Moucherolle à côtés olive (Contopus cooperi) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le Moucherolle à côtés olive est le plus souvent associé aux ouvertures forestières naturelles, aux lisières de forêts se trouvant à proximité d’ouvertures naturelles (comme les terres humides) ou aux peuplements forestiers ouverts ou semi-ouverts, et il utilisera les ouvertures d’origine humaine (comme les coupes à blanc) (Altman et Sallabanks, 2000). L’espèce utilisera la forêt de stade initial, mais la présence de chicots et d’arbres vivants résiduels de grande taille, utilisés pour la recherche de nourriture et la nidification, est essentielle. L’habitat de forêt à couvert ouvert utilisé par les Moucherolles à côtés olive est généralement dominé par des peuplements conifériens ou mixtes et est souvent situé près de l’eau ou de terres humides (Ontario : Cheskey, 1987; Colombie-Britannique : Campbell et al., 1990; Québec :Gauthier et Aubry, 1996; Yukon : Sinclair et al., 2003). Dans le Canada boréal, il peut être associé particulièrement à un habitat ouvert de fondrière, de bogs et de marécages dominé par l’épinette (Picea spp.) et le mélèze laricin (Larix laricina) (Ontario : Cheskey, 1987; Québec : Gauthier et Aubry, 1996; Manitoba : Manitoba Avian Research Committee, 2003). Dans la forêt boréale de l’Ouest canadien (Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Yukon et Territoires du Nord-Ouest), le Moucherolle à côtés olive était généralement associé à une jeune forêt (de 0 à 30 ans) post-incendie ou à une jeune forêt (de 0 à 10 ans) poussant après une récolte par coupe à blanc dans laquelle des arbres ont été laissés. Il a aussi été trouvé dans des forêts mixtes anciennes (> 125 ans post-incendie) (Schieck et Song, 2006). Dans les provinces de l’Atlantique, le Moucherolle à côtés olive se retrouve en terrain boisé ouvert et dans d’autres zones forestières dans lesquelles des arbres épars ont échappé à une coupe à blanc ou à un feu. Il est moins commun dans les régions dominées par des feuillus, ou aux endroits où des feux ou une déprise agricole ont laissé place à une forêt de seconde venue jeune et dense (Erskine, 1992). En Alaska, les perchoirs sur lesquels les mâles chantaient étaient 1,4 fois plus élevés que le couvert environnant. Il s’agissait le plus souvent d’épinettes blanches (P. glauca) dont la cime était morte ou qui étaient complètement mortes (Wright, 1997).

En Ontario, les nids sont le plus souvent établis dans des conifères; épinette blanche, épinette noire, pin gris (Pinus banksiana) et sapin baumier (Abies balsamea) par exemple (Peck et James, 1987). En Alaska, Wright (1997) a constaté que les nids se trouvaient dans des conifères surtout vivants (81 p. 100 des arbres utilisés pour la nidification) qui étaient 0,9 fois moins élevés que le couvert environnant. Les nids se trouvaient à une hauteur moyenne de 6,4 m (étendue de 3 à 12 m) au-dessus du sol. Robertson et Hutto (2007) ont constaté que la plupart des nids productifs se trouvaient sous un couvert plus épais que les nids non productifs.

Les zones ouvertes contenant de grands arbres ou de grands chicots tenant lieu de perchoirs sont nécessaires à la recherche de nourriture. L’espèce guette généralement ses proies, des insectes, depuis un haut perchoir dominant duquel elle s’élance pour les gober en vol, puis revient à son perchoir. Cette structure d’habitat est utilisée tout au long de l’année.

Bien que les Moucherolles à côtés olive puissent utiliser des habitats exploités au lieu d’ouvertures naturelles comme des parcelles de forêt brûlée, des données indiquent que ces régions pourraient agir comme gouffres écologiques. Robertson et Hutto (2007) ont constaté que les couples nichant dans des habitats du Montana ayant fait l’objet d’une coupe sélective avaient un succès de reproduction deux fois moins élevé que les couples nichant dans des ouvertures naturelles.

