Marsouin commun (population de l'Atlantique Nord-Ouest) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Répartition

Aire de répartition mondiale

Les marsouins communs sont répartis un peu partout le long des plates-formes continentales de l’hémisphère Nord tempéré (Gaskin, 1984; CBI, 1996). On trouve l’espèce depuis la mer de Barents jusqu’au Sénégal dans l’Atlantique Est; depuis Upernavik au Groenland jusqu’au cap Hatteras (avec des échouages occasionnels dans le nord de la Floride) dans l’Atlantique Ouest; depuis le delta du Mackenzie jusqu’à la baie de Monterey en Californie dans le Pacifique Est; et depuis la Sibérie jusqu’à Wakayama, au Japon, dans le Pacifique Ouest (Read, 1999). Une sous-espèce isolée, P.p. relicta, est présente dans la mer Noire. Au cours des dernières décennies, les marsouins communs ont largement disparu de la Manche et de la majorité de la mer Baltique (CBI, 1996), mais les raisons de cette disparition ne sont pas connues.

L’analyse de séquences d’ADN mitochondrial (ADNmt) des régions de contrôle (boucle D) révèle que les marsouins communs de l’Atlantique Nord-Ouest sont effectivement isolés de ceux qui se trouvent dans le nord-est de l’Atlantique (Rosel et al., 1999b; Tolley, 2001). Des différences importantes dans la composition haplotype de l’ADN sont maintenues par le faible niveau de dispersion, qui est estimé à 2,7 femelles par génération (Rosel et al., 1999b). Des différences importantes relativement aux fréquences des haplotypes mitochondriaux et à la diversité moléculaire laissent supposer un vide entre l’Islande et la Norvège, vraisemblablement en raison de l’isolement provoqué par la glaciation du Pléistocène (Tolley, 2001; Tolley et al., 2001).


Aire de répartition canadienne

Dans l’est du Canada, on rencontre les marsouins communs depuis la baie de Fundy au nord jusqu’au cap Aston sur l’île de Baffin, à environ 70° N (Gaskin, 1992). L’aire méridionale de l’espèce s’étend dans les eaux américaines. Les renseignements sur la répartition de cette espèce sont largement limités aux mois d’été, lorsqu’il est possible d’effectuer des relevés visuels concernant ces petits individus énigmatiques (voir par exemple Palka, 1995a). Des renseignements supplémentaires sur leur répartition ont été obtenus à partir d’observations sur les prises accessoires et les échouages et, dans la baie de Fundy, d’après les mouvements de marsouins individuels munis d’émetteurs radio liés à un satellite (Read et Westgate, 1997).

Une femelle mature a été marquée dans la baie de Fundy au début de l’été et a été retracée pendant son déplacement vers le golfe du Saint-Laurent (voir ci-dessous). C’est le seul marsouin (parmi les 25 retracés) qui a quitté l’aire de répartition de la population de la baie de Fundy et du golfe du Maine.


Figure 2. Répartition des marsouins communs dans l’est du Canada

Figure 2. Répartition des marsouins communs dans l’est du Canada.

Carte : avec la permission de Dave Johnston, Duke University. Les lignes traitillées indiquent la délimitation des trois sous-populations.


Les renseignements sur la répartition de l’espèce à Terre-Neuve-et-Labrador et Labrador sont rares, en particulier si on les compare aux connaissances de l’espèce dans les eaux plus méridionales. Les prises accessoires dans les filets maillants à poisson de fond (Lien et al., 1994; Lawson et al., 2004) montrent que des marsouins sont présents autour de toute l’île de Terre-Neuve-et-Labrador (en particulier le long de la côte sud, de la côte ouest et dans la baie de Notre-Dame) ainsi qu’au sud du Labrador. Les prises accessoires de marsouins communs étaient particulièrement courantes dans des secteurs du sud-est de l’île de Terre-Neuve-et-Labrador, comme dans la baie de St. Mary’s, au début de l’été dans les années 1980 (voir par exemple Lien, 1989). Stenson et Reddin (1990) ont fait état de prises accessoires dans des filets dérivants expérimentaux de pêche au saumon sur la totalité des Grands Bancs, ainsi que le long du plateau continental aussi loin vers le nord que Nain. Ils ont également rapporté un certain nombre de prises dans la mer du Labrador entre Terre-Neuve-et-Labrador et le Groenland. À l’exception du détroit de Belle Isle et de la côte ouest de Terre-Neuve, aucun autre relevé n’a été effectué pour cette espèce à Terre-Neuve-et-Labrador.

