Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ours blanc (Ursus maritimus) au Canada – Mise à jour 2002

  1. Table des Matières
  2. Sommaire de l’évaluation
  3. Résumé
  4. Introduction
  5. Protection
  6. Taille et tendances des populations
  7. Habitat
  8. Biologie générale
  9. Facteurs limitatifs
  10. Importance de l'espèce
  11. Évaluation et statut proposé
  12. Résumé technique
  13. Remerciements
  14. Ouvrages cités
  15. Les auteurs
  16. Bibliographie

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

Nota : Toute personne souhaitant citer l’information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et citer l’auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l’évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l’évolution du rapport de situation sont requis.

COSEPAC 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ours blanc (Ursus maritimus) au Canada - Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 34 p.

STIRLING, I. et M.K. TAYLOR. 1999. Rapport de situation du COSEPAC sur l’ours blanc (Ursus maritimus) au Canada - Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages 1-34 p.

Rapports précédents :

STIRLING, I. 1991. Update COSEWIC status report on the polar bear Ursus maritimus in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 24 p.

STIRLING, I. 1986. COSEWIC status report on the polar bear Ursus maritimus in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 20 p.

Note de production :

La publication du COSEPAC de 2002 « Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ours blanc Ursus maritimus au Canada - Mise à jour » inclut la mise à jour du rapport de situation sur l’ours blanc de 1999 et un addenda pour 2002.

Also available in English under the title COSEWIC assessment and update status report on the polar bear Ursus maritimus in Canada .

Illustration de la couverture :
Ours blanc – C. Douglas, vol. 1 de la série Carnets d’histoire naturelle, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario).

©Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2002
PDF : CW69-14/351-2004F-PDF
ISBN 0-662-75637-1
HTML : CW69-14/351-2004F-HTML
ISBN 0-662-75638-X.

Nom commun : Ours blanc

Nom scientifique : Ursus maritimus

Statut : Espèces préoccupante

Justification de la désignation: Ce très grand carnivore joue un rôle essentiel dans l'écosystème arctique du Canada et est d'une importance considérable pour les peuples autochtones du Nord. La très grande quantité de renseignements à long terme disponibles pour cette espèce indiquent que la plupart des populations semblent stables. Quelques populations ont connu un déclin, et des mesures correctives sont prises pour inverser ces tendances. Toutefois, cette espèce a un taux lent de reproduction et est très vulnérable à la prise excessive des femelles adultes. Sa conservation dépend ainsi considérablement de stratégies de gestion appropriées. Les ours blancs sont également touchés par le changement climatique. Dans la partie sud de leur aire de répartition, une tendance vers des saisons plus longues sans glace a influé sur leur cycle biologique. De plus, en tant que prédateur de niveau trophique supérieur, les ours possèdent un certain nombre de substances polluantes dans leur corps, ce qui pourrait augmenter le taux de mortalité si les niveaux devenaient toxiques.

Répartition : Yukon, Territoires du Nord-Ouest, Nunavut, Manitoba, Ontario, Québec, Terre-Neuve-et-Labrador

Historique du statut : Espèce désignée « non en péril » en avril 1986. Réexamen du statut : l'espèce a été reclassifiée dans la catégorie de risque plus élevé « préoccupante » en avril 1991. Réexamen et confirmation du statut en avril 1999 et en novembre 2002. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation existant accompagné d'un addenda.

L’ours blanc a été désigné « Non en péril » en 1986 par le COSEPAC; il a été ensuite sur classé dans la catégorie de risque plus élevé « Vulnérable » en 1991 sur la base d’un rapport qui avait été achevé en 1998. C’est la seconde mise à jour du rapport de situation sur l’espèce.

On trouve des ours blancs dans tout le Nord du Canada, depuis le Yukon jusqu’au Labrador et depuis le Nord de l’île d’Ellesmere vers le sud jusqu’à la baie James. Il n’y a pas de sous-espèces reconnues. Les ours blancs se répartissent en 14 populations relativement distinctes qui se mélangent peu, si bien que l’on peut démontrer la variation géographique dans la génétique des populations. La durée et la fréquence des déplacements saisonniers entrepris par les ours au sein de chaque population varient selon la superficie de la zone géographique occupée, le profil annuel de gel et de débâcle de la glace de mer et d’autres caractéristiques comme les masses terrestres, les étendues de glace pluriannuelle et les polynies.

L’ours blanc figure à l’Annexe II de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). En vertu de cette convention, toute expédition internationale d’ours blancs ou de parties d’ours blancs doit être effectuée dans le cadre d’un permis. Le pouvoir de gestion de cette espèce réside auprès des provinces, des territoires et des conseils consultatifs de gestion des ressources fauniques établis en vertu de revendications territoriales. Des contingents obligatoires sont en vigueur dans les Territoires du Nord-Ouest, au Manitoba, au Yukon, au Nunavut et au Labrador.

La population canadienne totale est estimée à environ 15 000 individus. Parmi les 14 sous-populations du Canada, une est probablement en hausse, une autre est peut-être en baisse et 12 sont vraisemblablement stables ou gérées en vue d’une augmentation.

La productivité de l’habitat de l’ours blanc est étroitement liée au type et à la répartition de la glace de mer, ainsi qu’à la densité et à la répartition des phoques qui constituent leur proie principale. Du début de l’hiver jusqu’à la débâcle au printemps, les ours blancs se répartissent principalement sur la glace annuelle le long de la côte. On peut les retrouver jusqu’à 200 km au large des côtes. Les tanières de mise bas sont principalement situées sur la terre ferme dans des congères près de la côte ou parfois sur des banquises de glace multiannuelle au large.

Les phoques annelés (Phoca hispida) et barbus (Erignathus barbatus) sont les principales proies des ours blancs mais, dans certaines régions, les phoques du Groenland (Pagophilus groenlandicus), les phoques communs (Phoca vitulina) et les phoques à capuchon (Cystophora cristata) sont également importants. Les taux de reproduction des différentes populations d’ours blancs sont variables mais sont tous assez bas. Les ourses atteignent leur maturité sexuelle entre quatre et six ans et ont des portées au mieux tous les trois ans si elles réussissent. La plupart des mâles ne s’accouplent pas avant l’âge de 8 à 10 ans. Très peu d’ours blancs vivent plus de 25 ans.

Au Canada, les ours blancs sont capturés par les Inuits, les Indiens et les chasseurs sportifs non résidents guidés par des Autochtones. Durant les années 1980, les prises annuelles totales pour toutes les populations situées au Canada et partagées par le Canada atteignaient approximativement 600 individus, la plupart étant capturés dans les anciens Territoires du Nord-Ouest, dont la majorité de la superficie se trouve maintenant dans le Nunavut. Parmi les autres facteurs limitatifs, citons la disponibilité de la nourriture, les fluctuations climatiques et la mise en valeur croissante du Nord.

Le Canada abrite au moins 50 p. 100 des ours blancs de la planète et, en tant que signataire de l’Accord international sur la conservation des ours blancs, il a le mandat de conserver à la fois l’espèce et son habitat.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Espèce : Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D) : Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC) : Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)* : Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M) : Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)** : Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)*** : Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)**** : Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Environment Environnement
Canada Canada

Canadian Service canadien
Wildlife Service de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

La dernière révision de la situation de l’ours blanc au Canada a été achevée en 1987 et le COSEPAC lui avait attribué le statut d’espèce vulnérable..

Ordre : Carnivore

Famille : Ursidés

Nom scientifique : Ursus maritimus (Phipps, 1774)

Noms communs : Ours polaire, ours blanc, Nanuk, Polar Bear, White Bear, Ice Bear

Les ours blancs sont répartis dans tout l’Arctique circumpolaire. En Amérique du Nord, leur aire de répartition s’étend des îles de l’Arctique canadien et de la limite sud de la banquise permanente pluriannuelle de l’océan Arctique jusqu’à la côte du Labrador, au sud de la baie James et de la mer de Béring. L’aire actuelle de l’ours blanc au Canada correspond en majeure partie à son aire traditionnelle (DeMaster et Stirling, 1981), même s’il appert, d’après les données limitées disponibles, qu’ils étaient plus nombreux dans le Sud du Labrador et à Terre-Neuve il y a quelques siècles qu’aujourd’hui (p. ex. Townsend, 1911; Stirling et Kiliaan, 1980). La réduction des effectifs d’ours blancs dans le Sud du Labrador et à Terre-Neuve a probablement été provoquée par plusieurs siècles d’habitation humaine et de chasse connexe. Ailleurs dans leur aire de répartition, la fréquence de leur présence dans le voisinage immédiat de zones colonisées peut être également en baisse, même si cette incidence locale est peut-être due à un comportement d’évitement ainsi qu’à des réductions du nombre d’ours. Jusqu’à présent, il n’existe pas de données quantitatives permettant d’évaluer l’une ou l’autre des deux hypothèses. La limite méridionale de la répartition des ours blancs dans toute leur aire peut varier selon les années, en fonction de la répartition de la banquise saisonnière en hiver (Stirling, 1988a).

En été, la glace peut fondre dans la totalité ou une partie de l’aire d’une population particulière, si bien que les ours peuvent être obligés de passer plusieurs mois sur la terre en attendant la prise de la glace à l’automne. Ce modèle est très marqué dans la baie d’Hudson et la baie James (Jonkel et al., 1976; Stirling et al., 1977; Derocher et Stirling, 1990) mais il est également bien documenté dans des parties du Haut Arctique et dans l’est de l’île de Baffin (Stirling et al., 1980; 1984; Schweinsburg, 1979; Ferguson et al., 1997).

