Truite fardée versant de l'ouest évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Les truites fardées occupent une grande variété d’habitats au Canada. De par leur taille relativement petite à l’âge adulte, elles sont plus aptes que d’autres salmonidés à occuper de petits ruisseaux. En Colombie-Britannique, on trouve des truites fardées versant de l’ouest dans des grandes rivières et des grands lacs ainsi que bon nombre de petits ruisseaux de montagne. En Alberta, les populations indigènes génétiquement intactes sont aujourd’hui presque entièrement confinées au cours supérieur de l’axe principal de certaines rivières et aux eaux d’amont de quelques-uns de leurs principaux  affluents. Les populations introduites ou apparemment hybridées sont plus communes, mais demeurent largement restreintes aux eaux d’amont (Mayhood, 2000). Bien que l’ampleur et la nature des différences dans l’écologie et le cycle vital des deux unités désignables soient inconnus, la sous-espèce dans son ensemble privilégie les cours d’eau où les fosses et le couvert sont abondants. Comme chez d’autres salmonidés, quatre principaux types d’habitats sont requis pour compléter le cycle vital.

1.     Habitat de frai – Il se trouve dans de petits ruisseaux de faible gradient aux eaux froides et bien oxygénées avec un gravier propre et sans vase; le frai a souvent lieu à la sortie de fosses profondes durant des périodes de débit moyen à élevé, lesquelles sont souvent de courte durée (Brown et McKay, 1995b; Schmetterling, 2001). La proximité du couvert est importante pour les individus en frai; dans les affluents de frai, ils occupent presque exclusivement des habitats formés par de grands débris de bois, des rochers ou des affleurements de roche-mère. Cette structure engendre l’habitat de fosse nécessaire pour emprisonner et retenir les graviers pour le frai ainsi que pour offrir une protection contre les prédateurs. En l’absence d’un couvert adéquat, le taux de mortalité est souvent élevé (Behnke, 1992; Brown et Mackay, 1995b). Le frai a été confirmé dans les hauts fonds (voir p. ex. Carl et Stelfox, 1989; Stelfox, comm. pers., 2006 ), mais ne semble pas fréquent.

2.     Habitat de croissance – L’habitat de croissance des juvéniles se trouve dans de petits ruisseaux (niveaux 1 à 3) qui demeurent humides en permanence durant les périodes de faible débit et qui présentent une variété de couverts (McIntyre et Rieman, 1995). Les alevins de l’année migrent vers des habitats périphériques à faible décharge (p. ex. hauts fonds ou bras morts) avec un couvert protecteur et un faible courant (certaines populations peuvent croître dans des lacs). Les juvéniles de plus grande taille se déplacent vers des fosses où ils établissent une hiérarchie sociale fondée sur la taille. Les tacons ont besoin d’un grand territoire et la disponibilité des habitats de fosse limite souvent leur productivité, même dans des cours d’eau très productifs (voir p. ex. Schmetterling, 2001).

3.     Habitat des adultes – L’habitat des adultes est assez diversifié et varie selon les caractéristiques du cycle vital des populations (voir la section Biologie). Les individus sédentaires peuvent demeurer dans leur cours d’eau natal toute leur vie. Les formes migratrices changent de niche et quittent les petits cours d’eau natals pour gagner des systèmes plus grands ou l’axe principal de cours d’eau où le potentiel de croissance peut être plus élevé. Dans le cas des formes fluviales (riveraines), des fosses de faible débit formées par des rochers ou des débris de bois avec des eaux vives adjacentes et une abondance de couverts (berges érodées, végétation riveraine, fond de l’eau structuré) sont nécessaires. Les adultes adfluviaux (migrant entre les lacs et les rivières) passent l’été à se nourrir dans les lacs et les réservoirs de température inférieure à 16°C (McIntyre et Rieman, 1995).

4.     Habitat d’hivernage – La qualité de l’habitat d’hivernage semble reposer en grande partie sur l’afflux d’eaux souterraines et l’absence de glace fixe (voir p. ex. Brown et Mackay, 1995a). En hiver, les adultes fluviaux se rassemblent dans des fosses profondes à l’abri du courant. Les juvéniles utilisent souvent le couvert des rochers et d’autres grandes structures, ou un habitat à l’écart de l’axe principal du cours d’eau, tel que les marécages ou les mares de castors. Les individus adfluviaux hivernent souvent dans des lacs.

