Crapaud du Grand Bassin (Spea intermontana) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification 

Le crapaud du Grand Bassin (Anoures : Scaphiopodidae : Spea intermontana, Cope, 1883) est l’une des quatre espèces de crapauds à couteaux du genre Spea de l’ouest de l’Amérique de Nord; les trois autres sont le S. hammondii, le S. bombifrons et le S. multiplicata (Crother et al., 2000). Le genre Spea a originalement été nommé par Cope (1875). Pendant de nombreuses années, le Spea a été considéré comme un sous-genre de Scaphiopus (V. M. Tanner, 1939). W. W. Tanner (1989a, b), Stebbins et Cohen (1995) et Crother (2000), entre autres, considèrent maintenant le Spea comme un genre valide. Comparativement aux espèces de Scaphiopus, les espèces de Spea sont de petite taille, ont des « couteaux » cunéiformes (plutôt qu’en forme de faucille) et ne possèdent pas de plaque dermique crânienne. Garcia-Paris et al. (2003) se sont penchés sur les relations phylogéniques entre les crapauds à couteaux nord-américains et eurasiens à l’aide de marqueurs d’ADNmt et ont conclu que les membres de la famille des Pelobatidae des deux continents n’étaient pas monophylétiques. Ils ont remis en vigueur la famille des Scaphiopodidae pour les genres Spea et Scaphiopus de l’Amérique du Nord et ont maintenu le genre trouvé en Europe et en Asie dans la famille des Pelobatidae.

Cope (1883) a décrit le Spea intermontana comme une sous-espèce du S. hammondii. Tanner (1939) a été le premier à considérer le S. intermontana comme une espèce valide distincte du S. hammondii, ce qui est maintenant largement accepté (Collins, 1990; Crother, 2000). Le Spea intermontana est appelé « Scaphiopus intermontanus » dans la plupart des documents antérieurs à 1990.

Description morphologique 

Le Spea intemontana est un amphibian anoura de petite à moyenne taille. Le corps des adultes mesure de 40 à 65 mm (longueur nez-cloaque) (Tanner, 1989b; Hallock, 2005; Matsuda et al., 2006). Les adultes sont gris verdâtre et ont de nombreux tubercules et plusieurs taches brun foncé ou rougeâtres (fig. 1). Les membres sont relativement courts, le nez est arrondi et légèrement pointé vers le haut. À l’instar de tous les membres de la famille des Pelobatidae, la plante des deux pattes arrière des adultes possède une crête (« couteau ») noire cornée caractéristique. Le crapaud du Grand Bassin a des pupilles en forme de lentilles, placées verticalement, qui ressemblent à des yeux de chat, ainsi qu’une bosse glandulaire entre les yeux. Les mâles sont un peu plus petits que les femelles, leur gorge est foncée et un coussin noir apparaît sur leurs 3 doigts internes pendant la période de reproduction (Hallock, 2005; Matsuda et al., 2006). Le cri des mâles consiste en un « gwaah » bas répété à maintes reprises; il peut être entendu par l’humain à plus de 200 m de distance. Les appels intenses et continus créent un puissant cri de rassemblement, caractéristique des espèces ayant une reproduction explosive, c’est-à-dire les amphibiens qui se regroupent et se reproduisent pendant une très courte période en réaction aux signaux environnementaux (Stebbins et Cohen, 1995).

Figure 1. Spea intermontana adulte, Penticton (Colombie-Britannique), (photographie de Steve Cannings).

Figure 1. Speaintermontana adulte, Penticton(Colombie-Britannique),(photographie de Steve Cannings).

Les masses d’œufs sont constituées de petites grappes de 20 à 40 œufs mesurant de 15 à 20 mm de diamètre. Les œufs sont petits (jusqu’à 5 mm de diamètre, y compris la couche de gelée) et faiblement liés. En vue dorsale, les têtards ont une tête triangulaire qui semble distincte du tronc. Les yeux rapprochés sont élevés et les narines sont proéminentes. La nageoire caudale est haute et se termine là où la queue joint le tronc. Ils sont de couleur foncée avec des mouchetures métalliques. Juste avant la métamorphose, les têtards mesurent de 30 à 70 mm (Hallock, 2005; Matsuda et al., 2006).

Description génétique 

Selon des analyses alloenzymatiques menées par Wiens et Titus (1991), la population de S. intermontana du Colorado est plus distincte de celle de l’Oregon qu’elle ne l’est du S. bombifrons. Crother (2000) a signalé que la variation géographique du S. intermontana était peu étayée dans toute l’aire de répartition et que l’espèce nominale pouvait constituer un mélange de deux ou plusieurs espèces. Aucune étude génétique n’a été menée auprès des populations de S. intermontana en Colombie-Britannique, et la distinction entre les différentes sous-populations géographiques demeure inconnue.

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