Onagre à fruits tordus (Camissonia contorta) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Facteurs limitatifs et menaces

Perte d’habitat

L’aménagement d’un terrain de golf a détruit une grande quantité d’habitat convenable chez la population Saanich C. 

Activités récréatives

Dans l’aire de répartition canadienne du Camissonia contorta, les activités récréatives provoquent les impacts les plus marqués dans les platiers de sable. Elles tendent à se concentrer dans l’habitat convenable aux Camissonia en raison de la relative rareté des plages de sable dans la région. Sept des huit populations existantes ou disparues ont été de modérément à gravement touchées par les activités récréatives, notamment : le piétinement dû aux personnes faisant de la randonnée pédestre et des promenades avec leur chien, prenant des bains de soleil et faisant des pique-niques chez les populations 1, 2, 4, 7 et 8; ainsi que la circulation intensive de véhicules tout-terrain chez les populations 5, 6 et 8. Au cours de la dernière décennie, on a relevé une augmentation importante de la superficie des terrains déstabilisés par le passage de ces véhicules dans le site qui abritait autrefois la population 8. Ces activités sont presque certainement à l’origine de la disparition de la population, qui a été observée pour la dernière fois en 2002 (Adolf Ceska, comm. pers., 2004)

Plantes envahissantes

Le Camissonia contorta est une espèce tolérante aux conditions extrêmes, qui prolifère dans des habitats xériques et sablonneux où d’autres espèces indigènes n’arrivent pas à s’implanter ou à croître. Quelques espèces exotiques envahissantes ont pénétré cet écosystème au cours du dernier siècle et demi, et bon nombre d’entre elles dominent aujourd’hui des habitats autrefois convenables pour le C. contorta. Les principales menaces proviennent des espèces suivantes : Cytisus scoparius, Bromus rigidus, B. tectorum, B. sterilis, Aira praecox, A. caryophyllea et Rumex acetosella. Le Cytisus scoparius était présent à l’intérieur ou dans la périphérie immédiate des sept populations existantes, et on présume qu’il a envahi des terrains autrefois convenables au Camissonia contorta. En formant de denses bosquets, le Cytisus scoparius a la capacité de stabiliser complètement des zones sableuses semi-actives en une ou deux décennies. Ce phénomène enclenchera un processus de succession qui mènera à la disparition des habitats ouverts. Page (2003) a calculé que la superficie combinée des milieux ouverts de dunes et de graminées/bryophytes près de la population 2 a diminué de plus de 15 p. 100, passant de 6,3 ha en 1932 à 5,3 ha en 1995 (malheureusement, ce déclin n’a pas été réparti entre les deux types de milieux, et la disparition des graminées/bryophytes n’est pas associée à une perte directe d’habitat pour le C. contorta).

Parmi les autres espèces envahissantes qui représentent une grave menace dans au moins un site, on compte l’Allium vineale, un oignon résistant oignon qui se répand rapidement dans les zones qu’il a colonisées (en particulier chez la population 5) et l’Ammophila arenaria, qui tend à stabiliser les dunes et donc à modifier la dynamique du substrat à proximité des Camissonia contorta (en particulier chez la population 7).

Tableau 2. Sommaire des menaces dans les sites étudiés. Les sites sont numérotés comme dans le tableau 1.
Endroit Perte d’habitat Activités récréatives Plantes envahissantes Herbivores Effondrement démographique
Pop. 1 : Metchosin Moyenne Grave Grave Moyenne Modérée
Pop. 2 : Saanich A Moyenne Moyenne Grave Moyenne De mineure à modérée
Pop. 3 : Îles Gulf nord A Légère Légère Légère Légère Modérée
Pop. 4 : Îles Gulf nord B Légère Moyenne Moyenne Légère Modérée
Pop. 5 et 6 : Saanich B et C Grave Grave Grave Moyenne Mineure
Pop. 7 : Saanich D Moyenne Grave Grave Moyenne Importante
Pop. 8 : Saanich E Légère Grave Grave Moyenne Disparue

Herbivores introduits

Les plants des populations 1, 2, 5, 6 et 7 subissent une herbivorie de légère à modérée, et on trouve beaucoup de fèces de lapin à queue blanche dans la plupart des sites visés, ainsi que dans l’ancien emplacement de la population 8. L’impact du broutage des lapins sur les plantes compétitrices semble contrecarrer les incidences mineures du broutage sur le Camissonia contorta lui-même.  

Effondrement démographique

Certaines populations de Camissonia contorta sont menacées tout simplement par leur petite taille. Pavlik (1996) avance que la taille minimale pour une population de plantes varie entre 50 individus chez quelques espèces et 2 500 individus chez d’autres. D’après Pavlik, le C. contorta, une herbe annuelle qui ne produit pas de ramets et qui tolère des conditions extrêmes dans un environnement très variable, correspond au profil d’une espèce dont la taille minimale d’une population viable est élevée. Par conséquent, six des sept populations existantes de C. contorta, qui comptent moins de 1 000 individus, seraient vraisemblablement menacées d’effondrement démographique. Cette menace est modérée (750 individus ou moins) ou importante (100 individus ou moins) dans quatre ou cinq sites.

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