 

Caractéristiques essentielles de l’habitat

La grande variété de conditions environnementales dans lesquelles on rencontre la truite fardée versant de l’ouest témoigne d’une certaine souplesse dans l’utilisation de l’habitat. Cependant, il ressort clairement qu’elle a des besoins très précis en matière d’habitat à divers stades de son cycle vital et ne se porte bien que dans des environnements lotiques intacts offrant de l’eau froide et claire et divers types de couverts (p. ex. berges érodées, habitats de fosse et d’eaux vives et végétation riveraine).

Température

La température des cours d’eau est probablement une caractéristique importante de l’habitat pour un salmonidé privilégiant les eaux froides comme la truite fardée versant de l’ouest. La température de l’eau a un impact sur une série de processus biologiques comme le taux de croissance, la capacité de nager, la résistance aux maladies et la capture des proies (Reiser et Bjornn, 1979). Les truites fardées sont sensibles aux changements de la température de l’eau et évitent généralement les eaux où la température maximale dépasse régulièrement 22 °C (Behnke et Zarn, 1976). L’exposition à des températures de 28 à 30 °C provoque rapidement une perte d’équilibre, des difficultés à nager et la mort (Heath, 1963). La température optimale se situe probablement entre 9 et 12 °C. Le frai a généralement lieu à des températures de 6 à 17 °C (Hunter, 1973). La température optimale pour l’incubation des œufs est d’environ 10 ou 11 °C et d’environ 15 °C pour la croissance des juvéniles (Merriman, 1935; Snyder et Turner, 1960). Cette prédilection pour des eaux froides semble un avantage compétitif pour la truite fardée versant de l’ouest dans les cours d’eau de haute altitude (Griffith, 1988, Fausch, 1989, Paul et Post, 2001). La distribution actuelle des populations dans un grand nombre de zones d’amont corrobore l’hypothèse d’un « refuge de température et d’altitude » dans lequel les populations sont le plus aptes à résister à l’invasion des espèces non indigènes (voir p. ex. Paul et Post, 2001)

Vélocité du courant et débit des cours d’eau

Bien que les truites fardées soient adaptées à une grande variété d’habitats, elles occupent généralement des cours d’eau de petite taille et de faible décharge. Le frai a lieu à des profondeurs de 20 à 50 cm pour une vitesse moyenne du courant de 0,3 à 0,4 m/s (Liknes, 1984; Shepard et al., 1984). Les juvéniles de l’année occupent des habitats périphériques où le courant est d’environ 0,06 m/s et dont la profondeur dépasse 3 cm (Bozek et Rahel, 1991). Platts (1974) a observé que la densité de truites fardées versant de l’ouest atteint son maximum à un gradient d’environ 10 p. 100, ce qui est plus élevé que chez l’omble à tête plate (Salvelinus confluentus), l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) et la truite arc-en-ciel. Les perturbations du régime hydrologique naturel ainsi qu’un débit minimal insuffisant ont un impact important sur les salmonidés vivant dans les ruisseaux (voir p. ex. Spence et al., 1996). Les œufs et les alevins sont sensibles à l’infiltration de sédiments fins dans le gravier des frayères. En laboratoire, le taux de survie des embryons descend à moins de 50 p. 100 lorsque la concentration de sédiments fins dépasse 20 p. 100 (Shepard et al., 1984). Assez d’eaux vives et une vélocité suffisante de l’eau sont requises pour entretenir la diversité de l’habitat, la production d’insectes et l’apport d’insectes aux tacons dans les fosses. Toute baisse du débit minimum peut entraîner des pertes importantes d’habitats de croissance périphériques, en plus d’élever la température des ruisseaux et d’inhiber les migrations normales par isolement des populations dans des poches d’eau (voir p. ex. Slaney et al., 1996; Rosenau et Angelo, 2003). Les truites fardées versant de l’ouest semblent avoir évolué de manière à pouvoir se déplacer en suivant les hausses et les pics des niveaux d’eau, ce qui leur permet de franchir les obstacles saisonniers pour gagner l’accès à des ruisseaux normalement inaccessibles (voir la section Biologie – Déplacements et dispersion).

