Plan de gestion du Quiscale rouilleux (Euphagus carolinus) au Canada [Proposition]-2014

Photo: Quiscale rouilleux

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Référence recommandée :

Environnement Canada. 2014. Plan de gestion du Quiscale rouilleux (Euphagus carolinus) au Canada [Proposition], Série de plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa, iv + 25 p.

Pour télécharger le présent plan de gestion ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Peter Thomas; utilisé avec permission.

Also available in English under the title "Management Plan for the Rusty Blackbird (Euphagus carolinus) in Canada [Proposed]"

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l'Environnement, 2014.
Tous droits réservés.
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Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'indiquer la source.

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des plans de gestion pour les espèces inscrites comme étant préoccupantes et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés d'ici cinq ans.

Le ministre de l'Environnement et le ministre responsable de l'Agence Parcs Canada sont les ministres compétents en vertu de la LEP pour la gestion du Quiscale rouilleux et ont élaboré le présent plan de gestion, conformément à l'article 65 de la LEP. Dans la mesure du possible, ce plan a été préparé en collaboration avec les gouvernements du Yukon, des Territoires du Nord Ouest, du Nunavut, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu'avec le Conseil des ressources renouvelables de Laberge, l'Office des ressources renouvelables du Wek'èezhìı, le gouvernement du Nunatsiavut, le Conseil consultatif de la gestion de la faune, l'Office des ressources renouvelables des Gwich'in et la Première nation de Carcross/Tagish.

La réussite de la conservation du Quiscale rouilleux dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent plan. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada, l'Agence Parcs Canada, ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont invités à appuyer ce plan et à contribuer à sa mise en oeuvre pour le bien du Quiscale rouilleux et de l'ensemble de la société canadienne.

La mise en œuvre de ce plan est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Ce plan de gestion a été préparé par Krista Baker et Peter Thomas, du Service canadien de la faune d'Environnement Canada (SCF – EC)– Région de l'Atlantique. Le comité technique sur les oiseaux terrestres et les Unités du rétablissement des espèces en péril concernées à Environnement Canada ainsi que des représentants de l'Agence Parcs Canada, des provinces, des territoires et des conseils de gestion des ressources fauniques ont joué un rôle clé dans l'élaboration du plan de gestion; en particulier, Pam Sinclair (SCF – EC, Région du Pacifique et du Yukon), Vincent Carignan (SCF – EC, Région du Québec), Stéphane Légaré (SCF – EC, Région du Québec), Craig Machtans (SCF – EC, Région du Pacifique et du Yukon), Becky Whittam (SCF – EC, Région de l'Atlantique), Kevin Hannah (SCF – EC, Région de l'Ontario), Madeline Austen (SCF – EC, Région de l'Ontario), Rachel deCatanzaro (SCF – EC, Région de l'Ontario), Barbara Slezak (anciennement au SCF – EC, Région de l'Ontario), Lisa Pirie (SCF – EC, Région des Prairies et du Nord), Marie Christine Bélair (SCF – EC, Région des Prairies et du Nord), Donna Bigelow (SCF – EC, Région des Prairies et du Nord), Ken De Smet (SCF – EC, Région des Prairies et du Nord), Megan Harrison (SCF – EC, Région du Pacifique et du Yukon), Saleem Dar (SCF – EC, Région du Pacifique et du Yukon), Jean Pierre Savard (EC – Direction générale des sciences et de la technologie), Michael Avery (USDA-APHIS), Emily Herdman (Division de la faune de Terre-Neuve-et-Labrador), Kate MacQuarrie (Gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard), Mark Elderkin (Gouvernement de la Nouvelle-Écosse), Maureen Toner (Direction du poisson et de la faune du Nouveau-Brunswick), Bill Crins (Parcs et zones protégées de l'Ontario), Nicolas Lecomte (Gouvernement du Nunavut), Tom Sheldon (Gouvernement du Nunatsiavut), Jim Goudie (Gouvernement du Nunatsiavut), John McCullum (Office des ressources renouvelables du Wek'èezhìı), James Malone (Conseil consultatif de la gestion de la faune), Eugene Pascal (Office des ressources renouvelables des Gwich'in) et Natasha Ayoub (Première nation de Carcross/Tagish).

Le Quiscale rouilleux est un passereau de taille moyenne présent exclusivement en Amérique du Nord qui niche dans les milieux humides boréaux de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada. Durant l'hiver, il fréquente les milieux humides forestiers d'une grande partie de l'Est des États Unis, en particulier dans la vallée alluviale du Mississippi et le sud est de la plaine côtière.

Au cours des cent dernières années, la population du Quiscale rouilleux a connu un important déclin. Selon les données du Recensement des oiseaux de Noël, elle chuté d'environ 85 % entre 1966 et 2003; un examen des mentions historiques indique toutefois que la population était déjà en déclin avant cette période. Le rétrécissement de l'aire de répartition de l'espèce dans le long de la limite sud de l'aire de reproduction a aussi été documenté. Le Quiscale rouilleux est une espèce inscrite à titre d'espèce préoccupante à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral.

Bien que la conversion des milieux humides dans l'aire d'hivernage et dans l'aire de migration (au sud de la région boréale) ainsi que les programmes de lutte contre les « oiseaux noirs » aient souvent été mentionnés comme les plus grandes menaces ayant contribué au déclin passé de la population du Quiscale rouilleux, les recherches font ressortir d'autres menaces pesant sur les populations actuelles et futures. Ces menaces comprennent la conversion des milieux humides boisés de la région boréale dans l'aire de reproduction et l'aire de migration de l'espèce, le déboisement, les changements dans l'hydrologie superficielle, la pollution sous forme de contamination au mercure et d'acidification des milieux humides, les changements climatiques et l'assèchement des milieux humides, la modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices, ainsi que les maladies et les parasites.

L'objectif de gestion du Quiscale rouilleux comporte deux volets : premièrement, mettre un terme au déclin de la population, puis maintenir les effectifs au niveau de 2014; deuxièmement, augmenter l'abondance de la population, de manière à obtenir une augmentation soutenue sur dix ans de l'abondance de la population de Quiscales rouilleux au Canada. Pour atteindre cet objectif, les quatre stratégies générales suivantes ont été établies:

  1. Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscale rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada;
  2. Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration;
  3. Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux;
  4. Favoriser et établir des collaborations dans le cadre des activités de gestion et de conservation du Quiscale rouilleux dans l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce.

Pour atteindre l'objectif de gestion, le présent plan propose aussi des mesures de conservation particulières, déterminées par ces stratégies générales.

