Colin de Virginie (Colinus virginianus) sommaire du statut de l'espèce du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC Résumé

Colin de Virginie

Colinus virginianus

Information sur l’espèce

Le Colin de Virginie (Colinus virginianus), dont le nom anglais est Northern Bobwhite, appartient à la famille des Odontophoridés (cailles du Nouveau Monde). C’est un petit oiseau, semblable à un tétras; le mâle se distingue par son collier noir, sa gorge et son sourcil blancs et la femelle, par sa gorge et son sourcil chamois.

Répartition 

Le Colin de Virginie est présent du sud-est du Wyoming jusqu’au Massachusetts vers l’est et, vers le sud, jusque dans l’est du Mexique et l’ouest du Guatemala. Au Canada, on signale sa présence seulement dans le sud de l’Ontario, et il semble que les populations naturelles soient limitées à l’île Walpole et peut-être à la terre ferme voisine. Les réintroductions dans de nombreuses autres régions ont eu un succès mitigé à long terme.

Habitat 

Le Colin de Virginie a besoin d’habitats de début de succession de divers types de végétation. L’habitat minimum est un mélange de prairies, de terres cultivées et de couvert broussailleux. En Ontario, l’espèce est habituellement associée aux terres cultivées plutôt qu’aux limites des prairies indigènes.

Dans l’extrême sud-ouest de la province, on trouvait autrefois des milliers d’hectares de prairies à herbes hautes. Après l’arrivée des Européens, la création de nombreuses petites exploitations agricoles à cultures diverses, des méthodes de récolte inefficaces et de grandes haies-clôtures envahies de mauvaises herbes ont beaucoup amélioré les habitats potentiels pour le colin et ont fait augmenter énormément les populations. Cependant, au cours du siècle dernier, la tendance était d’éliminer les pâturages et les cultures sur jachères, et par conséquent, la plupart des prairies ont disparu. Par ailleurs, la fragmentation continue des habitats constitue peut-être un problème plus grave que l’ensemble des pertes d’habitats.

Biologie

Le Colin de Virginie fait son nid dans un creux peu profond tapissé de matières végétales qu’il recouvre d’herbes et de vignes pour le dissimuler. La couvée moyenne est de 12 à 16 œufs et l’incubation dure 23 ou 24 jours; les oisillons duveteux commencent à voler à l’âge de six ou sept jours. À la limite septentrionale de son aire de répartition, l’oiseau n’a en général qu’une couvée par année. Des nids contenant des œufs ont été trouvés de la fin de mai jusqu’à la mi-septembre, mais la probabilité du succès de ponte ou d’envol diminue avec le temps.La mortalité au nid moyenne peut atteindre de 60 à 70 p. 100. La population d’automne est composée d’environ 80 p. 100 d’oiseaux juvéniles, et le taux de mortalité annuel moyen de l’espèce (y compris les jeunes) est d’environ 80 p. 100. Le taux de survie annuel des adultes est d’environ 30 p. 100.

Il s’agit d’une espèce sédentaire mais à l’automne, certains oiseaux se dispersent sur quelques kilomètres. En hiver, les groupes ont besoin d’un minimum de 4,9 hectares et utilisent rarement plus de 20 hectares.

Taille et tendances de la population

Ce qui dans le sud-ouest de l’Ontario constituait probablement une assez petite population sauvage avant l’arrivée des Européens prend beaucoup d’expansion après le déboisement au début du XIXe siècle. La population grandissante atteint le sud de la baie Georgienne et Kingston et, bien que peu abondants, les oiseaux se limitent surtout à une région située au sud d’une ligne allant de Goderich à Oshawa. Au milieu de ce siècle, la population atteint un pic, puis le nombre d’oiseaux diminue et l’aire de répartition rapetisse lentement mais de manière constante.

Durant une bonne partie du XXe siècle, on tente de rétablir les populations en déclin en remettant en liberté de nombreux colins élevés en enclos. Cependant, les taux de mortalité des oiseaux d’élevage sont très élevés, et on considère depuis peu qu’ils ne conviennent pas au rétablissement. Au début des années 1970, on estime qu’il y a environ 1 055 groupes de Colins de Virginie en Ontario, principalement dans les comtés de Lambton, de Middlesex et d’Elgin. Cependant, trois hivers rigoureux successifs à la fin des années 1970 ont eu pour effet de réduire encore plus la population.

