Castilléjie dorée (Castilleja levisecta) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Généralités

Un grand nombre de renseignements ont été publiés sur la reproduction et la dispersion, la germination, l’écologie des plantules, la capacité de survie, l’herbivorie et la physiologie de la castilléjie dorée au Canada et dans les régions adjacentes des États-Unis. La plupart des données tirées d’études états-uniennes sont résumées dans Caplow (2004) et dans Chappell et Caplow (2004). L’information sur la phénologie et la biologie des populations canadiennes se trouve dans Fairbarns (2005a). L’âge moyen des individus mûrs dans une population n’a pas été déterminé.

Cycle vital et reproduction

La levée de la dormance des pousses commence dès la mi-septembre, alors que le sol s’humidifie de nouveau après la sécheresse estivale. En janvier, la plupart des pousses sont sorties de l’état de dormance. Au cours des mois d’hiver, la plupart des jeunes pousses consistent en un amas serré de feuilles rudimentaires à la base de la plante. La plupart des pousses commencent à s’allonger en mars : les feuilles se développent, et les entre-nœuds s’allongent. Les premiers boutons floraux sont visibles en mars. Le pic de floraison survient en avril et mai, mais les plantes continuent habituellement de fleurir jusqu’en juin. Les bonnes années, les fleurs peuvent continuer à apparaître jusqu’en juillet. Les fruits verts se forment de mai à juillet, puis mûrissent. Des fruits non ouverts sont généralement présents depuis juillet jusqu’au début de septembre. La plupart des capsules commencent à s’ouvrir à la fin août ou en septembre, et les graines tombent graduellement jusqu’à la fin novembre ou en décembre. À ce moment, la plupart des graines mûres se sont dispersées. Les graines sont minuscules et dépourvues des caractères adaptatifs qui pourraient les aider à se disperser sur de longues distances. Elles semblent tomber lorsque le vent agite les plantes mûres. Au Canada, chaque individu génétiquement distinct (genet) produit en moyenne 35 capsules, et chaque capsule renferme en moyenne 80 graines (Fairbarns, 2005a). La viabilité des graines varie d’une population à l’autre, et des taux de germination de 39 à 96 p. 100 ont été observés chez les graines fraîches de sujets provenant du sud du détroit Puget (Wentworth, 1994; Caplow, 2004; Kaye, 2001).

Les plantules sont peu visibles sur le terrain, et on les observe rarement en conditions naturelles (obs. pers., Pearson, comm. pers., 2005). L’ensemencement expérimental, même à raison de 1 000 graines par mètre carré, a donné de très faibles taux de germination et d’établissement (Fairbarns, 2005b; Pearson et Dunwiddie, 2003).

La castilléjie dorée, comme la plupart des plantes vivaces à racine pivotante, est incapable de se reproduire par voie asexuée et donc de produire des clones.

Herbivorie

On a vu des livrées (Malacosoma sp.) et des cercopes (Cercopidés) se nourrir de castilléjies dorées au Canada. Les livrées ont tendance à causer des dommages modérés à une petite proportion de la population, tandis que les cercopes sont peu abondants et ont donc probablement peu d’effets (obs. pers.). Les mammifères, dont les cerfs, les lièvres et les campagnols, sont aussi réputés se nourrir de castilléjies dorées dans certaines régions (USFWS, 2000); ils jouent donc peut-être un rôle dans la perte de certaines populations canadiennes. Les populations canadiennes existantes se trouvent toutefois dans des îles où ne vive aucun mammifère herbivore.

Relations interspécifiques

Les membres du genre Castilleja sont des hémiparasites, c’est-à-dire qu’ils contiennent de la chlorophylle et fixent le carbone au moyen de la photosynthèse, mais acquièrent l’eau et les nutriments grâce à des connexions racinaires parasites (Kuijt, 1969). Malgré leurs capacités photosynthétiques, certains hémiparasites apparentés peuvent également obtenir des photosynthétats de leurs hôtes (Atsatt, 1970). De plus, nombre d’hémiparasites peuvent tirer des composés secondaires de leur plante hôte, ce qui réduit l’herbivorie sans affecter les pollinisateurs. En effet, il semble que les alcaloïdes puissent être acheminés dans les feuilles et les tissus floraux externes de certaines espèces sans entrer dans le nectar, ce qui a pour effet ultime d’accroître la production des graines et d’améliorer la valeur adaptative (Adler, 2000, Adler et Wink, 2001; Boros et al.,1991).

Il a été démontré que des espèces de Castillineae apparentées sont des hémiparasites facultatifs capables de croître et de produire des fleurs en l’absence d’un hôte; la biomasse des tiges tend cependant à être beaucoup plus importante lorsque la plante croît en présence d’un hôte (Matthies, 1997).

Les espèces d’Orthocarpus de prairie se connectent par des suçoirs (connexions haustoriales) aux racines d’un certain nombre de plantes de prairie associées, parmi lesquelles figurent des annuelles et des vivaces de nombreuses familles, dont les légumineuses, les graminées et les composées. Ce ne sont pas toutes les plantes qui sont de bons hôtes. Certaines semblent même réduire le potentiel reproducteur. L’habitude de parasiter est peu susceptible d’être un facteur limitatif étant donné la diversité des hôtes possibles qui cohabitent au sein des populations canadiennes de castilléjies dorées.

Les espèces de Castilleja peuvent servir d’hôtes secondaires aux larves du damier de Taylor (Euphydras editha taylori) si la principale source de nourriture (Plantago spp.) de ce dernier est épuisée avant le début de la diapause (Vaughan et Black, 2002). Le damier de Taylor (papillon désigné en voie de disparition au Canada) se rencontrait par le passé dans l’île Trial, où la castilléjie dorée était peut-être une de ses sources importantes de nourriture.

Le taux de nouaison est faible en l’absence de pollinisateurs (Wentworth, 1994), mais ces derniers (surtout des abeilles) ne semblent pas être un facteur limitatif pour les populations canadiennes existantes de castilléjies dorées (obs. pers.).

Adaptabilité

Des plantes ont été multipliées avec succès à partir de graines, puis cultivées sur le terrain à l’automne (Caplow, 2004).

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