Date de l'évaluation : Avril 2006

Nom commun (population) : Quiscale rouilleux

Nom scientifique : Euphagus carolinus

Statut : Espèce préoccupante

Justification de la désignation : Plus de 70 % de l'aire de reproduction de cette espèce se trouve dans la forêt boréale du Canada. L'espèce a connu un grave déclin qui semble se poursuivre, bien que ce soit à un rythme plus lent. Il n'existe aucune preuve permettant d'affirmer que cette tendance sera renversée. Les menaces connues, qui se manifestent principalement dans l'aire d'hivernage, comprennent la transformation de l'habitat et les programmes de contrôle des oiseaux noirs aux États-Unis.

Répartition au Canada : Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Québec, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie-Britannique, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut

Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en avril 2006.

Environ 70 % de la population mondiale du Quiscale rouilleux (Euphagus carolinus) se reproduit au Canada (COSEPAC, 2006). En mars 2009, l'espèce a été inscrite en tant qu'espèce préoccupante à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). À Terre-Neuve-et-Labrador, elle figure sur la liste des espèces vulnérables en vertu de la Newfoundland and Labrador Endangered Species Act. Au Nouveau-Brunswick, elle est désignée « espèce préoccupante » en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Nouveau-Brunswick. En Nouvelle-Écosse, le Quiscale rouilleux figure sur la liste des espèces en voie de disparition aux termes de la Endangered Species Act de la province. Au Québec, l'espèce est désignée comme étant « susceptible d'être désignée comme vulnérable ou menacée » (Loi sur les espèces menacées ou vulnérables). À l'heure actuelle, le Quiscale rouilleux n'est pas une espèce inscrite dans autres provinces ou territoires. Bien que, sur le plan technique, le Quiscale rouilleux soit un oiseau migrateur, il n'est pas protégé en vertu de la Loi de 1994 sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs du Canada.

Le Quiscale rouilleux est considéré comme étant « vulnérable » sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le tableau 1 présente les cotes de conservation attribuées au Quiscale rouilleux par Nature Serve (2012) dans l'ensemble de l'aire de répartition canadienne de l'espèce.

Tableau 1. Cotes de conservation attribuées au Quiscale rouilleux par Nature Serve (base de données consultée en janvier 2014, disponible à l'adresse : Nature Serve [en anglais seulement]).
Cote mondiale (G) Cote nationale (N) Cote infranationale (S)
G4 (apparemment non en péril) Canada
N4B (apparemment non en péril, population reproductrice)

États Unis
N5B, N5N
Canada
S2B : Île-du-Prince-Édouard
S2S3B : Nouvelle-Écosse
S3B : Yukon, Territoires du Nord Ouest, Nouveau-Brunswick, Terre Neuve
S3S4 : Québec
S3S4B : Colombie-Britannique, Manitoba, Labrador
S4 : Alberta
S4B : Saskatchewan, Ontario
SNRB : Nunavut

Note: 1 : gravement en péril; 2 : en péril; 3 : vulnérable; 4 : apparemment non en péril; 5 : non en péril; SNR : espèce non classée; B : population reproductrice; N : population non reproductrice

Le Quiscale rouilleux est un passereau de taille moyenne de la famille des Ictéridés (AOU, 2013). Selon le rapport de situation du COSEPAC (2006), les individus des deux sexes ont des ailes longues et pointues, des yeux jaune pâle, des pattes noires et un bec noir légèrement courbé et plus court que la tête. Pendant la saison de reproduction, le plumage du mâle est noir et, quand on l'observe de près, légèrement irisé de vert sur le corps et de violet sur la tête et le cou (Avery, 2013). En dehors de la saison de reproduction, la couronne, la nuque, le dos et la bordure des rémiges tertiaires[2] du mâle sont de couleur rouille. Les joues, le menton, la gorge, la poitrine et les flancs sont de couleur brun pâle (Avery, 2013). Pendant la saison de reproduction, le plumage de la femelle est gris ardoise, irisé de bleu vert (Avery, 2013). À l'automne, elle porte une ligne rousse au dessus de l'œil, et son plumage est généralement de couleur rouille, à l'exception du dos, de la queue et des ailes, qui sont gris foncé (Avery, 2013).

Le Quiscale rouilleux est présent dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada; il niche dans toute la forêt boréale (COSEPAC, 2006) et, vers le sud, jusqu'à la limite septentrionale de la forêt décidue et/ou des prairies (Avery, 2013) (figure 1).

Durant la période d'hivernage, le Quiscale rouilleux est présent dans une grande partie de l'Est des États Unis et, de manière sporadique, dans le sud de bon nombre des provinces canadiennes (Avery, 2013) (figure 1). Les aires d'hivernage principales se trouveraient dans le sud est des États Unis, en particulier dans la vallée alluviale du Mississippi (à l'ouest des Appalaches) et le sud est de la plaine côtière (à l'est des Appalaches) (Hamel et Ozdenerol, 2008; Greenberg et coll., 2011; Avery, 2013). Dans l'est des États Unis, les dénombrements d'individus en hivernage tendent à indiquer d'importantes variations interannuelles attribuables à la variabilité de l'aire d'hivernage de l'espèce (Hamel et coll., 2008). Certaines données portent à croire que les Quiscales rouilleux peuvent former des groupes, séparés selon l'âge et le sexe, durant l'hiver. Les femelles et les jeunes passeraient l'hiver plus au sud que les mâles plus âgés (DeLeon, 2012); de plus, l'abondance et la qualité de la nourriture aux sites d'alimentation des mâles et des oiseaux plus âgés pourraient être supérieures à celles des sites d'alimentation des femelles et des jeunes (Mettke-Hofmann et coll., 2008; DeLeon, 2012).

Une analyse des isotopes stables donne à penser que les individus hivernant à l'ouest et à l'est des Appalaches emprunteraient des voies migratoires distinctes; les Quiscales rouilleux qui passent l'hiver dans la vallée alluviale du Mississippi proviendraient d'une vaste région boréale qui s'étend de l'Alaska à l'ouest du Labrador, alors que les oiseaux qui passent l'hiver dans la plaine côtière arriveraient la partie orientale de l'aire de reproduction de l'espèce (Hobson et coll., 2010). Ces résultats impliquent que, lorsque les menaces pesant sur l'espèce seront mieux comprises, les deux groupes devront peut être faire l'objet de mesures de gestion distinctes. Durant leur migration, les Quiscales rouilleux forment des bandes monospécifiques ou plurispécifiques (Avery, 2013). Des groupes de quelques douzaines à quelques centaines d'individus commencent à se former après la saison de reproduction (fin de juillet) (Avery, 2013). La migration automnale débute en août et en septembre (selon les données de eBird[3]), et les déplacements vers le sud peuvent se poursuivre jusqu'en novembre et décembre; quant à la migration printanière, elle commence en mars et se termine généralement avant la fin de mai (eBird, 2012). Au Québec, les données de l'Observatoire d'oiseaux de Tadoussac (1996 – 2010) indiquent d'importantes variations annuelles de l'abondance et du succès de reproduction du Quiscale rouilleux dans la forêt boréale de l'est. Ces données montrent une baisse continue du nombre de Quiscales rouilleux signalés durant la migration automnale (Savard et coll., 2011).

