Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Râle jaune (Coturnicops noveboracensis) au Canada 2001


Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

Nota : Toute personne souhaitant citer l'information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et citer l'auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l'évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l'évolution du rapport de situation sont requis.

COSEPAC. 2001 . Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Râle jaune (Coturnicops noveboracensis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 69 p. (Rapports de situation du Registre public des espèces en péril)

Alvo, R., et M.Robert. 1999. Rapport de situation du COSEPAC sur le Râle jaune (Coturnicops noveboracensis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages 1-69.

Note de production :
Veuillez remarquer que le statut proposé à la section « Évaluation et statut proposé » du rapport peut différer de la dernière désignation assignée à l’espèce par le COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel : COSEWIC/COSEPAC@ec.gc.ca
Site Web : http://www.cosepac.gc.ca

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Yellow Rail Coturnicops noveboracensis in Canada.

Illustration de la couverture :
Râle jaune - J. Cosby, Les oiseaux du Canada, par W. Earl Godfrey, Musée national des sciences naturelles, Musées nationaux du Canada, Ottawa (Ontario).

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2004
No de catalogue : CW69-14/408-2004F-PDF
ISBN : 0-662-78678-5
HTML : CW69-14/408-2004F-HTML
ISBN 0-662-78679-3

Sommaire de l'évaluation – Novembre 2001

Nom commun :

Râle jaune

Nom scientifique :
Coturnicops Noveboracensis

Statut :
Espèce préoccupante

Justification de la désignation :
Population relativement petite, en déclin à cause de pertes continues d'habitats, notamment dans ses aires d'hivernage. Le déclin poursuivi pourrait ne pas être décelé en raison de la nature discrète de cette espèce.

Répartition :
Territoires du Nord-Ouest, Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick

Historique du statut :
Espèce désignée « préoccupante » en avril 1999. Réexamen et confirmation de son statut en novembre 2001. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation existant.

Le Râle jaune (Coturnicops noveboracensis) ressemble à un poussin d’une semaine. Sa petite taille, son plumage chamois marqué de noir et de blanc, sa queue très courte, son sourcil clair et son petit bec font penser à une caille, d’où le nom du genre, Coturnicops, qui signifie « qui a l’apparence d’une caille ». Il s’agit d’un des plus petits râles au monde, avec une masse de 60 g seulement (les femelles sont un peu moins lourdes) et une longueur de 15 à 19 cm (soit un peu plus que le Moineau domestique [Passer domesticus]). Le bout des rémiges secondaires est blanc, et on peut apercevoir une tache blanche sur l’aile lorsque l’oiseau vole. Comme chez tous les râles, le corps est comprimé latéralement et les longs doigts permettent à l’oiseau de se déplacer facilement dans la végétation aquatique.

On confond parfois le Râle jaune, jeune ou adulte, avec la Marouette de Caroline (Porzana carolina), leurs aires de reproduction se chevauchant largement au Canada. La Marouette adulte a toutefois la face et la gorge noires, et la poitrine grise. Chez cette dernière espèce, les adultes et les jeunes ont en outre le dos orné de rayures longitudinales, alors que chez le Râle jaune, ces rayures sont transversales. L’absence de tache blanche sur l’aile de la Marouette de Caroline jeune ou adulte constitue également un excellent moyen de distinguer les deux espèces en vol.

Sauf dans une très petite région du Mexique, où nicheraient quelques oiseaux, le Râle jaune se reproduit exclusivement au Canada et dans le nord des États-Unis. Il hiverne aux États-Unis, près de la côte est, depuis la Caroline du Nord jusque dans l’est du Texas. Ses sites de nidification, mal connus, seraient très localisés et disjoints.

Selon les auteurs, quelques milliers de couples nicheraient dans la région de la baie d’Hudson et de la baie James, et environ 2 000 autres ailleurs au Canada. Entre 600 et 750 couples nicheraient aux États-Unis. L’habitat a diminué dans toute l’aire de reproduction du Sud, et il diminue encore aujourd’hui, quoique à un rythme plus lent. Il pourrait aussi rétrécir dans certains secteurs de la région de la baie d’Hudson et de la baie James à cause des ravages causés par l’Oie des neiges (Chen caerulescens). Les aires d’hivernage, de taille relativement réduite, diminuent elles aussi.

Le Râle jaune niche habituellement dans les marais où dominent les Cypéracées, les Graminées et les Joncacées, où il y a peu ou pas d’eau dormante (en général 0 à 12 cm de profondeur), et dont le sol reste saturé pendant tout l’été. On peut le trouver dans les champs et les prés humides, dans la plaine inondable des rivières et des ruisseaux, dans l’herbaçaie des tourbières, et à l’étage supérieur (plus sec) des marais estuariens et salés. Dans les habitats de nidification, on trouve habituellement un tapis sec formé de la végétation morte des années précédentes. Ce râle utilise une plus grande variété d’habitats pendant la migration et l’hivernage que pendant la saison de reproduction. En hiver, il habite les marais côtiers et les rizières.

Les Râles jaunes commencent vraisemblablement à se reproduire à l’âge d’un an, et les couples se forment sans doute dans les aires de nidification. Les mâles semblent pouvoir s’accoupler successivement avec deux ou plusieurs femelles, du moins en captivité. Lorsque plusieurs couples se reproduisent dans le même marais, les zones d’activité des nicheurs se chevauchent en partie.

Les femelles n’ont qu’une seule couvée par année, mais peuvent refaire un nid si la première nichée ne survit pas. Mâles et femelles collaborent à la première étape de la construction du nid, en grattant grossièrement un creux dans la végétation. Le nid est en général aménagé sur le sol, ou quelques centimètres au-dessus, et est habituellement camouflé par un couvert de végétation morte. Les œufs, au nombre de 7 à 10, sont pondus au rythme d’un par jour. Dès la ponte terminée, la femelle couve les œufs seule jusqu’à leur éclosion, 17 ou 18 jours plus tard. L’éclosion est synchrone et, après quelques heures, les jeunes, semi-précoces, peuvent déjà se tenir sur leurs pattes. Le succès d’éclosion est en général très élevé. Deux jours après l’éclosion, toute la couvée suit la mère dans ses déplacements hors du nid. Les jeunes commencent à se nourrir eux-mêmes dès l’âge de 5 jours, ne sont plus couvés trois semaines après leur naissance, et sont en mesure de voler vers l’âge de 35 jours. On ignore à quel âge ils deviennent indépendants.

Pendant les heures de clarté, le Râle jaune préfère marcher ou courir; il ne vole presque jamais à moins d’être dérangé. Il est particulièrement difficile de le repérer en approchant car, comme les autres râles du même genre, il demeure habituellement immobile dans la végétation au lieu de s’enfuir comme le font les autres râles. Les mâles chantent beaucoup plus souvent et régulièrement la nuit que le jour. Les adultes se nourrissent d’invertébrés et de graines; le régime des oisillons est inconnu.

La perte des milieux humides au profit de l’agriculture et d’autres activités humaines est indéniablement la plus lourde menace à peser sur le Râle jaune, au Canada comme aux États-Unis. Il ne fait aucun doute que la population a souffert de la perte et de la dégradation de son habitat. Celui-ci disparaît même dans le dernier bastion encore intact de l’espèce, la région de la baie d’Hudson et de la baie James. On ignore toutefois au juste dans quelle mesure cela constitue actuellement un problème pour le Râle jaune, et l’évolution de l’énorme population d’Oies des neige est incertaine.

La disparition de l’habitat soulève également des craintes pour la petite population nicheuse des États-Unis. La situation est aussi préoccupante ailleurs aux États-Unis, étant donné que toute la population mondiale migre par ce pays. Le plus important facteur limitatif pour le Râle jaune, indépendamment de l’endroit où il niche, est cependant la perte d’habitats dans l’aire d’hivernage, qui a été si marquée que celle-ci pourrait être fragmentée. Dans l’aire d’hivernage au Texas et ailleurs aux États-Unis, l’espèce semble en grande partie confinée à une étroite bande de la côte, et les marais côtiers des États du golfe sont eux aussi menacés. La superficie de l’aire d’hivernage connue ne dépasse pas 7 p.100 de celle de l’aire de reproduction.

Aux États-Unis, le Râle jaune est désigné comme une espèce préoccupante dans chacun des six États où l’on sait qu’il niche. Il figure en outre parmi les oiseaux migrateurs non gibier préoccupants sur le plan de la gestion (Migratory Nongame Bird of Special Management Concern), c’est-à-dire parmi les oiseaux qui, en l’absence de mesures de conservation supplémentaires, pourraient devenir candidats à une désignation en vertu de la Endangered Species Act.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

*
Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu'en 2000.

**
Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.

***
Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

****
Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Mise à part une très petite région du Mexique, où nicheraient quelques oiseaux, le Râle jaune se reproduit exclusivement au Canada et dans le nord des États-Unis. En fait, environ 90 p.100 de son aire de reproduction se trouvent au Canada (3 266 000 à 3 641 000 km2; figure 1). Ses sites de nidification, mal connus, seraient très localisés et disjoints (Clements, 1991; Bookhout, 1995).


Figure 1 : Aires de reproduction et d’hivernage du Râle jaune (d’après Bookhout, 1995)

Certaines études taxonomiques (voir par exemple Dickerman, 1971) distinguaient deux sous-espèces du Râle jaune : le Coturnicops noveboracensis noveboracensis, nichant dans le nord des États-Unis et le sud du Canada, et le C. n. goldmani, qu’on n’a observé qu’à San Pedro Techuchulco et à Lerma, dans la vallée de Toluca, dans l’État de México, au Mexique (Blake, 1953; Ripley, 1977; Howell et Webb, 1995). Malheureusement, la sous-espèce mexicaine, plus foncée (Dickerman, 1971), n’a plus été signalée depuis 1964, et la plus grande partie de la région où elle était observée a aujourd’hui été drainée (Bookhout, 1995; Howell et Webb, 1995). Selon Howell et Webb (1995), toutefois, il se pourrait qu’on la trouve ailleurs dans le le bassin du rio Lerma, à l’ouest du lac Chapala, au Mexique.

Aux États-Unis, l’aire de reproduction de l’espèce est en grande partie limitée aux États du centre-nord (figure 1), sa limite sud traversant le nord-est du Montana, le centre du Dakota du Nord, le nord du Minnesota, le nord du Wisconsin et le nord du Michigan (Coffin et Pfannmuller, 1988; Bookhout, 1995). On a récemment redécouvert une petite population dans le centre-sud de l’Oregon, première preuve de nidification dans l’ouest des États-Unis depuis 1950 (Stern et al., 1993). Il se pourrait aussi que l’espèce niche ailleurs dans l’ouest du pays (K. Popper, comm. pers.). La présence du Râle jaune a été signalée à quatre reprises dans des endroits disséminés de la moitié sud-est du Dakota du Sud durant la saison de reproduction, et l’espèce se reproduirait aussi dans la moitié nord de l’État, où il semble y avoir des aires de nidification (E. Dowd Stukel, comm. pers.). Elle pourrait également se reproduire au Wyoming (D. Wile, comm. pers.), et elle se reproduit fort probablement dans le Maine, malgré la faiblesse apparente de l’effectif et l’absence de confirmation à ce jour (Gibbs et al., 1991; T. Hodgman, comm. pers.). Elle se reproduirait enfin de façon très localisée ailleurs dans le nord-est des États-Unis, comme dans le nord du New Hampshire, au Vermont et au New York (Gibbs et al., 1991).

Le Râle jaune nichait autrefois ailleurs, dans le centre-est de la Californie, le centre de l’Ohio et le nord de l’Illinois (Dawson, 1921; Dunn, 1988; Roberson, 1993; Bookhout, 1995; AOU, 1998; The Nature Conservancy, 1998). Les dernières mentions estivales confirmées dans ces États remontent respectivemwent à 1990 (D. McGriff, comm. pers.), 1944 (Peterjohn, 1989) et 1984 (J. Herkert, comm. pers.). La date récente de la dernière mention californienne et l’oiseau unique observé le 15 juillet 1985 dans le parc de comté du lac Mono, situé dans l’ancienne aire de nidification de l’espèce dans l’État (D. McGriff, comm. pers.), donnent à penser que l’espèce pourrait se reproduire encore en Californie. L’espèce est aujourd’hui considérée comme un migrant rare et un visiteur estival accidentel en Ohio (Thompson, 1994), par où elle transite sans aucun doute durant sa migration, et où elle pourrait avoir été présente de façon très localisée à titre de résident estival rare dans plusieurs cariçaies étendues (Peterjohn, 1989).

La dernière mention de reproduction confirmée en Illinois faisait état d’un nid contenant des œufs et un oiseau adulte, et date d’avant 1876. Depuis, il n’y a eu que très peu de mentions, la plupart pendant la migration. La dernière observation confirmée date du 22 mai 1984. Presque toutes les mentions provenant de cet État concernent des oiseaux qu’ont fait lever des observateurs arpentant les marais ou des préposés à la tonte mécanique dans les réserves du Tétras des prairies (Tympanuchus cupido). L’espèce faisait l’objet de recherches actives dans l’État étant donné qu’elle était inscrite sur la liste des espèces en voie de diparition. On y a diffusé des enregistrements magnétiques dans les habitats appropriés pour susciter une réponse, mais on n’a obtenu qu’une mention, non confirmée, le 9 juin 1998. La mention de nidification confirmée datant du siècle dernier provenait du centre-nord de l’État et pourrait être un cas de reproduction accidentelle (J. Herkert, comm. pers.).

L’observation la plus récente dans le Dakota du Sud remonte au 11 mai 1976. Il se pourrait qu’il s’agisse d’un migrant. Une mention date toutefois du 24 juin 1948, ce qui se situerait dans la saison de reproduction (E. Dowd Stukel, comm. pers.).

Le Râle jaune n’est présent que de façon accidentelle au Washington et en Idaho (Tweit et Skriletz, 1996; The Nature Conservancy, 1998). Des mentions historiques (voir par exemple Knight, 1908; Bent, 1926; Harris, 1945) donnent à penser que l’espèce se reproduit dans plusieurs États du nord-est, mais la plupart (sinon toutes) sont contestées et mal documentées (Gibbs et al., 1991). Même si Audubon (in Bookhout, 1995) note (en 1842) que le Râle jaune (Yellow-breasted Rail) est un résident permanent de la péninsule de Floride et du sud de la Louisiane, où il l’a observé en toutes saisons, et affirme que l’espèce commence à se reproduire en mars dans les Keys et les environs de la Nouvelle-Orléans (Louisiane), il n’y a semble-t-il jamais eu de confirmation d’une reproduction du Râle jaune (ni même d’information à ce sujet) par la suite à ces latitudes (Bookout, 1995). À notre avis, il se pourrait que l’oiseau (Yellow-breasted Rail) mentionné par Audubon ne soit pas un Râle jaune (ou du moins pas la sous-espèce nominale).

La répartition du Râle jaune est donc très localisée aux États-Unis durant la saison de reproduction. Il semble y avoir très peu de lieux de reproduction fréquentés de manière constante par de nombreux individus. Les plus connus se trouvent en Oregon (Wood River Valley, Klamath Marsh National Wildlife Refuge, Sycan Marsh et Big Marsh), dans le Dakota du Nord (Kidder County), au Minnesota (marais McGregor) et au Michigan (Seney National Wildlife Refuge).

Le Râle jaune hiverne près de la côte, dans le sud-est des États-Unis et dans le golfe du Mexique, depuis la Caroline du Nord jusque dans l’est du Texas (figure 1), mais la plupart des oiseaux observés en automne et en hiver le sont dans les rizières du sud-ouest de la Louisiane et de l’est du Texas, de même que dans le Anahuac National Wildlife Refuge, au Texas (Oberholser, 1938; Cardiff et Smalley, 1989; Robert, 1997). En hiver, l’espèce visite assez souvent les marais à Spartina et les prés de hautes herbes de la côte du Texas, de même que les rizières de l’intérieur des terres (Holt, 1993). D’après les observations des ornithologues amateurs, l’espèce hivernerait dans une étroite bande (de moins de 48 km) située le long des parties supérieure et centrale de la côte du Texas, mais pourrait fréquenter les rizières et les milieux humides situés plus à l’intérieur avant et durant la migration (K. Mizell et K. Arnold, comm. pers.; Cardiff et Smalley, 1989). Le Râle jaune est apparemment commun en mars et en avril dans les marais salés du Brazoria-San Bernard National Wildlife Refuge Complex, sur la côte centrale du Texas (C. Cordes, comm. pers.).

Au début du 20e siècle, si le Râle jaune était apparemment un résident hivernal plutôt rare en Alabama, il y était parfois relativement commun durant la migration (Howell, 1924). Dans la Floride voisine, c’est un visiteur hivernal régulier, quoique très rare; on ne l’a cependant jamais vu dans les Keys (Robertson et Woolfenden, 1992; Stevenson et Anderson, 1994). Le seul endroit où l’on peut observer l’espèce selon un récent guide d’observation des oiseaux de la Floride (Pranty, 1996) est la forêt nationale Apalachicola dans la Panhandle; à part la mention de migrants qui avaient frappé des tours de télévision, la grande majorité des mentions proviennent d’endroits situés près de la côte (Stevenson et Anderson, 1994).

Le Râle jaune est un visiteur hivernal rare dans les vieux champs humides de la plaine côtière de la Caroline du Sud (Carter, 1993). On l’a également observé à l’intérieur des terres jusque dans le comté de Richardson, à la limite supérieure de la plaine côtière. Il est absent dans une grande partie de l’habitat côtier qui pourrait apparemment lui convenir. L’espèce pourrait être plus largement répandue qu’on ne le pense en général, mais on soupçonne quand même qu’elle n’est pas commune en Caroline du Sud en hiver et pendant la migration (J. Cely, comm. pers.). Le Râle jaune hiverne par ailleurs rarement sur la côte de la Caroline du Nord (Pearson et al., 1942), où l’on ne fait état de sa présence qu’environ deux fois par année. La plupart des oiseaux sont observés dans des marais saumâtres et des champs humides à carex à balais, à moins de 15 km de la côte environ (H. LeGrand, comm. pers.).

Quelques individus ont hiverné sur la côte ouest, entre l’Oregon et la Californie, au sud (Savaloja, 1981; Dunn, 1988; Roberson, 1993; AOU, 1998). Les mentions d’automne et d’hiver dans les Antilles, y compris Cuba, sont exceptionnelles (Barrows, 1912; Bent, 1926; Ripley, 1977; Raffaele et al., 1998).

Au Canada, l’aire de répartition connue de l’espèce englobe le district du Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest, l’est de l’Alberta, le centre de la Saskatchewan, la majeure partie du Manitoba et de l’Ontario, la moitié sud du Québec, le Nouveau-Brunswick et le nord de la Nouvelle-Écosse (Godfrey, 1986; Erskine, 1992). L’espèce n’hiverne pas au Canada.

On n’a jamais vu de Râles jaunes au Yukon (Yukon Renewable Resources, Yukon Birds: Field Checklist).

L’espèce nidifie de façon très localisée dans le sud du district du Mackenzie, dans la portion située entre le Grand lac des Esclaves et la frontière de l’Alberta (Godfrey, 1986).

Dernièrement encore, on considérait la présence du Râle jaune comme hypothétique dans la province (Campbell et al., 1990). On n’y a jamais confirmé d’épisodes de reproduction, mais quelques observations faites récemment pendant la saison de reproduction (voir par exempe Taylor, 1993; Sherrington, 1994; Bowling, 1997) donnent à penser qu’il pourrait y avoir un petit nombre d’oiseaux répartis de façon localisée dans la région de la rivière de la Paix au nord-est, et peut-être aussi dans la région de Kootenay, dans le sud-est de la province (W. Campbell, comm. pers.). La nidification de l’espèce n’en demeure pas moins toujours accidentelle (S. Cannings, comm. pers.).

L’espèce se reproduit dans la moitié est de la province, depuis la région du lac Athabasca jusqu’au ruisseau Ribstone au moins, au sud, et jusqu’à Cochrane, à l’ouest, où elle nichait jusque dans les années 1950 (Salt et Salt, 1976; Godfrey, 1986). Sauf dans un carré de 10 km x 10 km dans le nord-est de la province, on ne l’a repérée que dans quelques carrés du centre-est de l’Alberta entre 1987 et 1991 (Semenchuk, 1992). Rand (1948) ne fait pas mention du Râle jaune dans son sommaire de la situation des oiseaux du sud de l’Alberta, région qu’il définit comme la portion de la province située au sud d’une ligne reliant la rivière Red Deer et Banff. C’est dans le centre-est de la province que l’espèce est la plus abondante (Pinel et al., 1991; McGillivray et Semenchuk, 1998).

