Marmotte de l’île de Vancouver (Marmota vancouverensis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Cycle vital et reproduction

Comme la plupart des marmottes alpines, les marmottes de l’île de Vancouver vivent relativement longtemps et se reproduisent peu souvent (Bryant, 2005). Elles ne sont pas strictement monogames; de nombreux cas de polygynie ayant été signalés (Bryant, 1998).

Bien que les femelles puissent atteindre la maturité sexuelle à 2 ans, la plupart ne se reproduisent pas avant l’âge de 3 ou 4 ans (moyenne = 3,6, écart-type = 1,2, n = 16). L’accouplement se produit généralement 1 mois après la sortie de l’hibernation, qui survient à la fin avril ou au début mai. La gestation dure de 30 à 32 jours (Keeley et al., 2003). Au moment du sevrage, la portée est composée de 1 à 7 petits (moyenne = 3,4, écart-type = 1,1, n = 58). Les femelles ont la capacité de faire durer le sevrage pendant plusieurs années consécutives, mais la plupart attendent une année ou plus entre les portées (intervalle moyen entre les portées = 1,8 an, écart-type = 0,7, n = 20). À l’état sauvage, le rapport des sexes des petits sevrés ne s’écarte pas de 1:1; en captivité, il a tendance à être déséquilibré en faveur des mâles. La plus âgée des femelles reproductrices recensées avait 10 ans, et la plus âgée des marmottes gardées en captivité avait 14 ans (Bryant, 2005; annexe 1).

Utilisation des terriers

Les marmottes de l’île de Vancouver aménagent des terriers pour hiberner, mettre bas, se cacher des prédateurs et s’abriter. Les terriers (y compris les gîtes d’hivernage) sont habituellement réutilisés pendant plusieurs années consécutives par les mêmes individus et groupes sociaux (Bryant, 1998). Plusieurs réseaux de terriers ont été occupés durant plus de 30 ans. Les terriers-abris utilisés pour se soustraire aux prédateurs consistent en un trou peu profond creusé sous un rocher ou la racine d’un arbre. Les terriers utilisés durant la nuit ou pour mettre bas sont plus élaborés et comptent souvent plus d’une entrée. Comme les terriers-abris, ils se trouvent habituellement sous des blocs rocheux ou des systèmes racinaires d’arbres. Les gîtes d’hivernage sont probablement assez profonds pour descendre sous la ligne de gel.

Herbivores/prédateurs

Martell et Milko (1986) ont identifié les plantes consommées par les marmottes en étudiant des échantillons de fèces provenant de trois colonies. Ils ont conclu que leur régime alimentaire reposait sur la danthonie intermédiaire (Danthonia intermedia) et les carex (Carex spp.) au début du printemps, puis sur les latifoliés (notamment le Lupinus latifolius et l’Eriophyllum lanatum) en été et en automne. Le phlox diffus (Phlox diffusa) est important au début de l’été.

Le régime alimentaire des individus des autres colonies n’a pas été déterminé. Parmi les plantes consommées dans les sites de coupe à blanc en basse altitude figurent des graminées, l’Anaphalis margariticea, des espèces du genre Fragaria, l’Epilobium angustifolium et le Lupinus latifolius (Bryant, 1998). Les lupins (Lupinus latifolius) sont consommés sur les pistes de ski du mont Washington (J. Werner, comm. pers.).

Les couguars (Puma concolor), les loups (Canis lupus) et les Aigles royaux (Aquila chrysaetus) sont des prédateurs confirmés des marmottes de l’île de Vancouver. Bryant et Page (2005) ont rapporté que les prédateurs étaient responsables d’au moins 75 p. 100 de la mortalité enregistrée chez les marmottes munies d’un radioémetteur, de 1992 à 2005.

