Paruline à ailes dorées (Vermivora chrysoptera) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

 

Information sur l’espèce

La Paruline à ailes dorées (Vermivora chrysoptera Linné, Golden-winged Warbler) est une petite paruline pesant entre 9 et 11 g. Les deux sexes sont gris et arborent une calotte jaune ainsi qu’une tache jaune sur l’aile; la bavette et le contour des yeux du mâle sont noirs.

 

Répartition

La Paruline à ailes dorées niche dans le nord-est des États-Unis et le sud de l’Ontario, l’extrême sud-ouest du Québec, le sud du Manitoba et le sud-est de la Saskatchewan. L’espèce hiverne en Amérique centrale et dans le nord de l’Amérique du Sud, depuis le centre du Guatemala et le nord du Honduras, jusqu’au nord-ouest du Venezuela et à l’ouest de la Colombie.

 

Habitat

Dans son aire de reproduction, la Paruline à ailes dorées est associée aux zones de régénération arbustive précoce entourées de forêts matures. On la retrouve dans les hautes terres arides, les forêts marécageuses et les marais. Cette paruline montre une préférence pour lesemprises des installations de service public (hydroélectriques), la lisière des champs, les coupes récentes, les étangs de castors et les zones brûlées ou cultivées par intermittence.

Dans les aires d’hivernage, on retrouve la Paruline à ailes dorées dans des zones dont l’altitude varie entre 1 500 m et 3 000 m, dans divers types d’habitats de forêt claire, de pins et de chênes et d’arbustes. On a également signalé sa présence dans les basses terres. Dans ses types d’habitat préférés, on retrouve cette paruline dans les couverts forestiers, les trouées ou à la lisière des forêts, ainsi que dans les forêts hautes de seconde venue.

 

Biologie

Les couples reproducteurs ne produisent qu’une couvée par année, dont la taille moyenne des couvées est de 4,75 oisillons par nid (fourchette : de 2 à 6) en Ontario. Les tentatives de reproduction subséquentes sont courantes lorsqu’il y a échec de la nidification, surtout au début de la période de reproduction. Environ 55 p. 100 des couples voient au moins un oisillon prendre son envol, alors que la nidification échoue dans 45 p. 100 des cas (N = 103 nids en Ontario) en raison de prédateurs ou d’abandons.

L’espèce est strictement insectivore pendant la saison de reproduction. Sa diète préférée se compose surtout de tortricidés et de leurs larves et, dans une moindre mesure, d’autres papillons de nuit et de leurs chrysalides, d’autres insectes ailés et d’araignées. On observe des habitudes alimentaires similaires dans les aires d’hivernage.

 

Taille et tendances des populations

La population de Parulines à ailes dorées est en baisse depuis au moins 30 ans et c’est actuellement l’une des espèces de passereaux qui subit la baisse d’effectifs la plus rapide en Amérique du Nord. Au Canada, la population de cette paruline était en progression jusqu’à il y a 10 ans, probablement en raison d’une expansion de son aire de répartition dans le nord-est. Depuis ce temps, l’espèce a commencé à disparaître des régions situées dans les parties les plus au sud de l’Ontario. L’expansion de l’aire dans le nord semble s’être arrêtée en Ontario et au Québec, mais se poursuit dans le nord-ouest de la Saskatchewan.

Plusieurs incohérences dans les chiffres disponibles font qu’il est malaisé d’établir des estimations précises de l’effectif de la Paruline à ailes dorées. Actuellement, les meilleures estimations de la taille de la population mondiale oscillent entre 105 000 et 270 000 couples nicheurs. Selon les données du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS), il semblerait qu’entre 20 000 et 50 000 couples se reproduisent au Canada, soit environ 18,5 p. 100 de la population mondiale. La vaste majorité d’entre eux nichent en Ontario. Au Québec, la population varierait entre 210 et 540 couples. Au Manitoba, où l’oiseau niche depuis 1932, la population totale varierait entre 105 à 270 couples, d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs. Toutefois, les résultats de récents relevés détaillés et l’abondance des terres qui n’ont pas encore été inventoriées font penser que la population au Manitoba pourrait atteindre plusieurs milliers d’individus. En Saskatchewan, on a signalé à ce jour la présence de 19 oiseaux montrant des signes de reproduction probable sur une feuille topographique à une échelle de 1:50 000 et des signes de reproduction possible sur deux autres feuilles topographiques.

 

Facteurs limitatifs et menaces

Sur les lieux de reproduction, la baisse d’effectifs de la Paruline à ailes dorées est associée à la diminution des zones de régénération arbustive précoce nécessaires à la reproduction, à l’hybridation avec la Paruline à ailes bleues (V. pinus) ainsi qu’au parasitisme par le Vacher à tête brune (Molothrus ater), bien qu’on constate des variations importantes dans l’effet de ces facteurs selon l’endroit.

Aucune étude détaillée n’a encore été menée sur les menaces liées aux habitats d’aires de migration et d’hivernage, mais, comme c’est le cas de la plupart des migrateurs néotropicaux, elles ont probablement un lien avec le déclin de la Paruline à ailes dorées.

 

Importance de l’espèce

La Paruline à ailes dorées suscite un intérêt considérable dans le public et chez les scientifiques depuis 30 ans. Des recherches scientifiques sur le terrain et des projets réalisés par des citoyens explorent activement les causes du déclin de l’espèce depuis au moins 15 ans. L’espèce a une histoire génétique unique puisqu’elle n’est étroitement apparentée qu’à une seule autre espèce (la Paruline à ailes bleues), bien qu’elle soit actuellement considérée comme l’une des neuf espèces du genre Vermivora (dont l’une, la Paruline de Bachman, a disparu). Cette paruline est un bon indicateur de la situation de beaucoup d’autres oiseaux nicheurs de régénération arbustive qui font face à des vastes baisses de population. La conservation de cette espèce aura vraisemblablement un effet positifsur de nombreuses autres espèces aviaires au Canada.

 

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La Paruline à ailes dorées ne figure pas sur la liste fédérale aux États-Unis, bien qu’elle ait reçu une désignation dans 12 États et que son statut fédéral fasse actuellement l’objet d’une évaluation aux États-Unis, afin de déterminer si elle devrait être protégée en vertu de l’Endangered Species Act des États-Unis. Au Québec elle est « susceptible d'être désignée espèce menacée ou vulnérable ». La Migratory Bird Treaty Act of 1918 la protège puisqu’elle en interdit la capture, la destruction et la possession. L’organisme NatureServe lui attribue le rang mondial G4 (espèce apparemment non en péril--espèce peu commune mais non rare).

 

HISTORIQUE DU COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

 

MANDAT DU COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

 

COMPOSITION DU COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

 

DÉFINITIONS

(2006)

Espèce sauvage: Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animal, de plante ou d'une autre organisme d'origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s'est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D): Espèce sauvage qui n'existe plus.

Disparue du pays (DP): Espèce sauvage qui n'existe plus à l'état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)*: Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M): Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)**: Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)***: Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)****: Une catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l'admissibilité d'une espèce àl'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l'espèce.

*            Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu'en 2003.
**          Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu'en 2000.
***        Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
****      Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
*****    Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Environnement                     Environment
Canada                                Canada

Service canadien                  Canadian
de la faune                           Wildlife Service

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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