Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus ) au Canada 2006

Fausse-teigne à cinq points du yucca

ESPÈCE EN VOIE DE DISPARITION 2006

COSEPAC
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada


COSEWIC
Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 35 p.

Note de production

Le COSEPAC aimerait remercier Rebecca Snell qui a rédigé le rapport de situation sur la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus), en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. Theresa B. Fowler, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des arthropodes du COSEPAC, a supervisé le présent rapport et en a fait la révision

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Five-spotted Bogus Yucca Moth Prodoxus quinquepunctellus in Canada.

Fausse-teigne à cinq points du yucca -- Photo par Rebecca Snell.

©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2006
de catalogue CW69-14/476-2006F-PDF
ISBN 0-662-71760-0

Sommaire de l’évaluation – Avril 2006

Nom commun : Fausse-teigne à cinq points du yucca

Nom scientifique : Prodoxus quinquepunctellus

Statut : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Ce papillon nocturne hautement spécialisé existe au Canada dans une seule population qui se trouve dans une aire très petite et restreinte, isolée de l’aire de répartition principale de l’espèce aux États-Unis. L’espèce est entièrement dépendante de la relation mutualiste obligatoire entre sa plante hôte (le yucca glauque) et le pollinisateur de celle-ci (la teigne du yucca), les deux étant à un niveau de risque élevé. L’espèce est menacée par le haut taux d’herbivorie des ongulés sauvages, lequel, au cours de certaines années, réduit considérablement le recrutement du papillon, de sa plante hôte et du pollinisateur de celle-ci. L’espèce est également menacée par les véhicules tout-terrains qui détruisent la plante hôte.

Répartition : Alberta

Historique du statut : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

La fausse-teigne à cinq points du yucca est un petit papillon nocturne de 11 à 21 mm d’envergure. Le corps est couvert d’écailles blanches. Les ailes antérieures sont habituellement entièrement blanches, mais elles peuvent porter jusqu’à 18 petites taches foncées. Les ailes postérieures sont habituellement plus foncées, grises à presque blanches. Les adultes demeurent cachés à l’intérieur des fleurs de yucca glauque durant la journée, mais ils migrent vers les hampes florales durant la nuit.

Tous les stades immatures de la fausse-teigne à cinq points du yucca vivent à l’intérieur des hampes florales de la plante hôte, le yucca glauque. Les œufs sont blancs et mesurent approximativement 0,4 mm de longueur. Les chenilles sont blanchâtres au début, mais elles virent au vert pâle en vieillissant.

La fausse-teigne à cinq points du yucca est largement répandue en Amérique du Nord. Elle se rencontre du Texas jusque dans le sud de l’Alberta, et de la côte Atlantique des États-Unis jusque dans les Grandes Plaines. Au Canada, l’espèce est représentée par une seule population, dans la vallée du cours inférieur de la rivière Lost, à Onefour (Alberta).

À l’extrémité nord de son aire de répartition, la fausse-teigne à cinq points du yucca dépend entièrement du yucca glauque (ponte, alimentation et développement larvaire). En Alberta, le yucca glauque pousse sur des pentes de coulée bien drainées, soumises à l’érosion et exposées au sud, dans le bassin de la rivière Milk.

À toutes les étapes de sa vie, la fausse-teigne à cinq points du yucca dépend entièrement de sa plante hôte, le yucca glauque, et du pollinisateur de cette plante, la teigne du yucca. Les adultes se réfugient à l’intérieur des fleurs de yucca glauque durant la journée et s’y accouplent durant la nuit. Une fois accouplées, les femelles déposent leurs œufs directement dans les hampes florales. Les œufs éclosent 9 jours plus tard, et les jeunes chenilles s’enfoncent aussitôt dans les tissus de la tige pour s’y nourrir. Tout le développement larvaire s’effectue dans cet univers protégé. Les chenilles peuvent demeurer dans la tige pendant un ou plusieurs hivers avant de se métamorphoser en adultes durant une saison de floraison subséquente.

La production de fruits par le yucca glauque, rendue possible par l’existence d’un lien de mutualisme fondé sur la pollinisation et la prédation des graines entre la plante et son pollinisateur obligatoire, est le principal facteur qui influe sur la survie de la fausse-teigne à cinq points du yucca. La fausse-teigne à cinq points du yucca dépend entièrement de la teigne du yucca pour la pollinisation des fleurs de yucca et la production de fruits. Si aucun fruit n’est produit, la hampe florale se dessèche rapidement, et presque toutes les chenilles qui se trouvent à l’intérieur meurent.

La fausse-teigne à cinq points du yucca se rencontre uniquement parmi les populations de sa plante hôte. Au Canada, elle est présente dans seulement une des deux populations naturelles connues de yucca glauque. Ses effectifs à Onefour sont estimés entre cinq cents et quelques milliers d’individus et semblent relativement à l’abri de toute menace immédiate. Toutefois, en l’absence de données à long terme, il est impossible d’inférer des tendances.

Le succès de reproduction de la fausse-teigne à cinq points du yucca est limité par la production de hampes florales et la rétention des fruits par les plants de yucca. Dès lors, les facteurs qui représentent une menace pour le yucca glauque ou la teigne du yucca constituent également une menace pour la fausse-teigne à cinq points du yucca. L’herbivorie par le cerf-mulet et l’antilope d’Amérique peut avoir un effet déterminant sur le succès de reproduction du yucca glauque et des espèces de teignes qui lui sont associées, car ces ongulés peuvent dévorer la majorité des fleurs et/ou toutes les hampes florales. La seule population canadienne de fausse-teigne à cinq points du yucca est isolée par environ 200 km des autres populations établies plus au sud. En conséquence, il y a peu de chance que l’espèce parvienne à recoloniser la région si jamais cette population venait à disparaître. Parmi les autres facteurs qui représentent une menace pour la fausse-teigne à cinq points du yucca, mentionnons l’agriculture, la circulation des véhicules hors route et la collecte de plants de yucca à des fins horticoles ou médicinales.

Les populations canadiennes de yucca glauque et des espèces de teignes qui lui sont associées se trouvent à la limite nord de leur aire de répartition respective. La fausse-teigne à cinq points du yucca pourrait donc servir d’espèce indicatrice pour ce système, car sa survie dépend de la capacité duyucca glauque de se maintenir et de se reproduire de façon sexuée en compagnie de son pollinisateur, la teigne du yucca.

La fausse-teigne à cinq points du yucca ne bénéficie actuellement d’aucune protection. Le COSEPAC a désigné le yucca glauque « espèce menacée », et la teigne du yucca, « espèce en vie de disparition ». Ces deux espèces figurent à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, et leurs habitats sont protégés. Même si la fausse-teigne à cinq points du yucca ne bénéficie d’aucune protection officielle, elle profite directement de toutes les mesures axées sur la protection, la gestion ou le rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

La fausse-teigne à cinq points du yucca, Prodoxus quinquepunctellus (Chambers), appartient à la famille des Prodoxidés, comme la teigne du yucca et la teigne tricheuse du yucca. Le genre Prodoxus contient actuellement dix espèces décrites, mais le P. quinquepunctellus est la seule espèce présente au Canada.

La fausse-teigne à cinq points du yucca a été décrite en 1875 par V.T. Chambers, un entomologiste amateur. Il l’a appelée Hyponomeuta 5-punctella et s’en est servi pour mettre en doute la précision de la description de la teigne du yucca, Tegeticula yuccasella, proposée par C.V. Riley. Les deux espèces se ressemblent superficiellement, mais Riley a décrit les critères physiologiques et biologiques permettant de les distinguer. Il a également proposé le nouveau nom générique Prodoxus (du grec, “porter un jugement sur une chose avant d’avoir acquis l’expérience requise”) pour la fausse-teigne à cinq points du yucca (Pellmyr, 2003).

Comme ses ailes antérieures peuvent être ornées de petites taches foncées ou entièrement blanches, la fausse-teigne à cinq points du yucca a d’abord été considérée comme un complexe englobant deux espèces distinctes. La forme à ailes blanches de l’Est a été appelée Prodoxus decipiens, et la forme à ailes ponctuées de l’Ouest, P. quinquepunctellus. Par la suite, il a été démontré que la variabilité de la coloration des ailes antérieures n’était pas un critère suffisant pour distinguer les deux espèces, et le P. decipiens a été considéré comme un synonyme ultérieur de quinquepunctellus et, de ce fait, invalide (Davis, 1967).

Le P. quinquepunctellus est un petit papillon nocturne (figure 1A). Les femelles sont légèrement plus grandes que les mâles (envergure : femelles, de 11,5 à 21,0 mm; mâles, de 11,0 à 16,5 mm [Althoff et al., 2001]). La tête, le thorax et l’abdomen sont entièrement recouverts d’écailles blanches. Sur le dessus, les ailes antérieures sont habituellement blanches, mais elles peuvent porter jusqu’à dix-huit petites taches foncées; les ailes postérieures sont grises à presque blanches, moins densément couvertes d’écailles et habituellement plus foncées que les ailes antérieures (Davis, 1967). En dessous, les ailes antérieures sont brun moyen, tandis que les ailes postérieures sont gris brunâtre et moins densément recouvertes d’écailles que les ailes antérieures. La frange des deux paires d’ailes est entièrement blanche.

Les deux sexes sont difficiles à départager sur le terrain, et leur distinction repose sur l’examen des genitalia (pièces génitales). Genitalia mâles : valve en bonne partie linéaire, avec le bord externe du cucullus recourbé vers l’extérieur, armé de deux à cinq courtes épines (Althoff et al., 2001). Genitalia femelles : ovipositeur mesurant de 4,0 à 6,8 mm (Althoff et al., 2001), relativement épais, avec une crête dorsale armée de 6 à 8 grosses dents (Davis, 1967). Davis (1967) et Pellmyr (1999) ont réalisé une révision systématique approfondie des Prodoxidés et n’ont jamais observé de dimorphisme sexuel lié à la coloration.