En Saskatchewan, on rencontre le Râle jaune dans les vastes tourbières et les marais à carex, peu nombreux dans la province. C’est un résident estival peu commun et localisé dans son aire, qui s’étend des limites de la région boréale sud jusqu’aux prairies-parcs. Les mentions provenant des prairies sont rares. On considère l’espèce comme un résident estival irrégulier dans le centre-est de la province, entre Kelvington et Kelsey Trail (Hooper, 1992).

L’espèce niche partout au Manitoba, de Churchill à Brandon au sud (Lane, 1962; Salt et Salt, 1976; Chartier, 1994). On l’observe depuis longtemps à Churchill (Fuller, 1938) et, signe d’une nidification dans la région, on y a capturé quatre mâles aux testicules gonflés à la fin de juillet 1937 (Fuller, 1938) ainsi qu’une femelle présentant une grande plaque incubatrice le 21 juillet 1964 (J. Jehl, comm. pers.). La seule aire de nidification dans la région des prairies est probablement le marais Douglas (près de Brandon), situé près de la route transcanadienne et facile d’accès à pied (Bennett, 1981; Cuthbert et al., 1990; R. Alvo, obs. pers.). L’espèce est moins commune dans le sud-est qu’ailleurs dans le sud de la province (Cleveland et al., 1995).

La seule région de la province où l’on rencontre l’espèce régulièrement et en nombre important est la portion ontarienne de la côte ouest de la baie d’Hudson et de la baie James (Austen et al., 1994). La nidification a été confirmée à Attawapiskat, au cap Henrietta Maria (Speirs, 1985) et à North Point (Elliot et Morrison, 1979), et l’espèce était « commune » à Winisk, Moosonee et Fort Severn (Speirs, 1985). Durant la période de collecte de données de l’atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario, on l’a trouvée dans 11 des 12 blocs de 100 km x 100 km visités entre 1981 et 1985 (Cadman et al., 1987), et d’autres mentions proviennent de la région.

Quelques mentions proviennent de l’est du lac Supérieur, et la présence d’un oiseau a été signalée au lac Big Trout, dans le district de Kenora, en 1984 (Austen et al., 1994). Apparemment isolée en Ontario, la population de la rivière à la Pluie est en fait voisine de celle du nord du Minnesota (bastion de l’espèce aux États-Unis). Le Râle jaune est répandu dans le nord-ouest du Minnesota, qui jouxte la région de la rivière à la Pluie. L’espèce semble grandement apprécier les abords de la route 72, dans le comté de Lake of the Woods, dans le nord du Minnesota (Eckert, 1983). Nous ignorons si quelqu’un a prospecté la petite portion ontarienne du côté ouest du lac des Bois, mais l’espèce a été observée à moins de 5 km de l’Ontario, à Indian Bay (Manitoba), dans une zone à laquelle on ne peut accéder que par la terre ferme, du côté manitobain.

Compte tenu de la proximité de l’aire de répartition connue du Râle jaune dans le nord du Michigan (par exemple le Seney National Wildlife Refuge) et le nord du Wisconsin, des mentions provenant du parc provincial Quetico (D. Elder, comm. pers.) et d’une observation récente effectuée dans l’ouest de l’île Manitoulin (Cadman et al., 1987), on peut penser que le Râle jaune fréquente la totalité de la rive nord des Grands Lacs, depuis le sud de la baie Georgienne (à seulement 50 km du marais Holland) jusqu’à la frontière du Manitoba et de l’Ontario. L’ouest de l’île Manitoulin compte de nombreuses cariçaies (J. Jones, pers. com.).

Dans le sud de l’Ontario, on a sporadiquement observé le Râle jaune en été dans quelques marais fortement disséminés (présents dans seulement six des 1 824 carrés de l’atlas des oiseaux nicheurs [Cadman et al., 1987]), et trouvé des preuves de nidification dans seulement deux d’entre eux – la tourbière Richmond, dans la région d’Ottawa, et le marais Holland, sur la rive sud du lac Simcoe (Sankey, 1987; Goodwin, 1992; Page et Cadman, 1994). À partir de 1991, on a entendu des cris trois années de suite dans la plaine de Carden, au nord de Toronto, mais on n’en a pas entendu en 1997 ni en 1998.

Le bastion de l’espèce au Québec est probablement situé sur la baie James, où on a signalé sa présence dans divers marais, entre la baie Cabbage-Willows (dans la partie sud de la baie de Rupert) et Chisasibi (autrefois Fort-George) au nord (Todd, 1963; Consortium Gauthier et Guillemette-GREBE, 1992a). Dans le sud de la province, on n’a signalé la présence de l’espèce que dans 14 (0,6 p.100) des 2 464 carrés de 10 km x 10 km de l’atlas des oiseaux nicheurs du Québec visités entre 1984 et 1989 (Gauthier et Aubry, 1996). Presque toutes les mentions estivales proviennent d’une poignée de localités le long du Saint-Laurent. On n’a confirmé la reproduction qu’à Coin-du-Banc (en Gaspésie) et à l’île aux Grues (dans l’estuaire du Saint-Laurent) (Terrill, 1943; Robert et al., 1995; Robert et Laporte, 1997). L’espèce a toutefois été observée et pourrait nidifier dans quelques autres endroits, tous situés sur le Saint-Laurent (sauf Saint-Fulgence au Saguenay, où on a trouvé quelques individus au cours des années). Plusieurs de ces localités sont occupées de façon irrégulière et/ou durant la migration (Robert et al., 1995).

Les mentions sont peu nombreuses dans l’intérieur des terres au Québec (David, 1980; Cyr et Larivée, 1995; Robert et al., 1995). Ce n’est qu’en Abitibi qu’il y a des preuves de nidification raisonnablement solides. Des Râles jaunes ont été entendus et un individu capturé à La Ferme, près d’Amos, dans les années 1950 (Père C. Larose, comm. pers.). On en a aussi entendu au marais Antoine en 1984, 1985, 1995, 1996 et 1998 (Robert et al., 1995; M. Robert, obs. pers.), de même qu’au marais Maine en 1996, et dans les deux cas, dans des habitats de reproduction potentiels (M. Robert, obs. pers.; van de Walle, 1997). Le Râle jaune est donc considéré comme un nicheur exceptionnel dans la région (van de Walle, 1997). L’espèce pourrait par ailleurs nidifier dans les tourbières de l’intérieur de la province, mais les relevés ciblant l’espèce effectués récemment dans une demi-douzaine d’entre elles n’ont rien donné (M. Robert, obs. pers.).

La seule preuve de reproduction dans les Maritimes est un nid contenant des œufs, trouvé près de Milltown en 1881 (Erskine, 1992). Le seul endroit où l’on rencontre régulièrement l’espèce est les prés du Grand Lac, dans la partie supérieure de l’estuaire de la rivière Saint-Jean, au sud-est de Fredericton. La présence de Râles jaunes dans les marais Midgic et Jolicure, près de Sackville, signalée de nombreuses fois en été depuis 1949, donne également à penser que l’espèce s’y reproduit (Erskine, 1992).

Selon Tufts (1961), le Râle jaune est un résident estival très rare en Nouvelle-Écosse. La pointe Amherst est apparemment le seul endroit où on a entendu l’espèce au cours des dernières années (1986 et 1989) (Erskine, 1992).

On n’a jamais vu de Râles jaune à l’Île-du-Prince-Édouard (Anonyme, 1991; Erskine, 1992).

Le traité sur les oiseaux de Terre-Neuve de Montevecchi et Tuck’s (1987) ne fait aucune allusion au Râle jaune, même comme espèce errante, et il n’y a eu aucune mention depuis dans la province (W.A. Montevecchi, comm. pers.). On aperçoit l’espèce à l’occasion au Labrador, où on l’a observée dans l’inlet Hamilton (Godfrey, 1986).

On trouvera au tableau 1 ci-dessous les désignations et le rang donnés au Râle jaune à l’échelle mondiale, nationale et sous-nationale.

Le Râle jaune n’a reçu aucune cote de l’Union mondiale pour la nature (UICN), bien qu’il soit étroitement apparenté au Râle de Swinhoe (Coturnicops exquisitus) d’Asie, considéré comme une espèce vulnérable (UICN, 1996). Certains auteurs (par exemple Ripley, 1977; Bookhout, 1995) considèrent le Râle de Swinhoe et le Râle jaune comme une même espèce, tandis que d’autres estiment qu’ils font partie d’une super-espèce holarctique (Olson, 1973). De son côté, l’organisme The Nature Conservancy manifeste une certaine inquiétude au sujet du statut à long terme du Râle jaune en lui attribuant la cote G4 (The Nature Conservancy, 1998).

Aux États-Unis, le Râle jaune est classé comme un oiseau migrateur non gibier préoccupant sur le plan de la gestion (Migratory Nongame Bird of Special Management Concern), une catégorie qui désigne les oiseaux migrateurs non gibier qui, en l’absence de mesures de protection supplémentaires, pourraient devenir candidats à une désignation en vertu de la Endangered Species Act. Les craintes découlent de la dépendance de l’espèce à l’égard de milieux vulnérables ou restreints (USFWS, 1995). L’oiseau bénéficie du statut d’espèce préoccupante au niveau de l’État dans les six États où on sait qu’il se reproduit (Oregon, Montana, Dakota du Nord, Minnesota, Wisconsin et Michigan), de même qu’en Idaho, au Dakota du Sud et en Illinois (tableau 1). L’espèce sera vraisemblablement rayée de la liste des espèces en voie de disparition en Illinois, car elle n’y a pas été aperçue ces dernières années pendant la saison de reproduction, sauf pour une mention non confirmée datant de 1998 (J. Herkert, comm. pers.). Le Râle jaune est coté N3B, N4N aux États-Unis, ce qui signifie qu’il est rare ou peu commun comme nicheur, mais répandu, abondant et apparemment non en péril comme non-nicheur, même si sa situation à long terme soulève des préoccupations (The Nature Conservancy, 1998).

Il est illégal de chasser l’espèce partout aux États-Unis, mais on peut chasser d’autres espèces de râles dans certains États (J. Serie, comm. pers.).

Tableau 1 : Statut du Râle jaune
Échelle Système ou agence1 Designation ou rang Source3 Observations
Monde UICN1 Non coté, mais le Râle de Swinhoe est vulnérable. UICN, 1996 Le Râle de Swinhoe et le Râle jaune sont parfois considérés comme conspécifiques.
Monde Cote mondiale de The Nature Conservancy G4 TNC, 1998 Apparemment non en péril, mais préoccupant à long terme.
États-Unis Endangered Species Actdes Etats-Unis Non coté TNC, 1998
États-Unis USFWS Oiseau migrateur non gibier préoccupant sur le plan de la gestion (Migratory Nongame Bird of Special Management Concern) USFWS Pourrait devenir candidat à une désignation en vertu de l’Endangered Species Act des États-Unis.
États-Unis The Nature Conservancy N3B, N4N TNC, 1998 Voir le texte.
Reproduction (États-Unis
Washington Nature Heritage Program (NHP) SA J. Fleckenstein
Oregon NHP S1 K. Popper Effectif réduit et superficie limitée de milieu protégé et acceptable.
Oregon État Sensible critique (Sensible critical) K. Popper
Oregon Forest Service Sensible K. Popper
Idaho NHP SA C. Harris Deux mentions seulement.
Idaho État Espèce non gibier protégée (Protected non-game species). C. Harris
Montana NHP S1 P. Hendricks
Montana État Oiseau migrateur (Migratory bird) P. Hendricks Statut juridique en vertu de la Non-game and Endangered Species Conservation Act.
Wyoming NHP SU M. Neighbours Six observations confirmées, dont une évoquant des comportements reproducteurs, près de Jackson, dans le National Elk Refuge, en 1998.
Dakota du N. NHP S2 TNC, 1998
Dakota du N. État Menacé (Threatened) TNC, 1998
Dakota du S. NHP SU E. Dowd Stukel Aucune nidification documentée; quelques mentions éparses en saison de reprodution.
Minnesota NHP S3 R. Baker
Minnesota État Préoccupant (Special Concern) R. Baker Statut juridique, mais aucune protection officielle. Pourrait être abrogé étant donné que l’espèce est plus commune qu’on ne le croyait.
Wisconsin NHP S1 B. Smith Très peu de mentions de reproduction dans des habitats peu communs.
Wisconsin État Menacé (Threatened) B. Smith Quelques occurrences, habitat potentiel limité.
Illinois NHP SH J. Herkert
Illinois État En voie de disparition (Endangered) J. Herkert La désignation va vraisemblablement être retirée (voir le texte).
Michigan NHP S1S2 J. Hayward
Michigan État Menacé (Threatened) J. Hayward
Ohio TNC SX TNC, 1998
Maine NHP SP T. Hodgman
Maine État Préoccupant (Special Concern) T. Hodgman De nouvelles données pourraient conduire à une désignation d’espèce menacée.
Hivernage (États-Unis)
Texas NHP S3 D. Scott
Louisiane NHP Non classé TNC, 1998
Mississippi NHP S2 TNC, 1998
Alabama NHP SZ J. Johnson Résident hivernal peu commun, avec seulement 11 mentions.
Floride NHP SZ K. Nesmith
Géorgie NHP Non classé TNC, 1998
Caroline du S. NHP Non classé J. Cely Peu commun.
Caroline du N. NHP S2 TNC, 1998
Reproduction et/ou hivernage (États-Unis)
Californie NHP S1S2 D. McGriff L’espèce, très discrète, avait l’habitude de s’y reproduire; peu de relevés récents, sinon aucun.
Californie État Préoccupant (Special Concern) D. McGriff Désignation administrative (non liée à la Endangered Species Act de l’État); probablement en déclin.
Statut de nidification (Canada)
Canada Dunn (1997) Très préoccupant et cote très élevée de responsabilité de surveillance au Canada Au moins 90 p.100 de l’aire de nidification mondiale située au Canada.
Yukon s.o. s.o. Aucune mention.
T.N.-O. Pas de Centre de données sur la conservation (CDC) s.o.
Colombie-Britannique CDC SA S. Cannings Reproduction jamais observée.
Alberta CDC S2S3 J. Rintoul
Alberta Wildlife Act Indéterminé (Undetermined) Alberta Environmental Protection, 1996 Données insuffisantes.
Saskatchewan CDC S3 J. Keith
Manitoba CDC S4 J. Duncan Consensus de 33 examinateurs.
Ontario CDC S3S4 G. Van Drunen
Ontario Austen et al., 1994 En voie de disparition (sud de la province) Données insuffisantes (nord de la province) Austen et al., 1994
Québec Loi sur les espèces menacées ou vulnérables Susceptible d’être désigné Beaulieu, 1992
Québec CDC S2
Québec Robert, 1989 Vulnérable Robert, 1989
Nouveau-Brunswick CDC Non classé S. Gerriets
Nouvelle-Écosse CDC Non classé S. Gerriets
Î.-P.-É. s.o. s.o. Aucune mention.
Terre-Neuve et Labrador s.o. s.o. Reproduction jamais observée.
  1. UICN – Union mondiale pour la nature
    NHP – Natural Heritage Program (Programme du patrimoine naturel)
    CDC – Centre de données sur la conservation

  2. Brèves définitions des cotes S (classement de conservation dans la province ou l’État) selon le système de The Nature Conservancy. On trouvera des défintions plus détaillées auprès de n’importe quel centre de données sur la conservation (Canada) ou du Natural Heritage Program (États-Unis) :

    S1 = Gravement en péril.
    S2 = En péril.
    S3 = Rare ou peu commune.
    S4 = Largement répartie, abondante et apparemment hors de danger, mais source d'inquiétude à long terme.
    S5 = Large répartition, abondance et stabilité démontrées.
    S#S# = Intervalle de rangs de priorité (entre deux catégories précises).
    S? = Non classée.
    SU = Non classable.
    SE = Exotique.
    SA = Accidentelle.
    SZ = Aucune occurrence.
    SP = Potentiel.
    SR = Rapporté.
    SRF = Faussement rapporté.
    SH = Historique.
    SX = Disparue.
    HYB = Hybride.
    SSYN = Synonyme.
    S#B = Statut reproducteur.
    S#N = Statut non reproducteur.
    Pour simplifier, le statut reproducteur (B ou N) a été éliminé :
    p. ex. S1B devient S1, et S2N devient S2.
    Qualificatifs :
    S#? = Inexact ou incertain.
    S#C = En captivité ou cultivar seulement.

  3. Le références à des personnes dans la colonne Source renvoient à des communications personnelles.

Le Râle jaune est protégé en vertu de la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs et de ses règlements d’application portant sur la chasse (Gouvernement du Canada, 1989; Service canadien de la faune, 1991). Il est illégal de chasser les râles partout au Canada, sauf en Ontario et au Yukon. La limite de capture et de possession (tous les râles confondus) en Ontario est respectivement de 10 et 20 individus (Service canadien de la faune, 1998).

Le Râle jaune est considéré comme une espèce très préoccupante au Canada, et on lui a attribué une cote très élevée en matière de responsabilité de surveillance, à la mesure de la forte porportion (environ 90 p.100; figure 1) de son aire de répartition mondiale qui se trouve au pays (Dunn, 1997).

La nouvelle loi sur les espèces en voie de disparition des Territoires du Nord-Ouest assurera la protection des espèces en péril. Pour l’heure, le gouvernement des Territoires se sert de la liste du COSEPAC (L. Self, S. Carrière, comm. pers.). Le Râle jaune ne fait l’objet d’aucun classement S dans les Territoires (voir le tableau 1, note 2, pour les définitions des cotes S; figure 2).


Figure 2 : Rang S pour le Râle jaune au Canada et aux États-Unis, et rang N au Mexique

The Nature Conservancy, 1998.

En Colombie-Britannique, l’espèce figure sur la liste jaune (S. Cannings, comm. pers.), qui englobe les taxons indigènes qui ne sont pas considérés comme en péril dans la province. Comme il n’a pas été démontré qu’elle est présente de façon constante dans la province, auquel cas elle serait cotée S1, l’espèce est toujours cotée SA (S. Cannings, comm. pers.).

Le gouvernement de l’Alberta a désigné 11 espèces comme en voie de disparition ou menacées en vertu de laWildlife Act, mais le Râle jaune n’en fait pas partie. Le statut de l’espèce dans la province est « indéterminé », car on manque d’information à son sujet (Alberta Environmental Protection, 1996). L’espèce est cotée S2S3B (J. Rintoul, comm. pers.).

La Partie 5 de la Wildlife Act de la province, qui porte sur la protection des espèces sauvages en péril (« Protection of Wild Species at Risk »), a été promulguée au cours de l’été de 1997. Aucune espèce n’a encore été désignée. Sept espèces animales font actuellement l’objet d’études en vue de leur désignation, mais le Râle jaune n’en fait pas partie. L’espèce est cotée S3 (J. Keith, comm. pers.).

Au Manitoba, la Loi sur les espèces en voie de disparition a reçu la sanction royale en mars 1990. En vertu de la loi, 23 animaux et espèces sont désignés comme en voie de disparition, menacées ou disparues, mais le Râle jaune n’en fait pas partie. L’espèce est cotée S4B,SZN (Duncan, 1996). Bien qu’on estime qu’il y a probablement plus de 100 endroits qui conviendraient comme habitat pour l’espèce dans la province, la présence ou la reproduction de celle-ci n’a été documentée que dans quelques-uns d’entre eux (J. Duncan, données inédites).

Vingt-quatre espèces sont actuellement inscrites dans le règlement d’application de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario (I. Bowman, comm. pers.), mais le Râle jaune n’y figure pas. L’espèce est cotée S3S4 dans la province (G. Van Drunen, comm. pers.). Un rapport sur la situation de l’espèce en Ontario a recommandé de lui attribuer le statut d’« espèce en voie de disparition » dans le sud de la province, et a conclu qu’il manquait d’information pour le nord (Page et Cadman, 1994; Austen et al., 1994).

Aucune espèce animale n’a encore été désignée en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec, adoptée en 1989. Toutefois, le Râle jaune, considéré comme vulnérable dans la province (Robert, 1989), est l’un des 76 taxons animaux qui figurent sur la Liste des espèces de la faune vertébrée menacées ou vulnérables susceptibles d’être ainsi désignées (Gazette officielle du Québec, 1993). Heureusement, on tient compte de l’espèce dans tous les projets soumis à une évaluation d’impact environnemental en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement (Robert et al., 1995). L’espèce est cotée S2 dans la province (P. Aquin, comm. pers.).