On estime que la zone d'occurrence[4] du Quiscale rouilleux au Canada est de 5,3 millions de km2, mais on ne connaît pas la superficie de la zone d'occupation[5] (COSEPAC, 2006). On ne sait pas si l'aire de répartition du Quiscale rouilleux a beaucoup rétréci, mais certaines données indiquent une diminution de l'aire de répartition le long de sa limite sud (Greenberg et coll., 2011; McClure et coll., 2012). En se fondant sur les données du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS, pour Breeding Bird Survey), McClure et coll. (2012) ont constaté que l'aire de reproduction du Quiscale rouilleux avait rétréci de 143 km vers le nord depuis 1966, et ont posé comme hypothèse que le rétrécissement était causé par les changements climatiques. Greenberg et coll. (2011) ont souligné que plusieurs milieux humides et lacs de l'ouest du Manitoba et de l'est de la Saskatchewan qui avaient déjà été occupés par l'espèce ne l'étaient plus, et que des relevés récents menés dans plus de 900 milieux humides de petite superficie en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba avaient permis d'observer seulement 14 Quiscales rouilleux. Dans le parc provincial Algonquin (durant les travaux menés pour l'Atlas des oiseaux nicheurs de l'Ontario), le Quiscale rouilleux n'a été observé que dans 25 des 115 (21,7 %) parcelles de relevé de 10 km x 10 km, entre 2001 et 2005, alors que l'espèce avait été observée dans 42 des 115 (36,5 %) parcelles de relevé 20 ans plus tôt (Cadman et coll., 2007).

Selon les données du Recensement des oiseaux de Noël[6], la population hivernante du Quiscale rouilleux a diminué d'environ 85,0 % entre 1966 et 2003, à raison de 5,1 % par année (Niven et coll., 2004; COSEPAC, 2006). Le déclin observé au cours de la plus récente période (1994 – 2003) était d'environ 2,1 % par année (COSEPAC, 2006). Les données du BBS de l'Amérique du Nord[7] ont permis d'estimer un déclin d'environ 5,7 % par année entre 1966 et 2009 dans l'ensemble de la zone couverte par le BBS (Sauer et coll., 2011). Une analyse plus récente des données du BBS indique un déclin annuel à long terme de 6,6 % entre 1970 et 2011 au Canada (Environnement Canada, 2013). Des déclins à court et à long terme de la population du Quiscale rouilleux sont manifestes dans toutes les régions du Canada (Environnement Canada, 2013). Greenberg et Droege (1999) ont examiné les mentions historiques du Quiscale rouilleux et constaté que l'espèce était passée de « manifestement abondante » à « peu commune » avant même le début des relevés modernes. Le Quiscale rouilleux était décrit comme une espèce très commune ou abondante dans 56 % des comptes-rendus publiés avant 1920; cette valeur a baissé à 19 % entre 1921 et 1950, et à 7 % après 1950 (Greenberg et Droege, 1999).

Le Quiscale rouilleux niche dans les milieux humides boréaux, mais il est généralement absent des milieux humides situés au nord de la limite septentrionale des arbres et peu commun dans les milieux humides de haute montagne.[8]L'espèce a été observée dans bon nombre de milieux riverains, notamment des milieux humides associés à des brûlis récents, des tourbières, des broussailles riveraines, des pessières ouvertes à mousses et à lichens, des cariçaies, des marais, des fourrés d'aulnes et de saules, et des estuaires (COSEPAC, 2006). Les recherches récentes du Quiscale rouilleux dans le nord de la Nouvelle Angleterre ont indiqué que l'occupation des milieux humides était associée à la présence de mares (bassins peu profonds sans poisson), à un milieu sec adjacent couvert de conifères à plus de 70 % et à des indices de présence du castor (Powell et Hodgman, 2012).

Figure 1. Aire de répartition mondiale du Quiscale rouilleux, incluant son aire de reproduction (gris pâle) et son aire d'hivernage (gris foncé). De plus, le Quiscale rouilleux hiverne sporadiquement à l'intérieur de la zone délimitée par la ligne traitillée (tiré de COSEPAC, 2006).

Carte d'Aire de répartition mondiale du Quiscale rouilleux (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue pour la figure 1

Dans l'ensemble de son aire de répartition (à l'exception de l'intérieur de l'Alaska, où l'espèce niche principalement dans les saules), le Quiscale rouilleux niche surtout dans les petits conifères, en particulier les épinettes (Matsuoka et coll., 2010; Avery, 2013). Au Canada, des nids ont été trouvés aussi dans le sapin baumier (Abies balsamea ), le thuya occidental (Thuja occidentalis ), le bouleau à papier (Betula papyrifera ), le peuplier baumier (Populus balsamifera ), l'érable rouge (Acer rubrum) et le cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica ), ainsi que dans des carex émergents, des quenouilles et au sol sur un barrage de castors (Matsuoka et coll., 2010).

Les Quiscales rouilleux nichent en couples isolés ainsi qu'en colonies peu structurées dont la densité peut s'élever à plus de 8 territoires par km2 dans certaines parties de l'aire de reproduction (LaRue et coll., 1995; Avery, 2013). Dans le Maine, l'étendue moyenne du domaine vital des individus non coloniaux a été estimée à 14,6 ± 5,8 ha, alors que le domaine vital des individus des colonies peu structurées était environ trois fois plus grand que celui des individus non coloniaux (Powell et coll., 2010a).

Durant l'hiver, la plupart des Quiscales rouilleux occupent des milieux humides forestiers. Les récentes recherches ont montré que l'utilisation de l'habitat par les individus hivernant dans la vallée alluviale du Mississippi n'était peut être pas aussi spécialisée que ce que l'on croyait (Luscier et coll., 2010). Luscier et coll. (2010) ont constaté que l'occupation du Quiscale rouilleux ne pouvait pas être systématiquement déterminée en fonction du couvert, de la densité des arbres, de la couverture d'eau et/ou du type d'habitat (forêt marécageuse, forêt humide, forêt sèche et zones agricoles). Outre les milieux humides forestiers, le Quiscale rouilleux fréquente notamment les vergers de pacaniers, les champs agricoles, les fourrés en bordure des plans d'eau douce, les marécages, les pâturages, les bassins d'épuration des eaux usées et les zones résidentielles (Avery, 2013).

Pendant la migration, des Quiscales rouilleux ont été observés dans des forêts inondées et des marécages, dans des fourrés bordant des lacs, des cours d'eau et des étangs de castors, ainsi que dans des pâturages, des champs labourés et même dans des bassins d'épuration des eaux usées, ou vus au repos (perchés) dans des champs ouverts et des zones boisées (Avery, 2013).