Figure 1A) Femelle adulte de la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) pondant sur une hampe florale de yucca glauque (Yucca glauca). (Photos : R. Snell).

Figure 1A) Femelle adulte de la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) pondant sur une hampe florale de yucca glauque (Yucca glauca).

Figure 1B) Chenilles de fausse-teigne à cinq points du yucca et galeries d’alimentation à l’intérieur d’une hampe florale de yucca glauque. (Photos : R. Snell).

B) Chenilles de fausse-teigne à cinq points du yucca et galeries d’alimentation à l’intérieur d’une hampe florale de yucca glauque. (Photos : R. Snell).

Les stades immatures du P. quinquepunctellus sont mal connus, et il existe peu de caractères diagnostiques permettant de les identifier jusqu’à l’espèce. Tous les stades immatures vivent à l’intérieur des hampes florales de la plante hôte, et chaque espèce du genre Prodoxus présente une spécificité relativement élevée à l’égard de l’espèce de yucca qui lui sert d’hôte. L’identité de la plante hôte est donc un bon critère pour départager les espèces de Prodoxus. L’œuf du P. quinquepunctellus est lisse et blanc, de forme variable, mais il est généralement allongé, arrondi aux deux extrémités. Il mesure environ 0,4 mm de longueur et moins de 0,1 mm de diamètre, et il n’est pas pédonculé (Davis, 1967). La jeune chenille est blanchâtre, mais elle vire au vert pâle en vieillissant (figure 1B). À maturité, elle mesure de 5 à 7 mm de longueur (R. Snell, données inédites). Elle ressemble à la plupart des chenilles de lépidoptères, sauf qu’elle est apode et a l’abdomen plus gros (Riley, 1892; Davis, 1967). La chrysalide est lisse et pourvue d’un « bec » frontal proéminent qu’elle utilise probablement pour se forer un trou de sortie dans la hampe florale.

Les adultes se rencontrent habituellement en compagnie de ceux de la teigne du yucca, T. yuccasella. Les deux espèces présentent des périodes de vol similaires et demeurent à l’intérieur des fleurs de yucca durant la journée, mais elles sont relativement faciles à départager sur la base des critères suivants : 1) les tentacules maxillaires servant au transport du pollen sont bien visibles chez la teigne du yucca femelle, alors qu’ils sont absents chez la fausse-teigne à cinq points du yucca; 2) chez la teigne du yucca, les ailes sont entièrement blanches chez les deux sexes, tandis que chez la fausse-teigne à cinq points du yucca, les ailes antérieures peuvent porter jusqu’à dix-huit taches foncées (Davis, 1967); 3) la fausse-teigne à cinq points du yucca est généralement plus petite et de proportions moins robustes que la teigne du yucca (Davis, 1967).

Jusqu’à tout récemment, le P. quinquepunctellusétait considéré comme une entité monospécifique. Une étude génétique récente a cependant révélé que le P. quinquepunctellus pourrait englober deux lignées morphologiquement et génétiquement distinctes représentant deux espèces (Althoff et al.2001). Ces deux entités peuvent être grossièrement subdivisées sur la base de leur aire de répartition en un groupe occidental et un groupe oriental (voir Althoff et al. 2001 pour une carte complète). Chez la lignée de l’Ouest, les ailes antérieures peuvent porter jusqu’à dix-huit petites taches foncées, tandis que chez la lignée de l’Est, elles sont toujours d’un blanc immaculé (Althoff et al., 2001). La lignée de l’Ouest aux ailes maculées porte le nom de P. quinquepunctellus, et la race de l’Est aux ailes immaculées, le nom de P. decipiens.

Bien que la population canadienne n’ait fait l’objet d’aucune étude génétique, il semble raisonnable d’assumer qu’elle appartient à la lignée de l’Ouest, car elle se trouve à l’intérieur de l’aire de répartition de la lignée de l’Ouest, et les adultes ont des marques foncées sur les ailes antérieures (R. Snell, obs. pers.). Bien qu’il soit possible que le P. quinquepunctellusenglobe deux lignées ou même deux espèces distinctes, ces deux lignées éventuelles seront traitées, aux fins du présent rapport, comme une seule espèce.

Le P. quinquepunctellus est l’une des espèces les plus répandues du genre, se nourrissant à l’état larvaire à l’intérieur des hampes florales de 15 espèces de yuccas (Powell, 1992). Son aire recoupant celles de ses hôtes potentiels, il se rencontre depuis le Texas et le golfe du Mexique jusque dans le sud de l’Alberta, au Canada, et depuis la côte Atlantique des États-Unis jusqu’aux Grandes Plaines (figure 2).

Des individus de la teigne du yucca ont été capturés dans le sud de l’Ontario, en bordure du lac Érié, aussi récemment qu’en 1956 (Davis, 1967; Pellmyr, 1999). Pourtant, l’Ontario ne compte aucune population indigène de yucca (P. Achuff, comm. pers.). En l’absence de la plante hôte, on voit difficilement comment une population indigène de ce papillon pourrait subsister dans la région. Des populations naturelles de la fausse-teigne à cinq points du yucca sont établies immédiatement au sud des Grands Lacs, et des individus ont été capturés dans l’État de New York, en Pennsylvanie et en Ohio (Davis, 1967). La Collection nationale canadienne d’insectes, à la Ferme expérimentale d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, contient 20 spécimens de Prodoxus decipiens, la lignée orientale de l’espèce, récoltés en 1935 et 1936 par W.L. Putnam, à Vineland (Ontario) (annexe 1) (J.-F. Landry, comm. pers.). D’après les données inscrites sur les étiquettes, ces spécimens auraient été obtenus par élevage à partir de plants de Yucca filamentosa, espèce fréquemment cultivée comme plante ornementale dans le sud de l’Ontario. On ignore si la présence de l’espèce dans la région résultait d’une introduction avec la plante hôte ou d’une extension d’aire favorisée par la culture de yuccas à des fins ornementales. La première hypothèse paraît cependant plus vraisemblable, car la présence de Proxodux et de T. yuccasella dans l’est du Canada n’a plus jamais été signalée par la suite.

La fausse-teigne à cinq points du yucca ne compte qu’une seule population viable au Canada. Cette population est établie à Onefour, dans l’extrême sud-est de l’Alberta (figure 3), et elle utilise le yucca glauque (Yucca glauca) comme plante hôte. La population de yucca glauque est disséminée sur le long d’un tronçon de coulée de 2 km exposé au sud, en bordure de la rivière Lost, un affluent de la rivière Milk. Ces pentes mesurent moins de 1 km de largeur, et toute la population est répartie sur une superficie inférieure à 2 km2. Les plants de yucca glauque occupent moins de la moitié de cette superficie.

Une deuxième population naturelle de yucca glauque existe en Alberta (figure 3). Cette population se trouve dans la réserve de pâturage Pinhorn, le long d’un tronçon de 200 mètres de pentes de coulée exposées au sud-ouest dans le bassin de la rivière Milk (Hurlburt, 2001). La fausse-teigne à cinq points du yucca ne semble cependant pas présente à cet endroit.

À l’extrémité nord de son aire de répartition, la fausse-teigne à cinq points du yucca dépend entièrement du yucca glauque (ponte, alimentation et développement larvaire). Aucune autre espèce de yucca susceptible de servir de plante hôte à la fausse-teigne n’est naturellement présente au Canada. La teigne du yucca atteint également la limite nord de son aire de répartition en Alberta, et elle est aussi entièrement dépendante du yucca glauque. Les besoins liés à l’habitat des deux espèces sont donc identiques. Les renseignements présentés dans les paragraphes suivants sont tirés du Rapport de situation du COSEPAC sur le Tegeticula yuccasella (COSEPAC, 2002).

En Alberta, la teigne du yucca est confinée à la sous-région sèche à graminées mixtes (ANHIC, 2004). Cette sous-région semi-aride est soumise à un climat continental caractérisé par des conditions météorologiques extrêmes et d’importantes fluctuations journalières et saisonnières des températures, des précipitations faibles, des étés chauds et un fort taux d’évaporation. L’évaporation est amplifiée par la présence de forts vents qui soufflent souvent à près de 100 km/h (COSEPAC, 2002).

Le yucca glauque se rencontre en peuplements épars sur des pentes de coulée bien drainées et généralement exposées au sud (figure 4). Ces pentes sont habituellement érodées et sèches et couvertes d’une végétation clairsemée dominée par l’oponce à épines nombreuses (Opuntia polyacantha) et l’armoise argentée (Artemisia cana). L’exposition des pentes colonisées par le yucca glauque en Alberta varie de 34º (nord-est) à 200º (sud-sud-ouest). Ces pentes sont généralement orientées dans la direction opposée aux vents dominants du sud-ouest, sauf lorsqu’elles sont protégées par d’autres pentes adjacentes. Les sols sont habituellement alcalins et régosoliques, sans croûte (Milner, 1977; Fairbarns, 1984). Plus au sud (nord du Wyoming), le yucca glauque est associé aux terrains plus plats et se rencontre dans les dunes de sable, les pinèdes et les clairières dans l’Est et dans les milieux à graminées dans le Sud-Ouest, à des altitudes de 0 à 1 920 m (Pellmyr, 1999) (COSEPAC, 2002).