Le Râle jaune n’a aucun statut officiel au Nouveau-Brunswick, et n’a fait l’objet d’aucun examen de la part de l’ancien Comité sur les espèces en voie de disparition. On y juge néanmoins l’espèce préoccupante (M. Sullivan, comm. pers.). L’espèce n’a reçu aucune cote S dans la province (S. Gerriets, comm. pers.).

Aucune évaluation officielle du statut de l’espèce n’a été faite dans la province parce que le Râle n’y est pas connu comme un oiseau qui y niche régulièrement (M. Elderkin, comm. pers.). L’espèce n’a aucune cote S dans la province (S. Gerriets, comm. pers.).

Aux États-Unis, le cœur de l’aire de reproduction se trouve au Minnesota, où à la suite de travaux récents, le nombre d’« occurrences élémentaires » (The Nature Conservancy, 1998) a été porté à 178, agrégeables en 70 « sites » (R. Baker, comm. pers.; tableau 2). Le site le plus connu, le marais McGregor (Minnesota), abrite environ 30 couples (Eckert, 1983; Savaloja, 1984). Le Seney National Wildlife Refuge, dans le nord du Michigan, le plus connu des 5 à 10 sites que compte l’État (tel qu’inféré de la cote S1S2), accueillait environ 52 mâles chanteurs au début des années 1980 (Bart et al., 1984; Bookhout, 1995), et de un à 85, entre 1995 et 1998 (R. Urbanek, comm. pers.). Après la redécouverte de la population du centre-sud de l’Oregon en 1982 (Stern et al., 1993), des recherches effectuées les années suivantes ont montré que l’État comptait trois ou quatre sites importants (Wood River Valley, Klamath, Sycan et Big Marsh). En 1998, seulement trois de ces sites abritaient des râles, et on y en a entendu 128 au total. Selon K. Popper (comm. pers.), la population totale compterait 200 couples. Au Montana, le Râle jaune ne niche que dans l’angle extrême nord-est de l’État, dans le nord-est du comté de Sheridan; le nombre total de mentions y est inférieur à 10, mais il semble que l’espèce niche régulièrement dans la région. L’État compte probablement moins de cinq sites (P. Hendricks, comm. pers.). Vu la cote S attribuée à l’espèce au Dakota du Nord et au Wisconsin et faute de plus amples informations, ces deux États pourraient compter respectivement 6 à 20 sites et 1 à 5 sites (tableau 2)

Tableau 2 : Estimations sommaires du nombre de couples, du nombre d’aires d’estivage et des tendances des populations du Râle jaune dans son aire de répartition mondiale (voir le texte pour en savoir davantage).
Province, territoire ou état Nombre de couples1 Nombre de lieux d’estivage Source et/ou justification Tendances de la population
Canada
Baie d’Hudson et baie James Quelques milliers? Lisière d’habitat littoral d’environ 1 700 km de longueur. Notre estimation. Stable? Les Oies des neiges sont une source de préoccupation.
T.N.-O. 20-100 4–20 Notre estimation basée sur une petite aire. Inconnu.
Alberta 500+? Centaines? 40 sites connus; beaucoup d’habitats potentiels non prospectés. A vraisemblablement décliné. Déclin persistent, mais plus lent.
Saskatchewan 500+? Centaines? 60 sites connus; beaucoup d’habitats potentiels non prospectés. (A. Smith). A vraisemblablement décliné. Déclin persistent, mais plus lent.
Manitoba (à l’excl. de la baie d’Hudson) 500+? Centaines? 26 sites connus; beaucoup d’habitats potentiels non prospectés. (P. Taylor, R. Koes). A vraisemblablement décliné. Déclin persistent, mais plus lent.
Ontario (à l’excl. des Baie d’Hudson et baie James Centre de l’Ont. (y compris la région de la rivière à la Pluie) : 115-125 4-6 Austen et al., 1994; D. Elder. A décliné. Aujourd’hui stable?
Sud de l’Ont. : 12-30 1-2 Austen et al., 1994
Page et Cadman, 1994
A sans doute fortement décliné.
Québec (à l’excl. de la baie James) Intérieur du Québec : 20-80 2-16 Notre estimation. A probablement décliné.
Sud du Québec : 20-80 6-15 Robert et al., 1995 A sans doute fortement décliné.
Nouveau-Brunswick 0-50 0-10 Erskine, 1992 A probablement décliné. Aujourd’hui stable?
Nouvelle-Écosse 0-50 0-10 Erskine, 1992 Inconnu.
Total Canada 1 687-2 015 + quelques milliers? 250-800 + une lisière d’habitat littoral d’environ 1 700 km de longueur. Nombreuses sources. A probablement décliné et continue de décliner, quoique plus lentement, dans toute l’aire canadienne, sauf dans la région de la baie d’Hudson et de la baie James, où l’espèce suscite de nouvelles préoccupations.
États-Unis
Oregon 200 4 K. Popper L’habitat a diminué considérablement, mais semble maintenant stable.
Montana 20 4 Aucune information.
Wyoming 10 1 D. Wile Aucune information.
Dakota du N. 30-100 6-20 Inféré en se basant sur la cote S1S2. Aucune information.
Minnnesota 350 70 Habitat constamment menacé.
Wisconsin 5-25 1-5 Inféré en se basant sur la cote S1.
Michigan 25-50 5-10 Le meilleur site connu est menacé.
Total États-Unis 640-755 91-114 Nombreuses sources. A décliné et continue de décliner.
Monde
Total Monde Baie d’Hudson et baie James : quelques milliers.

Ailleurs : 2 327-2 770 couples.
Baie d’Hudson et baie James : 1 700 km de côte.

Ailleurs : 341-914 sites.
Nombreuses sources. Baie d’Hudson et baie James : Stable jusqu’à ce que l’Oie des neiges soulève de nouvelles préoccupations.

Ailleurs : A décliné et continue de décliner, mais plus lentement.

1 Là où le nombre de couples a été estimé à partir du nombre de sites, nous avons posé comme hypothèse qu’il y avait en moyenne 5 couples par site.

À partir des informations disponibles, nous avons estimé grossièrement le nombre de lieux d’estivage et de couples nicheurs dans chaque État. En posant comme hypothèse la présence de cinq couples dans chaque site (à moins qu’il y ait déjà une estimation), il y aurait ainsi 600 à 750 couples dans environ 100 sites aux États-Unis (tableau 2).

C’est vraisemblablement le drainage des milieux humides qui est à l’origine de la disparition des aires de reproduction les plus méridionales au cours du présent siècle, de même que de la perte de plusieurs sites de nidification situés dans le nord des États-Unis (Bookhout, 1995). Par exemple, en Oregon, plusieurs sites connus ont disparu depuis 1985 à cause du creusement de fossés et du drainage des milieux humides à des fins agricoles (Stern et al., 1993). Au Michigan, l’habitat du Râle jaune dans le Seney Wildlife Refuge est menacé à long terme par le quasi-abandon du programme de brûlage dirigé, découlant lui-même de restrictions plus sévères imposées au brûlage dirigé (R. Urbanek, comm. pers.). Au Minnesota, l’habitat de l’espèce est constamment menacé d’être drainé ou inondé dans le cadre de projets liés à l’agriculture, aux activités industrielles et/ou à la gestion de la sauvagine (Coffin et Pfannmuller, 1988).

Bien que le Râle jaune ait sans doute toujours été une espèce rare à répartition limitée aux États-Unis, les données n’en montrent pas moins clairement qu’il y a eu une certaine diminution des effectifs et de l’aire de répartition. L’espèce a disparu en tant qu’espèce nicheuse dans au moins trois États, et il y a de bonnes raisons de croire que de nombreux sites de nidification ont disparu dans les États où elle niche encore. Rien n’indique par ailleurs que ses effectifs ou son aire de répartition augmente où que ce soit aux États-Unis.

Il est particulièrement difficile d’estimer l’effectif réel du Râle jaune dans l’aire d’hivernage, où non seulement l’espèce se fait des plus discrètes, mais où elle ne chante pas ni ne répond aux cris enregistrés (K. Mizell, comm. pers.). Le Râle jaune, très commun dans la zone de marais salés de la côte du Texas en mars et avril, est difficile à repérer en hiver. Il se pourrait en effet qu’il utilise davantage les zones de marais d’eau douce pendant cette saison (C. Cordes, comm. pers.). Quoi qu’il en soit, il est indéniable qu’au moins certains types d’aire d’hivernage couramment utilisés par l’espèce diminuent sous l’effet de pressions incessantes (voir la section Tendances de l’habitat).

Vu la petite taille de l’aire de répartition de l’espèce dans les Territoires du Nord-Ouest, nous estimons qu’au plus 100 couples peuvent nicher dans cette région qui constitue l’extrémité nord de l’aire; mais il s’agit-là au mieux d’une estimation éclairée.

Il y a plusieurs années, on ne faisait état que de quatre mentions du Râle jaune en Colombie-Britannique (Campbell et al., 1990), alors qu’on l’observe aujourd’hui presque chaque année dans un endroit ou un autre de la province. Si nulle part on ne mentionne sa présence d’année en année (S. Cannings, comm. pers.), cela ne signifie pas pour autant que l’espèce n’a pas occupé quelques sites plusieurs années d’affilée, vu le petit nombre de relevés effectués dans la province. L’augmentation récente du nombre des observations n’en est pas moins sans doute due à l’augmentation de l’effort de prospection dans les milieux humides de l’intérieur de la province et à la prise en compte des observations de nuit (W. Campbell, comm. pers.).

Le Râle jaune serait commun de façon localisée dans la province (McGillivray et Semenchuk, 1998), bien que les efforts de recensement y aient été peu nombreux et leur succès mitigé (Semenchuk, 1992). On connaît quelque 40 localités où l’espèce est présente durant la saison de reproduction (tableau 2). S’il n’y a eu aucune mention dans la province entre 1961 et 1970 (T. Sadler, comm. pers.), il y en a eu par contre 18 entre 1973 et 1980. Ce changement a coïncidé avec l’explosion des données ornithologiques qui a eu lieu dans les années 1970 (Pinel et al., 1991).

On a signalé la présence de l’espèce dans seulement 16 des 2 206 carrés prospectés dans le cadre du projet de l’atlas. La nidification n’a été confirmée nulle part, mais on la considérait comme probable dans six carrés et comme possible dans 10 (Semenchuk, 1992). On ne possède aucune information sur les tendances des populations en soi, mais l’habitat de l’espèce a été considérablement érodé, notamment au profit de l’agriculture, et continue de l’être à cette même fin, à laquelle est venu s’ajouter récemment tout un éventail d’entreprises industrielles (voir la section Tendances de l’habitat).

Sur les 724 cartes au 1:50 000 couvrant la province (chaque carte couvre en moyenne quelque 900 km2), seulement 37 (5 p.100) offrent des indices d’une reproduction possible ou probable; aucune nidification n’a été confirmée dans la province (Smith, 1996). On connaît 60 localités où le Râle jaune est présent en Saskatchewan durant la saison de reproduction (tableau 2). Selon A. Smith (comm. pers.), le nombre de sites de reproduction pourrait être beaucoup plus élevé que ce que laissent croire le nombre de sites connus et les données de l’atlas. (Les ornithologues amateurs sont très peu nombreux en Saskatchewan, et ils ont tendance à explorer les mêmes endroits plutôt que de s’aventurer dans des sites inconnus.) Toujours selon Smith, la région de la prairie-parc et le sud de la forêt boréale comptent de vastes étendues d’habitat potentiel pour l’espèce, mais on ignore dans quelle mesure le Râle jaune les fréquente. En fait, on a découvert plusieurs nouveaux sites abritant l’espèce depuis la publication de l’atlas des oiseaux de la Saskatchewan (Smith, 1996).

Sauf dans un site (le marais Peter) où l’on a entendu jusqu’à 22 Râles jaunes, on n’en entend généralement qu’un à cinq dans la plupart des endroits. Les chiffres varient probablement d’une année à l’autre selon l’endroit et selon les conditions hydrologiques. D’après A. Smith (comm. pers.), la province pourrait compter plus de 100 sites de nidification, que fréquenteraient plusieurs centaines, sinon un millier d’oiseaux. Comme en Alberta, on ne possède aucune information sur les tendances des populations en soi, mais on sait que l’habitat de l’espèce a été considérablement érodé au profit de l’agriculture, et qu’il continue de l’être (voir la section Tendances de la qualité et de la quantité de l’habitat essentiel).

On connaît 26 localités où le Râle jaune est présent durant la saison de reproduction au Manitoba (tableau 2). Même si l’espèce y est considérée comme peu commune (Manitoba Avian Research Committee, 1986), il y aurait eu plus de 100 occurrences récentes, pour au moins 3 000 individus (Duncan, 1996). Selon R. Koes (comm. pers.), qui observe les oiseaux depuis environ 30 ans dans le tiers méridional de la province et dans la région de Churchill, le Manitoba compte certainement plus de 100 lieux de reproduction, voire plusieurs centaines. À son avis, il existerait dans la prairie-parc, le sud de la forêt boréale et les plaines de l’Hudson, de vastes superficies d’habitat potentiel peu visitées par les ornithologues amateurs, notamment la nuit. De son côté, P. Taylor (comm. pers.) soutient que, même s’il est extrêmement difficile d’estimer les effectifs ou les tendances dans la province, la population de Râles jaunes serait plutôt de l’ordre des milliers que des centaines. Si l’occupation d’un site donné varie souvent d’une année à l’autre selon le niveau des eaux, certains endroits n’en sont pas moins occupés chaque année.

Selon R. Koes (comm. pers.), le Râle jaune est probablement beaucoup plus commun et répandu au Manitoba que ne le croient bien des gens, et n’est probablement pas un oiseau rare dans la province. Sans doute l’habitat était-il beaucoup plus abondant il y a 100 ans mais, à son avis, sa conversion, en grande partie à des fins agricoles, a considérablement ralenti. Il faut quand même souligner que l’habitat de l’espèce a été fortement érodé et continue de l’être (voir la section Tendances de la qualité et de la quantité de l’habitat essentiel).

Enfin, P. Taylor (comm. pers.) écrit ce qui suit (et certaines de ses observations pourraient s’appliquer à la prairie-parc et au sud de la forêt boréale des trois provinces des Prairies) : « Il est un peu ironique que nous connaissions probablement les meilleures localités de l’extrême-sud et de l’extrême-nord, mais que nous en sachions si peu sur la principale aire de reproduction du centre du Manitoba. Mais cela vaut pour tous les oiseaux du Manitoba… J’ai pu visiter de jour [l’aire de gestion de la faune du lac Lee] : on y trouve de vastes étendues de marais à carex qui semblent idéales pour l’espèce. Ce type d’habitat, répandu dans cette partie de la région des lacs, devrait faire l’objet d’une prospection plus intensive ciblant cette espèce. Pour moi, cette région pourrait être, avec les vastes marais bordant les lacs Winnipeg et Manitoba, le plus important habitat du Râle jaune au Manitoba. Malheureusement, il s’agit d’une région éloignée, très peu fréquentée par les ornithologues amateurs. » [Traduction de l’anglais]

Historiquement, le Râle jaune a sans doute eu une répartition fort étendue en Ontario. Aujourd’hui, ce sont manifestement les basses-terres de la baie d’Hudson qui constituent le bastion de l’espèce dans la province (Cadman et al., 1987). D’après les estimations de l’abondance de l’atlas (Cadman et al., 1987), l’espèce est commune de façon localisée au moins dans certains secteurs des côtes de la baie d’Hudson et de la baie James : deux blocs de 100 km x 100 km abriteraient de 101 à 1 000 couples, deux autres, de 2 à 10 couples, et un autre, de 11 à 100 couples. Le 17 juillet 1940, Cliff Hope et deux autres observateurs ont estimé à une centaine le nombre d’oiseaux présents à Fort Severn (Speirs, 1985). Le Râle jaune a été observé dans les 12 blocs de 100 km x 100 km de l’atlas qui couvrent le secteur de la côte nord de l’Ontario. Dans le cadre des activités de l’atlas, on ne l’a observé que dans 11 blocs, mais la nidification avait été confirmée dans le douzième (où se trouve le cap Henrietta Maria) avant la tenue des travaux de l’atlas (Speirs, 1985) (annexe 2).

Dans le reste de son aire de répartition dans la province, l’espèce niche apparemment de façon disséminée, et ses effectifs seraient peu nombreux. Dans la région de la rivière à la Pluie, dernier bastion du Râle jaune, le marais Big, à l’embouchure de la rivière au lac des Bois, est protégé par le gouvernement provincial. Cette région de 6 km x 1 km renferme de vastes cariçaies. Les observations faites chaque année (1 à 6 individus) proviennent d’une petite portion accessible qui ne représente qu’environ 5 p.100 du marais Big (D. Elder, comm. pers.). Selon le Programme ontarien de protection des oiseaux nicheurs rares, plus de 100 couples estivaient chaque année dans la région de la rivière à la Pluie entre 1981 et 1990 (Austen et al., 1994), ce qui serait encore le cas aujourd’hui (D. Elder, comm. pers.). Il y a eu aussi des mentions occasionnelles dans le parc provincial Quetico (D. Elder, comm. pers.).

Dans le sud de l’Ontario, qui a perdu une bonne partie de ses milieux humides, la population de Râles jaunes a presque disparu (Austen et al., 1994). Au début du 20e siècle, on y rencontrait l’espèce régulièrement, quoique en petits nombres, dans les grands marais, entre la rivière Sainte-Claire et Toronto, à l’est (Austen et al., 1994). Ces dernières années, cependant, on ne l’a observée que sporadiquement, en été, dans quelques marais largement disséminés (on ne l’a trouvée que dans six des 1 824 carrés de l’atlas [Cadman et al., 1987]), dont seulement deux offrent des indices d’une reproduction récente, soit la tourbière Richmond, dans la région d’Ottawa, et le marais Holland, sur la rive sud du lac Simcoe (Sankey, 1987; Goodwin, 1992; Page et Cadman, 1994). On a entendu jusqu’à 20 mâles dans la tourbière Richmond, où l’on a aussi trouvé un nid contenant des œufs en 1982 (Austen et al., 1994). On a observé l’espèce dans le marais Holland durant la collecte des données de l’atlas dans les années 1980, mais on ne l’y a plus revue depuis 1989, malgré l’absence apparente de tout changement important dans l’habitat pendant la période (Austen et al., 1994; R. Ridout, T. Hofmann, comm. pers.). Des Râles jaunes pourraient encore nicher dans la portion est du marais, moins accessible, qui fait environ 6 km de longueur sur 1,5 km de largeur (T. Hoffmann, G. Bennett, comm. pers.). De 12 à 30 couples pourraient nicher chaque année dans le sud de l’Ontario (Page et Cadman, 1994).

Au Québec, le Râle jaune est considéré comme un résident estival rare (David, 1996). Bien qu’aucun relevé visant l’espèce n’y ait été effectué, les marais littoraux de la baie James abritent vraisemblablement autant de Râles jaunes, sinon plus, que le reste de la province. Todd (1963) souligne qu’on en rencontrait des quantités en juillet 1941 à la pointe Neck-of-Land, juste au nord de la baie Boatswain. Beaucoup de grandes baies, notamment les baies de Rupert et Boatswain, renferment de vastes haut-marais susceptibles de convenir à l’espèce (M. Robert, obs. pers.). La présence du Râle jaune dans certains de ces marais côtiers donne à penser que des dizaines (voire des centaines) de couples nichent dans cette vaste région (Robert et al., 1995), bien qu’on n’y ait jamais confirmé la nidification. Le nombre d’oiseaux nicheurs pourrait n’y avoir guère changé, car la région a peu été perturbée (Robert et al., 1995). Deux menaces potentielles pèsent néanmoins sur l’espèce, soit le développement hydroélectrique et le surpâturage par l’Oie des neiges, facteurs qui ont provoqué d’énormes changements dans l’habitat de la côte ouest de la baie d’Hudson (voir la section Tendances de la qualité et de la quantité de l’habitat essentiel pour en savoir davantage).

