Caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) boréal : sommaires des connaissances traditionnelles autochtones partie I

Table des matières

Section 1 - Évaluation des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal (Mbedzih) de la région du Dehcho

Information sur le document


Photo: Peter Redvers

Photographie montrant un caribou traversant un plan d'eau à la nage.

Préparé par les Premières nations Dehcho
Janvier 2011

Le document est un sommaire non confidentiel du rapport Dehcho. Les cartes et les annexes des collectivités auxquelles le document réfère ont été jugées confidentielles et ne sont pas incluses dans le rapport.

Évaluation des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal (Mbedzih) de la région du Dehcho

Préparé par les Premières nations Dehcho
pour le Service canadien de la faune

Janvier 2011

Financé par le gouvernement du Canada

Publiée par les Premières nations
Dehcho Fort Simpson, Territoires du Nord-Ouest

© Premières nations Dehcho, 2011

Le présent document peut uniquement être utilisé par le gouvernement du Canada à des fins de protection du caribou boréal et de planification en matière de gestion. Il doit être utilisé sans porter atteinte aux droits issus des traités ou aux Autochtones des Premières nations Dehcho.

Aucune portion de ce document ne peut être reproduite, conservée dans un système de recherche documentaire ou transmise sous toute autre forme ou par tout autre moyen quelconque (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, etc.) sans obtenir une autorisation écrite au préalable des Premières nations Dehcho.

Remarque : Pour consulter ce document correctement en format électronique, la police de caractères dénée doit être installée.

Photos de la page couverture : Caribou boréal traversant le lac Beaver à la nage; Peter Redvers

Terminologie

Le terme « caribou des bois » se rapporte au caribou boréal (le caribou qui n'habite normalement pas les régions montagneuses) et aussi aux populations du Nord et du Sud du « caribou des montagnes ». En Dene Zhatie/Yati (langue dénée de la région du Dehcho), le terme « mbedzih » se rapporte au caribou des bois de manière distincte du caribou de la toundra (nόdi), et fait habituellement référence au caribou boréal et au caribou des montagnes, bien que des distinctions entre ces deux groupes d'animaux soient reconnuesNote de bas de page1. Puisque cette évaluation est uniquement axée sur le caribou boréal et non sur le caribou des montagnes, le terme « caribou boréal » est utilisé comme terme principal.

Introduction

Environnement Canada, par l'entremise du Service canadien de la faune (SCF), a le mandat d’élaborer un programme national de rétablissement ainsi qu’un plan d'action pour contrer le déclin des populations du caribou boréal au Canada et préserver les populations actuelles. Environnement Canada a déterminé que les connaissances traditionnelles autochtones sur le caribou boréal devraient servir à élaborer le programme de rétablissement et le plan d'action.

À l'automne 2010, Environnement Canada a conclu une entente avec les Premières nations Dehcho en vertu de laquelle le Ministère devait financer une série de réunions avec les chasseurs dans chacune des collectivités Dehcho afin de recueillir des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal, vérifier l'information relative aux connaissances traditionnelles déjà documentées par les collectivités Dehcho et préparer un rapport sommaire. Les Premières nations Dehcho ont retenu les services de Crosscurrent Associates Ltd. de Yellowknife pour effectuer la coordination de ce travail et organiser ou coorganiser les réunions avec les chasseurs dans chacune des collectivités Dehcho. Ce travail était régi par le protocole de recherche des connaissances traditionnelles des Premières nations Dehcho (Dehcho First Nations Traditional Knowledge research protocol) (2004). Environnement Canada a fourni à Crosscurrent Associates Ltd. un modèle des types de renseignements requis, un ensemble de cartes topographiques (en formats papier et électronique) à utiliser pendant les réunions ainsi que des sommaires des précédentes réunions tenues dans les collectivités par le SCF au cours de la dernière année.

Avant la tenue des réunions avec les chasseurs, Crosscurrent Associates Ltd. a recueilli, examiné et résumé pour chaque collectivité les connaissances traditionnelles portant sur le caribou boréal. Ce processus a permis de déterminer les lacunes en matière d'information pouvant être abordées pendant les réunions. Un guide d'entrevue destiné à des groupes a été rédigé (voir l'annexe 10) en tenant compte des besoins indiqués par le SCF au sujet du manque de renseignements. Ensuite, les réunions ont été planifiées en collaboration avec les conseils respectifs des Premières nations ou les agences locales de gestion des ressources et les chasseurs, les interprètesNote de bas de page2 et les rédacteurs de notes. Les réunions se sont déroulées entre le 16 octobre et le 17 novembre 2010. Bien que la Première nation West Point n'ait pas participé à ces réunions, certaines données issues d’études précédentes sur les connaissances traditionnelles de cette collectivité sont présentées à l'annexe 9. Les représentants de Fort Liard, bien que faisant toujours partie de la région du Dehcho, se sont retirés du gouvernement des Premières nations Dehcho et n'ont donc pas participé à cette évaluation.

Au total, 49 chasseurs ont participé aux réunions, y compris certains aînés et chasseurs adultes. D'autres membres des collectivités, comme de jeunes observateurs, des interprètes et des coanimateurs ou gestionnaires de ressources ont également participé à divers degrés.

Les comptes rendus ont été préparés selon les notes prises durant ces séances, l'information documentée sur les cartes topographiques et les connaissances traditionnelles compilées antérieurement (voir les annexes 1 à 9). Ces annexes ont été transmises dans les collectivités respectives aux fins de révision et de rétroaction, puis le sommaire régional a été préparé en fonction des renseignements contenus dans ces annexes.

Un élément clé était la quantité de renseignements à indiquer sur les cartes, puisque les emplacements des routes de migration saisonnières, les vasières, les aires de mise bas et les habitats riches en lichen sont considérés comme de l'information délicate. Puisque de tels détails ne sont probablement pas requis pour la mise en œuvre du programme national de rétablissement et du plan d'action, l'information sur ces types d'emplacements est présentée sous forme narrative plutôt que d’être inscrite sur la carte. L'information détaillée pourra être fournie par les collectivités et les Premières nations Dehcho pendant des activités de planification à venir dans la région du Dehcho. Les cartes jointes pour chaque collectivité fournissent les noms topographiques aux fins de référence et, à l'exception de Fort ProvidenceNote de bas de page3, elles font une représentation généralisée des zones de chasse, et par conséquent des habitats connus, selon les données d'utilisation des terres par les Premières nations Dehcho recueillies en 1997 et 1998. Cette carte permet de représenter la distribution générale du caribou boréal dans la région du Dehcho en ce qui a trait à la chasse. Une explication plus détaillée des cartes est incluse ci-dessous.

Aux fins de ce rapport et pour la mise en œuvre du programme national de rétablissement et du plan d'action, les noms de lieux français ont été utilisés, sauf si des noms dénés font spécifiquement référence au caribou boréal (mbedzih). Toutefois, tous les emplacements géographiques mentionnés, ainsi que les caractéristiques géographiques, possèdent des noms de lieux dénés, et ces noms devraient être utilisés pour les activités subséquentes de planification concernant la répartition des caribous dans la région du Dehcho.

Description des cartes

La présente évaluation comprend une carte régionale et une série de cartes des collectivités dans les annexes aux fins de référence géographique, et pour représenter visuellement la répartition du caribou boréal sur la région du Dehcho. Des données cartographiques plus détaillées sur les connaissances traditionnelles concernant le caribou ont été recueillies par chaque collectivité Dehcho (y compris les emplacements des routes de migration, les aires de mise bas, les vasières et les marais, et les zones de lichen), mais la publication de cette information sous forme de carte dans un forum public n'est pas souhaitable. De plus, une partie de ces données convient davantage à la gestion de la planification de l’aire de répartition dans les collectivités et elle n'est donc pas jugée essentielle actuellement par les Premières nations Dehcho pour la mise en œuvre du programme national de rétablissement et du plan d'action. Pour cette raison, plutôt que de publier ces données dans le rapport d'évaluation, on y fait référence en termes généraux et sous forme narrative.

Les cartes ci-jointes offrent un aperçu des zones de chasse du caribou boréal selon les données sur les lieux d'abattage historiques recueillies par les Premières nations Dehcho dans le cadre d'une étude sur l'utilisation traditionnelle des terres réalisée en 1997-1998. Ces données ne comprennent pas tous les chasseurs actifs des Premières nations Dehcho, elles représentent une période limitée (par exemple, selon la mémoire de l'informateur en 1997-1998), et elles sous-représentent probablement les activités de chasse réelles puisque les chasseurs peuvent oublier certaines sorties et ont tendance à minimiser la chasse pour des raisons culturelles. Toutefois, les données offrent une représentation raisonnable de l’étendue géographique des activités de chasse dans la région du Dehcho, donc des habitats du caribou boréal.

Les cartes ont été créées en effectuant une analyse de densité correspondant à tous les lieux d'abattage répertoriés dans l'étude d'utilisation des terres de 1997-1998 au moyen de ArcView Geographic information system (GIS) et en fonction du nombre relatif de caribous boréaux prélevés par kilomètre carré et divisé en trois gradients pour mieux définir les secteurs très occupés. Le nombre total de lieux d’abattage dans la région du Dehcho était de 2247, et le nombre de sites variait selon la collectivité.

Bien qu'ils soient basés sur des données quantitatives, les polygones agissent seulement à titre de représentation, et les mentions de chasse faible, modérée et élevée sont autant qualitatives que quantitatives. Ce qui est représenté est une image relative des tendances de chasse du caribou des bois sur une période fixe par un échantillon limité dans le temps, fondé sur la mémoire des chasseurs. L'échantillon de 2247 caribous est probablement suffisant pour conclure que le résultat constitue une représentation raisonnable des secteurs faisant l’objet d’une chasse active. Par ailleurs, les secteurs dans lesquels davantage de caribous sont chassés représentent possiblement de meilleurs habitats. Toutefois, les habitats de bonne qualité pour le caribou boréal sont probablement sous-représentés sur ces cartes, puisque la plupart des prises des Premières nations Dehcho se produisent à l'automne et à l'hiver. Donc, les habitats du printemps et du début de l'été peuvent ne pas être bien représentés. De plus, les cartes montrent seulement les secteurs qui sont facilement accessibles et qui sont utilisés par les chasseurs. Les secteurs plus éloignés ou difficiles d'accès ne font probablement pas l’objet d’une chasse active, même si des caribous y sont présents. Ces données montrent que le caribou boréal est chassé sur l'ensemble du territoire du Dehcho, ce qui souligne l'étendue de l'utilisation du territoire par le caribou boréal et l'importance des initiatives de conservation du caribou du point de vue des chasseurs et de la protection de l'habitat.

Il faut noter que les données relatives à l'abattage pour la région de Fort Providence n'avaient pas été divisées par espèce (orignal, caribou boréal, etc.). Par conséquent, aucune analyse n'a été effectuée pour cette région. De plus, les données des monts Mackenzie se rapportent probablement aux zones de chasse du caribou des montagnes plutôt que du caribou boréal, bien qu'il existe un certain chevauchement dans le piémont (ce point est traité dans cette évaluation).

Sommaire de l'évaluation des connaissances traditionnelles des Dehcho

Les catégories utilisées ci-dessous aux fins d'analyse et de présentation de l'information recueillie ont été fournies par le Service canadien de la faune pour la préparation du programme national de rétablissement et du plan d'action. Les sommaires de chaque catégorie sont tirés des renseignements présentés dans les annexes pour chaque collectivité.

Populations

Figure 1 : Aires d'alimentation du caribou boréal au nord-est de Cameron Hills

Aires d'alimentation du caribou boréal au nord-est de Cameron Hills. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo : Peter Redvers

Description longue pour la figure 1

Photographie montrant une aire d'alimentation, recouverte de neige, du caribou boréal au nord-est des collines Cameron.

Le caribou boréal est fréquent dans la région du Dehcho, bien que certains secteurs aient tendance à avoir une plus grande concentration d'individus. Dans une certaine mesure, il est possible de déduire les densités et les tendances des populations d’après les observations traditionnelles des groupes de taille moyenne ainsi que le nombre de prises par la collectivité. Vue sous cet angle, la population du caribou boréal est relativement stable dans la plupart des secteurs du Dehcho, mais on note une tendance vers une lente diminution dans d'autres secteurs, surtout dans ceux touchés par les incendies de forêt, l'introduction du bison, les perturbations sensorielles, la pression exercée par la chasse ou le développement.

Les connaissances traditionnelles sur les activités de recrutement du caribou boréal (mise bas) ne sont pas très poussées, probablement en raison du fait que le caribou boréal est réparti sur un grand territoire et qu'il demeure habituellement dans les milieux humides et les zones brûlées qui sont difficilement accessibles pendant la période de mise bas au printemps. Étant donné que les populations sont généralement stables et que les observations à l'automne et à l'hiver comprennent habituellement des adultes et des jeunes (les adultes composant la majorité du groupe), on estime que le recrutement est stable.

Dans le secteur de Nahanni Butte (carte A1), la population du caribou boréal le long de la vallée de la rivière Liard, et immédiatement à l'ouest de la vallée (entre la rivière et les montagnes), est généralement faible, mais stable. La taille des groupes observés est généralement de l'ordre de 1 à 3 individus, mais à la fin de l'hiver, des groupes comptant jusqu'à 20 caribous ont été aperçus. La densité de la population du caribou boréal à l'est de la rivière Liard, entre la rivière Liard et le lac Trout (Sambaa K'e), particulièrement au sud du lac Arrowhead, est considérée comme étant élevée et stable.

Il est à remarquer qu'en raison des interactions possibles entre le caribou boréal à l'ouest de la rivière Liard et le caribou des monts Mackenzie, la population de ce dernier (dont la plus grande partie se situe dans la réserve de parc national du Canada Nahanni) est jugée bonne, des groupes comprenant jusqu'à 50 individus ayant été observés.

Dans la région du lac Trout (carte A2), la densité de la population du caribou boréal se situe entre moyenne à élevée dans l'ensemble de la région, et on la considère comme stable. En général, les groupes comptent de 2 à 8 individus, et à la fin mars, au nord-est de la collectivité, certains groupes peuvent atteindre jusqu’à 40 caribous.

En ce qui concerne la région de Wrigley (carte A3), dans la plupart des secteurs, la densité de la population du caribou boréal se situe entre moyenne à élevée, et elle est jugée stable, à l'exception d'un léger déclin observé entre le fleuve Mackenzie (Dehcho) et les monts Franklin. La population la plus forte se situe à l'est des monts Franklin. Durant l’automne jusqu’au début de l’hiver, on peut observer des groupes composés de 6 à 7 individus, puis vers la fin de l'hiver, il n’est pas inhabituel d’observer des groupes de 30 à 40 caribous, surtout à l'est des montagnes Franklin.

La densité de la population du caribou boréal dans l’ensemble de la région de Fort Simpson (carte A4) est habituellement moyenne et stable. Certains secteurs, comme Horn Plateau (Edehzhie), les basses terres et les contreforts autour du lac Sibbeston comptent des populations relativement nombreuses. Il n’est pas rare d’observer des groupes de 5 à 7 individus, et du milieu jusqu’à la fin de l'hiver, ils peuvent atteindre de 17 à 19 caribous.

Dans le secteur de la rivière Jean Marie (carte A5), il est fréquent d’observer le caribou boréal, sans qu’il soit pour autant abondant, et la population semble diminuer lentement. Au cours des dernières années, la taille la plus commune des groupes se situe entre 2 et 3 individus, mais il n’est pas rare d’observer des groupes de 5 à 7 individus. Des groupes de 15 caribous ont même été aperçus à la fin de l'hiver. Les chasseurs ont remarqué que, dans le passé, la taille des groupes était plus importante.

Dans la région de Fort Providence (carte A6), la population du caribou boréal semble diminuer lentement depuis plusieurs années, probablement en raison des incendies de forêt, de la croissance de la population de bisons des bois importés et de l'augmentation des perturbations sensorielles. La population du plateau Horn (Edehzhie) demeure la plus nombreuse. Le déclin est surtout observé au sud et au sud-est de ce secteur, au nord du fleuve Mackenzie ainsi que dans le sanctuaire Mackenzie de bisons des bois et autour de celui-ci. De nos jours, les groupes sont habituellement composés de 2 ou 3 individus, tandis que dans le passé ils étaient souvent plus nombreux.

En ce qui concerne la région Kakisa (carte A7), la population du caribou boréal demeure relativement élevée dans toute la région des lacs Tathlina et Kakisa, particulièrement dans la zone comprise entre ces deux lacs ainsi qu’à l'ouest de ces derniers. Toutefois, la population des collines Cameron a clairement décliné en raison des pressions causées par des travaux d’aménagement dans la région. Au nord-ouest du lac Tathlina, il n’est pas rare d’observer des groupes composés de 10 à 15 individus pendant les mois d'hiver, tandis que dans les terres situées à partir de la rive sud du lac Beaver, on observe parfois des groupes de 5 à 7 caribous.

Dans la région de la rivière au Foin (carte A8), la population du caribou boréal est jugée stable, mais dernièrement on a observé une diminution dans le secteur situé au sud-est du lac Buffalo ainsi qu’à l'ouest de la collectivité de la rivière au FoinNote de bas de page4. Les chasseurs de cette région ont également observé une réduction de la population des collines Cameron. Dans le secteur de la rivière au Foin, il est fréquent d’observer des groupes de 2 ou 3 individus, pouvant atteindre jusqu’à 5 ou 8 individus dans certains cas, tandis que dans le passé, au sud-ouest du lac Buffalo, des groupes de 40 caribous pouvaient être vus à la fin de l'hiver. L’usage plus fréquent de la motoneige et la forte pression qu’exercent les chasseurs autochtones et non autochtones (voir la section « Chasse excessive » ci-dessous) semblent être responsables du déclin des populations, et dans le cas des collines Cameron, le déclin serait dû à l’exploitation gazière et pétrolière.

Limites de l’aire de répartition et tendances

Figure 2 : Pistes du caribou boréal traversant une fondrière à l'est de Sambaa K'e.

Pistes du caribou boréal traversant une fondrière à l'est de Sambaa K'e. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo : Troy Marsh

Description longue pour la figure 2

Photographie montrant des pistes du caribou boréal traversant une fondrière à l'est de Sambaa K'e. Les pistes sont visibles dans la neige.

L'information de chaque collectivité des Premières nations Dehcho sur les déplacements et l’aire de répartition est présentée en annexe. Cette section est donc axée sur des questions plus larges concernant les limites et les tendances.

Il semble qu’on pourrait faire référence à toute la région du Dehcho comme l’aire de répartition du caribou boréal, puisqu’on y trouve des populations du caribou, en nombres variés (possiblement en raison de la disponibilité de l’habitat et des pressions qu’il subit) dans l'ensemble de la région. Bien que les monts Mackenzie soient généralement reconnus comme faisant partie de l’aire de répartition du caribou des montagnes, des données de Nahanni Butte et de Wrigley indiquent qu'il existe une certaine interaction entre le caribou des montagnes et le caribou boréal habitant les contreforts et les vallées à l'est des monts Mackenzie, ce qui signifie que le territoire du caribou boréal de la région du Dehcho s'étend dans une certaine mesure aux monts Mackenzie.

Selon les connaissances traditionnelles, le degré de déplacement et, par conséquent, le degré d’interaction de chaque caribou boréal dans l'ensemble de l’aire de répartition dans la région Dehcho est inconnu, mais on sait que de nombreux groupes de caribous boréaux adoptent des déplacements saisonniers ou empruntent des voies de migration relativement « linéaires », tandis que d'autres demeurent pour la plupart dans de vastes zones renfermant des habitats multiples et changent leurs habitudes d'utilisation selon leurs préférences saisonnières en matière d'habitat.

Des déplacements linéaires considérables semblent se produire dans le secteur de Wrigley. Des groupes de caribous boréaux traversent le fleuve Mackenzie au sud et au nord de la collectivité, et sur la glace d'est en ouest, à la fin de l'hiver et au début du printemps. Ils reviennent à la fin de l'été ou au début de l'automne. Dans le secteur de Fort Simpson, des groupes de caribous boréaux traversent le fleuve Mackenzie du nord-est au sud-ouest, entre Ebbutt Hills et le lac Sibbeston, au début du printemps et ils reviennent à la fin de l'été et à l'automne. Dans le secteur de Kakisa, des groupes de caribous boréaux traversent le secteur en amont de la rivière Kakisa, des contreforts de l'ouest des collines Cameron, au secteur au nord-ouest du lac Tathlina, à l'automne et au début de l'hiver, et ils reviennent au début du printemps. Et dans le secteur de la rivière au Foin, des groupes de caribous boréaux passent le printemps et l'été sur les collines du Caribou, au nord de l'Alberta, et ils reviennent dans le secteur au nord ou au nord-ouest du lac Buffalo à l'automne.

Dans le secteur de Fort Providence, des groupes de caribous boréaux se déplaçaient entre le lac Beaver et Pistes du caribou boréal traversant une fondrière à l'est de Sambaa K'e; TroyMarsh la base du plateau Horn (Edehzhie) à la fin de l'été et ils revenaient dans les basses terres du lac Beaver au début du printemps, mais ce déplacement saisonnier a diminué, possiblement en raison de l'expansion de la population du bison dans ce secteur.

La population du caribou boréal du plateau Horn (Edehzhie) semble demeurer sur le plateau toute l'année, mais change son utilisation de l'habitat selon la saison, bien que certaines interactions avec les populations voisines se produisent probablement. Sur le plateau, les pistes des caribous boréaux sont enfoncées dans la mousse tellement les passages sont fréquents. Le caribou boréal semble aussi demeurer à l'année dans le secteur situé en dessous des bordures des collines Cameron, à l'est et au nord-est. Ce secteur comprend une grande variété d'habitats, soit des terres forestières à la base des collines et des basses terres comprenant des forêts mixtes et des fondrières entre les collines et la rivière au Foin. Un comportement similaire semble exister au nord de Nahanni le long des plaines Nahanni à l'est, où le caribou se déplace entre les contreforts et les terres humides, et dans les forêts mixtes entre la plaine et la rivière Liard. Le caribou boréal qui utilise l'habitat autour de la rivière Jean Marie reste essentiellement dans le secteur, au sud de la collectivité, mais il se déplace d'est en ouest et du nord au sud (y compris traversant la route Mackenzie) de façon saisonnière selon leurs préférences d'habitat. Dans le secteur du lac Trout, le caribou boréal semble se déplacer librement dans tout le secteur, y compris au nord du lac, mais change d'habitat selon les saisons.

La seule séparation réelle des populations se trouve dans le secteur de la rivière au Foin. À cet endroit, le caribou boréal qui se trouve à l'ouest de la rivière Mackenzie et de la route Mackenzie (entre la route et les collines Cameron) ne peut se rendre à l'est de la rivière, là où il existe une population concentrée de caribou boréal au nord et au nord-est du lac Swan et vice versa. Ces populations, bien qu'elles ne soient séparées que par quelques kilomètres (le long de la rivière et de la route), ne semblent pas se mélanger.

Dans un secteur de la région du Dehcho, soit le secteur Wrigley, à l'est des montagnes Franklin, on observe un chevauchement considérable entre l’aire de répartition du caribou boréal et celle du caribou de la toundra au milieu de l’hiver. Des groupes de caribous boréaux ont été aperçus se déplaçant et se nourrissant parmi d'importantes hardes de caribous de la toundra, particulièrement autour du secteur du lac Fish. Le caribou de la toundra, qui descend du Sahtu et fait donc partie de la harde de caribous Bluenose de l'ouest, vient seulement de revenir dans le secteur après s’y être absenté pendant environ 50 ans.

Globalement, l’aire de répartition et les habitudes de déplacement semblent quelque peu différentes dans la région (on observe un déplacement « linéaire » considérable plutôt qu'un déplacement « par rotation » moins évident), et comportent divers degrés de chevauchement entre les zones de terres utilisées dans la collectivité. Il est donc difficile de distinguer les populations (sous-populations) dans la région, à l'exception du secteur sud de la rivière au Foin, et dans une certaine mesure, sur le plateau Horn. Le facteur de constance est que tous les groupes de population se déplacent durant toute l'année en fonction des préférences saisonnières en matière d'habitat décrites ci-dessous.

Habitat

La tendance générale saisonnière en matière d'habitat est la suivante : le caribou boréal se disperse dans les marais et les terres humides pendant la période de mise bas du printemps et, durant tout l’été, il ne s’éloigne pas des secteurs comprenant plus de fondrières. À l'automne et au début de l'hiver, il se déplace librement dans des habitats variés et commence à se joindre à des groupes plus grands. L'hiver, il se tient en grands groupes dans des secteurs où le couvert est plus dense (composé de pins et d'épinette) tout en ne s'éloignant pas des fondrières et des « prairies de saule » qui abritent le lichen et le carex. La région du Dehcho semble généralement fournir divers types d'habitats utilisés par le caribou boréal pendant l'année ainsi qu'un accès facile, dans la plupart des secteurs, au lichen et aux autres plantes de subsistance.

