Baleine à bec de Sowerby (Mesoplodon bidens) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4
Répartition
Aire de répartition mondiale
L’aire de répartition des baleines à bec de Sowerby est limitée à l’Atlantique Nord (figure 2), où elle est considérée comme la plus septentrionale des espèces du genre Mesoplodon (MacLeod, 2000). La répartition des baleines à bec de Sowerby est plutôt méconnue. Les observations confirmées en mer sont rares parce que l’espèce est difficile à distinguer des autres baleines à bec (plus particulièrement des espèces sympatriques du genre Mesoplodon), qu’elle semble préférer les eaux profondes du large et qu’elle adopte un comportement évasif (Mead, 2002). Les données sur la répartition de l’espèce reposent sur quelques échouages et des observations opportunistes (MacLeod et al., 2006). Le recours aux données sur les échouages pour déterminer l’aire de répartition des espèces pélagiques comporte des limites. En effet, avant de s’échouer sur le rivage, une carcasse peut être transportée sur une longue distance par le vent et les courants (Mead, 1989). Dans la présente section, seuls les signalements propres à l’espèce ont été pris en considération, mais des « baleines à bec non identifiées » et des baleines du genre Mesoplodon ont été observées à plusieurs endroits, notamment au large de l’Islande (Sigurjónsson et al., 1991), au nord-est des États-Unis (Kenney et Winn, 1986), sur le talus du plateau néo-écossais (Wimmer, 2003) et dans le détroit de Davis (Whitehead, comm. pers., 2004).
On pense que les baleines à bec de Sowerby, comme les autres baleines à bec, préfèrent les eaux profondes des failles du plateau continental et de la haute mer, et qu’elles ne fréquentent qu’occasionnellement les eaux côtières (Kenney et Winn, 1986; Kenney et Winn, 1987; Lien et Barry, 1990). Dans l’est de l’Atlantique Nord, l’aire de répartition des baleines à bec de Sowerby s’étend depuis la mer de Norvège (Carlström et al., 1997) et les eaux au large de l’Islande et des îles Britanniques (Lien et Barry, 1990; Sigurjónsson et al., 1989; Weir et al., 2001) jusqu’à Madère et aux Açores (MacLeod, 2000). Le nombre plus élevé d’échouages dans l’est de l’Atlantique Nord peut indiquer que l’espèce y est plus abondante que dans l’ouest (Lien et Barry, 1990; Moore, 1966). Les échouages et les observations dans l’ouest de l’Atlantique Nord (tableau 1) donnent à penser que l’espèce est présente au large de Terre-Neuve et du Labrador (Lien et Barry, 1990), de la Nouvelle-Écosse (Hooker et Baird, 1999) et de la côte nord-est des États-Unis (Lien et Barry, 1990; MacLeod, 2000). Une baleine s’est récemment échouée sur l’île St. Catherine, en Géorgie (Tech Times, 2004), et une autre, dans le golfe du Mexique. Cette dernière est cependant considérée comme en dehors des limites de l’aire de répartition de l’espèce (Bonde et Oshea, 1989).
Il n’y a aucune donnée sur les déplacements annuels ni sur la fidélité à un site chez la baleine à bec de Sowerby.
Aire de répartition canadienne
La limite septentrionale des observations ou des échouages confirmés de baleines à bec de Sowerby dans les eaux canadiennes est la baie Notre Dame, à Terre-Neuve (Lien et Barry, 1990; tableau 1; figure 2), mais il est possible que l’espèce vive encore plus au nord. Les mésoplodons observés dans le détroit de Davis (60º 07´ N, 60º 34´ O) pendant l’été 2003 (Whitehead, comm. pers., 2004) étaient probablement des baleines à bec de Sowerby. Des baleines à bec de Sowerby ayant été observées dans les eaux américaines (Lien et Barry, 1990), on peut considérer que la limite méridionale canadienne est la ligne de démarcation de La Haye. Vu la préférence apparente de l’espèce pour les eaux profondes du large, l’aire de répartition canadienne s’étend probablement jusqu’à la limite de la zone exclusive économique du Canada et au-delà. Toutes les baleines échouées et vivantes ont été observées l’été, ce qui ne signifie pas que ces baleines sont absentes des eaux canadiennes le restant de l’année, mais plutôt que, pendant les autres saisons, les conditions d’observation sont mauvaises, et les activités de recherche, insuffisantes. Toutefois, lors de deux relevés aériens automnaux de cétacés, réalisés en 2002 et 2003 (d’une portée limitée et menés principalement près de la côte; G. Stenson, comm. pers., 2006), aucune baleine à bec, de Sowerby ou autre, n’a été observée (Lawson, comm. pers., 2004). Les baleines à bec de Sowerby sont peut-être assez répandues dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, mais les détails de cette répartition (p. ex. la proportion de l’aire se trouvant au Canada, les discontinuités ou les changements temporels) sont inconnus.