En hiver, la plupart des ourses blanches gravides habitent dans des tanières aménagées sur la terre ferme dans un rayon d’environ 50 km de la côte (p. ex. Harington, 1968; Stirling et al., 1984; Ramsay et Stirling, 1990; Stirling et Andriashek, 1992), tandis que le reste de la population demeure active durant tout l’hiver. Dans certains secteurs de la partie nord-ouest de l’archipel canadien et de la mer de Beaufort, les ourses blanches creusent des tanières de mise bas dans des congères sur des banquises pluriannuelles (Lentfer, 1975; Messier et al., 1994; Amstrup et Gardner, 1994). Des observations directes (Van de Velde, 1971; Messier et al., 1992, 1994) et les connaissances traditionnelles des Inuits révèlent que les mâles, les femelles solitaires et les femelles accompagnées de jeunes oursons âgés d’un an ou deux peuvent également creuser des tanières provisoires pendant les périodes où les conditions climatiques sont particulièrement froides ou inclémentes.

Les ours blancs figurent à l’Annexe II de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et ils sont classés « à faible risque : tributaires de la conservation »
dans le Livre rouge de l’UICN. Au Canada, ils sont classés comme une espèce
« vulnérable » par le COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada). En vertu de la CITES, toute expédition internationale d’ours blancs ou de parties d’ours blancs doit être effectuée dans le cadre d’un permis.

Lunn et al. (1998) a résumé récemment le règlement concernant la gestion des ours blancs au Canada. Le pouvoir de gestion de cette espèce réside auprès des provinces, des territoires et des conseils de gestion des ressources fauniques établis en vertu de revendications territoriales. Les limites des différentes populations d’ours blancs au Canada (figure 1) ont été déterminées par un repérage d’ourses blanches effectué par satellite, par des études de marquage et de recapture et par le retour des étiquettes des ours blancs des deux sexes capturés par des chasseurs inuits (Taylor et Lee, 1995; Bethke et al., 1996). Plus récemment, des études génétiques utilisant des micro-satellites ont révélé qu’il existe également une justification génétique de la séparation des populations (Paetkau et al., 1995 et données inédites). Les limites des populations sont examinées chaque année par le Comité technique fédéral/provincial/territorial de l’ours blanc (CTOB) et sont sujets à une révision au fur et à mesure que sortent les résultats d’une nouvelle recherche.

Au Canada, le CTOB effectue une révision annuelle de la situation de chaque population d’ours blancs et de son niveau souhaitable de prises et surveille le tableau de chasse annuel. La capture durable d’ourses blanches autonomes (p. ex. âgées de deux ans et plus) d’une population est estimée à environ 1,6 p. 100 chez la plupart des populations (Taylor et al., 1987a). Des contingents obligatoires sont en vigueur dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et au Labrador. Dans la plupart des populations des Territoires du Nord-Ouest, un système de contingentement souple est actuellement en vigueur et tient compte de la proportion relative des deux sexes dans les prises de chaque année, par population, et ajuste le contingent admissible de l’année suivante pour tenir compte de toute surexploitation éventuelle (Lunn et al., 1998). Dans les Territoires du Nord-Ouest, la saison de chasse était officiellement fermée en été mais elle ouvre dorénavant le 1er août afin que les abattages de défense puissent être légalement autorisés par les organisations de chasseurs et de trappeurs (OCT) et administrées sans enquête du ministère des Ressources, de la Faune et du Développement économique (MRFDE).

Figure 1. Carte des limites des populations canadiennes d’ours blancs, 1996. Ces limites ont été fixées à partir d’analyses des déplacements d’ours lors d’études de marquage-recapture, de retours d’étiquettes d’ours tués par des chasseurs inuks et des déplacements de femelles adultes munies de colliers émetteurs reliés par satellite. Les limites sont assujetties à une révision périodique à mesure que l’on obtient et analyse de nouvelles données de recherche.

Au Manitoba, les ours blancs figurent sur la liste des espèces protégées en vertu de la Loi sur la faune et il n’y a pas de saison de chasse. Par conséquent, les ours dans les tanières et les femelles avec des oursons sont automatiquement protégés. Cette désignation supprime le droit de tuer des ours blancs en vertu des droits ancestraux ou issus de traités des peuples autochtones. Toutefois, la désignation comme espèce protégée ouvre toujours la possibilité d’avoir un contingent récoltable au Manitoba parce que le Ministre peut encore, par voie de permis, autoriser la prise d’animaux d’une espèce ayant été ainsi désignée. Il s’agit d’une distinction importante entre l’absence de saison de chasse en vigueur au Manitoba et en Ontario.

En Ontario, les droits issus de traités ne permettent pas la réglementation de la chasse aux ours blancs mais il y a une entente avec les chasseurs cris sur un contingent annuel admissible de prises. Les rapports sur les prises sont volontaires, mais ils sont considérés comme étant généralement fiables parce que les peaux d’ours blancs ne peuvent pas être vendues tant qu’elles n’ont pas été munies d’un sceau de la province. En Ontario, les ours blancs dans les tanières ne sont pas protégés, mais les tanières le sont. Les femelles avec des oursons ne sont pas spécifiquement protégées en Ontario, mais seules les personnes détenant des droits issus de traités peuvent légalement chasser les ours blancs.

Au Québec, en vertu de la Convention de la baie James, les Inuits se sont vu octroyer une « capture garantie » de 62 ours chaque année. Cela signifie que les
62 premiers ours d’une capture durable estimée seraient réservés à l’usage exclusif des Inuits. Toutefois, ce chiffre est assujetti à des limites de conservation si bien que, si le niveau durable était fixé au-dessous de 62, le chiffre le plus bas prévaudrait et tous les individus pris seraient « garantis » pour le seul usage des Inuits. Le niveau de « capture garantie » a été déterminé uniquement d’après des statistiques de prises et ne repose pas sur une estimation du rendement durable à partir d’une estimation démographique. La Convention de la baie James a été signée en 1975, avant que l’on se rende compte que les chasseurs inuits du Québec capturaient des ours de trois populations distinctes. Il n’existe pas de contingents actuellement en vigueur au Québec, même si les chasseurs inuits québécois ont convenu de limiter la capture aux niveaux actuels, qui semblent être durables, jusqu’à ce que des évaluations soient faites pour les trois populations dans lesquelles ils prélèvent des ours. Une fois que les évaluations auront été achevées pour ces trois populations et que des prises durables auront été déterminées, on s’attend à voir les Inuits du Québec signer des ententes de cogestion avec d’autres groupes d’utilisateurs qui partagent chacune des populations. Au Québec, les femelles ayant des oursons de moins d’un an et les oursons dans les tanières ne sont pas protégés par la législation (parce qu’aucune disposition n’a été prévue pour cela en vertu de la Convention de la baie James), mais il existe une entente locale avec l’organisme de chasseurs de ne pas chasser ces ours.

Il est compliqué de formuler une politique sur la recherche et la gestion de l’ours blanc au Canada parce qu’il y a sept organismes gouvernementaux concernés : quatre provinciaux, deux territoriaux et un fédéral, plus les conseils de gestion mis sur pied pour le règlement des revendications territoriales. La discussion entre les représentants de tous ces secteurs de compétence en vue de faciliter les décisions de gestion est coordonnée par le Comité administratif fédéral-provincial de l’ours blanc (CAOB) et le CTOB. Ce dernier comprend les biologistes de chaque secteur de compétence et les experts invités des groupes d’utilisateurs ainsi que d’autres organismes de recherche (comme les universités) qui possèdent une expérience directe avec des connaissances traditionnelles ou des recherches scientifiques sur le terrain portant sur les ours blancs. Chaque année, le CTOB discute des résultats des recherches les plus récentes et formule des recommandations au CAOB, composé des principaux administrateurs de chaque secteur de compétence en plus des groupes d’utilisateurs, qui se réunit également chaque année pour coordonner la gestion des ours blancs sur une base nationale.

À l’échelle internationale, la recherche sur l’ours blanc et sa gestion sont coordonnées en vertu de l’Accord sur la conservation des ours blancs qui a été signé en 1973 et est entré en vigueur le 26 mai 1976 (voir Stirling 1988a). L’Accord exige que les ours blancs soient gérés suivant de « solides techniques de conservation ». En 1997, lors de sa onzième réunion, le Groupe de spécialistes de l’ours blanc (GSOB) de l’UICN a clarifié le fait que, pour être en mesure de maintenir de « solides techniques de conservation », il faut des renseignements précis sur le nombre, l’emplacement, le sexe et l’âge des animaux capturés, sur les limites géographiques des populations d’ours blancs, sur l’effectif et la composition par sexe et par âge de la population et sur les taux de naissance et de décès concernant la population. Même si la responsabilité de la gestion des ours blancs au Canada incombe aux provinces et aux territoires, l’Accord international a été signé par le gouvernement fédéral au nom de toutes les compétences. En vertu des termes de cet Accord, la prise d’ours blancs est limitée aux « peuples locaux » (ce qui est interprété au Canada comme signifiant les peuples autochtones ou les chasseurs sportifs guidés par des Autochtones) qui chassent par des moyens traditionnels et suivant de solides techniques de conservation fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles. Au Canada, « moyens traditionnels », lorsque cela s’applique aux guides de chasseurs sportifs non résidents, signifie se déplacer en traîneaux à chiens. Une section particulièrement importante est cette partie de l’article II qui stipule que « chaque partie contractante prendra les mesures appropriées pour protéger les écosystèmes dont les ours blancs font partie... » Cet Accord a été renouvelé indéfiniment en 1981 (réunions consultatives des parties contractantes à l’Accord sur la conservation des ours blancs en 1981).