Le régime alimentaire du Quiscale rouilleux est varié et inclut des invertébrés aquatiques, comme des larves d'insectes, des escargots et des crustacés, ainsi que des têtards, des sauterelles, des coléoptères et des araignées (Avery, 2013). En hiver et pendant la migration, il comprend aussi des pacanes concassées, diverses cultures, des graines, des petits fruits, des fruits et des glands (Edmonds et coll., 2010; Avery, 2013). Le Quiscale rouilleux se nourrirait aussi de bruants, de merles, de bécassines et d'autres oiseaux (Avery, 2013).

Tableau 2. Évaluation des menaces pesant sur le Quiscale rouilleux en Amérique du Nord.
Catégorie de menaces Menace Niveau de préoccupation1 Étendue Occurrence Fréquence Gravité2 Certitude causale3
Perte ou dégradation de l’habitat Conversion des milieux humides dans l'aire d'hivernage et dans l'aire de migration au sud de la région boréale Élevé Généralisée Courante/historique Continue Élevée Élevée
Perte ou dégradation de l’habitat Déboisement Moyen Généralisée Courante Continue Inconnue Moyenne
Perte ou dégradation de l’habitat Changements dans l’hydrologie superficielle Moyen Généralisée Courante Continue Inconnue Moyenne
Perte ou dégradation de l’habitat Conversion des milieux humides boisés de la région boréale dans l'aire de reproduction et l'aire de migration Faible Généralisée Courante Continue Inconnue Élevée
Mortalité accidentelle Programmes de lutte antiaviaire visant les « oiseaux noirs » Moyen Localisée Courante/historique Saisonnière Inconnue Moyenne
Pollution Contamination au mercure Moyen Généralisée (dans le centre et l’est du Canada) Courante Continue Inconnue Moyenne
Pollution Acidification des milieux humides Moyen Généralisée (dans le centre et l’est du Canada) Courante Continue Inconnue Moyenne
Climat et catastrophes naturelles Changements climatiques et assèchement des milieux humides Moyen Généralisée Courante Continue Inconnue Moyenne
Changements dans la dynamique écologique Modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices Faible Généralisée Courante Continue Inconnue Faible
Activités ou processus naturels Maladies et parasites Faible Inconnue Inconnue Inconnue Inconnue Faible

1 Niveau de préoccupation : signifie que la gestion de la menace représente une préoccupation (élevée, moyenne ou faible) pour la gestion de l'espèce, conforme aux objectifs de gestion. Ce critère tient compte de l'évaluation de toute l'information figurant dans le tableau.

2 Gravité : indique l'effet à l'échelle de la population (Élevée : très grand effet à l'échelle de la population, modérée, faible, inconnue).

3 Certitude causale : indique le degré de preuve connu de la menace (Élevée : la preuve disponible établit un lien fort entre la menace et les pressions sur la viabilité de la population; Moyenne : il existe une corrélation entre la menace et la viabilité de la population, p. ex. une opinion d'expert; Faible : la menace est présumée ou plausible).

Greenberg et Matsuoka (2010) affirment qu'il existe encore bien des inconnues entourant les causes du déclin du Quiscale rouilleux en Amérique du Nord. Bien que le rapport de situation du COSEPAC présente certaines des menaces plausibles pour l'espèce (COSEPAC, 2006), il sera nécessaire de poursuivre les recherches.

La conversion des milieux humides forestiers dans le sud des États Unis serait le plus grand facteur responsable du déclin passé de la population du Quiscale rouilleux (Greenberg et Droege, 1999; COSEPAC, 2006). Depuis la colonisation européenne, les forêts de feuillus des États Unis ont été converties en terres agricoles et, récemment, les milieux humides ont été convertis en plantations de pins ou en lotissement urbain (Hamel et coll., 2008; Greenberg et Matsuoka, 2010). Des années 1780 aux années 1980, la perte de milieux humides s'élevait à environ 57 % dans la vallée alluviale du cours inférieur du Mississippi et à environ 36 % dans le sud de la plaine côtière atlantique (Hamel et coll., 2008). Les parties de l'habitat qui subsistent sont souvent fragmentées, ce qui fait augmenter la prédation du Quiscale rouilleux et la compétition de l'espèce avec d'autres Ictéridés (Greenberg et Matsuoka, 2010).

Le déboisement comprend l'ensemble des activités d'abattage d'arbres à moyenne ou grande échelle. Plus de 60 % du sud de la forêt boréale qui est viable sur le plan commercial a été attribué à des sociétés forestières, et le taux de déboisement annuel dans l'écozone des plaines boréales se situe entre 0,8 % et 1,7 % (voir Hobson et coll., 2002). Powell et coll. (2010b) ont établi que l'exploitation forestière constituait une menace pour la survie des nids de Quiscales rouilleux; cependant, on ne connaît toujours pas l'étendue de cette menace. Il était plus que deux fois plus probables que les nids se trouvant dans des peuplements n'ayant pas été déboisés récemment produisent des jeunes à l'envol par rapport aux nids se trouvant dans des peuplements ayant été exploités au cours des vingt dernières années, en raison de la prédation accrue dans les zones exploitées récemment (Powell et coll., 2010b). Par contre, une étude du succès de la nidification du Quiscale rouilleux menée dans le Maine et le New Hampshire n'a révélé aucune différence entre le succès de la nidification des nids des zones exploitées et celui des nids des zones non exploitées (Buckley et McNulty, 2012). L'agrandissement du réseau routier et l'aménagement d'autres infrastructures dans les régions boréales peuvent aussi mener à la dégradation de l'habitat et permettre l'augmentation des populations d'autres espèces d'Ictéridés et de corneilles. Cependant, on ne connaît pas l'importance des effets de ces activités sur les populations de Quiscales rouilleux et leur succès de nidification.

Le Quiscale rouilleux pourrait être sensible aux changements dans l'hydrologie superficielle (Greenberg et coll., 2011) et, par conséquent, les activités qui entraînent un assèchement des milieux humides, des changements dans les fluctuations des niveaux d'eau, le détournement et la régularisation de cours d'eau et le déplacement des eaux souterraines pourraient avoir des répercussions sur l'espèce. Les activités menées dans l'aire d'hivernage (p. ex. la régularisation des niveaux d'eau dans les bassins forestiers) ainsi que dans l'aire de reproduction et l'aire de migration (p. ex. l'exploitation des sables bitumineux, les projets hydroélectriques) pourraient modifier l'hydrologie superficielle normale dans l'habitat du Quiscale rouilleux. À l'heure actuelle, aucune recherche ne tente de déterminer les effets de l'hydrologie superficielle sur le taux de survie ou le succès de la nidification de l'espèce; l'hypothèse selon laquelle les changements dans l'hydrologie superficielle constituent une menace repose sur l'histoire naturelle de l'espèce (c.-à-d. sa préférence pour les milieux humides) (Greenberg et coll., 2011).