À l’extrémité nord de l’aire de la teigne du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca, en Alberta, la disponibilité des milieux favorables pour les deux espèces est limitée par des facteurs naturels. Bien que les pentes de coulée exposées au sud soient nombreuses dans le sud-est de l’Alberta, nombre d’entre elles sont couvertes de graminées et non érodées et ne sont habitées ni par le yucca glauque, ni par la teigne du yucca, ni par la fausse-teigne à cinq points du yucca. L’agriculture n’a eu aucun effet sur la disponibilité des habitats favorables. Le yucca glauque pousse sur des pentes de coulée abruptes impropres à l’agriculture (COSEPAC, 2002). Bien que le broutage du bétail puisse endommager l’habitat, le bétail a rarement pu paître parmi les plants de yucca. De plus, à ce jour, leur incidence sur l’habitat est négligeable.

Le COSEPAC a désigné le yucca glauque « espèce menacée » et la teigne du yucca, « espèce en voie de disparition ». La plus grande population du yucca glauque abrite la seule population viable de la fausse-teigne à cinq points du yucca au Canada. Cette population est établie sur des pentes de coulée dans la vallée de la rivière Lost, près de Onefour (Alberta), sur des terres appartenant à Agriculture et Agroalimentaire Canada et gérées par ce ministère. Le yucca glauque et la teigne du yucca figurent à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. Les mesures de protection et le plan de rétablissement prévus pour les populations du yucca glauque et de la teigne du yucca à Onefour profiteront également à la fausse-teigne à cinq points du yucca.

On sait relativement peu de choses sur la biologie de la fausse-teigne à cinq points du yucca, car la plupart des travaux effectués à ce jour ont porté sur les liens de mutualisme obligatoire entre le yucca glauque et son pollinisateur, la teigne du yucca. Ce que nous savons de la biologie de l’espèce provient de quelques sources (Davis, 1967; Powell, 2001) et des observations originales de Riley, réalisées à la fin des années 1800 (Riley, 1892; Riley, 1894).

Le P. quinquepunctellus n’a qu’une seule génération par année. Les adultes ne vivent que quelques jours, mais leur émergence s’échelonne sur une période beaucoup plus longue et coïncide avec la période de floraison de la plante hôte (Davis, 1967). La période d’émergence débute avant l’ouverture des premières fleurs et semble atteindre son paroxysme environ une semaine après le début de la floraison (tableau 1). Après seulement quelques jours, les effectifs adultes commencent à décliner rapidement jusqu’à la disparition totale. Dans la portion nord de l’aire de répartition de l’espèce, les adultes sont présents depuis le début de juin jusqu’au milieu de juillet (tableau 1).

Tableau 1. Indice de l’abondance du Prodoxus quinquepunctellus à Onefour au cours de l’été de 2002.
Date Nombre de fleurs ouvertes examinées Nombre de fleurs ouvertes occupées par au moins un Prodoxus Proportion de fleurs ouvertes occupées par au moins un Prodoxus
27 juin 10 8 0,800
28 juin 67 22 0,328
30 juin 317 58 0,183
1er juillet 512 63 0,123
2 juillet 640 72 0,113
4 juillet 832 83 0,100
5 juillet 930 58 0,062
7 juillet 1 161 53 0,046
9 juillet 1 599 19 0,012
11 juillet 1 148 34 0,030
12 juillet 511 19 0,037
13 juillet 672 15 0,022
15 juillet 127 6 0,047
16 juillet 8 0 0,000
18 juillet 10 0 0,000
Total 8 544 510

Les adultes demeurent à l’intérieur des fleurs de la plante hôte durant la journée et utilisent ce refuge comme lieu d’accouplement durant la nuit. Une fois fécondées, les femelles sortent des fleurs et s’installent sur les hampes florales. Avant de pondre, elles se placent dans l’axe de la hampe, la tête orientée vers le haut, puis une fois positionnées, redressent l’abdomen et insèrent leur ovipositeur dentelé dans l’inflorescence (figure 1A). La ponte peut être précédée de plusieurs tentatives infructueuses. Les œufs sont déposés entre 1 et 2 mm de profondeur dans les tissus de la hampe (Davis, 1967). Chaqueœuf est pondu individuellement, mais chaque femelle peut déposer plusieurs œufs dans une même hampe (R. Snell, obs. pers.). Occasionnellement, des œufs peuvent être pondus dans le pédicelle des fleurs. On ignore combien d’œufs une femelle peut pondre durant sa vie. Une légère décoloration de la tige et, subséquemment, la formation d’une petite cicatrice indique l’endroit où chaqueœuf a été déposé. Cette cicatrice n’entraîne aucune déformation ni ne retarde la croissance de la plante.

L’éclosion survient neuf jours après la ponte (Davis, 1967). La chenille néonate s’enfonce rapidement dans la hampe florale et commence aussitôt à se nourrir des tissus de la tige. La chenille mue trois fois en l’espace d’environ trente jours (Riley, 1892). À la fin de la période de floraison, elle se fore une galerie immédiatement sous la surface de la hampe, qui demeure couverte par une mince couche de tissu (Davis, 1967). Une fois ces travaux d’aménagement terminés, elle s’installe dans sa loge et se tisse un cocon de soie blanche. La chenille peut demeurer en diapause prénymphale pendant un à plusieurs hivers.

La nymphose a lieu au printemps dans la hampe florale desséchée, avant le début de la floraison de la plante hôte. La vie nymphale est relativement brève, sa durée étant inférieure à une semaine (Davis, 1967). Immédiatement avant l’émergence de l’adulte, la chrysalide fore un trou de sortie dans la hampe en perçant la mince couche de tissu qui recouvre la loge nymphale et s’engage dans l’ouverture ainsi créée. La chrysalide doit être à moitié sortie de la hampe pour que l’adulte puisse émerger. L’émergence se produit habituellement à la tombée du jour (Davis, 1967).

Les chenilles et les chrysalides sont bien protégées à l’intérieur des hampes florales de la plante hôte. Leurs seuls prédateurs connus sont les ongulés qui, par inadvertance, les ingèrent en dévorant les hampes florales. Les fausses-teignes adultes passent beaucoup de temps à l’intérieur des fleurs de yucca et échappent ainsi généralement à l’attention des oiseaux. Un certain pourcentage des adultes peut cependant être capturé et dévoré par les fourmis des bois (Formica ravida) (Snell, 2004) ou d’autres arthropodes prédateurs, comme les araignées de la famille des Thomisidés.

La diapause marque un arrêt du développement au cours de la vie d’un insecte et s’observe communément dans les zones tempérées (Tauber et al., 1986). La plupart des insectes entrent en diapause lorsque les conditions sont défavorables et synchronisent leur émergence avec les périodes d’accessibilité maximale des ressources. La fausse-teigne à cinq points du yucca subit une diapause simple en nature, hibernant et émergeant le printemps suivant.

L’existence d’une diapause prolongée chez la fausse-teigne à cinq points du yucca a été observée pour la première fois vers la fin des années 1800 par C.V. Riley. Riley a récolté des hampes florales de yucca en 1887. Au cours de l’automne de 1893, il a fendu les hampes florales et y a découvert deux chenilles en parfaite santé à l’intérieur de leur cocon (Riley, 1894). La diapause documentée la plus longue a été observée chez un insecte étroitement apparenté, le Prodoxus y-inversus. En laboratoire, des adultes ont émergé après une diapause de trente ans (Powell, 2001). Dans cette étude, le principal déclencheur de la diapause était la température durant l’hibernation (Powell, 2001).

La diapause prolongée pourrait être une adaptation à une situation où l’accès aux ressources est restreint à une saison bien précise et où la disponibilité et l’abondance de ces mêmes ressources fluctuent d’une année à l’autre (Powell, 2001). L’intensité de la floraison du yucca glauque peut varier d’une année à l’autre (Aker, 1982; Addicott, 1998), en particulier chez les populations septentrionales (Hurlburt, 2004). Au Canada, la fausse-teigne à cinq points du yucca peut subir une diapause simple ou prolongée (R. Snell, obs. pers.); on ignore cependant l’importance du rôle joué par les facteurs génétiques ou externes dans la durée de la diapause.

On ne sait pas sur quelles distances la fausse-teigne à cinq points du yucca peut se disperser. En général, chez les Prodoxidés, les adultes ne vivent que quelques jours seulement, ne volent pas bien et semblent incapables de se déplacer sur de grandes distances (Kerley et al., 1993; Marr et al., 2000; COSEPAC 2002; J. Addicott, comm. pers.). Les chenilles ne se dispersent pas, car tout leur développement s’effectue à l’intérieur de la hampe florale natale.

Le succès de la fausse-teigne à cinq points du yucca ne dépend pas uniquement de sa plante hôte, le yucca glauque, mais aussi de la teigne du yucca (Tegeticula yuccasella). Pour bien comprendre cette relation de dépendance, il faut connaître la biologie de la plante hôte et de son pollinisateur ainsi que le lien de mutualisme obligatoire qui existe entre ces deux espèces.

Le Yucca glaucaNutt. (Agavacées), ou yucca glauque, est une plante polycarpique qui vit longtemps. Il est commun dans les prairies et les régions arides depuis les Rocheuses jusqu’au Mississippi et depuis le Texas jusque dans le sud de l’Alberta (Hurlburt, 2001). Il produit une rosette unique ou un groupe de rosettes de feuilles pointues. À maturité, chaque rosette produit un racème habituellement non ramifié de 40 à 80 cm de hauteur. Chaque racème porte de 20 à 70 fleurs parfaites de couleur blanc cassé qui s’ouvrent en séquence à partir de la base (figure 5).Chaque rosette se reproduit par voie sexuée seulement une fois et meurt après avoir fleuri. Les clones survivent en se reproduisant par voie asexuée, par production de nouvelles rosettes végétatives à partir de la base d’une rosette mature (Kingsolver, 1986). Dans le nord du Montana et le sud de l’Alberta, le Y. glauca fleurit normalement de juin jusqu’au milieu de juillet, mais quelques sujets peuvent fleurir en août.

