Hespérie persius de l'est : évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Répartition

Aire de répartition mondiale

L’hespérie Persius de l’Est est largement répandue dans la région des Grands Lacs et se rencontre vers l’est jusqu’en Nouvelle-Angleterre, au New Jersey et aux Appalaches (Burns, 1964). De façon plus précise, elle est présente dans les États figurant sur la carte présentée à la figure 5 (d’après Burns, 1964; NatureServe Explorer, 2001). Elle est tenue pour disparue du Maine, et elle n’a pas été observée depuis vingt ans au Maryland, au New Jersey et dans l’État de New York (NatureServe Explorer, 2001). Moins de 20 populations existantes sont connues à l’échelle du continent nord-américain (NatureServe Explorer, 2001).


Aire de répartition canadienne

Au Canada, la présence de l’E. p. persius étayée par des spécimens correctement identifiés a été attestée dans seulement deux sites du sud-ouest de l’Ontario, soit St. Williams, dans le comté de Norfolk, et une localité située à proximité du parc provincial Pinery, dans le comté de Lambton (figure 6, annexe 1). Cette espèce n’est connue que depuis récemment à partir de quelques observations enregistrées au Canada, mais elle y était presque certainement présente avant l’arrivée des premiers colons européens, en populations disséminées dans le sud de l’Ontario. S’il s’agissait d’une espèce nomade, elle n’aurait sans doute pas été présente de façon constante au site St. Williams pendant plusieurs années et aurait probablement été observée dans des parcelles de lupins beaucoup plus rapprochées de la frontière des États-Unis. De plus, d’importants ouvrages publiés, tels que The Butterflies of Canada (Layberry et al. 1998) de même que NatureServe (2001) incluent le papillon comme espèce canadienne à part entière.

La première mention canadienne concernant l’hespérie Persius de l’Est provient de St. Williams et date de 1972, mais une mention plus ancienne vient d’être confirmée. Un spécimen capturé en 1969 dans la région du parc provincial Pinery, non identifié et par conséquent non signalé, se trouve dans la collection privée de Sid Daniels. Matt Holder a examiné ce spécimen et estime qu’il s’agit bien d’un E. p. persius. En raison du risque d’erreur d’étiquetage, le traitement des mentions historiques exige une certaine prudence, mais la région du parc provincial Pinery comporte des habitats favorables à l’espèce hôte principale et est une des localités historiques bien connues du mélissa bleu (Lycaeides melissa samuelis Nabokov), une espèce qui présente des exigences écologiques similaires. Selon Matt Holder, l’hespérie Persius de l’Est a probablement déjà été présente dans la région du parc provincial Pinery, et le spécimen est correctement étiqueté.

Parmi les spécimens examinés par Matt Holder, celui qui a été capturé le plus récemment a été récolté à St. Williams en 1979. Toutefois, plusieurs observations et captures ont été signalées à cet endroit jusqu’en 1987 (p. ex. Hess et Hanks, 1979; 1981; 1984; 1985; 1986; 1988). Aucune capture ou observation crédible n’a été signalée après 1987 aux sites d’observation des papillons visités assez régulièrement par un groupe d’entomologistes actifs de l’Ontario.


Figure 5 : Aire de répartition de l’Erynnis persius persius en Amérique du Nord

Figure 5. Aire de répartition de l’Erynnis persius persius en Amérique du Nord, d’après NatureServe Explorer (2001), Opler et al. (1995) et Burns (1964).

D’après NatureServe Explorer (2001), Opler et al. (1995) et Burns (1964).


Figure 6 : Aire de répartition de l’Erynnis persius persius au Canada

Figure 6. Aire de répartition de l’Erynnis persius persius au Canada, d’après les données de collecte des spécimens correctement identifiés.

D’après les données de collecte des spécimens correctement identifiés.

