Aster du golfe Saint-Laurent (Symphyotrichum laurentianum) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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Résumé

Aster du Saint-Laurent
Sympohyotrichum laurentianum

Information sur l’espèce

L’aster du Saint-Laurent, Symphyotrichum laurentianum (synonyme Aster laurentianus), est une plante halophytique annuelle herbacée qui pousse dans les habitats côtiers au Nouveau-Brunswick (NB), à l’Île-du-Prince-Édouard (IPE) et dans les Îles-de-la-Madeleine (IDLM). C’est une plante rare endémique du golfe du Saint-Laurent : 29 populations sont connues et vérifiées, dont 15 aux IDLM, huit à l’IPE et six au NB. En dehors de cela, on compte quatre occurrences historiques dont l’habitat a été détruit ou qui n’ont pas été vues depuis 25 ans (une aux IDLM, deux à l’IPE et une au NB).


Répartition

L’aster du Saint-Laurent a été signalé à cinq endroits de l’archipel des Îles-de-la-Madeleine, pour un total de 16 occurrences, dont une est historique. L’une des populations constitue une nouvelle observation par rapport aux données de Gilbert et al. (1999) et trois sont nouvelles par rapport aux données contenues dans le dernier rapport du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) (Houle et Haber, 1990). Pratiquement tous les individus sont concentrés sur trois sites : la lagune du Havre-aux-Basques, le Bassin-aux-Huîtres et le marais salé Barachois à Fatima.

Quatre localités abritent des populations au Nouveau-Brunswick : une sur l’Île Miscou, une autre près de Tracadie (Val-Comeau), une troisième au Parc national de Kouchibouguac et une à la dune de Bouctouche. On compte au total sept occurrences, dont une historique. De récents efforts de recensement ont permis de localiser quatre nouvelles occurrences depuis 1999.

Parmi les dix occurrences à l’Île-du-Prince-Édouard, deux sont historiques. Ce sont les mêmes que dans Gilbert et al. (1999), mais l’occurrence d’East Marsh a été subdivisée en deux populations distinctes. La plupart des occurrences sont mentionnées dans le Parc national de l’Île-du-Prince-Édouard. Celle de Tignish, comté de Prince, au nord de l’île, n’a pas été vue depuis 1986.


Habitat

L’aster du Saint-Laurent croît sur les substrats humides à dominance sableuse atteints par les marées hautes d’équinoxe et les vagues de tempête sur les plages abritées et dans les zones à végétation clairsemée des hauts marais salés, près du niveau de la mer sur un terrain ouvert et en pente faible.


Biologie

L’aster du Saint-Laurent est en pleine floraison à la mi-septembre et en fruits à la fin d’octobre (Houle, 1988b). Son développement en serre est très rapide (deux à trois mois). L’aster du Saint-Laurent et les autres espèces du genre Symphyotrichum sont autofertiles. Même si des hybrides unidirectionnels interspécifiques peuvent être produits de façon expérimentale, cette espèce est isolée reproductivement par deux facteurs : l’isolement géographique et l’autofertilité.


Taille et tendances des populations

La population totale des Îles-de-la-Madeleine est estimée à plus de 12 millions d’individus, répartis sur environ 10 hectares. L’estimation plus élevée de la population, comparativement aux données de Houle et Haber, semble s’expliquer à la fois par un effort d’inventaire plus intense et peut-être par les conditions écologiques favorables à l’espèce pendant les recensements, en particulier le bas niveau de l’eau dans les lagunes en 1994. Certaines populations ont décliné ou disparu, peut-être à cause d’une fermeture du couvert végétal, du recouvrement par des débris de zostère ou d’un enfouissement sous du sable à la suite de tempêtes ou d’activités humaines. Étant donné que l’habitat est dénudé de façon plus ou moins cyclique par des phénomènes naturels (vagues, tempêtes, etc.), la disparition de ces sous-populations n’est peut-être que temporaire.

Les sept populations du Nouveau-Brunswick totalisent environ 2 000 à 3 000 individus; cependant, on a constaté de fortes fluctuations au cours des deux dernières années, principalement à cause de tempêtes. La population au quai St-Louis, dans le Parc national de Kouchibouguac, est probablement disparue depuis 1979. La population autour du phare de l’Île Miscou n’a pas été revue depuis 1984 et a presque certainement disparu. Par contre, quatre nouvelles populations ont été découvertes : une sur l’Île Miscou (Malbaie sud), deux dans le Parc national de Kouchibouguac et une à la dune de Bouctouche.

Parmi les dix populations de l’Île-du-Prince-Édouard, deux sont historiques (Brackley Point et Grand Tracadie). Sur les six sites étudiés en 1999 dans le Parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, un a été subdivisé depuis lors en deux occurrences distinctes (East Marsh). À l’extérieur du parc, seule l’occurrence à Tignish, comté de Prince, au nord de l’île, existait encore en 1986. Dans le parc national, les localités de Dune Slack et East Marsh B abritent les plus grandes populations, totalisant ensemble près de 100 000 individus.


Facteurs limitants et menaces

La concurrence interspécifique joue un rôle important dans la dynamique des population de l’aster du Saint-Laurent. La fermeture du couvert végétal n’est propice ni à son effort reproducteur ni à son taux de survie. La lumière serait le principal facteur abiotique important pour la croissance et la reproduction de l’aster du Saint-Laurent. Par conséquent, les perturbations naturelles causées par les vagues, les glaces ou les tempêtes semblent jouer un rôle dans le maintien ou la création de l’habitat. Les perturbations anthropiques, comme la construction de chalets et les opérations de remblayage, détruisent complètement l’habitat de l’espèce.


Importance spéciale de l’espèce

L’aster du Saint-Laurent est un exemple de taxon endémique restreint au golfe du Saint-Laurent. D’autres espèces rares sont parfois associées à cette espèce. Il n’y a pas d’utilisation économique connue pour l’aster du Saint-Laurent, ni d’utilisation traditionnelle par les Autochtones.


Protection existante ou autre statut

Les occurrences situées dans les parcs nationaux de l’Île-du-Prince-Édouard et de Kouchibouguac sont protégées par les gestionnaires des parcs et surveillées chaque année. L’aster du Saint-Laurent a été désigné comme une espèce préoccupante au Canada par le COSEPAC en 1989. Il est actuellement désigné espèce menacée au Québec et comme espèce menacée d’extinction au Nouveau-Brunswick. À l’Île-du-Prince-Édouard, il est considéré comme une espèce rare, mais il n’a pas encore reçu de désignation particulière.

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