Figure 3 : Site d'alimentation du caribou boréal au nord-est des collines Cameron

Site d'alimentation du caribou boréal au nord-est des collines Cameron. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo : Troy Marsh

Description longue pour la figure 3

Photographie montrant une aire d'alimentation du caribou boréal au nord-est des collines Cameron. La végétation semble pointer hors de la neige.

D'un point de vue global, le caribou boréal se fie sur le lichen et le carex pour s'alimenter et il demeure près du type d'habitat où cette nourriture est accessible. Les secteurs avec des « fondrières blanches » sont reconnus comme de bons habitats, ainsi que les secteurs avec de la « mousse suspendue ». Les zones de tourbières ouvertes (la région du Dehcho, plus particulièrement entre Fort Simpson et la rivière Jean Marie, renferme quelques grandes tourbières) sont évitées. Le caribou boréal ne fréquente habituellement pas les mêmes secteurs que l'orignal, en raison des préférences d'habitat et afin d'éviter les prédateurs. Il semble y avoir une corrélation entre la présence du caribou boréal et les forêts de pins.

Il y a un grand nombre de « endaa » (marais et vasières) dans la région du Dehcho, mais les emplacements de ces sites ne sont pas divulgués, à moins qu'il existe une menace spécifique provenant de secteurs en développement. Les collectivités seraient possiblement prêtes à partager cette information dans le cadre d’une planification de gestion communautaire.

En général, à l'exception des collines Cameron et du sanctuaire de bisons Mackenzie, il y a eu peu de changements à l'habitat du caribou boréal depuis l'arrêt des explorations gazières et pétrolières au début des années 70. Le paysage de la région du Dehcho, après la repousse sur un grand nombre de lignes sismiques, demeure relativement intact.

Printemps (fin mars à mai) : Lorsque la croûte de neige ramollit, le caribou boréal quitte son habitat hivernal en groupes relativement importants et entreprend son voyage vers les aires de mise bas, qui se situent généralement dans les terres humides, les marais ou même les secteurs brûlés difficiles d'accès pour les prédateurs. Les plus grandes concentrations de caribous boréaux sont habituellement aperçues à la fin de l'hiver et au début du printemps, juste avant que les caribous ne se dispersent vers les aires de mise bas.

Été (juin au début août) : pendant l'été, le caribou boréal utilise principalement les fondrières et les secteurs qui donnent accès à ces dernières. Il se couche dans la mousse épaisse, sous laquelle le pergélisol le garde au frais. Il se déplace moins au milieu de l'été, mais commence à se déplacer à la fin de l'été et au début de l'automne.

Automne/début de l'hiver (fin août à novembre) : l'automne constitue une période de transition, en ce sens que le caribou boréal commence à se déplacer dans une plus grande quantité d'habitats diversifiés pendant la période de reproduction et à la suite de cette dernière. Il s'agit du temps de l'année où le caribou boréal est souvent aperçu sur les rives d'un plan d'eau ou en train de le traverser. Son principal habitat demeure les espaces ouverts et il passe beaucoup de temps dans les fondrières qui abritent du lichen et du carex.

Hiver (novembre à mars) : alors que l'hiver progresse, le caribou boréal a tendance à passer moins de temps dans les secteurs découverts et les fondrières. Il se déplace en altitude en plus grands groupes, dans des endroits couverts, mais où un accès aux espaces ouverts dans lesquels pousse le lichen est toujours possible. Lorsque la neige s'accumule et qu'une croûte se forme à sa surface (habituellement de janvier à la mi-mars), le caribou demeure plus souvent dans des secteurs forestiers plus denses (de pins ou d'épinettes noires) (nommés « dedłini » au lac Trout) où la neige est plus molle, le lichen suspendu est présent, et la végétation est variée. Ce mélange d’habitats particulier, qui peut soutenir de gros groupes dans de petits secteurs, semble critique pour la survie durant l’hiver.

Chasse

Figure 4 : Chasse au caribou boréal de Sambaa K'e.

Chasse au caribou boréal de Sambaa K'e. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: Troy Marsh

Description longue pour la figure 4

Photographie montrant une carcasse de caribou prise durant une sortie de chasse au caribou boréal à l'est de Samba K'e.

Dans la région du Dehcho, la chasse au caribou boréal par les membres des Premières nations Dehcho semble connaître une certaine diminution, même si elle est toujours pratiquée. Cette baisse est probablement causée par quelques facteurs. Premièrement, les chasseurs passent moins de temps aujourd’hui sur les terres que les chasseurs des générations précédentes, ce qui signifie que les rencontres fortuites avec le caribou boréal, ainsi que les occasions de le chasser, sont moins fréquentes. Deuxièmement, puisque le caribou boréal est discret et sensible aux perturbations sensorielles, l'utilisation de motoneiges plutôt que des traîneaux à chiens réduit le nombre de rencontres fortuites. De plus, étant Chasse au caribou boréal à l'est de Sambaa K'e; Troy Marsh donné que les chiens sont moins utilisés pour la Rapport d’évaluation des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal dans de petits secteurs, semble critique pour la survie durant l’hiver. chasse, la demande en viande pour les nourrir a également connu une baisse. Troisièmement, l'utilisation de la peau du caribou boréal pour fabriquer les courroies de raquette et les harnais à chiens a également diminué. On en conclut que cette peau connaît une moins grande demande en raison de ses caractéristiques particulières (elle s'étire moins que la peau d'orignal). Quatrièmement, la plupart des chasseurs préfèrent l'orignal au caribou (l'orignal procure plus de viande et son goût est meilleur). Le caribou boréal est donc plus souvent chassé par suite de rencontres fortuites lors d'autres activités, comme le trappage ou la chasse à l'orignal. Finalement, certains chasseurs savent que le caribou boréal est une espèce en péril, car ils ont entendu parler des baisses de population considérables dans le sud du Canada. Ils ont donc réduit leurs activités de chasse au caribou boréal.

Conformément aux anciennes pratiques, la chasse au caribou boréal a généralement lieu à l'automne et à l'hiver, lorsque les animaux se déplacent davantage ou se tiennent en groupes plus grands dans des secteurs précis (du milieu de l'hiver au début du printemps).

Les chasseurs de la région du Dehcho savent que la chasse au caribou boréal par des chasseurs non-Dénés semble être stable ou légèrement à la hausse, car ces chasseurs connaissent maintenant mieux les principaux habitats hivernaux du caribou boréal, et qu’il existe des restrictions imposées sur la chasse au caribou de la toundra (obligeant les chasseurs non-Dénés à chasser dans des secteurs ayant moins de restrictions). Toutefois, le nombre de prises de ces chasseurs est inconnu. (Cette question est traitée plus en détail dans la section « Chasse excessive » ci-dessous.)

L'estimation quant au nombre de prises des membres des Premières nations Dehcho est au mieux spéculative, puisque les résultats de la chasse ne sont pas nécessairement partagés et qu’ils sont souvent sous-représentés (pour des raisons personnelles et culturelles). Mais, selon les renseignements des chasseurs, on estime qu’entre 100 et 150 caribous boréaux sont tués chaque année. Cette évaluation ne comprend pas le caribou des montagnes, qui est souvent chassé à l'automne, dans les rivières s'écoulant des monts Mackenzie.

Relation et valeurs

Avant de se rendre sur le lac... Boniface présenta des offrandes à l'eau. Nous avons allumé un feu, fait du thé. Il alimenta le feu et le lac aussi... du tabac, des allumettes et du thé. Il présenta des offrandes à l'eau et pria pour que le temps demeure clément pendant notre séjour de chasse dans le secteur. C'était un merveilleux moment. Le lac était calme, très calme, comme un miroir. On pouvait voir au loin sur le lac des canards qui se déplaçaient en laissant des ondulations dans l'eau. Tout le temps que nous avons campé dans le secteur et que nous y avons chassé, il n'y a eu aucun vent ni aucune tempête. Mais la chasse fut excellente. Nous avons tué trois orignaux et deux gros caribous. (Ancien Dehcho)

C'est là qu'il est dit qu'un caribou parlant habitait. Les gens disent qu'il y a très longtemps un caribou qui parlait comme un homme vivait à cet endroit... Ils disent qu'il grimpait aux arbres et parlait beaucoup. Il s'assoyait dans les arbres pour regarder autour et personne ne s'en approchait. Les gens disent que le caribou se parlait à lui-même, « je vois de la fumée, il y a des gens qui habitent là », etc. Le caribou grimpait aux arbres... C'est pourquoi on l'appelait Mbedzļļ Gotsele. Il y a un endroit qui se nomme Mbedzįį, Gotsele et Mbdzįį, Gochoo. Mbedzįį Gochoo est à côté du gros lac. (Ancien Dehcho)

Bien que sur le plan de la chasse le caribou boréal soit actuellement considéré comme « une espèce faisant l’objet de prises accessoires » et qu'il ne soit pas activement chassé, contrairement à l'orignal ou au mouton de montagne, le mbedzih est très prisé et respecté par les chasseurs de la région du Dehcho.

La viande est bonne à être consommée et la peau est prisée pour les produits qu'elle permet de confectionner, comme les courroies de raquette, les harnais de chiens et les tambours, car elle ne s'étire pas autant que la peau d'orignal. Traditionnellement, la peau, puisqu'elle était mince et résistante, était étirée sur les ouvertures de fenêtres dans les cabanes pour laisser entrer la lumière tout en empêchant le froid de pénétrer. Dans l'une des collectivités, le contenu de l'estomac du caribou boréal, en raison de sa grande quantité de lichen, était utilisé pour faire de la soupe nutritive.

À un niveau plus approfondi, les Dénés de la région du Dehcho ont une relation spirituelle avec le mbedzih, qui comprend certaines obligations de ne pas lui faire de mal lorsque ce n’est pas nécessaire, et de ne pas lui manquer de respect. Pour cette raison, la plupart des aînés et un grand nombre de chasseurs étaient en désaccord avec les études nécessitant la pose de colliers. Ils croient que les colliers blessent les animaux, qu'ils nuisent à leurs relations avec les autres caribous boréaux et qu'ils ne sont pas respectueux envers l'intégrité de l'animal. Ce manque de respect incitera le Créateur à « faire disparaître l’animal ».

Le respect est démontré dans le cadre d’une cérémonie par la présentation d’offrandes de tabac ou d’autres produits avant de chasser dans un secteur donné ou, dans le passé, par des rassemblements saisonniers tenus pour remercier le Créateur pour les animaux prélevés au cours de la dernière année. Les tabous liés à l'utilisation de poils et de bois de mbedzih sont toujours respectés dans certaines collectivités aujourd'hui. Dans au moins un secteur de la région du Dehcho, les noms des lieux associés au mbedzih sont toujours utilisés, y compris ceux liés à l'histoire culturelle du caribou parlant.

Les chasseurs croient que ce sont nos comportements envers les caribous boréaux (et d'autres animaux) qui ont une incidence sur leur bien-être et que nous devons en être conscients pour assurer leur survie. Les décisions touchant le caribou boréal doivent être prises d’un point de vue relationnel avec l’animal et en tenant compte des terres, et non en fonction des documents techniques et des rapports d'étude.

Facteurs ayant une incidence sur la durabilité

Survie des petits

Comme cela est indiqué ci-dessus, les renseignements détaillés sur la mise bas ne sont pas bien connus puisque le caribou boréal a tendance à vêler dans des endroits isolés et difficilement accessibles, mais, selon les connaissances des chasseurs, les facteurs qui influent sur la survie des petits comprennent :

  • La réduction des perturbations pour le caribou boréal, du milieu à la fin de l'hiver, lorsque la conservation d'énergie est importante et que les déplacements sont difficiles en raison de la neige;
  • La protection des habitats de mise bas connus et de ceux probables, ainsi que la réduction des perturbations dans les terres humides, les marais et les secteurs brûlés de la fin avril au début de 13 Rapport d’évaluation des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal juin;
  • Le contrôle des populations de prédateurs connus qui s'attaquent aux petits (loups et ours).
Changements à l'habitat

Bien que dans la plupart des cas l'habitat du caribou boréal de la région du Dehcho soit relativement vierge, les plus grands changements à l'habitat qui s’y sont produits ont été causés par l’exploitation gazière et pétrolière, par l'introduction du bison et par les incendies de forêt. Des perturbations sensorielles sont aussi responsables des changements quant à l'utilisation des habitats productifs. Tous les nouveaux changements de l'habitat découlant des changements climatiques commencent à transparaître. Ces questions sont traitées dans les sections ci-dessous.

Incendies de forêt

Les incendies de forêt endommagent les habitats du caribou boréal, surtout les incendies profonds qui détruisent le lichen. Lorsqu'un incendie endommage un habitat, le caribou boréal n’y retourne habituellement pas pour se nourrir et cela peut prendre des dizaines d'années avant que les terres récupèrent. Toutefois, il existe également des preuves qui indiquent que le caribou boréal utilise les secteurs brûlés en tant que corridors de déplacement et qu’il y cherche de la nourriture. Le caribou boréal ne fréquente pas les endroits brûlés pendant l'hiver, même comme corridor de déplacement.

Figure 5 : Incendies de forêt dans un habitat de caribou boréal à l'est de Sambaa k'e.

Incendies de forêt dans un habitat de caribou boréal à l'est de Sambaa k'e. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: Peter Redvers

Description longue pour la figure 5

Photographie montrant un feu de forêt dans l'habitat du caribou boréal à l'est de Sambaa K'e.

Dans la région du Dehcho, quelques habitats du caribou boréal ont été touchés par des incendies de forêt, y compris le secteur au sud du lac Bulmer, le secteur entre le lac Mills et le plateau Horn (Edehzhie), et le secteur immédiatement au sud-est du lac Beaver. Les incendies endommagent habituellement une portion de l'habitat, mais n'endommagent pas beaucoup les fondrières ouvertes, qui continuent à abriter du lichen.

D'autres secteurs de la région du Dehcho ont été relativement épargnés par les incendies de forêt et demeurent en bon état. Cela comprend le riche habitat à l'est des monts Franklin dans la région de Wrigley, la majorité de la région de la rivière Jean Marie, surtout les forêts anciennes immédiatement au sud de la collectivité et au nord-est, entre le fleuve Mackenzie et le plateau Horn (Edehzhie); le secteur autour des lacs Kakisa et Tathlina; et le secteur autour de la réserve Déné de la rivière au Foin et les rives au nord et à l'ouest du lac Buffalo.

Comme cela est décrit dans la section ci-dessous portant sur la gestion, les habitats très riches qui abritent du lichen doivent être documentés et inscrits dans le protocole de « valeurs à risque » du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest afin d'être pris en compte dans les décisions en cas d'incendie.

Incendies de forêt dans un habitat de caribou boréal à l'est de Sambaa K'e; Peter Redvers

Industrie et développement

Figure 6 : Anciens tracés au sud-ouest de Sambaa'Ke

Anciens tracés au sud-ouest de Sambaa'Ke. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: Dennis Deneron

Description longue pour la figure 6

Photographie montrant d'anciennes lignes de coupe au sud-ouest de Samba K'e.

Selon leur expérience collective des activités d'exploration pétrolière et gazière qui se sont déroulées de la fin des années 50 au début des années 70 dans la région du Dehcho, les chasseurs sont particulièrement inquiets des répercussions immédiates et cumulatives du développement dans la région. Les lignes sismiques, les perturbations sensorielles produites par les activités pétrolières et gazières, les déversements d'huile et de contaminants, et l'utilisation de câbles sismiques ont tous entraîné des répercussions immédiates pour le caribou boréal. Les animaux ont fui les endroits où les activités de développement se déroulaient et ils ne sont pas revenus dans ces secteurs pendant de nombreuses années; certains animaux se sont coincés dans les câbles sismiques et en sont morts. Les aînés ont aussi fait part de leurs préoccupations quant à la contamination des animaux par les contacts avec l'huile et d'autres contaminants enfouis ou laissés sur les terres.

Par contre, lorsque ce développement a pris fin et que la végétation a recouvert les lignes sismiques, le caribou boréal semble s'être réadapté et les lignes sismiques ne semblaient plus lui nuire. Toutefois, il faut noter que le niveau d'activité sismique demeure en grande partie au stade préliminaire (par exemple, les lignes sismiques étaient habituellement espacées) et que des données sismiques 3D ont seulement été prélevées dans quelques secteurs de la région du Dehcho. Certains aînés ont mentionné que depuis cet important développement, le caribou boréal est devenu beaucoup plus timide et ne demeure plus aussi longtemps dans les espaces ouverts, comme il le faisait avant les perturbations.

La construction du pipeline de Norman Wells a poussé le caribou boréal à abandonner le secteur pendant un certain nombre d'années, puis il a fini par y revenir. De plus, à Wrigley, les aînés ont remarqué que le caribou boréal chassé plus près du corridor goûtait le « stress » (voir la section « Maladies et parasites » ci-dessous).

Le développement actuel et les nouveaux projets demeurent des préoccupations. Les chasseurs de Kakisa et ceux de la réserve dénée de la rivière au Foin ont remarqué que le nombre de caribous boréaux a diminué sur les collines Cameron en raison de la prospection et de la production pétrolière et gazière. La collectivité de Nahanni Butte est préoccupée par les répercussions que peut avoir une route de transport hivernale à la mine de Prairie Creek sur le caribou boréal hivernant à l'est des prairies Nahanni. Elle a proposé de déplacer la route pour atténuer les répercussions. Les collectivités de Sambaa K'e et de la rivière Jean Marie ont exprimé leurs préoccupations croissantes relativement aux effets du pipeline proposé pour le Projet gazier Mackenzie sur le caribou boréal hivernant le long du corridor. Les collectivités de Sambaa K'e et Nahanni Butte ont toujours des préoccupations sur la croissance de la prospection et de la production pétrolière et gazière dans le secteur du lac Arrowhead. Les Premières nations Dehcho sont préoccupées par l'ouverture du plateau Horn (Edehzhie) où s’effectue l'exploration minière ou pétrolière et gazière, et elles ont entamé une action en justice pour réinstaurer le système de protection des terres par intérim afin de protéger l'écosystème, plus particulièrement le bassin hydrologique et l'habitat du caribou boréal. Les chasseurs de la rivière Jean Marie ont remarqué que l'exploitation forestière des forêts anciennes, qui est effectuée de manière sélective dans la région de la rivière Jean Marie depuis un certain nombre d'années, doit être révisée.

Figure 7 : Bandes dérichées sur les collines Cameron

Bandes dérichées sur les collines Cameron. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: PeterRedvers

Description longue pour la figure 7

Photographie montrant des lignes de coupe sur les collines Cameron.

En ce moment, à l'exception des collines Cameron, il y a peu d'activités d’exploitation des ressources dans la région du Dehcho, bien que quelques projets d'envergure soient en attente. Les Premières nations Dehcho ont stratégiquement choisi ce ralentissement des activités (surtout en raison des négociations du processus du Dehcho) pour établir et mettre en œuvre un plan d'utilisation des terres et une autorité de gestion des ressources afin de réglementer adéquatement les nouveaux développements, mais les négociations avec le Canada et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) avancent très lentement. Comme il est noté dans la section portant sur la gestion ci-dessous, le plan d'utilisation des terres et l'autorité de gestion des ressources sont perçus comme étant les outils les plus efficaces pour assurer la viabilité des populations existantes du caribou boréal.

En attendant, l’établissement du groupe de travail Dehcho sur le caribou boréal qui vise à mettre sur pied diverses activités de gestion fait partie des deux licences de réglementation existantes : la licence du projet d'expansion des collines Cameron (2004) et le certificat de l'Office national de l'énergie pour le projet gazier Mackenzie (2010). Toutefois, ce groupe est toujours en cours de formation.

Prédation

Figure 8 : Loup suivant des pistes de caribou boréal au nord-est des collines Cameron

Loup suivant des pistes de caribou boréal au nord-est des collines Cameron. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: Peter Redvers

Description longue pour la figure 8

Photographie montrant des pistes de loup et des pistes de caribou au nord-est des collines Cameron.

Les populations de loups dans la région du Dehcho semblent augmenter, probablement parce que moins de ces animaux sont trappés ou chassés aujourd'hui que par le passé, pour des raisons culturelles et socioéconomiques. Toutefois, à l'exception du secteur de Fort Providence, la taille des meutes de loups est jugée normale pour le secteur (habituellement de 4 à 7 loups par meute) et il n'y a aucune preuve de l'augmentation des attaques contre le caribou boréal par les loups. Les grandes meutes aperçues dans la région de Fort Providence (dans un cas, 70 animaux), semblent être dues à l'augmentation des populations de bisons, et l'importance des répercussions de ces grandes meutes sur le caribou boréal est inconnue, bien que Fort Providence semble avoir subi Loup suivant des pistes de caribou la plus grande diminution de caribou boréal dans la boréal au nord-est des collines Cameron; Peter Redvers région du Dehcho et que la prédation des loups pourrait en être un facteur (la perturbation de l'habitat du caribou par le bison et les incendies de forêt a également été soulevée comme l'une des raisons de ce déclin). Les chasseurs sont préoccupés par le fait que les lignes sismiques et d’autres perturbations linéaires ouvrent des corridors pour les loups et peuvent mener à une croissance de la prédation du caribou boréal et d’autres animaux.

La population d'ours a également augmenté dans la région du Dehcho. L'été dernier, il n'était pas inhabituel de voir un ours femelle avec ses trois petits, ce qui serait normalement perçu comme étant très rare. Il est connu que l'ours tue les petits du caribou boréal au printemps. L'augmentation des ours est principalement due au fait que la chasse à l’ours pour leur fourrure et leur viande a considérablement diminué puisque les chasseurs n'aiment pas consommer de la viande d’ours venant d’un animal pouvant s’être nourri dans un site d'enfouissement ou d’autres sites contaminés.

Depuis les dix dernières années, on aperçoit de plus en plus de couguars (directement ou leurs pistes) sur l'ensemble de la région du Dehcho. On soupçonne qu'ils chassent le caribou, bien qu'il n'existe pas de preuve directe à ce jour. Cette augmentation de la population des couguars semble être associée à une augmentation parallèle du cerf de Virginie dans la région et à un accroissement des activités d'exploration gazière et pétrolière dans le nord de l'Alberta et de la Colombie-Britannique (poussant possiblement le couguar vers le Nord).

Figure 9 : Loup au bord de la route Simpson.

Loup au bord de la route Simpson.Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: Peter Redvers

Description longue pour la figure 9

Photographie montrant un loup prise le long de la route de Fort Simpson.

L’augmentation de la prédation du caribou boréal par les loups, les ours et les couguars peut être atténuée par le fait qu'il existe d'autres espèces proies. Les populations d'orignaux demeurent élevées dans la région du Dehcho. Il y a également eu une importante augmentation des populations de bisons dans les secteurs de Fort Providence et Nahanni Butte. Les populations de cerfs de Virginie semblent augmenter graduellement. De plus, au cours des dernières années, des traces de wapiti sont apparues dans les monts Mackenzie, à l'ouest de Wrigley et autour du lac Trout. Les populations de castors ont également augmenté en raison de la réduction des activités de trappage, et il est connu que les loups et les ours chassent le castor. Comme il est inscrit dans la section ci-dessous portant sur la gestion, une surveillance continue des espèces proies et des prédateurs doit être effectuée, et cette surveillance doit être axée sur les taux de prédation du caribou boréal. Des mesures visant à augmenter les activités de chasse à des niveaux historiques et traditionnels doivent également être évaluées.

Parasites et maladies

Dans l’ensemble, le caribou boréal de la région du Dehcho semble en bonne santé. Aucun incident n'a été signalé relativement à la présence de parasites internes inhabituels ou de maladies, et les individus chassés à l'automne et à l'hiver étaient habituellement gras. Les deux seules questions relativement à la santé étaient liées à la manipulation des caribous boréaux pendant la pose de colliers aux fins de la recherche, et la présence de deux animaux stressés et anormalement maigres dans le secteur du lac Trout.

La pose de colliers demeure une question controversée. Malgré les préoccupations des aînés, la plupart des collectivités étaient d'accord pour avoir recours à la pose de colliers en vue d’obtenir des données de référence. Maintenant que des données suffisantes ont été recueillies, et en raison des préoccupations continues relativement aux effets négatifs de la pose des colliers, tous souhaitent que cette pratique prenne fin. Il existe deux principales préoccupations : 1) que la capture, la manipulation des caribous et la pose de colliers puissent les blesser physiquement et les affaiblir, et 2) que la capture, la manipulation des caribous et la pose de colliers démontrent un manque de respect envers l'animal et va à l'encontre des croyances culturelles. Les chasseurs ont aperçu des caribous avec des plaies ouvertes au cou, et au moins un animal semble être mort de faim ou par maladie, car sa dépouille n'avait pas été touchée. Les aînés sont de plus en plus mal à l’aise avec la méthode consistant à poursuivre, attraper au moyen d’un filet et manipuler les caribous pour leur poser un collier. Le poids et à la taille des colliers sont également une source de préoccupations. De plus, ils s’inquiètent des répercussions sur la viabilité à long terme de la population qu’entraîne ce manque de respect envers l’animal. D'autres moyens de recherche comportant des méthodes moins dérangeantes doivent être établis.

