Tortue musquée (Sternotherus odoratus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Facteurs limitatifs et menaces

Les œufs et les nouveau-nés des tortues sont très sensibles aux températures extrêmes ainsi qu'aux périodes de précipitations ou de sécheresse anormalement intenses. Comme l’espèce niche à proximité des berges (Lindsay, 1965; Ernst, 1986; Edmonds, données inédites), une hausse anormale du niveau des eaux après la ponte risque de noyer les œufs. Par ailleurs, l’augmentation de la circulation des bateaux à moteur et de la pêche peut accroître le taux de mortalité chez les adultes. La plus lourde menace à peser sur les populations de tortues musquées reste cependant la destruction de l’habitat, attribuable notamment à l’aménagement des berges, au drainage des milieux humides et à la pollution (Ernst et al., 1994). L’aménagement des berges peut détruire les sites de nidification déjà peu nombreux, en particulier dans les secteurs les plus froids de l’aire de répartition canadienne de l’espèce dans le Centre de l’Ontario. La baisse du niveau des eaux ne met généralement pas en péril les tortues musquées, étant donné que celles-ci préfèrent les eaux peu profondes. Ces tortues sont toutefois très vulnérables à la déshydratation lorsqu’elles sont hors de l’eau (Ernst, 1968) et ne peuvent survivre dans les zones complètement drainées. Lorsque cela est possible, les tortues musquées vont se déplacer sur la terre ferme pour passer d’une région drainée jusqu’à un plan d’eau situé à proximité (Ernst, 1986), mais ce genre de déplacement demeure risqué. En effet, ces tortues se déshydratent rapidement dès qu’elles sont hors de l’eau; extrêmement gauches sur la terre ferme, elles y sont en outre exposées à un large éventail de prédateurs à cause de leur petite taille et de leur locomotion ridiculement lente et malhabile. Le drainage d’un site d’hibernation couramment utilisé peut tuer une grande partie d’une population. Ainsi, 450 tortues musquées sont mortes en Ohio à la suite du drainage d’un chenal où elles hibernaient (Thomas et Trautman, 1937). L’altération de l’habitat, combinée à une pêche intense, serait la cause de la disparition de la tortue musquée dans la région de Hamilton (Lamond, 1994).

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