Smilax à feuilles rondes (Smilax rotundifolia) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3
Information sur l’espèce
Nom et classification
Nom scientifique :
Smilax rotundifolia L.
Synonymes pertinents :
Aucun synonyme n’a été utilisé récemment de manière régulière. Noter cependant Smilax caduca L. et S. quadrangularis Muhlenberg ex Willdenow.
Nom français :
Smilax à feuilles rondes
Noms anglais :
Round-leaved greenbrier, roundleaf greenbrier, common greenbrier, common catbrier
Famille :
Smilacacées (autrefois incluses dans les Liliacées par de nombreux auteurs)
Grand groupe végétal :
Angiospermes, Monocotylédones
Description morphologique
Le smilax à feuilles rondes est une plante ligneuse grimpante qui pousse jusqu’au-dessus des arbustes et dans les arbres et qui peut atteindre 4 m de longueur ou même davantage (figure 1). Les tiges principales sont armées de gros aiguillons aplatis. Les branches sont cylindriques, et leurs rameaux sont parfois quadrangulaires. Les feuilles sont simples, alternes, ovées à largement ovées, à base cordée et à nervures secondaires réticulées; elles sont très semblables à celles du smilax hispide, S. tamnoides (= S. hispida, S. tamnoides var. hispida). La plante est dioïque. Les fleurs sont petites et vertes, réunies en ombelles dont le pédoncule mesure à peu près la longueur du pétiole qui le sous-tend. Les baies sont réunies en ombelles compactes comportant chacune un petit nombre de baies. On trouvera une description plus détaillée de l’espèce dans Fernald (1950), Voss (1972), Scoggan (1978-1979), Soper et Heimburger (1982), Roland (1998) ainsi que Holmes (2002).
Les fleurs mâles et femelles ont des morphologies distinctes : seules les fleurs mâles possèdent des étamines fonctionnelles, tandis que seules les fleurs femelles produisent des tissus permettant la production de fruits (voir photos dans Kevan et al., 1991). Les fleurs mâles sont légèrement plus grandes que les femelles (diamètre moyen de 6,6 mm, contre 4,6 mm, dans les populations étudiées par Kevan et al., 1991). Les inflorescences femelles semblent souvent renfermer plus de fleurs que les mâles, mais cette différence ne s’est pas révélée significative.
Dans le sud de l’Ontario, les deux seules espèces de monocotylédones ligneuses grimpantes sont le smilax à feuilles rondes et le smilax hispide. Dans la plupart des cas, les personnes qui connaissent les deux espèces n’ont aucune difficulté à les distinguer, mais certains spécimens stériles des deux espèces peuvent avoir un aspect similaire. Les spécimens grands et robustes de smilax hispide peuvent tout particulièrement ressembler à un smilax à feuilles rondes dépourvu d’aiguillons, jusqu’à ce qu’on remarque que la base des tiges est densément couverte de fins aiguillons, ce qui est caractéristique du smilax hispide. Le tableau 1 présente les principaux caractères distinctifs des deux espèces. Le smilax à feuilles rondes est la seule espèce du genre Smilax poussant en Nouvelle-Écosse.
Parties de la plante | Smilax hispide | Smilax à feuilles rondes |
---|---|---|
Aiguillons | Fins, cylindriques (à la manière d’épines), couvrant densément la base des tiges (parfois absents des parties médianes et supérieures des tiges) | Épais, aplatis à leur base, normalement verts avec la pointe foncée, présents dans la plupart des parties des branches (mais souvent moins fréquents dans les parties supérieures de la plante) |
Pédoncule des ombelles de fruits | Au moins deux fois la longueur du pétiole qui le sous-tend. | Moins de deux fois la longueur du pétiole qui le sous-tend |
Fruits mûrs | Foncés, sans pruine cireuse | Avec pruine cireuse blanchâtre |
Fruits | Nombreux (10-25) | Peu nombreux (5-12) |
Section transversale des jeunes rameaux | Ronde ou faiblement anguleuse | Quadrangulaire |
Dessous du limbe des feuilles près du pétiole | Inerme | Portant souvent de minuscules aiguillons |
Rhizomes | Noueux et courts | Linéaires |
Le Smilax rotundifolia est bien illustré dans Soper et Heimburger (1982). Les illustrations de cette espèce ainsi que du S. hispida (= S. tamnoides) fournies par Gleason (1963) sont ambiguës.
Description génétique
Il semble qu’aucune étude génétique n’ait été réalisée sur l’espèce ni sur ses aires de répartition en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Cependant, la prépondérance de clones unisexués isolés (voir tableau 2) parmi les populations ontariennes semble indiquer que la plupart de celles-ci sont issues d’une seule propagule (ou à tout le moins d’un très petit nombre de propagules) et ne reçoivent aucun flux génique d’autres populations. Chaque population est donc probablement très homogène sur le plan génétique. Les populations auraient donc pour origine de rares cas de dispersion, plutôt que d’être les vestiges d’une répartition autrefois beaucoup plus étendue. Cette hypothèse est appuyée par le fait qu’une seule des populations connues soit disparue du pays (voir tableau 2).
Unités désignables
Le smilax à feuilles rondes se rencontre au Canada dans deux régions très éloignées l’une de l’autre : le sud-ouest de l’Ontario et la plaine côtière du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Ces aires de répartition peuvent être considérées comme deux « unités désignables », puisqu’elles sont situées dans des aires écologiques distinctes reconnues par le COSEPAC (plaines des Grands Lacs et Atlantique), et qu’elles affichent des statuts différents sur le plan de la conservation. En Ontario, la population des plaines des Grands Lacs est désignée « menacée » par les autorités provinciales ainsi que par le COSEPAC (2001), dans une mise à jour de rapport de situation accompagné d’un addendum. En Nouvelle-Écosse, les autorités provinciales considèrent que la population de l’Atlantique est « en sécurité », selon l’évaluation réalisée dans le cadre du programme Situation générale des espèces au Canada (Espèces sauvages, 2005).
Le présent rapport fournit des données sur les deux unités désignables, mais l’unité ontarienne est traitée plus en détail, étant donné le risque de disparition établi dans le premier rapport de situation (Ambrose, 1994). Peu d’information a été compilée sur les populations de Nouvelle-Écosse, car l’espèce ne fait pas l’objet d’un suivi par la province ni par le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique, étant donné sa fréquence d’occurrence relativement élevée et son statut d’espèce apparemment non en péril (cote S4) à l’échelle de la province (NatureServe, 2006).
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