La plupart des fleurs avortent et tombent prématurément, et seulement de 3 à 10 p. 100 d’entre elles produisent des fruits (Kingsolver, 1984; Dodd et Linhart, 1994). Le fruit capsulaire déhiscent est composé de 3 carpelles biloculées. Chaque locule contient une rangée de 40 à 60 ovules. À la fin de l’été, le fruit se dessèche et se fend le long des parois des carpelles, permettant au vent de disséminer les graines de forme aplatie sur des distances relativement courtes.

Au Canada, la teigne du yucca, T. yuccasella Riley (famille des Prodoxidés), est le seul pollinisateur du yucca glauque. L’émergence des adultes coïncide d’assez près avec le début de la floraison. Les femelles utilisent leurs tentacules maxillaires, pièces buccales spécialisées, pour récolter et transporter le pollen (Riley, 1892). Après avoir volé jusqu’à une inflorescence, les femelles pénètrent dans une fleur et déposent un œuf dans l’ovaire. Une fois cette tâche accomplie, elles pollinisent habituellement la fleur en grimpant sur le sommet du stigmate pour y déposer quelques grains de pollen dans la dépression stigmatique (Riley, 1892). En utilisant leurs tentacules maxillaires pour pousser et compacter le pollen vers le bas du style, elles assurent la pollinisation de la plante hôte et procurent une source de nourriture à leur progéniture.

Les œufs du T. yuccasella éclosent quelques jours après la ponte (Pellmyr, 2003), et les chenilles se nourrissent des graines de yucca en développement. Une fois leur développement terminé, les chenilles percent la paroi du fruit du yucca et se laissent choir au sol, suspendues à un fil de soie. Elles s’enfouissent dans le sol et se tissent un cocon de soie et de grains de sol (Pellmyr, 2003). Elles demeurent en diapause dans le sol avant de se nymphoser quelques semaines avant l’émergence.

Le facteur qui a le plus d’incidence sur la survie de la fausse-teigne à cinq points du yucca est le taux de rétention des fruits par les plants de yucca. Ce taux est déterminé par le lien de mutualisme fondé sur la pollinisation et la prédation des graines qui existe entre la plante et son pollinisateur obligatoire. La fausse-teigne à cinq points du yucca dépend de la teigne du yucca pour la production de fruits. Les hampes florales qui ne produisent aucun fruit se dessèchent rapidement, et presque toutes les larves qui se trouvent à l’intérieur meurent (Snell, 2004). Même dans les hampes qui portent des fruits matures, la survie des chenilles dépend indirectement de la position du dernier fruit (c.-à-d. apical) sur la hampe. Le yucca glauque produit de 20 à 70 fleurs, mais seulement de 3 à 10 p. 100 d’entre elles donnent des fruits (Kingsolver, 1984; Dodd et Linhart, 1994). Une fois que toutes les fleurs sont tombées, la portion apicale de la hampe florale (portion comprise au-dessus du dernier fruit) commence à se dessécher à partir du sommet. L’autre portion de la hampe demeure verte jusqu’à la fin de l’été (R. Snell, obs. pers.). La mortalité est plus élevée chez les chenilles qui occupent la portion apicale de la hampe que chez celles qui se trouvent dans la portion inférieure (Snell, 2004).

L’alimentation des pucerons est un autre facteur qui peut influer sur la survie des chenilles. Les pucerons se nourrissent parfois sur la portion apicale de la hampe florale (R. Snell, obs. pers.). En s’alimentant, ils peuvent ralentir le dessèchement de la hampe, permettant ainsi à une plus grande proportion de la tige de demeurer verte jusqu’à la fin de la saison (Snell, 2004) et favorisant la survie des chenilles de la fausse-teigne à cinq points du yucca, en particulier dans la portion de la hampe qui se serait autrement desséchée.

Les chenilles du P. quinquepunctellus sont parasitées par 3 espèces d’hyménoptères (Davis, 1967) : un Eurytomidé, l’Eudecatoma flammineiventris (Girault), un Ichneumonidé, le Calliephialtes notandus (Cresson), et un Braconidé, l’Heterospilus prodoxi (Riley). Chez la population de Onefour, les taux de parasitisme semblent très faibles (Snell, 2004). Si l’on suppose que toutes les larves non identifiées découvertes en 2002 étaient des parasitoïdes, alors seulement 17 des 1 829 chenilles de Prodoxus étaient parasitées. Aucun signe de parasitisme n’a été observé en 2003.

La fausse-teigne à cinq points du yucca est très sensible à l’altération extrême de son habitat, parce qu’elle est totalement dépendante du yucca glauque et de la teigne du yucca. Les populations bien établies s’adaptent cependant relativement bien à la variabilité de leur ressource d’une année à l’autre. L’intensité de la floraison du yucca glauque et l’abondance de la teigne du yucca fluctuent considérablement d’une année à l’autre (Aker, 1982; Addicott, 1998; Hurlburt, 2004). La diapause prolongée, qui permet à seulement une fraction de la population d’émerger chaque année, est un mécanisme qui permet à l’espèce de survivre à des années de faible floraison/fructification. La non-production de fleurs et de fruits pendant plusieurs années consécutives pourrait cependant provoquer un déclin à long terme de la population de la fausse-teigne.

On ne dispose d’aucune donnée sur la taille et les tendances de la population de la fausse-teigne à cinq points du yucca au Canada. Toutefois, plusieurs mesures du cycle de vie sont disponibles et peuvent être utilisées pour estimer directement et indirectement l’état et la taille de la seule population connue au Canada. Au cours de l’été 2002, 142 plants de yucca ont été sélectionnés parmi la population de Onefour. Le site a été revisité par R. Snell 4 ou 5 fois par semaine entre le 14 juin et le 28 août 2002. Durant cette période, elle a surveillé les populations du yucca glauque et de fausse-teigne à cinq points du yucca depuis la floraison jusqu’à la maturation des fruits et de la hampe florale. Durant la floraison, toutes les fleurs ouvertes de yucca ont été inspectées et ont été déclarées occupées si elles contenaient au moins une fausse-teigne à cinq points du yucca (tableau 1). La fausse-teigne à cinq points du yucca et la teigne du yucca vivent souvent ensemble dans les mêmes fleurs. Les femelles des 2 espèces sont faciles à départager sur la base des critères mentionnés précédemment dans la description morphologique de l’espèce, tandis que les mâles se différencient par la présence ou l’absence de petites taches foncées sur les ailes antérieures. Toutefois, il convient de mentionner que les données fondées sur l’observation des mâles représentent une estimation prudente, car chez certains mâles, les ailes antérieures portent un faible nombre de taches ou sont d’un blanc immaculé. Le nombre de fausses-teignes dans chaque fleur n’a pas été noté, car une fois les fleurs ouvertes, les papillons devenaient agités et commençaient à se déplacer à l’intérieur des fleurs. Lorsqu’une fleur était maintenue ouverte trop longtemps, les papillons s’envolaient et se sauvaient. Pour accélérer l’inspection des fleurs, les observateurs se sont contentés de vérifier si elles contenaient ou non au moins une fausse-teigne à cinq points du yucca. Le rapport du nombre total de fleurs examinées au nombre de fleurs occupées a été utilisé comme un indice indirect de l’abondance de l’espèce.

En 2003, le nombre total de pontes par hampe florale a été déterminé sur 16 plants de yucca à Onefour. Les plants ont été examinés à plusieurs reprises pendant la période d’activité du P. quinquepunctellus et une fois après la disparition des derniers adultes. À chaque visite, R. Snell a compté et marqué les nouvelles traces de ponte. Pour éviter les erreurs, elle a inscrit un petit point noir au-dessus de chaque site de ponte à l’aide d’un marqueur Sharpie®. Les cicatrices de ponte sont bien visibles sur les hampes florales lorsque les plants sont en fleur, mais par la suite, lorsque les fruits sont mûrs et une fois que les hampes florales ont commencé à se dessécher, elles peuvent être facilement confondues avec d’autres cicatrices. R. Snell a récolté les hampes florales seulement à la fin de la saison afin de leur laisser le temps d’atteindre leur maturité sur les plants. Ces hampes ont été disséquées, et le nombre de chenilles découvertes à l’intérieur de chaque hampe florale a été noté. À la fin de la saison 2002, 136 autres hampes florales ont été récoltées et soumises à une inspection visant à déterminer si elles contenaient des chenilles. La dissection des hampes florales est une méthode destructive, mais il est malheureusement impossible de dénombrer les chenilles ou d’évaluer le pourcentage de survie larvaire sans examiner l’intérieur des hampes, en particulier parce que cette espèce peut subir une diapause prolongée. Dès lors, le dénombrement des marques de ponte et des adultes qui émergent l’année suivante ne fournit pas une mesure exacte du succès de ponte annuel. Une mesure non destructive fondée, par exemple, sur la surveillance chaque année d’un certain nombre de hampes florales en vue de dénombrer les nouveaux trous de sortie, pourrait être utilisée dans le cadre d’une étude à long terme.

Les vieilles hampes florales ont été examinées de nouveau en 2003 parce qu’elles pouvaient encore fournir un certain nombre de renseignements utiles. Chaque adulte laisse derrière lui un trou de sortie bien visible lorsqu’il émerge de la hampe florale. Bien qu’il soit impossible de déterminer le nombre d’années écoulées depuis la floraison d’une vieille hampe, il a été possible de départager celles qui avaient fleuri en 2002 de celles qui avaient fleuri plus d’un an auparavant.