Au cours des dernières années, plusieurs réserves nationales de faune, parcs nationaux et réserves de parcs naturels sous administration fédérale ont été établis dans le Nord, dont certains accordent une protection aux ours blancs dans des refuges estivaux et des aires de mise bas. Même si cela est une pure coïncidence dans bien des cas, les provinces et les territoires ont pris plusieurs initiatives semblables. L’Ontario a établi le Polar Bear Wilderness Park dans l’angle nord-est de la province à la jonction de la baie James et de la baie d’Hudson. Au Manitoba, un nouveau parc national (Wapusk) a été détaché de l’aire de gestion de la faune (AGF) de Cape Churchill, qui existait déjà. Le secteur situé le long de la côte du Manitoba, en partant juste au sud de Churchill jusqu’à la frontière de l’Ontario, est situé entièrement à l’intérieur des AGF de Cape Churchill et de Cape Tatnum, établies respectivement en 1978 et en 1973. Par conséquent, l’établissement du Parc national de Wapusk modifie la catégorie de désignation des terres, mais pas le statut protégé qui avait déjà été établi par le Manitoba.

Les Territoires du Nord-Ouest ne disposent pas, à l’heure actuelle, d’une législation permettant la création de zones protégées. Toutefois, tout l’habitat de l’ours blanc dans les Territoires du Nord-Ouest est situé à l’intérieur des zones de règlement des revendications territoriales d’Inuvialuit ou du Nunavut. Tant le gouvernement territorial que les bureaux d’administration des revendications territoriales exigent un processus d’examen pour les activités d’exploration, de mise en valeur et de recherche, incluant de prendre en considération l’effet sur les populations d’ours blancs et sur l’ensemble de la faune. En outre, en vertu des règlements des revendications territoriales, la majorité des terres côtières utilisées comme aires de mise bas par les ourses blanches et jouxtant des zones marines d’une grande productivité biologique sont la propriété collective des bénéficiaires inuits. Des études effectuées dans tout l’Arctique continuent d’identifier les zones de mise bas afin qu’elles puissent être prises en considération en fonction des activités industrielles ou humaines (p. ex. Jonkel et al., 1976; 1978; Kiliaan et al., 1978; Prevett et Kolenosky, 1982; Stirling et al., 1978; 1980; 1984; Schweinsburg et al., 1981, 1984; Stirling et Andriashek, 1992; Ramsay et Stirling, 1988).

Lee et Taylor (1994) ont résumé plusieurs aspects concernant l’âge, le sexe et la chronologie des ours blancs capturés dans les Territoires du Nord-Ouest de 1979 et 1980 à 1989 et 1990. Parmi les principaux avantages économiques de la chasse aux ours blancs, citons les recettes tirées de la vente des peaux, les services de guide pour les chasseurs non résidents et, dans certaines régions, également la consommation humaine de la viande. Les peaux vendues par les chasseurs inuits sont utilisées principalement pour confectionner des articles de luxe comme des tapis ou des tentures murales et bon nombre obtiennent de bons prix sur le marché de la fourrure. Des registres de la valeur économique du commerce des peaux d’ours blancs sont disponibles pour certaines années, même si bon nombre des peaux sont vendues localement sans disposer de registres (Smith, 1977, 1978, 1979; Smith et Jonkel 1975a & b; Smith et Stirling, 1976). Le contingent canadien pour 1995 et 1996, incluant les lignes directrices moins sévères pour l’Ontario et le Québec, s’élevait à 605. Le prix actuel des peaux atteint jusqu’à 1 500 $ pour la peau d’un gros mâle en parfaite condition.

Pour la chasse guidée pratiquée par des non-résidents, le chasseur doit être accompagné par un guide inuk, la chasse doit être effectuée avec l’aide d’équipes de chiens et l’étiquette pour l’ours capturé doit provenir du contingent de l’établissement qui sert de guide. Chaque établissement détermine le nombre d’étiquettes d’ours blancs qu’il souhaite affecter chaque année à la chasse sportive, à même son contingent annuel. Par conséquent, l’attribution d’étiquettes pour la chasse sportive ne résulte pas en une augmentation du contingent. Si la chasse n’est pas fructueuse, l’étiquette ne peut pas être réémise à quelqu’un d’autre, si bien que l’introduction de la chasse guidée aux ours blancs a entraîné une diminution du total des prises annuelles. En 1996, 132 non-résidents ont participé à des chasses guidées et, de ce nombre, seulement 90 (68 p. 100) ont réalisé une capture. Un autre avantage du programme de chasse guidée pratiquée par des non-résidents est que la forte proportion des ours capturés sont des mâles (76 sur 90 en 1996).

L’intérêt démontré par les chasseurs inuits pour guider des chasseurs non résidents résulte du revenu supérieur qu’ils peuvent tirer de chaque étiquette, comparativement à la simple vente de la peau. Ceci étant dit, la chasse aux ours blancs demeure une activité importante sur le plan culturel pour les Inuits, si bien que, jusqu’à présent, la majorité des étiquettes émises chaque année sont conservées pour usage local.

En 1994, le gouvernement américain a voté une modification à la Marine Mammal Protection Act de 1972 qui légalisait, pour les chasseur américains, l’importation de peaux d’ours blancs capturés lors de chasses guidées pratiquées par des non-résidents au Canada, à condition de respecter certains critères. La possibilité d’importer légalement les peaux d’ours blancs capturés du Canada vers les États-Unis a entraîné un regain d’intérêt pour la chasse guidée chez les chasseurs américains. À l’heure actuelle, sept populations se sont qualifiées au Canada pour approbation en vertu du U.S. Fish and Wildlife Service. Le regain d’intérêt n’a pas entraîné une augmentation des contingents de prises.

On estime que la population mondiale atteint entre 22 000 et 27 000 individus, dont au moins 15 000 se trouvent au Canada (Groupe de spécialistes de l’ours blanc de l’UICN, 1998; tableau 1). Les ours blancs ne sont pas répartis régulièrement dans tout l’Arctique, pas plus qu’ils ne comprennent une seule population cosmopolite nomade, mais on les retrouve plutôt dans quelque 19 sous-populations relativement distinctes, dont 14, parmi les sous-populations actuellement reconnues, se trouvent à la fois uniquement au Canada ou partagées avec l’Alaska (États-Unis) ou le Groenland (figure 1). Étant donné que plusieurs sous-populations sont partagées à l’échelle internationale, que les chiffres des différentes sous-populations d’ours blancs au sein du Canada fluctuent et que chacune est gérée indépendamment, nous ne pouvons pas penser valablement à une « population canadienne ». Par conséquent, le tableau 1 résume nos estimations actuelles des effectifs d’ours blancs dans chaque sous-population, présente les données sur les prises et fournit une détermination du statut avec réserve. Le statut attribué suit les résumés de nos connaissances actuelles de la situation des populations d’ours blancs dans tout le Canada, telles que mentionnées dans le résumé de 1997 de la situation mondiale des ours blancs, achevé par le Groupe de spécialistes de l’ours blanc de la CSE/UICN (Groupe de spécialistes de l’ours blanc de l’UICN, 1998).

La répartition, l’abondance et les limites de cette population ont fait l’objet de programmes de recherche depuis la fin des années 1960 (Stirling et al., 1977; Derocher et Stirling, 1995a; Lunn et al., 1997; Taylor et Lee, 1995) (figure 1). Plus de 80 p. 100 de la population adulte est marquée, et il existe de vastes relevés découlant des études de marquage-recapture et du retour des étiquettes des ours tués par des chasseurs inuits. Cette population semble géographiquement distincte pendant la saison des eaux libres, même si elle se mélange avec les ours blancs du Sud de la baie d’Hudson et du bassin Foxe sur la glace de mer de la baie d’Hudson durant l’hiver et le printemps (Stirling et al., 1977; Derocher et Stirling, 1990; Stirling et Derocher, 1993; Taylor et Lee, 1995). La taille de cette population a été estimée à 1 200 individus à l’automne 1995 (Lunn et al., 1997) et on croit que la capture actuelle est viable. Le ratio par sexe de la capture, deux mâles pour une femelle, a modifié la composition de la population qui atteint 58 p. 100 de femelles et 42 p. 100 de mâles (Derocher et al., 1997).