Les milieux humides boisés de la région boréale ont été convertis à différents usages, y compris l'agriculture, la production de tourbe, l'exploitation pétrolière et gazière et la mise en eau de réservoirs (Greenberg et Droege, 1999; Greenberg et Matsuoka, 2010; Greenberg et coll., 2011). Ainsi, plus de un (1) million d'hectares de forêts ont été inondés dans le centre du Québec (Greenberg et coll., 2011); 73 % de la zone de transition boréale en Saskatchewan a été transformée en terres agricoles depuis la colonisation européenne (Hobson et coll., 2002); par ailleurs, depuis 2003, les activités d'exploration et d'extraction pétrolières et gazières ont eu des répercussions directes sur 8 % du biome de la forêt boréale (Greenberg et coll. 2011). Dans l'ensemble, on estime à 5 % la superficie d'habitat du Quiscale rouilleux qui a été modifiée en raison de la conversion de l'habitat au Canada, et il est prévu qu'un autre 4 % sera transformé au cours des cinquante prochaines années (voir COSEPAC, 2006).

On estime que plus de 117 000 Quiscales rouilleux ont été tués par les applications de Compound PA 14 Avian Stressing Agent au Kentucky, au Tennessee et en Alabama entre 1974 et 1992 (Dolbeer et coll., 1995); ces applications visaient précisément à décimer les populations d'« oiseaux noirs » (Ictérinés) et d'Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris ) dans leurs aires de repos durant l'hivernage (Heisterberg et coll., 1987). L'utilisation du PA 14 a cessé en 1992 (Dolbeer et coll., 1995) et, en 2011, les États Unis ont retiré le Quiscale rouilleux de la liste des espèces pouvant faire l'objet de mesures de lutte en vertu de l'ordonnance visant les « oiseaux noirs » (quiscales, carouges, vachers, corneilles et pies) du US Fish and Wildlife Service; cette mesure a donc permis de réduire le risque associé aux programmes de lutte antiaviaire pour le Quiscale rouilleux (NLWD, 2011). De plus, d'autres formes de lutte antiparasitaire, comme l'utilisation d'appâts empoisonnés pour éliminer les « oiseaux noirs » s'alimentant dans les parcs d'engraissement de bovins, peuvent toucher le Quiscale rouilleux durant la migration ou dans l'aire d'hivernage. Les Quiscales rouilleux ayant tendance à former des bandes plurispécifiques avec d'autres « oiseaux noirs » dans les aires de repos, ils peuvent encore être menacés par les mesures de lutte antiaviaire. Les programmes de lutte antiaviaire à petite échelle pourraient avoir des effets cumulatifs à long terme sur les populations de Quiscales rouilleux (Greenberg et Matsuoka, 2010) mais, jusqu'à présent, les programmes de lutte contre les « oiseaux noirs » n'ont pas été associés directement à des répercussions sur la population du Quiscale rouilleux.

L'exposition au mercure peut réduire le succès de reproduction, affecter le système immunitaire et entraîner des effets sur le comportement et la physiologie des oiseaux (Scheuhammer et coll., 2007). Dans certaines parties de son aire de répartition, le Quiscale rouilleux peut être exposé à de fortes concentrations de méthylmercure (MeHg), en raison de son régime alimentaire qui se compose d'insectes prédateurs contenant du mercure et de sa tendance à chercher de la nourriture dans les milieux humides acides où le mercure prend facilement sa forme toxique (méthylmercure, MeHg) (Greenberg et Matsuoka, 2010; Evers et coll., 2011; Edmonds et coll., 2012). Certaines données donnent à penser que les « oiseaux noirs » pourraient être plus sensibles à l'exposition au MeHg que d'autres groupes d'oiseaux, comme les oiseaux aquatiques (Heinz et coll., 2009; Edmonds et coll., 2010). Une récente étude à grande échelle sur les concentrations de mercure chez le Quiscale rouilleux a fait ressortir la menace possible associée à ce contaminant, en particulier pour la population du nord est de l'Amérique du Nord (Edmonds et coll., 2010). Les concentrations de mercure dans les plumes du Quiscale rouilleux se reproduisant dans l'écorégion de la forêt acadienne de la Nouvelle Angleterre et des Maritimes (Maine, New Hampshire, Vermont, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse) étaient plusieurs fois plus élevées que les concentrations observées dans les plumes des individus présents dans l'aire d'hivernage du sud des États Unis et dans les sites de reproduction en Alaska (Edmonds et coll., 2010).

Le transport et le dépôt à grande distance du mercure sont des sources importantes de contamination pour bon nombre de milieux aquatiques au Canada (Fitzgerald et coll., 1998). Le mercure biodisponible est aussi entraîné dans les bassins hydrographiques au cours des activités d'exploitation forestière, de la création de réservoirs hydroélectriques et de diverses activités industrielles connexes (Porvari et coll., 2003; Vuori et coll., 2003; Wiener et coll., 2003). L'augmentation des concentrations de MeHg dans les zones déboisées semble être corrélée avec l'ampleur de la perturbation des sols dans la région (Porvari et coll., 2003). Les concentrations de mercure dans les réseaux trophiques aquatiques sont habituellement corrélées avec des pH faibles et, par conséquent, elles augmentent d'ouest en est au Canada dans les réseaux trophiques d'eau douce (Depew et coll., 2013). Ces données confirment la tendance semblable des concentrations de mercure observée chez le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de l'Amérique du Nord (Edmonds et coll., 2010).

Bien que la partie est de l'aire de répartition du Quiscale rouilleux soit plus susceptible d'être touchée par l'acidification des milieux humides (Schindler, 1988; Greenberg et Droege, 1999), on ne connaît toujours pas l'importance des répercussions de cette acidification sur l'espèce. L'augmentation de l'acidité peut causer des changements dans l'écologie générale des milieux humides. Des modifications dans les assemblages d'invertébrés, qui s'éloignent des espèces riches en calcium, ont été documentées dans le sud du Nouveau-Brunswick (Parker et coll., 1992), et les sols acides des Pays Bas ont été liés au déclin de la productivité des passereaux (Graveland et coll., 1994). Greenberg et Droege (1999) ont posé l'hypothèse selon laquelle l'acidification pourrait causer une perte de calcium et d'autres minéraux essentiels à la formation des coquilles d'œufs et des os; ils ont observé une forte proportion d'escargots et de mollusques dans le régime alimentaire du Quiscale rouilleux.

L'acidification peut provoquer une augmentation des concentrations de métaux, comme l'aluminium; les milieux humides acides favorisent également la transformation du mercure en méthylmercure (MeHg), un composé toxique, ce qui amplifie la menace d'exposition au mercure. On ne sait pas si les concentrations élevées de métaux touchent le Quiscale rouilleux ni de quelle façon.