Couvert riverain et aquatique

Le couvert riverain et un fond de structure variée sont des éléments essentiels de l’habitat de la truite fardée versant de l’ouest. Ils contribuent à la complexité des cours d’eau et offrent des refuges aux poissons. La végétation riveraine (p. ex. aulne, ronce élégante, saule, peuplier, etc.) stabilise les berges, diminue la prédation et garde l’eau plus froide en réduisant l’ensoleillement (résumé dans Reeves et al., 1997; Rosenfeld, 2001). En outre, l’apport d’insectes terrestres riverains est souvent une source alimentaire importante durant l’été (Behnke, 1992). Les berges érodées, les paquets de racines et les rochers jouent également un rôle important dans la délimitation de l’habitat et servent de refuge. Les affleurements de roche-mère jouent peut-être un rôle plus important dans les régions où les arbres sont de petite taille et les débris plus rares. L’abondance de grands juvéniles dans les ruisseaux est souvent limitée par la disponibilité de fosses et de grands débris de bois (voir p. ex. Schmetterling, 2001). Le déboisement des berges et l’enlèvement de gros débris de bois ont des impacts négatifs sur l’habitat des fosses, réduisent la complexité de la structure des ruisseaux, déstabilisent les berges, augmentent la sédimentation et contribuent au remplissage des fosses. Ces activités diminuent par ailleurs le taux de survie de l’œuf au stade juvénile, l’abondance d’habitats de croissance et la production d’invertébrés aquatiques (résumé dans Reeves et al., 1997; Rosenfeld, 2001).     

 

Tendances en matière d’habitat

L’aire de répartition historique de la truite fardée versant de l’ouest se trouve dans les provinces de la Colombie-Britannique et de l’Alberta, dont les économies reposent en grande partie sur l’exploitation des terres et l’extraction des ressources. Toutes les informations disponibles témoignent d’une importante perte et dégradation de l’habitat dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne des deux sous-espèces de truites fardées au cours des 100 dernières années. Les plus grandes pertes sont attribuables à l’extraction des ressources et à la construction de routes qui y est associée. La perte et la dégradation de l’habitat dues aux ouvrages de retenue des eaux pour les projets hydroélectriques et l’irrigation agricole ont également contribué à plusieurs déclins. Il existe des aires protégées à l’intérieur de l’aire de répartition de la truite fardée versant de l’ouest au Canada, mais celles-ci sont souvent de petite taille et n’englobent pas toujours tous les habitats requis par la sous-espèce à toutes les étapes de son cycle vital (en particulier les étapes migratoires). Il est apparent qu’en l’absence d’une protection plus stricte, la dégradation de l’habitat et la fragmentation des populations se poursuivront.

Colombie-Britannique

Les principales menaces à l’habitat de la truite fardée versant de l’ouest en Colombie-Britannique sont le déboisement, l’exploitation minière et l’urbanisation. La foresterie est de loin l’industrie des ressources la plus importante de la province; les produits forestiers ont compté pour plus de la moitié des exportations totales de la province en 1999 (15 milliards de dollars ou 52 p. 100; BC Stats, 2001). La perte de couvert forestier entraîne une modification de la température et du régime hydrologique des cours d’eau, effets qui se répercutent sur les populations de poissons. Pendant de nombreuses années, des pratiques de déboisement inadéquates ou archaïques ont lourdement contribué à la perte d’habitats au Canada et, jusqu’à tout récemment, les nombreux petits ruisseaux et affluents associés à ces forêts exploitées n’ont bénéficié que de très peu de protection officielle. Encore aujourd’hui, ils sont souvent aménagés en ponceaux de manière inadéquate ou déboisés jusqu’aux berges (voir la section Biologie – Déplacements et dispersion). L’urbanisation et les développements locaux ont eu des impacts négatifs sur certaines populations. La région d’East Kootenay, par exemple, abrite environ 65 000 personnes, dont la plupart habitent la région de Cranbrook-Kimberly. La ville de Cranbrook s’est étendue considérablement aux alentours du ruisseau Joseph (bassin de la rivière St. Mary). D’après les connaissances traditionnelles autochtones, le ruisseau était autrefois une frayère très importante de truites fardées versant de l’ouest (Prince et Morris, 2002). Une dégradation importante de l’habitat (p. ex. ponceaux infranchissables, canaux d’écoulement des eaux pluviales et envasement) ainsi que des débits extrêmement faibles durant l’été ont eu de graves impacts sur la croissance des juvéniles dans le système (Bill Westover, Ministry of Water, Land, and Air Protection de la Colombie-Britannique, comm. pers., 2003). À l’heure actuelle, ce ruisseau ne semble plus accueillir de truites fardées versant de l’ouest, mais on y trouve encore des ombles de fontaine non indigènes.

