Phoque commun (Phoca vitulina) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le P. v. concolor habite les eaux infralittorales des côtes atlantiques et arctiques du Canada, et son habitat est terrestre et aquatique. Son utilisation des estuaires et des rivières est bien connue, et des individus ont été signalés à plus de 200 km dans le continent (voir par exemple Erlandson, 1834; Strong, 1930; Dunbar, 1949; Wheeler, 1953; Mansfield, 1967; Beck et al., 1970; Paulbitski, 1974; Roffe et Mate, 1984; Williamson, 1988; Bernhardt, 2005). Il se hisse sur des substrats rocheux ou sablonneux, souvent sur des rochers isolés et des îlots. Même si Lesage et al. (1999) ont confirmé que la majorité des plongées effectuées par les phoques communs de l’estuaire du Saint-Laurent étaient inférieurs à 4 m de profondeur, des données tirées d’autres zones, comme l’île de Sable, ont montré que le phoque commun plonge souvent à des profondeurs de 80 m ou plus (Bowen et al.,2001a). À l’île de Sable, les femelles passaient plus de temps en plongée, et les plongées étaient plus profondes et plus longues au fur et à mesure que la lactation progressait (Bowen et al., 2001a).

Comme il ne possède pas de longues griffes frontales, le phoque commun est incapable de percer des trous dans la glace comme le phoque annelé (Pusa hispida). Pendant l’hiver arctique, il dépend donc des zones d’eaux libres permanentes, attribuables au mouvement de l’eau, et, faute de telles zones, il doit passer l’hiver aux extrémités de la glace fixe (Mansfield, 1967; Stewart et Lockhart, 2005). La plupart des phoques suivis par télémesure satellitairedans la rivière Churchill passait l’hiver le long de la lisière de la glace de mer près de l’embouchure (Bernhardt, 2005). Des individus se sont également risqués sur la banquise pendant l’hiver, mais ne se sont pas déplacés dans l’eau à plus de 50 m de profondeur. Les phoques retournaient généralement dans la région de Churchill pendant la débâcle et demeuraient dans les eaux libres jusqu’à la débâcle des eaux de l’estuaire de la rivière Churchill, moment où ils pouvaient retourner à l’échouerie (Bernhardt, 2005).

Les études menées sur le P. v. mellonae n’ont permis de trouver aucune échouerie permanent dans les lacs des Loups Marins et le lac Bourdel (Consortium Gilles Shooner & Associés et al., 1991). En hiver, lorsque la grande majorité des lacs et des rivières sont couverts de glace, plusieurs caractéristiques physiques permettent aux phoques d’obtenir des sources d’air : les zones qui demeurent libres de glace en raison des forts courants, les fissures dans la glace et les poches d’air créées par la forme complexe de la ligne de côte ou les ondulations de la couche inférieur de la glace de surface (Smith et Horonowitsch, 1987; Consortium Gilles Shooner & Associés et al., 1991; Dean Consulting & Research Associates, 1991). Le lieu de la mise bas est inconnu. Plusieurs auteurs ont émis l’hypothèse qu’elle avait lieu dans des abris sous la glace, puisque les lacs étaient toujours gelés à la saison de la mise bas et qu’aucune naissance n’a été observée sur la glace (Consortium Gilles Shooner & Associés et al., 1991).

Tendances en matière d’habitat

Des données archéologiques tirées d’assemblages d’os donnent à penser que, au cours des périodes de temps doux pendant lesquelles il y a probablement moins de glace, on trouvait plus d’os de phoque commun que d’os de phoque annelé dans les excavations le long de la côte du nord du Labrador et du sud est de l’île de Baffin. L’inverse était également vrai lorsque la température était froide et qu’il y avait plus de glace (Woolett et al., 2000). Les preuves actuelles indiquant un rétrécissement de la glace de l’Arctique (voir par exemple Grumet et al., 2001), certains auteurs ont avancé que le nombre de phoques communs pourraient s’accroître dans l’Arctique en raison de l’augmentation des eaux libres (Stirling et Derocher, 1993; Derocher et al., 2004). Des données préliminaires provenant des récoltes des Inuits et de signatures des acides gras chez les ours blancs indiquent que le nombre de phoques communs est peut-être à la hausse dans la région de l’ouest de la baie d’Hudson (Derocher et al., 2004; Bernhardt, 2005).

Lucas et Stobo (2000) ont émis l’hypothèse qu’il était possible que l’aire de répartition du phoque commun se déplace vers le sud en raison des conditions environnementales changeantes. Cependant, aucun déplacement de la répartition n’a été signalé à Terre-Neuve (Sjare et al., 2005). Les modèles généraux de répartition locale récemment observés par Sjare et al. (2005) correspondent également à ceux observés dans les années 1970 au Labrador par Brice-Bennett (1977) ainsi que Boulva et McLaren (1979).

Protection et propriété

Tout l’habitat du phoque commun au Canada, qu’il soit terrestre ou aquatique, est régi par les gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux.

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