Lupin densiflore (Lupinus densiflorus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le Lupinus densiflorus (sensu lato) est présent dans l’île de Vancouver et les régions côtières du Puget Sound; vers le sud, il se rencontre depuis le versant est des monts Cascades jusqu’en Basse-Californie (Hitchcock et Cronquist, 1973; figure 2). La variété scopulorum, à laquelle se rattache plus spécifiquement les spécimens du Canada, ne pousse que dans la région de Victoria (en Colombie-Britannique) et dans des îles voisines situées dans l’État de Washington (Hitchcock et al., 1961; Pojar, 1999).

Riggins (comm. pers.) a avancé que les lupins du groupe des Microcarpi qui poussent en Amérique du Sud seraient originaires de Californie et auraient été introduits de façon délibérée ou accidentelle par les premiers explorateurs espagnols. Il est peu probable que ce soit le cas des populations de Victoria, puisque les explorateurs espagnols ne se sont pas établis dans la région et que leurs lieux probables de débarquement ou de délestage ne présentent aucune corrélation nette avec les populations historiques et actuelles de l’espèce.


Figure 2 : Répartition du Lupinus densiflorus en Amérique du Nord

Figure 2 : Répartition du Lupinus densiflorus en Amérique du Nord (la répartition au Mexique n’est pas illustrée).

La répartition au Mexique n’est pas illustrée.


Dunn et Gillett (1966) ont avancé que les populations de L. densiflorus de la Colombie-Britannique pourraient avoir résulté de l’introduction d’une seule graine, mais cette hypothèse était fondée sur trois éléments assez peu concluants : 1) l’uniformité du matériel canadien; 2) l’autopollinisation obligée de ces plantes; 3) la disjonction géographique existant entre les plantes de la Colombie-Britannique et « la population principale située dans la moitié sud de la Californie ». Taylor (1974) et Clark (1976), mais non Hitchcock et al. (1961) ni Pojar (1999), semblent avoir admis, comme s’il s’agissait d’un fait, la théorie selon laquelle les populations de la Colombie-Britannique auraient été introduites par des Européens.

Néanmoins, l’ensemble des données n’appuie pas l’hypothèse de Dunn et Gillett. En effet, il n’est pas rare d’observer une certaine uniformité morphologique, voire génétique, chez les plantes annuelles, en particulier chez les Lupinus. En outre, une source unique de semence ne signifie pas forcément qu’il y ait eu introduction anthropique. Finalement, la répartition isolée de la variété scopulorum (= variété densiflorus au Canada) est semblable à celle de plusieurs autres espèces propres aux régions semi-désertiquesNote de bas de page 1 qui sont présentes sur la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord (Hitchcock et al., 1961), et il serait exagéré de présumer qu’elles ont toutes été introduites. Le climat de type méditerranéen qui caractérise la région de Victoria et le bassin de Georgie est inusité sur la côte nord-ouest de l'Amérique du Nord et pourrait expliquer les répartitions disjointes notées par Hitchcock et al. (1961).

D’autres données tendent à confirmer la nature indigène et endémique de la variétédensiflorus dans la région. Premièrement, l’espèce est abondante dans certaines localités et bien répartie entre les îles San Juan du bassin de Georgie, malgré la faible capacité de dispersion de ses graines. Deuxièmement, le matériel local semble distinct (d’où son assignation par certains à la variété scopulorum). Troisièmement, la variété a été récoltée à Victoria dès 1887, soit peu après l’arrivée des Européens à l’île de Vancouver et à une époque où les études botaniques ne faisaient que débuter dans la région. Il semble donc peu probable qu’il s’agisse d’un taxon introduit.


Aire de répartition canadienne

Au Canada, il n’existe que trois populations de Lupinus densiflorus, qui se trouvent toutes dans la région de Victoria, en Colombie-Britannique (Pojar,1999; BC Conservation Data Centre, 2002; figure 3). La zone d’occurrence correspond à un triangle délimité par ces trois populations, et sa superficie est d’environ 2 km2. La zone d’occupation est d’environ 0,12 ha (0,0012 km2).


Figure 3 : Répartition canadienne du Lupinus densiflorus.

Figure 3 : Répartition canadienne du Lupinus densiflorus.


Le Lupinus densiflorus était autrefois présent à la pointe Clover (située à Victoria), où il fut récolté la dernière fois en 1954 sur des pentes de plage et des « prairies » (spécimens 101329 et 100762 de l’herbier RBCM). Un relevé effectué en 2001 à la pointe Clover n’a pas permis d’y détecter l’espèce, ce qui représente un déclin historique du nombre de populations, du nombre d’individus matures et de la zone d’occupation, mais ne modifie en rien la zone d’occurrence.

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