Ailleurs au Québec, la situation est fort différente. Très peu de Râles jaunes fréquentent les corridors du Saint-Laurent et du Saguenay. On en a entendu jusqu’à 9 dans la réserve nationale de faune du lac Saint-François et les environs (Robert et Laporte, 1996), 3 à l’île du Moine (base de données ÉPOQ), 5 à cap Tourmente (base de données ÉPOQ), 20 à l’île aux Grues (Robert et Laporte, 1996), 2 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Campagna, 1931; Meredith, 1935), 9 à Cacouna (Robert et Laporte, 1996), 3 à Pointe-aux-Outardes (Robert et Laporte, 1996), 4 à l’embouchure des rivières dans la péninsule gaspésienne (Robert et Laporte, 1996), 5 à Coin-du-Banc (Terrill, données inédites, Musée canadien de la nature), 8 à Saint-Fulgence (Cormier et Savard, 1991; Savard et Cormier, 1995), et 2 à Saint-Gédéon (Robert et Laporte, 1996). Les autres mentions du Râle jaune dans le corridor du Saint-Laurent ne concernent qu’un seul individu. En Abitibi, on en a entendu jusqu’à 3 au marais Antoine en juin et en juillet 1995 (Robert et al., 1995), et 7 au marais Maine en juin 1996 (van de Walle, 1997). Il faut souligner que les chiffres donnés ci-dessus sont des maximums historiques; le nombre d’individus entendus dans ces endroits est en général moins élevé. Dans la plupart des localités, en effet, l’espèce est présente de façon irrégulière ou peu commune (voir plus bas).

Dans le sud de la province, l’espèce semble généralement occuper les sites de façon irrégulière. À Saint-Fulgence (sur le Saguenay), on l’a observée pour la première fois en 1964, et on a signalé sa présence sporadiquement jusqu’en 1996 (Browne, 1967; Cormier et Savard, 1991; Robert et Laporte, 1996); l’espèce ne semble pas y être revenue depuis (G. Savard, comm. pers.). À cap Tourmente, c’est au début des années 1970 qu’on a signalé pour la première fois la présence du Râle jaune; on ne l’y a observé qu’irrégulièrement au cours des dernières décennies (Otis et al., 1993; Robert et Laporte, 1996). On l’a toutefois entendu à cap Tourmente au cours des dernières années, ce qui n’a pas été le cas à Saint-Fulgence (S. Labonté, comm. pers.). La présence de l’espèce semble également irrégulière au marais Antoine et au marais Maine en Abitibi, où l’on a entendu plusieurs individus en 1996 (voir plus haut), mais où un relevé exhaustif effectué l’année suivante n’a donné aucun résultat (M. Robert, obs. pers.). Au marais Antoine, il se pourrait que la désertion de l’espèce soit associée à la modification du niveau des eaux apportée dans le cadre d’un projet de gestion de la sauvagine (on a commencé à régulariser le niveau des eaux pour la sauvagine au marais Antoine à l’automne 1996).

Le nombre de Râles jaunes nichant dans le sud du Québec est sans doute beaucoup moins élevé qu’autrefois. De nombreux marais des rives du Saint-Laurent ont en effet disparu au cours du siècle et, comme le Râle jaune exploite l’étage supérieur de ces marais (qui est souvent la première zone à être drainée vu la facilité de l’opération), la population doit avoir été perturbée par la perte de son habitat au profit des humains (voir la section Habitat). Ainsi, le nombre d’oiseaux nichant le long de la rivière à Sorel ou à Yamachiche, ou ailleurs dans l’estuaire (p. ex. Château-Richer, Sainte-Anne-de-Beaupré, La Pocatière, Kamouraska) était sans doute beaucoup plus élevé autrefois (voir Campagna, 1931; Meredith, 1935).

Bien qu’il ne semble occuper les sites du sud du Québec que de façon sporadique, le Râle jaune en a traditionnellement fréquenté certains au cours des dernières décennies. Ainsi Terrill (données inédites) a-t-il pu observer régulièrement l’espèce entre 1939 et 1949 à Coin-du-Banc, où on la rencontrait encore en 1997 (P. Poulin, comm. pers.). Dans la région de la réserve nationale de faune du lac Saint-François, on a signalé pour la première fois la présence de l’espèce à la fin des années 1960, et on l’y trouve encore aujourd’hui (Bannon, 1992; 1993; Robert et Laporte, 1996; M. Robert, obs. pers.).

La plupart des marais qui offrent au Râle jaune un habitat convenable en bordure du Saint-Laurent et du Saguenay ont fait l’objet de relevés au début des années 1990 (Robert et Laporte, 1996); les résultats ont montré à quel point l’espèce est peu commune et localement répartie dans la région. L’habitat du Râle jaune est rare le long du Saint-Laurent et de ses affluents. À l’heure actuelle, les sites les plus vastes se trouvent au lac Saint-François (dans l’extrême sud-ouest du Québec) et sur la rive sud du Saint-Laurent (à l’est de la ville de Québec), notamment à l’île aux Grues. Au cours des dernières années, on a recensé respectivement environ 130, 530 et 30 ha d’habitat convenable au lac Saint-François, à l’île aux Grues et à Cacouna. Dans l’ensemble de ces sites, on a observé en tout chaque année 40 mâles au plus, et parfois beaucoup moins (Robert et Laporte, 1996). À la lumière de ces résultats, on peut sans doute affirmer que les principales aires du sud du Québec sont connues, mais que le Râle jaune pourrait aussi en utiliser d’autres.

En somme, le Râle jaune habite un type particulier de marais qui est rare dans le sud du Québec. La plupart des emplacements qui conviennent à l’espèce sont connus et n’abritent que peu d’individus. Par ailleurs, les quelques grandes tourbières qui ont été visitées à l’intérieur du Québec ne semblent pas abriter l’espèce (M. Robert, obs. pers.), ce qui donne à penser que la plupart des individus habitant le sud de la province fréquentent le corridor du Saint-Laurent et quelques-unes des grandes rivières qui s’y jettent. Il n’y a guère d’endroit où le Râle jaune pourrait étendre son aire dans les corridors du Saint-Laurent et du Saguenay (Robert et al., 1995). Au mieux, on trouvera à l’avenir quelques nouveaux sites qui abriteront probablement quelques individus. Nous pensons que 20 à 80 couples nichent actuellement dans le sud du Québec, et environ le même nombre dans l’intérieur de la province (Robert et al., 1995).

D’après Erskine (1992), moins de 50 couples de Râles jaunes nichent au Nouveau-Brunswick. En fait, le seul site que l’on sait fréquenté régulièrement par l’espèce dans la province est la région des prés du Grand Lac, dans l’estuaire supérieur de la rivière Saint-Jean, où l’on a entendu chaque année trois à 24 mâles chanteurs entre 1991 et 1996. Pendant cette période, le territoire occupé par le Râle jaune a varié de 35 à 131 ha (P. Kehoe et G. Forbes, comm. pers.). Même si l’habitat semble très bien convenir à l’espèce, on n’y a jamais confirmé la nidification. Le niveau des eaux de la rivière Saint-Jean est peut-être trop haut pour l’espèce pendant la saison de nidification; il se pourrait par ailleurs que les oiseaux observés dans les prés du Grand Lac aient été des oiseaux en train de muer qui se reproduisent ailleurs, comme au Québec ou dans l’intérieur du Nouveau-Brunswick. On tente actuellement de déterminer si l’espèce niche effectivement dans les prés du Grand Lac (P. Kehoe, comm. pers.).

Après 11 ans de relevés aériens et au sol effectués dans les milieux humides de toute la province, P. Kehoe (comm. pers.) a conclu que, sur les quelque 20 000 ha de milieux humides de la vallée de la Saint-Jean en aval de Fredericton (y compris les affluents de la rivière), environ 4 000 ha pourraient servir d’habitat au Râle jaune, c.-à-d. les cariçaies. Selon les chiffres les plus récents du gouvernement provincial, 11 p.100 de ces 20 000 ha (2 300 ha) situés dans la vallée du secteur inférieur de la rivière Saint-Jean (entre Fredericton et Saint-Jean au sud) ont été aménagés. Seule une partie de cette zone aurait été composée de cariçaies, et on ignore si on y trouvait des Râles jaunes, étant donné que l’espèce n’a été entendue que dans les prés du Grand Lac (G. Forbes, comm. pers.). L’intérieur de la province compte une trentaine de sites renfermant des cariçaies susceptibles d’abriter des Râles jaunes nicheurs (P. Kehoe, comm. pers.). Il faudrait faire des relevés de nuit dans ces sites.

Plusieurs Râles jaunes ont été entendu ces dernières années dans les marais de Tantramar, près de Sackville, où il y avait une « colonie » entre les années 1940 et 1970 (G. Forbes, comm. pers.).

Selon Erskine (1992), moins de 50 couples de Râles jaunes nichent en Nouvelle-Écosse.

Vu la nature de l’aire de répartition mondiale du Râle jaune, toute analyse de la situation de l’espèce au Canada doit tenir compte aussi de sa situation aux États-Unis. Le tableau 2 donne un aperçu de ce que nous savons sur l’effectif, le nombre de sites d’estivage et les tendances des populations dans l’ensemble de l’aire de répartition. Les données présentées varient énormément sur le plan du niveau de confiance, mais il s’agit des meilleures informations dont nous disposions.

Comme l’aire de répartition du Râle jaune semble continue dans la région de la baie d’Hudson et de la baie James, du moins à l’échelle d’un site par bloc de 100 km x 100 km, sans doute peut-on conclure sans crainte de se tromper qu’il s’y trouve quelques milliers de couples. Il y aurait par ailleurs quelque 2 000 autres couples ailleurs au Canada, et environ 600-750 aux États-Unis. Nous ne tenterons même pas d’estimer le nombre de sites dans la région de la baie d’Hudson et de la baie James. Toutefois la population globale estimative de 2 300-2 800 couples nichant ailleurs que dans cette région se reproduirait dans quelque 300-900 sites. Hors de la région de la baie d’Hudson et de la baie James, on compte au Canada 187 sites où le Râle jaune a été observé durant la saison de reproduction et qu’il pourrait encore fréquenter (figure 3).


Figure 3 : Endroits où le Râle jaune a été observé au Canada durant la saison de reproduction et que l’espèce pourrait encore fréquenter

Si l’on ne possède presque aucune information sur les tendances des populations, on dispose par contre de suffisamment de données directes sur les tendances de l’habitat du Râle jaune pour pouvoir, en les combinant avec les changements connus du paysage, obtenir un tableau assez clair de ce qui est sans doute arrivé aux populations dans différentes parties de l’aire de répartition. Rien ne porte à croire que l’effectif de l’espèce augmente ailleurs dans son aire mondiale à aucun moment de l’année. Au contraire, bien des données indiquent que l’habitat de l’espèce a diminué et continue de diminuer, quoique plus lentement, partout dans la partie méridionale de son aire. Dans le reste de l’aire, soit la région de la baie d’Hudson et de la baie James, l’habitat pourrait aussi diminuer dans certains secteurs, ce que ne peut qu’aggraver le problème causé par les Oies des neiges (pour en savoir davantage, voir la section Tendances de la qualité et de la quantité de l’habitat essentiel). L’aire d’hivernage, relativement petite, diminue par ailleurs également.

Le Râle jaune préfère un habitat de marais où la végétation herbacée est dense et plutôt basse, où l’eau est quasi absente ou du moins peu profonde (généralement 0-12 cm), et dont le substrat demeure saturé tout l’été. On peut le rencontrer dans des champs et des prés humides, dans la plaine inondable des rivières et des ruisseaux, dans l’herbaçaie des tourbières, et à l’étage supérieur (plus sec) des marais estuariens et salés (Bookhout, 1995; Robert, 1996; Robert et Laporte, en cours de rédaction).

Des études antérieures ont établi que, pendant la saison de nidification, les Râles jaunes fréquentent habituellement des marais assez grands pour permettre l’établissement de plusieurs couples (>10 ha) (Walkinshaw, 1939; Terrill, 1943; Brewer et al., 1991; Gibbs et al., 1991; Robert et Laporte, en cours de rédaction); Bookout (comm. pers.) en a toutefois également observé dans des cariçaies aussi peu étendues que 0,5 ha au Michigan. Toujours pendant la nidification, on en a aussi aperçu dans de nombreux sites de 1 ha, dans la région de Cold Lake en Alberta (W. Smith, comm. pers.), dans plusieurs sites de 2-3 ha, à Churchill et dans le sud du Manitoba (R. Koes, comm. pers.), de même que dans un grand nombre de sites de 3-4 ha, dans la région de la rivière à la Pluie, dans le nord-ouest de l’Ontario (D. Elder, comm. pers.). En Alberta, T. Sadler (comm. pers.) n’a jamais rencontré de Râles jaunes dans des cariçaies plus grandes que 2 ha; il les a plutôt observés dans de multiples cariçaies de moins de 1 ha.

Les Râles jaunes nicheurs sont essentiellement associés aux marais dominés par les Cypéracées, les Graminées et les Joncacées, notamment par les plantes émergentes à tige fine du genre Carex, Spartina, Juncus, Calamagrostis, Scirpus, Eleocharis et Hierochloe. Dans les habitats de nidification, on trouve habituellement un tapis sec formé de la végétation morte des années précédentes (Dawson, 1921; Peabody, 1922; Roberts, 1932; Fuller, 1938; Devitt, 1939; Walkinshaw, 1939; Huber, 1960; Stalheim, 1974; Savaloja, 1981; Stenzel, 1982; Bookhout et Stenzel, 1987; Gibbs et al., 1991; Grimm, 1991; Stern et al., 1993; Bookhout, 1995; Robert et Laporte, 1996; Robert et Laporte, en cours de rédaction). Bien que l’un des douze nids découverts par Maltby (1915) en ait été dépourvu, le couvert végétal qui cache le nid est tout à fait caractéristique de l’habitat de nidification de l’espèce, et les femelles le remettent en place lorsqu’il est perturbé (Stalheim, 1974; Stenzel, 1982; Robert et Laporte, en cours de rédaction). D’après Stenzel (1982), ce couvert de végétation morte permet aux oiseaux de se déplacer librement sans être détectés; il pourrait s’avérer particulièrement important les premières semaines suivant leur arrivée au printemps, lorsque la végétation n’a pas encore assez poussé pour leur permettre de se cacher (Robert et Laporte, en cours de rédaction).

Bien que les Carex caractérisent souvent l’habitat utilisé par le Râle jaune en été (Bookhout et Stenzel, 1987; Gibbs et al., 1991; Stern et al., 1993; Robert et Laporte, en cours de rédaction), de nombreuses autres plantes à tige fine peuvent aussi y prédominer. L’importance des Carex dans l’habitat de l’espèce pourrait simplement être due à la nature hydrophyle du genre, à sa tendance à occuper des zones humides ou à peine submergées et, encore davantage, à ses importantes variations et à sa répartition étendue aux latitudes tempérées de l’Amérique du Nord (Marie-Victorin, 1995). C’est pourquoi Robert et Laporte (en cours de rédaction) pensent que les Carex ne devraient pas être considérés comme la seule espèce végétale indicatrice (Stenzel, 1982; Gibbs et al., 1991) de l’habitat du Râle jaune. Comme les autres espèces de râles, le Râle jaune peut en effet tolérer une forte variation de certaines caractéristiques subtiles de son habitat estival, comme la composition des espèces végétales, la densité des tiges et la hauteur de la végétation (Rundle et Fredrickson, 1981; Flores et Eddleman, 1995; del Hoyo et al., 1996). Son choix d’habitat pourrait être influencé surtout par la physionomie végétale et le niveau maximum des eaux.

Le Râle jaune utilise un plus large éventail de types d’habitat pendant la migration et en hiver que pendant la saison de reproduction. À l’automne, en plus d’exploiter les prés humides et les marais côtiers, il peut fréquenter les rizières, les champs de foin sec et les champs de céréales (Bent, 1926; Ripley, 1977; Savaloja, 1981; Godfrey, 1986; Cardiff et Smalley, 1989). Dans les lieux d’hivernage du Texas, on le trouve souvent dans les marais côtiers dominés par le Spartina patens (Stalheim, 1974; Anderson, 1977; Lane et Tveten, 1984), tandis qu’en Louisiane, on le rencontre souvent dans les rizières (Lowery, 1974; Cardiff et Smalley, 1989). On l’observe aussi fréquemment dans les marais côtiers à Spartina pendant la migration printanière (Shoch, 1990). En Caroline du Sud, on le rencontre dans les baissières à herbes courtes et les emprises des lignes de transport d’énergie qui traversent certains milieux humides et sont régulièrement tondues (J. Cely, comm. pers.).

Au Canada, une forte proportion de l’habitat qui convient au Râle jaune se trouve sur la côte ouest de la baie d’Hudson (Manitoba et Ontario) et sur la côte de la baie James (Ontario et Québec). Cette région mal connue pourrait être, à notre avis, un bastion pour l’espèce. En Ontario, les côtes de la baie James et de la baie d’Hudson, extrêmement plates, forment une plaine côtière étendue mal drainée et dominée par des tourbières ombrotrophes et minérotrophes dégagées, entremêlées de tourbières boisées à épinette noire (Picea mariana) et à mélèze laricin (Larix laricina) (Cadman et al., 1987). Comme les basses-terres de la baie d’Hudson Bay en Ontario couvrent environ 260 000 km2, soit le quart de la province (Wilson et McRae, 1993), il serait utile de déterminer quelle proportion de l’ensemble de la région pourrait accueillir des Râles jaunes.

Même si aucun relevé des Râles jaunes n’a été fait du côté québécois de la baie James, nous avons quand même une bonne idée de la superficie d’habitat potentiel qui s’y trouve (Robert et al., 1995). Au sud de la rivière au Castor, il pourrait y avoir environ 20 000 ha de marais (Consortium Gauthier et Guillemette – GREBE, 1992b), dont des bas-marais et des haut-marais. Les haut-marais, les prés littoraux et les arrière-marais couvrent respectivement 1 635, 1 075 et 211 ha dans la baie Cabbage-Willows et 1 073, 37 et 1 222 ha dans la baie Boatswain; ailleurs dans l’estuaire de la baie de Rupert, ils couvrent respectivement 1 186, 239 et 700 ha, (Consortium Gauthier et Guillemette - GREBE, 1992c). Cela représente, en théorie, un peu plus de 7 000 ha d’habitat potentiel pour le Râle jaune dans la baie Boatswain et la baie de Rupert, couvrant la plus grande partie de l’habitat potentiel de cette espèce du côté québécois de la baie James. Au nord de la rivière au Castor, les marais côtiers sont moins nombreux et moins vastes que dans le sud-est de la baie James. Sur les 264 marais cartographiés par Dignard et al., (1991), moins de 10 ont une superficie supérieure à quelques kilomètres carrés, et la plupart sont situés dans les portions supérieures de grandes baies, comme la baie Dead Duck, la baie Aquatuc, la baie des Oies, la baie Paul et la baie Many Islands.

L’est de l’Alberta semble abriter d’immenses superficies d’habitat potentiel, tout comme les prairies-parcs et le sud de la forêt boréale de la Saskatchewan et les prairies-parcs et le sud de la forêt boréale du Manitoba. Les prairies-parcs de la Paix, dans le nord-ouest de l’Alberta, qui s’étendent sur environ 300 km au nord, presque jusqu’à la frontière des Territoires du Nord-Ouest, sont un prolongement isolé de la forêt-parc à trembles. Elles renferment des cariçaies qui, une fois asséchées, servent de lieux de nidification à plusieurs espèces de sauvagine (B. Caverley, comm. pers.). On n’a jamais vu de Râles jaunes dans cette région, mais on n’y a guère fait de relevés non plus, sinon pas du tout. Dans le sud de l’Ontario, par ailleurs, une forte proportion des milieux humides a disparu (Austen et al., 1994), et la population, qui utilisait probablement une aire de nidification étendue dans la province, a vu ses effectifs diminuer dans un ou deux sites (Cadman et al., 1987).

