Ntosthodon rouilleux (Entosthodon rubiginosus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l’espèce

Nom et classification

Nom scientifique :

Entosthodon rubiginosus (Williams) Grout

Synonyme :

Funaria rubiginosa Williams

Nom commun :

Entosthodon rouilleux

Noms anglais :

Rusty cord-moss, wrinkled flask moss (McIntosh et Paige, 2001)

Famille :

Funariacées

Grand groupe végétal :

Mousses (Musci)

Les Funariacées sont une grande famille de petites mousses qui se ressemblent beaucoup quant à leurs caractères végétatifs. La plupart des espèces ont des feuilles larges, de couleur vert pâle, dont les cellules sont grandes et pâles (Crum et Anderson, 1980). On estime que la plupart ont une courte durée de vie et sont annuelles ou bisannuelles (Grout, 1935; Lawton, 1971). Les divers genres se distinguent par les caractères du sporophyte (génération produisant les spores) et plus précisément par la forme, la grosseur et le caractère plus ou moins droit de la capsule (sporange) ainsi que par le degré de développement (ou l’absence) du péristome (couronne d’appendices ressemblant à des dents et bordant l’orifice de la capsule).

Le genre Entosthodon réunit des espèces minuscules et tire son nom du fait que le péristome, s’il existe, est inséré assez loin du bord de l’orifice, à l’intérieur de la capsule. La capsule est légèrement exserte, dressée, symétrique et munie d’un opercule (couvercle). Les spores sont modérément grosses. Les mousses de ce genre colonisent souvent des milieux éphémères qui apparaissent de manière répétée mais irrégulière dans le même secteur, plutôt que de dépendre de la dispersion des spores par le vent, qui permettrait d’atteindre des milieux propices plus éloignés. 

En Amérique du Nord, il existe 12 espèces d’Entosthodon, dont seulement 2 sont présentes au Canada, et uniquement en Colombie-Britannique, l’E. rubiginosus et l’E. fascicularis (Anderson et al., 1990; Ireland et al., 1987).

Description

La présente description a été établie à partir de celles de Grout (1935), Lawton (1971) et McIntosh et Paige (2001) ainsi qu’à partir d’observations personnelles. Plusieurs des caractères décrits sont illustrés à la figure 1, et on trouvera à la figure 2 la photographie d’une petite touffe d’Entosthodon rubiginosus poussant dans le secteur du lac White, dans le sud de la Colombie-Britannique.

Figure 1.Note de bas de pagea Morphologie comparative de l’Entosthodon fascicularis (a – e) et de l’E. rubiginosus (f – j); a, f : marge de feuille supérieure (x175); b, g : feuille caulinaire (a : x12, b : x16); c, h : capsule à l’état frais (c : x12, h :x16); d, i : capsule à l’état sec (d : x12, i : x16); e, j : cellules supérieures de la paroi de la capsule (x175). Dessins a, b et f d’après Lawton (1971); autres dessins par T. McIntosh.

 Figure 1. Morphologie comparative de l’Entosthodon fascicularis (a – e) et de l’E. rubiginosus (f – j); a, f : marge de feuille supérieure (x175); b, g : feuille caulinaire (a : x12, b : x16); c, h : capsule à l’état frais (c : x12, h :x16); d, i : capsule à l’état sec (d : x12, i : x16); e, j : cellules supérieures de la paroi de la capsule (x175). Dessins a, b et f d’après Lawton (1971); autres dessins par T. McIntosh

L’Entosthodon rubiginosus est une petite mousse acrocarpe (produisant ses organes femelles et ses sporophytes au bout des tiges principales), haute de 2 à 3 mm (atteignant parfois 5 mm), de couleur vert pâle à vert moyen. La mousse pousse en tiges isolées ou en petites touffes. L’espèce est difficile à apercevoir et souvent cachée parmi les autres mousses. Les feuilles pleinement développées sont rapprochées, réunies au sommet de la tige, qui est dressée. Elles mesurent entre 1,5 et 2,4 mm de longueur et en moyenne environ 1 mm de largeur. Elles sont ovées ou parfois plutôt obovées, acuminées à aiguës, dressées-étalées à l’état humide et légèrement contortées à l’état sec. La marge des feuilles est habituellement plane, ou rarement un peu irrégulière vers le sommet, sans bordure distincte, bien que parfois certaines cellules marginales soient un peu plus courtes que les cellules laminales adjacentes.

Figure 2. Gamétophytes et jeunes sporophytes (partiellement recouverts par leur coiffe) d’Entosthodon rubiginosus, dans le secteur du lac White (+/- x18; photographie par Ole Westby).

Figure 2. Gamétophytes et jeunes sporophytes (partiellement recouverts par leur coiffe) d’Entosthodon rubiginosus, dans le secteur du lac White (+/- x18; photographie par Ole Westby).

Les cellules supérieures sont irrégulièrement rectangulaires à rhomboïdales, à parois minces, et elles mesurent de 40 à 60 µm de long et de 20 à 30 µm de large. Les cellules basales sont rectangulaires-allongées. La nervure n’atteint généralement pas le sommet de la feuille chez les feuilles caulinaires inférieures, tandis qu’elle est excurrente chez les feuilles supérieures.

Il existe des incertitudes quant à la répartition des organes sexuels de l’Entosthodon rubiginosus, mais l’espèce est probablement autoïque (organes mâles et femelles situés sur la même tige), puisque la plupart des gamétophytes semblent produire un sporophyte chaque année. Le sporophyte est petit, mesurant de 4 à 5 mm (ou parfois 7) de hauteur.

Il arrive à maturité vers la fin de l’hiver et au printemps. En Colombie-Britannique, les sporophytes demeurent généralement visibles jusqu’en automne, même si les feuilles de la mousse tendent à sécher et à devenir difficiles à apercevoir. La coiffe (capuchon de tissus gamétophytiques protégeant le jeune sporophyte) est relativement grande et distincte et couvre entièrement la capsule pendant sa maturation. Elle est fendue près de la base et est surmontée d’une longue pointe mince. La capsule est dressée, plutôt piriforme (en forme de poire), brun-rouge à brun-jaune à maturité et généralement un peu contractée sous l’orifice et plissée à l’état sec. L’orifice est bordé d’une série de cellules rectangulaires-transversales, alors que les cellules situées juste en-dessous sont allongées et ont les parois épaissies (chez l’espèce semblable E. fascicularis, ces cellules sont petites et irrégulièrement isodiamétriques). L’opercule est conique, et le péristome est rudimentaire ou absent. Les spores sont papilleuses et de grosseur variable (de 25 à 35 µm).

On trouvera des clés d’identification et des illustrations supplémentaires dans Grout (1935) et Lawton (1971). McIntosh (1986) fournit un exposé sur l’Entosthodon rubiginosus et les espèces apparentées.

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