À Onefour, les chercheurs ont examiné 149 vieilles hampes florales afin de déterminer si des adultes en avaient émergé. À Pinhorn, aucun trou de sortie n’a été trouvé dans les vieilles hampes de yucca, mais quelques hampes portaient des marques qui auraient pu être de vieilles cicatrices de ponte (K. Foreman, comm. pers.). Les chercheurs n’ont toutefois pas disséqué ces hampes pour y confirmer la présence du Prodoxus (c.-à-d. galeries d’alimentation, chenilles ou chrysalides). Il convient de mentionner que les marques de ponte sont très difficiles à reconnaître dans les vieilles hampes et qu’elles ne sont formellement identifiables que lorsque les hampes florales sont vertes.

Un recensement de tous les plants de yucca présents en Alberta a été effectué en 1998. La population de Onefour s’élevait alors à 28 174 rosettes réparties entre 8 499 clones (Csotonyi et Hurlburt, 1999). La population de Pinhorn a été estimée à 1 383 rosettes réparties entre 404 clones (Csotonyi et Hurlburt, 1999). Des chercheurs s’affairent actuellement à récolter et à analyser de nouvelles données démographiques sur le yucca glauque et les espèces de papillons qui lui sont associées à Pinhorn (J. Nicholson, comm. pers.).

Durant la saison de floraison de 2002, 8 544 fleurs de yucca glauque ont été examinées à Onefour. Au total, 510 d’entre elles contenaient au moins une fausse-teigne à cinq points du yucca (tableau 1). En 2003, à Onefour, le nombre moyen de marques de ponte par hampe florale s’élevait à 652 (tableau 2). Ce nombre est significativement supérieur aux valeurs enregistrées dans le nord du Montana. Il convient toutefois de préciser que la floraison du yucca glauque à Onefour a été très faible en 2003, alors que moins de 1 p. 100 des clones ont produit une hampe florale. La relative rareté des hampes florales pourrait expliquer le grand nombre de marques de ponte enregistré sur chaque hampe cette année-là. En 2002, année marquée par la production d’un grand nombre de hampes florales, le nombre de chenilles par hampe se rapprochait davantage des valeurs enregistrées au Montana (tableau 2).

À Onefour, les hampes qui avaient fleuri en 2002 présentaient en moyenne 2,301± 0,896 trous de sortie. Sur celles qui avaient fleuri avant 2002, ce nombre s’élevait à 29,36 ± 6,437 trous. Ces données ne doivent pas être interprétées comme une preuve du déclin de la population. Comme le nombre de trous de sortie est similaire au nombre de chenilles trouvées à l’intérieur des hampes florales au moment de la dissection (tableau 2), cette donnée confirme plutôt l’existence d’une diapause prolongée. Les hampes âgées de seulement un an contiennent encore des chenilles, et d’autres adultes devraient continuer d’en émerger au cours des prochaines années, laissant derrière eux des trous de sortie.

À la réserve de pâturage de Pinhorn, aucune fausse-teigne à cinq points du yucca adulte n’a jamais été observée, et la présence de trous de sortie dans les hampes florales n’y a jamais été signalée. On ne peut cependant écarter entièrement la possibilité que l’espèce y ait déjà été présente. Si certaines des marques observées sur les vieilles hampes florales étaient effectivement des anciennes cicatrices de ponte, elles confirmeraient la présence historique de la fausse-teigne à cinq points du yucca à Pinhorn. Même si des adultes avaient pondu dans les hampes florales, les chenilles n’auraient pas pu survivre à cause de l’absence de fruits. C’est ce qui expliquerait la présence de marques de ponte, mais l’absence de trous de sortie. Même si une population de yucca glauque est présente à Pinhorn, le déclin de la population de la teigne du yucca et l’incapacité des plants de yucca de produire des fruits empêcheraient la fausse-teigne à cinq points du yucca d’y établir une population, à supposer qu’elle y ait déjà été présente.

Tableau 2. Données (moyennes ± écart-type) sur la population et le cycle de vie de la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) à Onefour (Alberta). Deux sites du nord du Montana sont inclus à des fins de comparaison.
Site et année n Nombre de pontes par hampe florale Nombre de chenilles par hampe florale Taux de survie

Onefour, Alberta

2002

Non mesuré 15,765 ± 1,637
2003 16 651,937 ± 130,452 27,437 ± 8,200 0,040 ± 0,09
Loma, Montana
2002 Non mesuré 23,667 ± 4,465
2003 68 273,691 ± 25,419 18,397 ± 3,519 0,053 ± 0,010

Fort Benton, Montana

2003

38 300,632 ± 32,458 41,868 ± 7,500 0,122 ± 0,016

En l’absence de données à long terme, il est difficile de savoir si la population de la fausse-teigne à cinq points du yucca augmente, diminue ou est stable. Des fluctuations d’abondance de la fausse-teigne sont couramment observées dans les populations de yucca (Aker, 1982; Addicott, 1998; Hurlburt, 2004). Toutefois, faute de données à long terme, il est impossible de prévoir quels effets ces fluctuations auront sur la persistance de la population. Les petites populations isolées sont peut-être plus sensibles que les grandes aux variations stochastiques et plus vulnérables (COSEPAC, 2002).

Même à l’intérieur d’une saison, les effectifs des adultes de la fausse-teigne à cinq points du yucca fluctuent (voir Cycle de vie et reproduction). Des fluctuations importantes, mais non quantifiées, sont également observées d’une année à l’autre. Au cours des années de floraison abondante, seul un petit pourcentage des hampes florales est détruit par les ongulés herbivores, et le succès de reproduction de la fausse-teigne est élevé. En revanche, durant les années où seulement quelques plants de yucca fleurissent, presque toutes les hampes peuvent être dévorées par les ongulés, et le succès de reproduction de la fausse-teigne peut être pratiquement nul. Le nombre d’adultes qui émergent au cours d’une année donnée est proportionnel au succès de reproduction de l’espèce l’année précédente.

La taille de la population de yucca glauque à Onefour a été estimée à 8 499 clones, ou 28 174 rosettes (Hurlburt, 2001). Chaque année, entre moins de 1 p. 100 et 50 p. 100 des rosettes fleurissent, pour une production annuelle totale d’environ 280 à 14 000 inflorescences. Le nombre moyen de chenilles de fausse-teigne produites par inflorescence s’élevait à 15,8 ± 1,6 chenilles au cours d’une année de floraison abondante (près de 50 p. 100 des plants en fleur), contre 27,4 ± 8,2 chenilles au cours d’une année de faible floraison (moins de 1 p. 100 des plants en fleur) (Snell, données inédites). En multipliant le nombre moyen de chenilles par inflorescence par le nombre total d’inflorescences produites, on obtient une estimation très grossière des effectifs larvaires au cours d’une année de faible floraison et d’une année de floraison abondante, soit 7 672 et 221 200 chenilles, respectivement. Si, plutôt que d’utiliser le nombre moyen de chenilles par inflorescence, on utilise le plus faible nombre pour les années de faible floraison et le nombre le plus élevé pour les années de floraison abondante, l’intervalle maximal estimé du nombre de chenilles produites annuellement varie entre 5 376 et 243 600 chenilles.

Ces estimations correspondent à la taille la plus élevée de la population larvaire produite chaque année. Certaines années, toutes les hampes florales sont dévorées par les ongulés, et aucune chenille ne survit. Il convient de rappeler que le nombre de chenilles produites chaque année dépasse largement le nombre d’adultes qui émergent l’année suivante. Un certain pourcentage de chenilles meurt au cours de l’hiver et n’atteint donc pas l’âge adulte. D’autres chenilles demeurent en diapause pendant plusieurs années avant d’émerger à l’état adulte. Enfin, les chenilles qui survivent à l’hiver et qui atteignent l’âge adulte peuvent émerger durant une année où aucun yucca ne fleurit et peuvent mourir sans avoir pu se reproduire. Compte tenu de tous ces facteurs, la taille de la population adulte peut s’approcher de zéro certaines années, en particulier lorsque presque toutes les hampes florales ont été broutées par les ongulés l’année précédente; en pareilles circonstances, les seuls adultes présents sont ceux qui ont émergé au terme d’une diapause prolongée. En 2002, 510 adultes ont été observés lors de l’inspection de 142 plants de yucca (tableau 1). En revanche, la population totale peut s’élever à plusieurs milliers à la suite d’années favorables.

Bien que la fausse-teigne à cinq points du yucca soit relativement commune parmi les populations de yuccas établies plus au sud, il y a peu de chance qu’elle recolonise le site de Onefour si jamais elle venait à y disparaître, ou encore que des individus de la population canadienne se dispersent vers une autre population. Au moins 200 km séparent la population canadienne de yucca glauque des populations américaines connues les plus proches (D. Hurlburt, comm. pers.), et ce territoire comporte très peu d’habitats indigènes favorables au yucca glauque (COSEPAC, 2002). On voit difficilement comment les adultes pourraient franchir une telle distance, car les Prodoxidés présentent une piètre capacité de vol, vivent peu longtemps et sont vraisemblablement incapables de se disperser sur de longues distances au-dessus de terrains inhospitaliers (Kerley et al., 1993; Marr et al., 2000; COSEPAC, 2002; J. Addicott, comm. pers.). Enfin, la recolonisation par la teigne du yucca de populations de yucca privées de leur pollinisateurn’a jamais été signalée (COSEPAC 2002).

L’abondance de la fausse-teigne à cinq points du yucca est limitée par le nombre de hampes florales et de fruits produits. En conséquence, tout facteur qui menace ou limite la plante hôte ou son pollinisateur, la teigne du yucca, a également des effets négatifs pour la fausse-teigne. Certains des renseignements présentés dans les paragraphes qui suivent sont tirés du Rapport de situation du COSEPAC sur le Tegeticula yuccasella (COSEPAC, 2002).