Dans le sud du Québec, les cariçaies couvrent 1 480 ha entre Cornwall (Ontario) et Trois-Rivières, et sont limitées à la région du lac Saint-François (Aménatech, 1992a). Entre Trois-Rivières et Montmagny, la plupart des habitats convenables sont situés à l’île aux Grues et à Cap Tourmente, et couvrent plus ou moins 900 ha (Robert et al., 1995; Robert et Laporte, 1996). Dans l’ensemble, quelque 2 400 ha de marais pourraient sans doute convenir à la nidification du Râle jaune entre Cornwall et Montmagny. Ailleurs le long du Saint-Laurent, on ne possède aucune estimation précise de la superficie couverte par les haut-marais comme ceux qu’habite le Râle jaune. On trouve quelques marais sur la rive sud de l’estuaire du Saint-Laurent, entre Saint-Jean-Port-Joli et Matane, séquelles des vastes étendues de dépôts de particules fines qu’on trouve dans la région. Les plus grands marais de la rive sud sont ceux de l’Isle-Verte (1 369 ha), de Rivière-du-Loup (325 ha), de Trois-Pistoles (252 ha), de Saint-André (200 ha) et de Kamouraska (150 ha). Sur la rive nord de l’estuaire, l’escarpement des berges empêche presque partout la formation de marais. Les plus grands marais sont ceux de la baie des Outardes (593 ha), de Baie-Saint-Paul (304 ha), de la baie des Mille-Vaches (249 ha) et de la baie des Îlets Jérémie (121 ha) (Desponts et al., 1995; Robert et al., 1995). Sur la rive du golfe du Saint-Laurent, les grands marais sont rares et habituellement confinés aux embouchures des rivières où se sont accumulés les sédiments fins, notamment dans les sites protégés le long des flèches littorales et dans les baies profondes. En Gaspésie, les plus grands marais (200-400 ha) sont ceux de Gaspé, de la Malbaie, de Paspébiac et de Restigouche (Desponts et al., 1995). Bien sûr, seule une fraction de tous ces endroits consiste en haut-marais susceptibles de convenir au Râle jaune. Enfin, certaines grandes tourbières minérotrophes de l’Abitibi et du Lac-Saint-Jean pourraient abriter quelques individus.

Au Nouveau-Brunswick, l’habitat potentiel inclut la portion des prés du Grand Lac de l’estuaire de la rivière Saint-Jean, plus une trentaine de cariçaies dans l’intérieur de la province (P. Kehoe, comm. pers.).

La disparition des milieux humides au profit des activités humaines est probablement le principal facteur qui affecte les populations de Râles jaunes (Bookhout, 1995). Ses répercussions sur l’habitat pourraient être particulièrement graves étant donné que l’espèce occupe les secteurs les plus secs des marais (Eddleman et al., 1988).

Les conditions météorologiques ont aussi une lourde incidence sur la superficie des cariçaies à un moment et dans un endroit donnés : le nombre de ces milieux dans une région varie en effet d’une année à l’autre selon le niveau des eaux. Lorsque le temps humide persiste plusieurs années, les cariçaies se transforment en marais à quenouilles et à joncs; lorsque c’est le temps sec qui perdure, les saules et les graminées envahissent le terrain (W. Smith, comm. pers.).

Aux États-Unis, près de la moitié des milieux humides côtiers de nombreux États de l’Est ont disparu par suite du dragage et du remblayage (Eddleman et al., 1994). Depuis le milieu des années 1950, la disparition des milieux humides estuariens de la zone littorale étatsunienne s’est accélérée d’environ 0,5 p.100 par année (Schneider et Pence, 1992). Au milieu des années 1970, il ne restait plus que 46 p.100 des milieux humides originaux chez nos voisins du Sud, et le rythme de disparition se maintenait à plus de 160 000 ha par année il y a une décennie. Les habitats les plus menacés sont les milieux humides palustres et riverains, qui sont importants pour plusieurs espèces de râles. Le développement agricole est responsable de 87 p.100 des pertes récentes aux États-Unis, l’étalement urbain, le développement industriel et l’aménagement de réservoirs répondant du reste (Eddleman et al., 1988).

Le fait que les lois relatives au drainage des milieux humides peuvent ou non s’appliquer aux habitats plus secs du type que fréquente le Râle jaune est un facteur qui a beaucoup joué dans la perte d’habitats de reproduction et d’hivernage aux États-Unis. Il est en effet très facile de mettre en culture les lisières des milieux humides utilisées par l’espèce. La perte d’habitat est donc une grande source de préoccupation tant pour le Râle noir (Laterallus jamaicensis) que pour le Râle jaune aux États-Unis. Dans le Midwest, par exemple, il ne reste plus que très peu d’habitat pour le Râle jaune, sinon aucun, car ce type de milieu a disparu il y a longtemps. Malheureusement, il semble y avoir peu d’information sur la situation antérieure de l’espèce dans la région (B. Eddleman, comm. pers.).

L’apparente augmentation de la population de Râles jaunes en Oregon observée au cours des dernières années pourrait être un effet tardif de la sécheresse qui a sévi au début des années 1990. Le nombre et la qualité des habitats de nidification acceptables a probablement augmenté à cause de la profondeur accrue des eaux, du fait de l’abondance accrue de végétation vivante et sénescente (K. Popper, comm. pers.). Cette population n’en est pas moins soumise aux mêmes menaces que les autres, soit essentiellement l’excavation de fossés et le drainage des prés humides à des fins agricoles, et le surpâturage des habitats de nidification. L’un des problèmes observés dans le bassin de la Klamath est le nettoyage des fossés. Non seulement on draine les champs où la nappe phréatique a monté à cause de la lente accumulation de sédiments et de végétation dans les fossés, mais on augmente parfois la profondeur des fossés par rapport à leur profondeur originale. Cette pratique peut avoir des effets néfastes sur les terres bordant les fossés, de même que sur les terres adjacentes où niche le Râle jaune. Par ailleurs, les lieux de nidification situés sur des terres publiques (fédérales) peuvent être immergés à la fin de la saison (juillet) à cause de l’irrigation par submersion pratiquée sur les terres privées adjacentes. Le niveau des eaux a une lourde incidence sur la présence et les déplacements des râles, et c’est pourquoi la régularisation des eaux a une grande importance pour la santé des populations de l’Oregon et d’ailleurs aux États-Unis. La tendance actuelle de l’habitat dans le centre-sud de l’Oregon est relativement stable, les fluctuations d’une année à l’autre dépendant des précipitations et du niveau des eaux. Comparativement à la situation historique, cependant, la diminution a été considérable : il ne reste plus aujourd’hui qu’environ 15 p.100 des milieux humides qu’on trouvait autrefois dans le bassin du cours supérieur de la Klamath (K. Popper, comm. pers.).

La disparition de l’habitat a été si marquée aux États-Unis que l’aire d’hivernage du Râle jaune pourrait être fragmentée. Il serait certes utile de faire des recherches à ce sujet (T. Bookout, comm. pers.). Au Texas et ailleurs dans les zones d’hivernage aux États-Unis, l’espèce semble en grande partie confinée à une étroite bande côtière (p. ex. 48 km) (K. Mizell, K. Arnold, comm. pers.). Dans tous les États du golfe, les marais côtiers sont menacés. Au Texas, par exemple, tous ceux qu’utilise l’espèce, sur la portion nord de la côte, sont menacés par le développement ou par l’agriculture. Un important facteur est la réduction des subventions accordées par le gouvernement fédéral pour la culture du riz, qui incite les cultivateurs à vendre leurs terres aux lotisseurs ou à les utiliser pour le pâturage (K. Mizell, comm. pers.). En outre, les rizières situées sur la côte du golfe sont converties à d’autres utilisations. Même si le taux de conversion n’est pas significatif, il n’en est pas moins stable. Au Texas, où il faut pomper les eaux souterraines pour cultiver le riz, les rizières sont transformées en pâturages et en zones résidentielles; en Louisiane, où on utilise autant les eaux superficielles que de l’eau stockée (dans des canaux), la tendance est à remplacer le riz par la canne à sucre. Les subventions fédérales à la riziculture diminuent de façon régulière chaque année et auront disparu d’ici quelques années. C’est pourquoi de nombreux riziculteurs vendent leurs terres à d’autres groupes d’intérêt ou, comme en Louisiane, se convertissent à la culture de la canne à sucre, qui bénéficie encore de subventions fédérales. La tendance générale est également à la baisse dans les milieux humides indigènes du Texas et de la Louisiane (C. Cordes, comm. pers.).

Dans les basses-terres de la baie d’Hudson, dans le nord du Manitoba, le surpâturage par les Oies des neiges a une incidence majeure sur l’habitat côtier, et par le fait même peut-être aussi sur l’habitat du Râle jaune (D. Hussell, comm. pers.). Les effectifs d’Oies des neiges ont en effet considérablement augmenté au cours des trois dernières décennies. L’espèce a appris à exploiter les terres agricoles dans son aire d’hivernage étatsunienne ainsi que dans ses haltes migratoires, et ne se limite plus aux marais d’eau salée et d’eau douce, pas toujours aussi productifs. En conséquence, les oies sont en général en très bonne condition physique lorsqu’elles arrivent à leurs lieux de nidification et le succès reproducteur est de loin supérieur à ce qu’il était autrefois. Mais la population est ainsi devenue si abondante que le surpâturage commence à poser problème non seulement pour les oies, dont un certain nombre manque de nourriture avant de s’envoler pour la première fois, mais aussi pour les autres espèces (Abraham et Jeffries, 1997; K. Ross, comm. pers.).

La zone de forte densité d’Oies des neiges de la colonie de la baie La Pérouse, à l’est de Churchill, par exemple, s’est déplacée de quelques kilomètres depuis son emplacement original, laissant derrière plusieurs habitats altérés (tourbe exposée, vastes marelles, fourrés de saules morts) (K. Ross, comm. pers.). Les oies ont profondément modifié tout l’habitat intertidal de la baie La Pérouse. On y trouve aujourd’hui beaucoup moins de végétation, et la zone côtière est parsemée de vastes zones de saules morts. Presque toutes les pousses du Carex aquatilis sont broutées jusqu’à une distance de 10 km de la côte. De vastes tapis de mousse sont présents près de la côte (Abraham et Jeffries, 1997). À propos de la baie La Pérouse, R. Rockwell (comm. pers.) écrit ce qui suit : « Dans les années 1960 et au début des années 1970, nous avions l’habitude d’entendre régulièrement les Râles jaunes. Mais je n’en ai plus entendu depuis 1982. Depuis trois ans [1996-1998], je me suis vraiment efforcé de patrouiller la région, d’écouter, etc., mais sans aucun succès. Selon moi, l’espèce ne fréquente plus cette région qu’elle occupait autrefois, ce qui n’est guère étonnant vu que l’endroit n’est plus qu’un terrain dégradé et inutilisable. » [Traduction de l’anglais]

Cette dégradation de l’habitat en est à divers stades sur les côtes de la baie James et du sud de la baie d’Hudson (qui coïncident avec l’aire de reproduction du Râle jaune), et pourrait avoir un impact sur les populations du Manitoba et de l’Ontario. Pour l’heure, ces effets devraient toutefois être très localisés (K. Ross, comm. pers.). Tous les secteurs de ces côtes où l’on trouve des colonies nicheuses d’Oies des neiges ont subi des dommages, de même que de nombreuses haltes migratoires (K. Abraham, comm. pers.).

L’altération de l’habitat des basses-terres de la rivière des Esclaves, qui font partie de la très petite aire de répartition connue du Râle jaune dans les Territoires du Nord-Ouest, soulève des inquiétudes pour l’orignal (Alces alces). Il y a plus de 50 ans qu’on exploite les forêts de la région, et le gouvernement des Territoires procède au brûlage dirigé des prés envahis par les saules pour améliorer l’habitat du bison d’Amérique (Bison bison) (Bradley et al., 1996). À défaut de savoir exactement où pourrait nicher le Râle jaune dans la région et où ont lieu ces altérations de l’habitat, il est difficile d’analyser les effets potentiels.

Dans les Prairies canadiennes, le nombre de milieux humides utilisables par la sauvagine (et sans doute aussi par le Râle jaune) fluctue énormément chaque année, ce qui reflète la nature hautement variable des températures et des précipitations dans tout le milieu du continent (Turner et al., 1987). L’environnement en grande partie vierge qui caractérisait la région des prairies-parcs au début du 20e siècle est aujourd’hui devenu la plus grande étendue de terres agricoles au Canada. Pour répondre à la demande de production agricole accrue, on a d’abord défriché de larges parcelles de terres nouvelles. Mais les nouvelles terres convenables venant à manquer, les agriculteurs ont cherché à accroître leur production en intensifiant leurs opérations sur les terres existantes. C’est ainsi qu’on a drainé, remblayé, fauché et cultivé les milieux humides, et déboisé et cultivé les terres marginales, ce qui a provoqué une dégradation progressive de l’habitat de la sauvagine (et sans doute aussi du Râle jaune) (Turner et al., 1987). En 1986, environ 40 p.100 des milieux humides originaux des Prairies canadiennes avaient disparu (Canada/United States Steering Committee, 1986).

Une étude de plus de 10 000 milieux humides potentiels effectuée dans la région des prairies-parcs entre 1981 et 1985 a montré que les marges de ces milieux (la zone contiguë s’étendant jusqu’à 10 m au-delà de la limite extérieure de la zone de prairie humide) sont toujours altérées plus rapidement que le bassin humide proprement dit (le centre du milieu humide jusqu’aux marges extérieures de la zone de prairie humide). Ce processus de dégradation ralentit en fonction de la permanence du milieu humide, ce que reflète sans doute la plus grande vulnérabilité des milieux humides moins permanents. Il est ressorti que la vitesse de dégradation des bassins et des marges des milieux humides augmentait (Turner et al., 1987).

Traditionellement, on a construit des digues ou des barrages de grande envergure pour créer des habitats pour la sauvagine ou les améliorer; ce genre d’aménagement s’appliquait en général à des superficies d’au moins 10 ha. Des cariçaies ont ainsi été submergées et donc rendues inutilisables pour le Râle jaune, mais d’autres se sont apparemment développées en bordure des nouveaux aménagements, protégées contre tout drainage. En outre, alors que les cariçaies naturelles connaissaient des fluctuations alétatoires du niveau de leurs eaux, les nouvelles, issues de la construction des barrages, sont en principe gérées de façon à durer longtemps (T. Sadler comm. pers.; B. Calverley, comm. pers.).

Des recherches récentes ont montré que l’un des principaux facteurs limitant le succès reproducteur de la sauvagine est l’habitat de nidification des espèces nichant en zone sèche. C’est pourquoi le nouveau programme Prairie CARE, mis sur pied dans le cadre du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine, devenu entièrement opérationel en 1991, met l’accent sur la création d’un couvert de nidification (ou sur son amélioration) en zone sèche. On a donc ensemencé d’immenses étendues de zones sèches dans la région des prairies-parcs afin de créer un tel couvert, et on y a interdit le pâturage et le fauchage, sauf à des fins de gestion de la faune. Ce type de gestion, qui se fait en collaboration avec les propriétaires fonciers dans le cadre de divers types d’ententes, vise les régions à haute densité de milieux humides (p. ex. 100-150 îlots de milieux humides/mille carré). On aide ainsi non seulement la sauvagine, mais apparemment aussi d’autres espèces comme le Troglodyte à bec court (Cistothorus platensis), le Bruant de Le Conte (Ammodramus leconteii) et le Râle jaune, qui utilisent les régions à dense couvert de nidification des milieux humides environnants (T. Sadler comm. pers.; Brett Calverley, comm. pers.).

En Alberta, le développement industriel est très rapide dans de nombreuses régions. L’exploitation pétrolière et gazière classique prend de l’ampleur dans la majeure partie de la province, et l’extraction du pétrole brut augmente dans le Nord. Tous ces développements pétroliers et gaziers, qui se font à l’échelle du paysage, nécessitent des infrastructures (routes, pipelines en surface et souterrains, lignes de transport d’énergie et lignes sismiques) qui peuvent perturber l’habitat (G. Hamilton, comm. pers.; D. Hervieux, comm. pers.), dont les milieux humides. Deux espèces d’oiseaux pour lesquelles on possède assez de données pour évaluer leur statut nichent souvent dans les mêmes régions que le Râle jaune dans la province : le Troglodyte à bec court et le Chevalier semipalmé (Catoptrophorus semipalmatus). Les deux espèces figurent sur la liste jaune B, ce qui signifie qu’elles doivent faire l’objet d’une attention spéciale sur le plan de la gestion, et toutes deux ont aussi connu des pertes d’habitat de nidification dues à la sécherresse et au drainage des milieux humides (Alberta Environmental Protection, 1996).

L’extraction de tourbe est une nouvelle industrie qui se développe dans les secteurs non boisés de certains régions du nord de l’Alberta (D. Moyles, comm. pers.). Même si le Râle jaune n’est pas directement associé aux tourbières, cette activité pourrait avoir une incidence sur le niveau des eaux des secteurs en question et de leurs environs, qui peuvent renfermer des cariçaies. Les mentions récentes de Râles jaunes provenant de la vaste tourbière de Red Lake au Minnesota donnent par ailleurs à penser qu’avec la destruction incessante des milieux humides ailleurs dans l’aire de répartition de l’espèce, les tourbières pourraient devenir un important refuge pour celle-ci (Coffin et Pfannmuller, 1988).

Le défrichage et le drainage des milieux humides pour la culture et le pâturage posent problème dans les deux bastions connus du Râle jaune en Alberta, soit les régions du lac Cold et du lac Buffalo. L’exploitation forestière vient s’ajouter à ces facteurs dans la région du lac Cold. Lorsqu’ils ne détruisent pas directement les milieux humides, le défrichage et l’exploitation forestière altèrent habituellement le régime hydrologique de telle façon que les milieux humides peu profonds restent secs plus longtemps et finissent par disparaître après quelques années (W. Smith comm. pers.).

L’abrogation récente par le gouvernement fédéral du taux du Nid-de-Corbeau, une subvention à la production de céréales qui incitait les agriculteurs à défricher, a rendu cette pratique beaucoup moins attrayante sur le plan économique, et devrait avoir une incidence positive sur l’habitat des espèces sauvages en général, dont celui du Râle jaune. Si, au cours des quatre dernières années, le temps pluvieux a permis à de nombreuses régions du sud de la Saskatchewan d’être à nouveau submergées, à long terme les milieux humides n’en continueront pas moins de disparaître au profit de l’agriculture. On estime à 40 000 ha la superficie d’habitat faunique perdue chaque année dans la province à cause des coupes forestières, de la culture des graminées et du drainage des îlots de milieux humides. Le drainage se pratique surtout dans le quart sud-est de la province. Heureusement, environ 10 000 ha d’habitat, dont une partie pourrait convenir au Râle jaune, sont protégés chaque année par Canards Illimités et d’autres partenaires dans le cadre du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (B. Macfarlane, comm. pers.).

Dans le sud du Manitoba, on continue de drainer d’immenses superficies de milieux humides pour l’agriculture. Même si cette pratique devient moins attrayante sur le plan économique (réduction des subventions de l’État) et politique (collaboration accrue entre les agences) comme en Saskatchewan, et est en fait illégale, certains petits agriculteurs y ont encore recours à petite échelle, notamment dans les petits îlots de milieux humides saisonniers. Ces changements sont difficiles à quantifier, en particullier au niveau des communautés naturelles (p. ex. la cariçaie). Toutefois, l’habitat du Râle jaune continue manifestement de disparaître au profit des terres agricoles, quoique à un rythme moindre qu’auparavant (D. Hudd, comm. pers.).

Le Bouclier canadien, au nord de tout accès par route ou par rail, n’a guère connu de perturbations directes liées aux activités humaines (Cadman et al., 1987). L’industrie forestière s’avance toutefois de plus en plus dans le Nord, et l’exploitation continuera vraisemblablement jusqu’à la limite des arbres (Cumming, 1997). Un grand nombre de petits sites (3-4 ha) de la région de la rivière à la Pluie où l’on pouvait entendre des Râles jaunes il y a 25 ans ont aujourd’hui disparu à cause du drainage des milieux humides (D. Elder, comm. pers.). Il reste toutefois un vaste site protégé.

Dans le sud de l’Ontario, l’habitat a tellement diminué que l’espèce a presque disparu comme espèce nicheuse. Il reste aujourd’hui moins de 12 p.100 des 2,3 millions d’hectares de milieux humides qu’on trouvait autrefois dans la région sise au sud du Bouclier canadien. Cette perte est attribuable avant tout aux établissements humains et à l’agriculture. C’est dans l’extrême sud-ouest de la province qu’on a drainé la plus forte proportion de milieux humides. Le cas le plus exemplaire de lieu de reproduction du Râle jaune lourdement endommagé en Ontario est le marais Holland, sur la rive sud du lac Simcoe, Ce marais, entouré depuis les années 1920 d’un fossé de drainage aménagé en grande partie à des fins agricoles (Day, 1927), ne renferme plus que de petits îlots d’habitat (R. Harris, comm. pers.). En 1927, environ 280 ha du marais ont été récupérés et mis en culture par des exploitations maraîchères intensives (Devitt, 1967). Dès les années 1960, Devitt (1967) notait que cette section du marais avait été drainée et transformée en jardins maraîchers, chassant le Râle jaune de la région. Le Bruant de Le Conte, qui nichait également dans le marais Holland, a lui aussi été profondément affecté. Le Râle jaune s’y reproduit peut-être encore (G. Bennett, comm. pers.), mais ce lieu de nidification n’est plus que l’ombre de ce qu’il était.

