Chénopode glabre (Chenopodium subglabrum) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification
Nom scientifique  Chenopodium subglabrum (S. Wats.) A. Nels
Synonymes Chenopodium leptophyllum var. subglabrum S. Wats.; Botrys subglabra (S. Wats.) Lunnell
Nom français Chénopode glabre
Nom anglais Smooth goosefoot
Famille Chénopodiacées
Grand groupe végétal Eudicotylédones

Le Chenopodium subglabrum fait partie de la famille des Chénopodiacées, de l’ordre des Caryophyllales, de la sous-classe des Caryophyllidées (Flora of North America [FNA] Editorial Committee, 1993). Le nom Chenopodium est dérivé des mots grecs chen, qui signifie oie, et podos, qui signifie pied, allusion à la forme des feuilles de certaines espèces. L’épithète subglabrum vient de ce que les feuilles sont pratiquement dépourvues de poils.

Les Chénopodiacées forment une famille cosmopolite regroupant des espèces souvent xérophiles et halophiles. Elles sont très répandues dans les prairies et les plaines d’Amérique du Nord et dans les régions sèches d’autres continents.

La famille des Chénopodiacées comprend environ 102 genres et 1 400 espèces répandues dans le monde entier. Une classification des Chénopodiacées a été publiée récemment dans le volume 4 de la série Flora of North America (FNA Editorial Committee, 2004). Un total de 27 genres de Chénopodiacées est présent en Amérique du Nord, dont 18 à l’état indigène. De plus, 34 espèces du genre Chenopodium sont présentes en Amérique du Nord et 20 d’entre elles se rencontrent au Canada, dont 8 sont des espèces envahissantes introduites.

La classification des Chénopodiacées en général et des Chenopodium en particulier est plutôt complexe. Les taxons indigènes à feuilles étroites et la présence fréquente d’espèces introduites brouillent le tableau. Crawford (1975) a étudié 10 espèces diploïdes indigènes de Chenopodium présentes principalement dans l’ouest des États-Unis et les a classées dans le complexe des chénopodes à feuilles étroites; le C. subglabrum fait partie de ce complexe. Les 10 taxons à feuilles étroites se distinguent par leurs caractères morphologiques, leur répartition géographique et leurs particularités écologiques (Crawford, 1975).

Description morphologique

Le chénopode glabre est une annuelle à racine s’enfonçant peu profondément dans le sol. La plante est dressée ou semi-dressée et comporte de nombreuses tiges ascendantes ramifiées, lisses ou à faible efflorescence farineuse, atteignant de 2 à 8 dm de hauteur. Les feuilles sont alternes et pétiolées. Leur limbe est lisse, plutôt charnu, linéaire, à base cunéiforme, à sommet pointu et à marge entière. Le limbe est long de 1 à 3 (-5) cm et large de 0,1 à 0,2 (-0,4) cm, et le pétiole peut atteindre 1 cm de longueur. Les fleurs sont rassemblées en panicules terminales et axillaires de glomérules denses, longs de 6 à 25 cm et larges de 5 à 20 cm, très espacés, qui arrivent à maturité à des moments différents. Les bractées sont variables. Les fleurs sont hermaphrodites, verdâtres à rougeâtres. Les sépales, au nombre de 5, sont soudés par la base, formant un tube de 0,3 à 0,4 mm de longueur. Les lobes du calice sont ovés ou orbiculaires-obovés, longs de 1 à 1,4 mm, carénés, à sommet obtus ou arrondi et couverts d’une légère efflorescence farineuse. À maturité, le calice est très enveloppant. Les étamines, au nombre de 5, sont opposées aux sépales. Le pistil comporte deux 2 stigmates. Le fruit est un akène ovoïde, lisse, brun clair à jaune, à péricarpe non adhérent. Les graines, en forme de lentilles, mesurent de 1,2 à 1,6 mm de diamètre. Leur marge est obtuse, avec une bordure étroite, et leur tégument est lisse, noir et luisant (Rydberg, 1931; Gleason, 1952; Hitchcock et al., 1964; Budd, 1979; Moss, 1983; FNA Editorial Committee, 2004). Voir l’illustration de la figure 1.

