Paruline à ailes dorées (Vermivora chrysoptera) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

a) Lieux de reproduction

La Paruline à ailes dorées défend agressivement tout son territoire contre les conspécifiques voisins. La taille moyenne de son territoire varie de 1 à 2 hectares, ce qui est grand en regard du territoire d’autres parulines. La Paruline à ailes dorées se reproduit habituellement au sein de regroupements épars ou de « colonies » qui réunissent normalement jusqu’à dix couples d’oiseaux nicheurs (Confer et Knapp, 1981; R. Fraser, données inédites). En général, l’espèce s’adapte bien aux zones qui sont coupées, brûlées et cultivées par intermittence.

Cette paruline fréquente les îlots de plantes herbacées et de buissons bas (où elle installe ses nids, qui sont construits à même le sol), les milieux où les arbres sont dispersés, ainsi que la lisière des forêts, qu’elle utilise pour se percher et chanter et pour chercher de la nourriture (Frech et Confer, 1987).Cette paruline montre une préférence pour lesemprises des installations de service public et hydroélectriques, la lisière des champs, les coupes récentes et les étangs de castors. Dans le Bouclier canadien, l’espèce utilise souvent les marais d’aulnes, surtout lorsqu’il s’y trouve de grands arbres comme le frêne noir (Fraxinus nigra; Mills, 1987).

La Paruline à ailes dorées est une spécialiste des habitats en raison de sa dépendance aux zones de régénération arbustive précoce (entre 10 et 30 ans de succession); elle ne reste pas dans les zones qui ont atteint un stade de succession qui ne convient plus à ses besoins (Confer et Knapp, 1981; Confer et Larkin, 1998). Les milieux qui sont aux premiers stades de succession, recouverts par des herbes hautes, peuvent abriter des séries d’œufs plus grandes que les zones où domine un couvert arbustif et arborescent plus haut (Confer et al., 2003).

b) Migration

On sait peu de chose sur les besoins en matière d'habitat de la Paruline à ailes dorées pendant les migrations. Elle semble fréquenter divers habitats de forêt claire, les forêts de pins et de chênes et les massifs d’arbustes, souvent dans des régions de piémont (NatureServe, 2004), sans doute en raison de sa dépendance aux insectes comme les larves de lépidoptères.

c) Aires d’hivernage

La Paruline à ailes dorées passe l’hiver avec des bandes composées de plusieurs espèces de passereaux néotropicaux dans des aires d’hivernage au Costa Rica (Buehler et al., 2003), au Panama (Moore, 1980) et en Colombie (Johnson, 1980). Ces troupes ont besoin d’aires de forêt claire et peuvent occuper des forêts de conifères et de semi-caducifoliés (Stiles et al., 1991). La Paruline à ailes dorées se joint rarement à des bandes composées de plusieurs espèces contenant des conspécifiques ou des Parulines à ailes bleues (une seule Paruline à ailes dorées par bande; Moore, 1980; Tramer et Kemp, 1980).

L’espèce a été observée dans des aires d’hivernage dont l’altitude varie entre1 500 m et 3 000 m dans divers types d’habitats de forêt claire, des forêts de pins et de chênes et des massifs d’arbustes (Hilty et al., 1985; Raffaele et al., 1998; Ridgely et Gwynne Jr.,1989; Stiles et al., 1991; Stotz et al., 1996). Keast (1980) a relevé quelques exceptions qui l’ont poussé à décrire la Paruline à ailes bleues et la Paruline à ailes dorées comme des habitants des basses terres. Par contre, il a aussi trouvé la Paruline à ailes dorées à des altitudes variant entre 1 000 et 3 000 m au Venezuela, de même que dans la forêt tropicale des hautes terres de Chiriqui, au Panama. Cette paruline a une préférence pour les lisières des forêts, surtout avec couvert forestier (Stiles et al., 1991).

 

Tendances en matière d’habitat

Des 29 espèces aviaires qui ont connu des baisses d’effectifs marquées de 1980 à 2000 (données du Relevé des oiseaux nicheurs--Sauer et al., 2005), 90 p. 100 fréquentaient des écosystèmes résultant de perturbations. En général, ces écosystèmes sont des champs ouverts, des arbustaies, des forêts en milieu de succession, des prairies dégagées et des lisières boisées (Confer et Pascoe, 2003).

Avant l’arrivée des Européens, les habitats arbustifs étaient créés par les peuples autochtones nord-américains, qui pratiquaient l’agriculture sur brûlis (Askins, 2000). Après l’arrivée des Européens, le pâturage et les cultures intensives ont sans doute réduit le nombre d’arbustaies. Toutefois, à partir du début des années 1840, des dizaines de millions d’acres de terres agricoles ont été abandonnées, créant à nouveau des zones d’habitat convenable. La majeure partie de ces terres ont maintenant dépassé le stade de succession des champs et sont de nouveau envahies par la forêt (Askins, 1993; idem, 2000; Confer et Pascoe, 2003), entraînant une diminution globale de la disponibilité de ce type d’habitat dans l’est de l’Amérique du Nord (Confer et Pascoe, 2003; Dettmers, 2003; Gill, 2004). En outre, compte tenu de la forte urbanisation, la restauration de types d’habitat historiques n’est pas possible dans bien des régions. La gestion active des habitats soumis à des régimes de perturbations est donc essentielle à la survie de nombreuses espèces d’oiseaux en Amérique du Nord, notamment la Paruline à ailes dorées (Askins, 1993; Confer et Pascoe, 2003).

 

Protection et propriété

En raison de sa dépendance aux zones de régénération arbustive précoce, on retrouve souvent cette paruline sur des terres privées. On ne dispose pas d’estimations générales de la proportion de Parulines à ailes dorées nicheuses trouvées sur des terres publiques par rapport aux terres privées à l’échelle du Canada.

Les aires de protection au Canada incluent quelques terres privées et des parcs nationaux (Parcs Canada) ainsi que des terres appartenant au ministère des Richesses naturelles de l’Ontario et à la Commission de la capitale nationale (Gatineau). Selon les données de Parcs Canada, la Paruline à ailes dorées est présente dans cinq parcs nationaux en Ontario : Bruce/Fathom Five, Îles-de-la-Baie-Georgienne, Pointe-Pelée, Îles-du-Saint-Laurent et Pukaskwa (mais elle ne niche pas dans les parcs de Pointe-Pelée et de Pukaskwa), ainsi que dans le parc national du Mont-Riding au Manitoba (P. Achuff, comm. pers.). Au moins une université en Ontario (Queen’s University; R.J. Robertson, comm. pers.) protège et entretient également de vastes étendues de terres utilisées par cette espèce.

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