Les limites de cette population reposent sur les déplacements observés des ours étiquetés et sur des études télémétriques (Jonkel et al., 1976; Kolenosky et al., 1992; Kolenosky et Prevett, 1983; Stirling et Derocher, 1993; Taylor et Lee, 1995) (figure 1). L’estimation de la taille de la population provient d’une étude triennale de marquage-recapture (de 1984 à 1986), effectuée principalement le long de la côte de l’Ontario (Kolenosky et al., 1992). Cette étude a également documenté la fidélité saisonnière des ours à l’égard de la côte ontarienne pendant la saison libre de glace et un certain mélange avec les populations de l’Ouest de la baie d’Hudson et du bassin Foxe en hiver et au printemps lorsque la baie est gelée. L’estimation calculée de 763 individus a été augmentée à 1 000 par le CTOB (Comité technique de l’ours blanc) parce qu’une partie des zones côtières est et ouest n’était pas incluse dans le secteur échantillonné. En outre, le secteur situé à l’intérieur de la côte a peut-être été sous-échantillonné en raison de la difficulté de localiser les ours blancs dans la forêt boréale. Par conséquent, certaines catégories d’ours, en particulier les femelles gravides et les femelles avec des oursons, ont pu être sous-représentées dans l’échantillon. L’estimation de 1 000 individus est jugée conservatrice et la capture totale par les Territoires du Nord-Ouest, l’Ontario et le Québec semble viable. Des pourparlers sont en cours entre ces trois secteurs de compétence au sujet de la cogestion et de la recherche concertée.

Tableau 1. Situation des populations canadiennes d’ours blancs (janvier 1997)
Popu-
lation
%
prises
de
feme-
lles
Nom-
bre
Prises
annue-
lles
viables
Prises
annue-
lles
moye-
nnes
Inquié-
tudes
enviro-
nne-
mentales
Situa-
tion1
Qualité
de
l’esti-
mation
Degré
de
distor-
sion
Époque
de
l’esti-
mation
Données
Prises /
Captures
Ouest de
la baie
d’Hudson
31 1200 54 44 Aucune Sa Bonne Aucune Actuelle Bonnes
(>15 ans)
Sud de la
baie
Hudson
35 1000 43 45 Aucune Sa Acceptable Modérée Ancienne Acceptables
(5-10 ans)
Bassin
Foxe
38 2300 91 118 Aucune Sa Bonne Aucune Actuelle Bonnes
(>15 ans)
Détroit de
Lancaster
25 1700 77 81 Aucune Sa Acceptable Aucune Actuelle Bonnes
(>15 ans)
Baie de
Baffin
35 2200 94 122 Aucune D?b Acceptable Aucune Actuelle Acceptables
(>15 ans)
Baie
Norwegian
30 100 4 4 Aucune Sa Acceptable Aucune Actuelle Bonnes
(>15 ans)
Bassin
Kane
37 200 8 6 Aucune S Acceptable Aucune Actuelle Acceptables
(>15 ans)
Reine-
Élisabeth
-- (200?) 9? 0 Possibles S?b Aucune -- -- --
Détroit
de Davis
36 1400 58 57 Aucune S?b Acceptable Modérée Désuète Bonnes
(>15 ans)
Golfe de
Boothia
42 900 32 37 Aucune Sa Mauvaise Modérée Désuète Bonnes
(>15 ans)
Détroit de
M’Clintock
33 700 32 25 Aucune Sa Mauvaise Modérée Désuète Bonnes
(>15 ans)
Détroit du
Vicomte
de Melville
0 230 4 0 Aucune A Bonne Aucune Actuelle Bonnes
(>15 ans)
Nord de la
mer de
Beaufort
43 1200 42 29 Aucune S Bonne Aucune Récente Bonnes
(>15 ans)
Sud de la
mer de
Beaufort
36 1800 75 56 Aucune S Bonne Modérée Récente Bonnes
(>15 ans)

1S = stable; D = diminution; A = augmentation; ? = tendance incertaine

a La population est gérée avec un système de contingents souples en vertu duquel une surexploitation au cours d’une année donnée entraîne une réduction pleinement compensatoire du contingent de l’année suivante.

b Voir texte, Taille et tendances des populations, à des fins de discussion.

D’après 12 années d’études de marquage-recapture, un nombre limité de repérage d’ourses munies de colliers émetteurs traditionnels et de repérage par satellite d’ourses dans l’Ouest de la baie d’Hudson, la population du bassin Foxe semble se manifester dans le bassin Foxe, dans le Nord de la baie d’Hudson et à l’extrémité occidentale du détroit d’Hudson (Taylor et Lee, 1995) (figure 1). Pendant la saison libre de glace, les ours blancs étaient concentrés sur l’île de Southampton et le long de la côte de la baie Wager. Toutefois, des nombres importants d’ours ont également été rencontrés sur les îles et dans les régions côtières dans tout le secteur du bassin Foxe. Une estimation de la population par marquage-recapture de 2 300 individus repose sur un marquage biologique à la tétracycline achevé en 1996 (M.K. Taylor, données inédites). L’effort de marquage a été réalisé pendant la saison libre de glace et réparti dans tout le secteur. On estime que les contingents antérieurs de prises ont réduit la population d’environ 3 200 individus au début des années 1970 à environ 2 300 individus (15 p. 100 de CV) en 1996. Le contingent de prises dans les Territoires du Nord-Ouest, pour ce secteur, a maintenant été révisé à des niveaux qui permettront un lent rétablissement de cette situation, pourvu que les prises n’augmentent pas au Québec. Des pourparlers de cogestion sont en cours avec le Québec.

La zone centrale et occidentale du secteur occupé par la population d’ours blancs du détroit de Lancaster (figure 1) est caractérisée par une forte productivité biologique et par des densités élevées de phoques annelés et d’ours blancs (Schweinsburg et al., 1982; Stirling et al., 1984; Kingsley et al., 1985; Welch et al., 1992). Le tiers occidental de cette région (à l’est du détroit du Vicomte de Melville) est dominé par une glace pluriannuelle dense et une productivité biologique apparemment lente, comme le montrent les faibles densités de phoques annelés (Kingsley et al., 1985). Au printemps et en été, les densités d’ours blancs dans le tiers occidental de la zone occupée par la population du détroit de Lancaster sont faibles mais, à mesure que progresse la débâcle à partir de l’est, les ours blancs se déplacent vers l’ouest pour estiver sur la glace pluriannuelle. Des renseignements récents concernant les déplacements d’ourses adultes surveillées par des colliers émetteurs reliés par satellite et les données de marquage-recapture des dernières années ont démontré que cette population est distincte des populations adjacentes de la baie de Baffin et de la baie Norwegian (Stirling et al., 1984; M.K. Taylor, données inédites). Une nouvelle estimation des effectifs et du statut de la population seront disponibles à l’automne 1997, lorsque les résultats de la saison finale sur le terrain (printemps 1997) auront été compilés et déclarés. L’estimation actuelle de 1 700 individus repose sur une analyse préliminaire des données à la fois historiques et actuelles de marquage-recapture. L’estimation préliminaire se compare favorablement à une estimation antérieure de 1 675 individus qui englobait la baie Norwegian (Stirling et al., 1984) et était jugée conservatrice. Les contingents de prises pour 1996 et 1997 ont été réduits à des niveaux viables en fonction de l’estimation préliminaire de la population.

En se fondant sur les déplacements d’ourses adultes munies de colliers émetteurs reliés par satellite et sur les recaptures d’animaux étiquetés, la population de la baie de Baffin est délimitée par la polynie des eaux du Nord au nord, le Groenland à l’est et l’île de Baffin à l’ouest (Taylor et Lee, 1995; M.K. Taylor, données inédites) (figure 1). Une limite méridionale distincte au cap Dyer, sur l’île de Baffin, ressort de toute évidence des déplacements des ours étiquetés (Stirling et al., 1980) et des données récentes sur les déplacements provenant des ours blancs surveillés par télémétrie via satellite (M.K. Taylor, données inédites). Lors de l’étude initiale (de 1984 à 1989) effectuée au Canada (R.E. Schweinsburg et L.J. Lee, données inédites), les échantillons de marquage et de recapture ont été recueillis en avril et en mai, lorsque la plupart des ours sont au large de la baie de Baffin. La première estimation estivale (de 300 à 600 individus) a été fondée sur les données de marquage-recapture recueillies lorsque l’effort de prise a été limité à la glace de rive et à la zone de dislocation au large du Nord-Est de l’île de Baffin. Les estimations préliminaires de l’échantillonnage de marquage-recapture effectué pendant la saison automnale d’eaux libres (de 1993 à 1995) suggèrent une population de 2 200 individus (M.K. Taylor, données inédites). D’après les deux analyses, il ressort clairement que l’on est en présence d’un échantillonnage faussé lorsqu’une partie des ours se trouvent sur la banquise au large et ne sont pas disponibles pour les équipes de capture. La seconde étude (1993-en cours) a été effectuée en septembre et octobre, lorsque tous les ours blancs de cette population sont disponibles pour un échantillonnage dans leur secteur de retraite sur les îles Bylot et de Baffin pendant la période d’eaux libres. Les résultats de la deuxième année d’échantillonnage par marquage-recapture en 1995 ont été compromis par une sortie automnale inattendue de glace pluriannuelle du détroit de Lancaster, du détroit Jones, et du bassin polaire, ce qui fait qu’un nombre inconnu d’ours blancs de l’île de Baffin sont demeurés sur la banquise au large, où ils n’étaient pas disponibles pour l’échantillonnage. Par conséquent, l’estimation préliminaire de 2 200 individus, reposant sur les données de 1993 à 1995, est jugée conservatrice (M.K. Taylor, données inédites). Le travail de terrain pour l’évaluation de la population de la baie de Baffin par marquage-recapture a été achevé à l’automne de 1997. Cette population est partagée avec le Groenland, qui ne limite pas le nombre d’ours blancs capturés. D’après l’estimation préliminaire de la population et les renseignements plus récents sur les captures, il semble que la population est peut-être surexploitée. Il faudrait de meilleures données sur les effectifs et sur les prises au Groenland pour clarifier la situation de cette population. Des pourparlers de cogestion entre le Groenland et le Canada ont été amorcés en février 1997.