Les chasseurs savent que la viande d'un caribou boréal (et autre gros gibier) qui est très stressé en raison de perturbations sensorielles ou autres n'a pas le même goût. Dans la région du lac Trout, deux animaux qui montraient des signes de stress et qui étaient anormalement maigres ont été tués au cours de la dernière année. Outre le mauvais goût et le faible taux de gras, les animaux ne démontraient aucun signe de maladie. Il n'y a pas d'explication locale pour ce phénomène, qui doit faire l’objet d’un suivi.

Perturbations sensorielles

Comme il est mentionné dans la section sur l'industrie et le développement ci-dessus, le caribou boréal a montré une sensibilité importante aux perturbations sensorielles causées dans le passé par l'exploration gazière et pétrolière (et actuellement dans les collines Cameron). Les répercussions potentielles de projets éventuels et de ceux en attente demeurent une préoccupation majeure.

Les chasseurs ont également remarqué que le caribou boréal est sensible à d'autres perturbations localisées, dont une utilisation plus importante de la motoneige et de bateaux motorisés, l'augmentation de la circulation de camions lourds et les vols d'avions à basse altitude. Il serait donc primordial de trouver des moyens pour réduire les perturbations sensorielles des populations de caribous boréaux, surtout pendant des périodes critiques, comme pendant la mise bas et l’hiver.

Chasse excessive

La chasse excessive constitue en ce moment une source de préoccupation modérée. La plupart des préoccupations exprimées touchent les secteurs suivants : au sud-ouest du lac Buffalo, à l'ouest de la rivière au Foin, le long des rivières près de Fort Providence, et autour du lac Fish et de la rivière Willowlake près de Wrigley. La chasse excessive des chasseurs de la région du Dehcho n'est pas un problème, car la chasse traditionnelle a clairement diminué depuis quelques dizaines d'années pour diverses raisons (voir la section « Chasse » ci-dessus), mais il y a une légère augmentation des chasseurs venant de l’extérieur de la région et des chasseurs non-Dénés dans les habitats relativement accessibles pendant les mois d'automne et d'hiver. On ne sait pas combien d'animaux sont prélevés par ces chasseurs; cette situation doit donc être surveillée de près.

La fermeture de la chasse au caribou de la toundra au nord de Yellowknife et les restrictions imposées à son égard et l'accès plus facile aux rivières à l'automne (par bateaux motorisés) augmentent les inquiétudes relatives à la chasse excessive. De plus, comme les habitats préférés du caribou boréal sont de plus en plus connus, plus particulièrement les habitats d'hiver, ces secteurs deviennent de plus en plus ciblés.

Les chasseurs de la rivière Jean Marie sont préoccupés par le prélèvement des « mbedzihcho », les plus gros caribous mâles, puisque ceux-ci sont considérés comme étant les meilleurs reproducteurs. Ils aimeraient qu'il existe des restrictions volontaires et des restrictions imposées au sujet de la chasse des gros mâles. (Des collectivités ont soulevé des questions sur la chasse des caribous de montagnes mâles, particulièrement par les pourvoyeurs, et ils croient que cette pratique affaiblit la santé de la population.)

Les chasseurs appuient les activités de surveillance et ils sont possiblement en faveur du changement de saison de chasse pour les chasseurs non-Dénés afin de mieux protéger les populations de caribous boréaux durant l’hiver.

Collisions avec véhicules

Bien qu'il existe un certain nombre de routes en fonction durant toute l’année et aussi des routes hivernales qui parsèment la région du Dehcho et qu'un certain nombre de caribous aient été observés le long de ces routes, il n'y a eu aucun incident de collision entre un caribou boréal et un véhicule. Les perturbations sensorielles causées par les camions lourds, particulièrement sur les routes hivernales, sont plus préoccupantes.

Changements climatiques

Il est évident que l’ensemble de la région du Dehcho se réchauffe et devient de plus en plus humide. Les pluies en août et en septembre et même en octobre sont plus fréquentes. Ce changement a pour effet de créer des croûtes de glace au sol, ce qui peut compliquer la recherche de lichen pour le caribou boréal. Les fontes soudaines pendant les mois d'hiver entraînent également la formation de croûtes sur la neige, qui entravent les déplacements et la fuite du caribou boréal en présence de prédateurs. Dans certains cas, le gel qui protège le lichen par gonflement est moins important ou fond complètement, ce qui rend l’habitat, particulièrement riche en lichen, moins disponible. Les étés et les automnes plus humides entraînent l'augmentation des niveaux d'eau des petites rivières et ruisseaux, et permettent aux bateaux motorisés (particulièrement les bateaux à propulsion hydraulique) d’accéder aux habitats du caribou boréal, qui étaient anciennement difficiles d’accès à ces périodes de l'année.

Les changements climatiques ne semblent pas encore avoir eu de répercussions sur le lichen au sol ou sur celui suspendu, mais une certaine surveillance de la transformation future du lichen en raison des changements climatiques, devrait être entreprise.

Recommandations pour la protection du caribou boréal dans la région du Dehcho

Pendant le déroulement de la présente évaluation, parallèlement aux entrevues menées auprès des chasseurs concernant les connaissances traditionnelles sur le caribou boréal, les Premières nations Dehcho ont demandé aux chasseurs de fournir des recommandations en matière de gestion qui permettraient de guider la planification des activités de protection, de rétablissement et de mise en œuvre. Les recommandations des collectivités mises de l'avant par les chasseurs sont inscrites dans les annexes de chaque collectivité.

Les recommandations régionales suivantes découlent des recommandations formulées par les collectivités et elles doivent être prises en considération par le Service canadien de la faune dans la mise en œuvre de son programme national de rétablissement et plan d'action. Les premières nations Dehcho s'attendent également à participer activement à la mise en œuvre de ces plans dans la région du Dehcho, initialement par l'entremise du SCF et du GTNO, mais ultimement par l'entremise de l'autorité de gestion des ressources du Dehcho. Sur une base intérimaire, les présentes recommandations, celles formulées par les collectivités ainsi que les autres renseignements fournis dans cette évaluation peuvent également guider les discussions du groupe de travail Dehcho sur le caribou boréal.

  1. Terminer et approuver le plan d'utilisation de la région du Dehcho, et établir officiellement une autorité de gestion des ressources du Dehcho pour mettre en oeuvre le plan et les autres activités de gestion des ressources et de la faune en lien avec le caribou boréal.
  2. Achever l'établissement des zones actuellement proposées comme zones protégées dans la région du Dehcho, et veiller à une protection complète de la surface et de la sous-surface contre le développement industriel de manière à préserver de grands secteurs vierges de l'habitat du caribou boréal.
  3. Restreindre et surveiller le développement industriel pendant les saisons de mise bas et d'hivernage.
  4. Cesser les recherches exigeant la pose de colliers et mettre sur pied des méthodes de rechange pour étudier et surveiller les populations de caribous, dont le recours à la surveillance par les collectivités, l’utilisation de relevés aériens et de dispositifs techniques moins intrusifs pour effectuer les suivis.
  5. Restreindre l'expansion des populations de bisons importés dans l’habitat du caribou boréal en permettant la chasse aux bisons dans ces secteurs.
  6. Effectuer des analyses plus poussées des caractéristiques de l’habitat essentiel en se concentrant sur les habitats de mise bas et d'hivernage, ainsi que sur la disponibilité, la qualité, la densité et la vulnérabilité du lichen (en tenant compte du développement industriel, de la pollution atmosphérique et des changements climatiques).
  7. Vérifier les habitats particuliers, comme les marais et les vasières, les secteurs riches en lichen, les forêts anciennes, les aires de mise bas, etc., et indiquer ces secteurs sur la carte « valeurs à risque » du GTNO afin de guider les décisions en matière de gestion des incendies de forêt.
  8. Restreindre la chasse au caribou boréal par les non-Dénés pendant la période hivernale et dans les localités où la chasse excessive semble nuire aux populations (par exemple, raccourcir la saison courante, revoir les zones de chasse et protéger les mâles adultes).
  9. Établir et mettre en oeuvre des mesures pour favoriser la chasse traditionnelle du loup et de l'ours pour limiter la croissance de leur population tout en faisant le suivi des populations de prédateurs.
  10. S'assurer que les chasseurs de la région du Dehcho respectent les périodes de chasse dans l’habitat essentiel et qu'ils maintiennent volontairement le nombre de prises actuel plutôt que de l’augmenter ou de le réduire.

Figure 10 : Rencontre avec les aînés et les chasseurs de Fort Providence sur le caribou boréal,

Rencontre avec les aînés et les chasseurs de Fort Providence sur le caribou boréal. Voir la description longue ci-dessouss.
Photo: Peter Redvers

Description longue pour la figure 10

Photographie montrant des aînés et des chasseurs de Fort Providence tenant une réunion au sujet du caribou boréal.

Annexes et cartes

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Carte A : Chasse dans les régions du Dehcho

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 1 : Nahanni Butte

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 2 : Lac Trout

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 3 : Wrigley

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 4 : Fort Simpson

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 5 : Rivière Jean Marie

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 6 : Fort Providence

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 7 : Kakisa

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 8 : Réserve Déné de la rivière au Foin

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 9 : West Point

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Annexe 10 : Guide d’entrevue destiné à des groupes

Les annexes et les cartes de chaque collectivité sont confidentielles et n'ont pas été incluses dans le rapport.

Section 2 - Connaissance traditionnelles gwich'in : Caribou des bois, population boréale

Information sur le document

Connaissances traditionnelles Gwich'in : Caribou des bois, population boréale
Kristi Benson
Institut social et culturel Gwich'in
14 janvier 2011

Connaissances traditionnelles Gwich'in : Caribou des bois, population boréale

Report cover with images of a caribou roaming the woods and elders discussing at a table

Caribou boréal. Photo : John Nagy, ENR
Billie Lennie rencontre Mary Teya à Fort McPherson.
Photo : ORRTG

Table des matières

Remerciements

L'Institut social et culturel gwich'in (ISCG) et l’Office des ressources renouvelables sur le territoire des Gwich'in (ORRTG) ont reçu une aide précieuse des aînés et des chasseurs interrogés aux fins de cette étude. L'intervieweuse Billie Lennie d'Inuvik a joué un rôle essentiel au succès de ce projet. Les transcripteurs Billie Lennie, Janet Winbourne et Michelle Voisin ont travaillé selon un échéancier serré pour terminer les transcriptions. Ingrid Kritsch et Alestine Andre de l’ISCG ont révisé le document et fourni de précieux conseils. Amy Thompson, Janet Boxwell et Kristin Callaghan de l’ORRTG ont donné de leur temps et partagé leurs expertises pour assurer le bon fonctionnement du projet. Mike Klazek d'Environnement Canada a numérisé les cartes, et Donna Mulders d'Environnement Canada a dirigé le travail en tenant compte de la planification du rétablissement. Le financement a été fourni par Environnement Canada, avec un soutien en nature provenant de l’ORRTG et de l’ISCG.

Sommaire

L’ISCG et l’ORRTG ont réalisé cette étude pour recueillir et partager les connaissances traditionnelles gwich’in sur le caribou boréal. La population boréale du caribou des bois est stable près des terres gwich’in et des régions avoisinantes où chassent les Gwich'in habitant à Inuvik, Aklavik, Fort McPherson et Tsiigehtchic. Toutefois, la population canadienne est classée comme étant menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada a soutenu le projet afin d'intégrer les connaissances traditionnelles gwich’in dans le processus de planification du rétablissement du caribou des bois. Dans le cadre de l'étude, une recherche dans les archives numériques de l’ISCG pour obtenir des données primaires et secondaires pertinentes a été menée, ainsi que 20 entrevues avec des aînés et des chasseurs gwich'in. Les résultats de l'étude font l’objet du présent rapport.

1.Introduction

1.1 Description du projet

La population boréale du caribou des bois est répandue dans une grande portion des terres gwich’in (voir la figure 1 ci-dessous). Le caribou boréal est plus gros que le caribou de la toundra et le caribou de la Porcupine, espèces plus souvent chassées par le peuple gwich'in. Bien que le caribou boréal ne soit pas chassé aussi souvent que les autres types de caribou, il constitue tout de même une importante source de nourriture et il est reconnu comme une espèce culturellement importante aux yeux des Gwich'in.

Le caribou des bois est inscrit sur la liste des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril, et Environnement Canada est en train de préparer un programme national de rétablissement ainsi qu’un plan d'action. Les connaissances traditionnelles gwich’in seront intégrées au processus de planification du rétablissement, le cas échéant. L'objectif de cette étude était de recueillir les connaissances traditionnelles gwich’in dans le but de les utiliser dans le processus de planification du rétablissement. L’ISCG et l’ORRTG ont utilisé les connaissances traditionnelles gwich’in préalablement recueillies et aussi organisé des entrevues avec les détenteurs de connaissances traditionnelles gwich’in en vue d’obtenir des données relatives aux observations générales, à l’importance particulière, à la description physique, à la distribution, à l'habitat, à la taille et la tendance de la population, aux facteurs limitatifs, aux menaces et à la santé du caribou des bois.

1.2 Travaux précédents relatifs aux connaissances traditionnelles sur le caribou boréal dans la région

Un tableau présentant les travaux effectués sur les connaissances traditionnelles dans la région Gwich'in se trouve à l'annexe 3. Lorsque les renseignements d'entrevue d'autres études sont utilisés dans ce rapport, la citation complète se trouve à cette annexe.

2. Méthodologie

L’ORRTG et l’ISCG ont travaillé ensemble pour mener à bien ce projet avec le soutien d'Environnement Canada, de manière à assurer le respect des exigences du Ministère relativement à la planification du rétablissement. Un total de 20 entrevues semi-structurées ont été tenues par l’ISCG et l’ORRTG dans les quatre collectivités Gwich'in des Territoires du Nord-Ouest (Aklavik, Fort McPherson, Inuvik et Tsiigehtchic). Dix-huit entrevues ont été enregistrées avec un enregistreur audio numérique, et deux personnes interrogées ont refusé l'enregistrement. Un enregistreur (nom de l'enregistreur) a été utilisé pour enregistrer les entrevues en format MP3, qui ont été par la suite transcrites conformément aux normes de l’ISCG. L'information a été dessinée avec des marqueurs Sharpie sur un ensemble de cartes fournies par Environnement Canada. L'information cartographiée a ensuite été numérisée par Environnement Canada dans une base de données cartographique. Toutes les données sont conservées par l’ISCG et l’ORRTG, et la documentation de recherche originale est conservée dans l'entrepôt de l’ISCG aux archives des Territoires du Nord-Ouest. Environnement Canada possède également une copie des données numériques, à l'exception des données d'une personne interrogée qui souhaitait que son identité demeure confidentielle. Les cartes ont été numérisées et enregistrées en format numérique. Les personnes interrogées ont pu choisir de recevoir une copie audio de leur entrevue ou la transcription écrite. Une déclaration de consentement éclairé (annexe 1), qui régit l'utilisation de l'information, a été lue aux personnes interrogées. Un questionnaire a été utilisé par les intervieweurs pour guider les entrevues (annexe 2).

Figure 1 : Carte des terres Gwich'in indiquant la répartition du caribou des bois boréal.

Carte des terres Gwich'in indiquant la répartition du caribou des bois boréal. Voir la description longue ci-dessouss.
Projection conique conforme de Lambert - Canada

Description longue pour la figure 1

Carte de la région de règlement de Gwich'in montrant la répartition du caribou boréal.

3. Connaissances traditionnelles gwich’in : population boréale du caribou des bois

Les chasseurs et aînés gwich'in possèdent une vaste expérience du territoire et une habilité remarquable à se souvenir de l'information relative à la faune et à d'autres phénomènes biophysiques et culturels. Pendant les entrevues, ils ont fourni de l'information de leur plein gré et démontré un ardent désir à conserver leur mode de vie et à partager l'information avec les générations futures. En général, ils ont indiqué si l'information provenait de leur propre expérience, et s'il s'agissait d'une occurrence unique ou d'une tendance répartie sur de longues années. Ils ont également mentionné si leur information provenait d'une autre source. Souvent, le nom de la « source » et de sa collectivité sont fournis pour mettre en contexte toute information de seconde main. Ils révisent constamment leur information, y compris les renseignements sur la santé et les tendances de la population, et la partagent judicieusement avec d'autres chasseurs. Un grand nombre de personnes interrogées ont travaillé avec des biologistes étudiant le caribou. Leur compréhension de la faune démontre qu’ils intègrent bien les renseignements appris, et qu’ils les partagent avec d'autres chasseurs.

Les lieux mentionnés dans le texte de ce rapport sont montrés à la figure 2 ci-dessous.

3.1 Importance particulière du caribou des bois

Comme tous les animaux prélevés par les Gwich'in, le caribou des bois est important, car il constitue une source de nourriture (Mary Teya, 14 octobre 2010). Les participants ont indiqué que si un caribou des bois était aperçu pendant la chasse ou sur les terres, il était abattu pour sa viande. Les différences de comportement (p. ex. l'absence de migration en grandes hardes) et la population (population relativement petite sur une grande superficie) sont mentionnées comme raisons pour lesquelles le caribou des bois n'est habituellement pas la principale espèce d'intérêt pour la chasse.

Les personnes interrogées ont mentionné que le caribou des bois était utile comme nourriture en cas d'urgence : « selon mon père, décédé il y a 15 ans, il s'agit de nourriture pour les situations d'urgence » (Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010). Par exemple, pendant plusieurs années dans les années 70, Richard Ross se rendait à Inuvik pour chasser le caribou des bois lorsqu'il n'y avait pas de caribou de la Porcupine près d'Aklavik, « c'est tout ce qu'il y avait, alors nous y allions pour chasser » (28 octobre 2010). Robert Alexie père a indiqué que le caribou des bois est important pour sa collectivité comme source d'appoint lorsque le caribou de la Porcupine ne suffit pas : « c'est bon... c'est très important, car s'il n'y a pas de caribou et que les gens ne consomment pas suffisamment de viande, ils vont le chasser » (13 octobre 2010). Emma Kay a mentionné qu'ils prélevaient du caribou des bois « si nous ne voyons pas notre propre caribou. Le caribou des bois peut nous dépanner, car il est aussi bon à manger. Mon fils en a tué un il y a quelques années et je n'ai pas remarqué de différence. Tout ce que j'ai dit c'est ... « Voilà un gros caribou! ». Il a seulement ri. Il ne m'a jamais dit que c'était un caribou des bois. Ils étaient ici au lac Deepwater » (13 octobre 2010). Un participant d'Inuvik a indiqué qu'il ressentait également un aspect spirituel à la chasse au caribou. Il croit que sa survie est étroitement liée à celle de l'animal et que le fait de prendre soin du caribou fait partie du calcul.

Figure 2 : Noms des lieux mentionnés dans le rapport.

Carte de la région de règlement de Gwich'in illustrant la répartition du caribou boréal. Voir la description longue ci-dessous.
Projection conique conforme de Lambert - Canada

Description longue pour la figure 2

Carte de la région de règlement de Gwich'in illustrant la répartition du caribou boréal. Le nom des régions mentionnées dans le rapport est indiqué sur la carte.

Certaines personnes interrogées ont également suggéré que l’importance du caribou boréal était croissante en raison du déclin des populations du caribou de la toundra et de la Porcupine. « Ils deviennent de plus en plus importants au fil du temps, car les autres populations, celles du caribou de la toundra et de la Porcupine, diminuent. Donc, les gens commencent à les chasser... tout change maintenant » (Tom Wright, 12 octobre 2010).

Photographie montrant un aîné consultant une carte.

Photograph of an elder looking over a map.
Tom Wright Photo GSCI

James Firth convient que le caribou des bois peut prendre de l'importance si les chasseurs voient moins les autres types de caribou. Pour cette raison, le caribou des bois doit être protégé et conservé (3 novembre 2010).

Toutefois, quelques personnes interrogées ont commenté la faible importance ou l'importance décroissante du caribou des bois comme source de nourriture. Un membre de la collectivité Tsiigehtchic croyait que la petite taille de la population signifiait que le caribou des bois n'était pas important pour sa collectivité par rapport à d'autres caribous (Douglas Kendo, 18 octobre 2010). Une autre personne croit que l'importance du caribou des bois a diminué au cours des dernières années en raison de leur faible disponibilité pour les chasseurs (Conrad Baetz, 12 novembre 2010).

Le tableau suivant résume les différences entre le caribou des bois, le caribou de la Porcupine et le caribou Bluenose pour le peuple gwich'in.

Tableau 1 : Comparaison entre le caribou des bois, le caribou de la Porcupine et le caribou Bluenose
Type de l'espèce Nom de l'espèce Collectivité gwich'in Emplacement général Remarques
Caribou des bois, population boréale Rangifer tarandus caribou Inuvik et Tsiigehtchic, principalement. Également consommé à l'occasion à Fort McPherson au cours des dernières années, rarement à Akiavik. Voir la carte ci-dessus. À l'ouest du delta du Mackenzie et dans la réserve Peel. Petits groupes dispersés dans un grand territoire.
Caribou de la Porcupine (sous-espèce de caribou de Grant) Rangifer tarandus granti Très important pour Fort McPherson et Akiavik, également consommé par les résidants de Tsiigehtchic et Inuvik en se déplaçant le long de la route Dempster. Migre de la côte de l'Arctique aux montagnes du Yukon et passe par Fort McPherson en traversant la route Dempster vers l'ouest. Le caribou le plus important pour les Gwich'in. Plus facile à chasser que le caribou des bois en raison de son déplacement régulier en grands troupeaux.
Caribou Bluenose (harde de caribous de la toundra) Rangifer tarandus groenlandicus Consommé à l'occasion par les résidants de Tsiigehtchic, rarement par les autres. Migre des zones côtières de la région désignée des Inuvialuit pendant l'été et la période de mise bas, jusqu'à la région désignée du Sahtu. Consommé par le peuple gwich’in mais pas aussi souvent que le caribou de la Porcupine, en raison de restrictions d'accès.

3.2 Légendes liées au caribou boréal

Puisque le caribou occupe une place très importante pour les Gwich'in, il serait impossible d'inclure toutes les légendes qui mentionnent le caribou ou qui en traitent. Certains récits sont factuels et de nature historique, comme ce récit de quasi-famine il y a longtemps raconté par l'aînée Gwichya Gwich'in Eliza Andre. La deuxième partie de ce récit (non incluse) se termine par la leçon : « C'est pourquoi, encore aujourd'hui, les gens s'entraident et partagent toujours » (récit COPE, Eliza Andre). Ce récit ne précise pas le type de caribou auquel il fait référence, mais il est inclus pour faire la démonstration de l'importance générale du caribou pour les Gwich'in.

Le vieil homme et sa femme - Première partie

Un vieil homme et sa femme s'établirent dans les bois. Tout le monde savait que tôt à l'automne le caribou était abondant avant la saison de la course [du rut?]. Cet homme avait épousé une femme très sage. Elle était reconnue pour sa sagesse. À l'automne, le peuple tua un grand nombre de caribous. Avec ces caribous, le peuple se sentait donc prêt pour traverser l'hiver. Mais la femme, elle, sentait venir une pénurie de viande. Elle coupa donc un morceau de gras de caribou de la taille de son couteau qu’elle plaça dans son sac. Un peu plus tard, les gens commencèrent à mourir de faim, alors la tribu se sépara en petits groupes. Chaque groupe parti dans sa propre direction. Cette femme et son époux partirent seuls.

L'homme était très affamé et n'avait même plus la force de marcher. Sa femme l'aida donc à se rendre à l’endroit où ils purent installer leur campement. Avant de monter le campement, ils aperçurent des pistes fraîches de caribou. La femme, sachant que son mari était très faible, sortit la pièce de gras de son sac et la coupa en petits morceaux pour préparer une soupe à son mari. Elle lui en servit une portion, mais il était si faible qu'il ne put en manger qu’une petite quantité avant d’aller se rendormir. Lorsqu'il se réveilla à nouveau, elle lui en servit une autre petite quantité. Cela se poursuivit la nuit durant. Le matin, son mari lui dit : « Je me sens beaucoup mieux et je suis prêt à aller chasser le caribou maintenant. » Il partit et tua un grand nombre de caribous. Lorsqu'il revint au camp, il dit à sa femme qu'il partait retrouver tous ces gens laissés derrière. Il les retrouva puis leur dit de revenir avec lui à son campement, car il avait chassé plusieurs caribous. Les gens voulurent lui acheter de la viande, mais il leur dit : « Si vous voulez acheter de la viande, achetez-la plutôt de ma femme, pas de moi. » L'hiver suivant, ce même homme et sa femme partirent dans les bois. Ils avaient faim et n'avaient pas beaucoup à manger. Ils établirent leur campement près de deux grosses montagnes de neige. Ils avaient maintenant un petit garçon qui avait si faim qu'il demanda à sa mère : « Maman, je veux manger des pattes de caribou. » Sa mère lui répondit : « Mais où allons-nous en trouver? Nous n'avons rien. » Ils allumèrent un feu de camp près des deux montagnes. La neige tout près se mit à fondre laissant apparaître une patte d’orignal. Ils creusèrent donc dans la neige et trouvèrent deux orignaux, deux mâles qui s'étaient battus pour une femelle. Pendant la bataille, leurs bois s'étaient coincés ensemble. La neige avait préservé les orignaux en bon état jusqu’à ce jour. L'homme partit à la recherche des autres personnes sans nourriture pour les ramener au campement. L'hiver tirait à sa fin. La chance fit que cet homme sauva les gens affamés.

