Tortue luth (Dermochelys coriacea), population du Canada atlantique, programme de rétablissement : chapitre 7


6. Activités achevées ou en cours

De nombreuses mesures de rétablissement ont déjà été lancées par le Nova Scotia Leatherback Turtle Working Group (NSLTWG), avec l'appui financier du Programme d'intendance de l'habitat pour les espèces en péril (PIH) du gouvernement fédéral. Le NSLTWG est un projet d'étude et de conservation des tortues marines auquel participent sur une base volontaire des pêcheurs commerciaux, des exploitants de bateaux d'excursion, des naturalistes, des membres des collectivités côtières et des scientifiques des milieux universitaires de l'Est du Canada.

Depuis 1997, le NSLTWG et les nombreux représentants de l'industrie des pêches qui en font partie ont travaillé de concert avec les membres des collectivités côtières de la Nouvelle-Écosse pour faire avancer les connaissances sur la biologie des tortues marines fréquentant le nord de l'Atlantique et pour sensibiliser le grand public à ces espèces et à leur conservation. Il a recueilli des données indispensables pour assurer la conservation des tortues marines. Les données d'observation fournies par les pêcheurs membres du Nova Scotia Leatherback Turtle Working Group ainsi que les données rassemblées par McAlpine et al. (2004) ont révélé qu'un grand nombre de tortues luths fréquentent régulièrement les eaux canadiennes de l'Atlantique. Les pêcheurs membres du NSLTWG posent également des gestes concrets en mer pour assurer la conservation de l'espèce, notamment en tâchant de dépêtrer les tortues prises accidentellement dans des engins de pêche.

L'industrie canadienne de la pêche pélagique à la palangre des gros poissons a consacré beaucoup d'efforts au projet de rétablissement de la tortue luth au cours des saisons de pêche de 2001 et 2002. En 2002, le projet s'étendait à l'ensemble des flottilles canadiennes de pêche à la palangre des gros poissons pélagiques (espadon, thon et requin). Les fonds consentis par le Programme d'intendance de l'habitat ont été utilisés (par la Atlantic Shark Association en 2002, IVY Fisheries Ltd. en 2002 et la Nova Scotia Swordfishermen's Association en 2001 et 2002) pour étudier les répercussions possibles des pêches pélagiques à la palangre sur la tortue luth. Les observateurs ont recueilli des données sur les aspects suivants : (1) les différentes configurations d'engins de pêche et les incidences de chacune sur la tortue luth, (2) les méthodes employées pour dépêtrer les tortues et les remettre à la mer, (3) les cas où l'engin ou une partie de l'engin de pêche demeurait attaché à la tortue, (4) le nombre de tortues prises dans les engins, leur taille et l'espèce à laquelle elles appartiennent, (5) la répartition spatiale et temporelle des cas d'interaction entre les pêches et la tortue luth. Grâce à ces efforts, on connaît mieux la répartition de la tortue luth dans les eaux canadiennes, les effets des pêches pélagiques à la palangre sur l'espèce et les méthodes en usage pour remettre les tortues en liberté.

Depuis 1995, une bonne partie des bateaux de pêche de l'espadon à la palangre utilisent des hameçons circulaires, qui réduisent les prises accidentelles de tortues luths et optimisent les chances de survie des tortues prises. Ce type d'engins, en plus de réduire les risques de prendre des tortues, permet aux tortues prises de se maintenir à la surface de l'eau. D'autres flottilles de pêche pélagique à la palangre sont en voie de s'équiper de ce type d'engins. En 2003-2004, avec l'appui financier du Programme d'intendance de l'habitat, la Nova Scotia Swordfishermen's Association a évalué l'efficacité de nouvelles trousses d'outils pour dépêtrer les tortues des engins de pêche sans cruauté.

Depuis 2000, des chercheurs de l'Université Dalhousie étudient la tortue luth à l'aide d'appareils d'enregistrement de données en différé en liaison avec un satellite (SLTDRs). Ils ont suivi les déplacements d'un certain nombre de sujets pour mieux connaître le comportement migratoire et alimentaire (plongées, déplacements) de l'espèce. Des chercheurs de cette équipe et des pêcheurs membres du NSLTWG, sous la direction de Mike James, ont réussi à capturer des tortues luths en mer et à les munir d'un appareil SLTDR attaché à un harnais. Ainsi, en septembre 1999, l'équipe Dalhousie-NSLTWG marquait une première mondiale non seulement en munissant de dispositifs de localisation par satellite des tortues luths en mer, mais en munissant de ces dispositifs des tortues luths mâles.

En 2000-2001, dans le cadre d'une entente avec l'Université Dalhousie, Pêches et Océans Canada a fourni une aide financière à même le Programme des espèces en péril pour l'acquisition de dispositifs de localisation par satellite. Les résultats préliminaires du suivi satellitaire indiquent que l'espèce s'alimente (déplacements caractérisés par des plongées à faible profondeur et de courte durée) près des côtes et dans les eaux du large du Canada et des États-Unis et qu'elle se nourrit abondamment dans les eaux du talus à l'est du chenal de Fundy et du banc George. La durée du séjour en eaux canadiennes varie considérablement, certains sujets étant repartis peu après avoir été marqués, d'autres ayant continué de s'alimenter dans les eaux canadiennes trois à quatre mois après le marquage. Les sujets marqués ont migré vers les plages de nidification des Caraïbes, vers les eaux pélagiques des basses latitudes et vers les eaux de la plate-forme le long de la côte sud-est des États-Unis. L'étude se poursuit, et les données recueillies permettront de mieux évaluer la vulnérabilité de la tortue luth aux activités humaines ayant cours dans les eaux de l'Atlantique nord, en particulier dans les eaux canadiennes.

Afin d'atténuer la menace que peuvent poser les pêches commerciales, Terre-Neuve a mis sur pied, avec le financement du Programme d'intendance de l'habitat du gouvernement du Canada, un programme d'aide pour dépêtrer les animaux marins des engins de pêche et remettre à l'eau ceux qui sont échoués . Ce programme vise à atténuer l'incidence des pêches côtières sur la tortue luth et à sensibiliser la population à la conservation des tortues marines.

Depuis 2003, un programme de recherche à volets multiples (dont certains sont réalisés en coopération avec l'Université Memorial) est financé par le MPO dans le cadre de la protection des espèces en péril. Des études sont en cours qui portent sur la répartition et l'abondance des tortues luths (relevés aériens en 2002 et 2003), sur l'analyse immédiate et la répartition des méduses dans la région, ainsi que sur le regroupement des observations historiques et récentes de tortue. On a entrepris aussi d'enquêter par entrevue sur la répartition et les sources de mortalité des tortues luths et de contribuer à des programmes d'éducation du public par l'entremise du Ministère ainsi que d'ONG provinciales et internationales.

Diverses mesures de rétablissement de la tortue luth ont été prises par d'autres pays. Il en sera question dans le plan d'action.

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