Des relevés (portant sur les baleines à bec) menés le long d’une bande de 1 000 m le long de la côte canadienne du détroit de Davis jusqu’à 61º 15' de latitude nord (embouchure du détroit de Hudson) en 2003 ont permis d’effectuer 13 observations de marsouins communs (taille des groupes variant entre un et cinq) entre le 6 et le 13 août (H. Whitehead, comm. pers.). Toutes ces observations ont eu lieu au nord du 58e parallèle; aucune n’a été effectuée plus au sud dans le cadre du relevé mené en eaux profondes en 2003, malgré de nombreuses observations d’autres espèces de cétacés. Les enregistrements de prises accessoires et d’observations occasionnelles donnent à penser que les marsouins sont présents tout au long du plateau continental du Labrador (G. Stenson, comm. pers.). Les observations en eaux profondes de 2003 ainsi que les données des prises accessoires mentionnées dans le paragraphe précédent soulèvent la possibilité que le marsouin commun se déplace entre les eaux des bassins profonds du Canada et du Groenland.

En été, on trouve des marsouins communs dans tout le golfe du Saint-Laurent et ils remontent le courant jusqu’à l’embouchure de la rivière Saguenay. Les marsouins sont omniprésents le long de la côte nord du golfe du Saint-Laurent, le long de la côte de Gaspé et dans la baie des Chaleurs (Fontaine et al., 1994; Kingsley et Reeves, 1998). Les densités des populations de marsouins sont inférieures dans le sud du golfe du Saint-Laurent. Il y a des raisons de croire que les marsouins du golfe sont migrateurs et que la plupart d’entre eux quittent cette zone en hiver pour éviter d’être emprisonnés par les glaces.

Dans la baie de Fundy et dans le nord du golfe du Maine, la répartition estivale des marsouins communs est concentrée dans les eaux de moins de 150 m de profondeur, le long des côtes du Maine et du Nouveau-Brunswick, et vont jusqu’à l’extrémité sud-ouest de la Nouvelle-Écosse (Waring et al., 2001). Les marsouins munis d’émetteurs liés à un satellite font fréquemment la navette vers les eaux américaines en été (Read et Westgate, 1997). Les densités sont assez faibles dans les parties supérieures de la baie de Fundy et le long de la rive sud de la Nouvelle-Écosse (Gaskin, 1992). On constate une variation interannuelle considérable dans la répartition estivale de cette population (Palka, 1995b).

En hiver, de nombreux marsouins de la sous-population de la baie de Fundy se dispersent dans le golfe du Maine et le long de la côte est des États-Unis et vont aussi loin vers le sud qu’en Caroline du Nord, où ils peuvent se mêler à des individus de populations plus septentrionales (Rosel et al., 1999a). Il est possible que quelques marsouins hivernent dans la baie de Fundy (Gaskin, 1992; Westgate et Read, données inédites). On en sait très peu sur la répartition hivernale des marsouins de Terre-Neuve-et-Labrador et Labrador et du golfe du Saint-Laurent, même si une grande partie du golfe du Saint-Laurent est recouverte de glace en hiver, si bien que la plupart des marsouins doivent quitter cet endroit pour trouver des eaux libres.

On ne détient pas de renseignements sur les changements historiques de l’occupation de cette espèce dans l’est du Canada.

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