D'autres légendes et histoires font référence à l'usage quotidien de la viande, de la peau et d'autres morceaux du caribou, ainsi que de la vie agréable des Gwich'in dans un passé lointain, et de l'utilisation du caribou comme source de viande, de viande séchée, de gras [comestible] ou pour la fabrication de vêtements, de traîneaux, de matelas, de tentes, de couvertures, de babiche, etc.

3.3 Noms de lieux et de sentiers liés au caribou boréal

Un grand nombre de noms de lieux sur les terres gwich’in font référence au caribou, bien qu'il soit probable qu'il s'agisse du caribou de la Porcupine, du caribou Bluenose ou même du caribou des montagnes vivant près des eaux d'amont de la rivière Arctic Red dans les monts Mackenzie. Toutefois, plusieurs noms Gwichya Gwich'in (Tsiigehtchic) font probablement référence au caribou des bois :

  • Dans les terres Gwichya Gwich'in près de la rivière Tree, en amont du fleuve Mackenzie, il existe deux lacs nommés Tatthat njj'ee choo et Tatthat njj'ee tsal [traduction : Tatthat njj'ee / ligne de clôture (d'un lac à l'autre); choo / gros (se rapportant à la taille du lac); tso / petit (se rapportant à la taille du lac). Les noms des lacs font référence à une possible clôture de caribou construite entre les deux lacs. Gabe Andre a indiqué que le caribou des bois est présent dans ce secteur (noms de lieux Gwichya Gwich'in, 1993, ruban 5). Il existe également un autre ruisseau nommé Tatthat njj'ee près de Point Separation (base de données des noms de lieux Gwichya Gwich'in).
  • Le lac Caribou et le ruisseau qui coule vers le lac Campbell à partir du lac Caribou tirent leur nom du mot « caribou » en gwich'in. Le lac Caribou se nomme Vadzaih van(littéralement lac Caribou) et le ruisseau se nomme Vadzaih van tshik (ruisseau du lac Caribou, base de données de noms de lieux Gwichya Gwich'in).
  • Le nom Nįhdàadaįį se rapporte au lichen que mange le caribou, souvent appelé mousse ou mousse blanche

Figure 3 : Noms de lieux gwichya gwich'in se rapportant au caribou des bois

Carte de la région de règlement de Gwich'in. Voir la description longue ci-dessous.

Description longue pour la figure 3

Carte de la région de règlement de Gwich'in. Le nom des lacs et d'endroits particuliers est indiqué.

Un grand nombre de noms Teet’lit Gwich'in (Fort McPherson) font référence au caribou, mais il s'agit habituellement du caribou de la Porcupine.

3.4 Description physique

La plupart des personnes interrogées ont indiqué que le caribou des bois se distingue facilement du caribou de la Porcupine, surtout de près. « Cela dépend de la distance entre vous et le caribou. Ils sont beaucoup plus gros. Leur taille se situe entre celles d’un caribou et d’un orignal. Je crois que leurs bois sont plus petits. Vous voyez un gros animal avec de plus petits bois » (Tom Wright, 12 octobre 2010). Toutefois, Conrad Baetz croit que leurs bois sont plus grands (12 novembre 2010). Ils sont également plus foncés (Albert Frost, 12 octobre 2010, James Firth, 3 novembre 2010). Il est probablement plus difficile de différencier le caribou des bois du caribou Bluenose que le caribou des bois du caribou de la Porcupine (Julie Ann Andre, 12 novembre 2010).

Le caribou est reconnu pour la vitesse à laquelle il traverse les terrains accidentés ou enneigés : « Ils se déplacent très rapidement. C'est incroyable, sur des terrains où on ne peut pratiquement pas marcher, et qui sont remplis de trous et de bosses, ils courent comme s'ils se trouvaient sur une autoroute » (Tom Wright, 12 octobre 2010).

Il peut exister des différences de taille entre individus de hardes de différentes régions. Autrement dit, le caribou des bois de certaines régions est plus gros que d'autres (Willie Simon, 4 novembre 2010).

Abe Peterson a entendu dire que certains caribous de la Porcupine ont traversé le fleuve Mackenzie pour devenir essentiellement des caribous des bois. Il a entendu dire qu'ils avaient traversé le Mackenzie autour de Six Miles, qui se situe à six milles au sud de Tsiigehtchic (14 octobre 2010).

3.5 Alimentation

Au printemps, on le voit manger le lichen, l'herbe et les petites feuilles vertes. Et lorsque l'automne et l'hiver arrivent, il consomme plus de lichen.

(James Firth, 3 novembre 2010)

Il mange des branches de saule et de l'écorce d'épinette rouge, mais surtout durant l'hiver, lorsque le sol est recouvert de neige.

(Julie Ann Andre, 12 novembre 2010)

Bien qu'on l'observe rarement durant l'été, le caribou des bois mange de la « mousse de caribou », ou du lichen, comme d'autres types de caribou. L'été, il mange également du saule, des feuilles de saule, du carex et de l'herbe. Il mange la végétation aquatique des lacs (Walter Alexie, 14 octobre 2010, Tom Wright, 12 octobre 2010, Albert Frost, 12 octobre 2010). Bien qu'ils mangent une variété d'aliments pendant toute l'année, les caribous chassés durant l'hiver semblent avoir le ventre rempli de lichen. « Lorsqu'on ouvre son ventre, c'est pratiquement seulement de la mousse blanche qu’on y trouve. » (Emma Kay, 13 octobre 2010). Par contre, il peut creuser dans la neige pour atteindre sa nourriture (le lichen et l'herbe autour du lac). « Il creuse beaucoup autour des lacs à la recherche d'herbe. » (Robert Alexie, 13 octobre 2010). L'hiver, il mange également les bourgeons (Conrad Baetz, 18 novembre 2010). Il semble avoir une certaine facilité à trouver le lichen. « Ils semblent savoir exactement où il se trouve, peu importe la quantité de neige... c'est grâce à leur odorat. Ils semblent savoir où aller... ils creusent et la nourriture s'y trouve immanquablement. » (Abe Peterson, Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie, ruban 94). Robert Alexie père a découvert des preuves de leur consommation dans l'eau au printemps (Robert Alexie, 13 octobre 2010).

Le caribou doit continuellement se déplacer d'un endroit à l'autre, car il consomme pratiquement tout le lichen disponible. Le caribou évite ensuite le secteur jusqu'à la repousse du lichen. Cela peut prendre une dizaine d'années, voire davantage (Albert Frost, 12 octobre 2010).

Le caribou peut se nourrir des huttes ou des terriers de rat musqué. « Je crois qu'ils nettoient le lac de tous les terriers qui s’y trouvent. Les rats musqués construisent des terriers autour des lacs et le caribou les mange. » (Richard Ross, 28 octobre 2010). Ils doivent les manger pour les minéraux et les autres aliments qu'elles contiennent. Selon Conrad Baetz (18 novembre 2010), ils se nourrissent des huttes de rat musqué construites sur les lacs en hiver.

3.6 Comportement

Le caribou des bois présent sur les terres gwich'in se tient en petits groupes. « Ils se tiennent en groupes de 2 ou 3, ou juste un peu plus » (Tom Wright, 12 octobre 2010). « Peut-être 4 ou 5 » (Emma Kay, 13 octobre 2010). Des groupes mixtes ont été aperçus composés de femelles, de mâles, de petits, de jeunes de un an ou de jeunes animaux. Le caribou des bois peut également vivre seul. Robert Alexie père a aperçu un mâle solitaire l'hiver, tout comme Walter Alexie (13 et 14 octobre 2010). Ce dernier a noté que les petits groupes étaient souvent composés de femelles, de petits et d'un seul mâle. Douglas Kendo a participé à des vols d'identification entre Tsiigehtchic et la rivière Tree, où des groupes de femelles et de petits avaient été aperçus (18 octobre 2010). À l'occasion, il peut y avoir de plus grands groupes dans la région de la rivière Arctic Red, où des groupes de 10 à 15 individus sont habituels. Ernest Vittrekwa a vu un troupeau d'environ 50 têtes (15 octobre 2010). Bien que petites, les hardes peuvent avoir un chef, comme c’est le cas pour les plus grandes hardes. Un participant à l'étude 2001 de l’ORRTG sur la population boréale du caribou des bois a indiqué que, si un chasseur abat le chef, le reste du troupeau ne court pas. Le terrain peut également influer sur la taille du groupe. « Ils semblent s'éparpiller davantage lorsqu'ils entrent dans des secteurs boisés » (Harry Carmichael, 28 octobre 2010).

Vue aérienne du caribou boréal errant dans les bois.

Vue aérienne du caribou boréal errant dans les bois.

Les personnes interrogées n'avaient pas observé les habitudes de migration du caribou, mais savaient qu’il se déplaçait. Bien que les caribous n’effectuent pas une migration saisonnière à grande échelle, les personnes interrogées ont mentionné que la chasse au caribou se déroule selon les saisons, puisque durant l’hiver le déplacement vers certains secteurs est restreint. De plus, certaines personnes ont indiqué que le caribou fait montre d'habitudes saisonnières, comme la recherche de collines boisées l'hiver et de plans d'eau l'été. Il peut également se déplacer d'un secteur à l'autre. Douglas Kendo a remarqué qu'ils s'approchent de la rivière Arctic Red « vers l'île Seven Mile, disons entre Tsiigehtchic et Martin House. C’est là qu’il y a beaucoup plus de caribous lorsqu'ils mettent pied à terre, non? [Après Noël] ils se rendent à la rivière et aux îles, et au printemps, ils retournent dans les terres. » (18 octobre 2010). Julie Ann Andre voyait des caribous des bois au lac Travaillant lorsqu'elle était jeune. Après quelques semaines, ils disparaissaient. « Mais lorsque nous étions au lac Travaillant, nous en voyions chaque jour dans le lac. Et ça durait deux ou trois semaines. Après, ils migraient probablement vers le secteur de la rivière Anderson » (12 novembre 2010).

La plupart des personnes interrogées ont indiqué que ce n'était pas des hardes ou des groupes bien définis qui occupaient un territoire, bien qu'un chasseur inuvik ait décrit quelques petites hardes contraintes par la géographie (anonyme, 12 novembre 2010). Ses connaissances relatives à ces hardes peuvent s’expliquer par le temps important qu’il a consacré à la chasse ou aux efforts déployés à l'observation du caribou des bois par rapport à d'autres chasseurs qui chassent plus régulièrement le caribou de la Porcupine ou le caribou Bluenose. En général, les personnes interrogées ont indiqué que les caribous des bois sont dispersés et aperçus de manière non régulière. Le caribou des bois est vu « à n'importe quel moment de l'année, car il se déplace d'un endroit à l'autre » (Emma Kay, 13 octobre 2010). Conrad Baetz a indiqué que de petits groupes peuvent se mêler, surtout pendant la période de rut, lorsque les mâles peuvent se déplacer sur de longues distances (12 novembre 2010).

Les personnes interrogées s'entendent généralement pour dire que le caribou des bois est « sauvage ». Ils se sauvent souvent avant même qu'on puisse les voir. Ils se sauvent rapidement et on les considère comme difficiles à voir et à chasser.

« Oh! il est difficile de chasser ce type de caribou. Plus difficile que notre caribou. Ils sont plutôt sauvages, à vrai dire. Et lorsqu'ils s’enfuient, ils courent comme le vent. Ils sont très difficiles à chasser et très intelligents. Ils se déplacent dans les bois et lorsque vous les apercevez, ils partent à nouveau. Ils restent à cet endroit jusqu'à ce que vous les aperceviez à nouveau, et ils repartent. C'est pour cela qu'ils sont difficiles à chasser selon moi. » (Michael Pascal, 14 octobre 2010)

« ... le seul caribou que j'ai abattu, c'était au printemps et il y avait une croûte sur la neige. Ils ne veulent pas marcher sur cette croûte par crainte de se blesser… C'est l'unique raison de mon succès cette journée-là. Mais lorsque la neige ramollit, il est impossible de s'en approcher, car ils se sauvent. » (Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010)

Photographie d'Ernest Vittrekwa, un aîné Gwich'in.

Photographie d'Ernest Vittrekwa, un aîné Gwich'in.
Ernest Vittrekwa Photo: Gwich'in Renewable Resources Board (GRRB)

Les personnes interrogées ont souvent mentionné la rapidité du caribou des bois. Richard Ross a déjà chassé ce caribou autour des lacs Caribou et il l'a trouvé aussi très rusé. « Nous les avons trouvés sur le lac alors qu'ils se nourrissaient. Il devait y en avoir environ 10. Ils mangeaient et nous avons contourné le lac pour nous en approcher, et là, ils se sont enfuis vers la forêt. Aussitôt qu'ils ne vous voient plus, ils s'arrêtent. Mais aussitôt qu'ils vous voient, ils repartent. Ils font cela chaque fois » (28 octobre 2010). Plusieurs personnes interrogées ont indiqué que même si le caribou fuit souvent en apercevant l'homme, il fige parfois. « Dans certains cas, ils ne se sauvent pas et figent sur place » (Wally McPherson, 28 octobre 2010). Cela peut être dû à leur curiosité (Louis Cardinal, Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie, ruban 4).

Un chasseur Inuvik considère qu'il est facile de les chasser. « Si vous les suivez avec une motoneige dans la forêt, ils figent, comme s'ils essayaient de se cacher. » Il s'agit d'une différence de comportement avec le caribou de la Porcupine ou du caribou Bluenose, qui a plus tendance à essayer de fuir le chasseur (James Firth, 3 novembre 2010). La harde peut s’arrêter, puis repartir en groupe, ce qui permet aux membres moins rapides de la rattraper (Willie Simon, 4 novembre 2010). Selon Conrad Baetz, le caribou de la toundra est chassé plus souvent et il a pris l'habitude de fuir les motoneiges; tandis que le caribou des bois qui habite les endroits où la pression de la chasse est moindre sera plus facile à chasser. Mais le comportement de fuite ne se restreint pas à un type particulier de caribou. Il dépend de la relation entre les caribous d'une région et les chasseurs. Conrad a également mentionné que le caribou de la toundra peut être plus conscient de son environnement et de tout danger en raison de l'absence d'arbre pour se cacher (12 novembre 2010).

« Vous les apercevez en bordure des arbres ou des clairières »
(Harry Carmichael, 28 octobre 2010).

Pendant l'hiver, le caribou des bois passe plus de temps dans des régions où il y a des arbres, surtout si le temps est brumeux. Les des pessières peuvent donner des indices au chasseur.« Si vous vous déplacez et que vous avez aperçu des saules, et que vous apercevez ensuite des épinettes, optez pour les épinettes. » (Tom Wright, 12 octobre 2010)

Le caribou peut se déplacer entre des zones d'alimentation et des secteurs forestiers. « En ce moment [début novembre], ils se trouvent dans des espaces ouverts et plats, en train de se nourrir. Mais le soir, ils se déplacent probablement vers un couvert forestier pour se protéger » (James Firth, 3 novembre 2010).

Photographie montrant James B Firth, un aîné Gwinch'in.

Photographie montrant James B Firth, un aîné Gwinch'in.
James B Firth Photo: Gwich'in Social and Cultural Institute (GSCI)

Dans le passé, lorsque les températures étaient plus froides l'hiver, la vapeur s'élevant d’étendues boisées indiquait la présence de caribous (Walter Alexie, 14 octobre 2010). On les trouve dans les zones forestières autour des lacs Sitidgi et Caribou (Albert Frost, 12 octobre 2010). Selon Ernest Vittrekwa, la présence de collines et de terres en élévation est plus importante pour le caribou que le couvert forestier, mais les arbres sont également importants. Il a souligné que les collines entre Fort McPherson et Tsiigehtchic constituent des endroits parfaits pour le caribou des bois (15 octobre 2010). Wally McPherson a également indiqué la présence de caribou des bois dans les régions plates dotées de plus petits arbres et de saules (28 octobre 2010). Le caribou utilise les arbres pour enlever le velours de ses bois (Conrad Baetz, 12 novembre 2010).

Les personnes interrogées s'entendaient pour dire que les bruits produits par l'utilisation de machinerie ou des installations industrielles, comme les niveleuses, les stations de pompage ou une motoneige conduite à une vitesse raisonnable ne produisent pas nécessairement d’impact sur le caribou des bois, comme pour la plupart des animaux (Tom Wright, 12 octobre 2010, Abe Peterson, 14 octobre 2010). Toutefois, le fait d'être pourchassé à haute vitesse par une motoneige stresse le caribou (Douglas Kendo, 18 octobre 2010), et contrairement aux perturbations terrestres, les vols d’avion peuvent déranger le caribou (Wally McPherson, 28 octobre 2010). James Firth croit que des avions qui volent à basse altitude peuvent perturber le caribou (3 novembre 2010). Certains sons nouveaux et soudains peuvent les effrayer, comme le son d'un avion en descente. Dans la mesure du possible, ces avions devraient éviter les régions sauvages. La seule bonne raison de perturber le caribou est lorsqu'on a besoin de viande. « Je ne dérange pas les caribous, sauf si j'en ai besoin, alors je vais les chasser. Mais si je n'en ai pas besoin, pourquoi aller le déranger? » (Robert Alexie, 13 octobre 2010). Walter Alexie a indiqué que, dans le passé, les animaux, y compris le caribou et l'orignal, étaient plus susceptibles d’être perturbés par les bruits industriels ou les bruits de véhicules, mais qu'ils s'y étaient habitués. « Il y a des années, si on chassait le caribou et qu’il entendait un bruit, il s'enfuyait » (14 octobre 2010). Abe Peterson s'est souvenu que lorsque les travaux sismiques ont été amorcés près de Fort McPherson, les gens craignaient qu'il y ait des répercussions négatives sur le caribou, mais il s'est habitué au bruit et aux perturbations (14 octobre 2010).

James Firth prévient qu'un jour ou l’autre, les perturbations et le bruit pourraient devenir trop importants pour que les caribous puissent s'y adapter. « Il y a quelques années, lorsque Colt avait sa ligne jusqu'à Fort Good Hope, il y avait beaucoup d'activités, de camions et de bruit là-bas. Cela a semblé pousser le caribou et il y en avait tout autour de mon camp. Et je crois que c'est en raison de tout ce bruit produit plus loin à l'est. » Il croit que le caribou peut s'adapter aux bruits des pipelines, comme ceux de l'Alaska (3 novembre 2010). Certaines personnes interrogées croient que tous les bruits provenant du secteur de l’industrie et des véhicules sont nuisibles aux caribous et qu’ils les incitent à fuir (Mary Teya, 14 octobre 2010, Albert Ross, 18 octobre 2010). Un participant se demandait si la raison pour laquelle on le voyait si rarement était, en fait, à cause de sa sensibilité à l'éclairage et aux bruits. Lorsque les caribous voient et entendent des motoneiges s'approcher au loin, ils se sauvent si rapidement qu’on ne voit que leurs pistes laissées derrière. Le caribou peut aussi avoir associé au fil du temps les bruits de motoneige à ceux des armes à feu, tandis que d'autres sortes de bruits forts, ceux non suivis de coups de feu, sont plus facilement acceptés par le caribou (Conrad Baetz, 12 novembre 2010).

Le caribou suit les lignes sismiques dégagées ou d'autres perturbations linéaires s'il se dirige déjà dans cette direction, surtout pendant les mois d'été lorsque les bandes défrichées sont plus souvent utilisées (Tom Wright, 12 octobre 2010). En général, la présence de perturbations linéaires n'a aucune incidence majeure sur le caribou, plus particulièrement si la végétation y a repoussé adéquatement (Albert Frost, 12 octobre 2010). Toutefois, les perturbations linéaires créent un accès facile aux chasseurs, ce qui entraîne d’importantes répercussions sur le caribou. Le saule prend souvent racine dans les lignes sismiques où on laisse la végétation repousser. Le saule attire les orignaux, ce qui peut être considéré comme un avantage (Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010).

Les personnes interrogées ont souvent signalé avoir vu les pistes du caribou des bois plutôt que d’avoir observé le caribou lui-même. Il s'agit d'un animal discret et difficile à apercevoir. Willy Simon croit que la meilleure façon de chasser le caribou des bois consiste à s’en approcher à pied, afin d'éviter qu'il ne détecte une présence humaine (4 novembre 2010).

Les personnes interrogées n'étaient habituellement pas au courant des endroits précis de mise bas du caribou des bois, mais elles s'entendaient généralement pour dire que toute l’aire de répartition était réservée à cette fin. Walter Alexie pense que les femelles choisissent peut-être un endroit où les vents dominants éloignent les mouches et les moustiques. Albert Ross a récemment vu des pistes de caribou à l'été, lorsqu'ils ont des petits, autour des coupe-feu derrière Tsiigehtchic (18 octobre 2010). Le caribou peut rechercher des endroits plus élevés pour la brise, ou il peut rester près de l'eau (Walter Alexie, 14 octobre 2010, Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010). James Firth a entendu dire que le caribou des bois allait mettre bas dans les collines de la région du lac Caribou. Un chasseur lui a dit : « Va dans les collines, où les prédateurs ne vont pas, où le terrain est ouvert et où ils donnent naissance à leurs petits » (3 novembre 2010). Douglas Kendo a aperçu des caribous avec des petits près de l'autoroute Dempster au nord de Tsiigehtchic, près de la rivière Tree. Il suppose que le caribou des bois met bas seul et se regroupe pour l'hiver. « Je crois que lorsqu'ils mettent bas, ils se tiennent à l’écart, puis à l’hiver, ils se regroupent pour se protéger contre les loups et autres prédateurs » (18 octobre 2010). Julie Ann Andre chassait le caribou des bois près du lac Swan et de la rivière Arctic Red au printemps. Elle y a chassé deux femelles avec des petits.

Puisque la population est faible et que le recours au caribou est habituellement réservé aux périodes autres que celle de mise bas, les personnes interrogées n'ont pas commenté la survie des petits. Toutefois, Julie Ann Andre a indiqué que les femelles ne peuvent pas s'accoupler et mettre bas si leur état corporel ne le leur permet pas (12 novembre 2010).

3.7 Distribution

« Ils sont ici et là. »
(Emma Kay, 13 octobre 2010)

Les personnes interrogées n'avaient pas vu de caribous des bois dans les secteurs à l'extérieur des endroits indiqués sur la carte fournie par Environnement Canada (figure 1). Elles basaient leur information sur les observations pendant la chasse, le trappage ou lorsqu’elles se déplaçaient, ainsi que sur l’expérience qu’elles ont acquise pendant des vols d’avion organisés avec des biologistes étudiant le caribou. Les personnes interrogées peuvent habituellement voir des caribous lorsqu'elles chassent et se déplacent sur le territoire pendant l'hiver. Toutefois, elles se déplacent rarement pour aller chasser le caribou des bois en particulier.

Un grand nombre de personnes interrogées de Fort McPherson étaient au courant des observations de caribous des bois au lac Deepwater près de Fort McPherson, le long de l'autoroute Dempster, entre Fort McPherson et Tsiigehtchic, et dans la réserve Peel. « C'est comme je le disais, dans la réserve [Peel] il y a beaucoup d'arbres près des lacs et aucune montagne. C'est pareil ici. Je ne vois jamais de caribou des bois dans mes montagnes » (Emma Kay, 13 octobre 2010). Le caribou n'est pas présent dans le delta (Tom Wright, 12 octobre 2010).

Robert Alexie père aperçoit des traces de caribou des bois à l'hiver et au printemps près de la rivière Peel autour de son camp à l'embouchure de la rivière Trail, des secteurs où se nourrissent les caribous. De plus, il voit beaucoup de pistes quand il trappe, plus particulièrement le long des bandes défrichées. Par contre, il les aperçoit seulement du côté est de la rivière Peel (13 octobre 2010).

Douglas Kendo a aperçu des caribous des bois entre Tsiigehtchic et la rivière Tree, près des lacs Tundra et sur la route Dempster entre Tsiigehtchic et la rivière Rengleng. Son père chassait également le caribou des bois autour du lac Cardinal (18 octobre 2010). John Norbert a également aperçu des caribous près du lac Odizen, et entre Tsiigehtchic et la rivière Tree (18 octobre 2010). Julie Ann Andre a aperçu des caribous l'été le long de la route Dempster entre Tsiigehtchic et Inuvik, et l'hiver, près de la rivière Arctic Red et du lac Swan.

Photographie montrant Willie Simon, un aîné Gwich'in.


Photo : GSCI

Photographie montrant Willie Simon, un aîné Gwich'in.

