Hyménoxys herbacé (Hymenoxys herbacea) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Taille des populations

 En 2000, le nombre d’individus florifères par population variait entre trois (population SC) et probablement 3 540 000 (population MB), et le nombre de rosettes, entre 50 (population SC) et probablement 202 013 200 (population MB). La taille efficace de la population (Ne, nombre de rosettes dans une population où les croisements se font au hasard et qui sont soumises à la même dérive génétique) a été estimée pour deux populations de la péninsule Bruce; elle était en moyenne de 4 343,4 individus, donc de 43 p. 100 inférieure à la taille réelle (Campbell, 2001). En appliquant le facteur Ne/N = 0,43, on obtient pour les autres populations une taille efficace variant entre 22 (population GL) et 86 865 676 (population MB). Une taille efficace de 5 000 individus est généralement considérée comme un minimum pour conserver à la fois une diversité génétique neutre et un pouvoir d’adaptation et pour réduire au minimum les mutations délétères (Lande 1993, 1994). Seulement sept des 38 populations canadiennes de l’ H. herbacea ont une taille efficace (déterminée par estimation ou extrapolation) inférieure à 5 000; la plupart ne risquent donc pas de subir les effets négatifs de la dérive génétique.

Une analyse d’élasticité a montré que parmi tous les processus démographiques à l’œuvre chez les populations de l’hyménoxys herbacé la fluctuation du taux de survie chez les jeunes du stade 2 (plus de six feuilles, sans inflorescence) est celui qui a la plus grande incidence sur la taille efficace de l’effectif (Campbell, 2001). Si jamais une fragmentation de l’habitat de l’espèce entraînait un déclin important de sa taille efficace, c’est sur l’augmentation du taux de survie de jeunes individus de cette classe qu’il serait probablement le plus utile de faire porter les efforts de conservation.

Pour qu’une espèce auto-incompatible puisse se reproduire, la population doit conserver un taux assez élevé de compatibilité entre individus. Les allèles d’auto-incompatibilité sont transmis d’une génération à l’autre par une sélection dépendante de la fréquence, ce qui les soustrait dans une certaine mesure à la dérive génétique. Byers et Meagher (1992) ont démontré que la dérive génétique peut avoir une forte incidence sur le taux de compatibilité au sein d’une population dont la taille efficace est inférieure à 50 individus. Or, seulement les deux plus petites populations connues de l’hyménoxys herbacé (GL et SC) ont une taille efficace voisine de cette valeur (22 et 57 respectivement). On peut donc supposer que la dérive génétique n’a pas d’incidence sensible sur la diversité des allèles d’auto-incompatibilité chez les populations actuelles de l’espèce (Campbell, 2001).

Tendances des populations

La première mention de l’Hymenoxys herbacea dans la péninsule Bruce remonte à 1965 (U.S. Fish and Wildlife Service, 1990), et on pense que l’espèce s’est ensuite répandue partout dans la péninsule. Si cette hypothèse est vraie, l’espèce a étendu son aire en un temps remarquablement court. Cependant, elle était probablement présente dans la péninsule avant 1965. Depuis que l’hyménoxys herbacé a été déclaré espèce en péril aux États-Unis, la recherche de nouvelles populations s’est intensifiée. De 1999 à 2000, le nombre de populations portées à la connaissance du CIPN est passé de 22 à 39. Il est probable que les premières campagnes de recherche étaient moins intenses et qu’il y avait alors un manque de communication entre personnes intéressées et informées.

Avant 1999, il n’y avait pas beaucoup d’information sur la taille des populations. De 1999 à 2000, certaines populations se sont accrues et d’autres ont diminué. Dans la plupart des cas, la différence n’est pas très grande. Au cours de cette période, la taille moyenne des populations n’a pas changé de façon significative, et une forte corrélation positive a été établie entre la taille des populations individuelles en 1999 et en 2000 (Campbell, 2001). Trois des populations (SC, CPL et ML) ont connu un déclin (Campbell, 2001); elles étaient petites au départ et elles ont été fortement piétinées au cours de la dernière année. Les populations SC et CPL sont situées à l’intérieur du parc national de la Péninsule-Bruce et coupées par de grands sentiers de randonnée. La population ML se trouve sur un terrain de camping privé et est donc soumise à une circulation intense (piétonne et automobile).

L’une des populations de la péninsule Bruce (population EL, site  15; figure 3) est disparue entre 1995 et 1999. Le milieu où elle se trouvait n’est pas exposé à une forte présence humaine et n’est pas manifestement différent de l’habitat des populations actuelles connues, sauf qu’il est très mouillé. Il ne fait aucun doute que l’hyménoxys herbacé peut résister à un certain niveau de circulation. Sept populations situées dans des localités très isolées n’ont pas été retrouvées depuis au moins treize ans; il est donc impossible de se prononcer sur leur existence ou leur disparition.

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