L’habitat d’hivernage est semblable dans sa structure à celui des aires de reproduction, mais sa composition diffère. En effet, il est régulièrement observé en bordure des lisières de forêts et dans des zones semi-ouvertes des contreforts des Andes (BirdLife International, 2005). Toutefois, cette association avec les lisières de forêts ou les clairières pourrait être attribuable à la difficulté d’étudier les oiseaux dans les peuplements forestiers moins perturbés dans les Andes (et donc à un manque d’observations).

Tendances en matière d’habitat

Dans les forêts de l’Ouest, le Moucherolle à côtés olive vit dans des peuplements vieux (Carey et al., 1991; Schieck et Hobson, 2000; Schieck et Song, 2006) et des peuplements de stade initial à intermédiaire s’étant établis après un feu ou une récolte de bois (Medin, 1985; Medin et Booth, 1989; Evans et Finch, 1994; Hutto, 1995; Steventon et al., 1998; Davis et al., 1999; Lance et Phinney, 2001; Meehan et George, 2003, Schieck et Song, 2006). McGarigal et McComb (1995) ont constaté que les Moucherolles à côtés olive étaient plus abondants dans un paysage fragmenté de forêt de douglas taxifoliés (Pseudotsuga menziesii) et de pruches occidentales (Tsuga heterophylla) de stade de succession avancé et présentant une proportion élevée d’habitat de lisière que dans les paysages non fragmentés, ce qui laisse croire qu’ils pourraient préférer un habitat de lisière. Des tendances similaires devraient être observées dans les forêts boréales orientales du Canada, où le Moucherolle à côtés olive est associé aux terres humides boisées, aux forêts ouvertes, aux lisières de forêts ou aux forêts de stade initial contenant des chicots (p. ex. Drapeau et al., 2000).

À première vue, donc, il semble que, bien que la superficie couverte par des peuplements vieux ait clairement diminué au moins au cours du dernier siècle, la superficie couverte par l’habitat attrayant pour les Moucherolles à côtés olive est plus ou moins constante puisque l’exploitation forestière continue de créer des ouvertures qui attirent les oiseaux. Selon Erskine (1992), la superficie d’habitat propice pourrait même avoir augmenté depuis l’arrivée des colons européens. La question clé est de savoir si l’habitat attrayant créé par la récolte du bois est propice ou non à la reproduction. Le déclin continu des Moucherolles à côtés olive dans l’ensemble de leur aire de reproduction (BirdLife International, 2004), en dépit de leur association positive présumée avec la récolte de bois, laisse supposer que la disponibilité en habitat de reproduction n’est pas le seul facteur limitatif pour cette espèce ou que les forêts de stade initial créées par la récolte de bois sont peu propices, pour une raison ou une autre, à la reproduction, et qu’elles agissent comme gouffres écologiques. Comme il a été souligné précédemment, Robertson et Hutto (2007) ont présenté des données démontrant que les paysages exploités abritent plus de prédateurs de nids et que les oiseaux y établissant leur nid subissent des pertes nettement plus importantes en œufs et en oisillons.

Altman (1997) a émis l’hypothèse que la perte d’habitat dans les aires d’hivernage sud-américaines pouvait contribuer au déclin des populations; Orejuela (1985) a déclaré que 85 p. 100 des forêts montagnardes des Andes ont été modifiées de manière significative. Diamond (1991) a estimé que, si l’habitat continuait de se raréfier au même rythme, le Moucherolle à côtés olive perdrait 39 p. 100 de son habitat d’hivernage de 1980 à 2000.

Protection et propriété

Comme le Moucherolle à côtés olive fréquente les paysages forestiers de tout le Canada, la majeure partie de sa répartition se trouve sur des terres publiques assujetties à l’aménagement forestier. La protection de l’habitat doit surtout se faire au moyen de directives de planification de l’aménagement forestier administrées séparément par chaque province et territoire, et sur les terres fédérales (y compris des terres autochtones). Dans certaines régions méridionales (p. ex. l’île de Vancouver et les provinces maritimes), l’habitat se trouve également sur des terres privées de grande superficie. Les Moucherolles à côtés olive se reproduisent dans de nombreux parcs provinciaux et nationaux.

Détails de la page

Date de modification :