Date | Emplacement | Détails | Source |
---|---|---|---|
25 août 1952 | Chapel Arm, baie de la Trinité, Terre-Neuve (47° 45’ N, 53° 52’ O) |
Animal échoué 472 cm, mâle |
Sergeant et Fisher, 1957 |
23 septembre 1953 | Wild Bight, baie Notre Dame, Terre-Neuve (49° 40’ N, 55° 50’ O) |
Animal vivant harponné 427 cm, femelle immature |
Sergeant et Fisher, 1957 |
Septembre 1973 | Labrador, baie Notre Dame (54°10’ N, 58° 35’ O) |
Animal échoué Partie d’une femelle |
Lien et Barry, 1990 |
24 juillet 1984 | Manuels, baie de la Conception, Terre-Neuve (47° 35’ N, 53° 15’ O) |
Animal emmêlé dans un filet | Dix et al., 1986 |
26 juillet 1984 | Port de Grave, baie de la Conception, Terre-Neuve (47° 35’ N, 53° 15’ O) |
Animal échoué (probablement l’animal emmêlé du 24 juillet 1984) 410 cm, mâle |
Dix et al., 1986 |
1985 | Embouchure de la baie de Fundy | Observation Identification non confirmée |
McAlpine et Rae, 1999 |
30 août 1986 | Carmenville, Terre-Neuve (49° 07’ N, 54° 18’ O) |
Échouage massif 6 animaux, 3 examinés 495 cm, mâle 485 cm, mâle 495 cm, mâle |
Lien et al., 1990 |
18 septembre 1987 | Norris Arm, baie des Exploits, Terre-Neuve (49° 07’, 55º 15’ O) |
Échouage massif 3 animaux, 1 examiné 362 cm, femelle |
Lien et al., 1990 |
28 septembre 1993 | Comté de Kent, Nouveau-Brunswick (46° 27’ N, 64° 38’ O) |
Animal échoué Identification non confirmée 480 cm, femelle |
McAlpine et Rae, 1999 |
20 juin 1997 | Île de Sable, Nouvelle-Écosse | Animal échoué Femelle |
Lucas et Hooker, 2000 |
8 juillet 1997 | Le Goulet, Nouvelle-Écosse (43° 49,4’ N, 58° 57,6’ O) |
Observation De 8 à 10 animaux |
Hooker et Baird, 1999 |
8 juillet 1997 | Le Goulet, Nouvelle-Écosse (43° 54,6’ N, 58° 59,1’ O) |
Observation Au moins 3 animaux |
Hooker et Baird, 1999 |
17 août 1998 | Le Goulet, Nouvelle-Écosse (43° 45,9’ N, 58° 57,4’ O) |
Observation 3 animaux |
Hooker et Baird, 1999 |
20 août 1998 | Le Goulet, Nouvelle-Écosse (43° 50,5’ N, 58° 59,4’ O) |
Observation 4 ou 5 animaux |
Hooker et Baird, 1999 |
Juillet 2003 | Port Albert, baie Notre Dame, Terre-Neuve | Animal échoué 490 cm, femelle |
Wayne Ledwell, comm. pers., 2006 |
29 août 2003 | Le Goulet, Nouvelle-Écosse (43° 53’ N, 58° 57’ O) |
Observation 1 mâle |
Whitehead, comm. pers., 2004 |
Novembre 2003 | Boyds Cove, baie Notre Dame, Terre-Neuve | Animal échoué 466 cm, mâle |
Wayne Ledwell, comm. pers., 2006 |
15 juin 2004 | Western Bay, baie de la Conception, Terre-Neuve (47º 53,25’ N, 53º 04,93’ O) |
Animal échoué 479 cm, femelle |
Lawson, comm. pers., 2004; Wayne Ledwel, comm. pers., 2006 |
Des baleines échouées ou vivantes ont été observées au large de Terre-Neuve et du Labrador (tableau 1). Plusieurs échouages ont été signalés à Terre-Neuve dans les années 1980 (Lien et Barry, 1990). Les signalements sont moins nombreux depuis 1988, mais deux échouages se sont produits récemment (tableau 1).
Les mentions de baleines à bec de Sowerby sont moins courantes au large de la Nouvelle-Écosse (tableau 1). Des baleines à bec de Sowerby ont été observées dans le Goulet, grand canyon sous-marin situé à 150 km au large, sur la bordure du plateau néo-écossais (Hooker et Baird, 1999; Whitehead, comm. pers., 2004). La seule baleine échouée à être enregistrée en Nouvelle-Écosse a été observée sur l’île de Sable, près du Goulet (Lucas et Hooker, 2000). Une seule observation non confirmée d’une baleine à bec de Sowerby dans la baie de Fundy (McAlpine et Rae, 1999; tableau 1) a été signalée, ce qui suggère que l’espèce y est probablement rare, étant donné les activités d’observation et de recherche relativement importantes dans le secteur.
Une baleine échouée a été observée dans le golfe du Saint-Laurent (côte du Nouveau-Brunswick), mais on considère que l’animal n’a pas été identifié avec certitude (McAlpine et Rae, 1999; McAlpine, comm. pers., 2004). Aucune observation ni échouage n’ont été enregistrés au Québec (Measures, comm. pers., 2004), à l’Île-du-Prince-Édouard (Daoust, comm. pers., 2004) ou le long des côtes du golfe du Saint-Laurent à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse (Lien et Barry, 1990).
Vu l’absence de données pouvant suggérer une structure démographique dans les eaux canadiennes, une seule unité désignable est reconnue.
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