Selon Albert Frost, les caribous de la toundra se mêlent aux caribous des bois près du lac North Caribou, bien que dans ce secteur, le caribou des bois ne soit plus très abondant (12 octobre 2010). Il y a beaucoup de caribou des bois à l'ouest de la ligne du CN, une grande ligne de transmission abandonnée qui traverse les terres gwich’in du nord-ouest au sud-est. Ils se mêlent aux caribous Bluenose dans les secteurs du lac Travaillant et de la rivière Anderson, et ils peuvent être aperçus près de Siveezhòo, au sud du fleuve Mackenzie, près de la rivière Tree. Le caribou Bluenose est arrivé dans la région dans les années 60 et il a récemment changé ses habitudes migratoires hors de cette région (Willie Simon, 4 novembre 2010). Le caribou des bois partage également son habitat avec l'orignal, d’après les pistes aperçues dans la neige (Robert Alexie, 13 octobre 2010). La plupart des personnes interrogées de Fort McPherson ont indiqué que les observations de caribous des bois près de la ville (et possiblement même sur la réserve Peel) sont relativement récentes, soit depuis les dix ou vingt dernières années (Emma Kay, Robert Alexie, 13 octobre 2010). Walter Alexie a indiqué qu'il n'y avait pas une population marquée de caribou des bois dans la réserve Peel dans le passé. « Je n'ai jamais vu ça dans ma jeunesse, je n'ai jamais vu de caribous des bois dans ce secteur. » Il en a entendu parler pour la première fois sur la réserve dans les années 70 ou 80. « Ils viennent de quelque part, mais je ne sais pas vraiment d'où. Mais il y a bien des années, on ne les voyait pas. » Walter suppose qu'une augmentation de la croissance des plantes et davantage de nourriture pour le caribou pourraient expliquer ce changement, ou bien la chasse était plus présente anciennement. « Les gens vivaient sur les terres et ils les chassaient possiblement davantage. Il y a des années, c’est-à-dire vers 1948 et 1950, il n'y avait pratiquement pas de caribous » (14 octobre 2010). Il est possible que les caribous fréquentent la région depuis toujours, mais qu’ils viennent seulement d'être remarqués en raison des changements de comportement. Comme le remarque Emma Kay, leurs pistes ont toujours été là. « J'ai toujours entendu dire qu'on voyait des pistes, ce devait être des caribous des bois, mais il y en a davantage depuis quatre ou cinq ans » (13 octobre 2010).

Au cours des dernières années, le caribou des bois a été vu près de la ville, possiblement en raison des incendies de forêt dans les régions avoisinantes. Le père d'Emma Kay a aperçu des caribous traversant la rivière Peel alors qu'ils fuyaient des incendies de forêt :

Il y a plusieurs années, environ 10 ou 15 ans, mon père habitait Shìtdii Rock et il a aperçu les caribous traversant vers ici, s'éloignant du feu. Il n'en avait pas vu depuis de nombreuses années. Il a pris son fusil et en a tué un qui arrivait sur la rive. Il était bon et gras; un caribou en santé. Il m'a dit que c'était un caribou des bois. Il sait que c'est un caribou différent. Voyez, il se sauve de l'incendie. Donc, il y a peut-être du caribou des bois dans les collines, nous ne le savons pas (13 octobre 2010).

Plusieurs personnes interrogées croient que le caribou des bois a toujours été présent dans la réserve Peel, « mon père chassait le caribou dans ce secteur » (Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010).

Un grand nombre des personnes interrogées de Fort McPherson aperçoivent régulièrement le caribou des bois le long de la route Dempster entre Fort McPherson et Tsiigehtchic, particulièrement l'hiver. Les observations estivales semblent rares. Cela est peut-être dû à l'augmentation des déplacements terrestres liés aux activités hivernales de chasse et de trappage.

Les cartes suivantes indiquent l'information cartographiée sur le caribou des bois à la suite des entrevues de 2010 aux fins de ce rapport, ainsi que l'information relative au caribou obtenue pendant l'étude de 2001 de l’ORRTG sur le caribou des bois (Denise Auriat, 2001-2002), qui comprend la population du secteur des monts Mackenzie au cours supérieur de la rivière Arctic Red. Les données cartographiées de 2010 indiquent que le caribou est chassé le long de la route Dempster entre Inuvik et Tsiigehtchic, et au sud de la route Dempster jusque dans le Yukon. Les pistes, les lieux de chasse et les observations sont notés au sud aussi loin que l'embouchure de la rivière Trail, là où plusieurs des personnes interrogées possèdent un campement. Des lieux de chasse ou d’observations se trouvent également au sud du fleuve Mackenzie, en amont de Tsiigehtchic vers la frontière des terres gwich'in/sahtu; au sud et au nord-ouest du lac Travaillant jusqu’au lac Campbell, et entre Tsiigehtchic et la rivière Rengleng. Les caribous sont présents à l'extérieur des terres gwich'in, le long de la rivière Anderson (figure 4).

Les données du projet 2001 indiquent des secteurs de chasse hivernale entre Tsiigehtchic et la rivière Rengleng, ainsi qu'une concentration de caribous autour du lac Caribou, ainsi qu'au nord-ouest et à l'est du lac Travaillant. Des lieux de chasse hivernale ont également été relevés à la rivière Arctic Red et au nord des embranchements des rivières Arctic Red et Cranswick, ainsi que dans la région de Mountain Woodland. Un lieu de chasse printanière a été relevé sur la rivière Peel, au Yukon. Les lieux de chasse automnale étaient répartis de manière géographiquement semblable aux lieux de chasse hivernale, et seulement deux lieux de chasse estivale ont été notés, au nord du lac Caribou et sur la rive droite du fleuve Mackenzie, en amont de Tsiigehtchic (figure 5). L'étude de 2001 présentait davantage d’observations de caribous sur la carte, qui sont indiquées sur une image d'intensité des observations à la figure 6. La plus grande intensité d’observations se trouve au nord du fleuve Mackenzie et à l'est de la rivière Arctic Red.

Figure 4 : Lieux d’observations, pistes et zones de chasse du caribou (données 2010)

Voir la description longue ci-dessous.

Description longue pour la figure 4

Carte de la région de règlement de Gwich'in indiquant les lieux de chasse du caribou, les pistes et les observations.

3.8 Taille et tendances de la population

Les personnes interrogées ne s'entendaient pas sur la stabilité de la population du caribou des bois. Conrad Baetz croit que cela peut être dû à plusieurs facteurs :

Premièrement, ils sont discrets. Deuxièmement, ils vivent en petits groupes et ne forment pas de grandes hardes. Troisièmement, il est difficile de distinguer la différence entre un caribou des bois et un caribou de la toundra. Le caribou de la toundra a déjà été aperçu dans ce secteur. Donc, il m'est difficile de dire si leur nombre augmente, diminue ou demeure stable ou si on en voit moins ou plus. (12 novembre 2010)

Figure 5 : Zones de chasse de l'étude de 2001 de l’ORRTG

Zones de chasse de l'étude de 2001 de l’ORRTG(Voir description longue ci-dessous.)

Description longue pour la figure 5

Carte de la région de règlement de Gwich'in. Le vert foncé représente le territoire de chasse hivernale; le rouge, le territoire de chasse estivale; les hachures dorées, le territoire de chasse automnale; et le bleu, le territoire de chasse printanière.

Abe Peterson croit que le caribou des bois peut quitter les secteurs où il ressent une forte pression en raison de la chasse, ce qui pourrait donner aux chasseurs l'impression d'une diminution de la population. De plus, il évalue qu'un séjour de quatre ans dans un secteur était raisonnable étant donné la quantité de nourriture consommée par le caribou des bois. « Ils se déplacent à un endroit et y demeurent pendant quatre ans, puis retournent à l’endroit initial pour un autre quatre ans » (14 octobre 2010). Wally McPherson s'est fait dire que la population ou leur présence dans la région étaient cycliques. « Je demande toujours aux aînés à McPherson et Tsiigehtchic, et ils me disent que le caribou des bois va revenir. On ne les voit pas pendant quatre, cinq ou six ans, puis ils reviennent soudainement » (28 octobre 2010). Ils peuvent également partir d’un secteur si la fonte du pergélisol et les glissements nuisent à leur alimentation (Douglas Kendo, 18 octobre 2010).

Figure 6 : Carte des contacts avec le caribou de l'étude de 2001 de l’ORRTG

Carte des contacts avec le caribou de l'étude de 2001 de l’ORRTG(Voir description longue ci-dessous.)

Description longue pour la figure 6

Carte de la région de règlement de Gwich'in. Plus foncée est la couleur, plus fréquentes sont les observations du caribou boréal.

Tom Wright croit que la population de caribou des bois autour d'Inuvik est stable ou croissante depuis plusieurs décennies. « Il y a quelques années, on pouvait chasser le caribou n'importe où, il y en avait partout, mais leur nombre a chuté depuis quelques années » (Tom Wright, 12 octobre 2010). Toutefois, Albert Frost a indiqué que la population de caribou des bois déclinait depuis 20 ans, surtout en raison de la facilité d'accès à un habitat propice au caribou des bois le long de la ligne du Canadien National (CN). Par contre, avec les récentes restrictions de chasse, le caribou est de retour dans les secteurs où il était chassé auparavant, ou qu'il avait quittés (12 octobre 2010). James Firth a vu une augmentation du caribou des bois le long de la route Dempster, entre Inuvik et Fort McPherson, bien qu'il ait indiqué une diminution globale. Il a trappé près des lacs Caribou et Sunny, et il a dit que le caribou se tenait dans ces secteurs. « On les voit pratiquement chaque fois qu'on sort vérifier les pièges » (3 novembre 2010).

Julie Ann Andre se souvient d'une population d'environ 200 individus près des lacs Cardinal lorsqu'elle était plus jeune, mais ce nombre a beaucoup diminué au cours des récentes années (12 novembre 2010).

La population de caribou des bois autour de Fort McPherson est stable selon un aîné de Fort McPherson, Ernest Vittrekwa (15 octobre 2010). Douglas Kendo de Tsiigehtchic croit que la population du caribou des bois connaît une diminution. Il les aperçoit au nord et à l'est de Tsiigehtchic, et il croit qu'il est trop chassé. Il a mentionné un accès plus facile aux lacs Cardinal en raison d'une route de glace une année. « C'était plus facile pour les chasseurs, la piste était faite. Donc, ils en chassaient plus que ce dont ils avaient besoin » (18 octobre 2010).

Toutefois, Albert Ross croit que la population du caribou des bois peut être en croissance dans la région près de Tsiigehtchic, malgré l'augmentation de la population de loups. Il a d’ailleurs aperçu une meute de 14 loups sur le fleuve Mackenzie (18 octobre 2010).

Les personnes interrogées ont généralement indiqué que le caribou des bois n'était pas trop chassé dans la région de la réserve Peel. Toutefois, plusieurs personnes ont indiqué qu'une chasse excessive pourrait les faire disparaître de la région dans certaines conditions et elles étaient réticentes à parler du caribou pour ces raisons. Un participant de Fort McPherson a dit : « Je ne dis rien, car si j'en parle, il y aura beaucoup de monde sur mon circuit de trappage. Ils vont tous les tuer, c'est ce qui va se produire. »

L'histoire orale indique que le caribou et tous les gros animaux étaient rares il y a longtemps. « Je parlais avec Hyacinthe André et il disait que lorsqu'il était jeune, les gens devaient parcourir 200 milles pour voir un caribou (Tom Wright, 12 octobre 2010). Albert Frost confirme qu'il y a beaucoup moins de caribous aujourd'hui par rapport à l’époque de ses grands-parents (12 octobre 2010). Les résidents de Tsiigehtchic devaient se déplacer sur de grandes distances pour obtenir de la viande, y compris jusqu'au cours supérieur de la rivière Arctic Red dans les monts Mackenzie. « Lorsque j'étais à l'école, le caribou et l'orignal étaient très rares. Les gens devaient se rendre dans les montagnes, à une distance de 300 à 400 milles, pour apercevoir le caribou » (John Norbert, 18 octobre 2010). Robert Alexie se souvient que, dans les années 50, l'ours noir était régulièrement tué pour sa viande, qui est meilleure fumée. « J'aime la viande d'ours noir fumée. Nous abattions des ours noirs fréquemment à l'été, car il n'y avait pas d'autre viande. Il n'y avait pratiquement pas d'orignal. C'était dans les années 50 » (13 octobre 2010).

3.9 Facteurs limitatifs et menaces

Le loup et l'homme ont été mentionnés comme étant les deux principaux facteurs expliquant la diminution du caribou. D'autres prédateurs ont aussi été mentionnés, mais la population de loups augmente de manière dramatique; et selon la plupart des personnes interrogées, elle influe sur la population de caribous.

Les loups chassent les adultes, mais ils sont particulièrement dangereux pour les jeunes (John Norbert, 18 octobre 2010). Les loups tuent plus que ce dont ils ont besoin. « Cela ne les dérange pas. Ils peuvent tuer un caribou, manger sa langue et partir en tuer un autre. Les gens ont vu ça au cours des dernières années. Je ne sais pas pourquoi. Ou encore, ils ne mangent que le foie » (Tom Wright, 12 octobre 2010). Walter Alexie attribue l'augmentation de la population de loups à un manque de chasse et de trappage dans les récentes années. Il indique que les loups sont d'excellents chasseurs. Ils se tiennent habituellement en meute de sept ou huit membres de la même famille, parfois plus, et ils peuvent facilement tuer un gros orignal ou un caribou et le nettoyer rapidement (Walter Alexie, 14 octobre 2010). Bien que la raison de l'augmentation du nombre de loups ne soit pas claire pour les personnes interrogées, un grand nombre d'entre elles croyaient que cela découlait de la chasse limitée au cours des dernières années. Toutefois, les loups ne sont pas faciles à chasser. Abe Peterson indique que les chasseurs ne les voient tout simplement pas et qu’ils savent aussi reconnaître les pièges. Il estime que le poison utilisé par le passé par les gardes-chasses était efficace (14 octobre 2010). Dans le passé, on chassait, trappait et empoisonnait les loups. Leur fourrure était aussi utilisée puisqu’elle est très chaude (Mary Teya, 14 octobre 2010). Il peut y avoir une prime pour les loups (John Norbert, 18 octobre 2010) - à confirmer par l’ORRTG.

James Firth suppose que dans le secteur des lacs Caribou, la population et la répartition des loups suivent celles du caribou Bluenose. Le troupeau Bluenose n'occupe plus son secteur depuis environ 10 ans et il a remarqué une chute de la population de loups (3 novembre 2010, aussi Conrad Baetz, 12 novembre 2010).

Les autres prédateurs cités sont les grizzlis qui chassent le caribou et se nourrissent des restes de carcasse laissés par les chasseurs et qui sont attirés par le son des fusils. Ils chassent les petits (Albert Frost, 12 octobre 2010). Les populations de loups et d’ours étaient maîtrisées par l’homme dans le passé jusqu’à un certain point. On chassait l'ours pour nourrir les chiens. Les ours et les loups étaient aussi chassés pour leur fourrure (Tom Wright, 12 octobre 2010). « L'ours noir est présent partout. Avant, nous vivions d'ours noir, mais maintenant, plus personne ne s'en préoccupe. Depuis la construction de la route, plus personne ne mange de l'ours. » (Emma Kay, 13 octobre 2010)

Les populations d'ours augmentent et leur comportement est possiblement en train de changer. Mary Teya a indiqué qu'auparavant les ours fuyaient les gens et les camps, mais que ces comportements avaient changé.

« ...il semble y en avoir beaucoup plus. Je me souviens lorsque nous allions dans les terres, les aboiements de nos chiens les faisaient fuir. Aujourd'hui, ils sont beaucoup plus téméraires, même en présence d'humains. Vous essayez de les effrayer et ils ne s'enfuient pas, ils vous regardent. C'est comme s'ils n'avaient plus peur ou qu’ils dépendaient de ce qu'ils peuvent obtenir plus facilement. Avant, on ne voyait pas les ours agir de la sorte, comme manger des petits fruits, etc. Ils ne s'approchent pas vraiment du camp. Mais parfois les gens laissent traîner des déchets à leur camp, ou au camp de forage, etc. Et ils s'attaquent aux déchets. Il me semble qu'ils sont plus dépendants de ce qu'ils peuvent obtenir des humains » (Mary Teya, 14 octobre 2010). Les ours ne sont plus chassés comme dans le passé, et ils n’ont plus peur des humains. Ils sont maintenant attirés par le bruit d'une arme à feu et se nourrissent des restes de la chasse (Wally McPherson, 28 octobre 2010).

Photographie montrant Mary Teya, une aînée Gwich'in.


Photo : GRRB

Photographie montrant Mary Teya, une aînée Gwich'in.

Les carcajous et les lynx peuvent aussi chasser le caribou, bien que ce soit plutôt rare. Ils ont probablement plus de succès avec les petits (Douglas Kendo, 18 octobre 2010). Selon Ernest Vittrekwa, il se peut que les populations de carcajou soient en croissance.

Au printemps, on voit des pistes de grizzly. L'hiver, je vois aussi des pistes de loup.

(Ernest Vittrekwa 15 octobre 2010)

« Le carcajou aussi est en pleine croissance. J'en ai vu et attrapé quelques-uns. Habituellement, il est difficile de les attraper » (15 octobre 2010). Le lynx peut sauter sur un caribou et couper sa moelle épinière (selon ce qu'a raconté un chasseur de caribous à Albert Frost). Le lynx et le carcajou se cachent dans les arbres pour bondir sur le caribou. « Lorsqu'il y a du caribou, il y a des loups et des carcajous » (12 octobre 2010). Le carcajou et le lynx sont également des charognards (Mary Teya, 14 octobre 2010, Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010).

Le bœuf musqué est parfois mentionné comme un concurrent direct du caribou pour la nourriture, bien que le chevauchement particulier avec le caribou des bois ne soit pas décrit. « Le bœuf musqué semble se développer plus que toute autre espèce. C'est comme s'il prenait le dessus. Je suis certain que nous ne pouvons rien y changer, c'est la nature qui s'en charge » (Tom Wright, 12 octobre 2010). Emma Kay a entendu dire que le caribou évite les endroits où le bœuf musqué a uriné. Elle a entendu parler d'un petit groupe de bœufs musqués apparu à la frontière. « Lorsqu'ils veulent manger, ils couvrent beaucoup de territoire, et ils mangent beaucoup dans une journée. Ils mangent vraiment beaucoup. » Emma et sa fille ont aperçu onze bœufs musqués à un lac près de la frontière entre les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, autour de 2002 ou 2003 (13 octobre 2010).

Les changements climatiques peuvent avoir des répercussions diverses sur les populations de caribou (consulter la section « Modification du territoire » ci-dessous).

Le caribou des bois a été aperçu à proximité du caribou de la toundra, sans problème apparent (Tom Wright, 12 octobre 2010). « Des caribous des bois ont été vus en train de manger avec des caribous Bluenose au sein de la même harde » (Willard Hagen, Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie, ruban 60).

Les personnes interrogées ont discuté de deux calendriers distincts pour le retour du caribou dans des secteurs ravagés par les incendies de forêt. Un suivait une échéance de quelques années, l'autre était plus long, s'étalant de deux à quatre décennies (ou plus). Les deux calendriers peuvent être liés à la vitesse à laquelle les feuillus repoussent, comme l'herbe et les plantes propices au broutage, par rapport au lichen ainsi qu’à l'intensité de l'incendie. Un incendie plus intense élimine tout le lichen, qui prend plusieurs décennies à repousser (anonyme, 2 novembre 2010). Conrad Baetz a caractérisé les incendies comme lents et chauds, pouvant brûler la plus grande partie de la matière organique, tandis que les incendies rapides peuvent laisser une certaine quantité de nourriture (12 novembre 2010). Willie Simon se demande si certains incendies ont été déclenchés par l'homme (4 novembre 2010). Un grand nombre de personnes interrogées étaient d'accord pour dire que les incendies de forêt avaient un effet de rajeunissement sur la forêt et n'empêchaient pas la présence de caribou pendant bien longtemps. Le caribou peut revenir entre un et quatre ans après un incendie, lorsque la végétation est de retour (Tom Wright, 12 octobre 2010, Albert Frost, 12 octobre 2010). Michael Pascal a indiqué que, même si certains types de végétation poussent rapidement après un incendie, le lichen qui est à la base de l'alimentation du caribou prend plus de temps à se rétablir (14 octobre 2010). Ernest Vittrekwa était d'accord pour dire que le caribou pouvait prendre beaucoup plus de temps à revenir dans un secteur : « Mon père me disait que lorsqu'un endroit brûlait, le caribou partait pour une période de 30 à 35 ans » (15 octobre 2010). Willard Hagen a indiqué que le caribou des bois évitait plus particulièrement les secteurs ravagés par un incendie : « Pendant les relevés, nous avons remarqué que le caribou des bois se tenait loin de tout secteur brûlé. C’était la première fois que je participais à des relevés du caribou des bois. » (Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie, ruban 60.)

Photographie montrant Abe Paterson, un aîné Gwich'in.


Photo : GRRB

hotograph of Abe Paterson, a Gwich'in elder.

Certaines espèces, comme l'orignal, peuvent voir le nombre d’individus augmenter après un incendie, selon la disponibilité de nourriture. Par contre, la population de caribous des bois ne suit pas cette tendance, possiblement en raison de leurs exigences en matière d'habitat (Tom Wright, 12 octobre 2010). Les personnes interrogées connaissaient l’emplacement de certains incendies de forêt, mais il a été recommandé d’utiliser les cartes d'incendies produites par le GTNO puisqu’elles constituent la meilleure source pour connaître l'emplacement et l'étendue des incendies. Plusieurs incendies particulièrement importants ont été relevés, dont un qui avait traversé la rivière Peel jusqu'au Yukon avant d'entrer dans les Territoires du Nord-Ouest (Walter Alexie, 14 octobre 2010) et un autre qui s'était répandu de Frog Creek vers Fort McPherson (Abe Peterson, 14 octobre 2010). Les incendies de forêt ont des répercussions directes sur le caribou et autres animaux pendant que se déroulent les incendies, et l'effet peut être amplifié parce que le caribou a tendance à se disperser (John Norbert, 18 octobre 2010). Un incendie de forêt brûlera les petits animaux coincés dans son emprise, et les animaux plus gros pourront succomber par l'inhalation de fumée alors qu'ils tentent de s'enfuir (Abe Peterson, 14 octobre 2010).

Michael Pascal a mentionné que l'utilisation de sel sur la route Dempster avait un effet nuisible sur la terre en général. « Ce que je n'aime pas de la route, c'est le sel qu'on y ajoute. Je suis absolument contre cette pratique. Il y a les pratiques de contrôle de la poussière aussi. Je crois que le produit utilisé est toxique. Il y a même des arbres qui meurent le long de la route, alors ce ne doit pas être bon » (14 octobre 2010). Les déchets, comme les câbles et les produits chimiques laissés sur les terres peuvent avoir des répercussions sur le caribou. Un caribou peut s'emmêler dans des câbles ou consommer de l'antigel ou d’autre substance chimique (Willie Simon, 4 novembre 2010).

Un participant anonyme d'Inuvik a mentionné que la fragmentation de l'habitat le préoccupait. Il a également mentionné que les répercussions des activités industrielles sur le caribou pouvaient être atténuées en imposant des restrictions saisonnières sur certaines activités (2 novembre 2010). Bien qu'un grand nombre de personnes interrogées conviennent que le développement, par exemple les lignes sismiques, ne nuit pas nécessairement aux populations de caribou, les pressions qu’entraîne la chasse par l’homme et le loup sont plus grandes en raison de l'accès plus facile aux terres. James Firth croit que le développement a des répercussions sur le caribou : « Certainement le pipeline, la route et les activités gazières dans le secteur. Ils vont faire des routes partout et ce sera un fouillis complet. Les routes vont traverser directement l’habitat. » James croit que la route proposée dans la vallée du Mackenzie et le projet gazier Mackenzie modifieront considérablement les terres gwich’in en facilitant l'accès au territoire à un plus grand nombre de gens. Il croit qu'avant la mise en place de ces changements, des études d'utilisation des terres, des lois et des règlements qui protègent l'accès aux terres ainsi que d’autres politiques et changements juridiques doivent être mis sur pied pour protéger les animaux. Il donne l'exemple de la ligne Colt près de Fort Good Hope, qui donne accès à de nouvelles zones de pêche, de chasse au caribou des bois ainsi qu’à l’exploitation forestière et au bois de chauffage (3 novembre 2010). Il croit qu'il s'agit là d'une répercussion négative. Conrad Baetz avait quelques exemples à donner de dommages liés à l'exploitation industrielle, qui auraient des répercussions négatives sur le caribou. Les activités qui détruisent ou éliminent la couche de végétation entraînent la fonte du pergélisol et des dommages à la surface du sol. Il a également décrit plusieurs méthodes pour prévenir les dommages à la végétation, comme des pneus de protection sur les véhicules à chenilles (12 novembre 2010).

