Épaulard du large (Orcinus orca) : plan de gestion 2009

Titre officiel : Plan de gestion de l’épaulard du large (Orcinus orca) au Canada [version finale]

l’épaulard du large

Décembre 2009

 

La série des plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril

Qu’est-ce que la Loi sur les espèces en péril (LEP)?

La LEP est la loi fédérale qui constitue l’une des assises de l’effort national commun de protection et de conservation des espèces en péril au Canada. La Loi est en vigueur depuis 2003 et vise, entre autres, à « favoriser la gestion des espèces préoccupantes pour éviter qu’elles ne deviennent des espèces en voie de disparition ou menacées ».

Qu’est-ce qu’une espèce préoccupante?

Selon la LEP, une espèce préoccupante est une espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou une espèce en voie de disparition par l’effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces signalées à son égard. Les espèces préoccupantes sont inscrites à la Liste des espèces en péril de la LEP.

Qu’est-ce qu’un plan de gestion?

Selon la LEP, un plan de gestion est un document de planification axé sur l’action qui désigne les activités de conservation et les mesures relatives à l’utilisation des terres qu’il faut prendre pour éviter, à tout le moins, que l’espèce préoccupante ne devienne menacée ou en voie de disparition. Pour de nombreuses espèces, le but ultime d’un plan de gestion est d’atténuer les menaces d’origine anthropique et de retirer l’espèce de la Liste des espèces en péril. Le plan fixe des buts et des objectifs, relève les menaces et propose les principales activités à entreprendre pour atténuer ces dernières.

L’élaboration de plans de gestion est obligatoire en vertu des articles 65 à 72 de la LEP
(http://www.sararegistry.gc.ca/approach/act/default_f.cfm).

Le plan de gestion doit être préparé au plus tard trois ans après l’inscription de l’espèce à la Liste des espèces en péril. Dans le cas des espèces qui ont été inscrites à la LEP lorsque celle-ci a été adoptée, le délai est de cinq ans.

Et ensuite?

Les orientations contenues dans le plan de gestion permettront aux entités responsables, aux collectivités, aux utilisateurs des terres et aux conservationnistes de mettre en œuvre des mesures de conservation qui auront des effets préventifs ou réparateurs. Le manque de certitude scientifique ne doit pas servir de prétexte pour retarder la prise de mesures efficaces pour éviter qu’une espèce ne devienne davantage en péril; la mise en œuvre de telles mesures pourrait même ultérieurement, éviter d’importantes dépenses.

La série des plans de gestion

Cette série présente les plans de gestion élaborés ou adoptés par le gouvernement fédéral dans le cadre de la LEP. De nouveaux documents s’ajouteront régulièrement à mesure que de nouvelles espèces seront inscrites et que les plans de gestion actuels seront mis à jour.

Pour en savoir davantage

Pour en savoir davantage sur la Loi sur les espèces en péril et les initiatives de conservation, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril (http://www.registrelep.gc.ca).

Référence recommandée :

Pêches et Océans Canada. 2009. Plan de gestion de l’épaulard du large (Orcinus orca) au Canada. Série des plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril. Pêches et Océans Canada, Nanaimo. vii + 56 p.

Exemplaires supplémentaires :

Il est possible de télécharger des exemplaires de la présente publication à partir du Registre public des espèces en péril : (http://www.registrelep.gc.ca/).

Illustration de la couverture : B. Lewis

Also available in English under the title: 
“Management Plan for the Offshore killer whale (Orcinus orca) in Canada”.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Pêches et des Océans du Canada, 2009. Tous droits réservés.
ISBN    978-1-100-91082-6
No de catalogue: En3-5/4-2009F-PDF

Le contenu du présent document (sauf les illustrations) peut être utilisé sans permission, à condition que la source soit adéquatement citée.

