Bouche coupante (Acrocheilus alutaceus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 13

Résumé du rapport de situation

Les principaux facteurs limitatifs pour le bouche coupante au Canada semblent être les suivants : i) la disponibilité de rivières ou de lacs dont la température soit assez élevée pour permettre la croissance et le développement aux divers stades du cycle vital; ii) des écosystèmes aquatiques où la productivité (éléments nutritifs) suffit à assurer la croissance de la quantité d’algues nécessaire à l’alimentation des adultes; iii) la disponibilité de systèmes aquatiques (grandes rivières ou lacs) possédant un substrat dur (par exemple, cailloux ou rochers) sur lequel le périphyton peut croître; iv) la disponibilité d’un substrat adéquat et propre pour la fraye, d’habitat dans des eaux à courant lent pour la croissance des jeunes et d’habitat en eau profonde pour l’hivernage. La plus importante menace potentielle pour le bouche coupante semble venir des effets cumulatifs du changement dans l’habitat à l’intérieur d’un bassin hydrographique (par exemple, à cause de l’agriculture, des activités forestières, du pacage du bétail, etc.). Bien qu’elles soient présentes, ces menaces ne semblent pas intenses pour la majorité des populations (d’après des données très restreintes), mais la tolérance du bouche coupante aux changements dans l’habitat est un élément très mal connu.

Il n’y a pas de changements apparents dans la répartition du bouche coupante à l’échelle provinciale depuis les premières récoltes de bouches coupantes en Colombie-Britannique. Cela indique que l’aire de répartition du bouche coupante en Colombie-Britannique est demeurée assez stable, ou du moins qu’aucun signe ne permet de penser qu’elle s’est contractée. Cependant, il est impossible d’évaluer les tendances parce qu’il n’existe aucune donnée historique ou actuelle sur la taille des diverses populations de la Colombie-Britannique. Les populations du nord semblent se trouver en densités plus faibles que celles des rivières plus chaudes et peuvent donc être plus exposées aux risques découlant d’événements stochastiques, mais il n’y a pas de raison d’anticiper un déclin des populations locales, bien que l’habitat de certaines populations ait été exposé à une dégradation à l’échelle locale attribuable entre autres au pacage du bétail ou à l’agriculture, ou à un développement intensif dans le bassin hydrographique (par exemple, dans les bassins de la Nicola et de l’Okanagan).

Malgré le fait qu’il ne semble y avoir aucune tendance discernable dans les populations de bouches coupantes, ni de raison précise d’en prévoir une, en l’absence d’information fiable sur la taille ou les tendances des populations, une évaluation prudente de la situation du bouche coupante doit conclure que les données sur l’espèce demeurent insuffisantes. Toute déduction touchant les tendances des populations n’est qu’hypothétique en raison de l’absence complète de données sur les conditions de base, et il est essentiel d’effectuer une certaine surveillance des populations représentatives afin d’évaluer la situation actuelle et future. Les organismes provinciaux ou fédéraux chargés de gérer la biodiversité ichtyenne devraient établir des sites indicateurs ainsi qu’un programme de surveillance à long terme et suivre la situation du bouche coupante et d’autres espèces en péril ou préoccupantes en Colombie-Britannique.

 

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