Physiologie

Les marmottes de l’île de Vancouver vivant à l’état sauvage hibernent habituellement durant environ 210 jours (date moyenne d’entrée en hibernation = 1er octobre, intervalle de confiance de 95 p. 100 = du 28 septembre au 3 octobre, n = 49; date moyenne de sortie d’hibernation = 28 avril, intervalle de confiance de 95 p. 100 = du 26 au 30 avril, n = 43; Bryant et McAdie, 2003). Durant la léthargie, la température corporelle s’approche de 5 ºC. Des éveils spontanés d’une durée de 1 à quelques jours se produisent tous les 10 à 14 jours. Durant la saison active, la température corporelle fluctue entre 34 ºC et 29 ºC. Les marmottes contrôlent leur température au moyen de leur posture (Melcher et al., 1990) et se servent de terriers et de blocs rocheux « de repos » pour se soustraire aux coups de chaleur.

Déplacements et dispersion

Comparativement à d’autres marmottes de montagne, la structure de la métapopulation est prononcée (voir, par exemple, Stephens et al., 2002). Les cas de dispersion sont peu fréquents, mais des mâles et des femelles de 2 ans munis de radioémetteurs peuvent faire des déplacements de 1 à 27 km sur une période de quelques jours (A. Bryant, données inédites).

La distance de dispersion maximale des individus marqués à l’oreille qui ont été vus à nouveau était de 11,2 km (Bryant, 1998). Les mentions de marmottes solitaires venant d’habitats en basse altitude suggèrent que la marmotte serait capable de se disperser sur de plus grandes distances. Bryant et Janz (1996) ont compilé 22 mentions de marmottes solitaires durant la période 1972-1995, dont 1 individu trouvé sur la plage à Courtenay (12 juillet 1974), 1 individu photographié sur le mont Demers (25 juillet 1977) et 1 autre dans un potager à Coombs (7 juillet 1980). Les marmottes surgissent dans les endroits les plus imprévus, notamment dans un hangar à bois à Youbou (25 juin 1986), dans une écurie à Nanaimo (25 septembre 1991), dans une nouvelle subdivision à Bell’s Bay, sur la côte ouest (mai 1992), et sur un quai au lac Cowichan (18 mai 1993). Certaines (par exemple celles de Bell’s Bay, de Cassidy, de Duncan et de Cedar) témoignent probablement de cas de dispersion de plus de 25 km.

Relations interspécifiques

Face aux petits rapaces, aux cerfs et aux wapitis, qui ne constituent pas une menace, les marmottes ont souvent pour réaction de siffler ou de fuir dans des terriers. Elles réagissent de manière semblable face aux prédateurs. Elles n’interagissent pas avec d’autres espèces.

Adaptabilité 

L’« adaptabilité » du M. vancouverensis à un paysage modifié par l’homme a fait couler beaucoup d’encre (Munro et al., 1985). Bien des marmottes ont pu vivre et se reproduire dans des habitats créés par l’humain, mais ces habitats ont sans doute agi comme des gouffres pour les populations (Bryant, 1996 et 1998). Les populations ayant colonisé les pistes de ski du mont Green ou les résidus miniers du mont Washington au cours des années 1980 sont disparues. Il reste des marmottes sur les pistes de ski du mont Washington, probablement parce que les activités humaines dissuadent les prédateurs de fréquenter ces endroits. Bien qu’un grand nombre d’habitats potentiels aient été créés par l’exploitation forestière à plus de 700 m d’altitude, seul un petit pourcentage a été colonisé à un moment ou à un autre, et l’aire de répartition globale du M. vancouverensis a rétréci au cours des dernières décennies.

Les traits reproductifs et comportementaux des marmottes de l’île de Vancouver élevées en captivité sont comparables à ceux observés chez leurs homologues à l’état sauvage (Bryant, 2005; Blumstein et al., 2006). Les marmottes nées en captivité semblent bien s’adapter une fois libérées dans la nature : elles se nourrissent de graminées et de fleurs, prennent du poids, sifflent à l’approche de prédateurs, creusent des terriers et hibernent au bon moment (Bryant, 2007). Le nombre d’individus relâchés est encore insuffisant pour permettre de calculer des taux de survie, mais certaines marmottes nées en captivité ont survécu jusqu’à trois ans dans la nature et s’y sont reproduites.

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