3.10 Santé animale

Les personnes interrogées s'entendaient pour dire qu’en général le caribou et particulièrement le caribou des bois était un animal en santé. Le caribou des bois est peut-être plus en santé que le caribou Porcupine puisqu'il ne migre pas sur la même distance. De plus, il ne subit pas la même pression de la chasse « parce que personne ne les dérange, ils ne font que manger » (Ernest Vittrekwa 15 octobre 2010). Il n'y a eu que des observations occasionnelles d'un foie taché ou d'un animal en mauvais état. Même la variation quant à la qualité de la carcasse était considérée comme étant normale. Par exemple, les portions infectées pouvaient être enlevées si elles ne s’étaient pas étendues à tout le corps. Un chasseur évalue l'état de santé du caribou avant et après l'avoir abattu. De loin, un caribou malade semble mince, ses côtes sont visibles et il peut sembler hésitant (Tom Wright, 12 octobre 2010). Un bon indicateur de santé animale est la présence de gras sous-cutané. Ce gras est si important que les chasseurs parlent souvent d'un animal « gras » comme étant un animal en santé. De loin, un chasseur peut évaluer la quantité de gras dans la croupe; la visibilité des os de la hanche indique un animal en mauvais état (Julie Ann Andre, 12 novembre 2010). Un caribou malade peut avoir l'estomac vide, ne pas manger et ne plus avoir de gras sous la peau (Albert Frost, 12 octobre 2010, Walter Alexie 14 octobre 2010). Lors du dépouillage, le chasseur évalue les organes en fonction de ses connaissances sur l'aspect d'un caribou en santé. Donc, toute déviation en matière de couleur, de fermeté ou autre est immédiatement notée. Les caribous malades ne sont habituellement pas prélevés. Toutefois, certains animaux qui présentent des petites taches ou des décolorations sur le foie et les poumons peuvent tout de même être mangés s'ils sont cuits correctement. De plus, si une blessure ou une infection ne touche qu'une partie du corps, la viande des autres parties peut être consommée.

Photographie de Harry Carmichael, un aîné Gwich'in.


Photo : GRRB

Photographie de Harry Carmichael, un aîné Gwich'in.

Tom Wright a déjà vu, du côté ouest du delta, un caribou avec une patte blessée. L'animal ne s'est pas sauvé en courant lorsqu’il l’a approché (12 octobre 2010). Albert Frost a remarqué une augmentation des caribous malades. « Il y a beaucoup de choses dans un caribou que je ne voyais pas avant : des parasites ou des champignons, des bosses sur les jambes (et la viande) et parfois des bosses dures blanchâtres entre la peau et la viande. J'en vois beaucoup depuis les 10 dernières années. Leurs articulations sont remplies de fluide jaune; on ne voyait jamais ça avant » (12 octobre 2010). Les chasseurs, comme Abe Peterson, Douglas Kendo et Ernest Vittrekwa ont indiqué s'être tournés vers la fourrure du caribou pour obtenir des indices sur leur état de santé. « Si vous êtes un très bon chasseur, vous savez quels caribous sont gras, car ils sont plutôt blancs. Si vous en voyez un foncé, il est malade » (Abe Peterson, 14 octobre 2010). Si le caribou ne mue pas pendant la bonne période de l'année, cela peut également indiquer qu'il n'est pas en santé (Harry Carmichael, 28 octobre 2010).

Il ne faut pas oublier que les animaux sont naturellement en moins bon état pendant la saison du rut. Habituellement, les gens évitent de chasser pendant cette période pour cette raison, car la viande peut être contaminée (Richard Ross a, par contre, entendu dire que le goût de la viande de caribou des bois ne s'appauvrit pas comme les caribous de la Porcupine mâles, 28 octobre 2010). Abe évite de chasser les plus gros mâles, car ils ont usé toutes leurs réserves; il préfère les animaux plus jeunes avec de petits bois. « Si vous tuez un gros mâle, il n'est pas si bon à manger. Leur bon gras est déjà parti » (Abe Peterson, 14 octobre 2010).

À l'occasion, certains caribous des bois sont atteints de la brucellose. On la remarque dans leurs articulations (Tom Wright, 12 octobre 2010). John Norbert a également prélevé un seul caribou avec cet étrange liquide dans les articulations. « J'étais près du lac Tenlen. Je venais de tuer deux caribous et je les dépouillais, c'est à ce moment que j'ai remarqué un liquide blanchâtre autour des articulations. » John n’a pas mangé ces caribous (18 octobre 2010).

On retrouve également certains parasites sur le caribou. Au printemps, le caribou peut avoir des parasites dans son nez; il éternue pour s'en débarrasser. Il peut également avoir des hypodermes dans sa fourrure, surtout sur son dos (Tom Wright, 12 octobre 2010). Les hypodermes constituent une occurrence normale au printemps. Les plaies sont guéries à l'automne, faisant en sorte que la peau durant la chasse d'automne est de meilleure qualité (Douglas Kendo, 18 octobre 2010). Wally McPherson a indiqué que la présence d'hypodermes, qu'il appelle bulldog, ne nuit pas à la comestibilité du caribou. Ils sortent de la peau lorsque les températures grimpent à l'été (28 octobre 2010).

3.11 Noms donnés au caribou en langue gwich'in

Le nom gwich'in pour le caribou est vadzaih. Pour les aînés Gwich'in, vadzaih se rapporte à tous les caribous, à savoir le caribou de la toundra, le caribou des bois et le caribou de la Porcupine. Toutefois, lorsqu'on leur demandait, les personnes interrogées utilisaient des marqueurs géographiques pour distinguer les différentes populations de caribou. Selon Emma Kay, le caribou des bois de la réserve Peel pouvait être identifié de cette façon. Robert Alexie père a mentionné une population de caribou des bois des montagnes au Yukon connue sous le nom de caribou de la rivière Hart; il a également appelé le caribou des bois du secteur de la rivière Snake, le caribou de la Snake (13 octobre 2010). Walter Alexie a mentionné que le caribou des bois pouvait être appelé Dachan tat gwavadzaih, ce qui se traduit par « parmi le caribou des bois » (14 octobre 2010; William George Firth, commentaire personnel, décembre 2010). Plusieurs personnes interrogées les nommaient vadzaih choo ou « gros caribou » (John Norbert, 18 octobre 2010, Michael Pascal, 14 octobre 2010).

3.12 Modification du territoire

« Et j'ai remarqué que le pergélisol fondait. Avant, nous allions cueillir des petits fruits et nous pouvions boire de l'eau n'importe où. Il y avait parfois des trous avec de l'eau; nous prenions l'eau et elle contenait de la glace, directement à la surface. Le pergélisol était à ce point près de la surface. Maintenant, on ne voit plus cela... et c'est dangereux de boire l'eau, peu importe l'endroit. » (Mary Teya, 14 octobre 2010)

Les Gwich'in ont remarqué des changements inquiétants qui touchent le territoire et le climat. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un des objectifs de ces entrevues, plusieurs personnes interrogées ont commenté ces changements, puisqu'ils sont considérés comme intimement liés au bien-être des animaux et des plantes récoltés par les Gwich'in. La présence d’incendies de forêt a augmenté depuis les années 60, et l'un des facteurs possibles est la plus grande fréquence de la foudre (Tom Wright, 12 octobre 2010). L’augmentation des glissements de terrain est également souvent mentionnée. Robert Alexie père a parlé d'un important glissement de terrain le long de la rivière Peel en novembre 2009 (13 octobre 2010), et Mary Teya a indiqué que le sol peut absorber beaucoup plus d'eau de pluie qu'avant, probablement en raison de la fonte du pergélisol (14 octobre 2010).

La quantité de précipitation a changé et les étés sont plus chauds et plus longs que jamais auparavant (Douglas Kendo, 18 octobre 2010). Michael Pascal s'inquiétait également des changements aux conditions de gel et du pergélisol causés par les températures plus chaudes :

Photographie montrant Michael Pascal père, un aîné Gwich'in.


Photo : GRRB

Photographie montrant Michael Pascal père, un aîné Gwich'in.

« Elle aurait dû être presque gelée [à la mi-octobre]. Habituellement, il fait moins 10 et la rivière est remplie de blocs de glace. (...) Il y a quelques années, alors que je vivais dans la toundra près de la colline avec mes parents, nous chassions ou faisions autre chose. Nous relevions la croûte, comme du beurre ou du lard, coupions la mousse, qui est très mince, pour apercevoir de la glace dure. Nous y placions la nourriture et remettions la mousse de sorte que la nourriture gelait complètement. Maintenant, nous devons creuser environ deux pieds pour atteindre cette glace. C'est un changement important. Avant, nous utilisions un simple couteau et maintenant nous devons creuser presque trois pieds pour atteindre la glace. Il y aura bientôt beaucoup de glissements de terrain (Michael Pascal, 14 octobre 2010). La tendance au réchauffement peut aussi influer sur le corps du caribou. Par exemple, les conditions qui déclenchent la pousse de la fourrure hivernale du caribou peuvent ne plus correspondre aux conditions météorologiques actuelles. » (Julie Ann Andre, 12 novembre 2010).

La fonte du pergélisol entraîne également des changements pour les lacs, possiblement en raison de la plus grande absorption d'eau par le sol. Les niveaux d’eau plus bas des lacs peuvent avoir des répercussions sur beaucoup d'espèces animales, comme le castor et le caribou. « Tous les lacs vont peut-être bientôt sécher et l'eau se perdra dans le sol, poussant le caribou à partir » (Ernest Vittrekwa, 15 octobre 2010). Le caribou peut également être touché si l'augmentation de la pluie fait en sorte de gonfler les rivières normalement traversées par le caribou. Certaines personnes interrogées ont remarqué que la quantité de pluie semble augmenter (Douglas Kendo, 18 octobre 2010, Willie Simon, 4 novembre 2010).

La température automnale est la plus grande menace actuellement
(James Simon, 3 novembre 2010)

Walter Alexie a décrit comment certains changements que subit le territoire nuisaient à sa capacité à chasser. Les secteurs où il y a eu des incendies de forêt sont rapidement envahis de broussailles, les rendant impraticables. Il y a même d'autres endroits boisés qui pouvaient auparavant être traversés en raquettes pour chasser l'orignal et qui sont devenus impraticables en raison de la profusion de saules et bouleaux.

Les lignes sismiques se couvrent également de végétation de sorte à ne plus être aussi utiles pour le trappage. Par le passé, les sentiers et pistes de trappage n'avaient pas à être dégagés, mais c'est maintenant devenu essentiel (Walter Alexie, 14 octobre 2010). Wally McPherson a également indiqué que les changements climatiques influaient également sur la manière dont les gens utilisaient le territoire. Le gel survient plus tard et à un rythme différent, rendant les conditions de déplacement non sécuritaires (28 octobre 2010).

La pluie et la pluie verglaçante du début de l'hiver ont été mentionnées par plusieurs personnes interrogées. La pluie verglaçante entraîne la formation d'une croûte sur la glace, rendant plus difficile le déplacement du caribou (anonyme, 2 novembre 2010, James Firth, 3 novembre 2010). Cela nuit à leur liberté de mouvement, facilitant également la tâche aux prédateurs (Julie Ann Andre, 12 novembre 2010). Les pluies tardives et les pluies hivernales peuvent également faire geler la nourriture dont a besoin le caribou (John Norbert, 18 octobre 2010). Richard Ross a entendu parler de plusieurs occasions où le caribou ou le bœuf musqué ont péri à la suite de pluies automnales ou hivernales ayant gelé la nourriture disponible (28 octobre 2010). La croûte gelée sur la neige peut pousser le caribou des bois d'un secteur, peut-être temporairement (Douglas Kendo, Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie, ruban 11). La croûte sur la neige peut également être causée par des vents hivernaux chauds, bien qu’il ne soit pas clair si ces vents sont causés par les changements climatiques ou s'ils sont habituels (Willie Simon, Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie, ruban 62).

Le comportement et la distribution des animaux ont également changé. Les castors sont actuellement très présents, trop disent certains, et ils construisent leurs barrages et cabanes à des endroits où ils ne le faisaient pas dans le passé. Toutefois, la population du castor ne semble pas influer sur celle du caribou (Walter Alexie, 14 octobre 2010, Abe Peterson, 14 octobre 2010). Certaines personnes interrogées ont indiqué que la population de loutres a également augmenté en nombre et en étendue et certains croient qu’elles sont dangereuses. Les grues peuvent également présenter un danger lorsqu'elles protègent leurs petits. Plusieurs personnes près de Fort McPherson ont aperçu un couguar au cours des dernières années (Emma Kay, 13 octobre 2010, Robert Alexie, 13 octobre 2010). Willie Simon a peut-être vu un couguar dans les années 60 et il se demandait également si certaines des pistes vues dernièrement dans le delta ne seraient pas celles d'un coyote (4 novembre 2010).

Ce ne sont pas toutes les personnes interrogées qui étaient d'accord pour dire que les changements climatiques étaient à la base des modifications du territoire. Certaines se demandaient si des conditions météorologiques cycliques étaient la cause des pluies verglaçantes récentes qui entraînaient des problèmes pour le caribou (Conrad Baetz, 12 novembre 2010).

4. Gestion du caribou boréal

4.1 Chasse de subsistance du caribou boréal

Le caribou des bois est habituellement prélevé de façon fortuite. S'il est aperçu pendant un circuit de trappage ou si la situation le permet, il est abattu et la viande est apportée au camp ou en ville. Les participants ont chassé le caribou des bois dans tous les secteurs de leur habitat connu où ils trappent et se déplacent. Voir les indications sur la carte aux figures 4, 5 et 6 ci-dessus.

Quelques personnes interrogées ont dit avec humour qu'une personne a plus de chance de voir un caribou des bois lorsqu'elle n'est pas armée.

Albert Frost a changé de secteur de chasse au caribou des bois à la suite du déclin de la population et des interdictions de chasse qui s'ensuivirent (12 octobre 2010). Conrad Baetz a indiqué qu'il avait cessé de chasser le caribou au cours des dernières années en raison du déclin de la population (12 novembre 2010). Julie Ann Andre a recommencé à chasser seulement lorsque la taille de la harde le permettait. « Si je vois un caribou seul, je ne tirerai pas, mais si je vois un troupeau de 5 ou 6 individus, je vais peut-être en tuer un » (12 novembre 2010).

Lorsqu'on a demandé aux personnes interrogées quel caribou elles chasseraient si elles avaient le choix entre le caribou des bois et le caribou de la toundra, leurs réponses étaient variées. Albert Frost choisirait le caribou des bois. Il a indiqué que cela était lié aux interdictions de chasse au caribou de la toundra. Il y avait une certaine confusion exprimée par les personnes interrogées relativement au déclin de la population de caribou.

Dans le passé, la viande de caribou était préparée à l'entreposage par séchage ou fumage. « Les chasseurs coupaient la viande sur le terrain, la fumaient à moitié et la séchaient. La viande est toujours séchée aujourd'hui » (Emma Kay, 13 octobre 2010). Dans le passé, autant de caribous que possible étaient prélevés comme source de nourriture ou pour d'autres usages. La viande de la tête était utilisée, ainsi que les peaux, les pattes et même les tendons. « Quand les temps sont durs, vous pouvez le tremper et le faire cuire, vous pouvez même en faire un bouillon à soupe » (Mary Teya, 14 octobre 2010). Les petits sabots des pattes arrière étaient transformés en instrument sonore pour attirer le caribou pendant la chasse. « Ils les enlèvent et y passent une corde. Ils les conservent pour la chasse, comme pendant l'hiver lorsqu'il fait froid... ils les apportent et les brassent. Le bruit ainsi produit attire l'animal, c'est un bruit semblable à celui que fait le caribou en creusant dans la neige » (Mary Teya, 14 octobre 2010). La peau du caribou était tannée et utilisée pour différents usages, ou vendu ou séché avec la fourrure pour sa chaleur exceptionnelle (Mary Teya, 14 octobre 2010). Les os étaient broyés et bouillis pour faire de la graisse qui était mangée avec la viande séchée ou bouillie; la moelle était également conservée. La moelle ou la graisse était conservée dans l'un des estomacs de caribou.

Dans le passé, les chasseurs de la région au nord du fleuve Mackenzie obtenaient plus de succès. Barney Natsie se souvient d'un lointain hiver où son groupe avait chassé 40 caribous des bois en traîneau à chiens près du lac Wood Bridge. Même s'il possédait une grande équipe de 8 chiens, il était quand même seulement capable de transporter 2 caribous à la fois dans son traîneau (Étude sur les noms de lieux gwichya gwich'in 1993, ruban 31).

Les personnes interrogées avaient diverses opinions sur les différences de goût entre le caribou des bois et le caribou de la Porcupine ou le caribou Bluenose; cela semble être une question de goût personnel. Les gens élevés en mangeant un type de caribou auront plus tendance à le préférer aux autres. Toutefois, le consensus était que tout type de caribou était goûteux. La différence de goût est possiblement liée aux habitudes alimentaires (Walter Alexie, 14 octobre 2010). Michael Pascal a indiqué que la viande du caribou des bois est moins tendre et il a dit que sa famille préférait le caribou de la Porcupine. « Je crois qu'il mange le saule, comme l'orignal, et son goût s'en rapproche. » (Michael Pascal, 14 octobre 2010). Wally McPherson convient que le caribou des bois mange plus de saules et de feuilles, ce qui lui donne un goût distinct (28 octobre 2010).

L’ORRTG a effectué une étude du caribou des bois en 2001. Cette étude était axée sur la cartographie. Toutefois, plusieurs Gwich'in interrogés avaient transmis l'information saisonnière suivante sur leurs animaux préférés à chasser : les mâles étaient chassés en septembre et octobre et encore en janvier et février; les femelles étaient chassées de la fin octobre à décembre. Les femelles sans petit sont chassées en tout temps et sont souvent les plus « grasses ».

4.2 Protection

Il peut être difficile de mettre de côté un secteur particulier pour la protection du caribou des bois, car il se déplace sur de grandes distances. Toutefois, Albert Frost a indiqué qu'on devrait protéger un secteur au nord du lac Caribou. Selon lui, les populations semblent avoir augmenté dans les secteurs où la chasse au caribou a été interdite. La chasse dans plusieurs secteurs autour d'Inuvik est contrôlée par un système d'étiquetage. De plus, il a mentionné que s’il y avait des activités de chasse dans un secteur, le caribou pouvait quitter ce secteur (12 octobre 2010). Walter Alexie a indiqué que la réserve Peel constituait un habitat important pour le caribou des bois et qu'il devait être protégé (14 octobre 2010)

Ernest Vittrekwa a indiqué que le caribou des bois utilisait les petites collines de la réserve Peel l'hiver : « Ils les utilisent, car il y a moins de neige pour se rendre à leur nourriture. » Il croit aussi que le secteur entre Frog Creek et Point Separation constitue un habitat estival important pour le caribou (15 octobre 2010).

Les aînés savaient quand arrêter. Ils savaient comment chasser. Ils en chassaient seulement pour subvenir à leurs besoins. Mais ce n'est plus le cas, les jeunes sont moins disciplinés et ils ne savent pas tirer. Maintenant, vous pouvez voir un caribou boiter... Je l'ai vu, c'est pourquoi j'en parle. Ce n'est pas bon.
(Emma Kay, 13 octobre 2010).

Selon certaines personnes interrogées, il se peut que les relevés aériens de population effectués par les biologistes étudiant le caribou soient incorrects. Ils peuvent rater des portions de hardes et sous-évaluer le nombre. Une perspective équilibrée est importante.

Un participant anonyme a indiqué qu'il était contraire à l'éthique de poser des colliers aux caribous aux fins de recherche scientifique. D'autres types de recherche devraient remplacer les projets avec collier (2 novembre 2010).

4.3 Pratiques de gestion traditionnelles

Les pratiques de gestion traditionnelle étaient basées sur le respect, et la viande était partagée généreusement. De nos jours, lorsqu'il existe des tensions sociales, on n'enseigne pas nécessairement aux jeunes les valeurs du respect du caribou et des autres animaux, et ils peuvent chasser d'une manière inacceptable, y compris prendre un tir voilé et gaspiller la viande.

« Des gens, comme moi, disent que nous n'étions pas meilleurs. Mais nous avons grandi avec une dépendance à la viande, la viande du caribou ou de l'orignal, ou toute autre viande que nous pouvions obtenir. Et nous en avions besoin pour survivre. Alors, nous utilisions chaque parcelle. Nous prenions soin de notre viande. Même aujourd'hui, je conserve chaque pièce de viande. » (Mary Teya, 14 octobre 2010)

La pratique traditionnelle gwich'in était de tuer avec respect, de consommer tout l'animal et de le partager avec ses voisins et sa famille. Un petit était seulement tué si sa mère l'était (Étude 2001 de l’ORRTG sur la population boréale du caribou des bois).

« Aujourd'hui j'aimerais pouvoir aider tous mes petits-enfants. Leur montrer tout ce que je connais. Maintenant, ce que nous faisons en racontant et partageant nos histoires nous permet de transmettre nos connaissances à nos enfants. Nous racontons nos histoires afin que nos enfants apprennent. Montrez-le à vos enfants. Lorsque la chasse est terminée et que le gibier est abattu, la viande et le gibier doivent être utilisés respectueusement, et la viande doit être préparée avec soin et respect. Aujourd'hui, je vois que cela a également changé. Autrefois, lorsque nous voyagions à la montagne et préparions la viande, les hommes chassaient, tuaient leur proie et préparaient la viande. Premièrement, ils dépouillaient leur gibier. Cela était fait avec soin et respect. J'allais au site d'abattage et tout était très bien préparé. Il n'y avait pas un poil sur la viande. Je plaçais la peau dans le traîneau et la viande dans la peau. » (Eunice Mitchell, Projet de la biographie des aînés, ruban 8, 9 juillet 2000)

De plus, la famille traditionnelle et le système interfamilial d'établissement des règles ne sont plus ce qu'ils étaient, et les règlements gouvernementaux ont pris la place des conseils et de la direction de ceux qui méritent le respect en raison de leur expérience. Même les règlements gouvernementaux ne sont pas suivis.

« Vous pouvez créer tous les règlements que vous souhaitez, mais si vous ne les appliquez pas, cela sert à quoi? » (Tom Wright, 12 octobre 2010). Dans le passé, la nécessité guidait également la chasse respectueuse du caribou.

« J'ai vu un vieil homme à McPherson. Il devait avoir au moins 75 ans. Il partait dans les collines avec 3 ou 4 chiens. Il avait 3 cartouches. Il partait avec 3 cartouches et revenait avec 4 caribous. Il attendait qu'ils s'enlignent avant de tirer. Ce que je veux dire c'est que les gens savaient tirer et que ces connaissances disparaissent. Ils ne s'en font pas, c'est trop facile aujourd'hui. » (Tom Wright, 12 octobre 2010)

Certains chasseurs ne suivent plus les pratiques traditionnelles. Ils peuvent chasser le caribou en motoneige, tirer sans faire attention et blesser un animal, ou ils peuvent en tuer trop. Selon plusieurs personnes interrogées, ces pratiques doivent cesser pour la santé des populations de caribou (Tom Wright, 12 octobre 2010, Albert Frost, 12 octobre 2010). « Une année, j'ai vu quelque chose que je n'ai pas aimé... quelqu'un qui chassait le caribou sur une grosse motoneige. Ce n'est pas une méthode humaine, car tous les caribous étaient exténués » (Emma Kay, 13 octobre 2010). Wally McPherson croit que l'indiscipline des jeunes joue un rôle dans leur style de chasse. Au lieu d'adopter une approche mesurée et de consulter les autres chasseurs, ils partent chasser le caribou sur leur motoneige. Leur approche cavalière leur assure d'un succès de chasse moindre. Il a également vu des caribous blessés et souffrant d'infections, laissés en vie, mais en mauvais état après avoir été atteints d'une balle. Wally a également vu des braconniers prélever illégalement le caribou à partir de la route, et il a vu des preuves que des chasseurs ne prélevaient que la croupe et le quartier arrière du caribou, laissant pourrir le reste de la carcasse (28 octobre 2010).

Mary Teya a parlé du manque de respect pour le caribou qu'elle voit et entend de la part des membres de sa famille qui chassent. Elle a mentionné la viande gaspillée laissée sur les terres et elle a parlé de la tristesse qui l'habitait lorsqu'elle entendait parler des gens qui ne suivaient pas les pratiques traditionnelles relativement au respect du caribou. Elle a mentionné que si les gens ne respectaient pas les principes de respect du caribou des Gwich'in, c’est-à-dire prendre seulement ce qui est nécessaire, ne pas chasser uniquement pour vendre le produit de la chasse et ne pas gaspiller la viande, le caribou pourrait changer ses habitudes de migration ou ses habitats et ne plus être disponible. « S'ils veulent continuer à avoir accès au caribou, ils devront faire preuve de respect et faire attention à la manière dont ils le traitent et le chassent » (14 octobre 2010).