Plusieurs petits prés humides du district de la rivière à la Pluie ont été drainés par des fossés au cours des 25 dernières années. D. Elder (comm. pers.) a été témoin de la disparition du Râle jaune dans nombre de ces sites pendant cette période.

Au Québec, le principal facteur limitant le Râle jaune est la disparition de l’habitat attribuable au drainage et au remblayage des nombreux milieux humides situés le long du Saint-Laurent (Robert et al., 1995). Les endroits où l’on trouve encore le Râle jaune le long du fleuve sont certes plus rares aujourd’hui, la superficie des milieux humides y ayant considérablement diminué au cours des dernières décennies. Environ 40 p.100 des marais côtiers originaux ont été convertis à d’autres usages entre 1950 et 1978 (Bouchard et Millet, 1993). Il semble en outre qu’un grand nombre des marais ainsi convertis étaient des haut-marais; plus secs que les bas-marais, ces haut-marais sont en effet plus faciles à drainer et à endiguer (Robert et al., 1995). Par exemple, la construction de digues dans l’estuaire du Saint-Laurent a fait reculer de plusieurs mètres la plus grande partie des marais salés (Couillard et Grondin, 1986), et entraîné la dispariton de nombreux sites qui auraient pu être utilisés par le Râle jaune. De même, les marais intertidaux de la région de Kamouraska, qui s’étendaient sur plus de 26 km, entre la pointe Saint-Denis et Rivière-des-Caps, sur la rive sud du Saint-Laurent, et couvraient 9,33 km2, ne couvraient plus que 3,91 km2 en 1986. C’est donc 542 ha qui ont ainsi disparu.

Les changements survenus dans ces marais intertidaux sont d’origine anthropique. Ils résultent en effet avant tout de leur endiguement, effectué entre 1930 et 1986 pour convertir les terres à des usages agricoles (Pelletier et al., 1990). Un grand nombre de lagunes et de marais longeant le Saint-Laurent ont également été convertis par remblayage et par divers types d’aménagements. Par exemple, la construction des infrastructures portuaires à Cacouna à partir de 1965 a entraîné la perte directe de 1,08 km2 de marais, et provoqué dans les régimes hydrodynamiques et sédimentaires des changements qui ont à leur tour modifié la structure de la communauté végétale (Pelletier et al., 1990). Les infrastructures aménagées le long du Saint-Laurent (par exemple l’autoroute 20 près de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et de Rivière-du-Loup, et la route 138 entre la ville de Québec et Sainte-Anne-de-Beaupré) ont sans doute aussi contribué à la disparition de nombreux marais utilisés par le Râle jaune dans le sud du Québec (voir Campagna, 1931). Dans l’ensemble, au moins 50 p.100 de l’habitat potentiel situé le long du Saint-Laurent et du Saguenay ont disparu au cours des dernières décennies (Robert et al., 1995).

Par ailleurs, les répercussions potentielles sur le Râle jaune de l’endiguement de certaines zones pour accroître le niveau des eaux au profit de la sauvagine n’ont pas été évaluées au Québec. On sait toutefois que le marais Antoine, en Abitibi, a été submergé en 1996, et qu’on n’y a pas observé l’espèce en 1997 (M. Robert, obs. pers.); on n’y a entendu aucun Râle jaune lors de la saison de nidification de 1998, mais on en a entendu un au cours de la première semaine d’août (R. Deschênes, comm. pers.). On sait que l’espèce fréquentait ce site qui, avant d’être inondé, lui offrait un vaste habitat. J.-P. Laniel (comm. pers.) estime toutefois que si, dans un premier temps, la submersion peut réduire l’habitat du Râle jaune, la superficie de celui-ci pourrait toutefois augmenter par la suite étant donné que l’expansion des milieux humides devrait agrandir le périmètre propice à la colonisation par les cariçaies (comme cela se produit souvent après ce genre d’aménagement dans les prairies). Reste à voir dans quelle mesure il y aura recolonisation par les cariçaies et combien il faudra d’années au Râle jaune pour revenir dans la région.

Dans les Maritimes, depuis le 17e siècle, les milieux humides ont souffert davantage que tout autre type de milieu des activités humaines, même si, avant le 20e siècle, ils n’étaient vraiment perturbés que par les rejets d’ordures et d’eaux usées. L’endiguement des marais salés du fond de la baie de Fundy pour aménager des champs de foin et des pâturages a quand même commencé dès la fin du 17e siècle (Erskine, 1992); cet habitat a ainsi été soustrait à l’usage des Râles jaunes qui pouvaient s’y trouver, comme il l’a été à celui des Bruants de Nelson (Ammodramus nelsoni) et des Chevaliers semipalmés. Le drainage des marais d’eau douce, des étangs et des lacs au profit de l’agriculture, pratiqué de manière localisée et à petite échelle avant la Seconde Guerre mondiale, s’est généralisé par la suite et s’est poursuivi jusqu’en 1960 environ, après quoi il a ralenti ou même légèrement régressé. Ce renversement de tendance pourrait avoir été causé par l’aménagement de marais de retenue, notamment pour la sauvagine (Erskine, 1992). On estime que 10 p.100 des milieux humides d’eau douce et environ 65 p.100 des marais côtiers du Nouveau-Brunswick ont disparu (K. Connor, comm. pers.).

Les changements d’habitat dans les 8 000 ha de milieux humides de la plaine inondable du cours inférieur de la rivière Saint-Jean ont vraisemblablement été peu importants jusqu’à la construction du barrage hydroélectrique Mactaquac, en amont de Fredericton, dans les années 1970. Les effets de ce barrage sur le régime hydrologique et le cycle des éléments nutritifs dans les milieux humides situés en aval sont mal compris (P. Kehoe, comm. pers.). Plus récemment, l’endiguement de prés semi-permanents pour la sauvagine a provoqué certains changements (G. Forbes, comm. pers.). En fait, presque toutes les cariçaies de la province pourraient être aménagées d’une façon ou d’une autre (p. ex. retenue ou gestion des eaux libres par excavation de fossés guidée au niveau ou par dynamitage des cuvettes). Mais cela risque peu de se produire au Nouveau-Brunswick vu les contraintes financières et la sensibilité écologique dont fait maintenant preuve le ministère des Ressources naturelles et le Programme des habitats côtiers. Jusqu’au milieu des années 1980, le gouvernement de la province s’intéressait peu à la conservation des milieux humides et il n’existait pratiquement aucun processus réglementaire. Dans les années 1970 et 1980, de nombreux milieux humides ont été aménagés (c.-à-d. altérés) dans le cadre du programme de stabilisation des eaux de Canards Illimités Canada. Ce programme profitait et profite toujours au canards de même qu’à diverses autres espèces (p. ex. la Guifette noire [Chlidonias niger] et le Grèbe à bec bigarré [Podilymbus podiceps]). Jusqu’à la fin des années 1980, personne ne voyait la nécessité de réglementer ou de changer cette stratégie. La régularisation des cours d’eau était attrayante pour la gestion de nombreuses espèces, alors que la cariçaie non améangée apparaissait comme infinie et dénuée de diversité faunique comparativement aux sites aménagés (P. Kehoe, comm. pers.). Les projets de Canards Illimités Canada ont ainsi entraîné la conversion d’environ 2 300 ha de milieux saisonnièrement inondés en milieux inondés en permanence (K. Connor, comm. pers.).

Mais tout cela est en train de changer. Canards Illimités Canada, de concert avec les gouvernements provincial et fédéral et dans le cadre du Plan conjoint des habitats de l’Est, est à mettre au point, pour la plaine inondable de la rivière Saint-Jean, une stratégie de gestion qui conservera l’habitat pour sa valeur propre et définira les zones où des projets d’aménagement, de régularisation et de restauration pourraient s’avérer souhaitables pour de multiples espèces. La première étape, qui consiste à établir le profil des communautés de la plaine inondable et de leurs habitats, en est à sa deuxième année (P. Kehoe, comm. pers.).

L’habitat d’hivernage pourrait être pour le Râle jaune un facteur plus limitatif que l’habitat de reproduction, vu sa superficie beaucoup moindre et les énormes pressions auxquelles il est soumiss sur la côte du golfe. Comme on sait peu de choses sur les habitats qui sont utilisés par l’espèce et sur ceux qui ne le sont pas, il est difficile d’estimer le taux de perte d’habitat d’hivernage. Les rizières continuent de disparaître à cause de divers facteurs économiques, ce qui est préoccupant. Les travaux de K. Mizell et d’autres études que doit entreprendre le U.S. Fish and Wildlife Service sur les habitats d’hivernage du Râle jaune et du Râle noir (C. Cordes, comm. pers.) devraient jeter quelque lumière sur la situation du Râle jaune dans ses quartiers d’hiver.

La disparition de l’habitat du Râle jaune, relativement rapide plus tôt au cours du 20e siècle dans tout le sud du Canada, semble avoir quelque peu ralenti aujourd’hui, ce qui a également été le cas de l’aire de reproduction aux États-Unis. Au Canada, les partenaires du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine jouent un rôle important dans la protection et le rétablissement de l’habitat des espèces sauvages, notamment dans les Prairies, qui sont probablement un bastion du Râle jaune. Ces organismes sont en effet de plus en plus sensibles au destin tragique des espèces autres que la sauvagine. L’accent qu’on a mis récemment sur l’habitat de nidification de la sauvagine et d’autres oiseaux des hautes terres d’amont est une mesure positive pour un certain nombre d’espèces d’oiseaux, dont le Râle jaune. En Alberta, par contre, l’habitat disparaît particulièrement vite à l’échelle du paysage par suite de l’intense activité industrielle.

Le problème posé par les Oies des neiges suscite également des inquiétudes parce qu’il affecte le seul bastion vierge du Râle jaune. Les limites de capture ont été accrues récemment pour tenter de pallier ce problème (S. Wendt, comm. pers.). On ignore cependant si cela aura vraiment l’effet escompté (C. Gratto-Trevor, comm. pers.).

D’après les informations actuelles, une proportion appréciable de la population mondiale du Râle jaune pourrait se reproduire dans les basses-terres de la baie d’Hudson et de la baie James, qui ne semblent pas présenter de dangers importants pour l’espèce, à part le problème posé par les Oies des neiges et le peu de protection officielle de l’habitat dont bénéficie la région. Aucune mesure de gestion spéciale ne s’impose dans la région pour ralentir la succession végétale (p. ex. brûlage, submersion, assèchement), car l’habitat du Râle jaune y est conservé intact par les marées naturelles. Nous ne possédons pas d’informations détaillées sur la proportion des sites protégés qui sont occupés par l’espèce dans les Prairies, mais certains le sont indéniablement. En Ontario, le marais Big, dans la région de la rivière à la Pluie, est protégé par le gouvernement provincial (D. Elder, comm. pers.); la tourbière Richmond ne l’est pas, mais n’est exposée à aucun danger immédiat. Au Québec, environ la moitié des sites abritant des Râles jaunes sont dans des aires protégées (Robert et al., 1995) (p. ex. les réserves nationales de faune du lac Saint-François et du Cap Tourmente, et la baie Boatswain).

Néanmoins, au Québec comme ailleurs, la simple protection de l’habitat ne garantit en rien que l’habitat du Râle sera sauvegardé étant donné que la succession végétale peut graduellement transformer le milieu en un site qui ne convient plus à l’espèce (Jean et Bouchard, 1991; Robert et al., 1995; Robert et Laporte, 1996). Par ailleurs, les marais protégés peuvent faire l’objet de mesures de gestion de la faune visant à favoriser certaines espèces (notamment la sauvagine), mesures qui peuvent nuire à l’habitat du Râle jaune étant donné que les milieux humides les plus importants pour l’espèce sont moins profonds et davantage couverts par la végétation émergente que ceux qui sont normalement aménagés pour la sauvagine (Eddleman et al., 1988; M. Robert, obs. pers.). La gestion de la sauvagine dans les milieux humides utilisés comme lieux de reproduction par les espèces de râles de l’intérieur (p. ex. le Râle jaune) peut cependant être compatible avec la conservation de l’habitat du Râle. Par exemple, l’adoption d’un calendrier approprié pour l’assèchement et la submersion superficielle, l’assèchement graduel, la maximisation de la végétation pérenne servant d’habitat de nidification, la submersion de bassins différents selon les années, et le recours minimal au nivellement du terrain sont autant de méthodes qui, sans nuire à la sauvagine, sont bénéfiques pour le Râle jaune. Les techniques et le calendrier de mise en œuvre varient selon que le site est utilisé par le Râle jaune pendant la migration printanière ou automnale ou pour la reproduction ou l’hivernage (Eddleman et al., 1988).

Le choix d’un habitat par le Râle jaune pourrait être influencé avant tout par la physionomie végétale et le niveau maximum des eaux (Robert et Laporte, en cours de rédaction). Selon Robert et Laporte (en cours de rédaction), l’espèce peut tolérer des variations considérables de certaines caractéristiques subtiles de son habitat estival, comme la composition des espèces végétales, la densité des tiges et la hauteur de la végétation, tout comme les autres espèces de Râle (Rundle et Fredrickson, 1981; Flores et Eddleman, 1995; del Hoyo et al., 1996). Par exemple, des habitats décrits récemment au Québec se trouvaient dans des milieux hydrographiques différents les uns des autres : le site de Cacouna est caractérisé par des inondations fortes, mais peu fréquentes, d’eau de marée salée; celui de l’île aux Grues, par des inondations très fortes, mais peu fréquentes, d’eau de marée saumâtre; celui de la réserve nationale de faune du lac Saint-François, par un très mauvais drainage dans un milieu d’eau douce exempt de marées. Des études antérieures réalisées dans le Maine (Gibbs et al., 1991) et le Michigan (Bookhout et Stenzel, 1987) ont également révélé que les variables liées à l’habitat différaient souvent d’un endroit à l’autre. Par ailleurs, bien que les Cypéracées du genre Carex caractérisent souvent les milieux utilisés par le Râle jaune en été (Bookhout et Stenzel, 1987; Gibbs et al., 1991; Stern et al., 1993; Robert et Laporte, en cours de rédaction), un grand nombre d’autres plantes à tige fine peuvent également dominer l’habitat. Par conséquent, les Carex ne doivent pas être considérés comme les seules espèces végétales indicatrices (Stenzel, 1982; Gibbs et al., 1991) des habitats du Râle jaune (Robert et Laporte, en cours de rédaction).

Bien que la présence d’un tapis de végétation sénescente soit une caractéristique importante de ses aires de nidification, le Râle jaune fréquente aussi, à d’autres moments et à d’autres fins que la nidifidation, des marais qui ne sont pas couverts par ce genre de tapis (Robert et Laporte, en cours de rédaction). Le feu et/ou la tonte peuvent également avoir une incidence sur l’espèce en détruisant temporairement l’habitat et en réduisant la superficie de l’habitat de nidification potentiel vu la disparition du tapis de végétation sénescente. Il faut toutefois souligner que la tonte, comme le brûlage, lorsqu’elle est faite au moment opportun, peut parfois être bénéfique parce qu’elle empêche la succession végétale habituelle et aide ainsi à perpétuer ce type d’habitat (Stenzel, 1982). Ainsi, il est nécessaire de procéder à un brûlage périodique pour maintenir les aires de reproduction au Seney National Wildlife Refuge au Michigan (R. Urbanek, comm. pers.), où les prairies dominées par le Carex lasiocarpa sont un stade de transition précédant l’établissement de marécages à conifères (Stenzel, 1982). Le feu pourrait également avoir joué un rôle important dans le maintien des habitats du Râle jaune dans la réserve nationale de faune du lac Saint-François, où les aulnaies (Alnus) ont rapidement envahi les prairies humides depuis l’acquisition de la propriété par le gouvernement canadien en 1971, année où l’on a en général cessé tout brûlage (Jean et Bouchard, 1991). Il semble que le Râle jaune n’utilise pas les marais fraîchement brûlés, du moins pas avant que la végétation y ait suffisamment repoussé pour lui permettre de se cacher. De surcroît, comme le feu détruit le tapis de végétation sénescente, les zones brûlées ne peuvent pas servir à la nidification avant le premier ou le second printemps suivant, selon que le brûlage a eu lieu au printemps ou à l’automne (Robert et Laporte, en cours de rédaction).

Les besoins du Râle jaune en matière d’habitat pourraient être moins restrictifs pendant la migration que pendant la saison de reproduction. En effet, durant la migration, l’espèce fréquente à l’occacion les prairies sèches et même les terres cultivées (Salt et Salt, 1976). Comme toutes les espèces de râles, le Râle jaune utilise parfois pendant ses migrations des habitats atypiques (comme les villes), sans doute parce qu’il migre la nuit (voir la section Biologie) et se pose au sol à l’aube; comme la perte d’habitat d’hivernage a été très lourde aux États-Unis, il est facile d’imaginer que certains râles sont obligés de se poser même là où l’habitat ne lui convient pas.

Récemment, Bookhout (1995) a décrit sommairement la biologie du Râle jaune. La plus grande partie de ce que nous savons sur le comportement de nidification de l’espèce provient de Stalheim (1974, 1975), qui a étudié des oiseaux en semi-captivité, et de Stenzel (1982), qui a suivi des oiseaux nicheurs par radiotélémesure dans le nord du Michigan. Plusieurs publications ont paru depuis les travaux de Bookhout (1995) (p. ex. Robert et Laporte, 1997; Robert et al., 1997), et d’autres, fondées sur des travaux réalisés au Québec (M. Robert et P. Laporte), au Nouveau-Brunswick (G. Forbes et P. Kehoe), en Oregon (M. Stern et K. Popper) et au Texas (K. Mizell et D. Slack), devraient paraître sous peu.

Les Râles jaunes commencent vraisemblablement à se reproduire à l’âge d’un an, et les couples se forment sans doute dans les lieux de nidification (Bookhout, 1995). Les femelles ne pondent qu’une fois par saison, mais celles qui n’amènent pas leur première couvée à éclosion peuvent nicher de nouveau (Stenzel, 1982). Les deux parents participent à la première étape de la construction du nid et creusent des trous grossiers dans la végétation. La femelle finit le nid seule et continue de le parfaire pendant toute la période d’incubation des œufs et de couvaison des jeunes (Stalheim, 1974). En général construit sur le sol ou quelques centimètres au-dessus, le nid est habituellement caché sous un couvert de végétation morte. Ses parois, de 6 à 16 cm d’épaisseur, sont faites d’un fin tissage de végétation en forme de coupe de 7 à 10 cm de diamètre et de 3 à 8 cm de profondeur (Bookhout, 1995; Robert et Laporte, 1996). Le Râle jaune construit parfois plus d’un nid, et se sert des nids supplémentaires pour la couvaison (Stenzel, 1982).

Les œufs, au nombre de 7 à 10, sont pondus au rythme d’un par jour. L’incubation, assurée par la femelle seule, débute en général à la ponte du dernier œuf et s’étend sur une période de 17 ou 18 jours. L’éclosion est synchrone, et le petit semiprécoce peut se tenir sur ses pattes quelques heures plus tard. Deux jours après l’éclosion, toute la couvée suit la mère dans ses déplacements hors du nid. Les jeunes portent un onglet sur chacune de leurs ailes et ils s’en servent pour s’agripper à la végétation lors de leurs déplacements et pour accéder au nid. Ils commencent à se nourrir seuls à environ cinq jours, ne sont plus couvés trois semaines après leur naissance, et sont en mesure de voler vers l’âge de 35 jours (Stalheim, 1974). On ignore à quel âge ils sont indépendants (Bookhout, 1995).

Les mâles peuvent s’accoupler successivement avec deux ou plusieurs femelles, du moins en captivité (Stalheim, 1974). Contrairement à la plupart des autres Rallidés, les Râles jaunes mâles en captivité ne participent pas aux soins des jeunes et cessent de fréquenter la femelle une fois l’incubation entamée. Toutefois, Stenzel (1982), qui a travaillé en milieu naturel, a observé des jeunes en compagnie de leurs deux parents, de même qu’un mâle accompagné de petits. Il a également aperçu un mâle avec sa femelle au moment de l’éclosion. Il est donc possible que le mâle collabore en partie aux soins des jeunes, même s’il est polygame. On ne possède aucune étude détaillée sur le système d’accouplement du Râle jaune et comme, sur les 130 espèces de râles et plus qu’on trouve dans le monde, seulement cinq sont connues pour être non monogames (del Hoyo et al., 1996), on présume parfois que le Râle jaune ne forme que des couples monogames (Stenzel, 1982; Bookhout, 1995). Certaines études indiquent toutefois que cette espèce pourrait ne pas se limiter à la monogamie : Stenzel (1982), par exemple, de même que Robert et Laporte (1996), ont trouvé des nids abritant deux femelles dans le territoire d’un même mâle.

