en modifiant le cycle de perturbation nécessaire pour le maintien de son habitat. Cette situation s’est produite, par exemple, au Bassin-aux-Huîtres, Île de la Grande-Entrée, IDLM, où la circulation dans le bassin a été modifiée par un déplacement de son ouverture.

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