La population de la baie Norwegian est délimitée par une glace pluriannuelle dense à l’ouest, des îles au nord, à l’est et à l’ouest, et des polynies (Stirling, 1980; 1997) au sud (figure 1). D’après les données recueillies pendant des études de marquage-recapture, et d’après le repérage par satellite de femelles adultes, il semble que la majorité des ours blancs de cette population sont concentrés le long des crevasses et des crêtes de marée côtières, le long des limites nord, est et sud, et associés à une population de phoques barbus située dans la région du détroit de Belcher juste au sud de l’île Cornwall (M.K. Taylor, données inédites). La prépondérance d’une glace pluriannuelle dense dans la majorité des secteurs du centre et de l’ouest entraîne de faibles densités de phoques annelés (Kingsley et al.1985) et par conséquent de faibles densités d’ours polaires. D’après des données préliminaires tirées de recherches en cours, l’estimation actuelle de cette population est de 100 individus (M.K. Taylor, données inédites). Le contingent de prises pour cette population a été réduit à quatre (trois mâles et une femelle) en 1996 et semble soutenable.

D’après les déplacements de femelles adultes munies de colliers émetteurs reliés par satellite et les recaptures d’animaux étiquetés, les limites de la population du bassin Kane sont la polynie des eaux du Nord, au sud, et le Groenland et l’île Ellesmere à l’ouest, au nord et à l’est (M.K. Taylor, données inédites) (figure 1). Avant 1997, cette population était essentiellement inexploitée en territoire canadien parce qu’elle se trouve loin de la localité canadienne la plus proche (Grise Fiord) et que les conditions pour s’y rendre sont généralement difficiles. Cependant, cette population a été exploitée par des chasseurs de Grise Fiord en 1997 et continue de l’être sur le côté groenlandais du bassin Kane. Au cours des certaines années, les chasseurs du Groenland ont capturé des ours blancs également dans l’ouest du bassin Kane et du détroit de Smith. Les chercheurs ont rencontré très peu d’ours blancs le long de la côte du Groenland de 1995 à 1997, peut-être à cause de la chasse intense qui s’y déroulait. D’après des données préliminaires tirées de recherches en cours (voir le résumé portant sur le détroit de Lancaster), l’estimation de la population à 200 individus supporterait des prises cumulatives totales de huit individus par an, à raison de deux mâles pour une femelle (M.K. Taylor, données inédites). La meilleure estimation actuelle des captures au Groenland est de six individus par an, ce qui est soutenable. Le contingent canadien pour cette population est de 5 individus et, si les Inuits du Canada et du Groenland devaient chasser dans cette région, comme ils l’ont fait en 1997, on assisterait à une surexploitation et à un épuisement de la population. Bien que l’habitat semble convenir aux ours blancs sur les rives groenlandaise et canadienne du bassin Kane, leur densité sur la rive groenlandaise (chassée) était nettement inférieure à celle de la rive canadienne (non chassée); cela suggère que cette population a peut-être été plus nombreuse au cours des années passées et pourrait faire l’objet d’une stratégie de gestion pour assurer sa croissance. Des pourparlers de cogestion entre le Groenland et le Canada ont été amorcés en février 1997 et se poursuivent.

La population de l’archipel de la Reine-Élisabeth ou du « bassin polaire » est une population géographique fourre-tout qui tient compte du reste du Nord-Est de l’archipel canadien (figure 1). Les ours blancs y sont présents à faibles densités mais des dénombrements systématiques n’y ont pas été effectués. Le secteur est caractérisé par une glace pluriannuelle dense, à l’exception d’un réseau récurrent de chenaux dans les glaces qui s’écoule parallèlement à la côte nord des îles de la Reine-Élisabeth, à partir du nord-est de la mer de Beaufort jusqu’au nord du Groenland. Quelque 200 ours blancs résident peut-être dans cette région et on sait que d’autres se déplacent dans le secteur ou l’occupent durant une partie de l’année. Cette population n’est pas chassée, à l’exception d’une mort occasionnelle par abattage de défense. Étant donné les effectifs peu nombreux et le faible taux de reproduction probable, même un petit nombre de prises accidentelles pourrait provoquer l’épuisement de la population si les visites deviennent plus courantes dans cette région éloignée.

D’après les déplacements effectués par les animaux étiquetés et, plus récemment, par les femelles adultes munies de colliers émetteurs reliés par satellite, on a déterminé que cette population est présente dans la mer du Labrador, dans l’Est du détroit d’Hudson, dans le détroit de Davis au sud du cap Dyer et dans une partie encore indéterminée du Sud-Ouest du Groenland (Stirling et Kiliaan, 1980; Stirling et al., 1980 et données inédites; Taylor et Lee, 1995; M.K. Taylor données inédites) (figure 1). L’estimation initiale de la population de 900 individus (Stirling et al., 1980) a été fondée sur une correction subjective du calcul initial de 726 individus effectué par marquage et recapture, que l’on pensait trop faible en raison de biais possibles dans l’échantillonnage. En 1993, cette estimation a été portée à, 1 400 individus par le CTOB pour tenir compte du fait que le biais au niveau de l’échantillonnage, provoqué par l’incapacité des chercheurs d’examiner ce vaste secteur de banquise du large, était supérieur aux prévisions antérieures, afin de tenir compte de renseignements scientifiques supplémentaires (I. Stirling et M.K. Taylor, données inédites) et pour inclure des connaissances traditionnelles qui laissent entendre que la population a augmenté au cours des 20 dernières années. La principale justification pour cet ajustement est l’observation que les prises annuelles ont été soutenues durant les 20 dernières années, alors que des observations non quantitatives continuent toutes à suggérer que la population a augmenté, et qu’il n’existe pas de données pour laisser supposer que la population a subi des répercussions négatives par suite des prises en cours. L’estimation de la population de, 1 400 individus a été choisie parce que c’est le nombre minimum d’animaux nécessaire pour soutenir les prises observées. La clarification de la situation de cette population exigera un dénombrement effectué pendant la saison d’eaux libres ainsi que des renseignements plus fiables sur les prises en provenance du Groenland. Au Canada, cette population est chassée par les Inuits des Territoires du Nord-Ouest, du Québec et du Labrador. Des pourparlers de cogestion entre le Groenland et le Canada ont été amorcés en février 1997.

Les limitess de la population reposent à la fois sur les déplacements d’ours marqués, sur les déplacements de femelles adultes munies de colliers émetteurs reliés par satellite dans les régions voisines et sur des interprétations faites par des chasseurs inuits locaux à propos de l’influence des conditions locales sur les déplacements des ours blancs dans la région (Stirling et al., 1978; Taylor et Lee, 1995; M.K. Taylor, données inédites) (figure 1). Une estimation initiale de la population de 333 individus découlait des données recueillies à l’intérieur des limites proposées pour la population du golfe de Boothia, dans le cadre d’une étude effectuée sur un secteur plus vaste du Centre de l’Arctique (Furnell et Schweinsburg, 1984). Même si les données démographiques sont limitées dans cette région, les chasseurs locaux rapportent que les effectifs sont demeurés constants ou en hausse. Le CTOB a accepté une augmentation de l’estimation démographique de 333 à 900 individus, sur une base intérimaire en attendant l’achèvement des études de repérage par satellite et de marquage-recapture, en reconnaissant que les parties centre et est du secteur n’avaient pas été échantillonnées au cours de l’étude antérieure et en se fondant sur les croyances des chasseurs inuits locaux à propos de la forte abondance d’ours blancs dans la région. La situation de la population a été mentionnée comme étant stable (Tableau 1), mais cette désignation devrait être considérée comme incertaine et provisoire. Une étude télémétrique par satellite des déplacements et un dénombrement de la population par marquage-recapture sont prévus durant la période de 1998 à 2001.

Les limites actuelles de la population sont fondées sur la récupération d’ours marqués et sur les déplacements de femelles adultes munies de colliers émetteurs reliés par satellite dans les régions voisines (Taylor et Lee, 1995) (figure 1). Ces limites semblent être une conséquence de la présence de grosses îles à l’est et à l’ouest, du continent au sud et de la glace pluriannuelle dense dans le détroit du Vicomte de Melville au nord. Une étude de la population par marquage-recapture, d’une durée de six ans, a couvert la majeure partie de cette région au milieu des années 1970 (Furnell et Schweinsburg, 1984). Par la suite, une estimation de 900 individus a été tirée des données recueillies à l’intérieur des limites proposées pour la population du détroit de M’Clintock, dans le cadre d’une étude effectuée sur une zone plus vaste du Centre de l’Arctique (Furnell et Schweinsburg, 1984). Plus récemment, des chasseurs locaux ont laissé entendre que 900 individus pourraient être un chiffre trop élevé, si bien que le CTOB a accepté une recommandation de réduire l’estimation à 700 individus. En vertu d’un contrat de gestion local, signé entre les collectivités inuites qui partagent cette population, le contingent de prises pour cette région a été révisé à des niveaux qui permettront à la population de croître lentement si l’estimation de 700 individus est conservatrice. Une étude télémétrique par satellite des déplacements et un dénombrement de la population marquée et recapturée sont prévus durant la période de 1998 à 2001.