Le succès d’éclosion est vraisemblablement très élevé; au Québec, par exemple, tous les œufs (9/9) du nid trouvé par Terrill (1943) ont éclos; dans trois des six nids trouvés à l’île aux Grues, tous les œufs (9/9, 9/9, 9/9) ont éclos, dans deux, 8 sur 9 et 7 sur 8, et dans le dernier, 7 sur 9 (Robert et Laporte, 1996). Les taux de survie et le succès de nidification devraient ressembler à ceux observés chez les autres râles. Conway et al. (1994), qui ont étudié des oiseaux des deux sexes et de tous âges, ont relevé des taux de survie (d’août à avril) de 0,31 ± 0,26 pour la Marouette de Caroline et de 0,55 ± 0,19 pour le Râle de Virginie (Rallus limicola). Ils ont également établi le taux de succès de nidification à 0,53 pour les deux espèces (ce qui est légèrement inférieur à celui des autres râles).

Lorsque plusieurs couples se reproduisent dans le même marais, les aires d’activité des oiseaux nicheurs se chevauchent quelque peu (Bookhout et Stenzel, 1987). Les mâles n’en patrouillent pas moins leur territoire et semblent le défendre (Stalheim, 1974; Bookhout, 1995). Les aires d’activité des mâles accouplés sont souvent étendues comparativement à celles des femelles. Au Michigan, les mâles accouplés occupaient un territoire moyen d’environ 8 ha (fourchette de 5,8 à 10,5 ha), tandis que les femelles se limitaient à 1 à 2 ha avant l’incubation des œufs, et à 0,5 ha pendant la couvaison des petits (Bookhout et Stenzel, 1987). La densité des mâles nicheurs s’élevait respectivement à un par 25 ha et à un par 86 ha dans le Klamath Marsh National Wildlife Refuge et le Seney National Wildlife Refuge (Bookhout, 1995).

Le Râle jaune arrive généralement dans le nord des États-Unis pendant la dernière semaine d’avril ou la première semaine de mai (Bookhout, 1995). Dans le sud du Canada, on aperçoit habituellement les premiers individus dès le 15 mai (Robert et Laporte, 1996; McGillivray et Semenchuk, 1998). La profondeur et la température de l’eau dans les sites de reproduction semblent influer sur l’établissement de l’espèce au printemps (Stenzel, 1982; Kaufman, 1994). Les oiseaux évitent les températures très basses, qui les rendent léthargiques et faciles à capturer (Stalheim, 1974; Ripley, 1977). La migration automnale ne débute généralement pas avant la deuxième moitié de septembre ou le début d’octobre (Devitt, 1939; Walkinshaw, 1939; Manning, 1952), et se poursuit en octobre et au début novembre. La date la plus tardive à laquelle on a observé un individu dans le sud du Québec est le 26 octobre (Robert et al., 1995) et la date la plus hâtive d’arrivée à l’automne en Louisiane est le 6 octobre (Bookhout, 1995).

Les Râles jaunes migrent la nuit, et certains le feraient même en groupe : Pulich (1961) a déjà récupéré 13 individus sous une tour de télévision de 500 m au Texas, et au moins 28 ont été vus s’envolant d’un champ en feu sur la côte de la Caroline du Nord (Chapman, 1969). Les Râles se déplacent sur un large front sur le continent, comme l’indique la répartition des relevés de migration publiés (Cooke, 1914; Bookhout, 1995; AOU, 1998). Même s’ils ont l’air de mal voler, ces oiseaux parcourent des distances impressionnantes (Ripley, 1977; Remsen et Parker, 1990). Selon Stalheim (1974), il leur faut 2-3 semaines pour parcourir la distance séparant le golfe du Mexique et leur aire de reproduction.

En 15 ans de baguage des Râles jaunes au Seney National Wildlife Refuge, au Michigan, R. Urbanek a pu constater que les mâles n’étaient pas très attachés à leur territoire de reproduction; chaque année, les mêmes territoires étaient occupés par des mâles différents, et sur les 134 mâles bagués dans la réserve, on en a recapturé seulement deux, tous deux l’année suivant leur baguage (Bookhout, 1995). On a obtenu des résultats semblables à l’île aux Grues, au Québec, qui compte des sites de nidification et d’autres lieux fréquentés par l’espèce; sur les 21 oiseaux bagués dans les sites de nidification entre 1993 et 1995, seulement 2 (9,5 p.100) ont été recapturés sur l’île pendant la période de nidification l’année suivant leur baguage, bien qu’on ait bagué tous les mâles chanteurs présents sur l’île chaque année (75 ont été bagués avec les années).

Dans une étude récente, on a observé quelques Râles jaunes qui se sont déplacés le long du corridor du Saint-Laurent depuis leur zone de nidification jusqu’à l’île aux Grues pour y muer, apparemment parce que l’île renferme des haut-marais plus étendus (env. 530 ha) et est exempte de prédateurs (Robert et Laporte, 1999). Bien que ces déplacements puissent ne pas être le signe d’une véritable migration de mue, il évoquent certes, par certains aspects, une migration de mue semblable à celle de nombreuses espèces de sauvagine. Parmi les Rallidés, la Foulque macroule (Fulica atra) et la Foulque d’Amérique (F. americana) sont les seules autres espèces connues pour effectuer de véritables migrations de mue (del Hoyo et al., 1996).

Traditionnellement, on a toujours pensé que le Râle jaune se nourrissait surtout d’escargots (Walkinshaw, 1939; Stalheim, 1974; Ripley, 1977), mais cela reposait sur des renseignements largement anecdotiques. Si l’espèce mange effectivement des escargots, elle consomme aussi toute une gamme d’autres invertébrés, de même que des graines (Robert et al., 1997). Par exemple, au Québec, en été, les invertébrés et les graines apparaissent respectivement à une fréquence de 68 p.100 et 32 p.100 dans le régime alimentaire de l’espèce, les coléoptères représentant près des deux tiers des invertébrés capturés. Les araignées (Araneae) arrivaient en deuxième position, tandis que les autres taxons (p. ex. les escargots [gastropodes] et les mouches [diptères]) arrivaient bien après. Parmi les graines identifiées, les Cypéracées et les Joncacées, notamment de genres comme Carex, Juncus et Eleocharis, étaient les principaux aliments. L’espèce a probablement les mêmes habitudes alimentaires en hiver, à l’automne et au printemps qu’en été, mais la proportion de graines pourrait alors être plus élevée (voir Robert et al., 1997). En somme, le Râle jaune consomme surtout des arthropodes, et complète son régime par des graines.

Le Râle jaune s’alimente vraisemblablement le jour, comme la plupart des autres râles, et cherche sa nourriture dans les secteurs d’eau peu profonde cachés sous une végétation dense. Il picore sa nourriture sur le sol et à la surface de l’eau et parfois à une profondeur de 3-4 cm. Pour boire, il plonge le bec dans l’eau, l’ouvre et le ferme, puis le ressort à l’horizontale (Stalheim, 1974; Bookhout, 1995).

Les « habitudes de souris » du Râle jaune sont bien connues des ornithologues amateurs et profesionnels d’aujourd’hui. Pendant les heures de clarté, on le voit en général marcher ou courir; il ne vole pratiquement jamais à moins d’être dérangé (par exemple s’il est pourchassé par un chien) (Bookhout, 1995; Robert, 1997). Il est particulièrement difficile à observer lorsqu’on s’ en approche parce que, comme les autres râles du même genre, il demeure habituellement immobile dans la végétation plutôt que de s’envoler comme le font les autres râles (Ripley, 1977). Il se faufile adroitement dans la dense végétation des marais pour s’y cacher, aidé par son camouflage chamois et noir.

Le chant du Râle jaune présente un intérêt particulier non seulement parce qu’il constitue le seul lien entre l’oiseau et l’humain, mais aussi à cause de son caractère très singulier. L’oiseau émet en fait une série de tics (ou de clics) rapides, monotones et métalliques, généralement au nombre de cinq, qui rappellent le bruit que font deux cailloux entrechoqués : tic-tic, tic-tic-tic. En présence de conditions atmosphériques favorables, on peut entendre ces clics à une distance d’un kilomètre (Robert et Laporte, 1996). Les mâles font cliquer leurs « castagnettes nuptiales » (Peabody, 1922) beaucoup plus souvent et régulièrement la nuit que le jour.

La nuit, le Râle jaune change de comportement. On peut l’entendre chanter pratiquement sans interruption pendant des heures, souvent jusqu’aux premières lueurs du jour. Il est aussi beaucoup plus facile de le faire lever ou de l’approcher la nuit (Robert et Laporte, 1996; Robert, 1997). Un grand nombre d’oiseaux qui habitent des milieux où la végétation est dense se font en général entendre davantage la nuit que le jour, probablement parce que leur système de communication est peu relié à la vision, que les conditions acoustiques sont meilleures la nuit, et que les risques d’attirer les prédateurs sont alors moindres (Stalheim, 1974). Par exemple, trois espèces qui nichent souvent dans le même habitat que le Râle jaune – le Troglodyte à bec court, le Bruant de Le Conte et le Bruant de Nelson (Bruant à queue aiguë) – chantent aussi continuellement la nuit, parfois plus que le jour. On ne peut pas en conclure pour autant, comme l’ont fait certains auteurs, que le Râle jaune est un oiseau nocturne. À plusieurs égards, il est en fait beaucoup plus actif le jour que la nuit. Par exemple, il ne s’alimente pas la nuit et ses comportement sexuels et agonistiques sont beaucoup plus fréquents le jour (Stalheim, 1974). En outre, il ne se déplace généralement pas la nuit (à moins d’être dérangé), mais chante à partir d’un point fixe (Stenzel, 1982; Robert et Laporte, 1996).

Au Michigan (comme probablement dans un grand nombre d’autres endroits au Canada et aux États-Unis), les mâles cessent habituellement de chanter en juillet (Stenzel, 1982). C’est également le cas dans la plupart des localités où l’on a repéré l’espèce dernièrement au Québec (Robert et Laporte, 1996), sauf à l’île aux Grues, où ils cessent habituellement de chanter graduellement depuis les premiers jours d’août jusqu’à la fin du mois. Cette différence tient probablement au fait que certains individus vont à l’île aux Grues après la nidification, apparemment pour muer. Bien que les chants y cessent à la fin août, les oiseaux demeurent sur l’île encore quelques semaines, où ils subissent une mue prénuptiale complète (Robert et Laporte, 1996; Robert et Laporte, 1999); comme d’autres rallidés, les Râles jaunes adultes perdent à la fin de chaque été toutes leurs rémiges et leurs rectrices en même temps, de même que beaucoup d’autres plumes, avant de migrer vers le sud. Ils restent ainsi sans voler pendant environ deux semaines (Stalheim, 1974; Robert et Laporte, 1996).

Selon B. Eddleman (comm. pers.), le Râle jaune chanterait très peu sinon pas du tout dans son aire d’hivernage. On sait très peu de choses sur la répartition et l’écologie de l’espèce en hiver; sans doute est-ce d’ailleurs parce qu’elle demeure très silencieuse pendant cette saison qu’il n’y a eu aucun relevé ni étude d’importance à son sujet dans les quartiers d’hiver. Dans le cadre de la première étude du genre, K. Mizell (comm. pers.) a constaté, après deux ans de travaux de terrain réalisés dans l’aire d’hivernage du Texas, que l’espèce n’y chante pas et n’y répond pas aux enregistrements.

Le Râle jaune est l’un des oiseaux nicheurs les plus rarement observés aux États-Unis et au Canada. Toutefois, pendant la saison de nidification, on peut capturer un mâle chanteur en s’approchant lentement à environ 15 m de lui, puis en imitant son cri en frappant deux petits cailloux l’un contre l’autre de façon répétée jusqu’à ce qu’il s’approche; il suffit alors de le capturer à l’aide d’un filet à main (Bookhout, 1995; Robert et Laporte, 1997). Les mâles sont habituellement faciles à manipuler et semblent passablement bien résister à la manipulation. Dans une étude, les 71 mâles qui ont régurgité après qu’on leur eut injecté un émétique dans l’œsophage n’ont montré aucun signe de maladie une fois libérés, et on n’a relevé aucune différence significative dans le poids des oiseaux recapturés avant et après traitement (Robert et al., 1997). Par contre, les femelles semblent très sensibles à la manipulation durant la saison de nidification (Stenzel, 1982; M. Robert, obs. pers.).

Stalheim (1974) a gardé des Râles jaunes en captivité, et certains se sont reproduits. Un des principaux problèmes a été de les amener à manger des aliments préparés; il a fallu le faire graduellement et préparer la recette avec beaucoup de soin. La meilleure façon de les faire se reproduire est sans doute de les garder dans un environnement naturel où il peuvent trouver des proies naturelles vivantes et de la végétation pour se cacher (Stalheim, 1974).

La capacité de dispersion des Rallidés est généralement considérée comme très bonne, et cela vaut sans doute aussi pour le Râle jaune (Remsen et Parker, 1990). Si l’on se fie aux oiseaux bagués recapturés récemment, il semble que de nombreux individus se déplacent d’un site à l’autre (parfois sur des centaines de kilomètres) le long du corridor du Saint-Laurent (Québec) pendant la période où ils chantent (Robert et Laporte, 1999). Vu la nature ephémère des marais et des milieux de prairies humides, la plupart des Rallidés doivent pouvoir se disperser efficacement. La plupart des marais d’eau douce passent par diverses périodes de sécheresse, d’inondation et/ou divers stades de succession végétale (Remsen et Parker, 1990), ce qui explique pourquoi le Râle jaune, comme les autres Rallidés, peut apparaître à des époques et dans des lieux imprévisibles. Par exemple, en 1994, on en a observé un nombre inhabituel dans les prairies du Nord, comme en Saskatchewan et autour du Dakota du Nord, alors qu’ils étaient apparemment absents de Churchill cette année-là (Kaufman, 1994). La population du Seney National Wildlife Refuge a également varié de 1 à 85 mâles chanteurs entre 1995 et 1998 (R. Urbanek, comm. pers.). Dans la région de la rivière à la Pluie en Ontario en 1995, année où le printemps a été tardif et humide, on a entendu des râles dans un secteur de 6 km renfermant un grand nombre de petits prés, au sud-est du marais Big; l’année suivante, qui a été sèche, on n’en a entendu aucun (D. Elder, comm. pers.).

On trouve parfois des Râles jaunes dans les terres en culture, notamment lors de la migration. Les rizières matures semblent constituer un habitat « artificiel » qui convient bien à l’espèce à cette époque (et probablement aussi en hiver), ce dont elle semble profiter au maximum (Lowery, 1974; Cardiff et Smalley, 1989). Cela n’est d’ailleurs guère étonnant étant donné que son choix d’habitat est surtout influencé par la physionomie végétale et le niveau maximum des eaux (Robert et Laporte, en cours de rédaction), et que les rizières ressemblent beaucoup aux marais à carex (végétation d’herbacées passablement basse, peu ou pas d’eau stagnante, mais substrat habituellement saturé).

On trouvera une analyse détaillée de la perte de l’habitat dans la section « Tendance de la qualité et de la quantité de l’habitat essentiel » plus haut. Ne figurent ici que les points saillants.

La disparition des milieux humides est indéniablement la plus lourde menace à peser sur le Râle jaune (Eddleman et al., 1988; Bookhout, 1995), au Canada comme aux États-Unis. Il ne fait aucun doute que la population a souffert de la perte et de la dégradation de son habitat (Robert, 1997). On a signalé la disparition d’habitats utilisés pendant la saison de reproduction en Oregon, dans le nord-ouest et le sud de l’Ontario, de même que dans le sud du Québec. Si nous n’avons pu trouver d’attestation semblable pour les prairies, les changements apportés au paysage y sont par contre très bien documentés. Ainsi, l’habitat en grande partie vierge qu’on trouvait au début du siècle dans la prairie-parc est devenu aujourd’hui la plus grande étendue de terres agricoles du Canada (Turner et al., 1987); en 1986, environ 40 p.100 des milieux humides originaux des Prairies canadiennes avaient disparus (Canada/United States Steering Committee, 1986). Il n’est donc guère douteux que d’immenses superficies d’habitat du Râle jaune ont disparu de la région. Ce n’est que parce que l’espèce a peu été étudiée dans la région que nous manquons de documentation sur le sujet.

L’habitat disparaît même dans le dernier bastion encore intact de l’espèce, la région de la baie d’Hudson et de la baie James. On ignore toutefois au juste dans quelle mesure cela constitue actuellement un problème pour le Râle jaune, et l’évolution de l’énorme population d’Oies des neige est incertaine.

La disparition de l’habitat soulève également des craintes pour la petite population nicheuse des États-Unis. La situation est aussi préoccupante ailleurs aux États-Unis, étant donné que toute la population mondiale migre par ce pays. Le plus important facteur limitatif pour le Râle jaune, indépendamment de l’endroit où il niche, est cependant la perte d’habitats dans l’aire d’hivernage, qui a été si marquée que celle-ci pourrait être fragmentée (T. Bookout, comm. pers.). Dans l’aire d’hivernage au Texas et ailleurs aux États-Unis, l’espèce semble en grande partie confinée à une étroite bande de la côte, et les marais côtiers des États du golfe sont eux aussi menacés. La superficie de l’aire d’hivernage connue ne dépasse pas 7 p.100 de celle de l’aire de reproduction (277 800 km2 par rapport à 3 787 000 km2).

La récolte du riz sauvage et cultivé entraîne la destruction des nids et est une source de perturbation majeure pour les râles (Fannucchi et al., 1986; Eddleman et al., 1988; del Hoyo et al., 1996). En effet, de nombreux Râles jaunes sont apparemment attirés par les rizières de la Louisiane (à l’automne et probablement aussi en hiver), où ils risquent beaucoup d’être tués pendant la récolte. En fait, la majorité des spécimens que possède le musée des sciences naturelles de la Louisiana State University ont été trouvés morts ou mutilés par les faucheuses près de Baton Rouge (Cardiff et Smalley, 1989). Lowery (1974) a fait le même genre d’observations. Par ailleurs, une forte proportion des prés humides est fauchée chaque année à l’île aux Grues (Québec) entre la fin juin et septembre, et les agriculteurs y ont accidentellement tué quelques oiseaux (Robert et Laporte, 1996). D’autres râles ont eu les pattes coupées pendant la récolte en Abitibi (Cyr et Larivée, 1995).

Parmi les autres facteurs limitatifs de moindre importance figurent la contamination par le plomb, la chasse, les perturbations occasionnées par les ornithologues amateurs, et les collisions pendant la migration. La grenaille de plomb est une importante source de contamination et pourrait affecter les râles (Eddleman et al., 1988). On en a en effet trouvé dans le gésier de nombreuses Marouettes de Caroline aux États-Unis (Artmann et Martin, 1975; Stendell et al., 1980), les cas les plus remarquables provenant des marais soumis à l’action des marées, des refuges de sauvagine et des régions où l’on pratique la chasse depuis longtemps. Cette menace s’est vraisemblablement atténuée avec le remplacement graduel de la grenaille de plomb par la grenaille d’acier pour la chasse à la sauvagine. Les effets des contaminants sur les râles sont toutefois mal connus (Eddleman et al., 1988); rien n’indique que le Râle jaune ait été affecté d’une façon ou d’une autre par l’utilisation répandue des pesticides dans les marais (Ripley, 1977).

Bien que la chasse au Râle jaune soit illégale partout aux États-Unis et au Canada (sauf en Ontario et au Yukon), il se peut que quelques individus soient capturés, accidentellement ou non, notamment par les chasseurs de sauvagine et de Bécassines des marais (Gallinago gallinago) (voir Meredith, 1935). Aucun râle n’a été chassé légalement au Canada depuis 1994 (Dilworth-Christie et Dickson, 1997), et la chasse sportive a sans doute fort peu d’impact sur les populations. Des Râles jaunes peuvent par ailleurs se tuer lorsqu’ils entrent en collision avec des tours de télévision, des fils de téléphone et des dispositifs d’éclairage (Barrows, 1912; Roberts, 1932), et certains se perdent dans les grandes villes (Bull, 1974; Whelan, 1975). On a déjà trouvé treize individus au pied d’une tour de télévision de 500 m au Texas (Pulich, 1962). L’impact de ce genre d’accidents sur les populations est inconnu (Bookhout, 1995).