L'acidification des milieux humides est habituellement causée par les précipitations acides associées à la pollution industrielle, la présence de sols sulfatés acides et, parfois, la création de pâturages peuvent aussi mener à l'acidification des milieux humides.

Les changements climatiques provoquent peut être une contraction de la partie sud de l'aire de répartition du Quiscale rouilleux. McClure et coll. (2012) ont établi que la probabilité de disparition locale de l'espèce était plus élevée dans le sud de son aire de reproduction et que, depuis 1966, les limites de cette dernière s'étaient déplacées d'environ 143 km vers le nord. Ces résultats concordent avec ceux de Stralberg et coll. (sous presse), qui ont prévu une diminution de 17,6 % de l'abondance potentielle du Quiscale rouilleux entre 2011 et 2040, et des déclins futurs de 36,7 % entre 2041 et 2070 et de 55,3 % entre 2071 et 2100, suivant l'évolution des zones climatiques convenables.

Les changements climatiques influent aussi sur les propriétés chimiques, physiques et biologiques des lacs et d'autres milieux humides (Schindler et coll., 1997; Winder et Schindler, 2004). En particulier, ils provoquent l'assèchement des milieux humides dans le nord de la forêt boréale, en raison de la fonte du pergélisol et de l'augmentation de l'évapotranspiration. Ce phénomène serait particulièrement prévalent dans la partie ouest de l'aire de répartition du Quiscale rouilleux (Hobson et coll., 2010; Greenberg et coll., 2011). L'assèchement des milieux humides en Alaska (Klein et coll., 2005) a déjà entraîné des changements marqués dans l'abondance des invertébrés et dans les communautés végétales (Corcoran et coll., 2009); de plus, McClure et coll. (2012) ont posé comme hypothèse que les changements climatiques pourraient aussi provoquer un déphasage de l'émergence des invertébrés par rapport à la période de reproduction du Quiscale rouilleux. Jusqu'à présent, aucun lien direct entre les changements observés dans les milieux humides et des impacts sur le Quiscale rouilleux (individus ou populations) n'a été démontré.

Les changements climatiques peuvent aussi provoquer des tempêtes plus violentes et plus fréquentes (GIEC, 2007). Il est possible que ces tempêtes entraînent l'inondation des sites de nidification et des aires d'alimentation du Quiscale rouilleux; de plus, les tempêtes de neige tardives au printemps peuvent mener à un échec de la reproduction de cette espèce qui niche tôt en saison.

L'augmentation des effectifs des espèces dominantes, comme le Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus) et le Quiscale bronzé (Quiscalus quiscula ), dans les milieux humides boréaux pourrait représenter une menace pour le Quiscale rouilleux. L'abondance des Quiscales rouilleux nicheurs est maximale dans les régions de l'Ontario où sont absents le Carouge à épaulettes et le Quiscale bronzé (Cadman et coll., 2007). Bien que l'on ne connaisse pas encore la cause de ce phénomène, il pourrait résulter des changements climatiques, de la conversion et de la fragmentation de l'habitat, et de l'empiètement par les humains qui créent des milieux favorables aux espèces généralistes comme le Carouge à épaulettes et le Quiscale bronzé, qui tirent davantage profit de la présence de milieux secs et de milieux humides que le Quiscale rouilleux (Peer et Bollinger, 1997; Yasukawa et Searcy, 1995). De plus, selon une autre étude, les corrélations entre l'abondance de Quiscales rouilleux, d'une part et l'abondance de campagnols (Arvicolinés), le climat ou les conditions météorologiques, d'autre part, donnent à penser qu'il existerait des interactions directes et indirectes complexes dans le réseau trophique (Savard et coll., 2011). Cependant, le mécanisme réel demeure incertain, bien qu'il soit plausible qu'il soit lié à la variation de la pression exercée par les prédateurs (Savard et coll., 2011). Chez ces espèces, on a observé des comportements agressifs envers les Quiscales rouilleux nicheurs, mais on ne sait pas dans quelle mesure ces comportements influent sur le succès de la reproduction du Quiscale rouilleux.

Les populations de rapaces ont augmenté de manière substantielle depuis que l'utilisation du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) a été interdite dans l'ensemble de l'Amérique du Nord, et cette augmentation pourrait avoir fait augmenter la pression exercée par les prédateurs sur le Quiscale rouilleux (Greenberg et Matsuoka, 2010). Les rapaces prédateurs connus du Quiscale rouilleux sont notamment les éperviers, les faucons et les hiboux (voir Avery, 2013).

Une analyse des échantillons de sang prélevés sur des Quiscales rouilleux dans le Maine, le Vermont, le New Hampshire, ainsi qu'en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick a indiqué une prévalence d'hématozoaires (parasites vivant dans le sang) de l'ordre des valeurs déjà publiées, alors que chez les Quiscales rouilleux se trouvant dans l'aire d'hivernage, la prévalence d'hématozoaires était supérieure aux prévisions (comparativement aux recherches précédentes portant sur le Quiscale rouilleux et d'autres passereaux) (Barnard, 2012). Bien que les parasites identifiés dans cette étude n'aient pas été considérés comme nuisibles à la survie du Quiscale rouilleux, leur forte prévalence durant l'hiver, période au cours de laquelle le nombre de parasites est habituellement réduit, donne à penser que le Quiscale rouilleux est peut être stressé ou qu'il est immunodéprimé lorsqu'il se trouve dans l'aire d'hivernage (Barnard et coll., 2010; Barnard, 2012). Un système immunitaire affaibli peut faire augmenter la menace de maladies et d'infections causées par d'autres parasites. À l'heure actuelle, on ne connaît pas l'importance des maladies et des parasites par rapport au déclin et au rétablissement de la population du Quiscale rouilleux.

L'objectif de gestion du Quiscale rouilleux comporte deux volets : premièrement, mettre un terme au déclin de la population, puis maintenir les effectifs au niveau de 2014; deuxièmement, augmenter l'abondance de la population, de manière à obtenir une augmentation soutenue sur dix ans de l'abondance de la population de Quiscales rouilleux au Canada.

Étant donné qu'on connaît peu l'importance des nombreuses menaces potentielles qui pèsent sur le Quiscale rouilleux, l'objectif qui consiste à mettre un terme au déclin de l'espèce et à maintenir les effectifs à hauteur de ce qu'ils étaient en 2014 est un objectif à court terme approprié pour les dix prochaines années. Au fur et à mesure que les menaces seront définies et mieux comprises, et que les mesures d'atténuation potentielles seront mieux ciblées, l'objectif à long terme sera de montrer qu'il y a eu une augmentation soutenue sur dix ans de la population du Quiscale rouilleux par l'analyse des tendances de la population et d'autres indices. Les indices démographiques seront inférés par le cumul des sources de données disponibles, incluant le Recensement des oiseaux de Noël, le Relevé des oiseaux nicheurs d'Amérique du Nord et les Atlas des oiseaux nicheurs, ainsi qu'au moyen d'autres méthodes éventuellement rendues disponibles. En raison des lacunes actuelles dans les connaissances, on ne pourra aborder les objectifs en matière de répartition qu'après avoir recueilli davantage d'information.