Une étude quinquennale des déplacements et de la taille de la population, à l’aide de la télémétrie et du marquage-recapture, a été achevée en 1992 (Messier et al., 1992, 1994; M.K. Taylor, données inédites). Les limites de la population étaient fondées sur les déplacements observés de femelles munies de colliers émetteurs reliés par satellite et sur les déplacements d’ours marqués entrant et sortant de la zone étudiée. L’estimation de la population de 230 individus est précise avec un CV de 14 p. 100 (M.K. Taylor, données inédites). Étant donné que cette population occupe une aire géographique si vaste, on pensait qu’elle était plus abondante et productive à l’époque où les contingents initiaux ont été attribués au milieu des années 1970. Toutefois, ce secteur est caractérisé par une glace pluriannuelle dense et de faibles densités de phoques annelés (Kingsley et al., 1985), et la productivité et la densité des ours blancs étaient inférieures aux attentes initiales. Par conséquent, les contingents ont été réduits et il a été convenu d’appliquer un moratoire quinquennal sur la chasse. En 2000, les prises reprendront avec un contingent annuel de quatre mâles.

Des études des déplacements et des estimations de la population d’ours blancs dans l’est de la mer de Beaufort ont été effectuées périodiquement à l’aide de la télémétrie et du marquage-recapture depuis le début des années 1970 (Stirling et al., 1975, 1988; DeMaster et al., 1980; Lunn et al., 1995). Par conséquent, nous avons réalisé qu’il y avait des populations distinctes dans le nord et le sud des secteurs de la mer de Beaufort, et pas une seule population comme on le soupçonnait au départ (Stirling et al., 1988; Taylor et Lee, 1995; Amstrup, 1995; Bethke et al., 1996) (figure 1). La densité des ours blancs, calculée en utilisant la glace pluriannuelle du secteur le plus septentrional, était inférieure par rapport à la région située plus au sud. On pense que l’estimation de la population de 1 200 individus (Stirling et al., 1988) est impartiale et les prises actuelles semblent se situer dans des limites soutenables.

La population du sud de la mer de Beaufort est partagée entre le Canada et l’Alaska (Amstrup et al., 1986; Stirling et al., 1988; Taylor et Lee, 1995) (figure 1). Des études visant à estimer la taille de la population par marquage-recapture et par des analyses des déplacements à l’aide de données tirées des animaux étiquetés et de ceux qui sont munis de colliers émetteurs (traditionnels et reliés par satellite) ont été effectuées de façon semi-continue depuis la fin des années 1960 en Alaska et depuis le début des années 1970 au Canada. Les limites est et nord de cette population ont été déterminées à partir des déplacements d’ours étiquetés et de relevés télémétriques (Stirling et al., 1988; Amstrup, 1995). La limite ouest, partagée avec la population de la péninsule de Chukchi, est moins nette en ce moment (Garner et al., 1994). On croit que l’estimation de la population de 1 800 individus est fiable, mais ce chiffre est imprécis en raison de l’échantillonnage inégal en Alaska et au Canada au cours de différentes années, ce qui donne lieu à une capture non aléatoire. Un accord de gestion a été élaboré pour cette région par les Inupiats (Alaska) et les Inuvialuits (Canada) qui capturent cette population (Nageak et al., 1994). Les prises actuelles semblent se situer dans des limites soutenables et les chasseurs locaux estiment que la population augmente lentement.

La répartition des ours blancs est influencée principalement par le type et la répartition de la glace de mer et par la densité et la répartition des phoques. Depuis le gel à l’automne jusqu’à la débâcle au printemps, les ours blancs qui vivent dans l’archipel arctique canadien et dans d’autres secteurs situés au-dessus du plateau continental sont dispersés sur la glace annuelle le long de la côte, dans les chenaux interinsulaires et en particulier dans les eaux de glace active associées à des chenaux côtiers et à un mélange de glace annuelle et pluriannuelle (Stirling et al., 1993). Dans les secteurs en pleine mer, comme la mer de Beaufort ou la baie de Baffin, les ours blancs sont largement dispersés dans les secteurs de glace annuelle et de mélange de glace annuelle et pluriannuelle (Garner et al., 1994; Bethke et al., 1996; M.K. Taylor, données inédites). En général, les ours blancs sont moins abondants dans les vastes zones de glace pluriannuelle et dans le voisinage immédiat de grandes polynies avec des populations hivernantes de morses, probablement parce que la densité des phoques y est inférieure (Stirling et al., 1982; Kingsley et al., 1985).

Les ours blancs chassent à l’année longue. Leurs techniques de chasse et leurs taux de succès varient d’une saison à l’autre et selon les régions (Stirling, 1974; Stirling et Latour, 1978; Furnell et Oolooyuk, 1980). Des études nutritionnelles révèlent que la majorité de la ration calorique annuelle d’un ours blanc est ingérée au printemps et au début de l’été, après la naissance et le sevrage des jeunes phoques annelés. Les habitats les plus utilisés par les ours blancs durant leurs chasses printanières aux phoques sont les glaces de rive stables avec des congères profondes le long des crêtes de pression, qui conviennent pour les tanières de mise bas et les trous d’air des phoques annelés, la limite de dislocation des glaces où les chenaux sont larges (> 1 km) et les régions de glaces mouvantes où la couverture de glace est de sept-huitièmes ou davantage (Stirling et al., 1993). Après la dislocation de la glace annuelle à la fin du printemps ou au début de l’été, la réussite de chasse est réduite et les ours blancs cherchent des refuges côtiers à la fin de l’été et en automne lorsque les eaux sont libres.

On peut trouver des ours près de la côte ou à plus de 200 km au large, selon la répartition de la glace appropriée pour la chasse aux phoques. La préférence des ours pour ces habitats est influencée par la répartition et l’accessibilité de leur principale espèce de proies, les phoques annelés, et à un degré moindre les phoques barbus (Stirling et Archibald, 1977; Smith, 1980). Les phoques annelés maintiennent leurs trous d’air depuis la prise de la glace à l’automne jusqu’à la débâcle au printemps en grattant ou en frottant continuellement la glace avec les grosses griffes de leurs nageoires antérieures. Ces trous d’air sont situés sur les dernières fissures qui gèleront à l’automne (Smith et Stirling, 1975). Dans les régions où le vent, les courants marins ou les marées provoquent continuellement le fissurage de la glace qui regèle par la suite, les phoques sont apparemment plus accessibles aux ours blancs, dont le taux de succès de chasse est meilleur. Les phoques barbus se concentrent sur les lieux de formation de fissures naturelles et de polynies durant l’hiver, parce qu’il est plus facile d’y maintenir des trous d’air. Dans les petites polynies occupées par des morses, les phoques barbus sont principalement présents dans les zones adjacentes à de la glace plus mince mais, si les morses sont absents ou en petit nombre, les phoques barbus peuvent se trouver sur les pourtours des polynies elles-mêmes (Cleator et Stirling, 1990). En hiver, les ours sont moins abondants dans les baies ou les fiords profonds couverts d’étendues de glace annuelle plane qui sont consolidées durant l’hiver. Là où la couche de neige est épaisse dans les fiords, de grands nombres de phoques annelés donnent naissance à leurs petits dans des tanières subnivales au printemps (McLaren, 1958). Les ours blancs en général, mais surtout les femelles ayant des oursons nouveau-nés, se déplacent vers de tels endroits en avril et en mai pour chasser les blanchons (Stirling et al., 1993).

Il semblerait que la plupart des aires de mise base se trouvent sur la terre ferme. Le type de construction de ces tanières varie avec les caractéristiques de l’habitat disponible. La plupart sont construites dans des congères (Harington, 1968), tandis que dans l’Ouest de la baie d’Hudson et de la baie James les ours peuvent creuser des tanières dans de petits bancs de neige le long des rives des lacs ou des cours d’eau (Doutt, 1967; Jonkel et al., 1972; Clark et al., 1997). Il est particulièrement important que les femelles soient fidèles aux aires de mise bas en général, même si ce n’est pas forcément à une tanière en particulier. Les aires de mise bas et les aires d’alimentation printanières sont deux des éléments les plus cruciaux de leur habitat (Harington, 1968; Stirling et al., 1984; Stirling, 1990). Lentfer (1975) a été le premier à suggérer qu’un nombre important d’aires de mise bas des ours blancs, que l’on trouve à l’ouest de la mer de Beaufort au nord de l’Alaska, se situent sur la glace pluriannuelle de la mer de Beaufort. Depuis lors, des études télémétriques effectuées par Amstrup et Gardner (1994) ont confirmé cette hypothèse.