En Alberta, la fausse-teigne à cinq points du yucca se rencontre uniquement dans les secteurs où le yucca glauque est présent, se reproduit de façon sexuée et produit des fruits et où la teigne du yucca est également présente.Ces papillons y sont probablement limités physiologiquement par la température, et leur survie n’est possible que sur les pentes très érodées et sèches exposées au sud, le même genre d’habitat privilégié par leur hôte (COSEPAC, 2002). Les taux de pollinisation sont faibles chez les populations de yuccas qui poussent à une altitude élevée, parce que les basses températures nocturnes limitent l’activité de la teigne du yucca (Dodd et Linhart, 1994). À l’extrémité nord de l’aire du yucca glauque,les plants qui ne poussent pas sur des pentes exposées au sud reçoivent moins d’œufs, produisent moins de fruits et abritent moins de chenilles (D. Hurlburt,2004).

Onefour constitue une région nordique isolée pour les populations du yucca glauque, de la teigne du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca. Les données disponibles donnent également à croire que le nombre de plants dans les petites populations périphériques en déclin de yucca glauque est insuffisant pour assurer la survie d’une population viable de teigne du yucca (Dodd et Linhart, 1994; D. Hurlburt, comm. pers.).Les populations de yucca glauque abritant un faible nombre de teignes du yucca produiraient moins de fruits, ce qui entraînerait probablement le déclin de la fausse-teigne.

La survie de la fausse-teigne à cinq points du yucca dépend obligatoirement de la présence du yucca glauque et de la teigne du yucca. Les femelles pondent leurs œufs dans les hampes florales de la plante hôte, mais seules les chenilles qui se développent à l’intérieur des hampes qui produisent des fruits survivent (Snell, 2004). Les hampes qui ne portent aucun fruit se dessèchent rapidement, et les larves qui se trouvent à l’intérieur meurent. Au Canada, la fausse-teigne à cinq points du yucca se rencontre dans seulement une des deux populations canadiennes de yucca glauque, à Onefour. On ignore si elle a déjà été présente dans la réserve de pâturage de Pinhorn. Son absence à cet endroit pourrait toutefois être liée au déclin récent de la population de la teigne du yucca (voir « Herbivorie des ongulés » ci-dessous).

L’herbivorie par l’antilope d’Amérique (Antilocapra americana) et le cerf-mulet (Odocoileus hemionus) peut compromettre de façon substantielle le succès de reproduction du yucca glauque et des espèces de papillons qui en dépendent. L’antilope ne mange que les fleurs, mais le cerf-mulet dévore habituellement toute la hampe florale.Ce dernier consomme également les fruits en développement durant les périodes de sécheresse (R. Snell, obs. pers.).

L’herbivorie des ongulés a lieu de façon extensive sur les sites tant de Onefour que de Pinhorn. Cependant, elle est particulièrement destructrice à Pinhorn, car ce site présente une plus petite population de yucca. En 1998 et en 2000, à Pinhorn, les ongulés herbivores ont détruit de 80 à 100 p. 100 des inflorescences (Csotonyi et Hurlburt, 1999; COSEPAC, 2002). La forte pression exercée par les ongulés herbivores a limité considérablement la production de fruits, au point où aucun fruit n’a été produit à Pinhorn au cours de 6 des 7 dernières années. Cette situation a donc causé un déclin de la population de la teigne du yucca, peut-être même sous le seuil minimum viable (COSEPAC, 2002). En 2004, seulement 5 fruits ont été produits, et tous présentaient les signes d’une pollinisation très partielle (J. Nicholson, comm. pers.).

L’ampleur des dommages causés par les herbivores semble liée à l’intensité de la floraison. Les années où seulement quelques inflorescences ont été produites, soit parce que la population de yucca était petite, soit parce que la floraison était peu abondante, les herbivores ont causé des dommages importants (entre 80 et 100 p. 100 des fleurs détruites). En revanche, au cours des années de floraison abondante, les dommages dus à l’herbivorie ont été faibles (moins de 1 p. 100 des fleurs détruites) (COSEPAC, 2002).Chez une population de plantes qui fleurissent de façon imprévisible, l’incidence de l’herbivoriepeut atteindre son intensité maximale au cours des années de faible floraison. En entraînant la disparition des autres espèces végétales normalement consommées par les ongulés, la sécheresse peut également contribuer à exacerber la situation (D. Hurlburt, comm. pers.; R. Snell, obs. pers). Chez une population de plantes à fleurs dont les effectifs varient de façon imprévisible, la destruction des fleurs due à l’herbivorie réduit la production de fruits et la survie de la teigne du yucca et peut conduire, en réduisant le recrutement, à un déclin soutenu des populations périphériques isolées (Kerley et al., 1993).

Les années où 80 à 100 p. 100 des fleurs sont détruites à Onefour, le succès de reproduction de la fausse-teigne à cinq points du yucca peut être compromis. Si toutes les fleurs sont consommées, la hampe florale ne produit pas de fruits et se dessèche, et presque toutes les chenilles qui se trouvent à l’intérieur meurent (Snell, 2004). Le cerf-mulet représente une menace particulièrement importante, car il consomme toute la hampe florale, éliminant du coup toutes les chenilles qui se trouvent à l’intérieur.

À la limite nord de l’aire de répartition du yucca glauque, les fourmis des bois (Formica ravida) se nourrissent souvent sur les plants. Elles peuvent menacer directement les plants de yucca et les espèces de teignes qui leur sont associés en s’attaquant aux bourgeons, aux fleurs ou aux fruits. En général, les bourgeons et les fleurs endommagés par les fourmis tombent prématurément, et le nombre de fleurs disponibles pour les pollinisateurs s’en trouve réduit d’autant. Les fourmis peuvent occasionnellement endommager jusqu’à 90 p. 100 des bourgeons (R. Snell, obs. pers). En général, toutefois, elles consomment au plus 30 p. 100 des fleurs disponibles, et la proportion de fleurs détruites par les fourmis n’a eu aucun effet sur la production finale de fruits (Snell, 2004). Les fourmis peuvent être attirées vers les plants de yucca glauque par la présence de pucerons, mais elles sont également présentes sur les plants non infestés par ces insectes. Lorsqu’une fourmi rencontre un insecte autre qu’un puceron sur un plant de yucca glauque, elle peut soit le déranger pour qu’il s’en aille, soit s’en saisir pour le dévorer (Snell, 2004). Bien que les fourmis aient dérangé les teignes du yucca et ainsi réduit le nombre de pontes par fleurs, elles n’ont eu aucun effet sur la rétention des fruits par les plants de yucca (Snell, 2004). Dans le cas de la fausse-teigne à cinq points du yucca, les fourmis ont également empêché les femelles de pondre et réduit de façon significative le nombre de pontes et de chenilles par hampe florale (Snell, 2004).

Les nitidules (Nitidulidés) se nourrissent occasionnellement sur les bourgeons, les fleurs et les fruits en développement du yucca (Davis, 1967; Udovic, 1986; Bronstein et Ziv, 1997; Huth et Pellmyr, 1997). Les fleurs et les bourgeons endommagés par les nitidules risquent davantage d’avorter que ceux qui ne le sont pas (Udovic, 1986; Huth et Pellmyr, 1997), et le nombre de fleurs disponibles pour la teigne du yucca s’en trouve ainsi réduit d’autant. Les nitidules peuvent endommager entre 15 et 45 p. 100 des fleurs, mais ils causent des dommages encore plus importants lorsqu’ils se nourrissent à l’intérieur des fruits (Bronstein et Ziv, 1997).

Les facteurs limitatifs anthropiques se rapportent tous à des problèmes qui menacent le yucca glauque. Les renseignements présentés ci-après sont tirés du Rapport de situation du COSEPAC sur le Tegeticula yuccasella (COSEPAC, 2002).

Dans de nombreuses régions du Montana, le yucca ne se rencontre plus que dans des terres non arables (D. Hurlburt, comm. pers.). À l’heure actuelle, si l’on fait abstraction du pâturage, l’agriculture ne représente pas une menace imminente ni pour le yucca glauque ni pour la teigne du yucca en Alberta. La situation pourrait cependant changer en cas d’intensification de l’activité agricole.

Dans les deux sites albertains, le yucca glauque et la teigne du yucca doivent coexister avec le bétail et subissent les effets des pratiques de pâturage courantes. Heureusement, la plupart des plants de yucca poussent sur des pentes abruptes et rocheuses peu fréquentées par le bétail. En revanche, à Onefour, les plants qui se trouvent sur le sommet des pentes et en terrain plat sont beaucoup plus vulnérables, et la plupart des fleurs et des fruits ont été mangés par le bétail en 2001. Dans le passé, les responsables de la Sous-station de recherches de Onefour n’ont pas laissé le bétail paître dans le peuplement de yucca glauque pendant la floraison et la fructification. Toutefois, durant les périodes de sécheresse, comme celle de 2001, elles ne peuvent se permettre ce luxe, car la nourriture pour le bétail se fait rare (I. Walker, comm. pers.).Dans diverses populations de yucca du sud-ouest des États-Unis, les hampes en fleur sont régulièrement détruites par le bétail (J. Addicott, comm. pers.). Il est donc possible, mais peu probable, que le pâturage puisse devenir une menace sérieuse en Alberta.

On estime qu’en Alberta, les deux tiers des prairies originales ont été convertis en terres cultivées (Samson et Knopf, 1994). Heureusement, la plupart des secteurs occupés par le yucca glauque et son pollinisateur se prêtent difficilement à l’exploitation agricole et ne sont actuellement pas menacés par ce genre d’activité. Au Montana, la culture en bandes et l’irrigation se pratiquent couramment dans les terres adjacentes aux coulées habitées par le yucca glauque, et rien ne permet de supposer que les terrains plats adjacents aux peuplements de yucca glauque ne seront jamais l’objet de telles pratiques en Alberta. Au cours des vingt-cinq dernières années, le yucca glauque a envahi les terrains plats s’étendant au nord de la population originale (Csotonyi et Hurlburt, 1999), mais cette expansion est directement menacée par les pratiques d’agriculture intensive.