Préface

L’épaulard du large est un mammifère marin qui relève de la compétence du gouvernement fédéral. Conformément à la Loi sur les espèces en péril (LEP, article 65), le ministre compétent doit préparer des plans de gestion pour les espèces qui ont été désignées comme étant préoccupantes. L’épaulard du large a été désigné en tant qu’espèce préoccupante aux termes de la LEP en 2003. Pêches et Océans Canada - région du Pacifique a présidé à l’élaboration du présent plan de gestion en collaboration et en consultation avec un grand nombre de personnes, d’organismes et de services gouvernementaux, comme il est indiqué ci-après. Ce plan satisfait aux exigences de la LEP quand au contenu et au processus (LEP, articles 65-68).

La réussite de la gestion de cette espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties qui participeront à la mise en œuvre des orientations formulées dans le présent plan de gestion et ne pourra reposer sur Pêches et Océans Canada ou sur une autre instance seulement. Le plan renferme des conseils à l’intention des entités et des organismes susceptibles ou désireux de participer à des activités visant la conservation de l’espèce. Dans l’esprit de l’Accord national pour la protection des espèces en péril, le ministre des Pêches et des Océans invite les entités responsables ainsi que tous les Canadiens à se joindre à Pêches et Océans Canada pour appuyer le présent plan et le mettre en œuvre au profit de l’épaulard du large et de l’ensemble de la société canadienne. Le ministre rendra compte des progrès réalisés d’ici cinq ans.

Autorités responsables

  • Pêches et Océans Canada
  • Gouvernement de la Colombie-Britannique
  • Environnement Canada
  • Parcs Canada
  • Transports Canada
  • Ministère de la Défense nationale
  • Ressources naturelles Canada

Auteurs

L’équipe technique de Pêches et Océans Canada (MPO) a préparé ce document pour le MPO (voir l’annexe III).

Remerciements

Pêches et Océans Canada tient à remercier tous ceux qui ont participé à l’atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés (annexe III), qui a fourni des informations utiles sur la biologie de l’épaulard du large ainsi que sur les menaces pesant sur cette population à l’appui de la production du présent plan de gestion.

Évaluation environnementale stratégique

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une évaluation environnementale stratégique (EES) doit être menée pour tous les documents de planification du rétablissement produits en vertu de la LEP. L’objet de l’EES est d’intégrer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics afin de soutenir la prise de décisions éclairées sur le plan environnemental.

La planification de la gestion profitera aux espèces en péril et à la biodiversité en général. Il est toutefois reconnu que des plans peuvent produire, sans que cela ne soit voulu, des effets environnementaux négatifs qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des impacts possibles sur les espèces ou les habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement compris dans le plan lui-même, mais sont également résumés ci-après.

Tout au long du processus d’élaboration du présent plan, de nombreux facteurs qui mettent en péril ou qui peuvent mettre en péril la gestion de cette population ont fait l’objet d’une évaluation et sont présentés ci-après. Parmi les principales menaces d’origine anthropique, mentionnons la disponibilité ou la qualité moindre des proies, la contamination de l’environnement et les perturbations acoustiques aiguës. Dans certains cas, ces facteurs menacent la population; dans d’autres cas, ils ont une incidence sur son habitat. Nous sommes arrivés à la conclusion que certaines de ces menaces peuvent être atténuées grâce aux lois, aux politiques et aux programmes en vigueur. En fait, nous avons recensé de nombreux exemples de mesures d’atténuation qui sont actuellement mises en œuvre. Toutefois, dans d’autres cas, la menace ou les mesures d’atténuation potentielles doivent faire l’objet de recherches ou d’évaluations plus approfondies avant que nous ne puissions formuler des recommandations sur des activités ou des mesures particulières. Le type général de recherche, d’évaluation et d’approches relatives à l’atténuation est présenté dans ce plan de gestion (voir la section 2.3 « Actions »).