La capacité de reproduction des ours blancs varie selon les régions. Dans la mer de Beaufort, la majorité des ourses atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de cinq ans (c.-à-d. qu’elles s’accouplent à l’âge de cinq ans et ont leur première portée à six ans) tandis que, dans d’autres populations comme celles de la baie d’Hudson, du détroit de Davis, du détroit de M’Clintock et du détroit de Lancaster, bon nombre s’accouplent à quatre ans et ont leurs petits à cinq ans (Lentfer et al., 1980; Furnell et Schweinsburg, 1984; Ramsay et Stirling, 1988; Stirling et al., 1977, 1980, 1984). Les mâles atteignent vraisemblablement leur maturité physiologique à cinq ou six ans, mais aucune étude détaillée du cycle reproducteur des mâles n’a été effectuée jusqu’à présent. D’après des études portant sur les taux de croissance et l’usure des dents, il semblerait cependant que la plupart des mâles n’entrent pas dans la population reproductrice avant l’âge de huit à dix ans (Ramsay et Stirling, 1988; Derocher et Stirling, 1998). Dans les populations non chassées, le ratio entre les mâles et les femelles est égal chez les adultes. En théorie, étant donné que les oursons restent avec leur mère pendant deux ans et demi avant d’être sevrés, ces femelles ne devraient s’accoupler qu’une fois tous les trois ans, donnant un ratio fonctionnel de trois mâles pour une femelle réceptive ou davantage (Ramsay et Stirling, 1986). Dans l’Ouest de la baie d’Hudson, une analyse des niveaux de progestérone chez les ourses a révélé que de 80 à 90 p. 100 d’entre elles étaient gravides (Derocher et al., 1992). Cependant, il est probable qu’à cause principalement de la mortalité des oursons et éventuellement d’une certaine mortalité intra-utérine ou stérilité, moins des deux tiers des femelles adultes peuvent être accompagnées de jeunes de l’année ou d’oursons d’un an et, dans certains cas, le nombre de femelles accompagnées d’oursons d’un âge quelconque peut avoisiner 50 p. 100. Lentfer et al. (1980) et Taylor et al. (1987a) ont estimé que l’intervalle moyen entre deux portées se situe aux environs de 3,6 ans. L’Ouest de la baie d’Hudson fait exception car, au début des années 1980, jusqu’à 40 p. 100 des femelles sevraient leurs petits à l’âge d’un an (Ramsay et Stirling, 1988), même si ce pourcentage a diminué au cours des dernières années (Derocher et Stirling, 1995b).

À la suite d’une modélisation de la dynamique des populations d’ours blancs, Taylor (1987a et b; inédit) a déterminé que le rendement soutenable des ours mâles indépendants (âgés de deux ans ou plus) pouvait être le double de celui des femelles indépendantes sans épuiser la population de mâles, jusqu’à un maximum de 1,6 p. 100 de la population femelle totale. Dans les populations où les mâles sont capturés sélectivement, on peut réduire le nombre d’adultes mâles jusqu’à 20 p. 100 de moins que les femelles sans avoir d’incidences négatives sur les taux de gravidité (Derocher et al., 1992, 1997; Derocher et Stirling, 1995b). En grande partie à cause du faible taux de reproduction, le temps de doublement d’une population typique d’ours blancs est d’environ 24 ans, si bien que l’on pourrait s’attendre à ce qu’une population épuisée prenne des décennies à se rétablir -même en l’absence de prises.

Les femelles gravides pénètrent dans les tanières de mise bas vers la fin d’octobre et les oursons, normalement au nombre de deux, naissent entre la fin d’octobre et le début de janvier (Harington, 1968; Derocher et al., 1992) mais, selon des connaissances traditionnelles inuites, cela varie en fonction de la latitude. À la naissance, les oursons pèsent environ 0,600 kg, sont recouverts d’une toison extrêmement fine et ont les yeux fermés. Ils sont allaités à l’intérieur de la tanière jusqu’à une période située entre la fin de février et le milieu d’avril, selon la latitude. À ce moment-là, les oursons pèsent entre 10 et 12 kg (Ramsay et Stirling, 1988; Derocher et Stirling, 1995b).

L’envergure des déplacements saisonniers varie considérablement avec les facteurs écologiques, en particulier l’état de la glace ou la répartition des phoques, qui prévalent dans la zone occupée par chaque population. Les détails des déplacements, tels qu’ils sont connus à l’heure actuelle dans chaque zone de gestion, sont résumés par (Jonkel et al., 1976; Stirling et al., 1975, 1977, 1978, 1980, 1984; Stirling et Kiliaan, 1980; Schweinsburg et Lee, 1982; Schweinsburg et al., 1981; Schweinsburg et Lee, 1982; Ramsay et Andriashek, 1986; Amstrup, 1986, 1995; Messier et al., 1992; Taylor et Lee, 1995; Bethke et al., 1996).

Les principaux facteurs influençant les effectifs actuels d’ours blancs sont probablement la chasse, la disponibilité de la nourriture, les fluctuations de l’environnement naturel et la prédation intraspécifique (Taylor et al., 1985, 1987a et b; Stirling et Derocher, 1993; Stirling et Øritsland, 1995; Stirling et Lunn, 1997). Des études physiologiques portant sur les incidences du pétrole sur les ours blancs révèlent une possibilité sérieuse qu’un seul déversement important d’hydrocarbures dans une zone critique pour les ours blancs pourrait entraîner une réduction importante des effectifs (Øritsland et al., 1981).

L’occupation permanente du Nord a été limitée, jusqu’à tout récemment, aux établissements inuits et à quelques installations militaires et gouvernementales. Depuis le milieu des années 1960, la recherche de nouvelles réserves énergétiques et minérales a provoqué une augmentation des activités industrielles dans l’Arctique. On ne sait pas dans quelle mesure ces activités et ces travaux d’exploitation peuvent avoir un effet sur l’habitat de l’ours blanc, même si la destruction ou la perturbation des aires de mise bas et d’alimentation pourrait porter préjudice aux populations individuelles d’ours blancs (Stirling et Calvert, 1983; Amstrup, 1993).

Un risque supplémentaire résultant de l’occupation accrue du Nord réside dans le fait que des composés étrangers sont souvent entreposés dans des zones accessibles aux espèces sauvages. Les ours blancs, en raison de leur comportement très curieux, sont attirés par des substances étrangères qui peuvent être nuisibles ou même mortelles et peuvent en consommer (Lunn et Stirling, 1985; Stirling, 1988b; Amstrup et al., 1989; Derocher et Stirling, 1991).

Au cours des dernières années, on a découvert des niveaux importants de divers contaminants dans les tissus d’ours blancs, en particulier dans la graisse (p. ex. Born et al., 1991; Norstrom et al., 1988; Norstrom et Muir, 1994; Bernhoft et al., 1996; Letcher et al., 1995; ). Toutefois, nous ne connaissons pas encore les répercussions des divers composés dans les tissus des ours blancs ou dans les tissus des phoques dont ils se nourrissent. Enfin, il semble probable qu’en cas de réchauffement climatique il pourrait y avoir des répercussions négatives importantes sur les ours blancs mais, jusqu’à présent, on ne peut que spéculer sur les conséquences (Stirling et Derocher, 1993).

On estime que le Canada abrite entre 55 et 65 p. 100 des ours blancs de la planète (UICN/CSE GSOB, 1998). Par conséquent, le Canada a une responsabilité fondamentale dans la conservation de l’espèce pour sa propre valeur intrinsèque. Ce rôle d’intendance est renforcé par ses obligations en tant que signataire de l’Accord international sur la conservation des ours blancs. Les ours blancs ont également une grande importance culturelle et économique pour les Inuits du Canada.

Les ours blancs sont répartis en faibles densités. L’estimation actuelle avoisine 15 000 ours blancs au Canada répartis dans 14 populations (incluant celles qui sont partagées avec l’Alaska et le Groenland), chacune d’entre elles ayant un effectif estimé entre moins de 250 individus et quelques milliers (tableau 1). Les ours blancs ont un faible taux de reproduction. Par conséquent, l’effectif d’une population pourrait diminuer rapidement par suite d’une chasse excessive ou d’une mortalité provoquée par des dommages environnementaux causés à leur habitat ou à leurs proies. L’expérience vécue à Churchill, au Manitoba, révèle que, dans les régions où les ours blancs sont concentrés près de sites d’exploitation industrielle ou touristique, il est possible que tuer en cas de défense puisse contribuer à une situation de surexploitation. Une faible diminution de l’effectif d’une population, pour une raison quelconque, serait difficile à déceler en surveillant les prises jusqu’à ce que la situation soit grave, après quoi elle pourrait prendre des décennies à se rétablir. À l’heure actuelle, la gestion des ours blancs au Canada repose sur une rotation des dénombrements des populations qui réduit, mais n’empêche pas, la possibilité de voir une population baisser à cause d’une chasse excessive. Le statut de plusieurs populations est incertain parce que les résultats des recherches sont désuets ou, de toute évidence, faussés. Dans ces régions, des programmes communautaires de surveillance et des programmes de recherche sont planifiés ou en cours. La récente modélisation informatique a démontré que les populations d’ours blancs sont particulièrement sensibles à la capture des femelles. Les dommages environnementaux à grande échelle, même s’ils sont très peu probables, sont hors de contrôle des gouvernements ou de l’industrie. Le mazoutage de la fourrure et l’ingestion de pétrole sont mortels pour les ours blancs en l’absence de traitements immédiats. Étant donné que les ours blancs se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire marine et préfèrent manger la graisse des phoques, dans laquelle se déposent des produits chimiques toxiques comme les BPC, ils concentrent ces substances. Si les niveaux de pollution locaux et mondiaux augmentent, les ours blancs, et d’autres prédateurs apicaux, seront sujets aux incidences néfastes de l’augmentation des concentrations de produits chimiques toxiques dans leurs tissus. Les répercussions à long terme de telles concentrations ne sont pas connues mais on ne peut les ignorer. En outre, nous ne connaissons pas les incidences possibles à long terme du changement climatique sur les ours blancs. Pour toutes ces raisons, l’ours blanc devrait être désigné dans la catégorie
« Vulnérable ».