Des spécimens provenant du Washington et identifiés comme C. subglabrum présentent des caractères divergents : leurs graines sont plus petites et plus rugueuses que celles du C. subglabrum typique, et leurs inflorescences sont plus denses et couvertes d’une efflorescence farineuse. Les analyses morphologiques et chimiques tendent à indiquer que le C. cycloides, le C. pallescens et le C. subglabrum sont des espèces étroitement apparentées, mais distinctes (Crawford, 1975).

Dans le passé, le Chenopodium subglabrum a été classé par les experts à la fois comme espèce distincte et comme variété du C. leptophyllum. Crawford (1975) a conclu, à la suite d’analyses numériques réalisées chez une seule population du C. subglabrum, que celui-ci est une espèce distincte du C. leptophyllum. Le C. subglabrum se reconnaît à plusieurs caractères morphologiques : 1) la plante entière est glabre ou couverte d’une légère efflorescence farineuse; 2) les feuilles sont linéaires et comportent une seule nervure partant de la base du limbe; 3) les panicules sont lâches, et les glomérules sont très espacés; 4) les graines mesurent de 1,2 à 1,6 mm de diamètre, sont généralement aplaties, et leur tégument est très lisse, noir et luisant; 5) le péricarpe, brun clair souvent nuancé de jaune, est très facile à séparer de la graine. Le C. leptophyllum s’en distingue aisément par ses feuilles nettement farineuses, ses graines mesurant généralement 1 mm ou moins, et son péricarpe fortement adhérent à la graine. Chez les 2 taxons, les feuilles sont linéaires et uninerves (Crawford, 1975; Nelson, 1902). Par ailleurs, le C. subglabrum se distingue nettement du C. leptophyllum par sa teneur en flavonoïdes (Crawford, 1974; Crawford, 1975).

Crawford et Reynolds (1974) ont également conclu, à la suite d’une analyse numérique, que le C. subglabrum se distingue suffisamment du C. leptophyllum pour être classé comme espèce à part entière plutôt que comme variété de ce dernier. Bassett et Crompton (1982) sont du même avis. Le profil protéinique des graines du C. subglabrum est très distinct de celui des graines du C. leptophyllum. Des études sur les protéines des graines appuient l’hypothèse selon laquelle le C. subglabrum se distingue suffisamment du C. leptophyllum pour être considéré comme espèce distincte (Crawford et Julian, 1976). Aucune forme intermédiaire n’a été observée entre le C. subglabrum et les espèces étroitement apparentées, ni sur le terrain, ni en serre (Bassett et Crompton, 1982).

Plusieurs caractères séparent le genre Chenopodium des autres genres de la famille des Chénopodiacées : embryon annulaire; tiges et rameaux non articulés; feuilles non squamiformes; fleurs hermaphrodites, toujours pourvues d’un périanthe, non enveloppées par une paire de bractées; sépales au nombre de 3 à 5; étamines généralement au nombre de 2 à 5; calice enveloppant le fruit et alors foliacé, dépourvu d’aile transversale (Rydberg, 1931).

 Figure 1. Rameau de Chenopodium subglabrum.Dessin de Laurie Consaul, Musée canadien de la nature.

Figure 1. Rameau de Chenopodium subglabrum.Dessin de Laurie Consaul, Musée canadien de la nature.

Description génétique

Le chénopode glabre est une espèce diploïde à 2n = 18 chromosomes. L’inféodation de l’espèce aux dunes ayant des composantes de sable mobile constitue une barrière écologique au flux génique entre populations. La différenciation génétique des populations n’a pas encore été étudiée.

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