Il existe actuellement 11 mines en opération dans la région de East Kootenay en Colombie-Britannique. Six d’entre elles sont des mines industrielles d’extraction de minéraux et cinq sont des mines de charbon. Parmi leurs impacts, on compte la construction de pierrées sur des ruisseaux (généralement par remplissage des creux de vallée et destruction connexe de l’habitat), l’apport de substances chimiques (p. ex. le sélénium) et le détournement des cours d’eau. L’impact le plus sévère de l’industrie minière sur les habitats d’eau douce est la contamination des eaux. Des truites arc-en-ciel capturées en aval du lac de kettle d’une mine de charbon albertaine renfermaient des concentrations de sélénium dans les muscles et les gonades plus élevées que chez des individus témoins. Ces teneurs élevées en sélénium augmentent le taux de mortalité des individus jusqu’au stade d’alevin nageant et augmentent l’incidence de déformations de l’épine dorsale et d’œdème chez les alevins(Holm et al., 2003). Ces industries du secteur primaire s’accompagnent d’une expansion du réseau routier qui favorise la fragmentation et la dégradation de l’habitat et crée de nouveaux points d’accès pour la pêche et l’introduction d’espèces non indigènes (voir p. ex. Reeves et al., 1997).

Alberta

L’urbanisation, le détournement des eaux et l’agriculture ont eu des impacts évidents sur l’habitat de la truite fardée versant de l’ouest en Alberta. Une évaluation des impacts cumulatifs menée dans 98 bassins hydrographiques de quatrième ordre ou plus dans les bassins supérieurs des rivières Oldman, Crowsnest et Carbondale (bassin de la rivière Castle) a révélé qu’environ deux tiers des bassins hydrographiques étaient exposés à un risque modéré de dégradation qui se traduirait par une perte d’habitat de la truite fardée versant de l’ouest. En outre, tous les autres bassins sauf trois courent un risque élevé de dégradation due à l’augmentation des débits maximums et de l’érosion de surface causée par les coupes à blanc et la construction de routes (Mayhood et al., 1997; synthèse dans Mayhood, 2000). L’exploration s’est accompagnée d’une augmentation considérable de la densité des routes, ce qui a multiplié les points d’accès aux régions sauvages (p. ex. chemins, lignes de coupe). La circulation croissante des véhicules tout-terrain aggrave l’érosion des berges et la sédimentation, en plus d’accroître la pression de la pêche. Par exemple, il existe dans la région Ghost-Waiparous 189 km de sentiers désignés, mais en fait durant les longs week-ends jusqu’à 2 000 km de sentiers en grande partie non désignés sont utilisés par près de 15 000 personnes (Alberta Wilderness Association 2002). La dégradation de l’habitat le long de la rivière Bow est grave; la ville de Calgary est construite sur ses berges et plusieurs axes routiers importants suivent une bonne partie du parcours de cette rivière.

On prévoit que la population humaine du bassin de la rivière Saskatchewan Sud atteindra environ deux millions d’habitants d’ici 2021 (1,3 million en 1996; Alberta Environment, 2003a). Cette croissance devrait s’accompagner d’une hausse de la demande d’eau de 29 à 66 p. 100, ce qui est plutôt préoccupant quand on sait que l’Alberta ne dispose d’aucune réserve importante d’eau souterraine; 97,5 p. 100 de l’eau consommée en Alberta provient de l’écoulement de surface (Alberta Environment, 2003b). À l’heure actuelle, 41,5 p. 100 des eaux d’écoulement du bassin hydrographique de la vallée de la rivière Bow à Banff sont canalisées, immobilisées ou retenues (Schindler et Pacas, 1996). On compte quatre centrales hydroélectriques TransAlta sur l’axe principal de la rivière Bow seulement (11 au total dans le système Kananaskis-Bow) et la condition de l’environnement aquatique dans le cours inférieur des rivières Bow et Oldman semble se détériorer (Golder Associates Ltd, 2003). En 2001, le volume d’eau circulant dans les rivières Bow et Oldman au niveau de leur jonction avec la rivière Saskatchewan Sud (près de Medicine Hat) a atteint un plancher jamais atteint en 31 ans. Au moins 70,4 p. 100 du débit médian naturel de la rivière Oldman (et 68,1 p. 100 de celui de la rivière Bow) est aujourd’hui alloué aux usages industriels et domestiques (Environnement Canada, 2003). Les permis d’irrigation représentent environ 75 p. 100 du volume total des allocations d’eau du bassin de la rivière Saskatchewan Sud (Alberta Environment, 2003b). La modification des régimes hydrologiques pourrait nuire à la pérennité de la truite fardée versant de l’ouest (voir la section Facteurs limitatifs et menaces).