À l’heure actuelle, l’application d’herbicides contre les mauvaises herbes s’effectue seulement de façon ponctuelle à proximité du site de Onefour. Toutefois, l’utilisation généralisée d’herbicides et d’insecticides pourrait induire une mortalité et réduire le succès de la reproduction chez le yucca glauque et son pollinisateur. À l’échelle des Grandes Plaines, le labourage et l’application de Round-up entraînent régulièrement la destruction de nombreux plants de yucca glauque (D. Hurlburt, comm. pers.). Au Montana, les plants de yucca glauque qui poussent sur les bords de route traités contre les mauvaises herbes reçoivent généralement moins d’œufs et produisent moins de fruits (D. Hurlburt, comm. pers.).

Étant donné que le yucca et la teigne du yucca ont tous deux été inscrits à l’annexe 1 de la Loisur les espèces en péril du gouvernement fédéral, des mesures sont prises pour protéger ces espèces et leur habitat. Par conséquent, le broutage du bétail, la culture des terrains plats qui jouxtent immédiatement la colonie de yucca ou l’utilisation de pesticides pour éliminer les plants de yucca ne seront sans doute plus permis. Ainsi, de telles menaces ne pèseront plus sur ces deux espèces, ni sur la fausse-teigne à cinq points du yucca.

Les deux sites albertains qui abritent une population de yucca glauque sont bien connus et directement accessibles par la route. Ils sont donc visités tous les jours en été et en automne par des naturalistes, des chasseurs, des éleveurs, des patrouilleurs frontaliers et des archéologues. Dans les deux sites, des plants ont été détruits par des véhicules tout terrain. On a même vu un conducteur écraser délibérément des plants de yucca glauque à Onefour (D. Hurlburt, comm. pers.). Il convient de noter que les jeunes plants de yucca glauque sont plus susceptibles de pousser dans le sol perturbé des routes qu’ailleurs. Il est rare, cependant, que ces jeunes plants survivent à leur première saison de croissance (D. Hurlburt, comm. pers). Les véhicules tout terrain ont également détruit les croûtes de terre et accéléré l’érosion (D. Hurlburt, comm. pers.). Un effort accru de concertation s’impose pour sensibiliser le public à ce problème.

Dans le sud de l’Alberta, de nombreux jardins contiennent des plants de yucca glauque issus des populations de Onefour et de Pinhorn (Hurlburt, 2001). Un jardin d’un ranch de la région contient plus d’une douzaine de plants, tous issus de la population en déclin de Pinhorn (D. Hurlburt, pers. comm.). Aucune marque de ponte ni aucun signe de pollinisation par la teigne du yucca n’ont été observés sur les sujets transplantés (Hurlburt, 2001). Bien qu’elle ne soit pas souhaitable, la transplantation de plants ne devrait pas avoir d’incidence sur les populations de la plante hôte et de son pollinisateur. Lorsqu’un plant est transplanté, il arrive souvent qu’une partie de ses racines demeurent dans le sol et produisent de nouvelles pousses au cours des années subséquentes.

D’autres espèces de yuccas (p. ex. Yucca elaphantipes , Y. filamentosa) sont offertes par les pépiniéristes et cultivées dans des jardins privés en divers endroits du Canada. La présence de marques de ponte, de fruits ou de teignes parmi les fleurs de ces plants n’a jamais été mentionnée dans la littérature. Même s’il se peut que ces petits plants isolés (indigènes ou non) soient visités par la teigne du yucca, il est peu probable qu’ils puissent soutenir des populations importantes ou persistantes de ce papillon. La fécondation des fleurs de yucca nécessite généralement plusieurs visites par des teignes (D. Hurlburt, 2004) et, chez la plupart des espèces et des populations, s’effectue par pollinisation croisée. En outre, les espèces de yuccas offertes sur le marché ne sont pas nécessairement pollinisées par le T. yuccasella.

Au Canada, on a constaté un intérêt pour la collecte de graines de yucca glauque aux fins de la production de matériel de pépinière et la collecte de racines et de pétales à des fins médicinales. La production de fruits est extrêmement faible certaines années, et la récolte de graines pourrait menacer la viabilité des populations albertaines. L’importance relative, pour le maintien des populations du yucca glauque, des rares années de bonne fructification par rapport aux années de faible fructification, plus nombreuses, demeure à évaluer. Les populations albertaines ne feront jamais l’objet d’une exploitation commerciale à grande échelle du fait de leur petite taille, mais elles pourraient être menacées par des récoltes plus restreintes effectuées par des particuliers.

La fausse-teigne à cinq points du yucca est un élément d’un écosystème unique et en voie de disparition au Canada qui inclut le yucca glauque et les espèces de teignes qui en dépendent. Elle pourrait servir d’espèce indicatrice de l’état du système parce que sa survie dépend de la présence du yucca glauque et de la teigne du yucca, alors que l’inverse n’est pas vrai. Dès lors, le déclin du yucca glauque ou de la teigne du yucca pourrait être précédé d’un déclin de la fausse-teigne. Cette hypothèse pourrait expliquer ce qui s’est peut-être produit à Pinhorn, à supposer que la fausse-teigne y ait déjà été présente; le déclin du yucca glauque et de la teigne du yucca pourrait entraîner la disparition de la fausse-teigne à cinq points du yucca.

Par ailleurs, si l’utilisation de la teigne du yucca ou de la fausse-teigne à cinq points du yucca par les peuples autochtones n’a jamais été mentionnée, il convient de noter que certaines tribus ont utilisé couramment son hôte, le yucca glauque, dans les portions plus méridionales de l’aire de l’espèce, de même que de nombreuses autres espèces de yuccas pour fabriquer des aliments, des boissons, des détergents, des remèdes, des vêtements et divers objets d’usage courant (Webber, 1953). Les Pieds-Noirs, en Alberta et au Montana, ont probablement utilisé le yucca glauque aux mêmes fins (Johnston, 1987). Bien qu’il existe des mentions de l’utilisation du yucca glauque dans d’autres parties de l’aire, aucune trace d’utilisation ni aucun objet façonné contenant des fibres de yucca glauque n’ont été trouvés en Alberta (COSEPAC, 2002).

La plante hôte de la fausse-teigne à cinq points du yucca, le yucca glauque (Yucca glauca), a d’abord été désignée « espèce préoccupante » par le COSEPAC en 1985. Le COSEPAC a élevé le statut du yucca glauque à « espèce menacée » en 2000, en considération du fait qu’il est présent dans seulement deux sites dans le sud-ouest de l’Alberta et que sa pollinisation est assurée exclusivement par un papillon très spécialisé. Le COSEPAC a inscrit la teigne du yucca (Tegeticula yuccasella) sur la liste des espèces en voie de disparition, se fondant sur le fait qu’une population a peut-être disparu récemment (COSEPAC, 2002) et que la seule population encore existante est confinée à une petite région isolée. En Alberta, le yucca glauque et la teigne du yucca sont inscrits sur la liste provinciale des espèces en voie de disparition. Un plan de rétablissement est presque achevé pour ces deux espèces (J. Chandler, comm. pers.), et la mise en œuvre des mesures de rétablissement est prévue pour le début de l’an 2006. Le yucca glauque est considéré comme une plante exotique en Saskatchewan. Au Canada, même si la fausse-teigne à cinq points du yucca ne bénéficie présentement d’aucune protection officielle, elle profitera directement de toutes les mesures axées sur la protection, la gestion ou le rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca.

À l’échelle mondiale, le yucca glauque est classé G5 (non en péril, commun et largement répandu), et la teigne du yucca, G4 (apparemment non en péril, peu commun, mais non rare) (NatureServe 2004). La situation de la fausse-teigne à cinq points du yucca n’a pas encore été évaluée par l’Alberta, et ni le Groupe de travail national sur la situation générale des espèces au Canada ni NatureServe n’ont encore attribué une cote au papillon (2004).

Prodoxus quinquepunctellus

Fausse-teigne à cinq points du yucca

Five-spotted Bogus Yucca Moth

Répartition au Canada : Alberta

Information sur la répartition

· Superficie de la zone d’occurrence (km2) au Canada < 2 km2

· Préciser la tendance (en déclin, stable, en expansion, inconnue). Actuellement stable, mais pourrait avoir connu un déclin par le passé.

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence (ordre de grandeur > 1)? Non

· Superficie de la zone d’occupation (km2) < 1 km2

· Préciser la tendance (en déclin, stable, en expansion, inconnue). Actuellement stable, mais pourrait avoir connu un déclin par le passé.

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation (ordre de grandeur > 1)? Non

· Nombre d’emplacements actuels connus ou inférés. 1

· Préciser la tendance du nombre d’emplacements (en déclin, stable, en croissance, inconnue). Une population pourrait avoir disparu du pays récemment.

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements (ordre de grandeur > 1)? Non

· Tendance de l’habitat : préciser la tendance de l’aire, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat (en déclin, stable, en croissance ou inconnue). Stable

Information sur la population

· Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population : indiquer en années, en mois, en jours, etc.). De 1 à 6+ années

· Nombre d’individus matures (reproducteurs) au Canada (ou préciser une gamme de valeurs plausibles).De quelques centaines à quelques milliers selon le nombre d’inflorescences et la production de fruits.

· Tendance de la population quant au nombre d’individus matures en déclin, stable, en croissance ou inconnue. Inconnue

· S’il y a déclin, % du déclin au cours des dernières/prochaines dix années ou trois générations, selon la plus élevée des deux valeurs (ou préciser s’il s’agit d’une période plus courte). s.o.

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures (ordre de grandeur > 1)? Très probablement, selon l’incidence élevée d’herbivorie par les ongulés certaines années.