Les mesures spécifiques de suivi et/ou de conservation du Quiscale rouilleux qui sont déjà achevées ou qui sont en cours incluent :

Les stratégies générales proposées dans le présent plan de gestion sont les suivantes :

  1. Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscales rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada.
  2. Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration.
  3. Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux.
  4. Favoriser et établir des collaborations dans le cadre des activités de gestion et de conservation du Quiscale rouilleux dans l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce.

Le calendrier suivant est proposé pour implanter la mise en œuvre des stratégies générales énoncées à la section 6.2.

Tableau 3. Mesures de conservation et calendrier de mise en œuvre
Stratégie générale Mesures de conservation Priorité Menaces ou préoccupations abordées Échéancier
Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscales rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada. Déterminer et suivre les changements dans la distribution et l'utilisation de l'habitat pendant et après la reproduction, dans l'ensemble de l'aire de répartition canadienne. Élevée Lacunes dans les connaissances 2014 - en continu
Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscales rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada. Évaluer la qualité des données accessibles sur la population et l’abondance dans l’ensemble de l’aire de reproduction, déterminer les lacunes dans les connaissances et améliorer les techniques de relevé et d’analyse, si nécessaire. Élevée Lacunes dans les connaissances 2014 – 2015
Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscales rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada. Encourager le signalement du Quiscale rouilleux par les citoyens dans le cadre des programmes scientifiques existants (eBird, BBS, Recensement des oiseaux de Noël, Grand dénombrement des oiseaux de février, Étude des populations des oiseaux du Québec [ÉPOQ], etc.) Élevée Lacunes dans les connaissances 2014 – 2022
Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscales rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada. Comparer des variables démographiques (c.-à-d. survie, succès de la reproduction, distribution des âges) entre les différentes régions de reproduction et d’hivernage. Élevée Lacunes dans les connaissances 2015 – 2018
Combler les principales lacunes dans les connaissances sur les effectifs des populations de Quiscales rouilleux, les tendances démographiques, l'aire de répartition de l'espèce, le succès de la reproduction et les besoins en matière d'habitat de l'espèce au Canada. Élaborer des modèles de l’utilisation de l’habitat dans l’aire de reproduction du Quiscale rouilleux. Moyenne Lacunes dans les connaissances 2017 – 2020
Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration. Étudier les changements historiques dans la distribution et l'abondance du Quiscale rouilleux dans l'ensemble de son aire de reproduction et à l'échelle régionale, en fonction des changements dans l'utilisation des terres et des changements dans l'habitat, pour mieux comprendre les causes des déclins de la population. Élevée Conversion des milieux humides (aire de reproduction), déboisement, changements dans l’hydrologie superficielle, acidification des milieux humides, changements climatiques et assèchement des milieux humides, et lacunes dans les connaissances 2014 – 2017
Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration. Évaluer le rôle du mercure dans les déclins de la population. Élevée Contamination au mercure et lacunes dans les connaissances 2014 – 2017
Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration. Étudier l’utilisation que fait le Quiscale rouilleux des habitats anthropisés, comme les parcs d’engraissement des bovins, les champs agricoles, les décharges durant la migration, afin d’évaluer l’ampleur des menaces associées aux mesures de lutte antiaviaire visant les « oiseaux noirs », aux contaminants, etc. Moyenne Lutte antiaviaire visant les « oiseaux noirs », contaminants, lacunes dans les connaissances 2015 – 2019
Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration. Déterminer plus clairement les impacts des changements dans l’habitat sur le succès de la reproduction. Élevée Conversion des milieux humides (aire de reproduction), déboisement, changements dans l’hydrologie superficielle, acidification des milieux humides, changements climatiques et assèchement des milieux humides, et lacunes dans les connaissances 2015 – 2019
Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration. Déterminer l’influence de la compétition livrée par le Carouge à épaulettes, le Quiscale bronzé ou d’autres espèces sur l’occupation de l’habitat par le Quiscale rouilleux et/ou le succès de la reproduction de l’espèce. Moyenne Modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices, et lacunes dans les connaissances 2016 – 2019
Déterminer et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux dans l'ensemble de ses aires de reproduction, d'hivernage et de migration. Examiner le rôle des maladies et des parasites dans le déclin de la population. Faible Maladies et parasites, et lacunes dans les connaissances 2019 – 2022
Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux. Tenir compte des besoins du Quiscale rouilleux dans les plans de gestion des terres publiques, les évaluations environnementales et les initiatives portant sur la planification de l’utilisation du territoire (exploitation forestière, exploitation minière, agriculture, etc.). Élevée Conversion des milieux humides (aires de reproduction, de migration et d’hivernage), déboisement, changements dans l’hydrologie superficielle, contamination au mercure, acidification des milieux humides, et modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices En continu
Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux. Soutenir l’application des lois et des règlements existants visant les menaces qui ont des répercussions sur le Quiscale rouilleux et son habitat, et encourager l’adoption de mesures de protection supplémentaires, si nécessaire. Élevée Conversion des milieux humides (aires de reproduction et de migration) et déboisement 2014 – 2014
Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux. Repérer les sites principaux ne faisant actuellement l’objet d’aucune mesure de conservation, et encourager et faciliter leur conservation (p. ex. les zones où l’abondance des nids est élevée, les zones où les concentrations d’individus sont élevées après la reproduction ou durant la migration). Élevée Conversion des milieux humides (aires de reproduction, de migration et d’hivernage), déboisement, changements dans l’hydrologie superficielle, contamination au mercure, acidification des milieux humides, changements climatiques, et modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices 2015 – 2022
Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux. Élaborer des pratiques exemplaires en matière de conservation du Quiscale rouilleux. Moyenne Conversion des milieux humides (aires de reproduction, de migration et d’hivernage), déboisement, changements dans l’hydrologie superficielle, contamination au mercure, acidification des milieux humides, changements climatiques et assèchement des milieux humides, et modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices 2014 – 2022
Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux. Favoriser la conservation et la gestion du Quiscale rouilleux auprès des propriétaires fonciers, des aménagistes forestiers, de l’industrie, des organismes voués à la conservation, des groupes autochtones et des gouvernements. Moyenne Conversion des milieux humides (aires de reproduction, de migration et d’hivernage), déboisement, changements dans l’hydrologie superficielle, contamination au mercure, acidification des milieux humides, changements climatiques et assèchement des milieux humides, et modification de la composition des espèces prédatrices et compétitrices En continu
Mettre en œuvre des mesures d'intendance et d'atténuation des menaces visant le Quiscale rouilleux. Participer aux initiatives visant à réduire les changements climatiques, la contamination au mercure et l’acidification des milieux humides. Moyenne Changements dans l’hydrologie superficielle, contamination au mercure, acidification des milieux humides, et changements climatiques et assèchement des milieux humides En continu
Favoriser et établir des collaborations dans le cadre des activités de gestion et de conservation du Quiscale rouilleux dans l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce. Assurer une bonne participation canadienne aux activités du International Rusty Blackbird Technical Working Group(IRBTWG) et collaborer avec d’autres partenaires internationaux, s’il y a lieu. Moyenne Toutes les menaces et les lacunes dans les connaissances En continu
Favoriser et établir des collaborations dans le cadre des activités de gestion et de conservation du Quiscale rouilleux dans l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce. Établir les possibilités et les mesures de conservation susceptibles de s’harmoniser aux possibilités et aux mesures établies dans la stratégie internationale de conservation du Quiscale rouilleux (à venir). Moyenne Toutes les menaces et les lacunes dans les connaissances En continu