Même si les principales prélèvements d’eau se font dans le cours inférieur de ces systèmes et en aval des populations existantes de truites fardées versant de l’ouest, il est probable que ces prélèvements aient contribué à la disparition de populations dans les rivières Highwood, Bow et Oldman. En effet, leur disparition a suivi de peu la construction des barrages et l’ensemencement de truites arc-en-ciel dans les réservoirs (Nelson, 1965). Ce phénomène n’est pas unique. Les barrages ont joué un rôle important dans le déclin des populations des rivières Kananaskis, de la basse rivière Spray et de la rivière Cascade. Abondantes dans la basse Kananaskis et les lacs Spray avant la construction des barrages, les truites fardées versant de l’ouest en sont aujourd’hui pratiquement disparues (Stelfox, 1987a, b). Avant la construction des barrages en 1913, elles étaient également présentes dans l’ensemble du système de la rivière Kananaskis en aval de Twin Falls (entre les lacs Upper et Lower Kananaskis, dans le lac Lower Kananaskis et dans la rivière Kananaskis). Aujourd’hui, la sous-espèce est presque disparue du lac Lower Kananaskis, de l’axe principal de la rivière Kananaskis et du cours supérieur de tous ses petits affluents sauf trois (Rocky, Evan-Thomas et Porcupine). De façon analogue, on ne trouve aucune truite fardée versant de l’ouest entre le barrage Ghost sur la rivière Bow et le réservoir Bearspaw (RL & L Environmental, 1998) ou depuis la centrale hydroélectrique TransAlta Pocaterra jusqu’au ruisseau Pocaterra (bassin de la rivière Kananaskis; Golder and Associates Ltd., 1999). Ces deux secteurs accueillaient autrefois des populations de truites fardées versant de l’ouest.

 

Protection et propriété

Tous les habitats des poissons sont protégés au Canada en vertu de la Loi sur les pêches. En outre, on trouve des truites fardées versant de l’ouest dans le parc national des Lacs-Waterton et le parc national Banff, ainsi que dans quelques réserves fédérales à l’est des montagnes Rocheuses; dans de tels cas, la sous-espèce est assujettie à la réglementation de la Loi sur les parcs nationaux. Le ministère des Pêches et des Océans (MPO), en partenariat avec des organisations gouvernementales provinciales, a le mandat législatif de protéger les ressources piscicoles, l’habitat des poissons et la qualité de l’eau au Canada. Cependant, les gestionnaires des ressources disposent souvent de pouvoirs limités pour prévenir ou atténuer les impacts du développement sur les terres privées, et la conformité aux politiques en place peut paraître équivoque (voir p. ex. Harper et Quigley, 2000; G3 Consulting, Ltd., 2000).

Il existe une variété de parcs et d’aires protégées à l’intérieur de l’aire de répartition canadienne de la truite fardée versant de l’ouest (http://www.pdac.ca/pdac/advocacy/land-use/protected-areas.html). Pourtant, la plus grande partie de ce territoire demeure sujet à des activités de développement et d’extraction des ressources. Il existe aussi plusieurs projets de planification d’utilisation des terres en altitude. Mais dans la région de East Kootenay (Colombie-Britannique), par exemple, moins de 16 p. 100 des terres bénéficient d’une protection officielle; 9 p. 100 appartiennent à des propriétaires fonciers privés et 75 p. 100 sont destinées à l’extraction des ressources, aux usages récréatifs et à l’intendance environnementale (Owen, 1994). En octobre 2002, le gouvernement de la Colombie-Britannique a mis en œuvre le plan directeur Kootenay Boundary, lequel met fin à l’obligation pour l’industrie de maintenir un couvert forestier mature dans la région (Bergenske, 2002). En Alberta, une fraction relativement élevée (28 p. 100) du territoire appartient à des propriétaires fonciers privés; seulement 12,4 p. 100 du territoire est protégé et l’extraction des ressources peut être permise dans des réserves écologiques et des parcs provinciaux avec l’assentiment du gouvernement (L’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, 2003).

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