Ursus maritimus

Ours blanc: Polar bear

YK, NT, NU, MB, ON, QC, et NL

Information sur la répartition

· Zone d’occurrence (km2): Dizaines de milliers de km2

· Préciser la tendance (en déclin, stable, en croissance ou inconnue).Stable

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence (ordre de grandeur > 1)?Non

· Zone d’occupation (km2)?

· Préciser la tendance (en déclin, stable, en croissance ou inconnue).Stable

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation (ordre de grandeur > 1)? Non

· Nombre d’emplacements existants:14 populations

· Préciser la tendance du nombre d’emplacements (en déclin, stable, en croisance ou inconnue).Stable

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements (ordre de grandeur > 1)?Non

· Tendance de l’habitat : préciser la tendance de l’aire, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat (en déclin, stable, en croissance ou inconnue).Peut-être en déclin

Information sur la population

· Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population). de 10 à 15 ans?

· Nombre d’individus matures (reproducteurs) au Canada (ou préciser une gamme de valeurs plausibles). de 9 000 à 12 000 (Total 15 000+)

· Tendance de la population quant au nombre d’individus matures (en déclin, stable, en croissance ou inconnue).Stable

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?Non

· La population totale est-elle très fragmentée?Non

· Énumérer chaque population et donner le nombre d’individus matures dans chacune.Tableau 1 dans le rapport

· Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, en croissance ou inconnue).12 stables, 1 en croissance, 1 peut-être en déclin

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations (ordre de grandeur > 1)?Non

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

- pollution

- réchauffement de la planète

- plusieurs populations apparemment surexploitées


Effet d’une immigration de source externe

· L’espèce existe-t-elle ailleurs (au Canada ou à l’extérieur)?Oui

· Statut ou situation des populations de l’extérieur?Stable ou inconnue

· Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible?Oui

· Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre à l’endroit en question?Oui

· Y a-t-il suffisamment d’habitats disponibles pour les individus immigrants à l’endroit en question?Non

Analyse quantitative

s.o.

Le financement a été fourni par le Service canadien de la faune, Environnement Canada.

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Ian Stirling est chercheur scientifique principal auprès du Service canadien de la faune. Depuis 1971, il étudie l’écologie des ours blancs et les relations entre les ours blancs et les phoques dont ils se nourrissent, la dynamique de la glace de mer et l’écosystème maritime de l’Arctique.

Mitchell K. Taylor a été le biologiste des ours blancs pour le Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et il l’est actuellement, depuis 1986, pour le Gouvernement du Nunavut.

Les renseignements sur la situation des populations d’ours blancs présentes au Canada et partagées avec le Canada sont mis à jour chaque année au cours de la réunion canadienne fédérale/provinciale du Comité technique de l’ours blanc (CTOB). Le Groupe de spécialistes de l’ours blanc (GSOB) de la Commission de sauvegarde des espèces (CSE) de l’UICN se réunit tous les quatre ou cinq ans et produit également un rapport de situation. En outre, les recherches sont publiées au fur et à mesure de leur achèvement, si bien que même le rapport annuel de situation du CTOB peut être désuet. Le cycle d’examen du COSEPAC est assez long par rapport au rythme auquel peut changer l’information sur la situation des populations d’ours blancs.

La méthode de détermination du statut des populations d’ours blancs fait actuellement l’objet de discussions. Le rapport actuel de situation du CTOB contient des déterminations du statut qui sont produites par deux méthodes différentes et non uniformes. L’ancienne méthode (qui est utilisée dans l’actuel rapport de situation du COSEPAC) est une approche déterministe reposant sur l’indication que les populations d’ours blancs peuvent soutenir des prises annuelles de 1,5 p. 100 de leur effectif total et des prises annuelles de mâles d’environ 3 p. 100 de leur effectif total. Elle n’englobe pas l’incertitude concernant soit l’estimation de la population, soit le taux soutenable estimé des prises. La nouvelle méthode utilise un modèle de simulation Monte Carlo pour incorporer l’incertitude des estimations des populations et de l’indice vital dans une analyse de risque pour n’importe quel niveau de prises. Le nouveau modèle laisse entendre que les anciennes pratiques de gestion, pour certaines populations d’ours blancs, ont comporté un élément de risque supérieur au niveau compris auparavant.

Toutefois, les renseignements nécessaires pour effectuer une analyse des risques reposant entièrement sur des données ne sont pas disponibles pour plusieurs des 14 populations d’ours blancs du Canada qui se trouvent à l’intérieur du territoire canadien ou qui sont partagées avec l’Alaska ou le Groenland. Pour certaines populations, les données existantes sont suspectes à cause de problèmes d’échantillonnage et parce que les données ont été recueillies il y a au moins 15 ans. Les données tirées d’études achevées récemment révèlent que les taux de natalité et de mortalité peuvent varier considérablement entre les populations, et des travaux récents effectués sur les incidences du changement climatique laissent supposer que les indices vitaux pourraient déjà avoir été touchés (Stirling et al., 1999). Les indices vitaux peuvent également varier considérablement à l’intérieur de la même population à des moments différents (p. ex. Stirling, 2002). Les scientifiques qui font des recherches sur les ours blancs au Canada s’efforcent de rapprocher les nouveaux renseignements et les nouvelles méthodologies d’analyse avec les approches passées et les carences en données dans certaines populations en vue de produire un rapport de situation appliquant une seule méthodologie à toutes les populations. Même s’il est possible de mettre à jour les estimations démographiques des populations du détroit du Vicomte de Melville (VM), de la baie Norwegian (NW), du bassin Kane (KB), du détroit de Lancaster (LS), de la baie de Baffin (BB), du détroit de M’Clintock (MC), du golfe de Boothia (GB) et du Sud de la mer de Beaufort (SB), les études semblables qui fournissent les nouvelles estimations démographiques n’appuient pas toutes la mise en application d’un pourcentage global de 1,5 p. 100 chez les femelles et de 3 p. 100 chez les mâles, comme estimations des prises soutenables. Il serait erroné de changer simplement la valeur des estimations démographiques dans le tableau existant.

Les limites des populations d’ours blancs du Canada (figure 1) ont été révisées récemment sur la base de nouvelles analyses des déplacements de plusieurs populations (Taylor et al., 2001). Ces études se poursuivent et on prévoit que les populations restantes seront redéfinies périodiquement au cours des prochaines années, à mesure que les nouveaux résultats seront analysés.

Même si les nouvelles données ne se prêtent pas à une mise à jour rapide et facile du rapport de situation, elles ne sont pas non plus un motif de s’alarmer. Les nouvelles données justifient que quatre populations ont été surexploitées (VM, MC, FB et KB). Des changements de gestion pour permettre un rétablissement ont déjà été amorcés pour les populations FB, VM et MC et des pourparlers sont en cours avec le Groenland à propos d’une cogestion de la population partagée de KB. Les nouveaux renseignements provenant des autres populations (NW, LS, GB, BB et SB) ne laissent pas supposer qu’elles sont en danger immédiat de déclin dû à une surexploitation, au changement climatique ou à la pollution.

Des études des déplacements des ours blancs (Amstrup et al., 2000, Taylor et al., 2001) ont démontré que, même s’il y a quelques mélanges entre les populations, la plupart des ours retournent à leur population d’attache durant la même année, et une analyse cumulative des profils de déplacement des individus peut être utilisée pour définir les limites des populations à des fins de gestion. En outre, des études de la génétique des populations révèlent que la majorité des populations au Canada présentent une différence génétique mesurable qui appuie également le concept de populations géographiques distinctes (Paetkau, 1999). Il n’existe aucune preuve pour étayer la reconnaissance de sous-espèces d’ours polaires où que ce soit dans l’Arctique. Par conséquent, il semble que même si le statut des ours blancs en tant qu’espèce au Canada pour le COSEPAC peut être accordé comme une valeur unique, il devrait englober la somme des meilleures estimations disponibles pour chaque population, en reconnaissant que la qualité de ces estimations est variable.

Une révision partielle des estimations et des données démographiques ne servirait pas à clarifier le statut des ours blancs parce qu’on ne s’est pas entendu sur une méthodologie uniforme d’évaluation du statut pour les populations canadiennes. La question est à l’ordre du jour de la réunion du CTOB qui se tiendra en février 2003 pour l’aborder. Le rapport de situation du COSEPAC sur l’ours blanc pourrait être révisé au cours des deux à quatre prochaines années. Même si certaines questions et certaines données continuent de changer chaque année, le tableau global a peu de chances de changer rapidement. La désignation actuelle de population « Préoccupante » demeurera exacte et adéquate durant toute cette période.

Amstrup, S.C., G.M. Durner, I. Stirling, N.J. Lunn et F. Messier. Movements and distribution of polar bears in the Beaufort Sea. Canadian Journal of Zoology 78:948-966.

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Taylor, M.K., S. Akeeagok, D. Andriashek, W. Barbour, E.W. Born, W. Calvert,
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