Aster du golfe Saint-Laurent (Symphyotrichum laurentianum) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Dans le climat maritime où l’on rencontre l’aster du Saint-Laurent, la température moyenne varie entre 18 et 20ºC en juillet et entre -5 et -10ºC en janvier (Thannheiser, 1984). Un pourcentage d’humidité élevé, avec de fréquents brouillards et des vents réguliers, caractérise également la zone climatique occupée par l’aster du Saint-Laurent. Le microclimat se distingue par son plein ensoleillement, des habitats plus ou moins salés inondés seulement lors des marées hautes extrêmes et durant les tempêtes, correspondant à une submersion d’environ 10 cm aux Îles-de-la-Madeleine (Gilbert et al., 1999). Cet habitat est relativement protégé des vents par les dunes.

L’aster du Saint-Laurent croît sur les substrats humides à dominance sableuse atteints par les marées hautes d’équinoxe et les vagues de tempête sur les plages abritées et dans les zones à végétation clairsemée des hauts marais salés (Gagnon et al., 1995a et b). Il pousse près du niveau de la mer sur un terrain ouvert et en pente faible (Gilbert et al. 1999) et nécessite la pleine lumière pour sa croissance (Reynolds et al., 2001; Houle et al., 2002). Sa germination et sa croissance peuvent être affectées par l’eau salée, mais les graines résistent assez bien au sel et peuvent germer de nouveau dans l’eau douce après un séjour dans l’eau salée (Houle et al., 2002; Houle et al., 2001).

La nature dynamique des caractéristiques côtières crée une grande variation annuelle au niveau de l’abondance et de la répartition de l’aster du Saint-Laurent sur un site donné. Les dépôts et l’érosion peuvent avoir une incidence sur sa germination et sa survie. Par exemple, le dépôt de débris de zostère (mousse de mer) ou de sable sur son habitat à la suite de tempêtes au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard en 2001 et en 2002 a contribué aux baisses d’effectif récentes (Éric Tremblay, Kate MacQuarrie et Jean Gagnon, comm. pers.).

La salinité du substrat constitue également un facteur limitant pour la répartition de l’aster du Saint-Laurent (Reynolds et Houle, 2002). L’influence de l’eau douce aux sites de croissance est évidente à partir de la liste des plantes qui accompagnent l’aster du Saint-Laurent (Godbout, 2000).

L’hydrologie et l’humidité sont également importantes. Par exemple, la disponibilité de l’eau pendant la période de différentiation des bourgeons semble cruciale, tandis que la sécheresse cause des échecs de reproduction, rendant les populations potentiellement vulnérables à l’extinction locale (Houle et Belleau, 2000). La granulométrice du substrat semble peu importante puisqu’on trouve l’aster sur du sable fin, du sable grossier, du gravier et de l’argile (Houle 1988b). Le pH de son substrat varie de 5,5 (Grandtner, 1967) à 6,9 (CDPNQ, 2002).

En somme, une combinaison des facteurs suivants contribue à sa présence : un climat maritime, un courant calme favorisant le dépôt de sédiments fins, le dépôt de limon ou de sable durant les pleines mers extrêmes et les inondations de tempête, une fréquence particulière d’inondation durant la saison de croissance, un substrat non salé en période de germination et de croissance, la proximité de la nappe phréatique, une certaine protection contre les vents, un certain pourcentage de substrat exposé, une faible concurrence interspécifique, la pleine lumière, l’exposition à certains changements naturels (vagues, tempêtes) ou artificiels (Jacques Whitford Env. Ltd., 1994; Gilbert et al., 1999; Houle et Belleau, 2000; Houle et al. 2001; Reynolds et al., 2001; Houle et al., 2002; Reynolds et Houle, 2002).

Tendances

Les espèces associées à l’aster du Saint-Laurent sont des taxons de marais salés, de dunes côtières ou de franges littorales. Ce sont des nitrophytes et des halophytes obligatoires à tolérantes au sel (Dansereau, 1959; Grandtner, 1966, 1967; Chapman, 1976; Lamoureux et Grandtner, 1976; Géhu et Grandtner, 1982; Thannheiser, 1984).

La plupart des espèces côtières, dont l’aster du Saint-Laurent, peuvent être considérées comme colonisatrices d’habitats nouveaux ou changeants. En outre, les perturbations naturelles ou artificielles dans des associations secondaires peuvent permettre l’établissement de l’aster du Saint-Laurent. Ce n’est généralement pas une espèce dominante mais, si c’est le cas, ce sera seulement dans de petites zones bien définies et relativement modestes à l’intérieur des communautés types. Ce peut être le cas, par exemple, dans les associations à Spartina alterniflora, Carex paleacea ou Scirpus pungens.

L’aster du Saint-Laurent est une plante annuelle et les habitats qu’elle occupe sont très fluctuants. Ses populations ont donc la particularité d’être assez variables en nombre suite à des perturbations naturelles (par ex. des tempêtes) ou artificielles.

Protection et propriété des terrains

Toutes les populations connues se trouvent dans les habitats côtiers, incluant les plages, les lagunes, les dunes et les dépressions entre les dunes. Au Québec, tous les sites où l’on trouve l’aster du Saint-Laurent sont sous juridiction provinciale, puisque les plages relèvent du ministère de l’Environnement et de la Faune, alors que les dunes et leurs dépressions relèvent du ministère de l’Énergie et des Ressources (Chap. 20 de la Loi des terres des Îles-de-la-Madeleine, Statuts de Québec, 1958-59, sanctionnée le 18 décembre 1958).

À l’Île-du-Prince-Édouard, la plupart des sites se trouvent dans le Parc national de l’Île-du-Prince-Édouard. Quant à celui de Tignish, son marais de sable humide se trouve sur des terres littorales de juridiction provinciale.

Au Nouveau-Brunswick, l’aster du Saint-Laurent est protégé en vertu de la Loi sur les espèces menacées d’extinction qui est provinciale et un site se trouve à l’intérieur d’un parc national. Parmi les sites restants, deux (Tracadie et Miscou) sont sur des terres ayant de nombreux propriétaires, dont la Couronne. Quant à la dune de Bouctouche, elle se trouve sur un terrain privé, même si c’est dans un secteur géré à des fins de conservation.

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