Les indicateurs de rendement présentés ci dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès accomplis vers l'atteinte des objectifs de gestion.

AOU. 2013. AOU Checklist of North and Middle American Birds, (consulté le 15 juillet 2013; en anglais seulement).

Avery, M.L. 1995. Rusty Blackbird (Euphagus carolinus), Cornell Lab of Ornithology, Ithaca, (consulté le 16 août 2011; en anglais seulement).

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A. Westwood. 2013. Doctorant, Département de biologie, Université Dalhousie, Halifax (Nouvelle Écosse).

B. Drolet. 2013. Biologiste, Évaluation des populations, Environnement Canada – Service canadien de la faune, Région du Québec.

N. Burgess. 2011. Toxicologue de la faune, Environnement Canada, Direction générale des sciences et de la technologie, 6, rue Bruce, Mount Pearl (Terre-Neuve-et-Labrador) A1N 4T3.

P. Sinclair. 2011. Biologiste spécialiste de la conservation des oiseaux, Environnement Canada – Service canadien de la faune, 91780, route de l'Alaska, Whitehorse (Yukon) Y1A 5X7.

V. Carignan. 2012. Biologiste principal, Rétablissement des espèces en péril, Environnement Canada – Service canadien de la faune, 105, rue McGill, 7e étage, Montréal (Québec) H2Y 2E7.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L'objet de l'EES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement.

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des plans peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le plan lui-même, mais également résumés, ci-dessous.

Les activités qui profitent au Quiscale rouilleux seront vraisemblablement bénéfiques pour un grand nombre d'espèces fauniques qui sont présentes à l'état naturel dans la forêt boréale, en particulier les espèces associées aux milieux humides. D'autres espèces d'oiseaux qui nichent dans les milieux humides boréaux ont connu des déclins marqués, et on s'attend à ce que les mesures prises pour atténuer les menaces qui pèsent sur le Quiscale rouilleux aient aussi des répercussions positives sur ces autres espèces (Greenberg et Matsuoka, 2010; Greenberg et coll., 2011). Ces autres espèces comprennent notamment le Grèbe esclavon (Podiceps auritus) (population de l'ouest), la Macreuse brune (Melanitta fusca), le Petit Chevalier (Tringa flavipes) et le Chevalier solitaire (T. solitaria) (Greenberg et Matsuoka; 2010; Greenberg et coll., 2011). Bien qu'il soit possible que le présent plan d'action ait des répercussions négatives sur d'autres espèces d'oiseaux (comme le Carouge à épaulettes et le Quiscale bronzé), il a été conclu qu'il était peu susceptible de produire d'importants effets négatifs, compte tenu de la nature non intrusive des mesures proposées et de l'abondance des populations des espèces susceptibles d'être touchées.


1 COSEPAC – Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

2 Les rémiges tertiaires sont les plumes internes des ailes, c.-à-d. celles qui sont le plus près du corps de l'oiseau.

3 Lancé en 2002 par le Cornell Lab of Ornithology and National Audubon Society, eBird est un programme de mentions d'observations en ligne en temps réel. Il fournit des sources de données riches en renseignements de base sur l'abondance et la distribution des oiseaux à diverses échelles spatiales et temporelles. Le but d'eBird est de maximiser l'utilité et l'accessibilité des nombreuses observations d'oiseaux réalisées chaque année par les ornithologues amateurs et professionnels. eBird constitue déjà l'une des plus importantes banques de données sur la biodiversité, et l'une de celles qui connaissent la croissance la plus rapide. (Bienvenue à eBird Canada)

4 La superficie délimitée par un polygone sans angles concaves comprenant la répartition géographique de toutes les populations connues d'une espèce sauvage. (Source : Rapports de situation)

5 La superficie au sein de la « zone d'occurrence » occupée par un taxon, à l'exclusion des cas de nomadisme. La mesure reflète le fait que la zone d'occurrence peut contenir des habitats inadaptés ou inoccupés. Dans certains cas (c.-à-d. sites irremplaçables de nidification en colonies, sites d'alimentation cruciaux pour taxons migrateurs), la zone d'occupation est la plus petite superficie cruciale à un stade ou l'autre de la survie de l'espèce sauvage/l'unité désignable considérée (dans de tels cas, cette zone d'occupation ne doit pas nécessairement se trouver au Canada). La taille de la zone d'occupation dépendra de l'échelle à laquelle elle est mesurée et devrait être à l'échelle appropriée des caractéristiques biologiques pertinentes du taxon, de la nature des menaces et des données disponibles. Afin d'éviter l'incohérence et le biais dans le cadre d'évaluations causés par l'estimation à différentes échelles de la zone d'occupation, il sera peut être nécessaire de normaliser les estimations en utilisant un facteur de correction de l'échelle. Différents types de taxons ont différents rapports en matière d'échelle et de zone. (Source : COSEPAC, Rapports de situation, adapté d'UICN [2010])

6L'évaluation du Quiscale rouilleux menée par le COSEPAC a accordé plus d'importance aux taux de déclin établis d'après le Recensement des oiseaux de Noël, parce que le recensement couvre la totalité de l'aire d'hivernage de l'espèce. Il a néanmoins été reconnu que la méthode sous estimait vraisemblablement la population en raison de la présence du Quiscale rouilleux dans des bandes plurispécifiques composées d'espèces semblables.

7Les données du BBS ne constituent peut être pas le meilleur outil pour suivre les déclins du Quiscale rouilleux au Canada, parce que le coeur de l'habitat de l'espèce se situe au nord de la grande majorité des parcours du BBS. Cependant, compte tenu du manque de sources de données, le BBS demeure la meilleure option disponible, car il fournit des données sur les déclins des populations.

8 Des individus errants ont été observés dans la toundra, au Nunavut, jusqu'à environ 1 000 km au nord de la limite des arbres (eBird, 2012).

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