Et je crois que si je n'utilise pas tout l'animal, je serai malchanceuse la prochaine fois.
(Julie Ann Andre, 12 novembre 2010)

Dans le passé, les exigences liées aux peaux de caribou et aux méthodes de préservation de la viande limitaient également le temps accordé à la chasse (Douglas Kendo, 18 octobre 2010). Les anciens chasseurs et leurs familles pouvaient facilement se déplacer vers de nouveaux secteurs et de nouvelles ressources, ce qui allégeait la pression de chasse. « Ils ne restaient jamais longtemps à un endroit, peut-être deux ans, et ils changeaient de secteur. Par exemple, les gens montaient au nord de la rivière Rouge et l'année suivante ils pouvaient descendre vers le lac Travaillant où il y a beaucoup de poisson et d’autres animaux. » Les gens utilisaient également une plus grande partie de la carcasse, y compris les tendons du sabot, qui pouvaient être séchés et utilisés dans les moments difficiles (John Norbert, 18 octobre 2010).

Les portions non comestibles de la carcasse étaient utilisées pour confectionner des outils et des vêtements, pour nourrir les chiens ou comme leurre (James Firth, 3 novembre 2010).

« Si l'on retourne au temps des premières motoneiges, elles étaient plus lentes et moins confortables; le voyage aller-retour entre Inuvik et le lac Parsons était difficile sur les reins. La journée était longue et pénible. Et il était seulement possible de rapporter environ cinq caribous dans un traîneau. Depuis 10 ou 15 ans, il existe des motoneiges avec des moteurs de 800 cc refroidis par liquide qui peuvent tirer un cheval et vous transporter de Tuk à la rivière Anderson en un après-midi. Donc, dans l'ancien temps, le caribou pouvait toujours récupérer lorsqu'ils n'étaient pas à proximité d'une collectivité. Maintenant, s'ils ne sont pas près de la collectivité, les gens se branchent sur Internet pour savoir où sont les colliers satellites. Supposons qu'il y a un troupeau à la rivière Anderson, ils peuvent s'y rendre en un après-midi et revenir le lendemain matin avec un traîneau rempli de 25 caribous, 25... J’exagère peut-être. Les motoneiges plus grosses et puissantes et le nombre accru de membres dans nos collectivités ont ajouté à la pression de chasse sur le caribou et je crois que cette pression n'est pas vraiment reconnue. » (Conrad Baetz, 12 novembre 2010).

John Norbert a suggéré que l'importance du caribou comme source de nourriture traditionnelle et l'importance de la conservation de l'espèce doivent être équilibrées :

Photographie montrant John Nobert, un aîné Gwich'in.


Photo : GRRB

Photographie montrant John Nobert, un aîné Gwich'in.

« Le caribou fait partie de notre alimentation. Mais nous devons aussi apprendre à gérer cette ressource. Dans certains secteurs, il y a moins de caribou et on a seulement le droit d'en tuer un. Allez-y et tuez-en un, seulement un. Puisque vous devrez apprendre à gérer les animaux sur vos terres. Vous savez, vous ne pouvez pas dire que vous mangez du caribou si la loi vous permet seulement d'abattre un caribou dans une certaine zone. Vous pouvez en tuer dix, car vous en mangez. Mais alors vous enfreignez la loi en plus de prélever trop de caribou. » (18 octobre 2010)

Les personnes interrogées ont suggéré que la formation des jeunes, avec des programmes de formation sur le terrain offerts dans les écoles, une formation continue des parents ainsi que des mentorats jeunes-aînés, pourraient constituer d’excellents moyens de remettre les habitudes de chasse traditionnelles des Gwich'in à l’ordre du jour et de faire la promotion de l'usage respectueux du caribou.

5. Experts consultés

Les chasseurs et aînés suivants ont été interrogés pour l'étude sur les connaissances traditionnelles gwich’in sur le caribou des bois en 2010.

  • Tommy Wright, Inuvik
  • Albert Frost, Inuvik
  • Emma Kay, Fort McPherson
  • Robert Alexie Sr, Fort McPherson
  • Walter Alexie, Fort McPherson
  • Michael Pascal Sr, Fort McPherson
  • Mary Teya, Fort McPherson
  • Abe Peterson, Fort McPherson
  • Ernest Vittrekwa, Inuvik
  • Doug Kendo, Tsiigehtchic
  • John Norbert, Tsiigehtchic
  • Albert Ross, Tsiigehtchic
  • Harry Carmichael, Aklavik
  • Richard Ross Sr, Aklavik
  • Wally McPherson, Aklavik
  • Anonymous, Inuvik
  • James B. Firth, Inuvik
  • Willie Simon, Inuvik
  • Conrad Baetz, Inuvik
  • Julie Ann Andre, Inuvik/Tsiigehtchic

Annexe 1 : Déclaration de consentement éclairé

Connaissances traditionnelles gwich’in du caribou des bois (population boréale)

Interviewé : 

Numéro d'entrevue :  
  Date: 

Communauté:   

Endroit :  

Intervieweur(s) :   

Traducteur :   

Autres personnes présentes :   

La personne interrogée devra lire ce formulaire de consentement au début de la séance d’entrevue. Au besoin, elle pourra demander qu’on lui en fasse la lecture, ou qu’on lui traduise. L'intervieweur doit s'assurer que les participants comprennent parfaitement le projet avant de leur demander leur consentement.

Contexte

Environnement Canada prépare un programme national de rétablissement du caribou des bois, population boréale, inscrit au registre des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Le Ministère croit que les connaissances traditionnelles peuvent jouer un rôle important dans la planification de rétablissement du caribou des bois.

L’ORRTG et l’ISCG passent en entrevue des détenteurs de connaissances traditionnelles gwich’in pour le compte d'Environnement Canada afin de recueillir de l'information qui sera utilisée dans la planification du rétablissement du caribou des bois. Celle-ci comprend la préparation d'un programme de rétablissement et d'au moins un plan d'action.

Objectifs de l'étude

Les objectifs de cette étude sont de recueillir les connaissances que possède la collectivité sur le caribou des bois, dont les observations effectuées sur le terrain, l’importance de l’espèce, la description physique, la distribution, l'habitat, la taille et les tendances de la population, les facteurs limitatifs et les menaces ainsi que la santé de l’espèce. Ces connaissances seront utiles aux collectivités en ce sens qu'elles constitueront un document d'archives qui sera accessible pour les générations à venir, et qu'elles seront utilisées dans la planification du rétablissement et la gestion des ressources.

Enregistrement de l'entrevue

Avec votre permission, l'entrevue sera enregistrée et une transcription sera produite. La transcription constitue un document écrit de l'entrevue qui servira à la rédaction de rapports et à extraire de l’information ultérieurement. L'information marquée sur les cartes sera numérisée ou tracée dans un système de cartographie numérique.

Vérification de l'information

Les entrevues seront transcrites et un compte rendu sera rédigé. À la suite de l'entrevue, vous pouvez demander à recevoir la transcription de l'entrevue et vous aurez l'occasion de corriger toute information qui a été enregistrée. Une réunion de vérification sera organisée à une date ultérieure afin de revoir les résultats issus de l'étude sur les connaissances traditionnelles. Les chasseurs de caribous en provenance de toutes les collectivités gwich'in y seront invités, et il sera possible d’apporter des corrections et des modifications à l’information pendant la réunion.

Langue :

Si vous préférez passer votre entrevue en gwich'in, nous pouvons demander les services d'un traducteur.

Conservation des données

Les documents d'origine, qui peuvent comprendre des fichiers audio, des notes manuscrites, des transcriptions, des traductions, des cartes, des vidéos et des photographies seront conservés au bureau de l’ORRTG, à Inuvik. Un exemplaire du rapport final sera distribué à chaque organisation concernée aux fins de consultation par l'Aurora Research Institute. En vertu de la politique sur les connaissances traditionnelles gwich’in (Gwich'in Tribal Council [GTC], 2004) et conditionnellement à votre acceptation, une copie des entrevues sera remise au GSCI aux fins d'archivage et d'utilisation ultérieure dans le cadre d’études sur l'héritage ou les connaissances traditionnelles. L’ISCG recevra également tous les rapports, cartes, affiches, etc. issus de cette étude. Environnement Canada recevra un compte rendu et des cartes en format papier et numérique aux fins d'utilisation dans le processus de planification du rétablissement du caribou des bois, qui seront conservés au bureau de Yellowknife et également remis à l'équipe qui rédige le programme national de rétablissement du caribou des bois.

Une copie de tous les documents de recherche sera également déposée à la section de l’ISCG des archives territoriales, à des fins de conservation en cas d'incendie.

Utilisation de l'information

L'information recueillie pour l'étude sera utilisée pour rédiger un rapport qui sera distribué aux organismes communautaires et qui sera rendu public. Ce compte rendu sera ensuite partagé avec Environnement Canada qui l'utilisera pour la planification de rétablissement. Il pourrait également être partagé avec les provinces et les territoires concernés afin qu'ils puissent bénéficier de cette information et éviter de poser les mêmes questions aux détenteurs de connaissances. D'autres chercheurs pourraient vouloir utiliser cette information dans le futur. L'accès à la documentation d'origine sera contrôlé par l’ORRTG et l’ISCG (détenteurs des documents d'origine).

Financement

Le financement de cette étude a été fourni par Environnement Canada, avec un soutien en nature provenant de l’ORRTG et de l’ISCG.

Rémunération

Vous recevrez des honoraires de 50 $ de l'heure pour le partage de vos connaissances et votre temps. Vous serez rémunérés par chèque par le bureau de l’ORRTG à Inuvik, et le chèque vous sera posté dans la semaine qui suit. Une facture sera remplie à la fin de l'entrevue.

Confidentialité

Les noms des personnes interrogées demeureront confidentiels à moins d'une autorisation contraire de votre part. Toutefois, l’ISCG suggère que les aînés gwich'in et les participants fournissent leur nom dans l'étude. L’ISCG est conscient que les Gwich'in aiment savoir qui fournit les connaissances traditionnelles, et leurs noms sur les rubans ou transcriptions et dans les rapports finaux ajoutera à la crédibilité des connaissances traditionnelles fournies.

Participation

Votre participation à cette entrevue est entièrement volontaire. Vous avez le droit de refuser de répondre à des questions qui vous gênent. Vous avez également le droit d'arrêter l'entrevue à tout moment et de mettre fin à votre participation à l'étude en tout temps, même après la tenue de l'entrevue. Vous n'avez pas à répondre aux questions qui vous embêtent et vous pouvez arrêter l'entrevue en tout temps.

Acceptez-vous de vous faire interroger pour ce rapport?

Souhaitez-vous être crédité pour l'information que vous fournissez? C'est-à-dire, pouvons-nous utiliser votre nom dans le rapport? Sinon, la confidentialité de votre nom est assurée.

Pouvons-nous enregistrer cette entrevue?

Le GSCI et le GRRB peuvent-ils utiliser des cassettes audio et des transcriptions à d'autres fins, comme des publications, des rapports, des sites Web, etc.?

Pouvons-nous prendre votre photo pour l'utiliser dans ce rapport?

Pouvons-nous utiliser ces photos à l'avenir pour d'autres fins, comme des publications, des rapports, des affiches, des sites Web, etc.?

Voulez-vous recevoir une copie de l'enregistrement de l'entrevue?

Voulez-vous recevoir une copie de la transcription de l'entrevue?

En signant ci-dessous, vous donnez votre consentement éclairé à cette entrevue. Nous respectons les choix que vous avez faits en remplissant ce formulaire de consentement.

X  
Date:     

Témoin
  Date:   

Annexe 2: Questionnaire d'entrevue

Questionnaire pour les entrevues sur les connaissances traditionnelles gwich’in relatives au caribou des bois

Les Intervieweurs doivent Apporter:
  • Des cartes de grand format permettant de dessiner dessus
  • Des marqueurs de couleur
  • Des cartes indiquant la répartition du caribou des bois Le questionnaire
  • Le formulaire de déclaration de consentement éclairé

Les questions suivantes ont été conçues pour obtenir de l'information sur le caribou des bois et une meilleure compréhension des facteurs suivants : leurs frontières, l'information sur la population, l'utilisation de l'habitat, les tendances de la population et les menaces. Il est attendu que les entrevues avec les détenteurs de connaissances suivront leur cours en fonction de la personne interrogée, et ce ne sont pas toutes les questions qui seront posées au détenteur de connaissances. Ces questions sont plutôt fournies afin d’aider l'intervieweur à poser les bonnes questions pendant le déroulement de l'entrevue. Il est nécessaire que l'entrevue traite, dans une certaine mesure, des idées générales qui ont été mentionnées précédemment. En vue d’aider l'intervieweur, un certain nombre de sections et de questions ont été surlignées ci-dessous, ce qui lui permettra de déterminer l'information clé requise.

Vérifiez la déclaration de consentement éclairé. La personne interrogée signe la déclaration de consentement éclairé

Établissement du rapport et renseignements généraux

Mentionnez aux personnes interrogées que l'entrevue peut durer une heure ou plus.

  • En quelle année êtes-vous né? (Si elles souhaitent partager cette information.) Cela donne un aperçu de l'échelle temporelle afin de relativiser l'information partagée sur le caribou des bois.
  • Avez-vous toujours vécu à ?
    Sinon, où avez-vous habité?
  • Combien de temps passez-vous sur le territoire chaque année? Durant quels mois passez-vous habituellement du temps sur le territoire?
  • Quels types d’activités pratiquez-vous actuellement sur le territoire? Quels types d’activités pratiquiez-vous sur le territoire lorsque vous étiez plus jeune?
  • Comment et à quel moment de l'année observez-vous habituellement le caribou?
  • Pouvez-vous facilement différencier le caribou des bois du caribou Bluenose ou de la Porcupine? Existe-t-il un nom distinct pour le caribou des bois en gwich'in?
  • Quel est ce nom? Quelle importance revêt le caribou des bois pour vous et votre collectivité?
Exercice de cartographie :

Pouvez-vous indiquer sur cette carte (carte détaillée de la région immédiate) :

  • Les secteurs où vous passez du temps sur le territoire (maintenant et dans le passé)? Encerclez les secteurs que vous connaissez le mieux. Si les secteurs sont distincts, veuillez indiquer votre expérience pour chaque secteur;
  • Précisez les secteurs où se trouve le caribou des bois par rapport aux autres types de caribou;
  • Les secteurs où vous constatez la présence de caribou l'hiver, aujourd’hui et dans le passé. Considérez-vous que l'un de ces secteurs est important pour le caribou pendant l'hiver?
  • Les secteurs où vous constatez la présence de caribou l'été, aujourd’hui et dans le passé. Considérez-vous que l'un de ces secteurs est important pour le caribou pendant l'été?
  • Les secteurs où vous constatez la présence de caribou pendant la mise bas, maintenant et dans le passé.
  • Considérez-vous que l'un de ces secteurs est important pour le caribou pendant la mise bas?
  • Tout secteur touché par un incendie de forêt au cours des 50 dernières années (depuis les années 60).
  • Tout secteur touché par un incendie de forêt depuis plus de 50 ans (avant les années 60).
  • Tout secteur que vous croyez important pour la protection du caribou des bois
Limites de l’aire de répartition
  • Le caribou des bois se tient-il en groupes ou en hardes?
  • Si oui, pouvez-vous différencier les groupes?
  • Quelles hardes ou quels groupes de caribou connaissez-vous dans votre région?
  • Comment les différenciez-vous des autres caribous des bois?
  • S'il existe plus d'une harde, est-ce qu’elles se mélangent ou se côtoient?
  • Pouvez-vous dessiner sur la carte le territoire des populations locales dont vous connaissez l'existence?
  • Avez-vous aperçu un caribou des bois à l'extérieur des limites indiquées sur cette carte?
Utilisation de l'habitat
  • Quels types de plantes mange le caribou l'été? L'automne? L'hiver? Le printemps?
  • Utilisent-ils les plantes et les arbres autrement que pour se nourrir?
  • Existe-t-il des éléments contenus dans le paysage qu’utilise le caribou (fournir des exemples)? Pourquoi et à quel moment?
Tendances de la population

Est-ce que l’effectif du caribou boréal a changé dans votre région au fil du temps?

  1. Voyez-vous plus ou moins de caribous que lorsque vous étiez plus jeune?
  2. D’après ce que vous ont raconté vos parents ou vos grands-parents, diriez-vous qu’il y a plus ou moins de caribous aujourd’hui?
  • Dans le passé, chassiez-vous le caribou des bois? Si oui, avez-vous changé vos pratiques de chasse en raison d'un déclin ou d'une augmentation des populations de caribou des bois?
  • Si vous chassez toujours le caribou boréal, est-il plus facile ou plus difficile de le chasser aujourd’hui? Préférezvous chasser d’autres animaux? Lesquels et pourquoi?

Survie des petits (particulier à une région donnée, selon l'information de l’examen scientifique)

  • Avez-vous de l'information relative à la survie des petits du caribou des bois?
Facteurs ayant menés à l'augmentation/la diminution des populations locales (menaces)
Habitat
  • À votre avis, quels types d’activités modifient ou détruisent l’habitat du caribou?
  • Quels changements avez-vous observés sur le territoire au cours de votre vie pouvant avoir changé la façon dont le caribou l’utilise?
Incendies de forêt
  • En quoi les incendies de forêt changent-ils la façon dont le caribou boréal utilise le territoire?
  • Est-ce que le caribou boréal retourne dans les zones brûlées? Si oui, après combien de temps y retourne-t-il et quelles y sont leurs activités?
Industrie et développement
  • Avez-vous observé le caribou boréal utiliser ou éviter des zones modifiées par des activités industrielles ou des projets d’exploitation? Pouvez-vous donner des exemples précis? Par exemple, les lignes sismiques, les routes, etc.?
Prédation
  • Y a-t-il plus de prédateurs (comme le loup, l’ours ou le lynx) maintenant qu’il y en avait dans le passé dans les régions où se trouve le caribou boréal?
  • Avez-vous vu des changements dans les populations d'autres espèces proies, comme le castor, le bœuf musqué, l'orignal ou le caribou de la toundra, dans les secteurs qu'ils partagent avec le caribou des bois?
  • Y a-t-il de nouvelles espèces proies dans votre région ou y en a-t-il des différentes?
  • S’il y a eu un changement dans le nombre de prédateurs, croyez-vous que ces changements ont une incidence sur le caribou des bois?
  • Si le nombre de castors, d'orignaux ou d'autres espèces proies a changé, croyez-vous que ce changement influe sur le caribou des bois?
Parasites et maladies du caribou
  • Comment savez-vous si un caribou est en santé? Avez-vous remarqué des changements relativement à la santé du caribou dans votre région? Existe-t-il d'autres indications de la santé du caribou (comme la taille, le comportement, les parasites ou un taux de mortalité accru) pour lesquelles vous avez remarqué des changements?
  • D'après vous, quelle en est la cause?
  • Avez-vous remarqué une relation entre la santé du caribou et l'arrivée de nouvelles espèces?
Perturbations causées par le bruit et la lumière
  • Avez-vous remarqué s’il y avait des bruits ou de la lumière d’avions, de motoneiges, de véhicule tout terrain (VTT) ou des industries qui dérangent le caribou boréal dans votre région?
  • Si oui, en quoi cela dérange-t-il le caribou?
  • Avez-vous remarqué si cette situation est plus problématique dans certains secteurs?
  • Avez-vous des suggestions pour régler ce problème?
Chasse excessive
  • Est-ce que le caribou des bois fait l’objet d’une chasse excessive dans votre région?
  • Avez-vous remarqué des changements relativement à la pression qu’exerce la chasse sur le caribou des bois dans votre région? (c'est-à-dire, quelle ampleur prend la chasse au caribou)
Collisions avec des véhicules
  • D’après votre expérience ou vos observations, y a-t-il des collisions entre les véhicules et le caribou des bois dans votre région?
  • À quelle fréquence se produisent ces collisions? Par exemple, combien a-t-il eu de collisions et à quelle fréquence?
  • Existe-t-il des endroits particuliers où les collisions de véhicules constituent un problème? Si oui, quels sontils?
  • Avez-vous des suggestions pour régler ce problème?
Changements climatiques
  • Avez-vous observé des changements relatifs au climat, comme l’arrivée des saisons, les conditions d’enneigement, la température ou les précipitations dans votre région?
  • Si oui, avez-vous remarqué si ces changements ont une incidence sur le caribou boréal ou son habitat dans votre région et quelle en est l’ampleur?
Menaces générales
  • D’après votre expérience ou vos observations, y a-t-il d’autres facteurs qui pourraient provoquer la diminution de la population du caribou des bois et que nous n’avons pas abordés? Si oui, lesquels?
  • Selon vous, laquelle de ces menaces pourrait avoir la plus grande incidence sur le caribou des bois dans votre région?
  • Existe-t-il des solutions ou des mesures d’atténuation potentielles pour ces menaces?
Autres observations et pratiques utiles
  • Connaissez-vous des pratiques ou activités traditionnelles gwich'in actuelles ou ancestrales de conservation du caribou des bois?
Questions supplémentaires relatives au caribou de la porcupine

Pour faciliter le processus de la Loi sur les espèces en péril relatif aux autres caribous, l’ORRTG aimerait également vous poser les questions suivantes.

  • Quelles sont les différences entre le caribou des bois et le caribou de la Porcupine?
  • Quelles sont les différences entre le caribou de la Porcupine et le caribou Bluenose, ou d'autres hardes?
  • Pouvez-vous facilement les différencier à l'œil? Existe-t-il d'autres indices? Par exemple, au sujet des organes? Ont-ils des comportements différents?
  • La harde de caribous de la Porcupine se mêle-t-elle à d'autres hardes? À celle du caribou des bois?
  • Le caribou de la Porcupine traverse-t-il le fleuve Mackenzie?
  • Avez-vous entendu parler, même s'il y a très longtemps, que le caribou de la Porcupine se mêlait à d'autres hardes ou qu’il traversait le Mackenzie?

Le tableau suivant souligne les précédentes études qui recueillaient des connaissances traditionnelles gwich’in sur le caribou. Un grand nombre d'études n'étaient pas propres au caribou, et les études axées sur le caribou l'étaient plutôt sur le caribou de la toundra ou sur le caribou de la Porcupine.

Annexe 3 : Études précédentes, y compris les connaissances traditionnelles gwich’in relatives au caribou.

