Pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus excubitorides) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins de l’espèce

La Pie-grièche migratrice préfère les endroits dégagés comme les pâturages, les prairies herbeuses, les peuplements d’armoise et les terres agricoles. Pour la pie-grièche, tous ces habitats doivent être parsemés de petits arbres, d’arbustes ou de haies pouvant servir de perchoirs pour la recherche de nourriture et de lieux de nidification. Prescott et Collister (1993) ont découvert que les pies-grièches nichant en Alberta dans des prairies à graminées courtes relativement arides préfèrent les secteurs où les graminées sont moyennement hautes (15 à 35 cm) ou hautes (> 35 cm) lorsqu’elles sont à la recherche de nourriture. Plus à l’est, elles semblent préférer les secteurs où les graminées sont relativement courtes, apparemment parce elles réussissent mieux à capturer leurs proies dans ce type d’habitat (Gawlik et Bildstein, 1993).

Les sites de nidification préférés sont les petits arbres et les arbustes, particulièrement ceux qui sont épineux ou denses (Porter et al., 1975). D’après certaines indications, les préférences touchant les sites de nidification changeraient pendant la saison, passant de substrats peu élevés (buissons, arbustes) à des substrats plus hauts (arbres décidus), apparemment à cause de changements dans les conditions climatiques extrêmes à l’échelle locale. Bjorge et Prescott (1996) ont constaté une corrélation positive entre la densité de pies-grièches nicheuses dans le sud-est de l’Alberta et la densité d’arbres et arbustes indigènes, de fermes, de brise-vent et d’emprises routières. Il est donc possible que la diversité de la végétation soit un facteur important en ce qui a trait à la qualité de l’habitat.

Il est prouvé qu’il y a une corrélation négative entre la dimension du territoire et l’abondance locale d’arbres et d’arbustes, c’est-à-dire que dans les régions faiblement boisées, les territoires sont beaucoup plus grands que dans les régions fortement boisées (Miller, 1951; Yosef, 1996). Selon Collister (1994), le territoire du L. l. excubitorides en Alberta mesure en moyenne 13,4 ha (fourchette de 6,5 à 23,5; n = 20). Dans d’autres régions de l’Amérique du Nord, le territoire mesure entre 4,6 ha (Missouri) et 8,9 ha (Idaho; Yosef, 1996).

Tendances

La plupart des auteurs ont conclu que la quantité d’habitats favorables pour la reproduction, la migration et l’hivernage a diminué et continue de diminuer (voir les analyses dans Telfer [1992], Yosef [1996], Cade et Woods [1997]). La perte d’habitat est due principalement à la conversion de prairies indigènes en terres agricoles. Au Canada, la perte d’habitat a aussi résulté du fait que les prairies situées en périphérie de la limite nord de l’aire de répartition sont retournées à l’état de forêt (Cadman, 1986).

En Alberta, des relevés des habitats potentiels ont permis de découvrir un certain nombre de pies-grièches nicheuses dans le sud de la région de la tremblaie-parc (Kiliaan et Prescott, 2002).

En Saskatchewan, des relevés semblables réalisés à la grandeur de la province laissent penser qu’il y a rétrécissement de l’aire de la population et peut-être de l’habitat dans le sud-est (A. Didiuk, in litt.; tableau 3).

Au Manitoba, l’aire de la population restante de pies-grièches continue de rétrécir, malgré la présence d’habitats apparemment propices à la nidification dans des endroits occupés par l’espèce dans le passé (K. De Smet, comm. pers.).

Protection et propriété des terrains

L’habitat favorable à la Pie-grièche migratrice au Canada se trouve en majeure partie sur des propriétés privées. Par conséquent, la protection de l’habitat doit s’effectuer surtout dans le cadre de programmes volontaires d’intendance des terres. Ce genre de programmes encourage des mesures comme la construction de clôtures autour de petites zones abritant des arbustes ou des brise-vent, la protection des arbres contre le bétail (au moyen de clôtures ou d’autres types de barrières) et la plantation de plantes ligneuses utilisées par la pie-grièche, comme la shépherdie argentée (Shepherdia argentea), un arbuste épineux. Malgré l’existence de documents et d’expertise à ce sujet, on ne possède pas de données indiquant à quel point ces mesures ont été adoptées par les propriétaires privés.

En Saskatchewan, des efforts sont actuellement en cours (Didiuk, comm. pers.) dans le but de répertorier les secteurs abritant des habitats appropriés pour la pie-grièche ou ses habitats préférés, puis de les protéger. Des activités semblables ont été proposées en Alberta (voir p.ex. Prescott et Bjorge, 1999) et au Manitoba (De Smet, comm. pers.).

En Alberta, un grand nombre de shépherdies (env. 1 400) ont été plantées le long de la voie ferrée du Canadien Pacifique dans le sud-est. En outre, divers projets de propriété foncière sont en cours en Alberta pour protéger les secteurs où la densité de pies-grièches est élevée (voir Prescott et Bjorge, 1999). Le programme Operation Grassland Community sensibilise les propriétaires fonciers à la pie-grièche.

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