Épinoches du lac Misty évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le lac Misty se situe à une altitude d’environ 74 m. Il est considéré comme un écosystème naturel et semble stable à l’heure actuelle. Le lac est petit (35,6 ha) et relativement peu profond (profondeur moyenne de 1,7 m; profondeur maximale de 6,1 m). Des détritus libres couvrent à la fois la rive et le fond du lac; des lits denses composés de Potamogeton et de Nuphar couvrent la zone littorale durant l’été. Le lac Misty est oligotrophe et relativement peu productif; ce qui est caractéristique des petits lacs de l’île de Vancouver. L’effluent est situé à l’extrémité nord-ouest du lac et forme d’abord un marécage avant de se développer en ruisseau et de couler vers l’aval pour joindre la rivière Keogh. L’eau du réseau est très sombre, car elle est teintée par des tanins très foncés de lignines. Hormis le Gasterosteus, on trouve dans les cours d’eau du bassin versant les espèces de poissons indigènes suivantes : la Dolly Varden (Salvelinus malma), la truite fardée (Oncorhynchus clarki), le saumon coho (Oncorhynchus kisutch), la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) et le chabot piquant (Cottus asper).

Les cours supérieurs du réseau se situent à environ 260 m d’altitude. La superficie totale du bassin versant est d’environ 12,2 km². Le tributaire croise la route 19 (Island Highway) sur un ponceau situé à environ 900 m en amont du lac. En crue nivale le ponceau peut être franchi par les poissons tandis qu’en étiage l’extrémité aval du ponceau se situe à environ 0,3 m au-dessus de la surface de l’eau. Le ruisseau traverse 500 m de marécage avant d’atteindre la pointe sud-est du lac. Irvine et Johnston (1992) font état de quelques caractéristiques physiques du principal axe tributaire et du principal axe effluent du lac Misty : le tributaire présente une largeur mouillée moyenne de 2 m, est d’une une longueur de 5,3 km, a une pente moyenne de 1,5 p. 100 et la température de son eau varie entre 1 ºC et 19 ºC; l’effluent présente une largeur mouillée moyenne de 3 m, est d’une longueur de 2,3 km, a une pente moyenne de 1,0 p. 100 et la température de son eau varie entre 2 ºC et 15 ºC.

La forme lentique se nourrit dans la zone limnétique. Les sites de nidification se concentrent probablement dans des zones peu profondes caractérisées par un substrat de sable, une pente douce et la même végétation subaquatique que celle décrite pour l’épinoche du lac Mayer (Moodie, 1984). Selon McPhail (1994), dans le réseau du lac Misty, la majeure partie des activités de reproduction semble avoir cours soit dans le lac soit dans le ruisseau effluent, bien que quelques femelles gravides de la forme lentique et de la forme lotique aient été capturées dans le marécage tributaire (une zone de transition). L’eau très foncée rend difficile la détection de nids, que ce soit dans le lac ou dans les ruisseaux.

La forme lotique occupe le marécage tributaire ou le ruisseau tributaire; ruisseau où elle est généralement trouvée à des profondeurs de 0,5 m à 1,0 m environ (Hendry et al., 2002), dans des zones caractérisées par une vitesse de courant faible comme les fosses et les bourbiers. Moore (comm. pers., 2005 et 2006) et Hendry (comm. pers., 2005 et 2006) ont observé que, plus on s’éloigne du lac en amont, moins les épinoches lotiques sont abondantes (de façon comparable, plus on s’éloigne du lac en aval, moins les épinoches lentiques sont abondantes). McPhail (1994) relate qu’aucun nid n’a été observé dans le ruisseau et qu’il n’a pas été en mesure de décrire l’habitat de nidification. On a découvert que les résidents des ruisseaux de la rivière Little Campbell, située dans les basses-terres continentales de la Colombie-Britannique, utilisaient des habitats lotiques caractérisés par un substrat fin (composé de boue) dans lesquels il n’y avait pas de courant ni de végétation dense dans laquelle établir les nids (McPhail, 1994). Bien que les épinoches soient moins susceptibles d’utiliser les habitats au courant rapide, ces zones sont essentielles à la production d’invertébrés benthiques. Un ensemble de ruisseaux naturels est donc nécessaire pour assurer le maintien de la population.

Tendances en matière d’habitat

Le lac Misty et son tributaire ont été décrits par Lavin et McPhail (1993); on ne croit pas que l’habitat ait connu des changements significatifs depuis ce temps. Le ruisseau tributaire est de petite superficie (l’aire du bassin versant est inférieure à 9 km²). Le bassin versant du tributaire a été en grande partie exploité. Bien que l’incidence  de l’exploitation forestière dans le bassin versant ait été relativement mineure jusqu’à maintenant (R. Ptolemy, comm. pers., 2005), la récente perte du couvert forestier a entraîné une augmentation du développement des algues, laquelle a occasionné une certaine perte temporaire de l’habitat de l’épinoche (Moore, comm. pers., 2005 et 2006). Puisque le développement des algues est susceptible d’être lié à une augmentation de la température de l’eau et de la lumière solaire, la régénération de la végétation se trouvant le long des berges devrait, en peu de temps, ramener le ruisseau à son état d’avant le début de l’exploitation forestière. Des coupes sont prévues pour au moins deux blocs du bassin versant en 2006, certains situés hors des limites de l’aire protégée aux environs du lac et le long du ruisseau tributaire (bien qu’éloignés de quelques mètres du canal); les activités d’exploitation pourraient entraîner des changements dans la morphologie du canal, des changements dans la qualité de l’eau, ou affecter indirectement la quantité de proies benthiques disponibles dans le ruisseau (T. Michalski, comm. pers., 2006).

Protection et propriété

Le lac Misty, de courtes sections de la portion inférieure du tributaire (d’une longueur inférieure à 50 m) et la portion supérieure de l’effluent (lesquelles sont surtout marécageuses) se trouvent dans les limites de la réserve écologique Misty Lake (figure 5). La réserve a été créée en 1996 par la Protected Areas of British Columbia Act à la suite de recommandations faites dans le plan d'utilisation des terres de l'île de Vancouver (intitulé Vancouver Island Land Use Plan). En Colombie-Britannique, les réserves écologiques sont des zones désignées pour assurer la préservation d’écosystèmes naturels, d’espèces végétales et animales (y compris des génotypes distincts), de caractéristiques et de phénomènes qui sont représentatifs ou particuliers. Les activités touchant la consommation de ressources (comme la chasse, la pêche, le camping et le broutage par le bétail) de même que le prélèvement de matières, de plantes et d’animaux y sont interdits. La réserve écologique Misty Lake a d’abord été créée pour assurer la protection de la forme lentique du Gasterosteus, laquelle a été inscrite sur la liste rouge par le BC Conservation Data Centre au moment où la réserve a été créée. Le rôle secondaire de la réserve est de fournir des possibilités de recherche biologique. L’efficacité à long terme de la réserve pourrait être compromise puisque la majeure partie du tributaire et du bassin versant du lac se trouvent actuellement en dehors de ses limites.

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