Plagiobothryde odorante (Plagiobothrys figuratus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Cycle vital et reproduction

La plagiobothryde odorante est une plante herbacée annuelle qui ne pousse que dans des habitats humides dégagés, à faible altitude. Les cymes apparaissent dès le début de l’été, et la floraison débute en mai ou juin. La floraison est de durée indéterminée, et chaque plante peut produire plusieurs cymes. La reproduction se fait par la graine, chaque fleur produisant deux à quatre nucules renfermant chacune une seule graine. Vers le milieu de l’été, quand les conditions de sécheresse dominent, la plante a produit ses graines et elle meurt. Dans les conditions idéales, l’espèce peut former des colonies monospécifiques denses.

Selon Amsberry (2001), les graines du Plagiobothyrs hirtus commencent à germer avec l’arrivée des pluies automnales, les plantules hivernant sous la forme de rosettes végétatives. Il est donc aussi possible que la période végétative de la plagiobothryde odorante commence à l’automne pour se poursuivre jusqu’à la fin de l’hiver, mais on ne dispose d’aucun document en attestant.

La dynamique des populations de la plagiobothryde odorante n’a pas été étudiée, ni au Canada ni aux États-Unis. On manque également d’information sur des paramètres démographiques comme les taux de survie, les taux de recrutement, la production de graines et la constitution de réservoirs de semences dans le sol. Par conséquent, il n’est pas possible de faire des comparaisons entre la viabilité intrinsèque de la plagiobothryde odorante en Colombie-Britannique et celle des populations des États-Unis.

On manque aussi d’information sur le type de pollinisation. Cependant, selon le USFWS (2003), la reproduction du Plagiobothyrs hirtus est assurée en grande partie par une pollinisation croisée entomophile, et, dans une moindre mesure, par une auto-pollinisation. En serre, on a observé que de 65 p. 100 à 95 p. 100 de graines de p.hirtus récoltées sur le terrain ont germé en cinq jours quand l’humidité du milieu de germination était adéquate. Chez cette espèce, on a aussi observé un taux de germination élevé sur le terrain, la densité de plantules obtenue après dispersion naturelle des graines issues de plantes introduites s’étant élevée jusqu’à 78 plantules par parcelle de 10 cm² (Amsberry, 2001). On en a conclu que le p. hirtus présente un fort potentiel de rétablissement (USFWS, 2003).

Herbivores

Le bétail n’est pas particulièrement attiré par la plagiobothryde odorante (NatureServe, 2005). Cependant, en Oregon, on a observé que le broutage intensif a un effet fortement négatif sur le Plagiobothrys figuratus ssp. corallicarpus (Brock, 1993). Les parcelles de terre où il y a broutage continu paraissent dépourvues de p. figuratus ssp. corallicarpus, tandis que les propriétés adjacentes où il y a peu de broutage, ou pas du tout, abritent des populations vigoureuses. Il semble que les populations peuvent se reconstituer ou qu’il peut y avoir recolonisation d’une zone lorsqu’il y a arrêt du broutage pourvu qu’un réservoir de semences dans le sol ou qu’une source de graines à proximité existe (Brock, 1993).

En Oregon, on a observé des chenilles et des pucerons s’alimentant du feuillage et des fleurs de l’espèce sympatrique Plagiobothrys hirtus, ainsi que des signes d’herbivorie par des cerfs et de petits rongeurs (USFWS, 2003).

Dispersion

Les caractéristiques de la dispersion chez la plagiobothryde odorante sont inconnues; cependant, mis à part le fait que la surface des nucules présente une certaine rugosité, il ne semble pas y avoir de mécanisme intrinsèque de dispersion des graines chez l’espèce. Étant donné l’habitat de prédilection de cette fleur, il est possible que les graines soient en partie dispersées par l’eau.

Relations interspécifiques

Dans une étude récente, Ingham et Wilson (1999) signalent que la plagiobothryde odorante forme une association étroite avec des champignons mycorhiziens à vésicules et arbuscules (MVA) dans l’ouest de l’Oregon. Il s’agit de la première mention d’une colonisation mycorhizienne de cette espèce, et le phénomène pourrait être important pour le rétablissement de la plagiobothryde odorante dans son habitat indigène en Colombie-Britannique et ailleurs. Le succès de la réintroduction de l’espèce pourrait dépendre de la présence de quantités suffisantes d’inoculum de champignons MVA aux sites de réintroduction (Ingham et Wilson, 1999).

Les interactions de la plagiobothryde odorante avec les autres organismes présents dans son écosystème n’ont pas encore été bien étudiées. Des coléoptères s’accouplent sur les fleurs du Plagiobothrys hirtus, et des araignées sont souvent vues en train de chasser dans le feuillage dense en été. Des papillons indigènes du genre Ctenucha sont aussi régulièrement vus sur des p. hirtus au cours du printemps et de l’été; on en a vu se nourrir du nectar des fleurs, mais on ne sait pas quelle est l’importance de cette fleur pour ce papillon, ou vice versa (USFWS, 2003).

Adaptabilité

On trouve dans le commerce des graines de plagiobothryde odorante produites en pépinière tant aux États-Unis qu’au Royaume-Uni (p. ex. Annie’s Annuals and Perennials, 2007), ce qui laisse penser que l’espèce est suffisamment rustique pour être cultivée dans les jardins et pourrait donc être une bonne candidate à la réintroduction en milieu naturel.

Détails de la page

Date de modification :