 
Années Nom du projet Organisme/
propriétaire
Contenu (faiblesses et forces) Restrictions
d'accès
Diverses Documentation ethnographique Divers La mention de chasse au caribou dans la littérature ethnographique se limite habituellement à une utilisation traditionnelle historique. La documentation ethnographique est axée sur les Teet’lit Gwich'in. Les documents publics comprennent divers textes didactiques et ethnographies. Consultez la liste dans le tableau ci-dessous.
Années 70/80 Histoires et enregistrements du Comité d'étude des droits des autochtones Institut social et culturel gwich'in Histoires et légendes faisant référence au caribou et à la chasse au caribou. Non propre au caribou des bois. Les histoires et transcriptions sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG.
Années 70/80 Projet de cartographie
Déné
Conseil tribal des Gwich'in/nation Déné Fichiers du Système d’information géographique (SIG) de sentiers et pistes de trappage cartographiés, y compris pour la chasse au caribou, partout dans la vallée Mackenzie, dans les Territoires Fichiers du SIG : Seulement avec la permission du GTC. Les transcriptions du rapport sur le delta et des entrevues de recherche terrestre sont confidentielles et seulement disponibles avec la permission de l’ISCG.
1975–1976 Transcriptions des audiences de la collectivité Berger Incertain. Préparées par AllWest Reporting à partir des transcriptions d'origine. Information des résidants de la vallée du Mackenzie relativement aux préoccupations soulevées par le pipeline proposé. Comprend des références au caribou. Non propre au caribou des bois et souvent sans orientation spatiale. Les transcriptions des audiences sont du domaine public - voir Allwest Reporting
1992–2007 Projets sur les noms de lieux gwichya gwich'in et l'histoire Institut social et culturel gwich'in Les objectifs du projet ne portaient pas essentiellement sur le caribou, bien que certains renseignements sur la chasse soient compris dans les transcriptions. Non propre au caribou des bois. Secteur Tsiigehtchic. Les transcriptions sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG. Les rapports sont du domaine public, mais ils ne contiennent pas beaucoup d'information sur la chasse au caribou. Le livre d'histoire générale Gwichya Gwich'in Googwandak est accessible auprès de l’ISCG et il contient certains renseignements provenant de ces études: Heine, Michael, Alestine Andre, Ingrid Kritsch, Alma Cardinal et les aînés de Tsiigehtshik 2007 Gwichya Gwich'in Googwandak : The History and Stories of the Gwichya Gwich'in, édition révisée. Institut social et culturel gwich'in. Première publication en 2001. 405 p.
1994–2010 Base de données Arctic Borderlands Ecological Knowledge Co-op/Northern Yukon Borderlands Co-op Base de données des observations écologiques enregistrées dans les ateliers. Axée sur le secteur du caribou de la Porcupine. La base de données est confidentielle. Incertain quant aux restrictions d'accès.
1994 Projet des noms de lieux et de l'histoire orale du parc territorial des Gwich'in (lac Campbell) Institut social et culturel gwich'in Les objectifs du projet ne portaient pas essentiellement sur le caribou, bien que certains renseignements sur la chasse soient compris dans les transcriptions. Non propre au caribou des bois. Les transcriptions sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG.
1995–2008 Projets sur les noms de lieux Teet’lit Gwich'in Institut social et culturel gwich'in Les objectifs du projet ne portaient pas essentiellement sur le caribou,, bien que certains renseignements sur la chasse soient compris dans les transcriptions. Non propre au caribou des bois. Région de Fort McPherson. Les transcriptions et le rapport sont confidentiels et seulement disponibles avec la permission de l’ISCG.
1997–2001 Projet sur les connaissances environnementales Gwich'in (base de données GEKP)/ paroles Gwich'in sur la terre Conseil des ressources renouvelables gwich'in Les entrevues étaient tenues sur le caribou (et sur bien d'autres espèces). Comprend des renseignements sur l'habitat et l'utilisation. Non propre au caribou des bois. Des mots gwich'in relatifs au caribou sont également enregistrés. La base de données Filemaker Pro est confidentielle et peut être utilisée avec permission au bureau de l’ORRTG à Inuvik. Les livres sont accessibles au public : Nanh' Kak Geenjit Gwich'in Ginjik (Gwich'in Words About the Land) aînés gwich'in. 1997. 212 p. (en rupture de stock, mais accessible pour consultation au bureau de l’ORRTG) Gwindoo Nanh' Kak Geenjit Gwich'in Ginjik (More Gwich'in Words About the Land) Aînés gwich'in. 2001. 184 p.
1997–2002 Projet ethnobotanique gwich'in Institut social et culturel gwich'in Le projet était axé sur l'utilisation humaine, mais certaines données pertinentes sur les plantes sont incluses. Toutes les terres gwich'in. Le livre d'ethnobotanie des Gwich'in est accessible au public : Andre, Alestine et Alan Fehr 2002. Ethnobotanie Gwich'in : Gwich’in Ethnobotany: Plants Used by the Gwich’in for Food, Medicine, Shelter and Tools.2e édition. Publié par l'Institut social et culturel gwich’in et Aurora Research Institute. 68 p.
1999 Projet sur les noms de lieux ehdiitat gwich'in Institut social et culturel gwich'in Les objectifs du projet ne portaient pas essentiellement sur le caribou, bien que certains renseignements sur la chasse soient compris dans les transcriptions. Non propre au caribou des bois. Région Aklavik. Les transcriptions et le rapport sont confidentiels et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG.
1998–2008 Projet sur les vêtements traditionnels gwich'in en peau de caribou Institut social et culturel gwich'in Le projet était axé sur le rapatriement des compétences de couture, mais l'information sur la préparation de la peau de caribou avait également été recueillie. Non propre au caribou des bois. Toutes les terres gwich'in. Les transcriptions sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG. Livre accessible au public : Thompson, Judy et Ingrid Kritsch 2005. Yeenoo Dai'K'e'tr'iiilkai' Ganagwaandaii : Long Ago Sewing We Will Remember. Mercury Series. Rapport du Service canadien d'ethnologie 143. Musée canadien de la civilisation. 61 p.
1989–1999 Projet d'autonomie gouvernementale traditionnelle du delta de Beaufort Bureau d'autonomie gouvernementale du delta de Beaufort Le projet était axé sur la gouvernance traditionnelle, mais les entrevues comprennent des références à la chasse au caribou. Les transcriptions d'entrevue sont confidentielles. Permission d'utilisation obtenue de l’ISCG/GTC.
1999–2003 Projet de biographie des aînés Institut social et culturel gwich'in Le projet était axé sur des histoires de vie, mais certains renseignements sur la chasse de caribou sont inclus. Non propre au caribou des bois. Toutes les terres gwich'in. Les transcriptions et histoires sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG. Plusieurs calendriers sur les aînés ont été produits et sont maintenant en rupture de stock, mais l'information est accessible auprès du site Web de l’ISCG, disponible en anglais). Un livre biographique sur les aînés est en cours de rédaction.
2000–2002 Foresterie durable sur les terres gwich'in Université de l’Alberta Foresterie durable Réseau de gestion Le projet était axé sur la foresterie et l'histoire, mais plusieurs publications comprennent des références au caribou. Non propre au caribou des bois et axé sur la région Teet'lit. Les publications sont accessibles au public à l'adresse : www.sfmn.ales.ualberta.ca.
2002 Projet d'histoire orale Devlan Institut social et culturel gwich'in   Les transcriptions et le rapport sont confidentiels et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG.
2002 Projet Snowchange à Tsiigehtchic Projet Snowchange /Kaisu Pulli Mustonen Le projet visait à recueillir de l'information sur les connaissances relatives aux changements climatiques auprès des aînés Tsiigehtchic. Certains renseignements généraux sur les répercussions des changements climatiques sur le caribou. Non propre au caribou des bois. Les transcriptions sont confidentielles et seulement accessibles avec permission (à déterminer - possiblement de l'interviewé, de Snowchange ou du GSCI). Thèse de BAC : Pulli, Kaisu 2003. There is a big change from way back – traditional knowledge of ecological and climatic changes in the community of Tsiigehtchic, Territoires du Nord-Ouest, Canada. Manuscrit non publié.
2003–2005 Connaissances traditionnelles gwich’in sur la région du projet gazier Mackenzie Institut social et culturel gwich'in Le projet visait la collecte de connaissances traditionnelles biophysiques de la région au nord du fleuve Mackenzie. Information recueillie sur le caribou, y compris certains renseignements portant expressément sur le caribou des bois. Toutefois, l'accent était mis sur l'information et l'utilisation générales liées aux répercussions potentielles du pipeline proposé. Les transcriptions, le rapport et le feuillet de cartes sont confidentiels et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG.
2004 Connaissances régionales du poisson Mouvements et utilisation de l'habitat du système du lac Travaillant et étude du poisson de la rivière Conseil des ressources renouvelables gwich'in Les projets étaient axés sur le prélèvement du poisson, mais ils contenaient des références aux secteurs où était chassé le caribou, ainsi que d'autres références au caribou. Le rapport est peut-être public, les transcriptions sont confidentielles. Permission de l’ORRTG requise.
2004–2007 Cours supérieur de la rivière Arctic Red : Analyse Gaps (Phase 1) en 2005, évaluation culturelle - entrevues des aînés (Phase II) en 2006, et évaluation culturelle et d'héritage (Phase III) en 2007. Institut social et culturel gwich'in Les questions d'entrevue et la cartographie de la phase II étaient liées à l'utilisation traditionnelle, aux noms de lieux, aux anciens sentiers, aux cimetières, etc. et aux connaissances traditionnelles de l'environnement (terrestre). Les animaux de la portée de l'étude comprennent le caribou, l'orignal, le mouton, le grizzli, etc., et l'habitat de ces espèces. Les transcriptions et les données SIG sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG. Le rapport peut être obtenu auprès de l’ISCG.
2004–2005 Utilisation des observations et des connaissances écologiques des chasseurs avec la science pour comprendre les maladies de la faune actuelles et passées dans le Nord Centre canadien coopératif de santé animale, Western College of Veterinary Medicine (et ORRTG) Ateliers de collecte de connaissances sur les maladies animales, y compris les maladies du caribou. (Ces données ne sont pas en possession de l’ISCG.) Transcriptions et rapports (?) conservés par le centre canadien coopératif de santé animale, Western College of Veterinary Medicine ou l’ORRTG. Communiqué avec Susan Kutz pour obtenir plus de renseignements.
2006–2007 Rapatriement des compétences et connaissances traditionnelles gwich'in Institut social et culturel gwich'in Atelier avec les Teet’lit Gwich'in sur les compétences traditionnelles comprenant de l'information sur le traitement des peaux de caribou. Non propre au caribou des bois. Comprend les mots gwich'in pour divers articles, dont certains fabriqués en peau de caribou. Rapport accessible auprès de l’ISCG : Lyons, Natasha, 2007. Repatriating Traditional Gwich’in Skills and Knowledge 2006--2007: Report on a Pilot Project with Gwich’in Elders from Fort McPherson. Rapport préparé pour l’ISCG. Rapport conservé par l’ISCG. 23 p.
2007–2008 Les manières dont nous respectons le caribou : la chasse à Teetl'it Zheh. Brenda Parlee et Kristine Wray Recherche sur le troupeau de la Porcupine, axée sur : 1) la documentation des perceptions des aînés et des chasseurs sur la santé et la population de caribous, 2) la documentation des pratiques traditionnelles de respect du caribou; et 3) l’exploration de l'ampleur du respect des connaissances locales, traditionnelles ou scientifiques par les chasseurs dans leurs décisions de chasse (où, quand et avec qui). À venir.
  Projet de chaîne alimentaire végétation – caribou – loup Aurora Research Institute, Institut social et culturel gwich'in Entrevues avec des chasseurs gwich'in et autres relativement au caribou et au loup. Axées surtout sur les hardes du caribou de la Porcupine, mais comprenant un enregistrement des mots en dialecte Teet’lit Gwich'in pour le caribou et des parties du caribou. Les transcriptions sont confidentielles et seulement accessibles avec la permission de l’ISCG. Rapport accessible auprès d'ARI : Katz, Sharon. 2010. Traditional Knowledge on Caribou Ecology: Vegetation -> Caribou -> Wolf Food Chain. Aurora Research Institute, Inuvik.

Section 3 - Étude des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal

Information sur le document

Étude des connaissances traditionnelles sur le caribou boréal

Photos de la page couverture.
Photos de la page couverture : Hammar Mountain, Norman Wells - caribou des bois (population boréale)
Photo prise par Boyan Tracz- GTNO

Région désignée du Sahtu

Préparé par :
Rhea McDonald
Révisé par :
Andrea Hrynkiw et Glen Guthrie
Le Conseil des ressources renouvelables Sahtu

Pour le Service canadien de la faune – Environnement Canada

Décembre 2010

1. Sommaire

Comme son nom le laisse entendre, le caribou boréal habite les forêts boréales matures qui traversent les régions nordiques canadiennes, et il dépend de réserves prévisibles de nourriture pour sa survie durant les mois d’hiver. Les impacts négatifs qu’a subis cet environnement, à la suite de changements météorologiques ou de perturbations anthropiques, préoccupent grandement les habitants de la région désignée du Sahtu. Aujourd’hui, le caribou boréal est toujours considéré comme une espèce importante pour la chasse, bien que dans le passé il ait joué un plus grand rôle à titre d'espèce proie (principalement en raison de la répartition de la population humaine moderne). Les aînés et les chasseurs de la région désignée du Sahtu savent depuis longtemps que le caribou boréal est différent du caribou de la toundra. Ils le considèrent comme un animal « secret » parce qu'il est discret, et ne le chassent que lorsque l’occasion se présente. L'habitat du caribou boréal abrite également un grand nombre d'autres espèces pouvant être chassées telles que la martre, le renard, le carcajou et le loup. Les perturbations à cet habitat provoqueront une baisse de productivité, ce qui entraînera des impacts considérables sur les pratiques de trappage nécessaires à la subsistance des Dénés et des Métis du Sahtu et pourrait provoquer une instabilité économique dans bien des foyers. De plus, la forêt boréale comporte des bassins hydrologiques nécessaires à la propreté de l'eau et à la santé des poissons. Tous les participants s’entendent pour dire que les populations boréales du caribou des bois de la région désignée du Sahtu sont actuellement en santé. Toutefois, ils signalent qu’en raison des nombreux changements, ces populations pourraient subir des répercussions. Par ailleurs, comme sources de préoccupation, ils citent les changements climatiques et les activités industrielles. Le caribou des bois n'aime pas le bruit ni les activités humaines. Des efforts doivent donc être déployés pour éviter de perturber les animaux et leur habitat.

2. Introduction

2.1 Description du projet

La population boréale du caribou des bois est répartie dans tout le Canada. Elle fait actuellement partie de la liste des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril. La présente étude a été menée en vue d’acquérir certaines connaissances traditionnelles des peuples autochtones de la région désignée du Sahtu, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada. Considérées comme de la plus haute importance, les connaissances traditionnelles issues de cette étude seront utilisées dans l’élaboration du programme national de rétablissement ainsi que dans les prochains processus de planification du rétablissement pour le caribou boréal.

Il existe cinq communautés dans la région désignée du Sahtu, soit Colville Lake, Fort Good Hope, Norman Wells, Deline (anciennement Fort Franklin) et Tulita (anciennement Fort Norman). Cette étude rassemble 14 participants, notamment des aînés, des chasseurs et des détenteurs de connaissances clés en provenance des communautés Sahtu. Des entrevues ont été tenues à Norman Wells (T.N.-O.) en présence d'un interprète pouvant traduire et transmettre l'information recueillie à l'intervieweur. Une série de questions a été posée aux participants afin d'obtenir des renseignements sur le caribou boréal et sur son habitat. Des cartes ont également été fournies aux participants afin qu'ils puissent indiquer les endroits importants liés à la répartition du caribou.

2.2 Précédents travaux relatifs aux connaissances traditionnelles sur le caribou boréal de la région

Titre : Répartition et déplacements historiques et actuels du caribou boréal sous la limite forestière des régions désignées du Sahtu, des Gwich'in et des Inuvialuit.

(le 8 août 2002)

Auteurs : Denise Auriat (Office des ressources renouvelables sur le territoire gwich'in, Inuvik), John Nagy (Service des ressources, de la faune et du développement économique, Inuvik), Arianna Zimmer, Richard Popko et Alasdair Veitch (Service des ressources, de la faune et du développement économique, Norman Wells)
Documents publics (en anglais seulement)

Accessibles sur le site de l’Office des ressources renouvelables du Sahtu

3. Connaissances traditionnelles dans la région

3.1 Noms autochtones du caribou boréal

Chaque communauté de la région désignée du Sahtu possède un nom descriptif des Slavey du Nord pour désigner le caribou boréal. De légères différences dans le dialecte se reflètent dans la prononciation et les inflexions utilisées pour décrire l'animal.

Deline

T'onzi

Tulita

T'onzi

Fort Good Hope/Colville

T'onzi

3.2 Importance particulière du caribou boréal

Toutes les personnes interrogées s'entendaient pour reconnaître que le caribou boréal revêt une très grande importance. Les familles des communautés utilisent les peaux pour confectionner des vêtements, tandis que la viande constitue une source de nourriture.

Dans le comté Tulita de la région désignée du Sahtu, on retrouve plusieurs familles de Dénés des montagnes. Anciennement, les Dénés des montagnes habitaient du côté ouest du fleuve Mackenzie, dans les contreforts des monts Mackenzie. Ils chassaient le caribou boréal pendant les mois d'hiver et utilisaient les peaux pour confectionner des vêtements. La chasse au caribou boréal prenait place au sud de la région du lac Stewart vers l'embouchure des rivières Keele et Redstone. Cette pratique n'a plus lieu aujourd’hui.

3.3 Légendes liées au caribou boréal

Aucune légende n'a été racontée par les personnes interrogées.

3.4 Noms de lieux et de sentiers liés au caribou boréal

Aucun nom de lieu ou de sentier n'a été transmis par les personnes interrogées.

3.5 Description physique

Les participants ont décrit le caribou boréal comme étant plus petit que le caribou des montagnes et plus grand que le caribou de la toundra. Les aînés ont indiqué que dans un passé lointain, ils ne faisaient pas la distinction entre le caribou boréal et le caribou des montagnes; ils savaient seulement qu'ils étaient différents par leurs caractéristiques, leurs couleurs et leurs pistes (aîné Tulita).

3.6 Répartition dans la région désignée du Sahtu

Secteur de Tulita

On retrouve le caribou boréal dans deux principaux secteurs de chaque côté du fleuve Mackenzie. Le côté est du fleuve comprend des secteurs autour des lacs Kelly, Lennie et Oscar. On retrouve également le caribou boréal à l'ouest du fleuve Mackenzie, entre les lacs Stewart, Tate et Rusty, au sud et le long de la rivière Keele. Les participants ont nommé deux autres lacs (Clarke et Fish); toutefois, leur emplacement n'a pas été fourni. Ils ne peuvent donc pas être inclus avec les autres. Les aînés et les chasseurs actifs ont indiqué que ces groupes ont tendance à ne pas approcher les lignes de coupe et les routes.

Secteur Deline

De petits groupes du caribou boréal ont été aperçus à l'occasion autour de la communauté de Deline. Plusieurs groupes ont également été vus sur la rive nord du lac Great Bear. Ces caribous ont été observés avec les hardes de Bluenose est de la toundra à la fin de l'automne et au début de l'hiver. Au moins un petit groupe, sinon plus, a toujours vécu à Ehdaila (Caribou Point) sur la rive nord-est du lac Great Bear.

Secteur K'asho Go'tine

Le caribou boréal du secteur K'asho Go'tine se tient principalement en petits groupes et il occupe la région le long du fleuve Mackenzie, à l'ouest des remparts au sud de Fort Good Hope, en aval vers le lac McBride et à l'est vers le lac Muskeg, passé le lac Colville. Ce secteur semble être le principal habitat du caribou boréal de la région désignée du Sahtu et est l’endroit où la majorité de la chasse a lieu. Les aînés du lac Colville ont signalé avoir régulièrement vu des signes de la présence du caribou boréal au sud et à l'ouest de Lac de Bois.

3.7 Habitat

Vue aérienne du caribou boréal pendant l'hiver.

Vue aérienne du caribou boréal pendant l'hiver.

Selon les participants, la principale source de nourriture du caribou boréal comprend les pointes de saule, l'herbe, le lichen blanc et la mousse d'épinette. De plus, le caribou recherche activement les vasières. Les groupes de caribou boréal de la région désignée du Sahtu ne migrent pas très loin, peu importe la période de l'année. Le principal habitat est demeuré assez stable au cours des dernières années, en raison de la faible incidence des perturbations par le feu, et les populations n’ont presque pas changé. Toutefois, au milieu des années 90, il y a eu des pertes d'habitat considérables en raison de nombreux incendies de forêt. L'ancien habitat brûlé a été repris par des populations d'orignaux.

De petites populations peuvent être observées dans le secteur de Tulita pendant les mois d'été. Ils se tiennent en altitude dans des prés dégagés où ils cherchent la mousse. On les trouve également près des lacs et rivières pendant les périodes d'infestation d'insectes. Les aînés ont signalé qu'un groupe résidant de 10 à 15 individus était présent toute l’année dans le secteur du lac Kelly. On le voit près des rivières au printemps lorsqu'il cherche les vasières. Pendant l'hiver, il se déplace là où le couvert forestier est adéquat et où le sol est dur. À l'automne, il se déplace sur les hautes terres et se regroupe pour la saison de reproduction, mais jamais en grand nombre.

3.8 Taille et tendances de la population

Les personnes interrogées s'entendaient pour dire que la région compte maintenant plus de caribous. Elles ont toutes signalé avoir observé plus de signes témoignant de la présence de groupes de caribous. Cette augmentation est attribuable à un déclin des activités industrielles dans leur habitat au cours des dernières années, car le caribou a tendance à éviter les secteurs développés, y compris les routes et les lignes sismiques. Beaucoup de pistes sont visibles pendant l'année et le caribou est chassé seulement lorsqu'il est aperçu par un chasseur.

3.9 Facteurs limitatifs et menaces

  1. Habitat

    Le bruit constitue un facteur majeur qui influe sur le caribou boréal. Ces perturbations comprennent le forage, les activités entourant la coupe de lignes sismiques, le débroussaillage et la machinerie, y compris les hélicoptères et les véhicules tout-terrain présents pendant l'été. Le caribou préfère les forêts matures et il a tendance à ne pas s'approcher des routes d’hiver en raison de la pollution par le bruit. La température joue également un rôle considérable quant à la santé et le bien-être du caribou boréal. Les extrêmes annuels de température de plus en plus importants et les inondations ont des répercussions négatives sur les troupeaux.

  2. Incendies de forêt

    Les incendies de forêt causent la destruction de l'habitat du caribou boréal et nuisent à sa capacité de se nourrir, ce qui le force à se déplacer vers des régions plus propices. Certaines personnes interrogées ont indiqué que le caribou boréal retourne aux endroits brûlés après l’établissement de nouvelles repousses, tandis que d'autres ont mentionné que le caribou n’y revenait jamais.

  3. Activités industrielles et exploitation

    L'industrie et l’exploitation en général constituent des facteurs de perturbation considérables pour le caribou. La pollution par le bruit découlant de ces activités empêche les animaux de bénéficier des ressources de ces secteurs.

  4. Prédation

    Au cours des dernières années, les gens des communautés de la région désignée du Sahtu ont remarqué une augmentation des populations de loups qui semble être liée à la réduction des activités de trappage de cette espèce. Parmi les autres observations, mentionnons une augmentation générale des populations d'orignaux, de bœufs musqués et de castors. Les aînés sont convaincus qu'il existe une relation entre le nombre d’espèces proies et la disponibilité des ressources de nourriture. Le bœuf musqué constitue un nouvel habitant dans plusieurs secteurs de la région désignée du Sahtu. L'augmentation du nombre d'espèces proies, comme le bœuf musqué et l'orignal, réduit le nombre de caribous tués par des prédateurs. Cela influe assurément sur les populations du caribou boréal. En revanche, s'il y a une réduction du nombre d'espèces proies, comme le bœuf musqué, les prédateurs se tourneront alors vers le caribou.

  5. Parasites et maladies du caribou

    Les participants ont remarqué des changements sur les caribous dotés d'un collier. La peau du cou où se situe le collier est à vif et peut s'infecter.

  6. Perturbation par le bruit et la lumière

    Le bruit et la lumière perturbent le caribou. Toute exploitation ne devrait pas avoir lieu pendant la saison de mise bas ou près des habitats du caribou.

  7. Chasse excessive

    La chasse excessive ne soulève pas de préoccupations dans la région désignée du Sahtu puisque les caribous sont surtout chassés lorsque l’occasion se présente.

  8. Collisions avec les véhicules

    Le caribou boréal habite habituellement dans les forêts anciennes et se tient loin des routes hivernales en raison de la pollution par le bruit. Donc, les collisions entre véhicules et les caribous ne surviennent pas dans la région désignée du Sahtu.

  9. Changements climatiques

    Les récents changements climatiques sont considérables et entraînent des températures plus chaudes, une augmentation de la quantité de pluie en novembre, des hivers plus doux et davantage de tempêtes estivales. Les sources de nourriture du caribou boréal sont touchées par les précipitations. Pendant les périodes plus froides, la nourriture devient moins accessible puisqu'elle est recouverte par plus de neige; les caribous ont alors plus de difficulté à y accéder.

  10. Menaces générales

    Plusieurs menaces générales ont été soulevées. L'accès hivernal par route et par bateau à la région désignée du Sahtu des chasseurs non-résidents peut influer sur les populations. Toutefois, les changements climatiques, l’exploitation, l'industrie et la prédation ont été cités comme ayant les plus grandes répercussions sur les populations de caribou boréal. Les méthodes d'atténuation suggérées comprennent la réduction de l’exploitation, la valorisation du trappage des prédateurs, des règlements et des restrictions.

3.10 Santé animale

Selon les participants, les populations de caribou boréal sont en santé. Les caribous observés possédaient suffisamment de tissus graisseux.

4. Gestion du caribou boréal

4.1 Prélèvement de subsistance du caribou boréal

Le caribou boréal est utilisé comme source de nourriture de subsistance dans toute la région désignée du Sahtu. Toutefois, peu de personnes le chassent activement et la plupart sont chassés lorsque l’occasion se présente pendant des sorties de chasse pour d'autres espèces.

4.2 Pratiques de gestion traditionnelles

En présence de plusieurs groupes du caribou boréal, seuls quelques individus appartenant à des groupes différents seront chassés, et la chasse visera davantage les mâles que les femelles ou les petits.

5. Remerciements

  • Environnent et Ressources naturelles, gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
  • Aurora College
  • Le Conseil des ressources renouvelables du Sahtu
  • Le Conseil des ressources renouvelables de Colville Lake
  • Le Conseil des ressources renouvelables de Deline
  • Le Conseil des ressources renouvelables de Fort Good Hope
  • Le Conseil des ressources renouvelables de Norman Wells
  • Le Conseil des ressources renouvelables de Tulita

6. Ouvrages cités

Historic and Current Movements and Distribution of Boreal Woodland Caribou Below Treeline in the Sahtu Settlement Areapar Arianna Zimmer, Alasdair Veitch et Richard Popko, Service des ressources, de la faune et du développement économique, Norman Wells, T.N.-O.

7. Experts consultés

  • Frank Pierrot, Fort Good Hope
  • Clayton MacCauley, Tulita
  • Julie Lennie, Tulita
  • David Etchinelle, Tulita
  • Richard Kochon, Colville Lake
  • Edward Oudzi, Norman Wells

Projet GIS Sahtu, ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles, gouvernement des Territoires du Nord-Ouest

8. Cartes

Figure 7: Map of the Northwest Territories where caribou have been harvested and where boreal caribou habitat.

Carte des Territoires du Nord-Ouest.

Description longue pour la figure 7

Carte des Territoires du Nord-Ouest. Le vert représente les endroits où des caribous ont été abattus et la couleur or, l'habitat du caribou boréal.

Détails de la page

Date de modification :