· La population totale est-elle très fragmentée (la plupart des individus se trouvent dans de petites populations, relativement isolées [géographiquement ou autrement] entre lesquelles il y a peu d’échanges, c.-à-d. migration réussie de < 1 individu/année)? Non

· Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, en croissance, inconnue). Inconnue – une population pourrait avoir disparu du pays récemment.

· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations (ordre de grandeur > 1)? Non

· Énumérer les populations et donner le nombre d’individus matures dans chacune.
Population de Lost River, Onefour, Alb.

De quelques centaines à quelques milliers d’adultes.

Le recrutement varie chaque année selon l’intensité de la floraison et la production de fruits.

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

- L’herbivorie de fleurs et de hampes de yucca glauque

- La diminution de la population pollinisatrice viable de la teigne du yucca

- La circulation hors route

- L’utilisation du yucca glauque à des fins horticoles et médicinales

Effet d’une immigration de source externe

· Statut ou situation des populations de l’extérieur? États-Unis : probablement stable et protégée

· Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Impossible puisque la population la plus proche du papillon est située à 200 km, trop loin pour une immigration naturelle.

· Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Qui

· Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Oui, pourvu que l’herbivorie par les ongulés soit limitée et qu’une population viable de teignes du yucca survive.

· La possibilité d’une immigration de populations externes existe-t-elle? Non

Analyse quantitative : Données insuffisantes

Statut existant

COSEPAC : En voie de disparition (2006)

Statut et justification de la désignation

Statut : En voie de disparition

Code alphanumérique : B1ac(iv)+2ac(iv)

Justification de la désignation :

Ce papillon nocturne hautement spécialisé existe au Canada dans une seule population qui se trouve dans une aire très petite et restreinte, isolée de l’aire de répartition principale de l’espèce aux États-Unis. L’espèce est entièrement dépendante de la relation mutualiste obligatoire entre sa plante hôte (le yucca glauque) et le pollinisateur de celle-ci (la teigne du yucca), les deux étant à un niveau de risque élevé. L’espèce est menacée par le haut taux d’herbivorie des ongulés sauvages, lequel, au cours de certaines années, réduit considérablement le recrutement du papillon, de sa plante hôte et du pollinisateur de celle-ci. L’espèce est également menacée par les véhicules tout-terrains qui détruisent la plante hôte.

Applicabilité des critères

Critère A (Population globale en déclin) : s.o.

Critère B (Petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) :

La zone d’occurrence est moins de 5 000 km2 (moins de 2 km2) – B1

La zone d’occupation est moins de 500 km2 (moins de 1 km2) – B2

La population n’est pas très fragmentée, mais sa présence est connue en moins de 5 emplacements (1) – (a)

Il n’y a pas de preuve de déclin continu, mais la population subit des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures, selon le pâturage des inflorescences – (c)(iv)

Critère C (Petite population globale et déclin) : s.o.

Critère D (Très petite population ou aire de répartition limitée) :

Correspond au critère de la catégorie « menacée », D1 – le nombre d’individus matures est moins de 1 000 (environ 510)

Correspond au critère de la catégorie « menacée », D2 – la population a une zone d’occupation très limitée (moins de 1 km2) et un petit nombre d’emplacements (1), de sorte que le papillon est sensible aux effets des activités de l’être humain et des phénomènes stochastiques.

Critère E (Analyse quantitative) : s.o., aucune donnée.

Mme Donna Hurlburt (Ph. D.) a rédigé le rapport de situation initial sur le Tegeticula yuccasella pour le comité sur les espèces en péril de l’Alberta ainsi que le rapport de situation subséquent du COSEPAC. Puisque plusieurs sections du présent rapport ont été tirées du rapport de situation du COSEPAC sur le T. yuccasella, la rédactrice, Rebbecca Snell, remercie Mme Hurlburt d’avoir rédigé ces sections. Rebecca Snell remercie également le ministère d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, ainsi que son personnel et leurs familles à la Sous-station de recherches de Onefour qui ont fourni un soutien logistique et de l’hébergement pendant les saisons sur le terrain. Jackie Bochek (Nanaimo, Colombie-Britannique), Kristen Foreman (University of Calgary, Alberta), Erin Smith (University of Alberta), Mandi Walker (Sous-station de recherches de Onefour) et Noah Nimelman (Toronto, Ontario) ont prêté assistance dans la collecte de données. Theresa Fowler a fourni un soutien et une aide précieuse dans la préparation du présent rapport; elle en a aussi effectué la révision.

Le financement pour le présent rapport a été fourni par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada. Les travaux sur le terrain ont été financés en partie par les subventions en biodiversité de l’ACA (avec l’appui de l’Alberta Conservation Association). Un soutien financier additionnel a été fourni par le truchement d’unebourse d’études supérieures du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie attribuée àRebecca Snell et d’un fonds de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie octroyé à M. John Addicott (Ph. D.) (Department of Biological Sciences, University of Calgary).

Achuff, P.L. Botaniste national, Direction de l’intégrité écologique, Parcs Canada, parc national des Lacs-Waterton, Waterton Park (Alberta) T0K 2M0.

Addicott, J.F. Professeur, Department of Biological Sciences, 2500 University Drive NW, University of Calgary, Calgary (Alberta) T2N 1N4.

Chandler, J. Wildlife Technician, Alberta Fish and Wildlife, Southeast Region, Medicine Hat Office, salle 301, Provincial Building 346 - 3rd St. S.E., Medicine Hat (Alberta) T1A 0G7.

Court, G. Provincial Wildlife Status Biologist, Fish and Wildlife Division, SRD. 2nd Floor, Great West Life Building, 9920-108 Street, Edmonton (Alberta) T5K 2M4.

Foreman, K. Junior Level Biologist, Alberta Fish and Wildlife, gouvernement de l’Alberta, Medicine Hat (Alberta).

Gould, J. Botaniste, Alberta Natural Heritage Information Centre, Alberta Community Development, 2nd Floor, Oxbridge Place 9820 – 106 Street, Edmonton (Alberta) T5K 2J6.

Goulet, G.Coordonnatrice des connaissances traditionnelles autochtones, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Environnement Canada, Ottawa (Ontario) K1A 0H3.

Hurlburt, D. Biologiste, RR # 2, 3619, chemin Granville, Granville Ferry (Nouvelle-Écosse) B0S 1K0.

Landry, J-F. Chercheur scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Ottawa (Ontario) K1A 0C6.

Nicholson, J. Non-Game Biologist, Alberta Fish and WIldlife. Southeast Region, Medicine Hat Office, Room 301, Provincial Building, 346 - 3rd St. S.E., Medicine Hat (Alberta) T1A 0G7.

Quinlan, R. Regional Non-game and Endangered Species Biologist, Sustainable Resource Development, Fish and Wildlife Service, Prairie Region, 2nd Floor, YPM Place 530 - 8 Street South, Lethbridge (Alberta) T1J 2J8.

Walker, I. Gestionnaire de la Sous-station de recherches de Onefour. Agriculture et Agroalimentaire Canada, Onefour (Alberta) T0K 1R0.

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Rebecca Snell a obtenu son baccalauréat en biologie et en sciences informatiques de la Queen’s University en 2001. Elle a poursuivi ses études à la University of Calgary sous la supervision de M. John Addicott (Ph. D.). Ses travaux de maîtrise étaient concentrés sur le mutualisme du papillon nocturne et du yucca dans un contexte plus vaste des communautés. En plus du yucca glauque et de la teigne de yucca pollinisatrice, ses études englobaient la fausse-teigne à cinq points du yucca, la teigne tricheuse du yucca, les fourmis et les aphidés. Tous les travaux ont été effectués au sein des populations septentrionales de yucca glauque et ne touchaient que la population canadienne de la fausse-teigne à cinq points du yucca. Mme Snell a obtenu sa maîtrise en écologie en mai 2004.

Collection de recherche du Centre de foresterie du Nord, 5320 - 122nd Street, Edmonton (Alberta) T6H 3S5.

Collection du laboratoire de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, 5403 - 1st Avenue, P.O. Box 3000, Lethbridge (Alberta) T1J 4B1.

Collection nationale canadienne d'insectes, arachnides et nématodes, Centre de recherches de l'Est sur les céréales et oléagineux, édifice K. W. Neatby, Ottawa (Ontario) K1A 0C6.

E.H. Strickland Entomological Museum, University of Alberta, CW405a Biological Sciences Centre, Edmonton (Alberta) T6G 2E9.

Sommaire des données se rattachant aux spécimens canadiens de Prodoxus quinquepunctellus
Lignée Pays Province Localité Date Nombre Collection-neur Collection
quinque-punctellus Canada Alb. Vallée de la riv. Lost, 1 km N de la frontière du Montana 28-06-2001 16 Pohl, Macaulay et Machney NFRC
quinque-punctellus Canada Alb. Lost River 09-07-1950 3 A. Hewitt AGRL
quinque-punctellus Canada Alb. Onefour 09-07-1950 13 K. Bowman? UASM
quinque-punctellus Canada Alb. Onefour 09-07-1950 7 R.H. Strickland CNC
quinque-punctellus Canada Alb. Onefour 04-07-1950 1 K. Bowman? UASM
quinque-punctellus Canada Alb. Onefour 02-07-1950 3 K. Bowman? UASM
quinque-punctellus Canada Alb. Onefour 28-06-1950 1 K. Bowman? UASM
decipiens Canada Ont. Vineland 1935-36 20 W.L. Putnam CNC

NFRC – Station de recherche du Centre de foresterie du Nord

AGRL – Collection du laboratoire de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada

UASM – University of Alberta Strickland Museum

CNC – Collection nationale canadienne d’insectes, arachnides et nématodes, Agriculture et Agroalimentaire Canada.

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