Le Râle jaune est très recherché par les ornithologues amateurs, dont les fréquentes visites dans un site peuvent être une importante source de perturbation. Par exemple, 70 personnes qui participaient à la rencontre annuelle de l’American Birding Association se sont rendues dans le marais McGregor, au Minnesota, où elle ont encerclé et capturé un Râle jaune (Bernstein, 1988). Des cas semblables ont été signalés ailleurs, notamment au Québec (Cyr et Larivée, 1995). Heureusement, on a cessé d’utiliser les fameux « Rail Buggies » (ces chariots qu’on utilisait pour faire lever les râles en hivernation dans le Anahuac National Wildlife Refuge [Texas] et dans d’autres lieux d’hivernage aux États-Unis) il y a une dizaine d’années parce qu’ils tuaient de nombreux râles et perturbaient énormément l’habitat (Holt, 1993; K. Mizell, comm. pers.).

Walkinshaw (1939) a trouvé deux carcasses de Râles jaunes tués par un rapace, et observé les restes d’un autre dans une boulette de régurgitation de Strigidé. Un oiseau suivi par radiodétection au Québec (Robert et Laporte, 1996) a apparemment été capturé par un renard roux (Vulpes vulpes), tandis qu’un autre a été retrouvé par un chat domestique (Felis catus) en Indiana (Kirkpatrick, 1980). Les hérons (Ardea herodias, Casmerodius albus) pourraient manger un grand nombre de râles lors des très hautes marées, lorsque le couvert est insuffisant dans les étages supérieurs des marais côtiers (Evens et Page, 1986; Eddleman et al., 1994). Des ornithologues amateurs ont vu des Râles jaunes faire l’objet d’une telle chasse opportuniste à Point Reyes (Californie), où la présence de l’espèce est considérée comme exceptionnelle (P. Lehman et C. Elphick, comm. pers.). Le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et le Hibou des marais (Asio flammeus), qui fréquentent les lieux de reproduction du Michigan et du Québec, pourraient aussi être des prédateurs de l’espèce (Bookhout, 1995; M. Robert, obs. pers.). Au Texas, le mocassin aquatique (Agkistrodon piscivorus) est un prédateur connu; le Busard Saint-Martin, le raton laveur (Procyon lotor), le vison (Mustela vison), le lynx roux (Lynx rufus) et peut-être l’Effraie des clochers (Tyto alba) pourraient aussi figurer parmi les prédateurs (K. Mizell, comm. pers.).

Le Râle jaune est l’un des oiseaux nicheurs les plus recherchés par les ornithologues amateurs en Amérique du Nord (Anderson, 1977; Bennett, 1981; Savaloja, 1981). Le magazine Birding, très populaire auprès des plus sérieux d’entre eux, a publié beaucoup d’information sur cet oiseau, notamment sur les endroits où on peut le trouver. L’espèce a récemment fait l’objet d’un article (Robert, 1997) dans la chronique intitulée Rare, Local, Little-known, and Declining North American Breeders. Elle est à ce point recherchée que, jusqu’à tout récemment, il était encore possible d’utiliser des « Rail Buggies » pour faire lever les oiseaux hivernant dans le Anahuac National Wildlife Refuge (Texas) et dans d’autres lieux d’hivernage aux États-Unis (p. ex. en Louisiane) (Anderson, 1977; McKee, 1987). Dans le sud-ouest de la Louisiane, en particulier dans la région de Lafayette, les ornithologues patrouillent les rizières pour observer les Râles jaunes que font lever les moissoneuses-batteuses (Cardiff et Smalley, 1989).

Bien que les ornithologues amateurs cherchent cette espèce en hiver, quelques articles décrivent des méthodes pour l’observer dans les lieux de reproduction (Bennett, 1981; Savaloja, 1981, 1984; McKee, 1987; Robert, 1997). Il serait en effet faisable et utile d’organiser des excursions d’observation du Râle jaune pendant la saison de reproduction : cela aiderait à sensibiliser le public à cet oiseau particulier (Anderson, 1977; Stenzel, 1982). De telles excursions ont été organisées, par exemple, dans le Seney National Wildlife Refuge (T. Bookhout, comm. pers.). Au Québec, des panneaux d’interprétation sur le Râle jaune seront installés dans les haut-marais de l’île aux Grues au printemps de 1999.

La répartition mondiale du Râle jaune est limitée à l’Amérique du Nord. L’espèce se reproduit uniquement au Canada, où se trouve environ 90 p.100 de son aire de reproduction, de même que dans le nord des États-Unis. On considère donc que sa surveillance relève hautement de la responsabilité canadienne; l’espèce est aussi considérée comme une espèce très préoccupante au Canada (Dunn, 1997). Son proche parent, le Râle de Swinhoe d’Asie, parfois considéré comme conspécifique (Olson, 1973; Ripley, 1977; Bookhout, 1995), est classé comme une espèce vulnérable par l’Union mondiale pour la nature (UICN, 1996). L’organisme The Nature Conservancy a également exprimé certaines craintes au sujet de la situation mondiale à long terme du Râle jaune en lui attribuant la cote G4 (The Nature Conservancy, 1998). Enfin, aux États-Unis, le Râle jaune est considéré comme un oiseau migrateur non gibier préoccupant sur le plan de la gestion (Migratory Nongame Bird of Special Management Concern), catégorie qui désigne les oiseaux migrateurs non gibier qui, en l’absence de mesures de conservation supplémentaires, pourraient devenir candidats à un classement en vertu de la Endangered Species Act.

Au Canada, le seul autre oiseau en péril que l’on rencontre généralement dans l’habitat du Râle jaune est le Hibou des marais, qui a été désigné espèce vulnérable en 1994 (COSEPAC, 1998). Deux autres oiseaux qui nichent souvent dans le même habitat que le Râle jaune (le Troglodyte à bec court et le Bruant de Nelson [Bruant à queue aiguë]) au Canada ont également fait l’objet d’une évaluation, mais ont été classés comme non en péril en 1993 et en 1998, respectivement (COSEPAC, 1998).

On estime en gros à quelques milliers le nombre de couples de Râles jaunes qui nichent dans la région de la baie d’Hudson et de la baie James, à 2 000 ceux qui nichent ailleurs au Canada, et à 600-750 ceux qui nichent aux États-Unis. Hors de la région de la baie d’Hudson et de la baie James, les lieux de reproduction sont largement dispersés. La disparition des milieux humides est un sujet de préoccupation dans la plus grande partie de l’Amérique du Nord. Les espèces animales et végétales associées aux milieux humides sont souvent considérées comme soulevant des préoccupations particulières. Parmi ces espèces, le Râle jaune est particulièrement vulnérable parce que l’habitat des milieux humides spécifiques qu’il utilise est habituellement le plus facile à convertir aux fins de diverses activités humaines, et donc le premier à l’être.

La population a diminué et continue de diminuer, quoique plus lentement, partout dans la partie méridionale de l’aire. Dans le reste de l’aire, soit la région de la baie d’Hudson et de la baie James, l’habitat pourrait aussi diminuer dans certains secteurs, ce que ne peut qu’aggraver le problème causé par les Oies des neiges. L’aire d’hivernage, relativement petite, diminue elle aussi. Dans l’ensemble, l’habitat semble disparaître à un rythme lent à modéré; cependant, si l’on ne peut qualifier ce rythme de rapide, il a selon toute vraisemblance été plus rapide au début du siècle dans la majeure partie de l’aire de répartition située au sud de la région de la baie d’Hudson et de la baie James. La disparition de l’habitat est attribuable avant tout aux activités humaines, directes (p. ex. le drainage des milieux humides) ou indirectes (p. ex. les Oies des neiges), et on peut sans crainte affirmer qu’il diminue encore aujourd’hui. Comme ce déclin est sans doute plus lent aujourd’hui, et que l’espèce n’est certes pas vouée à une disparition imminente, il serait injustifié de lui attribuer le statut d’espèce en voie de disparition. La taille relativement petite de son aire d’hivernage, combinée aux énormes pressions auxquelles est soumis son habitat, pourrait sans doute devenir le principal facteur limitatif, si ce n’est pas déjà le cas.

Pour l’heure, les renseignements dont nous disposons ne nous permettent pas de savoir si le Râle jaune est condamné à disparaître si les tendances actuelles touchant les lieux d’hivernage et de reproduction ne sont pas renversées. Néanmoins, il semble peu vraisemblable que l’espèce disparaisse au cours des prochaines décennies.

Compte tenu des discussions en cours sur les critères de sélection des espèces en péril au Canada, nous avons jugé qu’il pourrait être instructif d’appliquer à l’espèce les critères de l’UICN à l’échelle nationale. Selon nous, la population nicheuse du Canada pourrait décliner de 20 p.100 au cours des 10 prochaines années (critère A pour les espèces vulnérables), mais dans les circonstances actuelles, cela pourrait prendre un peu plus de temps (p. ex. 15-20 ans). En outre, la population nicheuse totale au Canada pourrait compter moins de 10 000 individus (critères C pour les espèces vulnérables). Par conséquent, en vertu des critères de l’UICN, il serait tout à fait justifié d’attribuer au Râle jaune le statut d’espèce quasi-vulnérable, sinon celui d’espèce vulnérable.

Le Râle jaune n’est pas coté par l’UICN (à l’échelle mondiale), mais compte tenu des nouvelles informations présentées dans ce rapport, on pourrait appliquer, à l’échelle mondiale, les mêmes critères que ceux qui ont été appliqués au Canada, et attribuer à l’espèce le statut d’espèce quasi-vulnérable, voire vulnérable. (La population nicheuse des États-Unis compte un nombre relativement peu élevé de couples par rapport à la grande population canadienne, et le déclin des populations dans ce pays a été plus prononcé qu’au Canada et continue probablement de l’être.)

Râle jaune

Yellow Rail

Répartition au Canada (par province / territoire / océan) AB, BC, MB, NB, NT, ON, QC, SK

Zone d’occurrence (km2) 3 million de km2
Préciser la tendance (en déclin, stable, en expansion, inconnue). Stable
Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence (ordre de grandeur >1)? Non
Zone d’occupation (km2) Plusieurs centaines
Préciser la tendance (en déclin, stable, en expansion, inconnue). En déclin
Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation (ordre de grandeur >1)? Non
Nombre d’emplacements existants 500 – 1000+
Préciser la tendance du nombre d’emplacements (en déclin, stable, en croissance, inconnue). En déclin
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements (ordre de grandeur >1)? Non
Tendance de l’habitat : préciser la tendance de l’aire, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat (en déclin, stable, en croissance ou inconnue) Déclin modéré/lent
Déclin plus marqué dans l’aires d’hivernage
Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population : indiquer en années, en mois, en jours, etc.). 2 ans ou plus
Nombre d’individus matures (reproducteurs) au Canada (ou préciser une gamme de valeurs plausibles). Environ 10 000
Tendance de la population quant au nombre d’individus matures (en déclin, stable, en croissance ou inconnue). Incertaine; peut-être en déclin
S’il y a déclin, % du déclin au cours des dernières/ prochaines dix années ou trois générations, selon la plus élevée des deux valeurs (ou préciser s’il s’agit d’une période plus courte). Inconnu
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures (ordre de grandeur > 1)? Non
La population totale est-elle très fragmentée (la plupart des individus se trouvent dans de petites populations relativement isolées [géographiquement ou autrement] entre lesquelles il y a peu d’échanges, c.-à-d. migration réussie de <1 individu/année)? Non
Énumérer chaque population et donner le nombre d’individus matures dans chacune. s.o.
Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, en croissance, inconnue). s.o.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations (ordre de grandeur >1)? s.o.
- L’habitat diminue en superficie et en qualité, notamment dans l’aire d’hivernage, ce qui pourrait nuire à la survie de l’espèce.
L’espèce existe-t-elle ailleurs (au Canada ou à l’extérieur)? Oui
Statut ou situation des populations de l’extérieur? 1000 – 1500 individus dans 100+ sites; en déclin
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Oui
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre à l’endroit en question? Oui
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible pour les individus immigrants à l’endroit en question? Oui
Non disponible

La rédaction de ce rapport de situation a été rendue possible grâce à l’appui du Service canadien de la faune (Administration centrale et Région du Québec), d’Environnement Canada et de Parcs Canada.

Michel Melançon (Service canadien de la faune, Québec) a gracieusement accepté de produire les figures. Les personnes suivantes ont fourni les informations concernant les instances dont elles relèvent :

Michel Gosselin (Musée canadien de la nature), Steve Wendt (Service canadien de la faune), Howard Powells (Pêches et Océans Canada), Jon McCracken (Long Point Bird Observatory).

Manfred Hoefs (Ministère des Richesses renouvelables)

Bob Bromley, Suzanne Carrière, Lisette Self (Northwest Territories Resources, Wildlife and Economic Development), Vicky Johnston (Service canadien de la faune),Nigel Caulkett.

Wayne Campbell (Ministère de l’Environnement, des Terres et des Parcs de la Colombie-Britannique), Syd Cannings (Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique).

Brett Calverley (coordonnateur du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine pour l’Alberta), Tom Sadler (Canards Illimités Canada), Gavin More, John Rintoul (Alberta Natural Heritage Information Centre), Wayne Smith (Consultant en environnement), Steve Brechtel, George Hamilton, Dave Hervieux, Dave Moyles (Alberta Environmental Protection), Lynn Vogt (compilateure des mentions d’oiseaux en Alberta pour les Audubon Field Notes).

Jeff Keith (Saskatchewan Conservation Data Centre), Al Smith (Service canadien de la faune), Bob Macfarlane (Canards Illimités Canada), Mary Houston.

François Blouin, Jim Duncan (Centre de données sur la conservation du Manitoba), Ron Larche, Bob Nero (Ministère des Ressources naturelles du Manitoba), Rudolph Koes et Peter Taylor (Manitoba Avian Research Committee et codireceurs de publication pour les Audubon Field Notes de la région des Prairies), Duane Hudd (Canards Illimités Canada), Cheri Gratto-Trevor (Service canadien de la faune), Robert Rockwell (American Museum of Natural History).

Ken Abraham, Irene Bowman, David Hussell (Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario), Ross James (ancien coprésident du sous-comité des spécialistes des oiseaux du COSEPAC), Mike Cadman, Ken Ross (Service canadien de la faune), Erling Armson, Joël Ingram (Canards Illimités Canada), George Van Drunen (Centre d’information sur le patrimoine naturel), Ron Ridout (Long Point Bird Observatory), Ross Harris (LGL Limited), David Elder, Theo Hofmann, Jean Iron (Ontario Field Ornithologists), Bruce Di Labio (Ottawa Field-Naturalists), Gerry Bennett, Judy Jones.

Pierre Aquin (Ministère de l’Environnement et de la Faune), Serge Labonté, François Shaffer (Service canadien de la faune), Jean-Pierre Laniel (Canards Illimités Canada), Pierre Poulin (Club des ornithologues de la Gaspésie), Germain Savard (Club des ornithologues amateurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean), Robert Décarie (Association des produits forestiers du Canada), Réjean Deschênes (Université du Québec à Montréal), Père C. Larose.

Kevin Connor et Mike Sullivan (Ministères des Ressources naturelles et de l’Énergie du Nouveau-Brunswick), Stefen Gerriets (Centre de données sur la conservation du Canada atlantique), Graham Forbes (Université du Nouveau-Brunswick), Pat Kehoe (anciennement au ministère des Ressources naturelles et de l’Énergie, aujourd’hui à Canards Illimités Canada en Alberta), Stuart Tingley.

Mark Elderkin (Department of Natural Resources).

Rosemary Curley (Department of Fisheries and Environment).

Joe Brazil, Tammy Joyce (Department of Forest Resources and Agrifoods), William A. Montevecchi (Memorial University).

Bill Eddleman (Southeast Missouri State University), Ted Bookout (retraité du U.S. Department of the Interior), Carrie Brugger, Larry Master (The Nature Conservancy), J. Serie (U.S. Fish and Wildlife Service), Joe Jehl (Smithsonian Institution), P. Lehman, C. Elphick, Stephanie Jones (U.S. Fish and Wildlife Service, Colorado), Mike Legare (Kennedy Space Center).

John Fleckenstein (Washington Natural Heritage Program).

K. Popper, M. Stern (Oregon Natural Heritage Program)

Darlene McGriff (California Natural Heritage Division)

Chuck Harris (Idaho Department of Fish and Game).

Paul Hendricks (Montana Natural Heritage Program).

Mary Neighbours (Wyoming Natural Diversity Database), Darwin Wile.

Eileen Dowd Stukel (South Dakota Natural Heritage Data Base).

Rich Baker (Minnesota Department of Natural Resources).

Bill Smith (Wisconsin Natural Heritage Program), Summer Matteson (Wisconsin Department of Natural Resources)

Jim Herkert (Illinois Endangered Species Protection Board).

Richard Urbanek (Seney Wildlife Refuge), Janet Hayward, John Legge (Michigan Natural Features Inventory).

Patricia Jones (Ohio Natural Heritage Database).

Thomas Hodgman (Department of Inland Fisheries et Wildlife).

Carroll Cordes (U.S. Fish and Wildlife Service).

Dorinda Scott (Texas Biological and Conservation Data System), Keith Arnold, Kelly Mizell, Doug Slack (Texas A&M University).

Jan Johnson (Alabama Natural Heritage Program).

Katy Nesmith (Florida Natural Areas Inventory).

John Cely (Department of Natural Resources Sandhills Research and Education Center), Michelle Taylor (South Carolina Heritage Trust).

Harold Legrand (North Carolina Heritage Program).

Robert Alvo, biologiste consultant en conservation, a obtenu sa maîtrise à la Trent University en 1985. Le présent rapport de situation est son huitième pour le COSEPAC. Il a rédigé un rapport de situation national portant sur 20 espèces fauniques des forêts canadiennes, de nombreux comptes rendus sur des espèces et des familles pour l’atlas Les oiseaux nicheurs du Québec, sept articles dans des périodiques à comité de lecture et six articles de revue. Il a créé au Québec le premier centre de données sur la conservation du Canada. Il a été Webster Fellow à la station de recherche sur la sauvagine et les terres humides de Delta. Ses travaux de terrain ont porté principalement sur des oiseaux, des amphibiens et des insectes. Actuellement, son travail comprend une recherche à long terme, entreprise en 1982, sur le succès de reproduction des plongeons en relation avec l’acidité des lacs, des expéditions visant à trouver des espèces rares de libellules au Québec et en Ontario, une étude de faisabilité sur l’élaboration d’une classification de la végétation au Canada, l’établissement de cotes nationales de conservation pour les vertébrés du Canada, une analyse des menaces pesant sur des espèces traitées par le COSEPAC et des besoins de ces espèces en matière d’habitat et l’établissement de listes des espèces végétales et animales pour tous les parcs nationaux du Canada.

Michel Robert a obtenu un B.Sc. et une M.Sc. à l’Université de Montréal; son mémoire portait sur les habitudes alimentaires nocturnes des oiseaux de rivage hivernant au Venezuela. Depuis, il a travaillé à divers projets à titre d’ornithologue, d’abord comme consultant (1986-1995) puis, aujourd’hui, comme employé du Service canadien de la faune (depuis 1995). Le gros de son travail a porté sur les oixeaux rares et en voie de disparition au Québec, comme le Dindon sauvage et la Pie-grièche migratrice. En 1989, il a produit le rapport technique intitulé « Les oiseaux menacés du Québec », détermination exhaustive de la situation de tous les oiseaux en péril au Québec. De 1993 à 1996, M. Robert a étudié le Râle jaune dans le sud du Québec, notamment le long du corridor du Saint-Laurent, et mis au point des techniques pour dénombrer et baguer les espèces discrètes, les suivre par radiotélémétrie, et caractériser leur habitat de nidification. Il conçoit et coordonne des projets de conservation et de recherche sur les oiseaux rares et en voie de disparition pour le Service canadien de la faune, à Sainte-Foy. À l’heure actuelle, il coordonne une étude sur la population orientale de Garrots d’Islande et collabore à un projet de recherche sur l’Arlequin plongeur. Il est l’auteur de 13 rapports techniques, 8 articles scientifiques et 15 articles de magazine. Il est directeur (bénévole) du magazine ornithologique QuébecOiseaux, publié quatre fois par année.

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