Au début des années 1980, les données de l’atlas des oiseaux nicheurs et, plus tard, celles du programme des oiseaux nicheurs rares (de 1989 à 1991), indiquent une répartition clairsemée et des observations de Colins de Virginie dans seulement 79 carrés (10 km X 10 km) de l’atlas, et le nombre de couples se situe entre 232 et 1 545.

En 1989-1990, une vaste enquête postale menée dans le sud-ouest de l’Ontario révèle que la population a baissé à seulement environ 185 colins dans 16 groupes. En 1994, on pense que des individus sauvages ne persistent sans doute que dans deux zones distinctes des régions d’Aylmer et de Chatham.

Les données de trois itinéraires de relevés des oiseaux nicheurs en Ontario indiquent un déclin annuel moyen de 18,9 p. 100 (p = 0,04) entre 1966 et 2001, ce qui représente un déclin total de 99,9 p. 100 durant 35 ans ou de 88 p. 100 par décennie. Dans les années 1990, la très petite population s’est peut-être stabilisée à approximativement 200 à 250 oiseaux.

L’espèce a subi des déclins semblables aux États-Unis.Entre 1965 et 1995, des baisses d’effectif de 70 à 90 p. 100 sont courantes dans 80 p. 100 des États où l’espèce a été signalée. Elles sont plus marquées dans le sud-est du pays et moins prononcées dans le Midwest, et de nombreuses populations locales ont disparu.

Dans les relevés effectués pour le deuxième atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (2001-septembre 2003), on mentionne la présence de l’oiseau dans seulement 19 carrés après trois ans. Bien que la zone d’occurrence ne semble pas avoir changé depuis la publication du premier atlas, ces relevés ont permis de signaler la présence du Colin de Virginie dans 12 carrés où il ne se trouvait pas dans les années 1980. On ignore si ces nouveaux sites sont le fruit des introductions, mais cela semble être l’explication la plus plausible. Par contre, le colin n’est pas mentionné dans 44 carrés de l’atlas dans lesquels il se trouvait durant les années 1980, malgré des efforts de recherche de plus de vingt heures pour chaque carré.

Les résultats des relevés menés pour l’atlas et d’autres observations indiquent que les seules populations naturelles et viables qui subsistent au Canada sont celles de l’île Walpole.Selon des relevés effectués en 1999 et en 2000, on y évalue la population à 230 oiseaux.

Facteurs limitatifs et menaces

La qualité et la quantité des habitats sont les principaux facteurs qui limitent les populations, étant donné que la plupart des prairies naturelles ont disparu et que les habitats en milieu agricole sont moins favorables au Colin de Virginie en raison de l’intensification des activités. Des réintroductions continues ont été inefficaces et accentuent peut-être le déclin continu des populations indigènes par l’introduction d’un stock génétique inapproprié.

Importance de l’espèce

Le Colin de Virginie compte parmi les espèces d’oiseaux les plus populaires auprès du public américain. Il est un gibier à plumes très prisé aux États-Unis, et les dépenses des chasseurs sont plus grandes pour cet oiseau que pour tout autre. Son chant et son apparence sont très attirants, et sa beauté contribue au charme rural.

Protection

En 1994, le Colin de Virginie est désigné comme espèce en voie de disparition par le COSEPAC (Page et Austen, 1994). NatureServe lui attribue la cote G5 (espèce non en péril à l’échelle mondiale); en Ontario, il a la cote S1S2 (espèce en péril). À l’intérieur de l’aire de répartition de la population indigène de l’Ontario, la chasse est interdite.

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HISTORIQUE DU COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

MANDAT DU COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, à l’échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés ou autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes et incluant les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

COMPOSITION DU COSEPAC

Le COSEPAC est formé de membres de chacun des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature) et de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité de connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour examiner les rapports de situation sur les espèces candidates.

DÉFINITIONS

(depuis mai 2003)

Espèce : Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D) : Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC) : Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)* : Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M) : Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)** : Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)*** : Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)**** : Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.

** : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.

*** : Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

**** : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Environment Canada Environnement Canada

Canadian Wildlife Service Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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