Phlox de l'Ouest (Phlox speciosa): évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Facteurs limitatifs et menaces

Les facteurs limitant la taille des populations et la répartition de Phlox speciosa au Canada sont inconnus. Les besoins du taxon en matière d’habitat dans les zones biogéoclimatiques BGxh1, IDFxh1 et PPxh1, notamment à l’égard de l’altitude (700 à 1 100 m), limitent peut-être la répartition de l’espèce. À l’intérieur de ces zones biogéoclimatiques et de ce domaine d’altitude, l’espèce occupe une variété de milieux au sein de divers types de végétation. La quantité de milieu apparemment favorable au Phlox speciosa dépasse largement la zone d’occurrence actuelle (57 km²) de l’espèce. L’explication se trouve peut-être dans le faible potentiel de dispersion de l’espèce, bien qu’il n’existe aucune information pour appuyer cette hypothèse.

L’absence de mesures de protection des communautés végétales naturelles dans la majorité de l’aire de répartition canadienne du Phlox speciosa fait peser une menace sur l’espèce. Généralement, l’habitat de Phlox speciosa est sujet à une variété de menaces anthropiques, dont le pâturage du bétail, le réensemencement des parcours, les véhicules tout-terrain récréatifs, les cultures et le développement agricole, les aménagements récréatifs, le brûlage dirigé, la déforestation, la construction de routes, l’aménagement de sentiers et l’envahissement par des espèces exotiques (Royal British Columbia Museum, 1995). Bien que les observations sur le terrain indiquent que le Phlox speciosa tolère un certain degré de perturbation anthropique, une augmentation importante du niveau actuel de perturbation entraînerait probablement une perte d’habitat de l’espèce.

Les aménagements récréatifs constituent la principale menace pour l’habitat du Phlox speciosa. Quarante-et-un pour cent de la zone d’occurrence actuelle de l’espèce sont de tenure privée; le reste se trouve sur des terres de la couronne provinciale qui ne sont pas protégées. Les populations suivantes (ou une partie de celles-ci) se trouvent sur des terres privées : Park Rill (en majorité), Twin Lakes (en majorité), lac White (en majorité; une partie sur des terres fédérales), lac Yellow est (en minorité) et ruisseau Yellowlake. Parmi les utilisations actuelles des terres privées situées à l’intérieur et autour de la zone d’occurrence de l’espèce, on relève des grands pâturages libres, des cultures, des fermes d’agrément, des terrains de golf, des propriétés résidentielles et des installations récréatives.

La menace liée au développement est mise en évidence par la présence de Phlox speciosa à proximité d’habitations. Par exemple, une portion de la population des Twin Lakes se trouve sur une bande de terrain située entre une voie publique, une voie d’accès privée et une grande maison neuve. Compte tenu de la topographie des lieux, il est probable que la maison et la cour empiètent sur un site de Phlox speciosa et que les sujets de l’espèce qui occupaient cette partie du site ont été détruits lors de la construction. Cette superficie représente une perte d’habitat relativement légère pour une population aussi abondante, mais si le développement se poursuit l’accumulation des pertes pourrait devenir inquiétante. Autre cas de figure, la petite population du ruisseau McKay se trouve sur un terrain privé, à quelques dizaines de mètres d’une maison dont la construction a probablement causé la destruction d’individus. Dans ce cas, une partie importante de la population a peut-être été perdue. Au moment de la rédaction du présent rapport, on trouvait sur le marché au moins 32 hectares de terrain non aménagé proposés pour la construction résidentielle ou l’élevage de chevaux (Association canadienne de l’immeuble, 2003). Ces deux utilisations des terrains pourraient entraîner une perte d’habitat du Phlox speciosa.

D’autres menaces pour les populations résident dans les phénomènes aléatoires démographiques et environnementaux, ainsi que dans la perte de diversité génétique, qui touchent particulièrement les populations dont l’aire de répartition est restreinte (Primack, 1998). À cet égard, les populations de Phlox speciosa sont vulnérables compte tenu de la faible superficie de leur zone d’occupation, comprise entre 0,9 et 1,4 km².

Enfin, la lutte contre les mauvaises herbes constitue une autre menace pour l’espèce. Les populations de Phlox speciosa pourraient se trouver menacées par le désherbage exigé par la Weed Control Act. Certaines mauvaises herbes désignées par la loi, notamment le cynoglosse officinal, ou langue de chien (Cynoglossum officinale), et la centaurée diffuse (Centaurea diffusa), sont présentes dans certaines localités où pousse le Phlox speciosa. Les herbicides à large spectre qui éliminent les plantes latifoliées seraient probablement mortels pour le Phlox speciosa. La Weed Control Act stipule que l’occupant doit détruire les mauvaises herbes poussant sur ses terrains.

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