Pendant le processus de mise en œuvre des mesures, des activités précises en matière de gestion, de rétablissement et d’atténuation des menaces seront évaluées et exposées en détail pour cette population et seront accompagnées d’une évaluation des effets et des coûts de chaque activité ou mesure. En conséquence, si nous tenons compte de la nature plurispécifique des nouvelles mesures d’atténuation recommandées pour la gestion de la population et du fait que bon nombre des recommandations visant à protéger l’habitat relèvent de lois et de politiques en vigueur, nous pouvons affirmer que le présent plan de gestion n’entraînera pas d’effets négatifs importants.

Résumé

Les épaulards (Orcinus orca) sont principalement noirs et présentent un abdomen blanc, une grande tache blanche derrière chaque œil et une tache grise en forme de selle en dessous et à l’arrière de la nageoire dorsale noire. Celle-ci est grande et distinctive chez les mâles, tandis qu’elle est petite et incurvée chez les femelles et les juvéniles. Pour le néophyte, il est très difficile de faire la distinction entre les trois « assemblages » d’épaulards présents sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, à savoir les épaulards résidents, les épaulards migrateurs et les épaulards du large (aussi appelés « hauturiers »). Si on les compare à celles des épaulards résidents et migrateurs, les nageoires dorsales des épaulards du large ont tendance à être arrondies sur leur bord antérieur et à leur sommet, ce qui leur donne un aspect émoussé. La nageoire dorsale a tendance à être moins inclinée à l’arrière et présente beaucoup plus d’entailles et d’encoches que celle des épaulards résidents. Les taches dorsales sont d’ordinaire d’un gris uniforme, bien qu’elles puissent, chez certains individus, présenter une région noire (Black et coll., 1997; Ford et coll., 2000).

Les épaulards du large constituent un groupe distinct sur le plan génétique, qui seraient toutefois davantage apparentés aux épaulards résidents qu’aux épaulards migrateurs en raison de similitudes dans leur apparence, leurs vocalisations et leur patrimoine génétique (Barrett-Lennard et Ellis, 2001). On les observe le plus souvent en groupes de 20 individus ou plus (Barrett-Lennard et Ellis, 2001) et, d’après les données d’identification photographique de ces animaux, on estime que la population de la Colombie-Britannique compte au moins 288 individus (COSEPAC, 2008). Les rencontres avec ces animaux sont rares et il est difficile d’établir un catalogue de cette population étant donné la rareté des observations, le comportement fuyant de ces baleines et leur habitat qui se trouve en grande partie en plein océan. Ces dernières années, des observations d’épaulards du large dans les eaux côtières et intérieures se sont accrues (Pêches et Océans Canada-Programme de recherche sur les cétacés (MPO-PRC), données non publiées), ce qui laisse sous-entendre que l’utilisation de l’habitat côtier est plus élevée que par le passé et peut refléter un changement associé aux conditions océaniques et à l’aire de répartition des proies.

En règle générale, il semble que la taille des populations d’épaulards soit naturellement petite et que leur potentiel de croissance démographique soit faible. Ces facteurs intrinsèques rendent cette population vulnérable aux menaces. Parmi les plus importantes menaces relevées, citons la disponibilité moindre des proies imputable à un changement de régime alimentaire ou à la concurrence exercée par les pêches, la contamination chronique et aiguë par des substances toxiques et les stress aigus causés par le bruit. Des facteurs naturels et des évènements périodiques, comme des échouements de masse ou l’emprisonnement dans des bras de mer étroits, peuvent également réduire de façon marquée les effectifs locaux (COSEPAC, 2008).

On observe d’importantes lacunes dans les connaissances concernant presque tous les aspects de la biologie et de l’écologie en général des épaulards du large, et c’est pourquoi il faut accroître les efforts en matière de recherche pour combler ces lacunes. Il faut notamment poursuivre les efforts pour mieux connaître l’abondance des populations, leurs besoins en matière de proies et leur occurrence saisonnière dans les eaux canadiennes si l’on veut gérer efficacement cette population. La synchronisation des activités de recherche et de gestion multispécifiques facilitera une pleine conservation des mammifères marins en Colombie-Britannique et permettra une utilisation efficace des ressources disponibles.

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