Phlox de l'Ouest (Phlox speciosa): évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Tous les sites connus de Phlox speciosa au Canada ont été visités en juin 2003 par Ksenia Barton et Jan Teversham, mais ceux signalés en 1927 et avant n’ont pas été retrouvés. De plus, quatre nouvelles populations ont été découvertes. Enfin, on a constaté que la zone d’occurrence, la zone d’occupation et la taille des populations étaient beaucoup plus grandes qu’on ne le croyait.

Selon Douglas et al. (1999), en Colombie-Britannique le Phlox speciosa se rencontre dans des prairies sèches, des arbustaies et des forêts claires de zones steppiques et montagneuses. Dans le nord-ouest de l’Amérique du Nord, le Phlox speciosa [spp. occidentalis] est présent dans des milieux dominés par l’armoise et par le pin ponderosa (Hitchcock et Cronquist, 1973).

Plus précisément, le Phlox speciosa est présent en Colombie-Britannique dans trois zones biogéoclimatiques de la vallée de l’Okanagan, au climat très chaud et sec : la zone à graminées cespiteuses (BGxh1), la zone à pin ponderosa (PPxh1) et la zone à douglas (IDFxh1). Ces zones biogéoclimatiques sont illustrées à la figure 4. Elles sont décrites par Lloyd et al. (1990) ainsi que par Meidinger et Pojar (1991).

Le Phlox speciosa pousse généralement sur des sols secs (brunisol, chernozem ou régosol) issus de matériaux morainiques, colluviaux ou fluvio-glaciaires ou de l’altération en place du substratum, présentant parfois des signes d’une érosion modérée. Il occupe des endroits découverts, comme la prairie très clairsemée à graminées cespiteuses et armoise tridentée (Artemisia tridentata) ainsi que la forêt claire de pin ponderosa (Pinus ponderosa) et de douglas (Pseudotsuga menziesii) où la fermeture du couvert ne dépasse pas 25 p. 100.

Les coordonnées des sites ont été déterminées au moyen d’un appareil GPS puis reportées sur une carte topographique afin de déterminer leur altitude. Ainsi, on a pu constater que l’espèce est présente entre 700 et 1 100 m d’altitude, occupant autant des pentes que des plateaux. Les sites en pente tendent à être légèrement protégés de l’ensoleillement direct; leur exposition varie entre 285° et 135°.

En général, dans les zones où le climat et l’altitude sont propices à l’espèce, le Phlox speciosa occupe une variété d’habitats, parfois exposés à diverses perturbations : construction routière, exploitation forestière, travail du sol, broutage modéré par des bovins, piétinement par des cervidés et envahissement par des espèces introduites.

Certains milieux apparemment propices situés à proximité de sites de Phlox speciosa ne sont pas occupés par l’espèce. L’existence d’autres exigences écologiques ou d’autres facteurs pourrait expliquer pourquoi la zone d’occurrence de l’espèce est beaucoup moindre que l’étendue de milieu apparemment propice.

Tendances en matière d’habitat

La figure 4 montre les zones biogéoclimatiques abritant le Phlox speciosa. Au sein de ces zones, les seuls milieux susceptibles d’abriter l’espèce sont ceux qui répondent aux besoins en matière d’habitat décrits précédemment, notamment à l’égard de l’altitude (700 à 1 100 m). L’étendue passée et présente de ces milieux est inconnue. De grandes étendues pouvant comporter des milieux favorables à l’espèce n’ont pas été explorées, en particulier dans les secteurs difficilement accessibles par la route ou situés en territoire autochtone.

L’habitat de Phlox speciosa est manifestement en régression. La vallée de l’Okanagan est considérée comme l’un des espaces naturels les plus menacés du Canada. La vallée a connu une destruction importante du milieu naturel au cours du XXe siècle, et on prévoit que cette tendance se maintiendra. Une très petite partie seulement de la vallée bénéficie d’un statut de protection, et de nombreuses routes sillonnent la région. De manière générale, les habitats du Phlox speciosa sont sujets à une série de menaces anthropiques, comme le pâturage du bétail, le réensemencement des parcours, les véhicules tout-terrain récréatifs, les cultures et le développement agricole, les aménagements récréatifs, le brûlage dirigé, la déforestation, la construction de routes, l’aménagement de sentiers et l’envahissement par des espèces végétales exotiques (Royal British Columbia Museum, 1995).

Les aménagements récréatifs constituent la principale menace pour l’habitat du Phlox speciosa. Quarante-et-un pour cent de la zone d’occurrence actuelle de l’espèce sont de tenure privée; le reste se trouve sur des terres de la couronne provinciale qui ne sont pas protégées. Parmi les utilisations actuelles des terres privées situées à l’intérieur et autour de la zone d’occurrence de l’espèce, on relève des  grands pâturages libres, des cultures, des fermes d’agrément, des terrains de golf, des propriétés résidentielles et des installations récréatives.

La perte d’habitat due à la construction est mise en évidence par la présence d individus de Phlox speciosa à proximité de maisons. Dans certains cas, il est possible qu’une petite partie seulement de l’habitat de l’espèce ait été détruite; dans d’autres cas, la perte peut être plus substantielle. Au moment de la rédaction du présent rapport, on trouvait sur le marché au moins 32 hectares de terrain non aménagé proposés pour la construction résidentielle ou l’élevage de chevaux.

Figure 4. Zones biogéoclimatiques abritant le Phlox speciosa.

Figure 4. Zones biogéoclimatiques abritant le Phlox speciosa

Protection et propriété des terrains

La majorité de la zone d’occurrence actuelle du Phlox speciosa, soit environ 59 p. 100, se trouve sur des terres de la couronne provinciale, dont aucune ne bénéficie d’un quelconque statut de protection.

Le reste de la zone d’occurrence, soit 41 p. 100, se trouve sur des terres privées. La majorité de la zone d’occupation se trouve sur des terres privées. Le White Lake Ranch, qui abrite une partie de la population de Phlox speciosa, se trouve sur des terres fédérales appartenant au Conseil national de recherches. Le ranch est administré à titre de « ranch de biodiversité » par le Nature Trust, conjointement avec le South Okanagan Similkameen Conservation Program. Au White Lake Ranch, les activités de conservation sont intégrées au pâturage et à d’autres utilisations durables des ressources pour une plus grande mise en valeur de la biodiversité et d’autres attributs du milieu.

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