Les mentions faisant état de la présence de l’hespérie Persius de l’Est dans d’autres régions du sud de l’Ontario, incluant la municipalité de district de Muskoka, l’île Manitoulin, d’autres sites dans le comté de Lambton et le canton de Norfolk, le comté de Middlesex, le comté d’Essex, la municipalité régionale de Niagara, Hamilton, Toronto et Ottawa (Hess et Hanks, 1981; Hess et Hanks, 1986; Kulon et al., 1987; Hess, 1988; Holmes et al., 1991; Riotte, 1992), ne sont étayés par aucun spécimen connu de Matt Holder ou le sont par des spécimens incorrectement identifiés examinés par Matt Holder (annexe 1). Le 28 mai 2005, Brenda Kulon aurait vu huit E. p. persiusadultes survolant des plants de lupin vivace à la Port Franks Forested Dunes Nature Reserve, dans le comté de Lambton, mais cette identification n’a pas été confirmée. Étant donné qu’aucun spécimen n’a été capturé et que l’identification fiable de l’E. p. persius soulève des difficultés importantes, en particulier sur le terrain, il y a tout lieu de croire que ces huit individus étaient des E. baptistae ou des E. lucilius. Matt Holder n’est au courant d’aucune autre mention attestant la présence de la sous-espèce ou de la capture de spécimens à cet endroit, et Skevington et al. (2001) ne mentionne pas la présence de l’hespérie Persius dans le comté de North Lambton. Il faut s’attendre à ce que de nouvelles observations non confirmées de l’E. p. persius (signalées principalement par des observateurs non chevronnés) soient signalées sporadiquement, en particulier dans le sud-ouest de l’Ontario. Ailleurs dans la province, la capture de la sous-espèce a été signalée dans le parc provincial Algonquin, dans le district de Nipissing, mais le collectionneur estime qu’il pourrait s’agir d’un spécimen usé de l’E. lucilius (C. Durden, comm. pers., 2002). Les mentions faisant état de la présence de l’hespérie Persius de l’Est dans le district de Cochrane, le district de Temiskaming et des régions situées plus au nord (et potentiellement dans l’île Manitoulin) résultent certainement d’une confusion avec l’E. p. borealis, à supposer que cette identification soit correcte, car ces observations ne sont étayées par aucun spécimen (p. ex. Hess et Hanks, 1979; 1981; 1984; 1985; 1986; 1988), et aucune mention confirmée de l’E. persius , toutes sous-espèces confondues, n’est connue de ces régions. Les données de collecte et d’observation de l’E. p. persius au Canada sont présentées à l’annexe 1.

Les données disponibles confirment la présence historique de l’hespérie Persius de l’Est dans deux sites isolés très distants l’un de l’autre dans le sud de l’Ontario. Parmi les autres sites où l’hespérie a peut-être déjà été présente, mentionnons l’île Walpole (qui abritait une importante population de lupin vivace avant que des travaux liés à l’agrandissement d’une sablière n’entraîne la destruction de cette population en 2001) (P. A. Woodliffe, comm. pers., 2002), un certain nombre de sites dans la région de St. Williams, Toronto, et les plaines du lac Rice, à l’est de Peterborough. L’aire de répartition historique de l’E. p. persius incluait probablement un certain nombre de régions du sud de l’Ontario comportant des savanes et des prairies aujourd’hui disparues. La figure 7 illustre la répartition estimée des habitats de prairie et de savane dans le sud de l’Ontario avant l’arrivée des premiers colons européens et fait ressortir leur répartition irrégulière. On ignore si la répartition de l’E. p. persius coïncidait avec celle de ces habitats, mais si c’était le cas, elle devait être irrégulière et discontinue. L’E. p. persius a disparu de l’île Walpole (par suite de la destruction du site et de l’élimination des plantes hôtes) et de la région de Toronto (même si les autorités municipales ont récemment pris des mesures pour restaurer l’habitat) (City of Toronto, 2002), à supposer qu’il ait déjà été présent dans ces régions. Ces sites n’ont pas été visités en 2002, les perturbations et l’altération de l’habitat y ayant fort probablement causé l’élimination des populations de l’E. p. persius qui auraient pu s’y trouver. Un autre site (sentier d’interprétation de la nature de Clearwater), à Sarnia, a également été jugé peu susceptible d’abriter l’E. p. persius, les lupins y étant trop peu nombreux. Ce site n’a pas été visité en 2002, car Matt Holder estimait qu’il ne pouvait garantir le maintien de l’E. p. persius, dont la survie dépend de la présence d’un peuplement de lupin couvrant au moins 20 m2 (Mo Nielsen, comm. pers., 2005). Aucune hespérie Persius de l’Est n’a été observée ni capturée au cours des recherches effectuées dans les comtés de Norfolk, de Lambton et de Northumberland au printemps 2002 (annexe 2).


Comme l’hespérie Persius de l’Est n’a pas été observée depuis 35 ans à Pinery et depuis 18 ans à St. Williams (en dépit de recherches ciblées effectuées dans le passé et en 2002), il y a tout lieu de croire qu’elle a disparu de l’Ontario et du Canada.


Figure 7 : Aire de répartition des habitats de savane et de prairie avant l’arrivée des premiers colons européens

Figure 7. Aire de répartition des habitats de savane et de prairie avant l’arrivée des premiers colons européens, d’après les données du Centre d’information sur le patrimoine naturel et le Musée royal de l’Ontario.

D’après les données du Centre d’information sur le patrimoine naturel et le Musée royal de l’Ontario.

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